France – Scénario macro-économique 2017-2018
Reprise lente et aléas nombreux
Ludovic MARTIN
ludovic.martin@credit-agricole-sa.fr
progression de l’inflation sous-jacente serait peu
dynamique. Par ailleurs, les salaires continueraient
à progresser sur un rythme quasi inchangé en
2017-2018 (environ 1,5% l’an) et le taux de
chômage reculerait modérément en 2017-2018,
pour atteindre 9,4% fin 2018, contre 9,7% au
troisième trimestre 2016 (chiffre Insee en France
métropolitaine). Cette réduction se justifie par une
reprise économique molle qui permet une hausse
modeste de l’emploi et, à court terme, par l’effet de
mesures de politique économique, notamment du
plan d’urgence pour l’emploi de janvier 2016 qui
permettrait d’enrichir la croissance en emploi
d’environ 20 000 emplois au premier semestre
2017 selon l’Insee.
D’un point de vue sectoriel, la reprise qui se
dessine dans le secteur de la construction joue
également favorablement, puisqu’il s’agit d’un
secteur intensif en main-d’œuvre. Au total
toutefois, l’amélioration de la masse salariale ne
compense pas l’effet de la hausse de l’inflation en
termes de pouvoir d’achat. On retient que le
revenu disponible réel progresserait de 1,0% par
an en 2017 et en 2018, après +1,8% en 2016.
L’évolution de la consommation reposera donc
aussi sur le comportement d’épargne des
ménages. Depuis la crise de 2008, les ménages
ont eu tendance à accroître leur taux d’épargne,
celui-ci atteignant en moyenne 14,7% en 2016. En
2017-2018, ils atténueraient en partie ce
comportement, mais le taux d’épargne resterait
élevé, compte tenu d’un niveau de confiance
assez mitigé. Ils sont en effet partagés entre
l’« effet d’aubaine » lié aux taux bas et un
attentisme persistant. L’indice de confiance des
ménages de l’Insee, qui demeure très légèrement
en dessous de sa moyenne de long terme, signale
toutefois une légère baisse de l’attentisme, avec
une moindre peur du chômage et des ménages qui
jugent qu’il est moins opportun d’épargner et sont
plus prompts à effectuer des achats importants.
Dans ce contexte, on retient un léger recul du taux
d’épargne à 14,5% fin 2017. Au global, la
consommation ralentirait un peu. Après 1,7% de
hausse en 2016, elle progresserait de 1,3% en
2017 et 1,4% en 2018.
Le commerce extérieur moins pénalisant pour
l’activité
Après avoir été négative pour la quatrième année
consécutive (-0,9 point en 2016), la contribution du
commerce extérieur resterait légèrement négative
en 2017 et 2018, à -0,4 point en 2017 et -0,2 point
en 2018, le dynamisme des importations restant
plus marqué que celui des exportations.
Concernant les exportations, on peut attendre une
légère amélioration en 2017-2018 en lien avec une
demande mondiale adressée à la France plus
forte. Après une hausse de seulement 0,7% en
2016, celles-ci progresserait de 2,3% en 2017 puis
de 2,8% en 2018. En effet, l’amélioration des
perspectives dans certains pays émergents
(producteurs de pétrole, Russie, Brésil) et une
croissance américaine revue un peu à la hausse
(+2,3% en 2017 et +2,5% en 2018) suscitent un
regain de demande. D’un point de vue sectoriel, on
peut aussi noter que la livraison de certains grands
contrats militaires et le secteur de l’aéronautique
soutiendraient les perspectives d’exportation
françaises. En sens inverse, le déficit structurel de
compétitivité de l’économie française (coût et hors
coût) continue de constituer un frein, même si on
peut noter une amélioration sur la période récente
au vu de la stabilisation des parts de marché
françaises à l’exportation au sein de la zone euro.
En particulier, la hausse récente du dollar rend les
produits européens plus compétitifs et le taux de
change réel effectif de l’euro resterait plutôt
favorable en 2017. Du côté des importations,
après une hausse qui serait de 3,5% en 2016,
elles évolueraient en cohérence avec l’évolution de
la demande interne, sur une tendance proche de
3% l’an en 2017 et 2018.
Un niveau élevé des stocks
La contribution à la croissance attendue des
stocks serait légèrement négative sur la période
2017-2018, après quatre années consécutives de
contribution favorable. La variation des stocks des
entreprises en valeur atteint un niveau
historiquement élevé (21 milliards d’euros en 2015
et un niveau du même ordre en 2016), en hausse
depuis 2011, et qui se corrigerait progressivement.
La reprise de la croissance se poursuivrait
donc en France, mais avec peu d’élan. En 2017
et 2018, on retient une légère amélioration avec
+1,3% puis +1,4%, après +1,1% en 2016.
L’environnement reste toutefois incertain à de
nombreux égards, et ces prévisions seront
probablement infléchies en fonction des
résultats de l’élection présidentielle.
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(solde
d'opinion,
cvs)
Confiance des ménages
Intention de réaliser des achats importants
Evolution future du chômage
Opportunité d'épargner
Source : Insee, Crédit Agricole S.A.