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PROPOS INTRODUCTIF : ELEMENTS DE CONTEXTE ET PORTEE DU
DOCUMENT
Jusqu’aux années 1970, la diversité de la vie n’a cessé d’augmenter sur Terre. Cependant, l’exploitation de la
nature par l’homme a contribué à inverser la tendance. Aujourd’hui, on estime qu’un tiers de la biodiversité
1
a
disparu depuis 1975, que 150 types d’organismes uniques s’éteignent chaque jour et que 60% des services
vitaux fournis à l’homme par la biodiversité sont en baisse.
Face à ce déclin sans précédent, il apparaît primordial, dans un contexte d’urbanisation, d’anthropisation des
milieux et de développement économique accélérés, d’appliquer efficacement les mesures existantes en
matière de protection de la biodiversité, voire de les repenser et de rechercher de nouvelles manières de
concilier logiques économiques et valeurs écologiques. Pour permettre un développement respectueux de la
nature, la réglementation actuelle qui repose sur la loi de 1976 sur la protection de la nature prévoit qu’ «
[…] il
est du devoir de chacun de veiller à la sauvegarde du patrimoine naturel dans lequel il vit. Les activités
publiques ou privées d’aménagement, d’équipement et de production doivent se conformer aux mêmes
exigences. […] (art. 1). Les travaux et projets d’aménagement qui sont entrepris par une collectivité publique
ou qui nécessitent une autorisation ou une décision d’approbation ainsi que les documents d’urbanisme
doivent respecter les préoccupations d’environnement. Les études préalables à la réalisation d’aménagements
ou d’ouvrages qui, par l’importance de leurs dimensions ou leurs incidences sur le milieu naturel, peuvent
porter atteinte à ce dernier, doivent comporter une étude d’impact permettant d’en apprécier les
conséquences. […] Le contenu de l’étude d’impact comprend au minimum une analyse de l’état initial du site et
de son environnement, l’étude des modifications que le projet y engendrerait et les
mesures envisagées pour
supprimer, réduire et, si possible, compenser les conséquences dommageables pour l’environnement
.
(art. 2)
». Ces principes sont par ailleurs codifiés dans le Code de l’environnement et repris dans d’autres lois,
comme la Loi sur l’Eau et les Milieux Aquatiques.
Toutefois, la pratique de ces mesures compensatoires souffre de nombreux handicaps qui conduisent à une
faible mise en œuvre des mesures ou à une mise en œuvre peu pertinente alors que la perte de biodiversité
représente aujourd’hui un problème majeur. Or, cette érosion n’est pas encore irréversible et dépend des choix
politiques, économiques et sociaux à venir.
La biodiversité est aujourd’hui au cœur des réflexions. Au niveau international, le sommet de la Terre de Rio
de Janeiro de 1992 a marqué un tournant avec l’adoption de la Convention sur la diversité biologique qui
reconnaît pour la première fois en droit international que la conservation de la diversité biologique est une
préoccupation commune à l’ensemble de l’humanité et est consubstantielle au processus de développement.
La 9
ème
conférence des signataires de cette convention s’est tenue à Bonn du 19 au 30 mai 2008 et a
contribué, entre autres, à l’adoption de décisions en matière de lutte contre la biopiraterie, de protection des
milieux marins, de financement de mesures inter-étatiques visant à la protection de la nature et de culture
durable des plantes énergétiques. De son côté, l’Union Européenne a également pris des mesures en faveur
de la biodiversité : le réseau Natura 2000 dont l’objectif est de maintenir la diversité biologique des milieux, la
directive cadre dans le domaine de l’eau qui établit un cadre communautaire pour la protection et la gestion
des eaux, qui fonctionne par objectifs et non plus de manière sectorielle et qui introduit la notion de « bon état
écologique », ou encore la stratégie de Göteborg qui prévoit de stopper la perte de biodiversité d’ici 2010.
Nationalement, la France s’est dotée d’une stratégie pour la biodiversité en 2005, qui est une déclinaison de la
stratégie nationale de développement durable adoptée en 2003 et qui fait vivre le cadre et l’esprit établis par la
Charte de l’environnement adossée à la Constitution en 2005 ; cette stratégie pose comme objectifs principaux
l’arrêt de la perte de biodiversité d’ici 2010, la reconnaissance de sa valeur au vivant, l’amélioration de la prise
en compte de la biodiversité dans les politiques publiques et le développement de la connaissance scientifique.
Le Grenelle de l’environnement en 2007 a également contribué à remettre sur le devant de la scène les enjeux
liés à la perte de biodiversité en proposant quatre grands axes d’actions : stopper partout la perte de
1 La biodiversité représente l’ensemble des espèces vivantes sur Terre, les communautés formées par ces espèces et les habitats dans lesquels
elles vivent. La biodiversité renvoie donc à trois niveaux : la diversité génétique au sein des espèces, la diversité entre espèces et la diversité
des écosystèmes.