d’individus et 3) la translocation de plaques sol-végétation. Un an après la mise en place de la
première technique, les quelques germinations observées correspondent à des espèces rudérales
déjà présentes dans ces zones dégradées ; cette technique n’a donc pas permis l’installation
d’espèces cibles en zones dégradées, bien qu’elles soient présentes dans le foin. La deuxième
technique a été un échec, puisque seule une espèce, Paspalum erianthum, a survécu, aussi bien en
zones dégradées qu’en zones de campos intacts, alors que pour les autres, les dommages causés au
niveau des racines lors de la translocation ont probablement limité leur survie. La troisième
technique, la translocation de plaques sol-végétation, s’est avérée être la méthode la plus efficace,
puisque de nombreuses espèces, dont certaines espèces endémiques, ont pu être réintroduites en
zones dégradées. Cependant, en raison de la faible résilience des campos rupestres dans lesquels les
plaques de végétation ont été prélevées, cette méthode ne peut être envisagée que pour sauver des
habitats dans le cas extrême où la destruction de l'habitat est inévitable. Face à la difficulté de
restaurer ces pelouses, leur protection et leur conservation doit être une priorité.
La réserve intégrale de Bagaud : un laboratoire naturel de restauration écologique.
Elise KREBS, A. Aboucaya, L. Affre, G. Berger, E. Buisson, L. Brousset, H. De Méringo,
J. Gauthier, O. Lorvelec, J.Y. Meunier, P. Ponel, M. Pascal, A. Passetti, E. Vidal.
Equipe Ecologie de la conservation et interactions biotiques
L’île de Bagaud, sur le territoire du Parc national de Port-Cros, abrite de nombreuses espèces
patrimoniales : la Romulée de Florent est une plante dont la répartition mondiale est restreinte aux
îles d’Hyères et au cap Bénat ; le Phyllodactyle d’Europe, gecko méditerranéen, ne présente plus que
des populations relictuelles, en grande partie insulaires. Le Puffin yelkouan, oiseau marin
emblématique de méditerranée, n’est présent en France que sur les îles de Marseille et les îles
d’Hyères. Cependant, la biodiversité de cette île est menacée par la présence de deux espèces
invasives, le Rat noir et les Griffes de sorcière. Ces espèces ont été introduites par l’homme sur de
nombreuses îles en Méditerranée et ont des impacts très néfastes sur les espèces indigènes. Afin
d’améliorer l’état de conservation de l’île de Bagaud et de permettre aux populations indigènes
patrimoniales de s’exprimer pleinement, le Parc national de Port-Cros a initié, en 2010, un
programme de restauration écologique, dont l’objectif est d’éliminer le Rat noir et les Griffes de
sorcières. Grâce à l’association de partenaires scientifiques, dont l’Institut Méditerranéen d’Ecologie
et de Biodiversité, ce programme vise également à acquérir des données originales et appliquées sur
la restauration écologique des systèmes insulaires méditerranéens. En effet, les éradications sont
associées à un suivi scientifique rigoureux, afin d’obtenir des données précises sur les effets de telles
opérations sur la faune et la flore indigènes. Ce lien entre la science et la conservation permettra
d’acquérir des compétences spécifiques en matière de gestion et de restauration écologique de ces
écosystèmes. Ces savoir-faire seront transmis à travers des opérations de valorisation auprès des
scientifiques et gestionnaires afin de servir à d’éventuels autres projets de ce type. Des opérations de
communication permettront de faire connaitre au grand public la nécessité de telles opérations pour
la préservation de la biodiversité. Le programme est actuellement dans sa troisième phase. La
première phase a consisté en un suivi scientifique pré-éradication sur un panel de taxons indigènes :
flore, insectes, reptiles et oiseaux. Ces suivis constituent l’état-zéro de l’écosystème. Les éradications
du Rat noir et des Griffes de sorcière composent la seconde phase, qui s’est déroulée en 2011 et
2012. La troisième phase a débuté mi-2012. Elle comprend les suivis scientifiques post-éradications
et les contrôles de ré-invasion du Rat noir et de la Griffes de sorcière. La comparaison de l’état zéro
avec les suivis post-éradication nous permettra d’évaluer les effets des opérations d’éradication sur
la faune et la flore indigènes. Les contrôles de ré-invasion consistent à mettre en place des dispositifs
permettant d’empêcher le retour des espèces invasives. Cette troisième phase se prolongera
jusqu’en 2019, dans le but de récolter des données sur la restauration des communautés végétales et
animales sur le long terme mais également de pérenniser le succès des opérations d’éradication.
C’est pourquoi les suivis sur les taxons indigènes et les contrôles des espèces invasives sont