l`hygiene de l`œil

publicité
L'HYGIENE DE L ' ΠI L
ET
LE TRAVAIL INDUSTRIEL
LES PROBLÈMES DE L'ÉCLAIRAGE INDUSTRIEL
r
i
r
BUREAU INTERNATIONAL
DU TRAVAIL
Etudes el Documents.
Série F. — Hygiène industrielle. N« 6.
Juin 1923.
L'HYGIÈNE DE L'ŒIL
ET
LE TRAVAIL INDUSTRIEL
LES PROBLÈMES DE L'ÉCLAIRAGE INDUSTRIEL
GENÈVE
1923
r
IMPRIMERIE
ALBERT K U N D I G ,
GENEVE
— 7
-
Parmi les enquêtes, une des plus documentées est celle de la
Commission ministérielle anglaise sur l'éclairage dans les fabriques et ateliers1, dont les relevés dans les industries textiles, mécaniques et de l'habillement, ont été assurés par le concours de
savants, d'experts et d'associations patronales et ouvrières. Plus
de 4.000 mensurations photométriques, dans 163 locaux de travail, ont été prises au cours de l'enquête.
Mais certains aspects du problème de l'éclairage industriel ne
sont pas encore élucidés et demandent des expériences nouvelles,
effectuées sur le champ même du travail soit par des techniciens, soit par des praticiens. La fabrication des lampes électriques a fait des progrès remarquables; les types de lampes, leur
mode d'emploi et de distribution sont actuellement si perfectionnés
qu'on peut légitimement considérer la technique de l'éclairage
comme fondée sur une base scientifique. D'autre part, il est nécessaire et urgent, pour faciliter la comparaison des divers systèmes
d'éclairage, de leur prix, de leur intensité, de la couleur des sources, et surtout pour faciliter la comparaison des résultats photométriques et la détermination des quantités de lumière nécessaires pour les différents travaux, d'adopter désormais, dans les
divers pays, une nomenclature des unités et des symboles communs.
Dans l'exposé qui suit, nous nous sommes efforcés de mettre
au point la question en esquissant son état actuel; mais notre
but est surtout de solliciter des contributions nouvelles, d'aider
à faire connaître les règles acquises par la science et applicables
à la pratique industrielle et d'assurer, par le concours des associations patronales et ouvrières, que ces règles ne resteront pas
lettre morte.
1
Reports of the Departmental Committee on Lighting m Factories and Workshops. First Report, 1915 (Cmd. 8000); 2nd Report, 1921 (Cmd. 1418); 3rd
Report, 1922 (Cmd. 1686). H. M. Stationery Office, London.
W-:
í.
I
LES SOURCES LUMINEUSES
Définitions.
Les sources puissantes, le soleil par exemple, nous donnent la
sensation de ce qu'on appelle la « couleur blanche ». Mais si un faisceau de cette lumière traverse un prisme, il se décompose et donne
une image colorée, sous forme d'une bande bien connue: le spectre.
L'œil normal n'aperçoit ordinairement que le « spectre moyen »
ou lumineux (5), dans lequel se produisent cependant — ainsi que
les physiciens l'ont prouvé — des actions ou variations d'autant
plus marquées qu'on se rapproche des deux extrémités du spectre :
variations calorifiques vers le rouge et au delà (spectre calorifique obscur ou infrarouge), variations photochimiques vers le violet
et au delà (spectre chimique obscur ou ultra-violet) (6). Les zones au
delà du rouge et du violet ne sont pas visibles et sont appelées
zones obscures. L'organisme, cependant, ne peut pas se soustraire
à l'influence de ces radiations obscures des spectres chimiques et
physiques et nous verrons plus loin les phénomènes morbides
qu'elles engendrent en lui.
Les sources lumineuses qu'on utilise en pratique (7) donnent un
spectre étendu, c'est-à-dire un mélange de diverses radiations qui
arrivant à l'œil nous donnent la sensation d'une seule couleur, en
rapport avec l'étendue plus ou moins grande du spectre et de l'intensité relative de ses diverses parties. Les variations de couleur sont
dues aux variations des intensités relatives qui se produisent pour
les radiations moyennes. Nous disons qu'une surface est colorée
quand elle renvoie certains rayons du spectre plus abondamment
que d'autres. Il faut aussi rappeler qu'en général plus un corps
élève sa température, en donnant un éclairement plus intense, plus
son spectre s'étend peu à peu vers le violet et par conséquent s'enrichit en radiations u.-v.
On a toujours mesuré une lumière en la rapportant à une autre
lumière, prise comme unité. Il est sans aucun doute utile de
donner avant tout les définitions des grandeurs et d'indiquer quels
-
10 —
sont les étalons et les unités employés dans la technique de l'éclairage.
Déjà dans la fabrication des lampes électriques on avait reconnu
la nécessité de déterminer et de marquer l'intensité des lampes
suivant des uni* es et une nomenclature communes. Mais, même dans
ce cas, il a fallu constater que les résultats n'étaient pas comparables
parce que lss unités employées n'étaient pas rigoureusement contrôlées. Ce n'est qu'après la création de laboratoires de physique
qu'on a pu réaliser la mensuration précise du pouvoir éclairant des unités nationales et assurer ainsi, par l'échange des tests
calibrés, la connaissance parfaite des rapports existant entre les
unités des divers pays.
Au Congrès des électriciens de 1889, à Paris, VIOLLE a proposé
l'unification des mesures photométriques en les rapportant à l'étalon-platine, dont le 1/20 est sensiblement représenté par la bougie
internationale. Auparavant, en effet, on employait indifféremment,
comme étalons d'intensité, l'éclairage diurne, le Cárcel, la « bougie
Étoile », la « bougie allemande » ou « anglaise », etc. (8)
Toutefois, l'étalon Violle n'était pas facile à réaliser; et pour cette raison
il y eut, en 1909, une entente entre le Bureau of Standards des Etats-Unis,
le National Physical Laboratory de Londres et le Laboratoire central d'électricité de Paris pour arriver à une uniformité des unités. On proposa alors une
unité secondaire: la « bougie-mètre » (ou « bougie décimale » ou « bougie internationale»), qui vaut 1/10 de Cárcel et par conséquent 1/20 de Violle. En
réalité, la « bougie internationale» a été choisie sans qu'on se préoccupât de sa
valeur par rapport au Violle, et cette valeur est inconnue (BLANC). Une des
plus importantes résolutions adoptées par la Commission internationale de
l'éclairage à la dernière réunion de Paris (juillet 1921) se rapporte à la « bougie
internationale », qui est l'unité employée couramment en France, en Angleterre et aux Etats-Unis. La proposition du Comité national britannique de
l'éclairage était la suivante: «Le Comité propose que la Commission internationale de l'éclairage adopte officiellement comme unité internationale de
puissance lumineuse la « bougie internationale », telle qu'elle a été définie par
les trois laboratoires nationaux d'étalonnage de France, de Grande-Bretagne
et d'Amérique en 1909, et telle qu'elle a été conservée depuis dans ces laboratoires. »
Ainsi un grand progrès a été réalisé en adoptant une unité lumineuse commune; celle-ci est d'ailleurs dans un rapport assez simple
avec l'unité employée en Allemagne, en Suisse, en Autriche, etc.:
la « bougie Hefner » (1 « bougie Hefner » = 0.9 « bougie internationale »).
VIOLLE avait dressé un tableau à double entrée, complété plus tard par
BROCA, en vue de permettre d'établir rapidement la valeur relative des divers
étalons qui existaient en 1884. Pour savoir la valeur d'une unité en fonction
d'une autre il suffit de prendre l'unité en question dans la première colonne
— 11 —
et de la suivre horizontalement jusqu'à la rencontre de la colonne verticale,
qui correspond à la deuxième unité; le chiffre rencontré est la valeur qu'on
cherche.
TABLEAU
I.
Bougie 1 .B?BS'e
anglaise 1 ">'ernaanglaise | t ¡ o n a ( e
Violle
Cárcel
llougie
Etoile
Boogie
allemande
Violle
1,000
0,481
Cárcel
«Bougie Etoile». 0,062
«Bougie
allemande » 0,061
« Bougie anglaise » 0,054
«Bougie internationale» . . . 0,050
Hefner
. . . . 0,045
2,080
1,000
0,130
16,100
7,750
1,000
16,400
7,890
1,020
18,500
8,910
1,150
20,000
9,600
1,240
22,200
10,700
1,380
0,127
0,112
0,984
0,870
1,000
0,886
1,130
1,000
1,220
1,080
1,350
1,200
0,104
0,094
0,805
0,720
0,802
0,740
0,902
0,830
1,000
0,900
0,900
1,000
Hefner
Il faut déplorer d'être obligé de conserver pour l'unité internationale des
mots différents, suivant les différentes langues, et de n'avoir pas un symbole
commun. BLONDEL propose le symbole IC, abréviation de «International
Candie», ou même C, en faisant remarquer que le mot français «bougie» n'est
que l'abréviation de l'ancien mot «chandelle de bougie» et que l'allemand
« kerze » n'est que l'abréviation de l'ancien mot latin « ceresa », d'où le vieux
mot français « cierge ».
Nous allons maintenant examiner la question des définitions des
grandeurs et unités photométriques, qui doit être considérée comme
fort importante.
Les éléments caractéristiques des systèmes de mesures élaborés
dans ces dernières années sont la considération du flux lumineux
comme grandeur fondamentale en photométrie et la définition
d'une unité correspondante: le lumen.
Les associations de techniciens ont désormais adopté la considération du
« flux lumineux », produit par une source d'intensité lumineuse donnée, car
les ingénieurs électriciens sont depuis longtemps familiarisés avec les considérations de flux électrique et de flux magnétique.
L'insuffisance de l'intensité lumineuse horizontale comme mode de définition et de comparaison des sources de lumière d'une part, et d'autre part le
fait qu'aujourd'hui on cherche à tirer de toutes les sources de lumière le maximum de rendement, ont mis en relief la nécessité de définir beaucoup plus
souvent qu'on ne le faisait autrefois l'effet lumineux total.
La mesure de l'effet utile des sources en lumens et de leur rendement en
lumens par watt s'est généralisée naturellement.
Dans le rapport présenté à la réunion de Paris, BLONDEL insiste sur la nécessité de mettre définitivement de l'ordre dans les notions scientifiques, aujourd'hui généralement acceptées par tous, et de donner des définitions vraiment
pratiques et suffisamment nombreuses de toutes les grandeurs.
f
— 12 —
La définition des grandeurs et celle des unités — dit BLONDEL —
ne sont pas nécessairement parallèles, car une unité ne peut être
définie qu'en fonction d'un étalon permettant de la représenter.
Si l'unité fondamentale est celle de l'intensité lumineuse, la définition des grandeurs pourra être fondée sur des considérations théoriques, en suivant l'ordre le plus logique.
Pour ce qui concerne l'opportunité d'ajouter à la définition du
flux de lumière celle du « flux d'énergie », il est utile de relever que
ce que l'œil mesure et qu'il importe de connaître pour l'éclairage est
le « flux lumineux ». En outre, tandis que la détermination du flux
d'énergie est une opération délicate, celle du flux lumineux est très
facile.
Flux lumineux (Luminous flux — Flusso luminoso — Lichtstrom
ou Lichtfluss). — Le flux lumineux (F) est, d'après les définitions adoptées par la Commission internationale, le débit d'énergie
rayonnante évalué d'après la sensation lumineuse qu'il produit (9).
Une source lumineuse émet pendant un certain temps une quantité de lumière et le flux n'est que cette quantité par unité de temps.
Le flux est ce que, d'une expression très brève, on appelle couramment lumière.
Uunité de flux, ou lumen1, est le flux de lumière émis, dans un
angle solide (10) égal à l'unité, par une source ponctuelle2 uniforme, d'intensité égale à 1 « bougie internationale ».
L'unité d'angle solide (stéradian) est représentée par l'angle
sous-tendu par une surface de 1 mètre carré sur une sphère d'un
rayon égala l'unité (Blondel).
On appellera, pour abréger, « flux total » ou « global » d'une
source l'ensemble du flux émis par cette source F 0 ; « flux superhorizontal » (F „ ) le flux émis par la source au-dessus d'un plan horizontal passant par son centre ; « flux sub-horizontal » (F-^-) quand
le flux est émis au-dessous du plan et «flux zonal» (F < ) lefluxémis
par une source de révolution dans l'intervalle compris entre deux
cônes de révolution dont les angles sont donnés.
1
La difficulté de matérialiser l'idée de 1 lumen par mètre carré de la surface d'une sphère de 1 mètre de rayon a été réduite par la proposition de l'unité
CGS « phot ». Mais cette unité même étant trop élevée, on a proposé comme
grandeur pratique l'unité « milliphot », ou 1/1000 de lumen par centimètre
carré. Cette unité n'est pas cependant entrée dans l'usage courant et elle n'est
employée jusqu'à présent que pour les recherches scientifiques.
2
Tout flux émanant d'une source de dimensions négligeables par rapport
à la distance à laquelle on l'observe peut être considéré comme provenant
d'un point.
— 13 Intensité lumineuse (Luminous Intensity — Intensità luminosa — Lichtstärke). — L'intensité lumineuse d'une source ponctuelle dans une direction quelconque est le flux lumineux par unité
d'angle solide émis par cette source dans la direction considérée.
YJunitè d'intensité est la « bougie internationale » (11).
Eclairement. Emission. Densité surfacique du flux lumineux. —
Le flux lumineux rapporté à une surface qui le reçoit ou qui l'émet
a une densité que l'on appella «eclairement » (Illumination— Illuminamento — Beleuchtung) quand la lumière est reçue par la
surface et « émission » quand elle est émise par cette surface.
L'éclairement d'une surface en un point quelconque est donc le quotient du
flux par l'aire de la surface S, défini par l'équation
ou, si le flux est uniforme,
E
F
= ir-
Les mêmes équations de définition s'appliquent à la densité du flux à l'émission, c'est-à-dire au quotient du flux émis par une surface par l'aire de cette
surface.
Le comité anglais propose la définition suivante: L'« illumination » est le
débit de réception d'énergie lumineuse sur une aire donnée, c'est-à-dire la
radiation lumineuse reçue par cette aire.
Uunité d'éclairement (et d'émission) est le «lux », qui est l'éclairement d'une surface de 1 mètre carré recevant (ou émettant) un
flux de 1 lumen uniformément réparti, ou l'éclairement produit
sur un mètre carré de surface d'une sphère d'un mètre de rayon
par une source ponctuelle uniforme d'une « bougie internationale »
placée à son centre. Si l'on prend comme unité de longueur le centimètre, l'unité d'éclairement est le « phot », égal à 1 lumen par cm2,
et si l'on prend comme unité de longueur le pied (Grande-Bretagne,
Etats-Unis), l'unité d'éclairement est le lumen par pied carré
appelé «'foot-candle ».
Le tableau qui suit, dressé par B. MONASCH, donne les facteurs
qui peuvent servir pour transformer des résultats exprimés dans
une unité d'éclairement, dans l'unité désirée.
-
14 —
TABLEAU II.
Facteur pour la transformation dans l'unité désirée
Résultais exprimés
en
Hefner
(lux all.)
Hefner
pied
Bougie intern. pied
Bougie intern. luimètre
Hefner mètre. . . .
Hefner pied . . . .
Bougie (intern.) pied
Bougie (intern.)
lux ou bougie .
Carcel-mètre . . . .
1—
10,79
11,98
0,0926
1 —
1,11
0,0834
0,9009
1 —
0,9000
9,71
10,76
0,093
1,005
1,12
1,11
10,75
0,103
0,995
0,0926
0,8954
1—
9,65
0,1035
1 —
Carcelmètre
Pour les rapports existant entre les autres unités, nous présentons le tableau suivant :
TABLEAU III
Résultats exprimés
Facteur pour la transformation dans l'unité d ésirée
en
Lux
Phot
Milliphot
Foot-Candle
Phot
Milliphot
. . . .
Foot-candle . . _.
1—
10.000,—
10,—
10,764,—
0,0001
1—
0,001
0,001076
0,1
1.000,—
1—
1,0764
0,0929
929,—
0,929
1 —
BLONDEL recommande d'écarter les termes nationaux tels que
« bougie-mètre », « meter-candle », « foot-candle ». Il est d'autant
plus facile d'abandonner ces termes que le « foot-candle » * est
égal à 1,0764 milliphot et 10,764 lux, différant donc peu de 1 milliphot et de 10 lux. Ainsi le passage aux nouvelles unités ne serait
pas difficile.
Le comité anglais préfère « meter-candle » à lux pour désigner l'unité d'éclairement, puisque cette expression est analogue à
' Pour les pays de langue anglaise qui emploient comme unité de longueur
le pied, l'unité d'éclairement est le lumen par pied carré appelé « foot-candle ».
Celle-ci est l'éclairement « reçu » par une surface placée à la distance d'un pied
(cm. 30,48) normalement aux rayons d'une source ayant une intensité d'une
bougie internationale. Il est évident que le « foot-candle » correspond à un
éclairement dix fois plus grand que celui donné par la même source sur un mètre
carré et exactement 1 foot-candle est égal à 10,76 lux ou bougie internationale.
— 15 —
« foot-candle », généralement utilisée, et qu'elle est plus explicite.
Toutefois le comité ne voit pas d'objection à ce qu'on emploie
le mot « lux » pour cette unité.
Densité surfacique d'intensité — Brillance — Eclat. — La
brillance (Brightness ou Brilliancy — Splendore — Flächenhelle
ou Glanz) est le flux émis par l'unité de surface dans l'unité
d'angle, ou, plus simplement, la brillance d'une surface dans une
direction est le quotient de l'intensité émise dans cette direction
par l'aire apparente de cette surface (projection de la surface sur
un plan perpendiculaire à la direction considérée).
Elle est définie par l'équation :
h1 —
-
d l
¿S cos 8
où 6 représente l'angle entre la normale de la surface et la ligne de visée. Il ne
Taut donc pas confondre la brillance, qui est une « intensité surfacique », avec
l'émission, qui est un «flux surfacique» (BLONDEL) (12).
L'unité de brillance est, suivant l'unité de longueur adoptée, la
bougie par cm2 (qu'on pourrait appeler «Lambert ») (13) ou la bougie
par m2 (qu'on pourrait appeler « 10 millilamberts »).
Excitation ou quantité d'éclairement. (Exposure—Esposizione—
Belichtung.) — Pour la photographie, l'étude des impressions
visuelles, etc., on prend aussi en considération cette grandeur qui
se définit ainsi: l'excitation ou quantité d'éclairement (e) est
l'intégrale du produit de l'éclairement par le temps. Le microphotseconde est une unité convenable pour l'excitation des signaux
lumineux, plaques photographiques, etc. Dans certains cas le luxseconde est une unité plus facile à comprendre.
Eclairage (Lighting— Illuminazione— Beleuchtung). — L'éclairage ou quantité de lumière « Q » est le produit du flux lumineux par la durée d'utilisation. En pratique cette dernière est
l'heure et Vunité d'éclairage est le «lumen-heure». Dernièrement
on a proposé aussi comme unité le « phot-seconde ».
Efficacité lumineuse et consommation spécifique. — Pour
une source qui rayonne toute l'énergie, 1'« efficacité lumineuse »
se confond avec le « facteur de luminosité ». Pour une source qui
ne rayonne qu'une partie de l'énergie qu'elle dépense, 1'« efficacité
— 16 —
lumineuse » est le quotient du flux lumineux par la puissance consommée: elle a pour unité le «lumen par watt ». Si pour certaines
sources on peut employer le « lumen par calorie », ou «par seconde»,
etc., il est très désirable de transformer ces mesures en «lumens par
watt ».
La « consommation spécifique » est l'inverse de l'efficacité lumineuse; elle a pour unité principale le «watt par lumen ». On peut
rapporter également les consommations spécifiques à l'intensité
lumineuse moyenne globale, au lieu du flux. L'unité est alors le
« watt par bougie » et accessoirement la calorie par bougie-heure
ou le BTU (British Thermal Unit) par bougie-heure (14).
Le Congrès de Genève de 1896 et les sociétés françaises et américaines
intéressées avaient jusqu'ici groupé d'une part toutes les définitions de grandeurs, d'autre part toutes les définitions d'unités. Le comité anglais a trouvé
plus pratique de grouper chaque unité avec la grandeur correspondante. C'est
ce mode de présentation que nous avons adopté.
Dans le tableau n° IV,
S représente l'aire d'une surface, « un angle solide.
L'angle solide correspondant à une sphère entière est 4 jr ; celui correspondant à une demi-sphère est 2 r.
Une source de 1 b. moyenne globale émet 12,57 lumens, et réciproquement
1 lumen peut être produit par une source de 0,07958 b. moyenne globale.
Pour un corps diffusant suivant la loi de Lambert et n'ayant aucune absorption (c'est-à-dire un diffuseur théorique parfait), la brillance b est reliée au
flux par unité de surface ^ par la relation :
h —
F
ou pour une surface très petite
b = 1
dF
77
dS
Un corps suivant la loi de Lambert et ayant la brillance de 1 lambert ou
1 b. par cm2 reçoit ou émet 3,1416 phots, et, réciproquement, s'il reçoit un
éclairement de 1 phot ou donne une émission de 1 phot, sa brillance est de
0,3183 b. par cm2. Il faut un éclairement de 3,14 phots sur ce corps théorique pour lui donner une brillance apparente de 1 lambert (10 lux). En pratique, en tenant compte de l'absorption, un mur ou plafond blanc exigera 3,5
à 5 milliphots (3,5 à 5 foot-candles) ou 35 à 50 lux pour présenter une brillance
apparente de 1 millilambert (ou 10 bougies par m2).
— 17
TABLEAU IV.
-
TABLEAU DES GRANDEURS PHOTOMETRIQUES ET DES UNITES
(D'après André BLONDEL. — Paris, 1921.)
Grandeurs photométriques
Symboles et équations
1. Flux lumineux (Luminous
2. Intensité lumineuse
flux)
(Luminous
F, W
dF
i =
;
dio
3. Densité de flux (Flux density)
Eclairement et émission (Illumination and emission) . .
4. Quantité d'éclairement (Expo5. Brillance (Intensité surfacique)
Nom de l'unité
r =
d?
Abréviations
Lumen
I
Bougie (candie)
c
dui
Phot ou lumen par
dF
I
cm2 (phot)
E=
=
cos 9 Lux ou lum. par
dS
r>
m2 (lux)
Et
Phot-seconde
microphot-sec.
di
Lambert ou2 boub—
gie par cm
dS cos 6
Bougie par m2
Ix
l :cm 2
phs;
[i- phs
L
C :cm 2
C:m2
6 Facteur de réflexion (Reflection
1. Facteur d'absorption
(Absorp-
P
—
—
a
—
—
T
—
Lumen
8. Facteur de transmission (Trans9. Flux global (Total flux). . . .
10. Flux sub-horizontal (Sub-hori11. Flux super-horizontal
Fo
—
1
F-o-
Id.
l
F «
F <
Id.
Id.
l
l
(Super-
12. Flux zonal (Zonal flux). . . .
13. Intensité moyenne globale (Ave-
Io
Bougie (candle)
Co
14. Intensité moyenne sub-horizontale (Mean sub-horizontal
15. Intensité moyenne super-horizontale (Mean super-horizon-
I—
Id.
c—
I »
Id.
C_n_
Id.
KÀhm
Id.
f
16. Intensité moyenne horizontale
(Mean horizontal Candle power)
17. Facteur de réduction de l'intensité globale (Reduction factor
of the average Candle power) .
18. Flux d'énergie (Energy flux) .
Z - ""
19. Facteur de luminosité
Kl =
(Lumi-
Ihm
Io
Ihm
F).
F
; k =
<1>À
Watt
to
Lumen par watt
l :w
Lumen-heure
Q
Watt
w
Lumen par watt
l :w
Watt par lumen
Watt par bougie
horizontale,
Ws
*
20. Eclairage ou quantitédelumière
Q = F.i
21. Consommation de puissance
(Power consumption) . . .
22. Efficacité lumineuse
(Luminous
F
r
> =
W
23. Consommation spécifique (SpeWs =
w
l
TABLEAU V.
18 —
TABLEAU DES GRANDEURS ET DES UNITES.
(D'après le Comité national britannique de l'éclairage. — Paris, 1921.)
Grandeurs
Rayonnement lumineux
Unités
et abréviations
Symboles
Lumen (Im)
F
Équations de définition
(Luminous
Puissance lumineuse (Luminous power) Bougie (c)
K—
K
d¥
Puissance moyenne en
bougies
F
4-
Brillance — Eclat (Brightness)
. .
Lux
E
F
Bougie par
m2 (c: m2)
B
B=
Bougie par
mm2 (c:mm2)
B
dF
dK
~d&
Pour une surface parfaitement diffusante
MF
B=
Réflexion - Absorption - Transmission :
Rapports de
Ì Valeurs
m
a
n
(aire projetée)
pourcentage ou rapport
S représente l'aire d'une surface, « un angle solide.
Conventions proposées: 1. Pour les courbes polaires, la direction verticale serait prise
comme origine, avec 0° vers le bas et 180° vers le haut. — 2. Les angles d'incidence et de
réflexion seront mesurés à partir de la normale à la surface, prise comme origine.
Photometrie. — Comme on n'a pas l'habitude d'évaluer, même
approximativement, les éclairements, on dit couramment qu'une
pièce, un poste est bien ou mal éclairé, sans avoir recours à un terme
de comparaison. Il faut avouer d'ailleurs qu'il n'existe pas de moyen
de contrôler rapidement et d'une façon pratique le défaut de
l'intensité lumineuse au-dessous du minimum qu'on voudrait
demander au législateur. Déterminer l'intensité lumineuse du poste
de travail est toujours difficile, surtout quand il y a lieu de prendre
en considération les différents facteurs que nous avons déjà résumés.
La sensation de lumière, d'après laquelle nous jugeons, est tout
à fait subjective et l'on ne peut pas se servir pour la définir des
grandeurs et des unités nécessaires à une définition objective. Toutefois on a proposé des méthodes qui permettraient de déterminer
— 19
-
approximativement si l'éclairement est suffisant ou non pour un
travail donné.
Pour déterminer l'éclairement d'une pièce qui reçoit la lumière
du jour on calcule l'angle d'ouverture et l'angle d'incidence par la
méthode de Forster. L'éclairement d'un point d'une surface est fonction de l'étendue de la voûte céleste qui lui envoie ses rayons. Cette
étendue est mesurée par l'angle d'ouverture \
Cette recherche est très importante avant la construction d'un
bâtiment. Après la construction, on peut déterminer l'angle d'ouverture et celui d'incidence avec Vappareil à miroir de GÖTTSCHLICH
ou par le stéréo goniomètre de W E B E R , qui est une application pratique de la loi de Lambert: « La quantité de lumière qui tombe sur
une surface est proportionnelle à l'intensité lumineuse du segment
du ciel qui lui envoie ses rayons, à l'albedo (c'est-à-dire au pouvoir
de réflexion), au sinus de l'angle d'élévation sous lequel les rayons
tombent sur la surface qu'on examine, à l'angle solide sous lequel le
ciel est visible. » Elle est en proportion inverse du carré de la distance. En général on admet que la valeur minimum qu'on peut
tolérer,' pour l'angle solide réduit, est de 50 degrés carrés (COHN)
(15). Dans ces conditions un éclairement minimum de 10 bougiesmètres peut encore être réalisé, même par un temps très sombre.
Quand il s'agit d'un essai sommaire on peut se servir de 1:'échelle
bien connue de SNELL (optotypes), mais qui représente une méthode
subjective et applicable seulement quand l'œil est normal. On peut
faire la même critique à la méthode suivante, qui cependant est
très recommandée : on noircit suffisamment le verre d'une lampe
pour que l'éclairage devienne vingt-cinq fois moins intense : on supprime ainsi l'éclairage de réserve nécessaire pour le travail. Si les
objets peuvent encore être distingués, l'éclairement donné est
suffisant.
