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résistantes, porteuses d'une muta-
tion génétique leur conférant la
capacité de ne pas être détruites.
Dans le cas où de tels organismes
existent, ils sont alors favorisés
par l'antibiotique et vont se mul-
tiplier. Le risque étant ensuite que
cette multiplication provoque une
nouvelle infection de l'organisme,
voire que les bactéries résistantes
soient transmises à autrui.
Identifier Le «résistome»
Afin de pouvoir identifier plus
rapidement les bactéries résis-
tantes et utiliser le bon antibio-
tique, des scientifiques des HUG
développent actuellement diffé-
rentes techniques. Jacques
Schrenzel, médecin responsable
Les moyens actuels
pour déterminer
la nature
de l'infection
bactérienne datent
d'une autre ère
du Laboratoire de recherche
génomique genevois, explique:
«L'idée est d'aller chercher cette
information directement dans
leurs gènes. C'est comme cher-
cher une aiguille dans une botte
de foin: un échantillon provenant
d'un patient contient beaucoup
plus de cellules humaines que de
cellules bactériennes. Un de nos
axes de recherche vise donc
d'abord à pouvoir facilement iso-
ler l'ADN des bactéries.»
Puis vient l'étape du séquençage
du génome. Des techniques dites
de nouvelle génération, utilisées
depuis 2005 environ, permettent
d'obtenir un génome très rapide-
ment et à moindre coût. Une fois
séquencé, il faut pouvoir y déce-
ler des signes de résistance aux
antibiotiques. Pour cela, l'équipe
des HUG a développé un algo-
rithme qui recherche des
séquences précises que l'on sait
correspondre à des résistances
aux antibiotiques. «Le résistome,
autrement dit l'ensemble des
gènes de résistance, est bien
connu pour certaines bactéries,
explique Dominique Blanc, chef
du Laboratoire d'épidémiologie
du CHUV. C'est notamment le cas
pour le staphylocoque doré, qui
est dans le top trois des bactéries
responsables d'infections.»
«Bien sûr, ce n'est pas toujours
aussi simple, remarque Jacques
Schrenzel. Parfois, il suffit d'une
ou deux mutations dans un gène
d'importance pour qu'une résis-
tance apparaisse, elles ne sont pas
forcément faciles à détecter. Et
tous les mécanismes de résis-
tance ne sont pas encore connus.»
L'approche génétique comporte
aussi ses lacunes. «Tout n'est pas
visible dans les gènes, rap-
pelle-t-il. Une structure peut être
existante mais pas forcément
activée. Dans le cas des pompes
cellulaires, qui permettent d'éva-
cuer des substances comme les
antibiotiques par exemple, notre
approche permet de savoir si ces
pompes existent mais pas si elles
fonctionnent.»
Pour l'heure, ces techniques
sont encore en développement.
«Mais une grande étude visant à
valider l'approche est en cours»,
conclut Jacques Schrenzel. -