chapitre 3, guerres mondiales et espoirs de paix, cours

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Thème 2 : La Guerre au XX
ème
siècle
Chapitre 3 : Guerres mondiales et espoirs de paix
Travail préparatoire à faire à la maison : relever l’ensemble des principales dates de la première guerre
mondiale, de la deuxième guerre mondiale, les dates de la création de la SDN et de l’ONU, les
principales dates de la Guerre Froide et du Nouvel Ordre Mondial depuis 1991.
Introduction du thème : La Guerre au XX
ème
Siècle
Exercice amorce :
Documents à utiliser : chronologie p. 77, chronologie p. 143, et les chronologies ci-dessous
Utilisez des chronologies pour montrer l’évolution du XX
ème
siècle et sa relation à la guerre. Les
élèves doivent répondre à la question suivante : Quelle est la caractéristique principale qui définirait le
mieux le XX
ème
siècle ? Quelles sont les grandes phases que vous pourriez mettre en avant ?
La caractéristique qui définit le mieux le XX
ème
siècle est la guerre. Le XX
ème
siècle est le siècle de la
guerre et des combats qui touchent aussi bien les soldats que les civils. Les grandes phases sont au
nombre de trois :
1962
-
1975
1948
-
1949
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- Les deux guerres mondiales qui forment un tout. Elles sont entrecoupées de tentative de paix avec
la création de la SDN qui tente, dans un contexte de regain de pacifisme en Europe, de réduire les
tensions nationalistes issues de la 1GM. La fin de la 2GM est aussi marquée par une tentative de
protéger et de construire la paix avec la création de l’ONU.
- La Guerre Froide (1947-1991) qui entraîne la division du monde en deux blocs, fondés sur deux
idéologies différentes. C’est un conflit visant pour les deux Grands que sont l’URSS et les Etats-
Unis à assurer leur domination et/ou leur sécurité sans jamais recourir à l’affrontement direct et
généralisé.
- Les nouvelles conflictualités, es de la Guerre Froide, sumées par Georges Bush en 1991 par
l’expression Nouvel Ordre Mondial. Tout en maintenant des conflictualités de type ancien, guerres
entre Etats, guerres civiles, elles voient apparaître de nouvelles formes de conflit avec le terrorisme,
la guerre économique et les guerres préventives.
Introduction du chapitre 3 : Guerres mondiales et espoirs de paix :
Document à utiliser : La définition de la Guerre Totale par Léon Daudet en 1918
Document 1 : Qu’est-ce que la guerre totale ? Léon Daudet, La Guerre totale, 1918.
Qu’est-ce que la guerre totale ? C’est l’extension de la lutte, dans ses phases aiguës comme dans ses
phases chroniques, aux domaines politique, économique, commercial, industriel, intellectuel, juridique
et financier. Ce ne sont pas seulement les armées qui se battent, ce sont aussi les traditions, les
institutions, les coutumes, les codes, les esprits et surtout les banques. L’Allemagne a mobilisé dans
ces plans, sur tous ces points. Elle s’est livrée à un débordement de propagande, toujours acharnée,
parfois intelligente, parfois stupide, rarement inutile. Elle a constamment cherché, au-delà du front
militaire, la désorganisation matérielle et morale du peuple qu’elle attaquait. Elle a poursuivi, pendant
les hostilités, en l’intensifiant, son programme d’exploitation de l’espionnage et de la trahison, qui
était celui de l’avant-guerre.
A l’aide du texte précédent et des documents p. 76 et 77, rédigez une introduction en utilisant les mots
clés suivants : guerre totale, première guerre mondiale, deuxième guerre mondiale, combattants,
populations civiles, génocide, paix, SDN, ONU.
Le XX
ème
siècle est un siècle de guerres meurtrières. La première guerre mondiale, de 1914 à 1918,
puis la seconde guerre mondiale, de 1939 à 1945, ont laissé l’Europe et le monde frappés de stupeur.
Ces deux guerres totales, qui ont entraîné la mobilisation de toutes les ressources des Etats durant une
longue période et à un degré jamais atteinte précédemment, et qui ont provoqué l’extension de
l’affrontement à de larges portions du globe dans un but d’anéantissement de l’adversaire, sont à
l’origine de millions de morts parmi les combattants comme parmi les populations civiles. Si la
première guerre mondiale semble avoir plus touché les combattants, ce sont les populations civiles
qui ont payé le plus lourd tribut à la deuxième guerre mondiale. Ce sont aussi des guerres qui ont vu
naître les génocides (arméniens, tziganes et juifs).
