Projet Odj séance bi-académique 2016.11.16 V5 3
Conclusion
Ces trois axes principaux ont permis conjointement un considérable renforcement de la sécurité
chez la femme enceinte. Mais à la lumière de l’expérience malheureuse du valproate de sodium,
certains points, entre autres, méritent encore un effort soutenu :
1. Information et communication
Le conseil pré-conceptionnel, c’est-à-dire la mise en place de mesures d’information et de
prises en charge thérapeutiques préalables à toute conception, en particulier chez les
femmes en âge de procréer souffrant de pathologies chroniques et bénéficiant de
thérapeutiques au long cours.
La généralisation de l’accès des professionnels de santé (médecins, pharmaciens, sages-
femmes…) aux meilleurs circuits d’information existants.
L’intégration dans les logiciels d’aide à la prescription ou à la délivrance, d’informations
expertisées sur le médicament chez la femme enceinte.
Une information sans relâche du grand public sur les effets délétères de l’automédication
en cours de grossesse et sur la possibilité d’accéder à des informations fiables.
2. Détection et analyse des signaux
Mise en place d’une coordination des réseaux existants (systèmes d’alerte, registres de
malformations, bases de données…) afin de détecter et analyser dans les meilleurs délais de
nouveaux signaux émergeant du terrain ou de la littérature.
Développement d’outils spécifiques au suivi à distance de la naissance d’enfants exposés à
in utero à différents types d’agents, dont les médicaments.
15 h 50 « Perturbation de l’axe thyroïdien maternel et risque de maladies neurodéveloppementales chez
l’enfant »
Barbara DEMENEIX, Professeur au Muséum d’histoire naturelle et Directrice du Laboratoire
Évolution des régulations endocriniennes (CNRS/MNHN)
Les hormones secrétées par la thyroïde sont des signaux endocriniens essentiels pour le
développement du cerveau. Sans elles au bon moment, un enfant restera crétin - avec un QI
d’environ 35. Il existe des liens évidents entre les rôles que jouent les hormones thyroïdiennes
dans le développement du cerveau et les produits chimiques présents dans l'environnement
susceptibles de perturber ce processus. Selon les statistiques des Nations Unis, le volume des
substances produites par l’industrie chimique a augmenté près de 300 fois depuis 1970.
Aujourd’hui, aux États-Unis, les troubles du spectre autistique (TSA) affectent un enfant sur
soixante-huit (dont un garçon sur quarante-deux), avec une nette augmentation de l'incidence
depuis le début des années 2000. L'évolution des définitions diagnostiques et les causes génétiques
ne représentent qu'une partie de cette augmentation. L'impact des facteurs environnementaux, qui
exacerbent sans doute souvent les prédispositions génétiques, doit être pris en compte. Nous avons
[1] évalué le coût économique en Europe des effets de seulement trois de ces produits chimiques
(un pesticide organophosphate, un retardateur de flamme et un plastifiant dans le groupe des
phthalates) en lien avec cette baisse de QI et avec l’augmentation des maladies neuro-
développementales. Nous sommes arrivés au chiffre de 157 milliards d’euros par an.
Nous exploitons la conservation de la signalisation endocrinienne à travers l’évolution pour cribler
l’activité des substances présentes dans l’environnement sur l’axe thyroïdien de têtard de
grenouille. Des résultats récents sur les mélanges de contaminants ubiquitaires dans des
populations humaines[2] seront présentés.
1. Bellanger, M., et al., Neurobehavioral Deficits, Diseases and Associated Costs of Exposure to Endocrine Disrupting Chemicals in
the European Union. J Clin Endocrinol Metab, 2015: p. jc20144323.