K.ATZ a proposé de déterminer approximativement l'influence
des divers systèmes ^éclairage artificiel sur les yeux d'après la
fréquence du clignement. Les expériences faites sur lui-même avec
le myographe de Marey ont prouvé que si avec un éclairage naturel
suffisant la fréquence du clignement, pendant une lecture de dix
minutes, était de 1,86 par minute et de 2,8 avec l'éclairage au gaz
normal, elle était portée à 6,2 lorsqu'on diminuait sensiblement
l'éclairage. KATZ a conclu que pour distinguer les détails de l'ou1
L'angle d'ouverture est l'angle compris entre une ligne qui réunit le point X
de la pièce avec le sommet du toit opposé et la ligne qui rase le bord supérieur
de la fenêtre.
-
20 —
vrage il faut que le rapport entre le degré d'éclairement nécessaire
pour, un travail donné et le minimum de lumière nécessaire soit
en moyenne de 1 à 25. Les recherches de contrôle faites par T E R R I E N
donneraient une valeur un peu plus petite, variable en tout cas
suivant les sujets et le genre de travail.
Enfin LANDOLT a proposé un procédé très simple qui consiste à
mesurer l'acuité visuelle pour la vision de près avec tel ou tel éclairage. Pour les travaux courants, l'éclairement ne devrait pas arriver
à un point qui abaisserait l'acuité au-dessous de trois cinquièmes
et il devrait permettre une acuité normale pour les travaux fins
(couturières, bijoutiers, horlogers, etc.).
La mensuration de l'éclairement dans les écoles, les salles de lecture, les bibliothèques, les rues, etc., est de toute première importance. Il est à recommander que l'éclairement soit mesuré horizontalement, dans un plan à un mètre au-dessus du plancher ou du
sol et que les valeurs maximum, minimum et moyenne soient relevées en watts ou en litres (s'il s'agit de gaz) par heure, et par
lux par m2.
La notion d'éclai est nécessaire pour définir toutes les propriétés
d'une source de lumière. On a vu que l'intensité d'une source
n'est pas en rapport avec sa surface éclairante et qu'on peut définir
son éclat par le quotient de son intensité totale en bougies par la
surface éclairante en cm2.
La photométrie se propose de comparer entre elles les sources de
lumière au point de vue de leur intensité lumineuse ou de l'éclat
qu'elles donnent à une feuille de papier blanc ou à un écran. Elle
a donc pour fondement la loi qui dit que « l'éclat d'une source lumineuse varie en raison inverse du carré de la distance à laquelle
elle est placée » *.
Pour comparer des sources de même couleur on emploie les
photomètres, qui peuvent être groupés comme suit: photomètres
pour la mensuration des intensités lumineuses, pour la mensuration des éclairements et pour la mensuration des éclats. Ce sont
les deux derniers groupes qui intéressent surtout la pratique.
1
C'est-à-dire que, si on place une surface éclairée successivement àia distance
de 1, 2, 3, 4... mètres de la source lumineuse, l'éclairement de la surface sera
représenté respectivement par 1/1,1 /4, 1 /9, 1 /16... En d'autres termes, si à la
distance de 1 mètre de la source la surface éclairée reçoit une intensité lumineuse égale à 1, à la distance de 2 mètres elle n'en reçoit qu'une égale à 1 /4, etc.
Cette loi s'explique par le fait qu'aux distances 1, 2, 3, 4... d'une source lumineuse, les rayons se diffusent sur des surfaces sphériques, qui — d'après les
lois de la géométrie — sont dans le rapport du carré des rayons, c'est-à-dire
comme 1: 4: 9: 16.
— 21 —
Le principe est toujours le même: on place une feuille de papier
blanc dans la position où sera placé l'ouvrage et on mesure l'éclat
pris par ce papier en le comparant à celui que prend une feuille
identique éclairée par un étalon lumineux. On obtient la variation
de l'éclairement produit par l'une des sources en faisant varier la
distance d'une source (l'autre étant immobile) à la surface qu'elle
éclaire; ou, les deux sources étant immobiles, en faisant varier
le flux lumineux envoyé par l'une d'elles sur la surface éclairée au
moyen d'un diaphragme interposé, de sorte que l'éclairement
produit est proportionnel à la surface du diaphragme ; ou en plaçant
sur le trajet des rayons venant d'une des sources deux prismes de
verre absorbants (verre fumé) à angles opposés, se déplaçant en
sens inverse normalement aux rayons; ou enfin en plaçant sur le
trajet des rayons venant d'une des sources deux niçois que ces
rayons traversent l'un après l'autre et en faisant varier l'angle des
sections principales des deux niçois (l'éclairement produit est
proportionnel au carré du cosinus de cet angle).
Les photomètres du dernier groupe permettent de juger si les
deux surfaces éclairées sont complètement identiques quand leurs
éclats sont égaux; quand l'acuité visuelle de l'oeil est la même dans
les deux cas; quand l'œil, en les voyant alternativement avec des
alternances d'une fréquence convenable, n'éprouve aucune impression de scintillement.
Les photomètres qui utilisent la méthode de l'identité d'aspect
sont par exemple le photomètre Bouguer-Foucault, le photomètre
de Rumford, de Bunsen et le photomètre Lummer-Brodhum, le plus
précis de tous.
Les appareils appelés « lumenmeter » permettent de mesurer
rapidement le flux total émis par une source. Rappelons comme type
le lumenmeter Blondel.
L'éclairement des divers points d'une salle est mesuré par des
appareils qui prennent le nom de « luxmètre ». Ils sont en général
portatifs, de façon à permettre toutes les orientations nécessaires. Si
les photomètres comparent aussi les éclats des sources, on les appelle
« nitomètres » (par exemple les appareils de von Martens, de Dibolin,
de Wingen, de Krüss, l'Holophane lumeter, le Luxometer, etc.),
et si enfin on veut comparer les intensités des radiations monochromatiques correspondantes de deux sources, on emploie les
« spectro-photomètres ».
Naturellement, pour étudier ou juger une source colorée, il n'est
pas possible de se servir des unités et des moyens de recherche, etc.,
qui nous servent pour la lumière blanche.
— 22
-
La comparaison des sources de couleurs diverses demande que l'on varie
les éclairements à égaliser par l'un quelconque des procédés connus. On peut
employer la méthode fondée sur l'égalité d'éclat, pendantlaquellesemanifestent
deux phénomènes importants très connus: le phénomène de Purkinje et le
phénomène de Macé de Lépinay et Xicati. Ces deux phénomènes interviennent
dans la méthode fondée sur l'acuité visuelle, et dont on a vu le manque de
sensibilité. Au contraire, la « méthode du papillotage » convient très bien pour
la comparaison des sources de couleurs différentes et peut être considérée
comme seule méthode convenable pour cette détermination.
Il est utile de rappeler que les procédés de la photométrie ne
devraient pas être trop compliqués, mais si possible simplifiés.
Néanmoins, lorsqu'il s'agira de comparer les diverses sources de
lumière, il faudra disposer d'appareils très précis, dussent-ils même
être compliqués. Lestypes «luxometer» ou«lumeter», quoiqueappréciés, ne peuvent être employés couramment à cause de la rapide
diminution de puissance de la batterie. On a songé aussi à des types
binoculaires. En tout cas, les appareils qui doivent dépendre de
l'acuité visuelle ne sont jamais très précis; de même ceux qui se
fondent sur la réduction de la source étalon. Les récents travaux
faits sur le sélénium et les autres cellules photo-électriques ouvrent
un vaste champ à l'avenir de la photométrie et permettent d'espérer la reproduction artificielle de l'œil normal. Les expériences
et les appareils proposés par TORDA, IVÉS (basés sur l'emploi de
thermopyles), de F É R Y , COHLENTZ, etc., basés sur l'absorption
des rayons ultra-visibles, ou sur des méthodes photographiques,
sont encore en partie du domaine du laboratoire, mais on peut
espérer les voir entrer sous peu dans le domaine de la photométrie
pratique. Ainsi, un appareil spéaial, basé sur la méthode photochimique, a déjà été présenté par le professeur Eder, de Halle («Grauheilphotometer »).
En conclusion, un vaste champ est ouvert à l'avenir de la photométrie. Qu'il nous soit permis de souhaiter que les techniciens des
divers pays s'accordent sur la meilleure manière de mesurer l'éclairement et qu'on s'en tienne à celle qui sera choisie, afin que les
recherches des investigateurs puissent être comparées entre
elles.
Lumière naturelle.
L'atmosphère terrestre contient une infinité de petites particules
en suspension qui réfléchissent en tous sens les rayons lumineux,
comme le feraient des myriades de petites facettes. La lumière
du ciel est par conséquent avant tout une lumière diffuse et elle nous
intéresse seulement à ce point de vue.
- 23 La lumière solaire est très riche en rayons u.-v., qui sont arrêtés
en grande partie par la couche atmosphérique, et en rayons bleus,
qui font ordinairement défaut dans les sources de lumière artificielle (16).
DIAGRAMME N° 1 ' .
/ "
" \
X_
7
7/
\
X
A
A
vSt_.
~k
ár
-**1
x r O ,000
S^soo
HOURS OF THE DAY
La courbe intérieure met en relief que la lumière artificielle est nécessaire
en moyenne avant 10 h. et après 14 h., au mois de décembre, pour répondre à une valeur minimum de lumière, à des conditions données de
lumière extérieure et à un facteur donné de lumière diurne. — Les parties
noires du graphique des deux autres courbes représentent les périodes
entre 5 h. et 7 h. et 17 ou 18 h. et 19 h., quand la lumière artificielle
est nécessaire dans les conditions exposées ci-dessus, si Ton veut avoir
le minimum d'éclairement exigé.
L'éclairage naturel ou diurne est extrêmement variable: c'est
là son plus grand défaut. « En effet, — dit L. BARGERON 2 , — à trois
heures du soir, par temps couvert, j'ai trouvé 185 lux au bord
d'une fenêtre d'un atelier au rez-de-chaussée dans une grande
1
Nous tenons à exprimer ici toute notre gratitude à M. L. Gaster, Secrétaire général de l'Ili. Eng. Soc, de Londres, qui a bien voulu mettre à notre
disposition la plupart des figures qui illustrent le texte.
2
Moniteur de la peinture, Paris, 5 mai 1922, p. 162.
-
24 —
cour parisienne. A midi, par temps analogue, sur une grande place
(place de la République), il y avait 2.300 lux et à 13 h. y2, 3.500. »
Les conditions qui influencent le plus l'éclairage sont représentées par les saisons, l'heure de l'expérience dans la journée, les
conditions météorologiques et l'étendue de la voûte céleste qui
envoie la lumière.
Les recherches faites à ce sujet par le « National Physical Laboratory » de
Londres (du mois de mars au mois de décembre 1914) ont donné (Rapport de
la Commission d'enquête en Angleterre) les valeurs suivantes:
TABLEAU
Mois
Avril. . .
Mai . . .
Juin . . .
Juillet-août
Septembre
Octobre
Novembre
Décembre
VI
Eclairage à midi en lui
mailmum
minimum
53.400
54.300
51.600
7.100
10.500
24.200
30.300
26.100
25.000
11.600
Observations non valables
8.700
1.520
1.300
3.600
Moyenne
32.000
32.000
41.000
18.000
13.000
11.000
7.200
WEBER (cité par V. Stockhausen dans le Grundriss der Hygiene de Seiter) a
trouvé à Kiel 5.469 lux en décembre et 60.020 lux en juillet, et même, en juillet
1892, 154.300 lux. STOCKHAUSEN a trouvé en mars un éclairement de 62.400
lux donné par une surface de neige éclairée par le soleil et qui recevait ellemême du soleil et du ciel un éclairement de 83.700 lux. C. PAULUS, ibid. le 24
août et les 5 et 10 novembre 1906, trouva sur le plancher d'unepièce située au
N-E, à 11 h., 2660. 3400, 1410 lux. B. MONASCH, ibid., sur une table de travail
dans une pièce au troisième étage d'une fabrique de quatre étages, qui recevait la lumière du N-E et donnait sur une cour, a constaté, du 1 er février au
11 mars 1907, à 12 h., avec un ciel gris sombre, 462 à 635 lux; avec un ciel
gris clair 900 à 1380, et, par un ciel couvert de nuages blancs, 1405.
L'éclat intrinsèque du ciel varie aussi beaucoup avec les diverses conditions météorologiques. On a relevé qu'il est plus grand
quand on ne voit pas le bleu du ciel. D'après les mensurations de
I'« American Lucifer Prism Co » on classe ces conditions en cinq
groupes :
1. Nuages, nimbus, ni ciel bleu, ni soleil.
2. Ciel sans nuages, bleu clair, pluie immanente, ou légèrement
brumeux.
3. Ciel très généralement bleu, nuages élevés: cirrus.
4. Ciel généralement nuageux: cumulus.
5. Temps uniformément couvert, pas de ciel bleu.
Ces variations de l'éclat du ciel en rapport avec les nuages ont été
représentés dans le diagramme suivant * :
DIAGRAMME N° 2
boo
Soo
a,
60
3
O
Zoo
CS
2ao
«
I0O
Z
3
4-
Classement du ciel.
L'emploi de la lumière naturelle pour l'éclairage représente un
problème assez simple pour les nouvelles constructions, mais
quelquefois difficile à résoudre lorsqu'il s'agit de locaux de vieilles
maisons, qui servent souvent d'ateliers. Pendant la construction
on tiendra compte de Vorientation des locaux, de façon à fixer
d'avance un éclairage obtenu par la lumière diffuse du jour.
Chaque point cardinal a ses partisans et ses détracteurs. Il est évident que
l'orientation peut varier selon les climats, mais si le N-E, l'E, le S-E, le N-0
(ERISMANN, GRUBER, JAVAL) et même le S. (ARNOULD) ont des partisans, le
N. est l'orientation la meilleure pour assurer une lumière diffuse, sans rayonssolaires directs, la plus utile pour un bon exercice de la vision. En général,
on choisira pour les bâtiments l'orientation de E, N-E, S-E, de façon à placer
les angles plutôt que les faces dans la direction des points cardinaux et
à donner aux rayons lumineux une direction en rapport avec la place occupée
par les ouvriers.
1
SCHERESCHEWSKY, J. W. & TUCK: The Hygienic Conditions of Illumination in Workshops of the Women's Garment Industry. U. S. Treasury Dpt.
Public Health Bull., n° 71, 1915.
— 26 -
La construction devra être suffisamment éloignée des constructions voisines. Aujourd'hui les nouveaux bâtiments des usines jouissent, en général, d'un éclairage naturel assez bien réglé, distribué
à travers de larges ouvertures dans le haut du plafond (« sheds »,
lanterneaux). La meilleure direction des rayons serait celle qui
viendrait d'en haut, à travers un plafond vitré. Mais ce système ne
peut être généralisé car il est souvent insuffisant ou excessif, selon
les saisons et les climats. L'éclairage unilatéral de gauche est adopté
surtout pour les écoles; le bilatéral différentiel (avec l'éclairage
principal toujours à gauche) n'a pas vraiment de défenseurs, car
il expose davantage à des jeux d'ombres et n'a qu'un intérêt assez
secondaire au point de vue de l'hygiène. On peut encore combiner
l'éclairage latéral avec celui venant du faîte. La combinaison de la
lumière naturelle avec la lumière artificielle n'est pas à conseiller,
parce qu'elle donne une lumière fausse, fatigante, surtout par ses
reflets sur la cornée.
Dans les constructions à un seul étage, le meilleur système d'éclairage est toujours le système à « sheds ». Le plan vitré a une inclinaison de 40 à 45°, répartie sur les deux côtés ou sur un seul de
l'angle dièdre que forme la toiture. La seconde disposition permet
d'orienter la face transparente du toit vers le N. ou le N.-E. et
de se protéger, en partie, contre les rayons du soleil. Il s'agit là
d'un système coûteux, parce qu'il empêche la superposition des
étages (17).
Dans ces constructions à superficie étendue, les lanterneaux
donnent une lumière qui descend verticalement dans les parties
où n'arrivent pas les rayons obliques entrant par les fenêtres. S'il
s'agit de locaux à « sheds » ou de hangars, les lanterneaux au niveau
de la toiture, soit latéraux, soit inclinés, doivent avoir une superficie variant entre un demi et un tiers de celle des locaux à éclairer.
Pour assurer à tous les postes la lumière nécessaire, les fenêtres
seront aussi grandes que possible et prolongées en hauteur jusqu'au
plafond toutes les fois qu'on le pourra. La distance de la partie
supérieure de la fenêtre au plafond ne sera jamais supérieure à
20 centimètres, parce qu'une distance plus grande pourrait réduire
sensiblement l'intensité de l'éclairage à l'intérieur du local.
Les vitres atténuent aussi la source de lumière: une glace polie
de 7 mm. d'épaisseur intercepterait 3 % de la lumière; le verre
en feuilles 12 %, la glace coulée 30 %, la glace laminée 3 %
(DOUGLAS, GALTIN). Les vitres inférieures, jusqu'à 1 m. 75 au moins
du plancher, devraient être dépolies. L'emploi de vitres transparentes et dépolies concourt à la diffusion de la lumière (18).
— 27 —
Il faut aussi envisager la nécessité d'un rapport entre la hauteur
et la profondeur du local, car on sait que l'éclairement est inversement proportionnel au carré de la distance qui sépare le point
considéré du mur où se trouve l'ouverture. On a déjà vu (v. Photometrie) les règles qui régissent les méthodes pour calculer l'éclairement du poste de travail.
D'après NUSSBAUM, la hauteur d'une pièce devrait être la suivante :
Pour une chambre de 4 m.
de profondeur: 2 m. 70
»
»
» 4 m.50 »
»
3 m.
»
»
» 5 m.
»
»
3 m. 30
»
»
» 5 m.50 »
»
3 m. 60
»
»
» 6 m.
»
»
3 m. 90
»
»
» 6 m. 50 »
»
4 m. 20
4 m. 50
»
»
» 7 m.
»
»
Et le rapport entre la surface vitrée et la surface du plancher
devrait être, d'après le même auteur, au moins de 1: 9 pour le
rez-de-chaussée; de 1: 10 pour le premier étage; de 1: 11 pour le
deuxième étage; de 1: 12 pour le troisième étage et de 1: 15 pour
les mansardes.
Dans les constructions de plusieurs étages, les plus élevés sont
naturellement les mieux éclairés. Les locaux de 3 à 4 m. 50 de hauteur devraient avoir des fenêtres dont la superficie serait du tiers au
cinquième de la superficie totale des salles, du cinquième au
dixième lorsque la nature des travaux n'exige pas beaucoup de
lumière (travaux grossiers, travaux de magasin).
La surface vitrée peut être calculée suivant différentes règles.
Voici l'une de celles-ci: « Si aucune des dimensions du local n'est
le double d'une autre, on propose (Allemagne) une surface vitrée
telle que, multipliée par la hauteur du local, elle soit égale au moins
au dixième du cube du local à éclairer ». Dans ces calculs on prendra en considération la surface des « vitres » et non pas la surface
globale des «fenêtres», qui en général est du quart à la moitié plus
grande que celle des vitres.
On ne peut pas fixer a priori la hauteur des fenêtres. Elle doit être calculée
par rapport au nombre, à la grandeur, à l'éloignement des constructions voisines, aux vitres du plafond, etc. Il sera utile d'arrondir les arêtes des ouvertures afin de mieux employer celles-ci et, dans les locaux de 4 mètres, d'arriver
à avoir l'allège à 1 mètre du plancher, afin d'empêcher le rayonnement de la
lumière venant d'en bas. Déjà en 1886, TRELAT demandait des fenêtres occupant un quart de la surface de la façade et proposait un linteau, placé le plus
haut possible, pour assurer la lumière la plus favorable (c'est-à-dire celle
qui arrive sous un angle de 35 à 40Q). D'après Trelat, pour une pièce de 4 m. 50
de profondeur, il faudrait une fenêtre de 3 mètres de hauteur (19).
-
28 —
Il faut enfin envisager les obstacles qui empêchent la pénétration
des rayons lumineux ou qui en modifient la direction. On tiendra compte en premier lieu des constructions en face des fenêtres ;
ensuite de l'étage auquel se trouve la pièce, de la hauteur, de la
distance de la baie d'éclairage, etc. (20).
En ce qui concerne le lieu même du travail, les vitres, les stores, les
rideaux, la couleur des parois et du plafond de la pièce, la couleur
de la façade du bâtiment opposé, représentent des facteurs capables d'améliorer ou non les conditions d'éclairage du local.
Exception faite pour la teinte blanche plus ou moins atténuée,
c'est la couleur jaune qui présente le plus de luminosité, surtout à
l'éclairage artificiel.
Avec une teinte blanche ou claire (jaune clair, gris clair), les parois réfléchissent de 50 à 15 % de la lumière sans aveugler. Les murs peints à la chaux
conviennent très bien, même au point de vue économique, pour les ateliers qui
noircissent rapidement (fonderies) et qui doivent être blanchis souvent. On
préfère parfois donner aux murs une teinte grise, lavable jusqu'à 1 m. 50 du
plancher, et blanchir le reste de la paroi avec une teinte légèrement bleue,
verte ou jaune, qui, sans trop réduire l'intensité, est plus agréable à l'œil.
Pour le plafond, on emploie de préférence un vernis au blanc de zinc. On
avait l'habitude de dire — et cette opinion est empirique et fausse — qu'il est
nécessaire de construire des usines obscures pour certains travaux (fonderies),
mais aujourd'hui cette conviction tend heureusement à disparaître.
L'augmentation d'éclairement d'une surface blanche a le double avantage
d'accroître l'intensité de la clarté et d'augmenter l'acuité visuelle. La meilleure
garniture pour les murs d'un local éclairé sera celle dont le pouvoir émissif
est le plus élevé (21). On évitera donc les papiers peints, les rideaux, les stores,
etc.
Même la poussière qu'on laisse trop souvent se déposer sur les
lampes, les vitraux, etc., la saleté des murs, diminuent Péclairement et peuvent abaisser le flux lumineux utile des sources. Il faut
donc exiger un bon entretien des vitrages, des lampes, etc.
Les machines, les piles de matériaux (boîtes, balles, etc.) placées
près des ouvertures empêchent la pénétration des rayons lumineux
dans les locaux. On est alors obligé d'avoir recours, pendant toute
la journée, à un éclairage artificiel, qui est peu agréable et quelquefois même dangereux, du fait des contrastes créés par le mélange des
lumières artificielle et diurne.
Il est nécessaire de bien étudier d'avance la distribution des machines dans le local pour que la lumière naturelle soit également
répartie sur toutes les machines. Pour éviter toute ombre provoquée par l'ouvrier, ombre toujours mobile et par cela gênante, on
tiendra compte de la hauteur, de la largeur, des parties mobiles
des machines, de leur nombre et surtout de la position de l'ouvrier
devant elles. En effet, on a pu souvent remarquer que des machines
— 29 —
sont placées dans un local sans que l'emplacement des fenêtres ait
été fixé auparavant ou vice versa. Ainsi, par exemple, dans l'industrie textile, les rayons lumineux devraient arriver dans le
sens des allées qui séparent les machines.
Un bon éclairage naturel doit donc répondre aux conditions suivantes :
la lumière arrivera dans la plus grande quantité possible jusqu'à la partie centrale de la pièce;
la lumière arrivera sur le poste de travail dans la direction la
plus utile;
la distribution de la lumière sur le poste de travail serale plus
uniforme possible ;
les parois et les garnitures de la pièce auront une couleur et
une surface telles qu'elles n'absorberont que très peu de la lumière
incidente;
les machines et les accessoires seront placés de façon à éviter
les ombres gênantes.
Lumière artificielle.
Les sources. — Les sources de lumière artificielle peuvent être
classées comme suit:
1. Sources dont l'incandescence est due au carbone: flammes
produites par combustion de matière solide (cire), liquide (huiles
végétales et minérales, pétrole), gazeuse (gaz .de houille, d'eau,
mixte, acétylène, etc.).
2. Sources dont l'incandescence est due à la chaleur par le passage du courant électrique : lampe électrique à incandescence (à
filament de charbon ou métallique), arc électrique.
3. Sources dont l'incandescence est due àia combustion de divers
corps ou au passage du courant électrique à travers un corps
solide à émission sélective : manchon, à incandescence chauffé par
le gaz ou l'acétylène ou les vapeurs d'autres substances (alcool,
etc.) ; lampe Nernst ou certaines lampes à incandescence avec filament à émission sélective ou placé dans un gaz spécial (azote).
4. Sources dont le corps incandescent est une vapeur traversée
par le courant électrique: lampe à vapeur de mercure.
Les flammes éclairantes du premier groupe doivent leur éclat
à la présence de particules de charbon rendues lumineuses par
incandescence. Il s'agit toujours d'un gaz qui brûle et dont la
flamme présente en bas une partie bleuâtre, sous forme de gaine
-
30 -
autour de la flamme où le gaz brûle complètement; à l'intérieur
une partie éclairante où la combustion est moins complète et renferme les particules de charbon incandescentes qui donnent la
lumière.
La flamme sera éclairante quand les particules de charbon
seront en assez grand nombre et que la combustion, sans être
trop complète, sera suffisante pour que la température de la
flamme produise l'incandescence des particules.
Afin que la combustion se fasse dans les meilleures conditions,
on donne aux flammes des formes diverses (plates, cylindriques,
etc.), avec courant d'air intérieur, extérieur, etc. Quand la flamme
éclaire dans des conditions normales, son éclat dépend à la fois de
la densité des particules solides et de sa température. On obtient
de meilleurs rendements en élevant la température de la flamme,
de façon que le maximum d'énergie rayonnée par les particules se
rapproche du spectre visible.
Tous les corps n'ont pas la même loi d'émission. Le rendement
optique, par exemple, des tubes à vide montre qu'il est possible
d'obtenir des lumières de bien meilleure qualité que celles obtenues
aujourd'hui.
En général, plus l'éclairement donné par un corps lumineux
devient intense et plus s'élève la température; plus augmente l'éclat
de la source et plus le spectre s'étend peu à peu vers le violet (par
conséquent il s'enrichit en r.u.-v.).
En prenant pour unité d'éclat celui de la lampe Cárcel, l'éclat des autres
serait, d'après FÉRY¡ d'environ 7 par cm2 pour le manchon Auer, de 1,25
pour la lampe électrique à incandescence, de 7.000 pour l'arc électrique au
charbon négatif et de 20.000 environ au positif; de 97 pour la Nernst, de 3 pour
la Cooper-Hewitt, l'éclat du soleil près du zénith étant d'environ 160.000
bougies par cm2.
L'augmentation progressive du pouvoir éclairant des sources
lumineuses artificielles s'accompagne donc d'une augmentation
des rayons chimiques, spécialement des r.u.-v., qui représentent une
source de danger lorsqu'ils dépassent une certaine limite et que la
source n'est pas placée sous un globe \
Pour apprécier au point de vue de l'hygiène les sources de lumière
artificielle (voir tabi, VII) il faut tenir compte surtout:
1
On a constaté que dans la pratique normale il est utile d'absorber par les
verres des lampes une partie des r.u.-v. Un verre qui absorbe les rayons jusqu'à la longueur d'onde de 330 à 350 ¡i serait suffisant, une absorption
complète n'étant pas nécessaire.
— 31 —
a) de la chaleur dégagée. (Toutefois, celle-ci n'est pas toujours
un inconvénient, quand il s'agit d'une pièce vaste ou quand il y a un
public nombreux, dont la présence amène elle-même une élévation
de la température ambiante. Mais, si le tTavail demande la vision
des détails, il faudra éviter l'emploi de lampes qui dégagent trop
de chaleur près de la tête des ouvriers) ;
b) de Y altération de Vair, qui dépend de l'élévation de la température et des produits de sa combustion.
En brûlant, une source produit de l'anhydride carbonique, de l'oxyde de
carbone, etc., de la vapeur d'eau, de la chaleur, et provoque une absorption
d'oxygène. L'éclairage à l'huile, au pétrole, au gaz (bec papillon) dégage
des quantités énormes d'anhydride carbonique; même les gaz à incandescence
et l'acétylène en produisent des quantités assez élevées: respectivement 1,45 et
1,041 par bougie et par heure (mesures prises par une combustion complète à
l'intérieur du manchon). On trouve aussi des quantités très variables d'oxyde
de carbone quand la combustion est incomplète, c'est-à-dire quand la quantité
d'air est insuffisante ou à la suite d'une composition spéciale du gaz (gaz
d'eau). Naturellement, la lampe électrique à incandescence ne donne pas lieu
à des produits de combustion et la lampe à arc ne donne que des quantités
minimes d'anhydride carbonique et des traces, tout à fait négligeables, d'oxyde
de carbone.