Pourtant, au sortir de chacune d’elles, les hommes ont tenté, après les ruines matérielles et morales,
d’établir la paix et la sécurité, à travers la SDN (Société des Nations) en 1918 et l’ONU (Organisation
des Nations Unies) en 1945.
Problématique : En quoi les deux guerres mondiales sont-elles l’expression d’une guerre totale et de
la « brutalisation » des sociétés et ce, malgré les espoirs de paix ?
I. La Première guerre mondiale, l’expérience combattante au cœur d’une guerre totale.
A. Une guerre totale (CM)
1. Un conflit étendu dans le temps et dans l’espace
La Première Guerre Mondiale est une guerre longue puisqu’elle s’est étirée sur 4 ans et demi (3 août
1914 au 11 novembre 1918). La Guerre devait être courte puisque tous les soldats devaient être rentrés
pour Noël après avoir vaincu l’Allemagne (détruire le mythe des soldats partant la fleur au fusil). La
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longueur de la guerre épuise les matériels comme les hommes (soldats et prisonniers) qui espèrent,
d’année en année, le retour à la paix.
Carte 1 p. 80 : La Grande Guerre, autre nom donné à la 1GM, est aussi marqué par l’importance de
son extension spatiale puisqu’elle touche toute l’Europe. Mais enraison de l’extension des Empires
coloniaux, des zones d’influence contrôlées par les Européens et de moyens utilisés pour vaincre
l’adversaire comme les blocus
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, les subversions
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, les pressions exercées sur les puissances neutres
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, les
guerres périphériques, le conflit devient mondial. Elle oppose : la Triple Alliance, ou puissances
centrales ou triplice, comprenant l’Empire allemand, l’Empire austro-hongrois, l’Empire ottoman et la
Bulgarie, et la Triple Entente ou les Alliés comrpenant le Royaume-Uni, la France, la Russie, l’Italie,
le Japon, le Portugal et les Etats-Unis.
2. Une guerre de masse
La première guerre mondiale, comme la deuxième, est une guerre de masse par les effectifs engagés et
par les pertes subies. En 1914, 12 millions d’hommes sont mobilisés. 8 millions de Français et 5,7
millions de Britanniques portent l’uniforme entre 1914 et 1918. Tous les hommes sont mobilisés, y
compris les hommes des colonies, les « indigènes » : 1,5 million pour les Britanniques, 600 000 pour
les Français.
Les combats sont acharnés et les pertes de grande ampleur avec au total 10 millions de morts et 20
millions de blessés, 5 millions de veuves et 9 millions d’orphelins :
- 1 360 000 morts pour les Français et autant d’invalides, soit 3,4 % de la population totale et 16,5 %
des mobilisés. 130 000 Français meurent lors de la première bataille des Ardennes du 20 au 22 août
1914.
- 1 700 000 à 1 950 000 Allemands sont tués, soit 15,4 % des mobilisés.
3. La course aux armements
Les deux guerres mondiales ont donné lieu à des progrès dans le domaine de l’armement et à une
course à l’invention scientifique.
Pendant la première guerre mondiale, les soldats ont à leur disposition des armées connues qui sont
développées et des armées nouvelles :
- Les mortiers (bouches à feu), les grenades à main, le fsil, les lance-torpilles jouent un rôle
important.
- Les tranchées, déjà très utilisées lors de la Guerre Civile américaine, deviennent le modèle de la
1GM
- Les gaz asphyxiants et les lance-flammes, pourtant interdits par la convention de La Haye en 1899
sont utilisés et redoutés (voir doc 3 p. 87)
- Les ballons captifs, les zeppelins, puis les avions et les chars deviennent des armes redoutables
même si ces derniers suscitent dans un premier temps la méfiance des généraux. Ex : Le général
allemand Luddendof dit que « les meilleures armes face aux tanks sont des nerfs soldides, de la
discipline et de l’intrépidité ».
Zeppelin effectuant un bombardement au Royaume-Uni en 1915, War Imperial Museum, Manchester.
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Référence au blocus maritime tenté par l’Angleterre sur l’Allemagne.
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Actions visant au renversement de l’ordre politique existant, à l’intérieur du pays ennemi en cas de guerre.
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Référence aux harcèlements menés par les Allemands contre les bateaux en provenance des Etats-Unis dans
l’Atlantique.
