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Il dira, d’ailleurs, un jour : « La parole la plus véridique déclamée par un poète est celle de Labîd :
Certes, tout en dehors d’Allah est vain ».
Rapporté par al-Bukhary et Muslim d’après Abu Huraïra ().
Ce poète de la période préislamique se convertira, d’ailleurs, plus tard à l’islam.
L’écoute de la poésie, fût-elle composée par des non-musulmans, était aussi une autre passion du
Prophète () tant que le contenu de celle-ci ne contrevenait pas aux Enseignements dont il était
porteur.
Le compagnon al-Sharîd Ibn Suayd Athaqafy () raconte qu’il était monté en croupe avec le
Messager de Dieu () qui lui demanda : « Connais-tu quelque chose de la poésie d’Umayya Ibn Abî
al-Salt ? Oui, répondis-je. Il dit : Vas-y !
Je lui chantai un vers et il dit : Continue ! Puis je lui déclamai un vers et il dit : continue !
Si bien que je lui chantai cent vers ». Rapporté par Muslim.
Cet homme de foi et de lettres qu’était Umayya Ibn Abî al-Salt figurait parmi les Arabes monothéistes,
avant la Révélation, qui attendaient la venue d’un nouveau prophète.
Malheureusement, cet homme hautement cultivé ne se convertira pas à l’islam.
Il nous apparaît donc clairement que le Prophète () n’était pas qu’un Législateur dictant des lois,
contrairement à l’image qui lui fut si souvent prêtée par certains Musulmans.
En effet, parallèlement à sa mission de transmetteur d’Enseignements, c’était () un homme aux goûts
très raffinés. Il aimait la poésie mais aussi les belles choses de la vie, tant que celles-ci ne l’éloignaient
pas du rappel de son Seigneur.
Partis de cette philosophie, les Musulmans ne cesseront, à travers les siècles et en pleine édification de
leur civilisation, de puiser dans les richesses du patrimoine universel dans tous les champs de la
connaissance, conscients que celui-ci incarne le bien le plus précieux que l’Humanité se doit de
partager.
Si le Prophète () leur servit, pour cela, d’exemple, ils étaient également inspirés par cette maxime
arabe qui n’est pas une tradition prophétique : « La sagesse est à l’image d’une chose perdue (que l’on
recherche absolument), le croyant qui la trouve est dans son plein droit d’en disposer ».
A cet égard, les sagesses dites par les gens éclairés issus de toutes les nations et de toutes les cultures
doivent pouvoir, elles aussi, éclairer nos lanternes et illuminer nos sentiers.
Découvrir ces sagesses, dont nombre d’entre elles trouveront confirmation dans nos Enseignements,
c’est s’ouvrir sur le monde dans sa diversité voulue par Dieu.
Après tout, les cultures et les civilisations ne se sont-elles pas nourries mutuellement ?