« Au point de vue de la pureté de l'air, les trois sources parfaites
sont donc la lampe électrique à incandescence, la lampe à arc
en vase clos et la lampe à mercure » (BROCA). « Au point de vue
de l'hygiène de la vue, toutes les qualités de lumière, employées
industriellement, se valent » (BROCA et LAPORTE).
En conclusion, les caractéristiques d'une source de lumière artificielle qui devrait — d'après FORTIN — réaliser la synthèse de
l'éclairage du jour, doivent être les suivantes:
être d'un emploi facile et d'un prix de revient peu élevé ;
se rapprocher le plus possible de l'éclairage du jour au point de
vue de la fixité, de l'intensité (constance), de la régularité (variations d'éclairement) et du spectre, afin de ne produire sur l'œil
ni fatigue, ni effets nocifs. Pour les travaux minutieux, le spectre
de la source artificielle doit se rapprocher le plus possible de celui
de la lumière solaire — qui est surtout une lumière diffuse — et ne
pas modifier la couleur des objets;
être pauvre en rayons ultra-violets ;
avoir un éclat modéré, mais une surface de rayonnement suffisante ;
ne pas augmenter notablement la température, surtout à proximité de la tête de l'ouvrier (préférer donc la lumière froide) ;
ne pas altérer la composition de l'air par les produits de la
combustion.
TABLEAU VII.
APPRECIATION
DES
SOURCES LUMINEUSES
AU
(Chiffres extraits du tableau rédigé par H. v. STOC
Sources
de
lumière
Genre de lampe
Intensité
lamínense
moyenne
(räumliche)
Pétrole
Lampe à incandescence
53,0
Acétylène
Lampe à incandescence
45
Lampe à incandescence
portative
67,5
Gaz
d'éclairage
de la lampe
par heure en litres
CO2 HJOI Ns
30
15 138
183
de
la lampe
par heure
en
Total kg calories
pour 100 B H
par heure en litres
Total COi HaO Na
129 172 1020 1321
Production
244 325 1920 2490
67
33 307
750
407
198
68,5 151 522 741,5 101 224 773 1098
636
Lampe à incandescence
suspendue
82
57 126 435 618 69,5 187 644 900
530
Gaz à basse pression. .
env. 820
399 883 3050 4332 48,6 107,4 372 528
3710
Gaz à haute pression. .
env. 985
343 756 2610 3708 34,7 76,8 255 376,5
3180
Lampe Wolfram . . . .
Electricité
Produit! de combustion
»
à arc
138
159,0
660
à vapeurs de mer1980
29,7
-
110
130
4,5
-
16,7
21,2
576
568
-
33 —
La pratique de l'éclairage artificiel. — Le problème de l'éclairage, surtout lorsqu'il s'agit d'éclairage artificiel, est simplifié
quand on l'envisage à deux points de vue différents: éclairage
général et éclairage local.
Il n'est pas nécessaire d'insister encore une fois sur le fait que
l'éclairage doit fournir une lumière qui se rapproche le plus de la
lumière naturelle; c'est seulement dans ce cas qu'il donnera des
résultats parfaits. Les conditions les plus importantes pour que
l'éclairage soit irréprochable peuvent être résumées comme suit:
L'éclairage doit être: diffusé partout (c'est-à-dire qu'il ne doit
laisser aucune partie de la pièce dans l'obscurité, ni causer d'ombres gênantes), suffisant (cette expression vague sera désormais remplacée par des données numériques), constant (condition difficile à
remplir dans un sens absolu; mais il importe que les variations
d'intensité ne soient pas trop grandes et surtout trop rapides), et
enfin tel qu'il empêche Véblouissement soit direct par la source, soit
indirect après réflexion sur une surface parfaitement polie (aujourd'hui on peut indiquer cette valeur par des chiffres).
Trois systèmes d'installation sont actuellement en usage :
systèmes direct, semi-indirect et indirect1.
Le système direct est celui dans lequel la source, visible du poste
de travail, lui envoie la plus grande partie de ses rayons. La source
peut être munie d'un abat-jour, dont il existe différents types que
nous décrirons plus loin. Le système direct peut encore être considéré sous les trois formes: éclairage général, localisé ou mixte.
Le système semi-indirect soustrait la source lumineuse à la vue
par un matériel semi-opaque, à travers lequel les rayons arrivent
directement sur le poste de travail, tandis qu'une autre partie des
rayons y arrivent indirectement, par réflexion des parois et du plafond ou d'un autre réflecteur placé au-dessus de la source. On obtient
ce résultat en appliquant au-dessous de la source un réflecteur fait
d'une matière susceptible d'être traversée en partie parles rayons.
Si cette matière—en général du verre—a une haute valeur de transparence, l'effet obtenu se rapproche davantage du système d'éclairage direct (système semi-indirect de Wise) ; si la valeur de la transparence est basse, l'effet se rapproche au contraire du type indirect.
1
En réalité il s'agit d'un classement un peu arbitraire, étant donné la
difficulté de séparer nettement ces trois types. WISE a même proposé de classer
les systèmes actuels comme suit: systèmes indirect, semi-indirect, direct, semidirect et diffusé.
3
-
34
-
Le système indirect est celui dans lequel pratiquement tous les
rayons arrivent sur le poste de travail indirectement par réflexion
du plafond et des parois. On atteint ce but en appliquant au-dessous
de la source un réflecteur opaque ou très peu transparent qui envoie
toute la lumière au plafond. Ce système, proposé par JASPAR,
de Liège, en 1881, présente, bien que coûteux, des avantages très
sérieux. Il trouve des conditions d'application quand il est combiné
avec un travail demandant une bonne vision des détails, un plafond plat, un travail effectué dans des conditions de propreté satisfaisantes et enfin un nombre assez important d'ouvriers par unité
de surface (15 ou davantage par 90 à 100 m2).
Bien installé, ce système est égal ou même supérieur à la lumière
diurne au point de vue de la fatigue des yeux, mais on lui reproche
d'effacer les contrastes et les ombres trop marquées et de supprimer même la vision plastique, si nécessaire dans certains travaux.
La hauteur, la disposition des machines dans la pièce, le plafond
trop bas, sont également des facteurs qui peuvent entraver une
bonne diffusion de la lumière. Il faut enfin que le plafond soit
éclairé à peu près uniformément, ce qu'on peut obtenir en calculant
exactement l'emplacement des sources. Lorsque dans le local la
poussière reste en quantité limitée et que de ce fait le pouvoir
réfléchissant du plafond ne peut pas être rapidement diminué,
l'éclairage indirect est à recommander.
Les systèmes indirect et semi-indirect sont certainement les
plus agréables à l'oeil parce qu'ils permettent l'élimination
d'une partie des r.u.-v. L'installation de ces systèmes d'éclairage exige une propreté rigoureuse des lampes; à ce point de vue,
l'emploi des types proposés dernièrement peut empêcher la
poussière de s'accumuler dans les réflecteurs renversés. Cette
question est de toute première importance, comme le prouve le
diagramme n° 2 établi d'après les valeurs relevées par le National
Lamp Works des Etats-Unis.
Le choix de la qualité du verre et du type de globe a aussi son
importance au point de vue de la perte de lumière par absorption.
Au point de vue de Yéconomie, l'éclairement fourni par l'éclairage indirect est le tiers de celui obtenu par l'éclairage direct;
son coût est donc trois fois plus élevé. Mais il se peut que l'augmentation de la production, la diminution du gaspillage, la réduction du danger des accidents, etc., compensent, en tout ou en
partie, le supplément de frais occasionné par ce système. On
réduira l'absorption et la perte de lumière en donnant aux murs et
— 35 —
aux tables de travail une teinte blanche, mais surtout en faisant
usage dejéflecteurs transparents en porcelaine blanche translucide.
Grâce à tous ces moyens on peut réduire la perte d'un tiers.
DIAGRAMME N° 3.
Réduction de l'éclairement par la poussière : a) Eclairement obtenu par une
lampe avec réflecteurs métalliques émaillés (type dôme); b) idem, avec
un réflecteur métallique émaillé (type cloche) ; c) idem, avec réflecteur en
verre opale doublé de verre opaque; d) idem, avec verre prismatique;
e) idem, avec verre opale de densité légère.
Les perfectionnements apportés aux systèmes d'éclairage au
gaz par incandescence permettent de prendre ce système en considération pour l'éclairage indirect. Les prix de revient de l'installation d'un éclairage indirect par le gaz ou par l'électricité sont à
peu près les mêmes, mais il peut y avoir, suivant les localités, des
différences entre le prix du gaz et celui du courant électrique.
Au point de vue de la diffusion de la lumière, la lampe à mercure
représente le système d'éclairage le plus satisfaisant. Il n'y a pas ici
un point lumineux, mais un volume de lumière en rapport avec les
dimensions de la lampe. On obtient les meilleurs résultats en combinant l'éclairage général (lampes à mercure) avec l'éclairage localisé au-dessus de chaque poste. La lumière dont il est question se
rapproche des lumières froides, car 1.000 lux ne chauffent le tube
qu'à 120°.
Les sources de lumière artificielle devraient donc donner un
eclairement intense, sans toutefois éblouir l'organe de la vision,
permettre la formation d'ombres assez douces, être protégées contre
la poussière et la saleté, tout en étant le meilleur marché possible.
Cet eclairement sera suffisant pour tous les points de la pièce (sans
que l'ouvrier puisse préciser d'où vient la lumière) et tel qu'il permette de circuler facilement et de bien distinguer les objets.
— 36 —
Emplacement des sources. — Avant de fixer le nombre et la
puissance des sources il faut déterminer comment elles seront placées. C'est là le point le plus intéressant du problème, car il a une
grande influence sur la pratique industrielle. On peut dire, en
effet, que Véclairage industriel est un problème de distribution des
sources, en rapport très étroit avec les exigences du travail et la
nécessité de protéger la vue des ouvriers. Les éléments du problème de l'emplacement des sources sont les suivants:
hauteur et position de la source par rapport au poste de travail;
espacement des lampes: — degré de contraste entre le plan du
travail et celui des autres parties du local;
composition chromatique de la source (qui sera toujours suffisamment puissante);
puissance de la source et dimension de la lampe;
type du globe et du réflecteur;
couleur, coefficient de réflexion des machines, matériaux, etc.
Si Ton veut que la lumière atteigne le plus avantageusement
possible les places à éclairer, on doit aussi envisager le poste ou
plan de travail, qu'on suppose horizontal ou à peu près. Nous
connaissons les règles qui régissent l'éclairement provenant d'une
source placée à un point donné et savons que l'angle d'incidence
pour une surface horizontale se réduit à 0° quand la lumière tombe
verticalement. Il faudra donc avant tout placer les sources le plus
haut possible (sauf dans le cas de locaux très hauts) par rapport
à la surface du plancher, ou, si l'on est en présence d'un système de
poutrelles ou de charpente, à une certaine distance du plafond.
En tout cas, la source doit envoyer ses rayons de façon qu'ils
arrivent sur le poste de travail de côté ou, mieux encore, par-dessus
les épaules de l'ouvrier, si la source est assez élevée. Quand une
machine est placée entre la source et l'ouvrier, il ne faut pas
que la lampe soit dans le champ visuel, mais que les lampes voisines éclairant la pièce ne puissent favoriser la production d'ombres
gênantes.
Les lampes suspendues à une hauteur supérieure à 6 mètres à partir du
plancher peuvent être dépourvues de réflecteurs. Il vaudra mieux protéger
toutes les lampes qui sont suspendues à moins de 3 mètres du plancher. En
tout cas il est utile de rappeler qu'en élevant la source, même de quelques
centimètres, on supprime l'excès d'éclat sans perdre trop d'intensité.
L'emplacement des sources en haut a plusieurs avantages: celui de permettre l'espacement des lampes, en conservant une bonne distribution de la
lumière; d'installer un petit nombre de lampes ayant le plus grand rendement
possible (qui donne un bon jeu d'ombres, surtout quand on dispose les lampes
sur deux rangées en zigzag) ; de soustraire la source à la vue de l'ouvrier, de
37 ~
I
y
o
o
o
O
o
o
o
o
o
^A
o
^¿4
o
i
o
Fie. 1-2. — Eclairage général d'une salle d'assemblage. — Sources placées
en haut. Eclairage pour
le travail au banc.
/"
FlG. 3. — Types de lampe pour éclairage semi-indirect.
FIG. 4. — Bureau (4 m. 90 + 4 m. 90).
L'éclairage général est donné par une
source lumineuse suspendue au centre
de la pièce: type semi-direct (150 W.)
ou semi-indirect (200 W.).
1
Le profil d'abat-jour représenté ci-dessus n'est pas le seul qui soit considéré par la
Commission industrielle comme satisfaisant. Tout autre profil comportant le même angle
utile minimum est également autorisé.
— 38 —
façon que celui-ci ne la voie pas directement quand il dirige son regard tout
droit devant lui; et enfin celui de diminuer les frais d'installation et
d'entretien.
^
4
! 4
*
4
¿
jio'
.— -AZ-
JL —-*»'
i\.
^.21
4>
-4E-'
+
- 4 » - - L-«
FIG. 5. — Eclairage général d'un local à «sheds».
Un bon espacement et une disposition adéquate des sources ont permis à
la Dover Manuf. C. d'Ohio d'augmenter de 12,5 % le rendement de ses
ouvriers.
Le second rapport anglais recommandait de protéger toute source lumineuse (excepté celles d'un éclat supérieur à 5 lux environ par 6 cm2, se
trouvant à une distance de 100 pieds (30 m. env.) d'une personne occupée
au travail), de façon que le filament, le manchon ou la flamme ne soit pas visible
à travers l'abat-jour. Cette mesure est recommandée si l'angle compris entre
la ligne allant de l'œil à la partie non protégée de la source et la ligne horizontale est inférieur à 20 °, ou à 30° quand la personne travaille à une distance
de 1 m. 80 ou moins de la source.
L'« Association allemande de l'éclairage » estime que l'éclat des sources
employées pour l'éclairage général peut atteindre 5 lux par cm2 quand les
sources sont placées de telle sorte que l'angle visuel est au moins de 30°.
Au cas contraire les sources doivent être protégées.
Dans certaines conditions on pourra multiplier les sources en diminuant le
pouvoir éclairant de chacune, surtout si l'on ne veut pas dépasser une valeur
déterminée d'éclairement. De cette façon on arrivera à diminuer de plus en plus
l'étendue de la partie située dans l'ombre ou même à la supprimer complètement. On réussira aussi à égaliser l'éclairement sur les parties qui ne sont pas
dans l'ombre.
•
S'il s'agit d'éclairage au gaz il faudra placer les lampes à une distance du
plafond en rapport avec le type de la lampe même et la nature du plafond.
Si on applique à la lampe un réflecteur approprié, on pourra même le mettre
près d'un plafond en bois ou en plâtre.
• On peut calculer Vespacement des unités lumineuses par la méthode suivante : soustraire 92 cm. de la hauteur du plafond de la
pièce, multiplier le résultat par 1,8 (si l'on veut avoir l'espacement
optimum) ou par 2,4 (si l'on veut déterminer le maximum admis
de l'espacement). En pratique les résultats sont satisfaisants quand
l'espacement n'excède pas deux fois la valeur obtenue en soustrayant 92 cm. de la hauteur du plafond.
— 39 L'Industriai Lighting Code, déjà cité, du Wisconsin, présente
deux diagrammes pour mieux expliquer la règle que l'on vient
d'exposer.
En comparant cette règle avec les données présentées dans les
diagrammes on remarque que l'espacement est plus grand avec le
système indirect qu'avec le système direct, si bien que, malgré le
«oût plus élevé d'une unité indirecte, la dépense totale de l'installation est en pratique à peu près la même pour les deux systèmes (22).
Intensité lumineuse des lampes. — H y a quelques années,
pour déterminer d'avance avec une certaine exactitude l'intensité de la lumière nécessaire pour un travail donné, il fallait disposer
de tests des unités étalons: Mais aujourd'hui les fabricants de
lampes, en donnant les «courbes polaires» (23) de distribution de
lumière de leurs unités, facilitent aux experts non seulement le
oalcul de l'éclairement immédiat au-dessous de la lampe placée
à la hauteur voulue, mais aussi le calcul de l'éclairement à une
distance donnée de la lampe. La formule est bien familière aux
techniciens (24).
C A N D L E - « * « * W»T*l»UT!ON C U * «
300V.IOOW.aMA F I L L C D I A M P
IZOO LUHKNS
M KS.C.K
C*NDLC*A»WC* O U T N W n O M CU«VC
COOV.aoovw. OAS FtlLCO LAM»
7800 ÙMKN«
M O M.t.C.P
FIG. 6-7. — Courbe polaire de lampes nues (sans réflecteur).
100 w. avec filament rond
500 w. avec filament en zigzag.
— 40
-
Si une source lumineuse était punctiforme ou sphérique, son intensité lumineuse serait égale dans toutes les directions, c'est-à-dire qu'à distance égale
elle donnerait partout le même éclairement. Mais en pratique les sources de
lumière artificielle présentent une grande variété de formes et par conséquence
un éclat différent suivant les points de la surface éclairée.
Enfin, c'est dans la direction horizontale qu'éclairent le plus toutes les
flammes des sources couramment employées.
On mesure presque toujours Péclairement horizontal à la hauteur
d'un mètre du plancher (hauteur moyenne d'un poste de travail),
la plus opportune pour les recherches photométriques (avec appareils portatifs). L'éclairement horizontal dépend du système d'éclairage, du choix des types de lampes et surtout des réflecteurs
(v. tableau ix). La courbe polaire d'une lampe au gaz à incandescence suspendue prouve qu'elle est la mieux indiquée pour un
éclairement intense du plancher.
Mais il se peut que le travail soit exécuté dans un plan vertical.
La disposition des lampes est alors plus difficile et ne peut être
définie que d'une façon superficielle. Le rapport entre l'éclairage
horizontal et le vertical dépend surtout de deux facteurs: I o de
l'intensité de la source lumineuse placée devant le travail pour
l'éclairer de front et 2° du type de réflecteur employé. Le premier facteur est à son tour en rapport avec trop de conditions
locales pour permettre de donner des mesures générales; le second
facteur peut être précisé par les chiffres rapportés dans le tableau
suivant (d'après HOEVELER. Suggestions to the Industrial Lighting
Code. Wisconsin):
TABLEAU
VIII
Types des réflecteurs
Réflecteur à cloche profonde à verre prismatique,
type industriel spécial
Réflecteur à dôme métallique émaillé à l'intérieur
Réflecteur à cloche profonde en verre miroité
Réflecteur à dôme large, émaillé à l'intérieur.
Lampe munie de verre entièrement ou à
moitié d é p o l i . . . .
Réflecteur à cloche profonde métallique, émaillé
à l'intérieur
Eclairement
vertical en o/0
d'éclairement
horizontal
••acteur de correction à appliquer aux dimensions des lampes
quand le tabi. I
est appliqué pour
calculer l'éclairage vertical
100
1,0
70
1,4
60
1,7
55
1,8
50
2.0
— 41 —
L'intensité lumineuse sur le plan du travail sera aussi uniforme
que possible et les variations ne seront jamais supérieures au rapport de 4: 1 (25). Le tableau qui suit donne les coefficients approximatifs d'utilisation des installations d'éclairage modernes.
TABLEAU IX.
RENDEMENT
UTILE D'UNE SOURCE
LUMINEUSE.
(D'après Wise. 1919.)
(C'est-à-dire
: Pourcentage
du flux lumineux
total, tombant sur un plan
à 0 m. 75 environ du plancher, de systèmes d'éclairage
Qualité de réflexion
Type d'éclairage et montage
de la lampe
de.s
parois
do
plafond
horizontal
divers.)
La plus petite
Pourcentage do
dimension
' flux total sur
(largeur ou
le plan du
longueur) de la
travail
chambre divisée
par la hauteur
Direct: réflecteurs prisma- clair
tiques ou opales au pla- sombre
fond.
clair
sombre
sombre
Direct: globes dépolis au clair
plafond.
sombre
clair
sombre
sombre
Direct: lampe à feu nu au clair
plafond.
sombre
clair
sombre
sombre
Indirect: réflecteur émaillé. clair
clair
clair
clair
clair
clair
sombre
3 ou plus
3 ou plus
1-2 5
1-2,5
1-2,5
55-65
50-60
50-60
45-55
30-40
clair
clair
clair
clair
sombre
3 ou plus
3 ou plus
1-2,5
1-2,5
1-2,5
35-45
30-40
30-40
25-35
15-25
clair
clair
clair
clair
sombre
3 ou plus
3 ou plus
1-2,5
1-2,5
1-2,5
40-50
37-47
38-48
30-40
20-30
clair
clair
3 ou plus
1-2,5
15-25
10-20
Indirect: bon réflecteur
conique placé au milieu.
clair
clair
clair
clair
3 ou plus
3 ou plus
1-2,5
1-2,5
34-44
32-42
30-40
25-35
clair
sombre
clair
sombre
— 42
TABLEAU X.
COEFFICIENTS
APPROXIMATIFS
D'UTILISATION
DES INSTALLATIONS D'ÉCLAIRAGE MODERNES.
Types d'éclairage
Petites pièces.
Eclairage direct, verres épais
Eclairage semi-indirect, verres épais
Eclairage indirect
Pièces
. . .
Plafond et
parois clairs
Parois mifoncées, plafond
clair
0,40
0,25
0,23
0,35
0,22
0,20
0,50
0,35
0,30
0,45
0,30
0,25
0,60
0,45
0,40
0,60
0,40
0,38
moyennes.
Eclairage direct, verres épais
Eclairage indirect
'. .
Grandes pièces.
Eclairage semi-indirect, verres épais
Eclairage indirect
. . .
Les principaux facteurs qu'il faut donc considérer pour la détermination du nombre et de l'intensité des lampes pour une pièce
donnée sont: I o la surface du plancher mesurée en cm 2 ; 2° le
flux lumineux total émis par chaque lampe (mesuré en « lumens ») ;
3° le coefficient d'utilisation du système particulier considéré.
Des renseignements sur le flux lumineux seront pris dans les instructions
publiées par les fabriques de lampes. Quant au troisième point, il comprend
plusieurs facteurs: les dimensions relatives de la pièce, la réflexion des objets
environnants, le nombre des unités lumineuses, la hauteur à laquelle elles sont
suspendues, le système d'éclairage, etc. Par « coefficient d'utilisation » on
entend la partie du flux total émis par les lampes qui atteint le plan du
travail (ce flux, dans le tableau, est un plan horizontal de 76 centimètres audessus du plancher).
Nous renvoyons à ce que nous avons déjà dit au sujet de Véclat
de la source. Bornons-nous à rappeler que les sources doivent
avoir un éclat faible, même si elles sont placées haut et hors du
champ visuel. L'éclat dans la partie la plus sombre de la pièce ne
devrait pas être inférieur au vingtième de l'éclat dans la partie la
plus éclairée et celui-ci ne devrait pas être supérieur à 250 millilamberts (26).
Il faut encore se rappeler que la lumière donnée par une source éclatante qui
frappe directement l'œil réduit la vision de l'objet d'autant plus que la source
est plus éclatante, que l'éclat de l'objet est plus faible et que l'angle sous-tendu
aux deux est plus petit. On admet que l'éclat d'une source à feu nu dans le
-
43
-
champ de la vision indirecte est (d'après BELL) de 0,77 bougie par cm2, ou
(d'après v. STOCKHAUSEN) de 0,70 (0,75 H. K.). Mais BROCA pense que cette
valeur est encore trop grande. Excepté dans le cas où l'objet est très éclatant,
l'éclairage latéral peut donner une acuité visuelle plus grande. D'après BAYLISS,
de Londres, la difficulté d'établir des limites exactes de l'éclat (27) dépend du
pouvoir de résistance et de réintégration très variable des yeux et du fait que
l'œil, à chaque instant, est frappé différemment par une lumière d'un éclat
donné, par rapport à son état d'absorption. L'éclat de l'ouvrage doit être aussi
pris en considération. Mais pour les objets qui se trouvent dans le champ
visuel on se rappellera que NUTTING (1917), après de longues études, proposa
pour ces objets un éclat tel qu'il ne dépasse pas 100: 1.
V ¿clairement local doit être envisagé au point de vue des effets
produits sur l'œil et au point de vue de l'économie, c'est-à-dire de
la quantité de travail produite.
Il est évident que les conditions qu'on demande pour l'éclairage
général sont applicables à l'éclairage local. On doit même dire .que
leur application est encore plus importante pour l'hygiène de l'œil;
ainsi les variations de l'intensité lumineuse doivent être absolument évitées si l'on ne veut pas provoquer, avec le papillottement
qui en résulte, une fatigue rapide de la vision.
De même la nécessité de prévenir l'éblouissement est de toute
première importance. Moins fréquent quand la source ne diffère
pas de celles qui produisent Péclairement général, l'éblouissement
a lieu quand la lumière arrive directement à l'œil de la personne qui
travaille.
La question des dommages causés à l'œil par un éclairage local
inadéquat ou insuffisant est bien plus importante que pour l'éclairage général. Ce qui est de tout intérêt pour la pratique c'est de
prescrire un éclairement qui réduise au minimum la fatigue de
l'œil et permette la plus grande rapidité de travail.
Globes et réflecteurs. — Nous préférons employer ces deux
mots pour indiquer: par globe, tout protecteur sphérique de verre,
quel que soit son type, qui enferme ¡complètement une source
lumineuse pour en limiter l'éclat et améliorer la diffusion de la lumière; par réflecteur, tout appareil appliqué à une source lumineuse,
enfermée le cas échéant dans un globe, capable de réduire l'intensité ou de modifier la direction des rayons de la source pour en
localiser la lumière.
En principe, toute source lumineuse pour l'éclairage localisé sera protégée
quand son éclat-est supérieur à 0,75 lux par cm2. Le choix du globe sera naturellement en rapport avec la source employée et les conditions spéciales du
travail. Les types communs de globes sont en verre mat, opale, opalin, laiteux
ou transparent, verres qui diminuent tous plus ou moins l'intensité de la
44 -
FIG. 8. — Réflecteur donnant
une lumière diffusée à Vusage
de pièces assez larges. —
(Réflecteur profond à verre
miroité.)
TABLEAU XI. —
FIG. 9. — Type de source pour éclairage
industriel indirect. — La partie inférieure est argentée et renvoie la lumière
sur le réflecteur, d'où elle est à nouveau
renvoyée sur le poste de travail. Le
filament est complètement caché.
PERTE DE LUMIÈRE PAR L'ABSORPTION DES GLOBES
(D'après H. v. STOCKHAUSEN.)
Perte de lumière
par absorption '
Ouaiité du Terre
u
/o
Globes en verre
-.
Globes en holophane
Globes en verre opalin
Verre mat (rendu mat par des acides)
Verre mat (rendu mat par le sable)
Globes en verre laiteux
Verres colorés.
Verre jaune canari
Verre
Verre
Verre
Verre
« Opal » bleu foncé
« Signal » vert
rubis
de cobalt bleu
Etprimée es °/o de l'intensité Inminense hémisphériqae moyenne sans globe.
5àl0
5 - 12
5 -15
8 -15
9 -15
15 -20
15 -25
15 -30
25 -50
15
15
15
80
85
90
-20
- 25
- 30
- 90
- 90
- 95
— 45
-
source, car ils absorbent une partie de la lumière rayonnée (v. tabi. xi). Les
globes exercent en général une action favorable sur la courbe polaire en ce
sens qu'ils uniformisent la diffusion de la lumière. Bon nombre d'experts
préfèrent les globes •; holophanes », composés de petites lentilles juxtaposées,
qui agrandissent l'image de la source, diminuent plus que les autres globes l'éclat
de la source, diffusent très bien la lumière et n'en absorbent que 10 à 15%
(pas plus que les globes clairs qui ne diffusent pas), tandis que les globes opalins
en absorbent 30 ° 0 et les globes dépolis 40 à 50 %. Ils ont encore l'avantage
de modifier la direction de la lumière dans le sens voulu. Le tableau xi donne
les valeurs en pourcentage de l'intensité moyenne hémisphérique sans globe.
