17
Les résultats de l’étude conjointe européenne sont proches de ceux
d’une étude similaire effectuée en Amérique du Nord et en Chine,
publiée en 2003. Une analyse conjointe de l’ensemble des données
épidémiologiques mondiales (Amérique, Europe, Chine) est prévue afin
de mieux quantifier l’interaction tabac-radon sur le risque de décès par
cancer du poumon ainsi que le risque lié au radon chez les non-fumeurs.
Évaluation du risque de cancer du poumon associé
à l’exposition domestique au radon
Une campagne de mesure du radon dans l’habitat a été conduite en
France par l’IRSN et la DGS depuis le début des années 80. Elle a permis
d’estimer l’exposition au radon domestique de la population française
et de montrer la grande variabilité géographique des concentrations de
radon dans l’habitat. La moyenne des 12 261 mesures françaises du
radon domestique est de 87 Bq.m-3, avec plus de 91 % des mesures
inférieures à 200 Bq.m-3 [Billon et al., 2005]. Ces données d’exposition,
combinées aux connaissances issues de l’épidémiologie, permettent
d’évaluer le risque de cancer du poumon attribuable au radon domesti-
que. Une thèse d’épidémiologie visant à proposer une méthodologie
d’évaluation des risques de cancer du poumon associés à l’exposition
domestique au radon a été conduite à l’IRSN en utilisant les connaissan-
ces et les données disponibles [Catelinois, 2004].
Deux aspects particuliers ont été approfondis : la projection des risques
en excès dans le temps et la quantification des incertitudes associées aux
estimations de risque. De plus, toutes les évaluations de risque effectuées
jusqu’ici ont utilisé des relations exposition-réponse fondées sur les étu-
des de cohortes de mineurs. Or, depuis la publication des résultats des
études cas-témoins menées en population générale, il apparaît mainte-
nant nécessaire d’utiliser ces résultats pour évaluer le risque de cancer du
poumon associé à l’exposition domestique au radon. Cette réflexion
méthodologique permet de fournir des estimations de risque reposant
sur une analyse critique des données et des modèles de risque utilisés.
Ces résultats pourront s’avérer d’un grand intérêt dans la définition des
politiques de santé publique concernant le risque associé au radon.
Conclusion et perspectives
L’ensemble des travaux réalisés ces dernières années sur l’exposition
au radon à l’IRSN et dans le monde a permis une meilleure quantifi-
cation du risque associé. En particulier, ces travaux ont permis de
mieux prendre en compte les facteurs temporels de variation du ris-
que en fonction de l’exposition. Ils ont permis de confirmer la cohé-
rence des résultats entre les données épidémiologiques et les
données expérimentales et de réfuter l’hypothèse d’un effet inverse
du débit de dose aux faibles niveaux d’exposition. Ils confirment enfin
l’existence d’un risque associé au radon dans l’habitat, directement
sur la population concernée.
Des travaux se poursuivent, notamment pour améliorer la quantifica-
tion de l’interaction entre le tabac et le radon sur le risque de cancer
du poumon, ou pour évaluer l’hypothèse que le radon puisse être
associé à des risques autres que celui de cancer du poumon. De plus,
les avancées obtenues sur l’épidémiologie du radon en font un très
bon modèle pour mieux comprendre les risques associés à des conta-
minations internes dues aux émetteurs alpha. Ainsi, l’IRSN coordon-
nera, à partir de 2005, un programme européen de recherche dont
l’objectif principal est de quantifier la relation exposition-réponse
après contamination interne.
Ce projet, soutenu par la Commission européenne, rassemblera
17 équipes de recherche appartenant à 9 pays différents. Il s’ap-
puiera, entre autres, sur les études sur le risque de cancer du poumon
et l’exposition au radon.
IRSN - Rapport scientifique et technique 2005
1.3
Références
H. Baysson, G. Tymen, S. Gouva, D. Caillaud, J.C. Artus, A. Vergnenegre, F. Ducloy, D. Laurier. Case-control study on lung cancer and indoor radon in France.
Epidemiology, 2004; 15 : 709-716.
S. Billon, A. Morin, S. Caër, H. Baysson, J.P. Gambard, J.C. Backe, A. Rannou, M. Tirmarche, D. Laurier. Exposure of the French population to natural ionising
radiation. Radiat. Prot. Dosim., 2005; 113(3): 314-320.
O. Catelinois. Évaluation des risques associés aux rayonnements ionisants : cancers du poumon après exposition domestique au radon et cancers de la thyroïde
après exposition accidentelle aux iodes radioactifs. Thèse doctorat d’épidémiologie. Université Paris 11, 2004.
S. Darby et al. Radon in homes and risk of lung cancer: collaborative analysis of individual data from 13 European case-control studies. BMJ, 2005; 330: 223-226.
D. Laurier, M.Tirmarche, N. Mitton, M.Valenty, J.M. Gelas, B. Quesne, P. Richard, S. Poveda. An update of cancer mortality among the French cohort of uranium
miners: extended follow-up and new source of data for causes of death. Eur. J. Epidemiol., 2004; 19 : 139-146.
A. Rogel, D. Laurier, M. Tirmarche, B. Quesne. Modelling lung cancer risk associated to radon exposure in the French cohort of uranium miners. J. Radiol. Prot.,
2002; 22 : A101-A106.
M. Tirmarche et al. Quantification of lung cancer risk after low radon exposure and low exposure rate: synthesis from epidemiological and experimental data.
Final scientific report, February 2000 - July 2003. Contract FIGH-CT1999-00013. Brussels, Belgium: European Commission DG XII, October 2003.