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4. Une volonté politique d’anéantir l’adversaire
Dès 1914, la logique de guerre totale entraîne un véritable contrôle des populations civiles et des
combattants : censure des journaux et des lettres des soldats, cours martiale, état de siège, propagande
– appelé « bourrage de crâne par les poilus ». C’est aussi la naissance, comme en France, de « l’Union
Sacrée » qui est une alliance de tous les courants politiques et idéologiques derrière le gouvernement
pour soutenir l’effort de guerre : extrême droite, extrême gauche, socialistes, radicaux et l’Eglise, deux
groupes qui pourtant se haïssent depuis la lutte qui a abouti à la séparation de l’Eglise et de l’Etat en
1905. Toutes critiques, en particulier, celles contre les chefs militaires sont considérées comme des
manifestations de défaitismes.
La guerre entraîne aussi la mise en place d’écnomies dirigistes qui provoquent une transformation de
l’appareil productif à destination de l’effort de guerre : les usines renault fabriquent des munitions par
exemple.
B. Combattre sous un « orage d’acier » Ernst Jünger
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Documents à utiliser : Le tryptique « La Guerre » d’Otto Dix p. 88-89, Stanley Kukrick, les sentiers de
la gloire – scène de la bataille (http://www.youtube.com/watch?v=0ff2x_9G6oI), texte de Roland
Dorgelès sur les batailles dans les tranchées, document 2 p. 86.
Document : La guerre des tranchées par Roland Dorgelès :
C’est un grand troupeau hâve
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, un régiment de boue séchée qui sort des boyaux
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et s’en va par les
champs, à la débandade. Nous avons des visages blafards et sales que la pluie seule a lavés. On marche
d’un pas traînant, le dos voûté, le cou tendu.
Arrivé sur la hauteur, je m’arrête et me retourne pour voir une dernière fois, emporter dans mon âme
l’image de cette grande plaine couturée de tranchées, hersée
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par les obus, avec les trois villages que
nous avons pris : trois monceaux de ruines grises.
Comme c’est triste, un panorama de victoire ! La brume en cache encore des coins sous son suaire
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et
je ne reconnais plus rien, sur cette vaste carte de terre retournée. Les Trois-Chemins, la Ferme, le
Boyau blanc, tout cela se confond ; c’est la même plaine, usée jusqu’à sa trame de marne
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blanche, une
lande anéantie, sans un arbre, sans un toit, sans rien qui vive, et partout mouchetée de taches
minuscules : des morts, des morts…
— Il y a vingt mille cadavres boches ici, s’est écrié le colonel, fier de nous.
Combien de Français ?
Il a fallu tenir dix jours sur ce morne chantier, se faire hacher par bataillons pour ajouter un bout de
champ à notre victoire, un boyau éboulé, une ruine de bicoque
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. Mais je puis chercher, je ne reconnais
plus rien. Les lieux l’on a tant souffert sont tout pareils aux autres, perdus dans la grisaille comme
s’il ne pouvait y avoir qu’un même aspect pour un même martyre. C’est là, quelque part… L’odeur
fade des cadavres s’efface, on ne sent plus que le chlore, répandu autour des tonnes
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à eau. Mais, moi,
c’est dans ma tête, dans ma peau que j’emporte l’horrible haleine des morts. Elle est en moi, pour
toujours : je connais maintenant l’odeur de la pitié.
Source : Roland Dorgelès, Les croix de bois, Paris (1956), p. 292-293.
Questions :
1. Quelle est la situation des soldats sur le front pendant la première guerre mondiale ?
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Engagé volontaire à 19 ans. Il participe à la bataille de la Somme, de Verdun, des Flandes. Il appartient à des
troupes de choc, ancêtre des commandos et relate ses faits de guerre dans une ouvrage intitulé « Orages
d’aciers » en 1920.
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Pâlit, émacié par la faim.
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Un boyau est une partie d’une tranchée.
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Passer la herse, c’est-à-dire labourer.
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Pièce de tissu dans laquelle on ensevelit un mort.
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Roche sédimentaire
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Petit maison de peu de valeur.
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Grand tonneau.
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Pendant la première guerre mondiale, les soldats, après quelques semaines de guerre de mouvement
entre août et décembre 1914, sont confrontés à la guerre de position dans les tranchées et à des
batailles d’une rare violence. Les soldats de la Triple entente sont opposés aux soldats de la Triple
Alliance. L’ensemble de ces soldats vivent dans des tranchées qui se situent non seulement sur le front
de l’ouest de la mer du Nord à la Suisse mais aussi dans les Balkans et en Bulgarie. Ils sont confrontés
à la mort, à la dureté des combats, à l’horreur, au manque d’hygiène et de nourriture.