On emploie couramment des globes combinés avec les réflecteurs les mieux adaptés
/JMV
pour divers travaux.
EIG. 10. — Type de réflecteur pour
concentrer la lumière sur le travail.
FIG. 11. — Type de réflecteur donnant une
distribution moyenne de lumière. (Réflecleur profond en porcelaine émaillée.)
semi-indirect ou indirect, et même de préférence aux lampes à mercure.
Le deuxième rapport anglais attire l'attention sur le fait qu'à chaque type
de lampe doit être adapté un type de globe spécial pour obtenir un éclairement
opportun. Le changement d'un type de lampe demande souvent le changement
du type de la matière du globe. C'est un principe que l'on ne doit pas
oublier dans la pratique industrielle.
L'application des règles qu'on vient d'exposer est résumée dans la fig. 25
p. 133 qui illustre la question de la protection des lampes pour l'éclairage
localisé.
— 46
-
Les réflecteurs servent à localiser la lumière et à cacher la source
en protégeant les yeux. Leur emploi provoque donc un changement remarquable
dans la direction des rayons lumineux.
Les résultats bons ou mauvais de ce
système dépendent du type, de la
matière et du vernis du réflecteur,
en même temps que de la source
elle-même.
FIG. 12. — Réflecteur en verre
prismatique doublé d'aluminium. — (Bon pour concentrer la lumière
FIG. 13. — Réflecteur 'pour éclairage semiindirect, en forme d'hém isphère.
FIG. 14. — Lampe hermétiquement fermée. — (Employée pendant la guerre
dans les fabriques d'explosifs et de chargement de projectiles.)
47 —
Pour éviter que l'organe de la vision ne subisse de graves dommages, il faut se rappeler que le champ lumineux projeté a une
circonférence qui est évidemment en rapport avec la profondeur du réflecteur,
avec la hauteur à laquelle est placée la
lampe et avec la surface à éclairer par la
source. On choisira le réflecteur adapté
F I G . 15. — Courbe polaire donnée par un
. réflecteur
concentrant
la lumière et monté sur
une lampe de 100 W.
FIG.
16. — Direction des rayons
selon le type de lampe.
à la lampe employée, parce qu'il y a des lampes qui envoient leurs
rayons dans un plan horizontal et d'autres dans un plan vertical.
POSITION DFTHF. LIGHT
SOURCE TJEUVTIVK
TO THE KYf. .
F I G . 17. — Emplacement
de la source par rapport aux
yeux.
En tout cas, le réflecteur devra bien couvrir la lampe, empêcher
que la source ne frappe directement l'oeil et envoyer la plus
grande partie des rayons dans la bonne direction.
— 48 —
Fig. 18. — Comment on doit éclairer un tour. — Le réflecteur recouvre complètement la source et concentre la lumière sur le travail au point où elle
est le plus nécessaire. L'œil de l'ouvrier est protégé contre l'éclat de
la source; celle-ci donne le maximum de rendement. Il est aussi nécessaire
d'assurer la meilleure position de la source, de façon que l'œil ne soit pas
incommodé par l'éclat des surfaces brillantes.
-
49 -
Trop souvent le profane croit avoir résolu le problème de l'éclairage en éclairant fortement son poste au moyen d'un réflecteur;
FIG. 19. —JComment on ne doit pas éclairer un tour. — La lampe est protégée
incomplètement par le réflecteur ; la lumière arrive dans les yeux de l'ouy~ vrier au lieu d'éclairer le travail: fatigue de l'œil, gaspillage de lumière.
4
-
50
-
mais il ne se préoccupe pas si ses yeux sont éblouis ou frappés par
les rayons directs de la source. Pour l'éclairage local, la source sera
d'environ 25 watts et ne dépassera pas 50 watts. Si la source augmente d'intensité, les valeurs indiquées dans la courbe polaire
augmentent, mais la forme de la courbe reste invariable. On estime
que le réflecteur augmente l'intensité de l'hémisphère inférieur de
20 à 30%. Avec des réflecteurs à forte action vers le bas,l'intensité de l'hémisphère inférieur peut atteindre de 80 à 90 % de
l'intensité totale. On obtient de bons résultats en rendant dépoli le
tiers ou la moitié inférieurs de la lampe.
Les réflecteurs peuvent être en métal émaillé, en porcelaine ou en verre.
Les fabriques de réflecteurs ne tiennent pas toujours compte du choix de la
forme pour la protection de l'œil contre l'éclat des sources. Le nombre des
formes courantes de réflecteurs peut être évalué à cinq; le tableau x n donne
leurs caractéristiques les plus frappantes en ce qui concerne la pratique. Les
deux derniers types sont d'une grande valeur par suite de leur action sur la
qualité et la quantité de la production.
Le type en métal émaillé ou en porcelaine (blanc à l'intérieur) devra présenter une surface d'émail assez dense pour que la quantité de lumière, qui
serait absorbée et par conséquent supprimée par le métal ou la porcelaine,
reste aussi faible que possible.
Le type en verre peut être miroité en forme de globe, dont la partie externe
est couverte d'une couche d'émail protecteur. C'est un type excellent pour
l'éclairage direct et indirect. La lumière arrive à travers le verre à la couche
d'argent, qui représente une des meilleures surfaces de réflexion. Avec le
type de réflecteur en verre prismatique l'absorption de lumière est petite,
le rendement très élevé, surtout s'il s'agit d'un réflecteur à cloche profonde.
TABLEAU XII.
AVANTAGES ET DÉSAVANTAGES DES TYPES COURANTS
DE RÉFLECTEURS
(D'après J.-A. HŒVELER. Ind. Lighting Code. Wisconsin.)
Réflecteur en porcelaine ou métal émaillé
Qualités
Eclairage horizontal . .
»
vertical....
Facilité d'entretien . . .
Résistance à la casse . .
» à la détérioration
Protection de l'œil contre
l'éclat
Protection de l'œil contre
l'éclat des surfaces lui-
1
Réflecteur en yerre
Cloche
profonde
(miroitée)
Cloche
profonde
prismatique
Dòme
Cloche
profonde
Cloche
très grande
excellent
bon
excellente
excellente
excellente
moyen
pauvre
excellente
excellente
excellente
moyen
pauvre
moyenne
excellente
bonne
excellent
moyen
moyenne
moyenne
moyenne
excellent
excellent
moyenne
bonne
excellente
moyenne
bonne
excellente
bonne
bonne
moyenne
pauvre '
bonne
pauvre '
pauvre '
Les données de ce tableau s'appliquent aux réflecteurs employés avec lampes en verre ordinaire.
Si on se sert de lampes en verre dépoli, l'éclat des surfaces luisantes est réduit et ces réflecteurs
seront classés, à ce point de vue, comme « moyens ».
— 51 —
Les types de réflecteurs en métal ou en porcelaine, auxquels on peut rapporter tous les autres, présentent les caractéristiques suivantes de courbe
lumineuse (v. fig. pp. 44, 45 et 46).
dôme: donne une large courbe de distribution de l'intensité;
cloche profonde: donne une courbe moyenne;
cloche large (avec la partie inférieure de la lampe dépolie) : donne une courbe
moyenne.
Lorsque les pièces sont grandes et que le plafond n'est pas très haut, il est nécessaire d'avoir un réflecteur apte à protéger l'œil. Dans ce cas la lampe ne peut
être suspendue à une hauteur suffisante pour qu'on puisse se passer d'une
protection efficace. Mais il ne suffit pas de choisir le type lejmeilleur; il faut
encore le placer d'une manière appropriée, car avec une bonne observation
des règles d'éclairage on peut arriver à augmenter de 60 % l'éclairement
qu'aurait donné, sur le champ du travail, une lampe à nu.
Eclairement nécessaire.
Quelle est la quantité de lumière nécessaire pour un poste
de travail ? Une règle pratique propose une quantité telle
que les ouvriers soient capables de distinguer très facilement les
objets sur lesquels ils travaillent, à une distance égale à quatre fois
au moins la vision distincte de chaque ouvrier. La source sera
placée de telle façon que l'angle d'éclairage soit aussi grand que
possible, et, d'après W E B E R , au moins de 30° *.
En principe, l'éclairement sera tel que le travail puisse être exécuté sans aucun effort, même s'il est très prolongé. Bien qu'on n'ait
pas encore fixé la limite minimum de l'éclairement, l'expérience nous
prouve qu'il faut donner au local un eclairement général modéré
(8-10 lux; dans certaines conditions on pourrait même descendre
à 5 lux) et en outre assurer à chaque ouvrier une petite source de
lumière, munie d'un concentreur fournissant un cercle vivement
éclairé, dans lequel l'ouvrier placera son travail, entouré, le cas
échéant, d'écrans blancs (voir chapitre Ouvrage). De cette façon,
l'œil en se mouvant trouvera toujours des éclats à peu près constants et il ne sera pas soumis à des variations d'adaptation très
fatigantes. Cette solution estsurtout indiquée dans le cas où l'ouvrage
a un coefficient de diffusion inférieur au dixième de celui des
objets les plus proches. On préférera, sans aucun doute, l'éclairage
diffus, mais il faut avouer qu'en pratique ce système n'est pas toujours facile à installer lorsqu'il s'agit de vieux locaux. •
L'éclairement diurne atteint d'ordinaire 20 à 30 lux. La portion de lumière
extérieure qui arrive sur un point donné à l'intérieur du bâtiment est bien
rarement supérieure à 1 /10 ; elle varie le plus souvent entre 1 /100 et 1 /1000,
1
« L'angle d'éclairage » est l'angle formé par la ligne visuelle allant de l'œil
vers le point éclairé le plus près de la source lumineuse et par la ligne allant
de l'oeil à la source. Après de nombreuses expériences (1908) WEBER trouva
que l'éclairement moyen local dans les écoles de Kiel, pris à 12 h. et pendant
le mois le plus sombre (décembre), n'était jamais inférieur à 30 bougies-mètres.
- 52 c'est-à-dire que l'éclairement à l'extérieur d'un bâtiment est de 100 à 1000 fois
plus grand que l'éclairement qui existe en même temps à l'intérieur. Quoiqu'une
moyenne de 15 lux permette la plupart des travaux, la valeur de 25 lux pourrait être adoptée pour tous les travaux. Il faut dire tout de suite qu'il y aurait
un avantage à disposer, dans les divers pays et pour les diverses industries,
de mensurations photométriques nombreuses, d'une précision suffisante,
plutôt que d'estimations approximatives, dont on se contente aujourd'hui.
En tout cas, même les mensurations qu'on voudrait voir établies devront être
appliquées avec prudence.
L'industrie de l'éclairage fabrique aujourd'hui, sous forme de foyers puissant^ et généralement à grand éclat, des sources susceptibles de fournir des
éclairements intenses à un prix abordable. On choisira ces sources en tenant
compte du pouvoir de diffusion des parois blanches, qui peuvent multiplier
par 5 ou 6 l'énergie lumineuse utile. Les parois et surtout le plafond doivent
être considérés comme de vraies sources, au même titre que les foyers euxmêmes, ou du moins être regardés comme capables de se comporter comme
foyers. On doit encore se rappeler que l'éclairage ordinaire perd 90 % de sa
force primitive si, dans la pièce, même très bien éclairée, il y a beaucoup de
personnes. Cette perte énorme est due aux ombres très fortes que donne, dans
certaines circonstances, la lumière de lampes très puissantes. Enfin on évalue
généralement à 20 ou 30 % I a dépréciation du pouvoir éclairant due à la saleté
du globe ou du réflecteur ou à la détérioration du filament ou du manchon-
Les codes américains demandent (avec un éclat du ciel de 1,5
bougie par 6 % cm2 à l'extérieur) une intensité minimum, dans les
parties les plus sombres de la pièce, deux fois plus grande que celle
de l'éclairage artificiel.
L'éclairement utile est aussi rapporté aujourd'hui au volume de la pièce,
au lieu d'être rapporté à la surface horizontale à éclairer. On propose la valeur
de 0,8-1 bougie par cm3, avec des sources placées à 2 m. 50 au-dessus des postes
à éclairer (Angleterre).
Il faut enfin rappeler qu'au lieu de l'intensité lumineuse, l'éclairage naturel
à l'intérieur peut être défini: le « quotient de lumière naturelle » qui, d'après
L. WEBER, est le rapport de l'intensité lumineuse d'un poste dans une pièce
à celle relevée en même temps à l'extérieur (sans l'action- nuisible des constructions, arbres, etc.). Ce quotient est aussi une fraction de l'éclairage diurne
qui arrive au poste en question; il est compris en général entre 10 et 0,1 °/0Naturellement, ce quotient varie pour les postes d'une même pièce, et on
pourra relever soit un quotient maximum ou minimum, soit un quotient
moyen. En tout cas ce quotient minimum ne doit pas être inférieur à 0,5 Volle rapport de la commission anglaise nous fournit une longue série de
valeurs de l'éclairement relevées dans les industries. Nous nous bornons à
donner ici les chiffres suivants, qui représentent la moyenne des chiffres
obtenus à la suite d'un grand nombre de relevés effectués au niveau du
plancher et qui correspondent bien en général aux valeurs minima demandées
par le rapport:
,.
r
r r
Industries
Fonderies -.
Ateliers de mécanique
Salle de tissage
Fabrique de dentelles et de bonneterie
Ateliers de confection
Filatures
Moyenne au niveau
du plancher
(éclairage artificiel)
en lui
4,304
6,456
4,304
3,766
9,146
6,456
— 53 Le rapport donne aussi une longue série de valeurs d'intensité lumineuse
relevées sur le poste même de travail. Dans ce cas, les valeurs varient évidemment dans des limites très étendues. Voici quelques chiffres parmi
ceux relevés par l'enquête dans les différentes industries :
TABLEAU XIII
Lumière
du jour
sur le poste
de travail
(pourcentage) *
Nature du travail
Eclairage
artificiel
sur le poste
de travail
(en lux)
2,69
0,13
33,35
5,8
88,23
5,8
90,38
2,9
75,32
»
»
»
»
»
0,16
17,75
1,3
23,67
»
»
»
»
»
36,58
0,28
10,00
2,5
29,05
»
»
»
et fabriques de boîtes
1,7
12,91
Fabriques de boîtes
0,32
8,93
» •
» chocolat et empaquetage . . .
3,4
12,91
Empaquetage de cacao
0,34
»
» chocolat
8,82
0,34
»
»
»
9,68
0,6
0,9
D'après L. BLOCH et ZAND Y (cités par H. v. Stockhausen), les valeurs minima
pour l'éclairement nécessaire dans la pratique seraient les suivantes :
TABLEAU XIV
Industries — Locaux — Eclairage intérieur
B. H/m"
Lux
Fabriques.
Ateliers pour travaux simples (fonderies,
forges, menuiseries, filatures) . . . .
Ateliers pour travaux plus compliqués
Constructions mécaniques, serrureries,
3 à 6
15 à 25
6-8
25 - 35
8-12
35 - 50
12 - 15
50 - 70
0,5 - 1,5
1 - 2,5
2 - 6
5-10
Ateliers pour la petite mécanique et l'imIndustries spéciales (salles de composition,
Bâtiments
en tous
genres.
16 - 25
Escalier de salles de spectacles
25 - 75
B.H. par étage
75 - 200
— 54 —
Dans la brochure rédigée par L. GASTER (Good Lighting as an Aid to
"Safety,, — Pamphlet N° I. British Industrial "Safety First,, Association)
sont proposées les valeurs minima suivantes :
TABLEAU XV
Industries et travaux
Eclairem. mio.
(en lui)
Système d'éclairage
Eclairage général suspendu
et éclairage localisé.
»
à l'établi, trav. grossiers 21,52-32,28 Eclairage localisé
»
»
» fins
32,28-33,80
»
»
»
» et placé
»
aux machines à percer 21,52-32,28
de façon à empêcher la production d'ombres par l'instrument.
»
»
»
à raboter 21,52-32,28 Source placée devant la tête;
pour les travaux fins, il
est utile que l'éclairage
local soit attaché à l'instrument même.
Aiguisage
21,52-32,28 Source placée devant .la
machine à aiguiser, etc.
53,80-107,6 Eclairage général et local.
Dans certains cas, de petites lampes au bout
d'une canne sont utiles
pour éclairer des caviAteliers de forge :
tés.
Travail à l'enclume
. . . . 21,52-32,28 Nécessité d'un nettoyage
fréquent; accessoires réForgeage, aiguisage, trempage 32,28-53,80
sistant à l'action de la
fumée et des poussières.
Passages et parties de la pièce
où l'on ne travaille pas . .
2,69- 5,13 Eclairage général.
Travail en salle d'assemblage .
21,52-32,28
L'Association allemande de l'éclairage demandait (1919), pour l'éclairage
localisé des postes de travail, un minimum de 10 lux pour les travaux
communs, de 25 lux pour l'écriture et la lecture, de 50 lux pour les travaux
des dessinateurs, des horlogers, des mécaniciens (fine mécanique), etc. Il est
entendu que ces minima doivent être en pratique dépassés, surtout s'il s'agit
d'un travail sur objet de couleur foncée. Pour les endroits de passage
(corridors, etc.) l'association demandait 1 lux; pour les escaliers, les halls,
etc., 5 lux; pour l'éclairage général des pièces de travail, 10 lux (sur une
surface horizontale à 1 m. du plancher).
Halbertsma (loc. cit. p. 100) exige pour les travaux ultra-visuels (travailleurs
sur or et argent, horlogers, diamantaires, graveurs, dessinateurs, brodeuses,
dentellières, etc.), de 100 à 150 lux comme moyenne; pour les travaux fins
(tissage de couleurs foncées, mécanique fine, compositeurs, fabricants de
lampes à incandescence, dessinateurs, etc.), de 70 à 100 lux; pour les travaux
qui exigent le relevé d'unités tels que le travail de montage, d'impression, de
tissage, la construction mécanique, le modelage, etc., de 50 à 60 lux; pour les
travaux communs (forge, fonderie, etc.), de 20 à 40 lux; et enfin, dans les
pièces où l'éclairage n'est employé qu'occasionnellement, 10 lux.
— 55 —
La note I du deuxième rapport anglais sur l'éclairage présente une liste
des travaux industriels classés en deux groupes : travaux fins, pour lesquels
on exige 3 foot-candles (32,28 lux), et travaux visuels, pour lesquels on demande
5 foot-candles (53,80 lux). La liste très détaillée comprend 32 classes de travaux, d'après les industries (textile, habillement, chaussures, fleurs artificielles,
alimentation, verrerie, céramique, bois, brosses, papier, imprimerie, métaux
et construction, etc.). (Voir note 46, p. 153.)
En général, la lumière artificielle n'est pas, au moins dans la
grande et la moyenne industrie, inférieure aux besoins physiologiques de l'œil. En pratique on a même une tendance à donner
aujourd'hui aux postes de travail un éclairement considérable.
Les 10,5 lux proposés par COHN ne sont pas applicables à tous
les cas, par exemple aux passages où l'on ne travaille pas d'une
façon continue. L'éclairement minimum des ateliers pourrait
être fixé entre 20 et 25 lux (éclairement horizontal), s'il s'agit
d'éclairement par diffusion du plafond. Avec les autres systèmes
on se servira de diffuseurs de grand diamètre, donnant un éclat
d'environ 0,2 bougie par cm 2 . Pour les travaux délicats et les
écoles on demande un éclairement de 20 à 40 lux (BROCA,
LAPORTE, etc., etc.), et même de 50 lux, si l'ouvrage est de couleur
claire et si la lumière ne vient pas diffusée du plafond (28). Si l'ouvrage est foncé, on exigera un éclairement général de 10 lux et
une lampe individuelle. Avec le système combiné de lumière artificielle diffuse et directe on peut obtenir un parfait éclairage des
locaux. Mais l'éclairage localisé ne sera pas trop intense si la
pièce est très peu illuminée. En effet, en passant de l'ouvrage à
la partie sombre du local, l'œil s'adapte à l'obscurité, et au moment où il se reporte sur l'ouvrage il se produit une fatigue très
nuisible si ces passages sont répétés.
C'est le cas pour les mineurs et pour certaines catégories de personnes
(par exemple, les conducteurs de véhicules, quand ils passent des parties les
plus éclairées des rues aux parties moins illuminées et vice-versa. Dans le premier cas, leur adaptation n'a pas le temps de se faire et ils ne voient plus les
obstacles; dans le second, ils sont éblouis, ce qui entraîne une très grande fatigue de la rétine).
Il faudra aussi exiger un coefficient d'irrégularité de 2 au plus et
demander au moins 1 lux dans les passages où l'on circule avec
des marchandises, ainsi qu'un supplément d'éclairage là où l'acuité
visuelle tombe à 0,1, quel que soit le travail exécuté.
-
56 —
11
L'OUVRAGE
Dans le problème de l'éclairage il y a un facteur qui n'a pas été
suffisamment étudié jusqu'ici: Vouvrage. Il nous intéresse à différents points de vue : grandeur, couleur, éclat, etc.
L'ouvrage sera éclairé de façon à permettre un travail facile,
c'est-à-dire sans fatigue pour l'œil. Mais il est évident qu'on ne pourra
pas supprimer complètement les ombres sans risquer de supprimer
complètement les contrastes, qui sont bien souvent nécessaires pour
juger du bon résultat du travail. Quand les ombres — quoique
nuisibles — sont inévitables, elles ne devront jamais toutefois
l'emporter sur les parties éclairées.
Evidemment, on ne peut pas donner des règles générales, surtout quand il s'agit de déterminer le minimum pour chaque industrie ou chaque catégorie. Il faut être prudent dans les affirmations,
mais il ne faut pas non plus se fier à l'adaptation de l'œil. Si les
industriels doivent employer des sources colorées suivant la nature
du travail exécuté, l'hygiène en surveillera les effets sur la vue des
ouvriers pour intervenir en temps utile.
L'acuité visuelle étant supposée normale pour les travaux fixes,
l'éclairage sera suffisant quand il permettra de lire aisément, à la
place la plus sombre et à la distance de 30 cm., un texte en caractères « diamants ». Les ouvriers devraient voir au moins les détails
de leur travail, surtout quand celui-ci demande de longues heures
d'application. Quand la limite minimum n'est pas réalisée, quand
l'éclairage ne permet pas à l'œil de distinguer des objets au moins
deux fois plus petits que ceux sur lesquels se porte le travail, on
devra prescrire l'usage de loupes.
Une question qui demande encore à être étudiée c'est le
coefficient de diffusion des différents ouvrages, coefficient qui n'est
pas le même pour les différentes sources. Si le coefficient est bas,
il faut davantage de lumière.
-
57 —
Ainsi, par exemple, dans l'industrie de l'habillement, ce pouvoir de
diffusion varie notablement; il est en général plus bas dans la section des
manteaux, des costumes et de la lingerie; il l'est moins dans la section des
habits et il est le plus élevé dans la section des tailleurs.
Dans une étude américaine (Hygienic Conditions o] Illuminating in Women's
Garment Industry, 1915) on a calculé l'albedo des divers ouvrages comme
suit : albedo, en % : velours noir: 0,37; laine bleu marins foncé: 1,7; laine
noire: 1,9; laine bleu marine clair: 2,2; laine ou coton vert et vert foncé: 2,3;
coton noir : 2,9; soie noire ou coton mercerisé : 4,5; coton ou laine vert clair:
5,4; laine brute claire : 10,9; laine ou coton tango : 14,3; patrons en papier
brun clair : 35,1; drap blanc : 65,9.
Une surface parfaitement blanche réfléchit 100 % de la lumière incidente,
mais une pareille surface idéale est encore inconnue.
Le rapport anglais donne les résultats suivants pour un groupe d'ouvrières
(travail à l'aiguille), qui employaient des matières de différentes couleurs :
TABLEAU XVI.
Matériel et couleur
Calicot blanc . . .
»
hollandais .
»
gris-vert ou
gris-bleu
' »
rougeâtre
»
noir
. . .
Velours noir . . . .
Dentelles
Eclairement
Quotient de réflexion minimum satisfaisant
du matériel
en lux
97
52
14,95
16,05
12
8
2,5
21,52
25,82
43,04
43,04
21,52
—
11
Eclairement
largement satisfaisant en lux
—
—
—
53,80-64,56
53,80
32,28
Si l'ouvrage présente lui-même un grand éclat, il sera utile de le
poser sur un fond plus éclairé; mais si l'ouvrage présente un éclat
inférieur à celui d'un papier blanc éclairé par 10 lux, le fond éclairé
sera nuisible à l'œil. Tout éclat blanc autour de l'ouvrage augmente souvent d'un tiers l'éclat de l'ouvrage. Avec un ouvrage et
un fond sombres on emploiera un éclairage artificiel plus puissant
et on donnera aux ouvrières des gants (mitaines) noirs pour éviter
l'influence nuisible de l'éclat des mains, plus grand que celui de
l'ouvrage, dans le champ visuel. Les vêtements, au contraire, seront clairs, la présence d'un diffuseur clair à cette distance étant
utile.
BROCA a prouvé qu'un large fond de papier blanc vivement éclairé
autour de l'ouvrage augmente beaucoup l'acuité, visuelle si celle-ci
est grande (environ 1 pour un eclairement supérieur à 10); mais
qu'il la diminue au contraire quand elle tombe au-dessous de 1, ce
qui a lieu pour les ouvrages de faible éclat. Le même fait s'observe
si dans le champ visuel se trouve une source à feu nu.
— 58 —
Un facteur très important en pratique et qui a le même résultat
gênant que l'éclat, est la surface brillante de l'ouvrage (très polie).
D'après la loi de l'égalité des angles d'incidence et de réflexion, des
rayons réfléchis arrivent à l'œil de l'ouvrier, qui est exposé ainsi à
une fatigue rapide de la vision et n'est plus capable de distinguer les
détails de son travail (graveurs sur métaux, dessinateurs sur papier
américain, etc.). Les observations faites à ce sujet n'ont pas encore
reçu de conclusion qui ait pu être traduite en chiffres.
Une étude systématique de la question du fond, subordonnée à
l'éclat de l'ouvrage, sera donc très utile. Il faudra envisager les
diverses questions par rapport aux différentes catégories de travaux. En première ligne viennent les industries de l'habillement, de
la gravure, de l'impression, de la bijouterie, etc., dans lesquelles
l'effort d'accommodation est très intense, surtout pour les jeunes
apprentis, trop souvent relégués dans les endroits les moins
bien éclairés de la pièce.
— 59 -
III
L'ŒIL
Acuité visuelle et acuité professionnelle. — Fatigue oculaire.
La lumière exerce sur l'œil une action physiologique, qui se matérialise en des modifications dans la rétine et les milieux de l'œil.
L'œil possède dans la rétine l'appareil de perception des images visuelles.
Elle n'est en effet que l'épanouissement des fibres du nerf optique, qui double
ainsi tout le fond de l'œil, et à l'extrémité desquelles se trouvent annexés des
organes terminaux particuliers. Cette membrane nerveuse va en s'amincissant
à mesure qu'elle se rapproche de l'iris. Sehématiquement, la rétine comprend
trois étages de cellules superposées, dont chacune est un « neurone », c'est-àdire une cellule indépendante, n'ayant que des rapports de contiguïté avec
les cellules voisines. Le premier étage représente seul la « cellule visuelle »,
qui possède un prolongement interne constitué par les cônes ou les bâtonnets
(29). Ceux-ci contiennent un pigment spécial — le rouge ou le pourpre rétinien
ou visuel — qui est sécrété par une autre couche de cellules.
La partie la plus sensible de'la rétine se trouve à l'extrémité de l'axe antéropostérieur de l'œil et précisément sur le point connu sous le nom de « tache
jaune », ou macula lutea. Ce point présente une légère dépression (fovea centralis) et il ne possède que des cônes. Le point d'entrée du nerf optique dans le
globe oculaire, qui est aussi celui de l'entrée des vaisseaux, forme un disque
arrondi (papille) qui, dépourvu de cônes et de bâtonnets, est insensible à la
lumière (tache aveugle de Mariotte). Le nerf optique transmet au cerveau
les images reçues par la rétine; par leur développement, leur superposition_ou
leur fusion, il en résulte le phénomène de la vision.
