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Pendant la première guerre mondiale, les soldats, après quelques semaines de guerre de mouvement
entre août et décembre 1914, sont confrontés à la guerre de position dans les tranchées et à des
batailles d’une rare violence. Les soldats de la Triple entente sont opposés aux soldats de la Triple
Alliance. L’ensemble de ces soldats vivent dans des tranchées qui se situent non seulement sur le front
de l’ouest de la mer du Nord à la Suisse mais aussi dans les Balkans et en Bulgarie. Ils sont confrontés
à la mort, à la dureté des combats, à l’horreur, au manque d’hygiène et de nourriture.
2. Quelles sont les caractéristiques de la guerre des tranchées ?
La guerre des tranchées est une guerre d’usure, soit une stratégie qui consiste à épuiser les forces
humaines de l’adversaire par des offensives récurrentes, des bombardements incessants pour prendre
de petites portions de territoire comme le montre le témoignage de Roland Dorgelès. Il s’agit de
démoraliser l’adversaire, de le détruire, quel qu’en soit le coût pour son propre camp comme le montre
Roland Dorgelès : « Il y a vingt mille cadavres boches ici, s’est écrié le colonel, fier de nous.
Combien de Français ? ».
Les attaques sont d’une rare violence, sous les coups de mortiers, de canons, les rafales de
mitrailleuses, les hommes tombent en grand nombre comme la reconstitution de Stanley Kubrick dans
les sentiers de la Gloire le laisse bien paraître. Il faut tenir, par tous les moyens comme l’alcool.
Ces attaques semblent parfois inutiles en raison du coût en hommes en comparaison avec les zones
conquises comme le souligne Roland Dorgelès. Pendant la 1GM, 900 Français et 1000 Allemands
meurent chaque jour. La violence de la Guerre, l’horreur, les morts et les destructions apparaissent
clairement dans le panneau central du triptyque d’Otto Dix qui montrent l’enchevêtrement des corps,
les destructions des obus et un paysage de mort et de désolation.
Du 21 février au 24 juin 1916, la période la plus meurtrière de la bataille de Verdun, surnommée
l’enfer de Verdun fait 240 000 morts côté allemand et 275 000 morts côtés français. Les Allemands,
malgré les quelques moments de fraternisation, sont avant tout des « Boches », une autre race, des
Barbares qu’il faut anéantir.
C. La première guerre mondiale : « brutalisation », révolte et traumatisme.
Documents à utiliser : Tryptique La Guerre d’Otto Dix, p. 88-89, texte de Ernst Jünger, les
mutineries de 1917 (document 4 p. 85).
Document : Ernst Jünger, Orages d’acier, 1920.
A dix heures, un homme de liaison nous transmit l'ordre de nous mettre en route pour la première
ligne. Un animal sauvage qu'on traîne hors de sa tanière, un marin qui voit s'abîmer sous ses pieds la
planche de salut, doivent ressentir à peu près ce que nous éprouvâmes quand nous dûmes dire adieu à
l'abri sûr et tiède pour sortir dans la nuit inhospitalière.
[…] L'aiguille avançait toujours; nous comptâmes les dernières minutes. Enfin, elle atteignit cinq
heures cinq. L'ouragan éclata.
[…] Le jour s'était levé. Derrière nous, l'énorme vacarme ne faisait que croître, bien qu'une
aggravation parût impossible. Devant nous, une muraille de fumée, de poussière et de gaz,
impénétrable au regard, s'était dressée. Des inconnus couraient à travers la tranchée, nous hurlant à
l'oreille des interjections joyeuses. Fantassins et artilleurs, sapeurs et téléphonistes, Prussiens et
Bavarois, officiers et hommes de troupe, tous étaient subjugués par la violence élémentaire de cet
ouragan igné et brûlaient de monter à l'assaut, à neuf heures quarante. […]
Je me tenais devant mon terrier avec Sprenger, la montre en main, et attendais le grand moment. […]
Sprenger et moi escaladâmes donc le parapet, quelques minutes plus tard, suivis des hommes.
«On va leur montrer maintenant de quoi la 7e est capable! - Maintenant, je me fiche de tout! -
Vengeance pour la 7e! - Vengeance pour le capitaine von Brixen
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!» Nous sortîmes nos pistolets et
franchîmes nos barbelés, à travers lesquels les premiers blessés se traînaient déjà vers l'arrière.
[…] La fureur montait maintenant comme un orage. Des milliers d'hommes avaient déjà dû tomber.
On en avait la sensation: les brouillards rouges étaient traversés de souffles spectraux. Le feu avait
beau se poursuivre: il semblait retomber, comme s'il perdait sa force.
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Le capitaine a été tué quelques minutes plus tôt par un tir d’obus qui, selon Jünger, l’a réduit en lambeaux.