2. Quelles sont les caractéristiques de la guerre des tranchées ?
La guerre des tranchées est une guerre d’usure, soit une stratégie qui consiste à épuiser les forces
humaines de l’adversaire par des offensives récurrentes, des bombardements incessants pour prendre
de petites portions de territoire comme le montre le témoignage de Roland Dorgelès. Il s’agit de
démoraliser l’adversaire, de le détruire, quel qu’en soit le coût pour son propre camp comme le montre
Roland Dorgelès : « Il y a vingt mille cadavres boches ici, s’est écrié le colonel, fier de nous.
Combien de Français ? ».
Les attaques sont d’une rare violence, sous les coups de mortiers, de canons, les rafales de
mitrailleuses, les hommes tombent en grand nombre comme la reconstitution de Stanley Kubrick dans
les sentiers de la Gloire le laisse bien paraître. Il faut tenir, par tous les moyens comme l’alcool.
Ces attaques semblent parfois inutiles en raison du coût en hommes en comparaison avec les zones
conquises comme le souligne Roland Dorgelès. Pendant la 1GM, 900 Français et 1000 Allemands
meurent chaque jour. La violence de la Guerre, l’horreur, les morts et les destructions apparaissent
clairement dans le panneau central du triptyque d’Otto Dix qui montrent l’enchevêtrement des corps,
les destructions des obus et un paysage de mort et de désolation.
Du 21 février au 24 juin 1916, la période la plus meurtrière de la bataille de Verdun, surnommée
l’enfer de Verdun fait 240 000 morts côté allemand et 275 000 morts côtés français. Les Allemands,
malgré les quelques moments de fraternisation, sont avant tout des « Boches », une autre race, des
Barbares qu’il faut anéantir.
C. La première guerre mondiale : « brutalisation », révolte et traumatisme.
Documents à utiliser : Tryptique La Guerre d’Otto Dix, p. 88-89, texte de Ernst Jünger, les
mutineries de 1917 (document 4 p. 85).
Document : Ernst Jünger, Orages d’acier, 1920.
A dix heures, un homme de liaison nous transmit l'ordre de nous mettre en route pour la première
ligne. Un animal sauvage qu'on traîne hors de sa tanière, un marin qui voit s'abîmer sous ses pieds la
planche de salut, doivent ressentir à peu près ce que nous éprouvâmes quand nous dûmes dire adieu à
l'abri sûr et tiède pour sortir dans la nuit inhospitalière.
[…] L'aiguille avançait toujours; nous comptâmes les dernières minutes. Enfin, elle atteignit cinq
heures cinq. L'ouragan éclata.
[…] Le jour s'était levé. Derrière nous, l'énorme vacarme ne faisait que croître, bien qu'une
aggravation parût impossible. Devant nous, une muraille de fumée, de poussière et de gaz,
impénétrable au regard, s'était dressée. Des inconnus couraient à travers la tranchée, nous hurlant à
l'oreille des interjections joyeuses. Fantassins et artilleurs, sapeurs et téléphonistes, Prussiens et
Bavarois, officiers et hommes de troupe, tous étaient subjugués par la violence élémentaire de cet
ouragan igné et brûlaient de monter à l'assaut, à neuf heures quarante. […]
Je me tenais devant mon terrier avec Sprenger, la montre en main, et attendais le grand moment. […]
Sprenger et moi escaladâmes donc le parapet, quelques minutes plus tard, suivis des hommes.
«On va leur montrer maintenant de quoi la 7e est capable! - Maintenant, je me fiche de tout! -
Vengeance pour la 7e! - Vengeance pour le capitaine von Brixen
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Nous sortîmes nos pistolets et
franchîmes nos barbelés, à travers lesquels les premiers blessés se traînaient déjà vers l'arrière.
[…] La fureur montait maintenant comme un orage. Des milliers d'hommes avaient déjà tomber.
On en avait la sensation: les brouillards rouges étaient traversés de souffles spectraux. Le feu avait
beau se poursuivre: il semblait retomber, comme s'il perdait sa force.
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Le capitaine a été tué quelques minutes plus tôt par un tir d’obus qui, selon Jünger, l’a réduit en lambeaux.
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