La sensibilité de cet organe pour les rayons de diverses longueurs
d'onde est assez variable. Déjà KOENIG, de Leipzig, en 1903, avait
représenté dans un diagramme le rapport de l'effet physiologique
avec la longueur d'onde. Les expériences de BROCA, MACÉ de
LÉpiNAY, NICATI et de bien d'autres spécialistes prouvent que
l'œil humain sait utiliser le mieux possible l'acuité visuelle au
point de vue de sa fonction fondamentale, comme, au point de vue
de la fatigue, les radiations qui présentent le maximum d'énergie
-
60 -
dans le spectre de la lumière diurne. C'est dans la région moyenne
du spectre (entre le jaune et le jaune-vert) que la fatigue serait la
moindre.
L'intérêt d'étudier de près les rapports existant entre Vacuité
visuelle et la profession, comme introduction à nos connaissances
sur la fatigue de la vision et sur les troubles ou les maladies des
yeux d'origine professionnelle qui nous intéressent, est de toute
évidence.
La limite extrême de la puissance de perception distincte des formes (qui s'effectue au niveau de la macula de la rétine et est par
conséquent l'expression de la « vision centrale » ou « directe »),
représente ce qu'on nomme couramment acuité visuelle, ou physiologique, ou scientifique. Elle est mesurée par l'angle visuel limite,
c'est-à-dire le plus petit angle sous lequel l'œil puisse distinguer les
formes d'un objet donné. Cette vision distincte ou centrale est
d'autant plus grande que l'œil en question est capable de reconnaître un objet donné à une distance plus grande (c'est-à-dire
qu'elle est d'autant plus grande que l'angle limite est plus petit).
On a aussi défini, sous le terme acuité visuelle normale moyenne, la faculté
que possède l'œil de voir séparément l'un de l'autre deux points très rapprochés
sous un angle visuel de 1 minute. Cet angle (angle minute) a permis à
NICATI de considérer l'acuité professionnelle comme fonction décimale inverse
de l'acuité visuelle. On exprime cette unité par V = 1. Les degrés de V
inférieur sont exprimés par 0,9, 0,8, 0,7 etc., la cécité étant V = 0 ' .
L'acuité visuelle est représentée en principe par l'acuité visuelle
binoculaire. Dans la plupart des cas la vision centrale d'un œil
a la même valeur que celle des deux yeux réunis. En effet, beaucoup
de travaux délicats s'effectuent, avec un seul œil, soit de près (horlogers, bijoutiers, etc., travaillant à la loupe monoculaire), soit de
loin (niveleurs, etc.), soit à distance moyenne (peintres, dessinateurs, qui apprécient les ombres, jugent les dimensions, etc., en
fermant un œil).
La notion du relief n'existe que grâce à la vision binoculaire, qui
ne peut être récupérée en totalité ou en partie que chez les jeunes,
après une longue éducation cérébrale. C'est une qualité indispensable chez les charpentiers, les automobilistes, les aviateurs et toutes les personnes qui doivent juger exactement de la profondeur.
1
La comparaison des valeurs des divers yeux se mesure donc par l'inverse
de l'angle limite, dont l'unité convenable adoptée est représentée par l'acuité
visuelle sous un angle d'une minute. L'acuité visuelle 2 sera celle d'un œil
dont l'angle limite sera 30 secondes, ou une demi-minute; celle d'un œil dont
l'angle sera de 2 minutes sera 0,5, etc.
-
61
-
La cisión périphérique est aussi une qualité essentielle pour une
bonne vision et elle est indispensable chez les métallurgistes, les
scieurs, les cochers, les chauffeurs, etc. Dans les cas de perte anatomique ou fonctionnelle d'un œil, la vision périphérique est diminuée parce que le champ visuel est rétréci du côté de l'œil perdu
(on estime cette perte au sixième de la valeur totale).
L''acuité visuelle normale est fonction de l'âge (30), de la réfraction et de l'adaptation de l'œil, du diamètre de la pupille (31) et de
la valeur de l'éclairement. A faible intensité l'acuité visuelle croît
d'abord très rapidement; à mesure que l'intensité, augmente,
l'accroissement de l'acuité visuelle est plus lent; il devient presque
nul à partir d'une certaine valeur de l'éclairement (papier blanc
éclairé par 20 lux environ).
L'acuité visuelle augmente avec l'intensité de l'éclairage et diminue lorsque
celle-ci baisse, mais pas dans un rapport proportionnel et en tout cas seulement dans certaines limites.
H. COHN aurait trouvé que 60 lux représentent l'optimum pour l'acuité
visuelle; au delà de cette valeur l'acuité n'augmentant que très peu. Les
expériences de STOCKHAUSEN prouvent même qu'avec une intensité de 28 HK
on a une diminution de l'acuité visuelle de 4 0 % . Cette diminution devient
rapide avec une intensité plus forte de la source lumineuse.
On mesure Vacuité visuelle au moyen d'échelles (optotypes) proposées par GIRAUD-TEULON et SNELLEN dès 1862 (32). Les diverses
modifications proposées ensuite ont porté sur les lettres des échelles,
sur les morceaux de lecture, en les remplaçant par des crochets, des
cercles brisés, des points noirs groupés ou des carrés blancs et
noirs disposés de façon à représenter un E, etc. On a même proposé
(LAWSON) de mesurer l'acuité visuelle en faisant choisir différents
grains mélangés.
Mais on est d'accord maintenant sur l'importance d'un éclairage opportun des tests (33) pour reconnaître exactement l'acuité
visuelle du sujet.
La vision physiologique se confond-elle avec la vision professionnelle? Il s'agit là d'une'question discutée depuis longtemps et qui
n'est pas purement académique, car elle est de toute première importance pour le médecin légiste quand il doit résoudre les nombreuses
contestations pour les invalidités oculaires 1 . On peut même se demander si la vision professionnelle est la même pour toutes les professions; ce qui revient à examiner si les divers métiers exigent
1
V. professeur G. PROSPERI : Visione fisiologica e visione professionale,
Comunicaz. al Congresso naz. di oculistica infortunistica, Roma, 8-10 ott. 1920.
— 62 —
des qualités visuelles identiques. Ces questions sont d'une grande
valeur pratique, car elles se rattachent d'une part à la question
du dédommagement de la perte de 1-2-3... 10/10 du visus, et d'autre
part à la question de l'orientation professionnelle.
La distinction entre la vision physiologique et la vision professionnelle,
reconnue scientifiquement vraie et indéniable, n'est point reconnue en droit
positif en ce qui concerne les accidents du travail (ainsi en a décidé par
exemple la cour d'appel de Milan en 1918). L'article 5 de la loi italienne sur les
accidents se base sur le principe que le visus physiologique est égal au visus
professionnel. Aujourd'hui les experts admettent le principe opposé, à savoir
qu'au point de vue du gain il n'est pas nécessaire pour l'ouvrier d'avoir l'intégrité physiologique de son acuité visuelle.
L'acuité visuelle professionnelle est représentée par le degré
minimum de l'acuité visuelle physiologique nécessaire pour l'exercice facile et sans danger d'un métier donné. La limite supérieure
sera l'acuité visuelle physiologique la plus petite, qui permet à
l'individu de se livrer à toutes les occupations de ce métier. On en
conclut que la vision professionnelle a des limites plus étroites que
la vision physiologique, et en effet la discussion porte seulement
sur les limites de la vision professionnelle. La plupart des auteurs
estiment que celle-ci serait égale à la moitié de la vision physiologique. JOSTEN, ZEHENDER, MAGNUS, PFALZ, etc., sont d'avis
qu'un grand nombre d'ouvriers avec un visus de 5 et même 6/10
gagnent leur vie comme leurs camarades de la même catégorie
avec un visus de 10/10. La direction médicale des chemins de fer de
l'Etat italien relate par exemple que des agents ayant un visus
de 14/10 des deux yeux, avec un minimum de 5/10 pour l'œil le
moins bon, sont chargés de missions très délicates dans le mouvement des trains.
Au point de vue de l'acuité visuelle, les professions ont été classées en deux grands groupes:
1. Métiers exigeant une acuité visuelle ordinaire.
2. Métiers exigeant une acuité visuelle supérieure (métiers ou
professions visuelles).
Nous verrons plus loin les groupements proposés. Il suffit ici de
rappeler que l'acuité visuelle professionnelle normale serait représentée par l'acuité visuelle des compositeurs, correcteurs, protes;
l'acuité visuelle physiologique, égale à la professionnelle, serait
représentée par l'acuité visuelle des employés de chemins de fer,
des timoniers, des pilotes, etc. Des règlements spéciaux fixent dansées industries la limite supérieure de l'acuité visuelle professionnelle.
-
63
-
Quoique le problème soit bien différent pour les ouvriers à la
tâche, on peut dire qu'il existe des professions où la vision physiologique se confond avec la vision professionnelle. Nous croyons
cependant que les limites de l'acuité visuelle professionnelle ne
peuvent être fixées que par l'expérience, c'est-à-dire en recherchant
DIAGRAMME N° 4.
ACUITÉ. VISUELLE.
J.
I..
PHYSIOLOGIQUE.
S.
E.
F.
0,6
0.7
|.
•M 0 , 9
(LI
L. 0 . 6
T.
O
0.7
SS
D.
lU
IL.
S
0,6
dJ
0.5
a
.J
_i
lU
0,4
>
dJ
t-
0,3
D
<)
<
0.2
O.l
A. C O.l 0,2
0.5
0,4
0,5
0,6
0,9
I
H.
Rapport entre Vacuité visuelle physiologique ( V) et Vacuité visuelle
professionnelle {Vp).
0,1-1 acuité visuelle professionnelle ; A-H acuité visuelle physiologique.
A-B prouve qu'on exige une acuité visuelle ordinaire.— C-E prouve
qu'on exige une acuité visuelle supérieure. — C-D-F prouve qu'on
exige une acuité visuelle professionnelle.
jusqu'à quel point l'acuité visuelle physiologique peut être abaissée
sans amoindrir la faculté d'exercer un certain métier et à partir de
quel point l'abaissement de l'acuité visuelle rend l'exercice de ce
métier impossible.
EVANS admet pour les professions ordinaires un visus entre un demi et
un dixième de la vision physiologique et pour les professions visuelles un
visus (qu'il appelle «adequate vision») fixé entre les limites de 3/4 et 1/6;
-
64 -
GRŒNOW estime que pour ce groupe il faut un visus allant jusqu'à 6/10; que
l'acuité visuelle professionnelle n'est pas toujours identique à elle-même; et
enfin que le minimum varie suivant les exigences visuelles de la profession.
Il a même matérialisé ses idées dans le barème bien connu qui porte son
nom (v. diagr. 5).
Les mêmes considérations — en sens contraire — peuvent être
faites au sujet de la limite inférieure de la vision physiologique
compatible avec la vision professionnelle, c'est-à-dire au sujet de
la cécité professionnelle. Celle-ci ne correspond pas à la cécité physiologique, car si la cécité professionnelle commence dès que le
travail rémunérateur devient impossible, l'autre n'est déterminée
que par la suppression de la perception de lumière.
Aussi, dans ce domaine, les avis sont-ils très partagés' et si ZEHENDER
fixe la limite à 1/100 et GRŒNOW à 1/50, MAGNUS, au contraire, la fixe,
pour les professions visuelles inférieures, à 1 /20, et pour les supérieures à
1/5. Au contraire, SILEX, TRUC et d'autres admettent des limites d'au moins
1/10-1/7, car, d'après ces auteurs, au-dessus de 1/10 et même à 1/10, la vision
professionnelle existe encore, à condition que le champ visuel soit normal,
que les sujets ne souffrent pas d'autres infirmités et qu'ils soient d'intelligence moyenne. Au-dessous de ladite limite commence la « cécité professionnelle », c'est-à-dire que tout travail est impossible. D'après PROSPERI, PFALZ
et d'autres, cette limite est aujourd'hui le plus généralement acceptée, car
elle a été confirmée par leurs recherches sur la vision stéréoscopique, qui ont
prouvé que celle-ci est toujours normale et même instantanée si le visus d'un
seul œil est d'au moins 5 /10 et celui de l'autre de 1 /10.
Parmi les causes de variation de l'acuité visuelle nous avons
rappelé Y adaptation de la rétine à la lumière. L'étude de cette
variation est très importante pour certains travaux (radioscopistes,
photographes). On peut dire en général que la rétine est plus sensible quand la lumière diminue, moins sensible quand elle augmente.
Ces modifications sont peut-être en rapport avec la réintégration
des éléments photochimiques de la rétine; elles prouvent encore
une fois la capacité du système nerveux de s'adapter aux conditions
extérieures pour se protéger et maintenir la possibilité de son fonctionnement.
Une autre cause de variation est représentée par les couleurs.
Il n'est pas nécessaire de citer ici les théories des couleurs. Il suffira seulement de dire que la vision des couleurs, de même que
l'acuité visuelle, le champ visuel, la vision stéréoscopique, etc.,
ne sont que des éléments de la faculté visuelle. MACÉ DE LÉPINAY
et NICATI ont démontré que les couleurs moins refrangibles que le
vert donnent une valeur remarquable à l'acuité visuelle, tandis
1
Voir PROSPERI, loe. cil.
— 65 —
que les couleurs plus refrangibles donnent des éclats lumineux considérables, mais ne contribuent pas ou presque pas à l'acuité visuelle.
La question qui nous intéresse est très complexe. Il est difficile
de reconnaître si certaines couleurs sont plus agréables ou moins
fatigantes que d'autres. Parmi les différentes couleurs, le rouge
aurait une action excitante sur l'organisme et les ouvriers qui travaillent sous cette lumière (fabriques de plaques photographiques,
etc.) seraient gais, nerveux, irritables. La couleur jaune paraît être
la couleur la plus agréable, le vert-jaune la plus indifférente. Les
couleurs de la moitié droite du spectre (vert, bleu, violet) auraient
une action sédative. Si le vert est notoirement une couleur qui
repose, il est vrai que cette action ne s'exeroe plus après quelque
temps. Les rayons violets et ultra-violets seraient la cause de maux
de tête, d'inquiétude, de vertige, de sensation d'oppression à la région
gastrique. D'après certaines recherches américaines la lumière
monochromatique (jaune, verte), qui en pratique est d'un emploi
assez rare, serait la meilleure pour assurer une bonne acuité visuelle 1. Mais cette opinion n'est pas applicable au cas de la fatigue.
D'après MACÉ DE LÉPINAY et NICATI, la fatigue de la vision due
au rouge (dans la lumière solaire) serait plus grande que celle due
au bleu. Par l'adaptation à l'obscurité, l'acuité visuelle dans le bleu
ne varie presque pas ; elle croît rapidement dans le rouge. Il paraît
donc que les sources à haute température, très riches en rayons
refrangibles, doivent être les meilleures en tant qu'elles donnent une
clarté qui permet la distinction des couleurs. Si l'on place les sources
à une hauteur convenable, avec un abat-jour bien choisi, on évitera
l'inconvénient des images accidentelles persistantes et gênantes,
ainsi que la contraction pupillaire.
Une bonne perception des couleurs est de toute première importance pour certaines professions (industrie des transports, textile,
chromo-lithographie, etc.). Il faut rappeler qu'il y a des personnes,
— assez rares, il est vrai, -— qui ne perçoivent pas les couleurs
(« achromatopes ») ; d'autres — et elles sont plus nombreuses —
dites « achromatopes partiels », pour une ou deux couleurs (34),
d'habitude le rouge («daltonisme» ou «anerythropsie») ou le vert
(« achloropsie » ou « dichromates »), les deux couleurs le plus souvent employées pour les signaux dans l'industrie des transports.
Un autre groupe dangereux est représenté par les personnes qui,
1
BUSCH s'étant exposé à l'action d'une lumière monochromatique a présenté
des troubles assez graves qui ont duré plusieurs jours.
- 66 —
incapables de distinguer une ou plusieurs ou toutes les couleurs avec un éclairage indirect, ont besoin d'une lumière d'une très
grande intensité lumineuse pour reconnaître, par exemple, le rouge
(« dyschromatopsie »). En effet, quand un feu rouge arrive à la
limite de visibilité, ces personnes ont une sensation visuelle blanche,
sensation plus rapide que chez un 2 personne à sens chromatique
normal. A l'examen, l'achromatope partiel confond le rouge avec
le gris et le dépistage des légères dyschromatopsies sera plus facile
en se servant de couleurs très peu saturées1. L'examen ne servira
pas seulement à éliminer les individus atteints de dyschromatopsies
congénitales, mais à éliminer aussi les sujets avec des formes
acquises, qui sont plus dangereuses (scotome central initial chez
les alcooliques, les diabétiques, les syphilitiques, etc.). Ces individus sont impropres à remplir convenablement leurs fonctions et
l'on connaît l'importance de la visibilité des disques et des signaux
colorés dans l'industrie des transports, dont la fausse interprétation
a causé et cause encore souvent de teriibles accidents. D'où la
nécessité, comme prophylaxie individuelle et sociale, d'un examen ophtalmologique préalable et périodique chez les candidats
et les titularisés des professions dites visuelles.
1
La saturation ou pureté d'une couleur dépend de la quantité plus ou moins
grande de lumière blanche avec laquelle elle est mélangée.
— 67 —
IV
LA FATIGUE OCULAIRE
Il paraît difficile d'admettre a priori qu'il y ait dans la lumière
solaire des éléments nocifs pour l'organe de la vision. Notre œil
est adapté à cette lumière, « il en vit, il est fait par elle et
pour elle ». L'excitation de la vie moderne demande à l'œil
un travail sans aucun doute beaucoup plus considérable que
par le passé. Ce travail, qui commence à l'école, continue
pendant l'apprentissage et, sur le poste du travail, dans l'ouvrage minutieux qui caractérise l'industrie moderne (35). L'interdiction du travail de nuit, au moins pour les femmes et les
enfants, l'amélioration de l'éclairage artificiel et l'emploi, toujours
plus répandu, de grands éclairements sont sans doute des facteurs de progrès pour l'hygiène de la vision.
Il existe cependant des conditions de travail spéciales ou un état
particulier des yeux qui rendent nuisibles les éléments de la lumière
solaire ou artificielle et qui demandent un examen attentif, afin
que les fonctions normales de l'organe soient préservées.
Les troubles observés varient naturellement avec le genre et la
durée du travail, mais sont conditionnés surtout par les défauts
de réfraction du sujet (myopie, hypermétropie, astigmatisme), sa
résistance, etc.
A côté d'une fatigue nerveuse non localisée à l'œil lui-même il y a
l'autre fatigue, due à l'action de la lumière sur la rétine. L'œil est
le siège de réflexes de défense extrêmement importants. Il est
facile d'imaginer les transformations subies par les membranes
oculaires, si l'on sait que l'œil peut contempler utilement une
immense gamme d'éclats (36), qu'on calcule à dix millions de
bougies.
L. DOR ' a envisagé la fatigue oculaire comme la résultante des divers
réflexes inconscients et conscients que peuvent provoquer les vibrations
lumineuses dans l'organisme. Ces réflexes peuvent partir de l'œil et y aboutir,
1
L. DOR. La fatigue oculaire. Baillière, Paris, 1900.
-
68
-
ou donner naissance à un mouvement ailleurs que dans les muscles oculaires,
ou partir d'un point quelconque du corps autre que l'œil et donner naissance
à un mouvement dans l'un des muscles des yeux.
La fatigue oculaire est très complexe et plusieurs réflexes sont frappés
simultanément. Les réflexes s'influencent aussi les uns les autres, de telle sorte
qu'on peut observer les types cliniques les plus divers.
La vision est normale quand chaque réflexe s'effectue séparément et normalement. Mais dans l'organisme humain les choses ne se passent pas aussi
simplement. Les mêmes causes peuvent produire des mouvements différents;
deux mouvements identiques peuvent être produits par des excitations diverses.
Si la pathogénie de la fatigue oculaire est peu connue, les symptômes de la fatigue ont été, par contre, mieux étudiés. Sous l'influence de la fatigue, les réflexes passent par les phases progressives bien connues de l'exagération du mouvement réflexe, du
tremblement et du spasme, pour aboutir à la parésie et àJ'anesthésie. En réalité la progression n'est pas toujours régulière et on
arrive parfois d'emblée à l'anesthésie; quelquefois la fatigue s'arrête au tremblement ou au spasme. Parmi les phénomènes visuels
les plus communs, rappelons ici la fatigue des réflexes de
protection de l'œil. Pendant l'exagération de l'excitabilité des
réflexes palpébraux on constate une augmentation du nombre des
clignements (30 à 40 par minute), ensuite de petites contractions
cloniques de Porbiculaire et du blépharospasme par tétanisation
de l'orbiculaire.
En ce qui concerne la partie sensitive on peut observer de la
photophobie, une démangeaison conjonctivale, des douleurs orbitales. La période ultime est caractérisée par l'anesthésie et la
parésie: les yeux se ferment. Si le repos ne suffit pas pour faire
disparaître tous les symptômes, nous nous trouvons en présence
d'un surmenage visuel.
Même le réflexe pupillaire, qui est essentiellement un réflexe
inconscient, destiné à la protection de la rétine et du nerf optique,
est aussi sous l'influence de l'accommodation. Dans la fatigue, l'iris
passe de l'exagération du réflexe au spasme et à la parésie.
Le réflexe pigmentaire est un réflexe de perfectionnement de la
vision. Sous l'influence de la décomposition de l'érythropsine 1 par
1
Dans un œil exposé à la lumière, les cônes et bâtonnets sont comme entourés de granulations pigmentaires dues à des prolongements envoyés entre
eux par Jes cellules pigmentées de la couche externe de la rétine ; ces prolongements se rétractent dans l'obscurité. Dans l'exposition de l'œil à la lumière, l'article externe des cônes se raccourcit, tandis qu'il s'allonge à l'obscurité. Le phénomène a lieu dans les deux yeux, même quand un seul est éclairé.
Pour ce qui concerne le pigment ou rouge rétinien, il recouvre dans l'obscurité les segments externes des bâtonnets et disparaît seulement dans les parties frappées par les rayons lumineux, quand l'œil est exposé à la lumière.
Ainsi la vision entraîne une vraie destruction du pourpre.
- 69 —
la lumière, le pigment rétinien descend le long des bâtonnets et
des cônes afin de les recouvrir et de les protéger des radiations
lumineuses trop intenses et pour permettre la régénération du
pourpre.
Dans la fatigue on relève un ralentissement de cette activité, c'est-à-dire
qu'il faut un temps relativement plus long que chez les personnes normales
pour s'habituer à un éclairage donné. On peut arriver même à un état de
rigidité spasmodique: le pigment descendu ne remonte plus. Si l'éclairement
diminue on observe Phéméralopie, quoique à un degré très léger; elle représente
plutôt une cause indirecte de fatigue oculaire, car elle nous oblige à approcher
davantage les objets, et à faire ainsi un effort plus grand de convergence
et d'accommodation.
Nous connaissons encore les réflexes de la sécrétion lacrymale, méibonienne
et ciliaire. La fatigue de la sécrétion lacrymale, d'origine oculaire, va de l'exagération jusqu'à l'arrêt de la sécrétion. Dans ce cas elle empêche le refroidissement de la cornée. Le clignement a aussi pour but de répartir sur la cornée
la sécrétion méibonienne. Par une action réflexe plutôt que directe, la fatigue
l'exagère et les malades ressentent une agglutination des paupières et
éprouvent parfois la sensation de mouches volantes. L'exagération de cette
sécrétion s'observe aussi quand l'œil a été exposé à des radiations caloriques.
L'exagération de la sécrétion ciliaire, qui se présente avec une zone de rougeur
à la base des cils, est souvent interprétée et traitée comme blépharite. On
sait que l'exagération de ce réflexe est entretenue par le surmenage visuel
des hypermétropes et des astigmates.
L'œdème des paupières par fatigue, comme réflexe vasomoteur, est bien
connu; il s'accompagne souvent du réflexe de pigmentation de la peau des
paupières -(yeux cernés), réflexe qui est encore peu connu.
Parmi les réflexes de la vision proprement dits on peut citer
les réflexes du regard latéral, de convergence et de divergence, & accommodation aux distances, plus ou moins liés au réflexe de la convergence, et le réflexe de l'attention visuelle.
Il n'est pas possible d'analyser ici la fatigue de tous ces réflexes. Nous nous
limiterons à rappeler la fatigue du champ visuel et le mouvement de latéralité des yeux, la fatigue de la macula rétinienne, etc. Dans la fatigue de
l'accommodation (asthénopie de convergence) on passe de la lenteur de l'adaptation de la vue aux objets fixés à la diminution de l'amplitude accommodative, avec hyperesthésie rétinienne, larmoiement et photophobie. A la suite
de la fatigue du réflexe de l'attention visuelle on peut relever une faiblesse
de convergence, qui cause de la diplopie transitoire et une fatigue de l'accommodation. Nous verrons plus loin les phénomènes de la fatigue d'origine
oculaire et le rôle de la lumière comme facteur extérieur à l'organisme. Mais
on ne peut cependant passer sous silence le rôle des malformations et des
faiblesses congénitales, qui est très important dans le cas des personnes hypermétropes, spécialement vouées à la fatigue; des personnes astigmates, qui
obligent leur cristallin à des courbures de compensation très fatigantes, de
telle sorte qu'elles sont exposées à l'asthénopie accommodative. Il est enfin
inutile d'insister sur le rôle très apparent des altérations acquises de l'œil et
bien souvent de l'organisme.
La fatigue oculaire peut passer de la simple gêne à des lésions
rétinochoroïdiennes et à la cécité nocturne (37). De nombreuses
— 70 —
statistiques prouvent qu'indépendamment des conditions fâcheuses
dont on parle, il y a des professions qui, bien qu'exercées dans de
bonnes conditions de milieu, demandent un travail visuel très
fatigant pour les yeux (typolithographie, taille de diamants, polissage de métaux, dessin, gravure, etc.)- Chez les personnes appartenant à ces professions on trouve de graves altérations du fond de
l'œil (staphylome postique, sclérochoroïdite postérieure, formation
de foyers d'atrophie dans la région de la macula). Toutefois il faut
admettre que la profession est bien souvent le révélateur de phénomènes morbides latents.
Parmi les hypermétropes et les personnes astigmates, même légèrement, surtout parmi les femmes travaillant à l'aiguille, les troubles
dépendant de l'épuisement à'accommodation sont assez fréquents
(asthénopie accommodative). La grandeur de l'accommodation du
sujet ne doit pas être dépassée; l'œil s'adapte à une certaine distance, à condition d'avoir en réserve une certaine quantité d'accommodation (quantité qu'on ignore encore), variable, en tout cas,
selon les sujets, le genre de travail, le degré d'amplitude de l'accommodation, etc. (38).
La guerre a aussi prouvé que le surmenage oculaire était fréquent chez le
personnel spécialisé de la marine et de l'armée. Ainsi on a constaté beaucoup
de cas d'asthénopie chez les canonniers de marine qui se servaient longtemps
du télémètre, chez les marins chargés de la surveillance des périscopes sur les
navires ou travaillant aux périscopes, chez les sentinelles de la défense antiaérienne, les télégraphistes (système optique), etc. Tandis que chez les personnes
exposées à une lumière intense, naturelle ou artificielle, on observe un scotome
central ou péri- et paracentral, chez les soldats de la défense aérienne et les
télégraphistes on a trouvé des petits scotomes périphériques (ZADE).
Les facteurs du surmenage oculaire peuvent être répartis en causes
directes et causes indirectes. Parmi les causes directes il faut rappeler:
a) Un mauvais éclairage, qui, en obligeant le sujet à trop s'approcher de la table de travail, lui demande un effort de l'accommodation et de la convergence (depuis 1865 COHN a attiré l'attention
sur ce danger);
b) Le fait d'être penché sur un travail, qui est déjà une cause de
fatigue et de préparation à la myopie ;
c) L'effet d'un travail exécuté avec des éclairements insuffisants,
qui est corrélatif d'un épuisement rapide de l'organe; il y a là un
effet de la loi physiologique d'après laquelle « un organe ne travaille aux environs de sa limite possible qu'au prix d'une fatigue
insoutenable »;
d) L'emploi d'un éclairage à système direct, et par conséquent
l'action des sources éclatantes.
-
71 —
SCHANZ et STOCKHAUSEN auraient prouvé que la fatigue ne se produit pas
si le pouvoir éclairant est inférieur à 0,675 bougies décimales. En réalité,
toutes les sources s'écartent énormément de cette valeur et par conséquent
il faut utiliser les radiations diffusées et non pas les radiations directes des
sources.
L'intensité exagérée des sources de lumière peut provoquer des troubles
très sérieux soit dans la rétine, le nerf optique et les centres nerveux optiques,
soit dans les muscles externes de l'œil (fatigue, nystagmus).
Il n'est pas nécessaire d'insister ici sur la longue liste des professions qui
provoquent ou peuvent provoquer l'éblouissement de l'œil. Nous en avons
fait mention dans le chapitre relatif à «l'ouvrage» et nous en parlerons encore
plus loin à propos des dommages provoqués par la soudure électrique.
L'éblouissement peut causer une diminution du visus, du larmoiement, de
la conjonctivite d'une durée passagère, mais il peut provoquer aussi de graves
lésions des membranes profondes oculaires. Il suffit de rappeler ici les cas
graves de retinite chez les personnes qui ont observé une éclipse de soleil sans
protéger leurs yeux, et chez les personnes exposées à l'action des rayons
solaires (soldats, agiiculteurs) ou de la simple lumière naturelle réfléchie par
des surfaces blanches éclatantes (neige, toile blanche, etc.). Le simple travail
avec des objets d'une même couleur (rouge écarlate, pourpre, jaune clair) a
causé uñe faiblesse si remarquable du sens chromatique que les ouvrières
n'étaient plus en état de distinguer certaines nuances.
Il n'est pas nécessaire d'insister sur le facteur «couleur» «omme cause de
la fatigue oculaire (v. pp. 64-65). Récemment (janv. 1923) HAAS présentait à
l'Académie des sciences de Paris un rapport d'après lequel la couleur bleue
fatigue plus vite et plus fortement la rétine que toute autre couleur. Avec le
vert, les phénomènes sont réduits au minimum.
é) La rapidité du travail en rapport avec la petitesse et la finesse
du travail, avec la brillance de l'ouvrage (surface très polie), avec
la distance à laquelle est placé le travail et avec sa durée
<v. p. 56).
/) Le manque de fixité de la source. La fixité n'est jamais absolue»
sauf avec l'éclairage électrique à incandescence ou les lampes à
vapeurs de mercure.
g) Les rayons ultra-violets des sources lumineuses et des lampes
électriques en particulier (v. plus loin).
Parmi les causes indirectes de la fatigue oculaire il faut rappeler
les modifications de l'iris, dont le diamètre varie à chaque variation de l'éclairement. La constriction pupillaire semble dépendre
plutôt de l'éclat de la source lumineuse que de sa distance- L'action
exagérée des sources est la cause du surmenage par épuisement
rétinien. Quand la constriction est due à la vision périphérique d'une
source elle est d'autant plus nuisible à l'acuité visuelle que l'éclairement de l'ouvrage est faible et peut causer une fatigue considérable
de la rétine. Elle devient, au contraire, peu importante quand on
réalise un éclairement de 20 à 40 lux.
-
72 —
Etudier et déceler la fatigue de l'œil est, dans la pratique, un problème d'autant plus difficile que, parmi les phénomènes delà fatigue,
les plus fréquents, et par conséquent les plus importants, sont
les troubles légers, très difficiles à relever en t a n t que phénomènes
subjectifs. KATZ a proposé de mesurer la fatigue oculaire par le
nombre de clignements pendant un temps déterminé (39).
BROCA et LAPORTE ont proposé comme mesure la production des
images accidentelles avec les différentes sources lumineuses. Dans
leurs expériences, la durée moyenne des images était de 56,3"
avec l'arc électrique à feu nu, de 30" avec l'arc à mercure. Les
images peuvent persister 30 ' et même plus si l'on fixe une source
éclatante pendant une demi-seconde seulement. Les images sont
« négatives » lorsqu'elles sont dues à une diminution de l'excitabilité
de la rétine après impression par une lumière vive; elles sont
« positives » si la rétine est plongée après dans l'obscurité. Ces deux
types d'images sont inséparables et disparaissent quand la rétine
est revenue à son état normal 1 .
En réalité on mesure par cette méthode la fatigue de l'accommodation à la convergence et à la fixation.
Cette étude aboutit à recommander d'éloigner autant que possible
les sources lumineuses du champ visuel, lorsque ces sources sont à
grand éclat, car l'œil en serait ébloui et fatigué. A ce point de vue
les diverses sources se classent suivant l'ordre de leur éclat respectif,
et, en pratique, quand on évite la vision directe des sources, il est
absolument indifférent, au point de vue de l'hygiène de la vision,
qu'on se serve de telle lampe industrielle actuellement en usage
plutôt que d'une autre.
Une question d'importance vitale est la myopie professionnelle,
qui trouve sans aucun doute trop souvent son origine dans la
myopie progressive scolaire, une des plaies de la civilisation moderne.
Les recherches des observateurs ont fixé à 35 cm. la limite pour la lecture
à distance à l'école. Les chiffres relatifs à la vitesse de la lecture prouvent que
cette distance doit être le quart de celle à laquelle on peut distinguer les caractères lus, qui doivent être encore perçus à 1 m. 40 (BROCA, LAPORTE). C'est
là une donnée très importante en pratique, qui peut servir à réaliser dans l'industrie un éclairement adéquat.
On naît hypermétrope et personne ne conteste désormais l'influence de la
scolarité sur le développement de la myopie. Dans les écoles rurales il n'y a,
1
Quand l'œil fixe une lumière intense et immédiatement après une feuille
de papier blanc, une image négative se produit sur le fond blanc (image
négative accidentelle sur fond clair). L'image accidentelle positive se forme
quand on fixe un fond noir après avoir fixé une source éclatante.
-
73
-
en effet, presque pas de myopes. Leur nombre augmente au contraire avec les
exigences scolaires et atteint son maximum dans les lycées et les collèges.
En examinant 10.000 écoliers, COHN a établi la proportion suivante de myopes: écoliers de villages, 1,4 % ; élèves d'écoles primaires, 6,7 % ; élèves d'écoles
féminines supérieures, 7,7 % ; écoles moyennes, 10,3 % ; écoles industrielles,
19,7 % ; lycées, 26,2 % ; universités, 59 %.
L'enquête de H. P. NEWSHOLME, effectuée en 1922 psrmi les écoliers (écoles
primaires) du North Riding of Yorkshire, a révélé, sur 22.000 examens, que
8 % des enfants et 8 ' /s % de fillettes étaient atteints de défauts de réfractionmyopie; 11,3 % des enfants et 13,3 % des fillettes souffraient de défauts
légers de réfraction. Ces proportions augmentent pendant les années suivantes
de scolarité, surtout chez les fillettes, probablement à cause de la fatigue
oculaire due aux travaux de couture.
Il faut cependant dire que c'est moins le travail scolaire qui doit être
accusé que les mauvaises conditions hygiéniques dans lesquelles il est effectué '.
Etant donné que la myopie progressive est une maladie tout à
fait scolaire, il est de toute évidence que, pour le choix de la profession, chaque candidat doit être soigneusement visité au point de
vue de son acuité visuelle et de sa réfraction oculaire. Aujourd'hui
le service médical scolaire permet d'établir dès le commencement
et de surveiller le visus, l'état de réfraction statique et le pouvoir
d'accommodation, que les médecins ou les maîtres inscriront dans
le carnet individuel. BROCA a déterminé les distances-limites de
lecture des caractères les plus communs en fonction de l'éclairement.
Si l'on voulait donner les statistiques concernant la myopie des
ouvriers des différentes catégories il suffirait de rappeler que CRAMER a relevé une proportion de 69 % de myopes de 0,5 à 9 dioptries;
que WALTER, parmi 2.672 ouvriers, en trouva 611 avec une vision
diminuée, dont 224 avec myopie acquise. Sur ce nombre, 95, c'està-dire les 15 % des cas, étaient dus à la pratique du métier. La
proportion de ces derniers cas s'accroît avec l'âge. La majorité des
myopes est représentée par les compositeurs typographes, les
bijoutiers, les mécaniciens (fine mécanique, etc.).
COHN a contrôlé d'autre part la thèse d'après laquelle les
horlogers ne sont pas exposés à des dommages par suite de leur
travail. Il a établi que les horlogers de Breslau présentaient 9,7 %
de myopes, dont 4,5% étaient déjà myopes avant l'apprentissage.
D'autres spécialistes ont trouvé un pourcentage de 18. Mais en
tout cas on ne peut comparer ces valeurs à celles qui ont trait aux
typographes.
1
The Eyesight of School Children, J. H. Berkowitz. Dpt. of Int., Bureau of
Education, Bull. No. 65, Washington 1919. Voir aussi l'enquête organisée
par l'Illuni. Eng. Society de Londres.
— 74 —
D'après les recherches de COHN on rencontre chez les lithographes 45 %
de myopes; chez les typographes 51 %. La myopie est une forme professionnelle de caractère très grave chez les typographes. Elle est due au travail de près, à la fatigue causée par le mouvement continuel des yeux qui se
dirigent tour à tour vers les nombreuses divisions de la « casse » à caractères et
à la difficulté de lire les manuscrits, l'éclairage naturel ou artificiel étant trop
souvent défectueux.
D'après les relevés faits pendant une année (1917-1918), par l'ophtalmologiste KIRK, parmi les recrues du district d'Edimbourg, la myopie serait une
maladie caractéristique des habitants des villes et des travailleurs en particulier. Les 77,4 % des myopes diagnostiqués par lui appartenaient à la classe
industrielle et se répartissaient entre différents genres d'occupations. Les
mineurs venaient en tête de la liste et représentaient les 28,4 % du total. Les
jeunes techniciens apprentis semblaient souffrir très fortement de la myopie,
mais le développement de celle-ci était surtout frappant chez les jeunes
mineurs âgés de 18 à 25 ans.
L'examen de plusieurs milliers de jeunes mineurs, mobilisés au
mois de mars 1918, avait montré que le nystagmus ' était très rare
parmi les mineurs âgés de 21 ans. KIRK n'avait relevé que trois cas;
mais, par contre, les cas de myopie étaient au nombre de 142,
dont 36,6 % consistaient en simple astigmatisme. L'astigmatisme
myopique serait causé par l'effort tout particulier exigé des jeunes
mineurs pendant leur travail. Cette maladie se complique et
s'accompagne souvent de nystagmus à un âge plus avancé.
La commission anglaise estime que la position de l'ouvrier pendant le
travail d'abatage, les troubles de la réiraction oculaire, la viciation de l'air,
etc., n'ont qu'une importance secondaire quand on' est en présence d'un
terrain psychoneurotique. Pour une minorité seulement des cas de nystagmus,
il s'agit d'une neurose monosymptomatique de fatigue qui peut être facilement guérie, tandis que dans la plupart des cas on est en présence d'une
psychoneurose.
L'influence des défauts de réfraction sur le nystagmus des mineurs a été
souvent discutée, mais KIRK est d'avis que la question du défaut initial de
réfraction, causé par l'occupation même des mineurs, n'a jamais encore été
résolue.
Ses expériences l'ont persuadé que le commencement de la maladie peut
être accompagné, comme facteur casuel ou prédisposant, du développement
lent d'un simple astigmatisme myopique, qui peut se compliquer et qui semble
suivre l'effort particulier demandé à la structure de l'œil par l'occupation des
mineurs.
1
Voir British Med. Journ., 2 juil. 1921; STASSEN : La fatigue de l'appareil
visuel chez les ouvriers mineurs, Liège, 1914-1919 ; et du même auteur: Rapport
présenté au Congrès de 1'« Institute of Public Health » de Londres, tenu à
Bruxelles en 1920; publié aussi dans Journ. Ind. Hyg., Cambridge (Mass.),
avril 1921. Voir aussi le premier rapport de la commission médicale anglaise
de recherches sur le nystagmus (Londres 1922).
-.75
-
Une enquête de STASSEN prouva que sur 20.000 mineurs belges du district
de Liège, 5.000, c'est-à-dire les 25 %, présentaient à des degrés variés les signes
évidents de fatigue oculaire (héméralopie, sensibilité rétinienne défectueuse,
blépharospasme, nystagmus). Dans les 8 % des cas la fatigue n'était que passagère et disparaissait après douze heures de repos; dans les 12,5 % des cas
la fatigue était légère; dans les 3 % elle était prononcée et dans les 2 % les
mineurs révélaient des névroses et troubles psychiques qui empêchaient tout
travail au fond de la mine. Dans 1 % des cas il y avait un surmenage oculaire
marqué avec une diminution appréciable de la capacité professionnelle.
D'accord avec les spécialistes anglais, STASSE N est d'avis que le nystagmus
n'est pas dû à la position des yeux que les mineurs sont obligés de prendre
pour travailler, mais aux conditions défectueuses d'éclairage du fond de la
mine. Cet éclairage défectueux entraîne une fatigue de l'appareil visuel, fatigue
qui se systématise en un syndrome nerveux caractérisé par l'incoordination
et l'exagération des réflexes oculaires. En définitive, le nystagmus, considéré
auparavant comme une entité morbide bien définie, ne serait en réalité qu'un
symptôme pathognomonique de surmenage des centres nerveux, contrôlant
l'équilibre musculaire des yeux.
Le cadre de la présente étude ne nous permet pas de consacrer aux
maladies professionnelles des yeux l'exposé détaillé que réclamerait le sujet. Il suffira de rappeler ici les troubles observés chez
les personnes qui travaillent à une faible distance ou sous l'action
directe des sources lumineuses. Les ouvriers des fonderies de verre
et des métaux, exposés à l'action directe des rayons obscurs des
foyers lumineux (40), de même que ceux employés au service
photométrique des fabriques de lampes électriques à incandescence ou au contrôle des manchons, etc., méritent toute l'attention du spécialiste, comme la méritent aussi les personnes qui
travaillent dans certaines conditions spéciales, telles que les
opérateurs de télégraphie sans fil (quand ils travaillent devant
l'étincelle nue), les artistes de cinéma, les aviateurs, les pilotes1,
les chauffeurs, les mécaniciens dans l'industrie des transports et les
mineurs. Quelques-unes de ces occupations demanderaient à faire
l'objet d'une enquête spéciale.
En ce qui concerne l'action des rayons sur l'œil et sur sa fonction,
le spectre ultra-violet invisible peut être divisé en deux sections:
l'une comprenant les rayons invisibles à petite longueur d'onde
(jusqu'à 0,3 microns), l'autre comprenant les rayons ultra-violets à
plus grande longueur d'onde (0,3 à 0,4 microns). Les premiers sont
1
Dans une enquête faite en 1920 par A. P. BOWDLER sur les candidats à
l'aviation et les pilotes, la proportion des visions défectueuses a été assez
remarquable. Sur 14.164 candidats à l'aviation militaire italienne, les services
psychophysiologiques en ont reconnu 66,8 % aptes au service; les 8,07 %
(21,47 7° des inaptes) avaient une acuité visuelle insuffisante et 1,69 % (4 %
des inaptes) étaient atteints de daltonisme.
-
76.—
peu nombreux dans la lumière diffuse parce qu'ils sont absorbés par
l'atmosphère. Quoi qu'il en soit, ces rayons ne pénètrent pas dans
l'oeil et sont seulement une cause d'irritation de l'œil externe. L a
nocuité des rayons à grande longueur d'onde est encore actuellement
un sujet de discussion et la question des sources de lumière artificielle est aujourd'hui à l'ordre du jour, surtout pour les studios
cinématographiques (41).
L'action nuisible des rayons ultra-violets a été signalée depuis
1904 par H E R T E L . En 1908, SCHANZ et STOCKHAUSEN écrivaient
ce qui suit sur les résultats de leurs expériences relatives à l'influence de ces rayons émis par des sources lumineuses artificielles:
Ces rayons produiraient d'abord sur l'œil antérieur des inflammations que
dans leurs formes extrêmes nous connaissons sous le nom d'« ophtalmie électrique » et de «cécité causée par la neige». Mais ils agissent aussi sur les parois
profondes de l'œil'. Ils produisent notamment une fluorescence intensive du
cristallin 1, qui transforme les radiations invisibles de petite longueur d'onde
en radiations visibles
Le cristallin, grâce à cette particularité, constitue
un organe de protection pour la rétine; il empêche les rayons ultra-violets
d'arriver à la rétine. En effet, les personnes à qui on a enlevé le cristallin
souffrent de ce qu'on appelle « érythropsie» (voirrouge) quand elles sont exposées à de vifs éclats. Dans la haute montagne ce phénomène se constate même
sur des yeux normaux, car au bout d'un certain temps le cristallin perd sa
force de protection.
H E S S semble aussi avoir démontré que si on éclaire l'œil avec une
source lumineuse riche en rayons ultra-violets, il se produit dans
la capsule cristalline des modifications visibles au microscope.
WIDMARCK et HERZOG, ainsi que d'autres, disent avoir vu, après
exposition de l'œil à de telles lumières, le cristallin présenter des
troubles légers en comparaison du cristallin de l'autre œil. D'autres
auteurs, par contre, n'y ont pas réussi.
H E R T E L , AXMANN et d'autres ont nié cette nocuité des rayons
ultra-violets. W E G E , BIRCH-HIRSCHFELD ont même signalé que
la lumière solaire, bien que très riche en radiations ultra-violettes,
est bien supportée. En réalité, la plupart des radiations ultraviolettes de la lumière solaire sont absorbées par l'atmosphère,
tandis que les radiations de 0,320 à 0,375 microns sont intensivement absorbées par le cristallin. La quantité de radiations qui arrive
à la rétine peut être, en général, considérée comme n'ayant pas
d'action (MOTÁIS), mais elle est suffisante avec certains éclats et
dans le cas de certains individus, surtout s'il s'agit de jeunes gens,
1
Arch. f. Ophthalmol. LXXII, p. 184.
— 77
-
pour provoquer des troubles de la rétine encore mal déterminés.
E t en effet, HIRSCHBERG, SCHULEK, GROSZ et d'autres ont mis en
relief la grande fréquence de la cataracte parmi les agriculteurs en
comparaison de la population urbaine.
Les rayons ultra-violets seraient aussi la cause des lésions coroïdiennes et, d'après certains auteurs américains, ils provoqueraient
les cas de cararacte observés chez des ouvriers de fabriques de
plaques photographiques (par la lumière rouge ou rouge jaunâtre).
Cette forme de photophobie a été dénommée par BOUCHERON
« radiophobie », à cause des rayons ultra-violets. Disons toutefois
que si des expérimentateurs ont reproduit des cataractes chez les
animaux en les soumettant à l'action prolongée et répétée des
rayons ultra-violets, ils ne se sont pas toujours mis, il faut l'avouer,
dans les conditions qui se rapprochent de la vie réelle.
Si des cas d'hypersensibilité aux rayons ultra-violets se présentent, lorsque les sources riches en r. u.-v. ne sont pas protégées
par des verres, on devra aussi envisager la possibilité d'une extériorisation d'une excitation individuelle de la rétine, provoquée par
la réflexion de l'irritation des nerfs sensitifs de l'œil.
Pour éviter tout effet fâcheux de ces sources, on suggère de les
placer à une certaine distance de l'oeil (1 m. 30 à 1 m. 50), distance
qui garantit toute action directe. Mais nous savons que beaucoup de personnes souffrent même de l'action indirecte de ces
radiations. Toutefois SAVINEAU n'a observé aucun trouble chez des
ouvriers travaillant depuis deux ans avec des lampes à vapeurs de
mercure. FORTIN et AXMANN ont travaillé longtemps à proximité
immédiate de lampes à mercure à haute intensité (lampes Uviol)
sans éprouver pour cela la moindre fatigue oculaire, et FORTIN,
en 1910, s'est élevé contre l'exagération du « péril ultra-violet » pour
la vue. En tout cas les rayons doivent être absorbés et agir pendant
un certain temps pour qu'ils puissent expliquer une action nuisible. Les radiations dont la longueur d'onde est la plus petite sont
absorbées le plus intensivement et leur action dépend plus de leur
qualité (longueur d'onde) que de leur quantité (force de rayonnement).
Le tableau dressé par STOCKHAUSEN (V. tab. xviii) résume
clairement ce point de la question. Mais il faut se rappeler que les
limites entre les différentes radiations ne sont pas si nettes, car les
passages se font peu à peu et presque insensiblement. Pour conclure,
nous croyons qu'il serait peut-être bon de se rallier à l'opinion des
ophtalmologistes qui estiment que les études et les expériences
faites jusqu'à aujourd'hui ne permettent pas de dire que les radia-
TABLEAU
XVII.
ACTION
DES
RAYONS LUMINEUX
SUR LES Y E U X .
SPECTRE COMPLET.
D'après STOCKHAUSEN '.
Rayons infra-rouges invisibles :
rayons calorifiques
Rayons visibles: rayons lumineux
I
Jusqu'à
50.000 ¡A¡i
II
Ultra-rouges
1500-760 u.a
III
Rouge, orange,
jaune, vert
760-490 [ijj.
Sont absorbés
par la chambre
oculaire, la conjonctive et la
cornée.
Passent affaiblis
à travers la cornée, le cristallin et
la chambre oculaire et atteignent
larétine. sans donner la sensation
lumineuse.
Arrivent sans
avoir subi de chan
gement sur la rétine et sont visibles.
IV
Bleu, indigo,
violet
490-400 uu
Sont également
visibles. Une faible partie de ces
rayons, qui augmente
constamment avec l'âge,
est absorbée par
le cristallin et contribue à la fluorescence de celui-ci.
Une autre partie
provoque la fluorescence de la rétine.
Une troisième
partie enfin arrive
sans changement
aux éléments photosensibles de la
rétine et donne la
sensation des couleurs bleue, indigo,
violette.
Rayons ultra-violets invisibles : rayons chimiques
V
VI
VII
400-375 uu
375-350 uu
350-315 uu
VIII
315 uu et longueurs
d'onde plus courtes.
Le cristallin les
laisse passer dans
les premières années de la vie. Plus
tard ils sont absorbés par le cristallin et provoquent avec !e
concours d'autres
rayons la fluorescence du cristallin
(VoirIV.VetVI)
Ne passent pas à
travers la cornée et
sont absorbés par
les enveloppes de
l'œil. Ils sont avant
tout la cause de l'inflammation des enveloppes de l'œil.
(P. ex.: phénomènes
concomitants de l'ophtalmie électrique.)
Une partie proSont absorbés
duit avant tout la par le cristallin et
fluorescence du
contribuent par
cristallin.
cela même à sa
fluorescence.
Une seconde partie contribue également à la fluorescence de la rétine.
Limite d'absorption du verre =
300 uu.
Une troisième partie arrive probablement sans changement aux éléments
photosensibles de
la rétine.
1
In Grundriss der Hygiene. V. Seiter, Dresde, 1920-, vol. II, p. 265.
— 79 tions.de la lumière solaire ou de la lumière électrique ont un rapport
direct quelconque avec Pétiologie de la cataracte de l'homme x .
Il est essentiel d'autre part de se souvenir de l'action nuisible
des radiations infra-rouges des sources lumineuses blanches, auxquelles l'œil moyen est perméable. Quand ces radiations sont
intenses, elles irritent fortement la rétine et, selon certains auteurs,
elles peuvent même provoquer la cataracte. Ces radiations pourraient aussi expliquer les troubles asthénopiques qu'on rencontre
chez les ouvriers travaillant à la lumière artificielle.
Les radiations calorifiques auraient, dit-on, une action « desséchante » nuisible à l'œil. Cependant cette opinion n'a pas été confirmée par CZERNY, WIDMARCK et CRAMER (1910). Ces radiations sont
grandement absorbées par la conjonctive et la cornée et les recherches effectuées à ce sujet prouveraient que les rayons d'une longueur
d'onde de 1,5 micron n'arriveraient pas à la rétine. En tout cas il est
actuellement presque certain que ces radiations peuvent favoriser
l'action fâcheuse des autres rayons.
Dans le rapport annuel de l'Inspection du travail anglais pour 1920,
H. PARSON rappelle que d'après la commission spéciale, les rayons lumineux ne
seraient pas sensiblement absorbés par les milieux transparents de l'œil et ne
seraient pas la cause de la cataracte. Les rayons ultra-violets plus longs
passent à travers la cornée, mais sont absorbés par le cristallin. L'action répétée
et prolongée des rayons ultra-violets sur le cristallin serait la cause des troubles
qui surviennent dans la lentille. La commission n'est cependant pas d'avis
que la cataracte des verriers ait cette origine, quoiqu'elle admette que les
rayons ultra-violets puissent expliquer une action indirecte sur le cristallin. La
commission estime que les données qu'on possède permettraient de considérer
plutôt comme cause de la cataracte l'exposition aux rayons calorifiques. La
prévention la meilleure de la cataracte chez les ouvriers serait l'emploi d'un
type adapté de verres « Crookes ».
Un procédé très courant aujourd'hui dans la pratique industrielle
—• la soudure électrique — exige la protection des yeux contre les
rayons ultra-violets, les infra-rouges et l'éblouissement.
Bien que la température de l'arc électrique soit évaluée de 2.900
à 6.000° C et que la source soit d'une blancheur éblouissante, le
rayonnement calorifique pendant l'action de l'arc est si faible qu'à
une distance de un mètre la température ne s'élève que de 2° en dix
minutes, et plus par l'action du métal que par celle de l'arc.
La lampe à quartz est des plus dangereuses, le quartz étant très
perméable aux rayons ultra-violets. D'après LYMANN, une lame de
1 mm d'épaisseur est transparente jusqu'à 1.500 A ; elle laisse donc
* V. OBLATH, loe. cit.; GREEF, communie, à la Soc. ophtalmol. de Berlin,
juin 1921.
— 80 passer les rayons ultra-violets ordinaires, les ultra-violets moyens el
une grande partie des ultra-violets extrêmes. Cette lampe est très
employée dans les laboratoires pour l'étude des propriétés de ces
radiations et l'expérimentateur doit procéder avec de grandes précautions, car la lampe ne peut être ni regardée, ni maniée sans
danger.
En effet, quelques secondes d'exposition suffisent pour produire des ophtalmies graves, des troubles trophiques de la peau, etc., qui se présentent après
une moyenne de deux jours de travail à la lampe, à raison d'une ou deux
heures de travail par jour. Les effets sur l'œil sont plus immédiats, car après
un quart d'heure d'exposition, même si l'on n'a pas fixé la lampe, il y a une
inflammation de tous les vaisseaux de la paupière et cette inflammation peut
atteindre la conjonctive. On a la sensation que l'œil est prêt à sortir de l'orbite.
Les lésions des paupières, de la conjonctive et les troubles fonctionnels observés chez les marins manœuvrant les lampes électriques et de projection seraient dus à la même cause (CASSIEN).
Chez les ouvriers qui règlent les lampes à arc sans protéger leurs
yeux, il y a une période de latence, car les symptômes peuvent se
présenter même dix-sept heures après l'accident.
Une autre catégorie d'ouvriers exposés au même accident est celle
des conducteurs de trams électriques. L'action intime de la cause
est toujours la même quand il s'agit des courts-circuits. Le sujet
n'est pas traversé par le courant, qui éclate seulement entre deux
points plus ou moins proches de l'ouvrier, avec une intensité plus
ou moins grande. De cet éclatement'résultent seulement des troubles
subjectifs et objectifs dans le domaine de l'organe de la vision, dont
l'importance est déterminée surtout par la constitution individuine.
Il s'agit dans tous les cas des actions thermique, lumineuse ot électrochimique, qui en pratique agissent ensemble, sans qu'on puisse déterminer
si les phénomènes cliniques observés dans un cas doivent être attribués à l'une
plutôt qu'à l'autre des propriétés de l'énergie électrique. En tout cas, l'action
dans le travail de la soudure, par exemple, est tellement forte que les ouvriers
préfèrent n'importe quel travail pénible à celui-là. Les souffrances oculaires
sont, pendant cinq à six heures, très vives, insupportables. La tuméfaction
douloureuse de la peau, la toux sèche agaçante et l'irritation de la conjonctive
peuvent persister même dix heures. L'éblouissement dû à l'intensité lumineuse
du métal en fusion dure plusieurs jours, pendant lesquels l'ouvrier ne peut
rien fixer ou distinguer, comme si un voile noir était descendu sur ses yeux.
Le courant électrique industriel serait la cause de l'opacité de la cornée,
de l'iridocyclite, d'altérations des phénomènes pupillaires, de l'opacité du
vitré, d'hypertonie et quelquefois d'atrophie du nerf optique et de corioretinite. Parmi ces lésions, la cataracte électrique est sans aucun doute la plus
grave et la littérature médicale en a enregistré plusieurs cas. Il est utile de
rappeler ici que cette forme peut se présenter même quelques mois après
l'accident et que le courant peut aggraver une opacité lenticulaire préexistante.
— 81 Les phénomènes fonctionnels de l'ophtalmie électrique seraient .plutôt la
conséquence de modifications organiques dans les cellules ganglionnaires que
de lésions dans les cônes et les bâtonnets (KIRIBUCHI, TERRIEN).
La susceptibilité individuelle joue un rôle très important et la Symptomatologie, étant en rapport avec la constitution individuelle, peut être très variée.
Il y a un certain rapport, qui n'est pas constant, entre les phénomènes et
l'intensité, les dimensions, la distance de la source et la durée de l'exposition
de l'œil à l'action de la lumière. On a relaté des cas d'ophtalmie chez des
ouvriers qui passaient à dix mètres d'un poste de soudure électrique.
Les personnes dont le système nerveux est en quelque sorte compromis
peuvent présenter aussi de Vasthénopie, même avec une action minime d'une
lampe de moyenne intensité. Ces personnes présentent souvent des symptômes
nerveux plus graves, qui arrivent même à l'hystérotraumatisme. Cette Symptomatologie étant très facile à simuler ou à exagérer, le médecin doit examiner
attentivement le malade et faire le relevé de l'œil et de sa fonction avec toute
la précision nécessaire avant de formuler son diagnostic et son pronostic. Toutefois, ceci est à peu près impossible au début de l'accident.
Il serait utile qu'on procédât à un examen méthodique et prolongé
des ouvriers travaillant à la lumière produite par ces lampes et
que cet examen fût même étendu à l'usage à'enveloppes ou de lunettes en verres spéciaux. On a raison de se demander si ces verres,
reconnus pratiquement efficaces, ne pourraient présenter des fentes
plus ou moins grandes, susceptibles de laisser passer des radiations
dangereuses pour l'œil.
— 82
-
V
LES ACCIDENTS DU TRAVAIL
A u p o i n t de v u e des a c c i d e n t s du t r a v a i l en général et des lésions
d e l'œil en particulier, il suffira de r a p p e l e r ici q u e les d o n n é e s r e cueillies p r o u v e n t le d a n g e r d ' u n éclairage insuffisant ou m a l é t a b l i
et la nécessité d ' u n e i n t e r v e n t i o n légale.
L a commission anglaise a e x a m i n é s o i g n e u s e m e n t les d é c l a r a t i o n s
d ' a c c i d e n t s p o u r l ' a n n é e 1913 et p o u r u n e p a r t i e de l ' a n n é e 1914,
afin d ' é t a b l i r le r a p p o r t — s'il en e x i s t a i t u n — e n t r e le t r a v a i l à
la l u m i è r e artificielle et la fréquence des a c c i d e n t s .
L'analyse de ces données a été poursuivie selon trois méthodes: 1. Pourcentage mensuel des accidents dus à différentes causes: dans les diagrammes
dressés, le nombre mensuel des accidents dus à une cause donnée, dans chaque
industrie, est exprimé en pourcentage du total des accidents provoqués par
la même cause dans la même industrie, pendant la période considérée de
quatorze mois. 2. Nombre relatif pour chaque mois des accidents dus aux
différentes causes: le nombre mensuel des accidents dus à une cause donnée
est exprimé en pourcentage du nombre total des accidents survenus par suite
de toutes causes pendant le même mois dans l'industrie en question. 3. On
a cherché à calculer les moyennes « normales » des accidents provoqués par
chacune des causes pendant les mois où on n'emploie pas de lumière artificielle et, en appliquant ces moyennes à la période de travail à la lumière
naturelle pendant les mois d'hiver, à évaluer le taux de fréquence des accidents pendant la période de travail à la lumière artificielle.
Les deux premiers systèmes ont leurs avantages et leurs inconvénients. Le
rapport donne une série de diagrammes et tableaux dressés d'après ces trois
systèmes. Ceux dressés d'après le premier système prouvent qu'il y a une
chute générale en août, due sans doute aux congés. En général ils ne présentent aucune caractéristique, sauf pour les accidents causés par chute.
Dans ce cas (v. tabi, xvm) on relève une augmentation remarquable dans
le nombre des accidents pendant les mois d'hiver. Il serait tout à fait
naturel d'attribuer ces accidents à un éclairage insuffisant. D'autre part nous
trouvons que dans le groupe « constructions », qui représente sans aucun doute
une industrie de jour, les chiffres sont très importants ; d'où la nécessité d'une
grande précaution dans l'analyse des statistiques et de celles des accidents en
particulier.
La troisième méthode a été appliquée en tenant compte des heures de travail
et de la durée d'emploi de la lumière artificielle. Le tableau suivant, qui n'est
qu'un extrait de celui dressé par la commission, et qui ne se rapporte qu'aux
accidents par suite de chute, a été préparé suivant ladite méthode. On voit que
dans presque tous les cas le nombre moyen d'accidents par heure survenus
DIAGRAMME N° 5 .
3VM3M/*rZ
Avfvat
JçÔSt/rrotr Qefoòfr /fetemótr OeetTíüer JO/WOff ftòrvarp
fltarcA
fiftr//
Afgf
Js/tt
Fig. 1. HOURS OF DAYLIGHT.
Chart showing average hours per day of sunshine, cloudiness and darkness for each
month during 1910 in the area considered in the chart below (Fig. 2)
KCDfT.
A.,
M,
Oc/.
Sep'
/for
f*ò,
Jan.
Otc
Afar.
Afir.
-«*/
Jitnt
/oo
va
li
/
7à
/
60
là
•-.
y
. . ' • '
'
. f^
/
"*s
\ ^
N-"
\
</
/
s'
.-*' S
.. —*
40
ja
IH
•
m
Fig. 2.' INDUSTRIAL ACCIDENTS.
Chart showing the seasonal dislribution for three successive years of about 700
deaths annually from industrial accidents reported from an area embracing 80.000
plants—Note similarity of curves in Figs. 1 and 2—indicating an increase of accidents
in the dark periods of the year.
Heures de lumière diurne. — (Fig. 1) Le graphique met en relief la moyenne
des heures de lumière solaire, de ciel couvert et d'obscurité ¡par jour et
pour chaque mois pendant l'année 1910 (dans la région des E. U. prise
en considération par le graphique inférieur).
Accidents du travail. — (Fig. 2) Le graphique met en relief la répartition
par saison, au cours de trois années successives, d'environ 700 cas mortels par an dus aux accidents industriels et relevés dans une région
comprenant 80.000 usines. A noter l'analogie des deux graphiques qui
signalent une augmentation des accidents dans la période de l'année à
jours plus courts.
— 84
-
à la lumière artificielle est remarquablement supérieur à celui des accidents
survenus à la lumière naturelle. Dans les fonderies, les chantiers de navires,
les docks et l'industrie mécanique, l'augmentation des accidents par suite de
chute est à peu près de 102 %. On ne relève naturellement aucune différence
remarquable dans l'industrie de la construction.
ACCIDENTS PAR SUITE DE
TABLEAU XVIII.
Qaotient
Accidents
Total des accidents accidents
pendant l'hiver
lumière
oat. par
Eté sauf
Lumière
heore pour Lumière
mois d'août H i v e r mois d'été naturelle artificielle
Industries
Ind. textile .
Fonderies . .
Chantiers de
navires . .
Ind. aliment.
Docks . . .
Ind. construe.
Ind. mécan. .
» non spécif.
694
193
980
287
1.276
202
715
274
1.334
3.893
1.898
270
1.072
330
1.895
5.240
Toutes les industries . .
8.581
11.972
CHUTE.
Quotient
accidents
lumière
artificielle
par
heure
{Différence
en o/o
entre quotients de la
col. 4 et de
la col. 7
580
161
400
126
1,01
0,32
+ 76
+ 99
1,06
0,16
0,59
0,22
1,10
3,25
1.065
169
598
229
1.107
3.250
833
101
474
101
788
1.990
2,12
0,25
1,20
0,25
2,08
5,06
+ 99
+ 52
+ 102
+ 12
+ 93
+ 56
7,16
7.159
4.813
12,32
+ 71
0,58
0,161
Les données pour les mines, classées par mois, sont les suivantes:
TABLEAU XIX.
MINES. MOYENNE DES ACCIDENTS MORTELS
PAR MOIS.
1912
Eté
Fond
Surface
110
14
Hiver
88
18
Différence
°/o
— 20
+ 29
1913
Eté
Hiver
Différence
Fond
Surface
91
11,2
89
16,2
— 2
+ 45
%
Une récente édition des American Industries présente certains faits frappants sur le rapport qui existe entre les accidents et un éclairage insuffisant.
Le tableau ci-dessous donne la comparaison entre les accidents qui se
sont produits de jour et ceux qui se sont produits de nuit dans une grande
aciérie:
TABLEAU XX.
ACIERIE.
Travaux.
Hauts fourneaux
. . . .
Foyers découverts
. . . .
Mécanique
Cours
NOMBRE D ACCIDENTS.
Jour
Nuit
238
245
206
153
153
145
243
312
270
213
334
330
— 85 —
Dans certaines sections, la différence entre la fréquence des accidents survenus de jour et ceux survenus de nuit ' st plus grande que
dans d'autres. Quoique d'après certains auteurs la raison de cette
plus grande fréquence des accidents de nuit que de jour, avec les
mêmes conditions de travail, ne peut résider que dans un éclairage
insuffisant, nous estimons que la fatigue, ressentie plus facilement
par les ouvriers des équipes de nuit, est aussi un facteur très
important.
Exemples d'accidents de travail dus à un éclairage inadéquat (C. E. GLEWELL,
Elee. World, June 16th, 1917. — Illum. Eng. Londres, juillet 1917,
p. 187K
F i e 20. — L'ouvrier cjui conduisait le chariot n'a pas vu une barre de fer
oubliée sur le sol et celle-ci a fait verser le chariot sur la droite. L'ouvrier a
laissé échapper la poignée du chariot et un lourd tuyau est tombé de celui-ci,
atteignant la jambe et la brisant au-dessous du genou. En raison de l'ombre
épaisse projetée par le pilier, il était à peu près impossible de voir la barre de
fer, cause de l'accident.
FIG. 21. — Aveuglé par l'éclat d'une lampe nue, suspendue au-dessus de la
table de la perceuse, l'ouvrier s'est pris les doigts dans les engrenages en
voulant saisir le volant de manœuvre de la perceuse.
Le D r Fisk rappelle qu'une enquête portant sur 446 fabriques a
mis en relief que l'éclairage était excellent dans les 8,7 % des usines,
bon dans les 32 %, médiocre dans les 29,1 %, insuffisant dans les
18,8 %, mauvais dans les 3,5 % et en partie bon et en partie insuffisant dans les 7,8 %.
On estime qu'actuellement 250 millions de dollars sont dépensés
annuellement aux Etats-Unis pour les accidents industriels, dont
plus des 50 % pourraient être évités. Parmi ces accidents, les lésions
-
86
-
oculaires figurent avec un pourcentage de 8,3, car on calcule que
les accidents des yeux seraient au nombre de 200.000 chaque année
et que 15.000 aveugles doivent leur malheur à un accident du travail (13,5 % des aveugles).
FIG.
22
FIG.
23
FIG. 22. — La grue à potence a été frappée par la charge suspendue à un pont
roulant; le choc a déplacé une poutre d'acier qui est tombée et a blessé
l'ouvrier se trouvant au-dessous. Ceci montre l'inconvénient de n'employer que
des lampes à réflecteurs opaques, placées à un niveau inférieur à la flèche de la
grue. Celle-ci, n'étant pas éclairée, était invisible de la cabine du pont roulant.
FIG . 23. •— En raison de l'insuffisance de l'éclairage, l'ouvrier qui portait
la barre n'a pas vu l'homme marchant devant lui et l'a frappé à la nuque de
l'extrémité de la barre.
D'après le rapport du D r Fisk, l'emploi des lunettes à l'American
Locomotive C° a réduit le nombre des accidents oculaires de 38,9
pour mille par an (période 1910 à 1913) à 15,7 en 1915, tandis que le
nombre des cas de cécité tombait dans la même période de 10,5 à 2
pour mille. Les American Steel Foundries ont pu réduire de
85 % les accidents oculaires.
Dans un autre rapport, présenté à l'Illum. Engin. Soc. des EtatsUnis, DIMPSON relate que d'après la Travellers Insurance Co., sur
91.000 accidents déclarés pendant l'année 1910, les 23,8 % étaient
dus à un éclairage imparfait.
Certains experts des caisses d'assurance déclarent que les 25 %
des accidents ont un rapport avec l'éclairement insuffisant; mais
aucune enquête approfondie n'a encore été faite à ce sujet.
— 87 —
VI
PROPHYLAXIE DE LA FATIGUE OCULAIRE
La valeur économique de la vision a été traduite en chiffres
proportionnels pour les différentes professions. Nous avons vu
qu'en pratique la limite supérieure de l'acuité visuelle d'une
profession donnée est représentée par la valeur la plus faible de
l'acuité visuelle qui soit compatible avec l'exercice, sans obstacles,
de la profession et la limite inférieure par le degré d'acuité physiologique au-dessous duquel l'exercice de la profession donnée
n'est plus possible. C'est pourquoi chaque profession a une valeur
propre d'acuité visuelle professionnelle, qui ne peut être fixée
qu'après une longue étude sur de nombreux ouvriers des différentes catégories.
C'est à MAGNUS que revient le mérite d'avoir déterminé, le premier, les
trois valeurs bases de l'aptitude professionnelle, à savoir:
Intégrité des aptitudes professionnelles des divers organes;
Habileté et connaissance technique nécessaires à l'exercice d'une profession et que l'individu doit acquérir;
Aptitude de concurrence de l'individu sur le marché économique.
Plus tard, VON AMMAN résuma ainsi les conditions dont dépend l'aptitude
professionnelle d'après la fonction visuelle du candidat:
Í
a) Intégrité des fonctions corporelles
nécessaires à l'exercice de la profession.
b) La meilleure connaissance technique de la profession.
2. A la possibilité d'écouler son travail ou ses produits contre
salaire.
Qualité
d'aptitude
professionnelle
1. Importance de la profession déterminant le salaire sur lequel se calcule le dommage professionnel.
2. Aptitudes fonctionnelles des organes.
3. Aptitude de concurrence de l'individu.
-
88 Transparence des milieux
réfringents.
Intégrité de la macula.
\
Netteté de
l'image
Intégrité des voies nerveuses conductrices et
des centres visuels.
Fonctions
visuelles
/
\
Volume d Î
l'image
Propriétés s éréoscopiques de
l'image
Transparence des milieux
réfringents.
] Etat normal à la périphérie de la rétine.
Intégrité des voies nerveuses conductrices et
des centres visuels.
i
|
/ ACUITÉ
Ì VISUELLE
)
CHAMP
VISUEL
Deux images nettes du
même volume correspondent à des parties
similaires de la rétine,
dans des conditions
[ VISION
> BINOCU[ LAIRE
normales de conduction
et de perception.
D'autres auteurs (SILEX, RADIEJEWSKY, WINDEMANN, etc.) ont
étudié la possibilité de rédiger des tables professionnelles d'après
l'acuité visuelle nécessaire au candidat d'une profession donnée.
Ces classements ont une valeur très relative, soit parce que beaucoup de ces professions ne demandent plus aujourd'hui les exigences d'autrefois (ou bien elles en demandent d'autres), soit parce
que l'exigence visuelle d'une profession n'est pas absolue, étant
donné que dans chaque catégorie il existe des spécialisations très
différentes.
En tout cas, il semble que les tables professionnelles de SILEX
et de R A D I E J E W S K Y méritent d'être mieux connues qu'elles ne
le sont et qu'il serait opportun, au point de vue de l'orientation
professionnelle, de reprendre cette étude très intéressante (42).
Il s'agit donc d'une question d'une importance capitale pour la
société et qui mérite toute notre attention. On comprend aussi la
nécessité d'un examen de la fonction oculaire dès la période scolaire
pour établir et suivre de près l'acuité visuelle, l'état de réfraction
statique, le pouvoir d'accommodation que les médecins ou les
maîtres inscriront sur le carnet individuel. On signalera aussi
sur ce carnet l'existence éventuelle de strabisme ou l'insuffisance
des muscles moteurs de l'œil, les opacités de la cornée, du cristallin, etc.
Le maître pourra aider le médecin et, d'après les instructions qu'il aura
reçues, il sera en état de remplir la fiche scolaire pour ce qui concerne la fonction
- 89 visuelle des écoliers. En ce qui concerne le pouvoir d'accommodation, on peut
simplifier l'examen en exprimant en mesure linéaire la distance entre le point
approximatif et le point lointain de la vision distincte.
RINDFLEISCH a proposé des carnets spéciaux munis de tables optotypes.
Le maître pourrait même, d'après certains auteurs, relever l'acuité visuelle
et le sens chromatique 1 en se servant des « tables autochromophotographiques »
de RAHLMANN. La collaboration des maîtres sera précieuse pour le dépistage
précoce des élèves qui présentent du daltonisme ou une acuité visuelle insuffisante ou défectueuse. Pour mener à bien cette œuvre, le maître doit solliciter
la collaboration des parents, qui existe déjà en certains endroits. Cette collaboration doit s'intensifier en vue d'éviter le grave danger du choix d'une
profession qui plus tard pourrait ne pas être exercée avec efficacité et
représenterait toujours une cause d'aggravation pour la vision de l'ouvrier.
Il est inutile de rappeler combien d'imprimeurs sont amblyopiques ;
combien d'horlogers astigmates et hyperopiques; combien de peintres d'intérieur sont affectés de cécité pour les couleurs, combien de brodeuses ou de
couturières en blanc sont myopes.
Les relevés médicaux faits pendant la période scolaire et portés
sur le carnet sanitaire permettront au médecin de fabrique de se
renseigner, lors de sa visite pour l'admission au travail, d'une
façon rapide et exacte sur les conditions de l'appareil visuel du
candidat. Le médecin sera alors en état de bien orienter le jeune
homme dans le choix de sa profession.
Un examen très soigné présente aussi l'avantage de relever les
éléments nécessaires à une évaluation exacte des dommages qui
pourraient être causés plus tard par un accident du travail et
d'éviter ou de dévoiler les simulations. Ainsi les experts ne seront
pas exposés, par exemple, au danger d'affirmer comme conséquence
d'un traumatisme une diminution de l'acuité visuelle constatée
chez l'ouvrier, s'ils connaissent très bien le degré de l'acuité
visuelle au commencement de l'apprentissage. Cet examen est
encore utile parce qu'il permet de corriger, dès le début, les défauts
de la vision et de confier ainsi les travaux délicats à des ouvriers
sains.
Ce sont surtout les professions qui exigent une vision prolongée
sur des objets très petits, une fonction de convergence des axes
visuels dans les travaux très petits et très rapprochés, qui demandent un examen approfondi des candidats. L'effort de convergence
prédispose facilement à l'asthénopie accommodative les personnes
affectées d'un degré peu élevé de myopie (au delà de 2 à 3 diop1
II faut se méfier de l'examen des diverses couleurs des objets colorés chez
les enfants en les invitant à les nommer. Bien des fois l'enfant ne sait pas
adapter de nom à la couleur qu'il voit. Des personnes perçoivent des nuances
que d'autres ne percevront pas. Les observations faites permettraient de dire
que le perfectionnement du sens chromatique est tout à fait féminin.
- 90 —
tries), conséquence du déséquilibre entre l'accommodation et la
convergence et de la petitesse de l'angle alpha, propre à la myopie
et à l'astigmatisme myopique composé.
Il est de toute nécessité que les ouvriers qui s'orientent vers les
professions visuelles, et pour lesquelles on exige des précautions
spéciales, soient soumis à l'examen du spécialiste '.
Pour certains travaux de précision, qu'on exécute sous une lumière insuffisante ou défavorable, le service de prévention des accidents de la A.E.G. de
Berlin a proposé un support portant un miroir concave, placé derrière l'ouvrage et disposé de façon à renvoyer sur le poste de travail les rayons provenant d'une source lumineuse ou d'une fenêtre.
Ainsi, pour les « stoppeuses », chez lesquelles on a relevé 69 % de myopes
de 0,5 à 0,9 dioptries, on a proposé un appareil binoculaire grossissant qui
supplée au manque d'éclat de l'ouvrage et, permettant le travail à une distance
convenable, évite une trop grande convergence. Cependant, il faut que les
lentilles soient bien montées et que les ouvrières fassent des exercices de
désaccommodation au moyen d'une lunette astronomique. Rappelons aussi
le rétrécissement habituel du champ visuel, plus marqué le soir, chez certaines
ouvrières de fabriques de chaussettes et de bas 2, qui présentent des troubles
très sérieux de la fonction oculaire. Il serait utile de réunir à ce sujet toute
une documentation que les méthodes modernes de recherche permettent de
rassembler avec la rigueur scientifique nécessaire.
A mesure que les œuvres sociales se développent, l'attention se
porte sur des problèmes de plus en plus particuliers, comme ceux
de la denture et de l'appareil oculaire, mais peu d'entreprises ont
pris aujourd'hui des dispositions spéciales pour surveiller la vue
de leurs employés et pour empêcher le surmenage causé par les
travaux qu'ils exécutent.
Les appareils et les installations nécessaires à ces fins sont modestes et simples et peuvent être facilement adoptés, surtout par les
usines où un service social est déjà organisé.
Le médecin de la fabrique et l'infirmière peuvent souvent dépister
les défauts visuels. Il faut remarquer que les ouvriers signalent
rarement leurs troubles oculaires au médecin de l'usine, s'il n'est
pas spécialiste. On prendra des dispositions spéciales pour faciliter
les consultations et les examens sur les lieux mêmes du travail,
selon le système déjà suivi pour l'assistance dentaire. En général,
des visites périodiques faites par un spécialiste sont suffisantes. Le
1
Pour les candidats à l'aviation on demandera une bonne vision en profondeur, binoculaire et stéréoscopique, avec visus sans correction d'au
moins 1 pour un œil et 8 /10 pour l'autre. On exigera une bonne vision pour
les couleurs et on soumettra le candidat à l'épreuve de la vision crépusculaire
(pour l'œil adapté à l'obscurité) avec l'appareil de Foerster ou de Colombo.
2
V. FRASCHETTI et 0. CALAMITA : L'organizzazione scientifica del lavoro.
Prime ricerche. Ufficio del Lavoro, Rome, 1920.
— 91 —
cabinet de consultation peut être transformé en chambre noire au
moyen de contrevents ou de stores et il est tout à fait suffisant
pour la pratique quotidienne.
Quand l'ophtalmologiste prescrit des verres, il y a intérêt à ce
qu'ils soient vendus aux ouvriers à prix coûtant.
La consultation aura lieu pendant les heures de travail, car
autrement on courrait le risque de voir négliger les troubles, à moins
qu'ils ne soient trop gênants. Les consultations seront aisément
accessibles et les ouvriers qui désirent la visite médicale prendront
rendez-vous avec le surintendant de l'usine et seront examinés
d'après l'ordre d'inscription.
Ce système assure presque toujours la disparition des maux de
tête, le dépistage des défauts sérieux, et le traitement en temps
utile, par le spécialiste, des cas graves. Dans certains cas, le changement d'occupation a donné des résultats frappants, soit pour l'ouvrier, soit pour le rendement. Il est surprenant de voir combien,
même dans une petite usine, il y a d'ouvriers qui ont besoin de
verres.
Dans le cas de petites entreprises, où les employés ne sont pas
assez nombreux pour qu'un service ophtalmologique soit profitable, on pourrait établir un centre ophtalmologique dans un endroit accessible à plusieurs d'entre elles.
Les travailleurs pourraient y subir l'examen des yeux, recevoir
les avis nécessaires et toucher des verres à des prix modérés, si
leur usage était reconnu indispensable 1 .
Le médecin spécialiste pourra aussi apporter une aide importante
en ce qui concerne l'éclairage naturel ou artificiel, surtout au moment
où l'on trace les plans de nouvelles installations.
D'autre part, il sera un conseiller très utile pour la protection
des yeux, soit contre les accidents mécaniques de l'œil, soit contre
l'action nuisible des rayons u.-v. ou infra-rouges, contre les sources
très éclatantes, etc., partout où la protection de l'organe de la
vision est indispensable.
Les lunettes.— Plusieurs fois, dans les dernières années d'avantguerre, on a mis au concours un type de lunette qui devait présenter
les caractéristiques suivantes : application facile, solidité et légèreté,
bon marché, protection des yeux contre les projections directes
1
Constance Ursula KERR. Engineering
21 juil. 1921.
and Industrial
Management.
— 92 —
et latérales, sans cependant limiter le champ visuel, ne pas chauffer
l'œil.
Plus récemment, 1' « American Engineering Standards Committee * » a essayé de résoudre le problème. Elle distingue neuf
groupes de travaux rendant nécessaire la protection des yeux:
1. Protection contre les projections de fragments plus ou moins
importants (burinage, matage, certaines opérations de rivetage).
2. Protection contre la poussière et les projections de particules
plus petites (meulage des métaux, dressage des pierres de taille,
certains travaux du bois).
3. Protection contre la poussière et le vent (chauffeurs d'autos
et de locomotives, soudeurs électriques).
4. Protection contre les projections des métaux.
5. Protection contre les gaz, les fumées et les liquides.
6. Protection contre les quantités excessives de poussières et les
projections de menues particules (nettoyage au sable).
7. Protection contre la lumière directe ou réfléchie (travail sur
la neige, les toitures, les routes).
8. Protection contre les radiations, tout en évitant une réduction
excessive de l'intensité de la source lumineuse (soudure oxyacétylénique, fabrication de l'acier au four Martin, au convertisseur, au creuset, brasage, essai des lampes).
9. Protection contre les radiations et nécessité de supprimer une
partie importante de l'énergie lumineuse (soudage et coupage par
l'arc électrique).
Parmi les mesures proposées pour la prévention des troubles
oculaires, les appareils protégeant les yeux contre la lumière sont
ceux qui nous intéressent le plus.
Quoique l'éclat d'une source ne soit pas une condition favorable
pour l'hygiène de la vision, l'éclairement est aujourd'hui presque
toujours fourni dans l'industrie par des sources à grand éclat. Les
industriels doivent donc accepter de bon gré les limitations que la
loi peut fixer à ce sujet. Mais le législateur doit à son tour limiter les dispositions au strict indispensable.
En pratique, l'industriel pose toujours aux experts le problème
de la prévention des troubles oculaires et de la fatigue dus aux
radiations très refrangibles, sous la forme suivante : Comment
peut-on arrêter les radiations ultra-violettes des sources de lumière
1
D'après le Bulletin du comité central des industriels belges, 1921.
-
93 -
artificielle ? Les barrières opposées à la pénétration de ces radiations sont, en pratique, l'emploi de verres ordinaires (d'autant
meilleurs que leur épaisseur est plus grande) et le cristallin, qui
absorbe la plus grande partie des rayons.
La protection des yeux peut être souvent assurée par des appareils adaptés aux machines ou entourant les foyers (écran devant
l'ouverture des fours, descendant à l'instant même où le four s'ouvre;
rideau employé dans les fabriques de manchons incandescents ou
dans l'industrie électrochimique ; carbure de calcium, cyanamide,
azote synthétique, etc.) ou par des écrans tenus en main par les
ouvriers eux-mêmes.
Ces appareils, à l'instar de certains types proposés contre les éclats et les
projections, peuvent s'adapter, sous forme de casques, à la tête ou même à
la figure. Le modèle adapté à la figure la couvre entièrement, commele ferait
un masque, et présente une fente munie de verres pour la vision. Un dispositif
spécial permet de changer les verres, suivant les différentes conditions de
travail:
Les appareils de protection peuvent encore s'adapter uniquement
aux yeux (lunettes) ; dans ce cas ils ne diffèrent que parla garniture
de la surface ajourée et la couleur des verres.
Les verres ont pour but la protection de l'oeil contre l'action des
radiations nuisibles, visibles ou invisibles (rayons infra-rouges et
u.-v.), sans toutefois limiter la vision distincte de l'ouvrage.
Il faut mettre en évidence le fait que la protection ne doit pas
s'exercer de la même façon pour tous les yeux, le facteur «œil» devant
primer le facteur « verre ». Il est établi que les types bon marché
ne sont pas parfaits et il serait utile de se rallier à la proposition
de la « British Acetyl and Welding Assoc. », qui voudrait prendre
l'initiative de créer un certificat de garantie pour les types de lunettes
à l'usage des soudeurs.
La couleur des verres pour les lunettes a fait l'objet d'une discussion — qui reste encore ouverte — et nous voulons examiner
ici les propriétés des différentes couleurs en partant de la critique
qu'a faite à ce sujet GARIEL en 1910.
Les numéros faibles des verres fumés modifient très peu la couleur des
objets (bleu et violet); les numéros élevés la changent légèrement, diminuent
l'acuité visuelle, mais n'arrêtent pas les rayons u.-v. Ces verres ne sont pas
indiqués pour le travail exécuté devant les foyers de chaleur intense, car,
s'échauffant trop rapidement, ils gênent l'ouvrier.
Les verres bleus changent peu la couleur des objets, sauf les numéros
élevés, et affaiblissent peu l'acuité visuelle, mais eux aussi n'arrêtent pas les
rayons u.-v.
Les verres verts n'ont pas de qualités spéciales; ils n'absorbent que très
peu ou pas du tout les rayons u.-v. (43).
- 94 —
A l'époque où régnait ce que l'on peut appeler o la mode du jaune», les
verres jaunes étaient considérés comme les plus efficaces contre les dommages
causés par les rayons chimiques. Mais il s'agissait d'un pis-aller et il fallait
trouver une substance incolore capable d'agir uniquement sur la partie u.-v.
du spectre. Ce type serait représenté par les verres composés.
Les verres composés de Monpillard, d'une teinte jaunâtre très légère par transparence et d'une fluorescence bleue par réflexion, comprennent une gélatine
esculinée entre deux lames de verre, dont les faces en contact avec la gélatine
sont planes, tandis que les faces extérieures peuvent avoir une forme quelconque, de manière à constituer des lunettes s'adaptant à toutes les vues.
Le verre ainsi constitué est à peu près incolore, absorbe les rayons u.-v. jusqu'à
une longueur d'onde de 375 microns. Un autre type est celui des verres à
gélatine picratée, qui arrêtent aussi les rayons bleus et violets. Un troisième
type est le verre jaune-rouge proposé par MOTÁIS. Mais les verres les plus
communs sont sans aucun doute ceux de FIEUZAL (1881), qui sont des verres
à l'oxyde de chrome (donc de couleur jaune), remplacé plus tard par une couleur gris-jaune (un mélange de jaune-gris et bleu de fumée). Fieuzal étudia
ce type de verres pour les personnes douées d'une vue délicate ou qui se fatiguent à la lumière réfléchie ou à celle d'une source artificielle trop éclatante.
Les verres allemands Euphos, légèrement teints en jaune, d'une transparence
vert-jaune ou jaune verdâtre, affaiblissent peu la luminosité (3 à 5 %) et l'acuité
visuelle et ne modifient pas notablement les couleurs. Avec ce type on pourrait
supprimer les rayons inférieurs à 0,4 microns sans augmenter, ou très peu,
l'absorption de lumière commune à tous les verres. La mode exigeait en ce
temps-là des verres jaunes plus ou moins verts, mais les avis sont partagés
en ce qui concerne leur supériorité. On recommande aussi comme type presque
idéal le verre Sandoskop, qui a une épaisseur de 3 mm. et absorbe les rayons
u.-v. jusqu'à 360 microns de longueur d'onde.
La discussion est encore ouverte aujourd'hui au sujet de la couleur la plus utile pour la protection des yeux des ouvriers exposés
à l'action de l'arc électrique (soudeurs ou ouvriers occupés au réglage
des lampes, à l'examen des crayons de charbon, à l'essai des charbons à mèches minéralisées, charbon à flamme).
M l l e CERNOVODEANU et V. HENRI, en 1910, pour éliminer successivement
les différentes régions du spectre u.-v., ont employé les écrans suivants: écran
en viscose, qui arrête tous les rayons au-dessous de À = 2.534; écran en acétate
de cellulose À= 2.699; écran en mica de 0,5 mm. À = 2.804 ; écran en verre
blanc de 1 mm. X = 3.022; écran en verre « euphos » de 1 mm. >- = 3.908.
DENTI, de Milan (1918), proposa des verres rouge foncé ou des verres rouge
foncé juxtaposés aux verres jaunes de FIEUZAL. COBLENTZ (1919), du Bureau.
of Standards (Etats-Unis), conseilla les verres vert-jaune, soit pour le travail
à la flamme oxy-acétylène ou électrique, soit pour la fusion du quartz. Il estime
qu'on peut assurer une protection relativement suffisante avec des verres
communs «flint». LANDOLT était d'avis que, pour protéger l'œil contre une
intensité excessive, des verres plus ou moins noirs suffisent, c'est-à-dire des
verres absorbant, dans la même proportion, tous les rayons du spectre solaire.
Ces verres seraient mêmes supérieurs aux verres de n'importe quelle autre
couleur. D'après E. SARIAUX, l'emploi de verres d'uranium, rouge du côté de
l'arc et vert du côté de l'œil, constituerait un bon moyen de prophylaxie.
MAKLAKOFF avait relevé que trois paires de couleurs, dont le mélange, paire
par paire, donne le gris, peuvent être prises en considération. La paire " blanc
et noir » ne réussit pas; la paire « bleu et jaune » ne donne pes plus de résul-
— 95 —
tats; seule la paire « vert et rouge » peut être proposée. Mais cette dernière
demande encore la stérilisation des rayons chimiques, en plaçant un verre
jaune devant les lunettes à verres gris au moment où l'on met en jeu l'arc
électrique. WILSON, de l'Am. Eng. Standards Comm., dont nous avons parlé
plus haut, est en train d'étudier des verres capables de soustraire l'ouvrier
à l'influence des radiations nuisibles. Mais bien qu'il espère aboutir rapidement à une solution, il ne considère pas encore le problème comme résolu.
En conclusion, tous les verres verts, roses, jaunes, ambrés,
jaune verdâtre ou fumés sont aptes à protéger contre les rayons
u.-v. les yeux des ouvriers qui travaillent par exemple à la soudure
oxy-acétylène. Le verre jaune ou jaune-vert a un pouvoir absorbant
maximum contre les rayons u.-v. et le verre rouge contre les radiations infra-rouges. Le verre vert aurait un pouvoir absorbant total
pour les rayons u.-v. et presque complet (95 %) pour les radiations
infra-rouges.
La propagande pour un bon éclairage et pour une bonne hygiène
de la vision doit s'adresser aux directeurs des usines et aux travailleurs. Depuis quelques années, elle s'est intensifiée de plus
en plus et il suffît de citer ici comme exemple le titre de quelques
brochures qui ont été publiées à ce sujet:
1. tShop Lighting. A Handbook for Superintendents and Electricians. Industrial Commission of Wisconsin, 1914.
Cette brochure, riche en figures, présente en cinquante pages les divers
types de lampes et de réflecteurs, l'intensité la plus utile pour les sections d'une
usine, les règles fondament?les d'une bonne installation, les mesures proposées
par les commissions pour l'éclairage, etc.
2. L'éclairage des locaux de travail. Paris, 1919.
Cette monographie, très succincte (8 p.), éditée en 1919 par le Service de la
main-d'œuvre de l'Onice de reconstruction industrielle des départements
victimes de l'invasion (ministère de Reconstruction industrielle de France),
envisage surtout les points relatifs au pouvoir diffusant, à la lumière artificielle,
aux types de réflecteurs et à la nuance de la lumière.
3. Good Lighting as an Aid to Safety, forme le premier bulletin (décembre 1919) de la «British Industrial Safety First Association» ; il a
été rédigé par L. GASTE R.
Cette brochure technique, avec de nombreuses figures, examine en seize pages
les avantages d'un bon éclairage et les dommages-accidents causés par un
éclairage insuffisant ou mal installé. L'auteur met en relief l'augmentation
de rendement qu'un bon éclairage favorise et. analyse ensuite les différents
types de lampes et de réflecteurs.
4. Industrial Lighting Code for Factories, Mills, Offices and other Work Plants.
Industrial Commission of Wisconsin. (44 pp. et 25 flg. 1920, 2nd Revised Edition.)
La présentation de la loi sur l'éclairage est suivie d'une note rédigée par
un expert et qui donne des détails pratiques visant les meilleurs moyens
d'application des mesures prévues par la loi.
- 96 5. Lighting in Factories and Workshops (Welfare Pamphlet No. 7. Issued
by the Home Office, London 1921), 2nd Ed. 1923.
On y résume en quatorze pages les règles fondamentales de l'éclairage, les
caractéristiques d'une bonne source lumineuse, les causes et les dommages d'un
éclairement insuffisant, les caractéristiques d'un bon éclairage le plus adapté
à un travail donné, etc. Les annexes présentent des informations sur la mesure
de l'éclairement et quatre figures relatives à un bon et à un mauvais système
d'éclairage.
6. Nous renvoyons aussi à la longue série des brochures de 1'« American
Medical Association Committee on Preservation of Visions», Conservation of
Vision Series.
Nous donnons en annexe (44), à titre d'exemple de propagande, deux types
d'avis relatifs à l'éclairage et à l'hygiène de la vision, publiés l'un par
P«Illuminating Engineering Soc.» de Londres et l'autre par le «Musée industriel» de Munich.
— 9? —
VII
LA RÉGLEMENTATION DE L'ÉCLAIRAGE INDUSTRIEL
Pour mener à bien l'oeuvre de réglementation de l'éclairage
industriel il faut la coopération de tous: autorités, patrons et
ouvriers, techniciens et médecins.
Les autorités (gouvernements, municipalités, etc.) doivent assurer leur collaboration soit par la rédaction d'un règlement général
ou spécial qui tiendra compte des recommandations des techniciens,
soit par l'organisation d'une inspection technique dans les fabriques
et les ateliers, et d'une surveillance sanitaire qui devra commencer
dès l'école primaire et aura notamment pour but de prévenir un
choix erroné de la profession. Le médecin trouvera un aide précieux dans le maître d'école, qui pourra soumettre les élèves aux
tests ophtalmiques, mais qui laissera au premier le contrôle et
l'examen complet des élèves.
La question de la réglementation est plus complexe. Le législateur
n'avait envisagé d'abord — et même pas partout — que l'éclairage
des écoles. Pour les fabriques et les ateliers la loi s'est bornée longtemps à la formule: éclairage suffisant, qui est devenue ensuite,
dans les règlements de certains pays, éclairage suffisant et convenable; ailleurs cette formule a été complétée par une troisième caractéristique: constant. Plus tard on crut utile de compléter cet énoncé par des phrases telles que : « pour permettre le
travail », « d'après la nature du travail ». Le législateur s'est toujours
occupé plutôt de la sécurité des ouvriers que de leur santé et à
cet effet il édicta des mesures, quelquefois même détaillées, pour la
prévention des accidents et des incendies dans les industries présentant un danger d'explosion. On trouve alors des formules telles
que « L'éclairage sera suffisant pour distinguer les machines et les
appareils dangereux», «
pour assurer une vision distincte des
parties mobiles », etc. Plus récemment, le législateur, préoccupé
aussi des dangers qui peuvent menacer l'organe de la vision des
ouvriers, compléta l'énoncé de la loi du travail et exigea des mesures
— 98 capables « d'empêcher Vaction directe du soleil sur les postes de travail »
ou de défendre l'ouvrier contre l'influence de la lumière artificielle,
ainsi que d'assurer une bonne distribution de la lumière.
La quantité minimum de lumière pour chaque poste de travail
n'est que très rarement précisée par le législateur (Nouvelle-Galles
du Sud, Pays-Bas), sauf dans certains Etats de la Confédération
américaine (v. tabi, xxi), dont les codes pour l'éclairage industriel
sont très détaillés (45).
Le mouvement en faveur d'une réglementation pçur un éclairage rationnel a abouti en France, en Belgique, en Angleterre, etc.1,
à la création de commissions d'enquête spéciales.
La commission anglaise créée par le ministère de l'Intérieur en
janvier 1913 présenta en mai 1915 son premier rapport, qui se
termine par les recommandations suivantes:
Utilité de réglementer l'éclairage industriel de façon que toutes les parties
d'une fabrique ou d'un atelier jouissent d'un éclairement suffisant et convenable. Le ministère aura le droit d'arrêter des ordonnances qui fixeront l'éclairement suffisant et convenable pour les fabriques et les ateliers ou pour leurs
sections ou pour les travaux qu'on y exécute. Il est utile de préciser ce qu'on
doit entendre par le terme «suffisant». L'éclairement est suffisant et convenable quand il suffit pour une exécution adéquate du travail au point de vue
de la qualité et de la production et quand il n'est pas une source de danger
pour la sécurité, le bien-être et la santé des ouvriers.
Pour satisfaire à ces exigences, l'éclairement doit être encore suffisant,
constant et uniforme (dans les limites raisonnables) sur le poste de travail;
la source sera placée ou protégée de façon que les rayons n'arrivent pas directement aux yeux de la personne occupée au travail ou qui regarde horizontalement à travers le local; enfin la source ne doit pas produire sur le travail des
ombres qui seraient nuisibles.
Sur le poste de travail l'éclairement, mesuré sur un plan horizontal au niveau
du plancher, ne sera pas inférieur à 2,5 lux environ, sans préjudice de l'éclairement exigé par le travail. (Pour les éclairements d'autres postes de travail,
v. p. 51.)
On doit prendre en considération les industries et les fabriques auxquelles
les valeurs en question ne peuvent pas être appliquées.
Les carreaux des fenêtres et les lampes doivent être bien entretenus par un
nettoyage périodique.
La commission, qui s'est réunie une seconde fois, après la guerre,
a publié un deuxième rapport, d'après lequel elle estime qu'il
serait nécessaire en pratique de définir le terme adequate employé
dans les suggestions pour les ordonnances législatives. La commission est d'avis que ce terme pourrait être défini en fixant un
1
Le ministère de l'Intérieur, en France, avait aussi nommé une commission
pour l'éclairage et l'Académie royale de médecine de Belgique avait demandé
au gouvernement, en 1911, la création d'une commission analogue.
y
— 99
-
éclat maximum d'un certain nombre de lux par cm 2 . Toutefois
cette méthode exige des calculs compliqués, et la commission
voudrait se limiter à demander en pratique que les filaments, les
manchons ou les flammes de la source, ne soient pas perceptibles à travers le réflecteur. Pour formuler les règles fondamentales à inclure dans la rédaction d'une ordonnance sur la question
de l'éclat, la commission a pris en considération la distance depuis
la source jusqu'aux yeux et l'angle sous lequel la lumière provenant d'une source sans réflecteur, ou avec réflecteur inadéquat,
peut entrer dans les yeux sans produire un éclat nuisible. Si la
source sans réflecteur est placée à une certaine distance (en pratique une distance de 30 mètres environ), sa grandeur apparente
et le total de lumière qui entre dans les yeux seront, en effet, si
petits que l'éclat qui en résulte aura moins d'importance.
La commission propose la formule suivante:
Chaque source de lumière (excepté les sources à faible éclat, c'est-à-dire
avec une brillance non supérieure à 5 bougies par 61/2cm2), placée à une distance de 30 mètres environ de la personne occupée à un travail, doit être
protégée de façon qu'aucune partie du filament, du manchon ou de la flamme
ne soit perceptible à travers le réflecteur, à moins qu'il ne soit placé de manière
à ce que l'angle compris entre la ligne allant des yeux à la partie non protégée
de la source et un plan horizontal ne soit pas inférieur à 20°, ou — dans le
cas d'une personne travaillant à une distance de la source de 2 mètres environ
ou moins — à 30°.
La commission propose aussi que « des mesures adéquates soient
prises, soit en plaçant les sources lumineuses d'une façon opportune,
soit en les protégeant, soit, enfin, par d'autres moyens, de manière
à prévenir la réflexion des rayons lumineux d'une surface luisante
ou polie aux yeux du travailleur ».
Elle préconise en outre que des « mesures adéquates soient
adoptées pour prévenir la formation d'ombres qui diminuent la
sécurité ou le rendement des personnes occupées ».
Elle recommande enfin « qu'aucune source vacillante et présentant des changements d'intensité tels qu'ils puissent limiter
la sécurité ou le rendement des personnes occupées • ne soit
employée dans l'éclairage industriel. Pour les installations existantes elle propose de donner un délai raisonnable pour exécuter
les modifications jugées indispensables. »
Le troisième rapport, après avoir rappelé les suggestions présentées dans les rapports précédents, traite des questions de l'éclairage mixte, des contrastes, de l'influence du facteur éclairage sur
les accidents, etc.
— 100 —
TABLEAU XXI.
VALEURS DES ECLAIREMENTS ( e n l u x ) D'API
Pennsylvania Code
1918
New Jersey Code
1918
Oregon
Code
1919
Travaux
Minim.
1. Eclairage général .
Optimum.
—
Minim.
Optimum
—
5,38
Massich. Wiscons
Code
Code
1921
1930
Minim
—
—
2. Cours, routes, chantiers
0,215 0,538 -- 2,69
0,215
0,538—
2,69 02,15 0,215 0,21
3. Escaliers, etc. . . .
2,69 —
5,38 26,9
4. Fonderies
2,69
2,69 -- 5,38
2,69
13,45
13,45- - 26,9
13,45
13,45 — 26,9
2,69
—
5. Magasins (escaliers,
passerelles, halls,
entrée et sortie des
monte-charges) . . 2,69
2,69
2,69
—
—
—
2,69
5,38
2,69
6. Travaux communs
(qui ne demandent
pas la vision des dé13,45
13,45 -- 25,6
7. Travaux communs
(qui demandent la
vision des détails). 21,52
8. Travaux fins . . . 32,28
37,6
13,45
13,45 — 26,9 21,52 10,76 13,45
21,52
—
21,52 21,52 21,52
-- 64,5 32,28
37,6 —
64,5 32,28 32,28 32,28
53,80
9. Travaux extra-fins
(dessin,
gravure,
horlogerie) . . . . 53,8
107,6 —- 161,4 53,8
107,6 — 161,4 53,8
53,80 53,80
75,32
10.
Bureaux (travaux
de comptabilité et
de dactylographie) 32,28
11. Toilette, lavabos. .
—
32,28
—
32,28 32,28 32,28
—
10,76
5,38
5,38
L'éclairement est calculé, dans le tableau, au niveau du sol pour Ie¡
nos 2, 3 et 11, et au niveau du plan de travail pour les autres. Etant donné li
— 101 —
3 DIFFÉRENTS
CODES
ET
ViscODsin Code
1920
Optimum
California
Ohio
1919
1919
—
2,44
0,538—
7,97
2,69
—21,52
LES
DIFFÉRENTS
SPÉCIALISTES.
NewYork
1919
ClewelU G. F. C's III. Eng. U. S. A. State Ind.
Soc.
Fact.
Hbk.
Comm. 1918-1919
U.S.A.
Liíh.
Ligh
Valeurs proposées
1921
191» 1 1913
Minim.
ou à souhaiter
2,44
10,00
—
—
—
0,86
—
0,215
0,215
0,215
—
—
0,215
0,215 — 2,69
0,538
1,00
2,69
2,69
2,69
5,38
5,38
2,696
5,38
1,076
5,00
4,304
—
—
—
—
10,00
5,38
—10,76
Kommission
f. prati
Beleuchl.
1920
Deutsch.
Hefner lux
1
2,69
—
0,53 — 10,76
—
5,38
British
Committee
1915
—
2,69
—
32,28
5,38
21,52
—
5,38
2,69
5 , 3 8 — 10,76
21,52
— 4 3 , 0 4 10,75
10,75
10,75
32,28
21,52
10,76
5,38
10,76 — 21,52
32,28 — 64,56 21,52
21,52
21,52
43,04 — 86,0 32,28
32,28
32,28
53,80
53,80
21,52
10,76
32,28
21,52 — 23,04
32,28
10,00
—
25,00
—
50,00
—
43,04 — 86,08
07,60 — 1 6 1 , 5
53,80
53,80
53,80
—
—
53,80
53,80
75,32 — 161,40
43,04 — 86,0
14,14
—32,28
32,28
32,28
32,28
—
—
32,28
32,28
—
2,69
5,38
—
—
—
5,38
5,38
—•
5,38
rte de puissance, facile à prévoir, des installations, la valeur initiale sera
ujours d'au moins 25 % plus forte que celle qu'on exige.
— 102 —
La commission reconnaît qu'il y a encore beaucoup à faire avant
que la réglementation de l'éclairage industriel ne puisse être établie
sur la base d'un éclairement minimum légal.
Elle estime que cette réglementation doit être précédée d'une
longue série de relevés effectués dans les locaux où l'on exécute les
travaux les plus divers et de nombreuses recherches expérimentales
sur les conditions d'éclairement adéquat au point de vue physiologique et psychologique.
HALBERTSMA (1917) a aussi rédigé des suggestions pratiques qu'il estimait
utile de propager sous forme de tracts dans les milieux intéressés. Après avoir
rappelé que l'éclairage artificiel ne peut pas remplacer complètement l'éclairage diurne, il met en relief qu'un bon résultat peut être atteint en suivant
certaines règles. Il ne faut pas oublier qu'un éclairage bien installé augmente
la production, améliore l'aptitude au travail des ouvriers, facilite l'emploi
des machines et des appareils, empêche ou limite la fatigue, protège la vue
des ouvriers, prévient les accidents, etc.
Les sources lumineuses de grande brillance ne doivent être employées
qu'avec des globes. Toutefois, les verres mats n'ont pas tous la même action:
en effet, plusieurs verres laissent voir par transparence la source lumineuse.
L'opinion que l'emplacement très élevé des sources améliore et augmente
l'intensité lumineuse n'est pas toujours vraie. Cependant, un éclairage général
avec installation de lampes placées très haut dans la pièce et pourvues de bons
réflecteurs donne une lumière uniforme et très peu aveuglante pour les travailleurs.
Les parois et les plafonds de teintes claires représentent un facteur d'amélioration pour les conditions d'éclairage, car les contrastes sont atténués et
les ombres gênantes supprimées.
On ne doit pas employer de sources nues pour l'éclairage local, parce qa'elles
donneraient trop de lumière aveuglante dans les yeux et très peu sur le travail.
Les réflecteurs ont dans l'éclairage local deux tâches à remplir: cacher la
source lumineuse aux yeux et envoyer la lumière en bas sur le poste de travail.
Ce résultat est atteint avec des réflecteurs profonds, qui cachent complètement
la source. Le travailleur placera la source de façon à ne pas la voir directement.
Les globes, les réflecteurs sales, poussiéreux, les lampes à incandescence
noircies absorbent une partie importante de la lumière. Comme toute machine
ou pièce de travail, les installations d'éclairage exigent un bon entretien.
En 1915, 1'« American Illuni. Engin. Soc. » publia un code pour
l'éclairage industriel 1 qui servit de modèle pour les codes de l'éclairage édictés dans plusieurs Etats de la Confédération.
Les bases de cette réglementation sont les suivantes:
Les lampes doivent être montées avec des réflecteurs ou des abat-jour
capables de réduire l'éclat et d'économiser la lumière. Les lampes nues ne peuvent être employées que rarement, et, en tout cas, en dehors de la ligne de vision.
En général on placera les lampes en haut et en dehors de la ligne ordinaire
de vision.
Quoique les types de réflecteurs et d'abat-jour, etc., soient nombreux sur le
1
Transactions of Ilium. Engin. S o c , New York, 1915, N° 8.
— 103 —
marché, il est recommandé de choisir ces dispositifs en tenant compte de
la position de la source et du type de réflecteur, afin d'éliminer l'éclat de la
source et de diriger effectivement les rayons lumineux sur le travail, c'est-à dire
d'obtenir une distribution de la lumière correspondant à la règle voulue.
La lumière tombant verticalement n'est pas le seul facteur important de
l'éclairement. Les parties des machines, des instruments et du travail, aussi
bien que les surfaces horizontales, demandent souvent une bonne lumière.
La campagne de l'Illuni. Engin. Soc. en Amérique a donc
apporté une excellente contribution à la législation sur l'hygiène
du travail. Le tableau xxii donne les valeurs d'éclairement
exigées par les codes américains en vigueur ou proposés par les
experts.
L'Association a revisé son code et vient d'en présenter une
édition 1 qui cristallise l'expérience américaine en la matière. Le
code ne contient que trois dispositions concernant l'éclairement,
la prévention de l'éclat et l'éclairage de sûreté et des issues. Selon
les exigences du travail (vision des détails) on propose les valeurs
de 1, 2, 3 et 5 bougies-pieds (environ 10, 20, 30 et 50 lux), qui sont
définies comme «valeurs minima » pour l'éclairement des postes de
travail, et qu'il y aura avantage à dépasser dans la pratique.
La seconde partie du code présente des suggestions d'ordre
général ainsi qu'une série de valeurs d'éclairement relevées dans
la pratique industrielle: ces valeurs sont bien supérieures au minimum proposé et peuvent être classées entre 10 et"20 bougies-pieds
(100-200 lux env.). Cette partie contient également l'indication des
principes scientifiques à adopter pour le choix des sources lumineuses au point de vue de leur intensité et de leur brillance et
pour leur emplacement.
Dans la partie n i du code sont exposes les avantages, pour
la pratique industrielle, d'un bon éclairage, en vue de convaincre
les employeurs et les travailleurs de l'utilité des recommandations
proposées.
Les codes en vigueur dans les Etats américains exigent la protection de la
source lumineuse et une bonne distribution de lumière sur le poste de travail,
empêchant la production d'ombres gênantes et de brusques contrastes.
Dans l'Etat de Wisconsin on a édicté trois ordonnances sur l'éclairage
industriel: Order 2113 pour la protection des lampes suspendues; Order 2114
pour la protection des lampes portatives, et Order 2115 pour la distribution
de la lumière sur le poste de travail.
1
Trans. Ilium. Eng. Soc. U. S. A., Nov. 1921. Code of Lighting-Factories,
Mills and other Workplaces. American Standards approved Dec. 31, 1921 by
Am. Engin. Standards Comm. 36 pp. (Publié par l'Ili. Eng. Soc, 29 West
39th Street, New York City, 1922).
-
104
-
En octobre 1920 un comité créé par la Société technique pour
l'éclairage d'Allemagne (Kommission für praktische
Beleuchtung)
a rédigé les suggestions suivantes pour un bon éclairage artificiel:
L'éclairage général ne devrait être ni complètement diffus (sans ombres),
ni capable de provoquer des ombres gênantes sur le plancher, les parois ou
les objets placés dans les pièces.
Il ne devrait pas y avoir de variations considérables dans l'éclairement
du poste de travail, ni dans l'éclat des sources lumineuses.
Il serait préférable d'éviter des variations brusques dans l'éclairement de
différentes pièces.
Les lampes individuelles servant à l'éclairage localisé doivent être protégées
si leur éclat dépasse 0,5 LH par cm2.
Pour l'éclairage général il faut se servir de sources lumineuses à grand éclat,
qui ne doit pas toutefois dépasser 5 LH par cm'2., si les sources sont placées
de telle sorte que l'angle entre la ligne allant de la source à l'œil et le plancher
horizontal est inférieur à 30°. Dans les autres cas, ces sources doivent aussi
être protégées ou enfermées dans des globes qui diffusent la lumière.
Il est donc utile que les fonctionnaires de l'inspection du travail
puissent être au courant du développement scientifique de la question qui nous intéresse. En Amérique, dans les Etats qui ont édicté
une réglementation sur l'éclairage industriel, on a si bien compris
l'importance de l'aide des inspecteurs du travail qu'on leur a fait
suivre des cours spéciaux, soit d'instruction, soit do perfectionnement dans la technique de l'éclairage 1 . En Europe, depuis quelques
années, et surtout en Angleterre, les inspecteurs du travail s'occupent de la question. Les fonctionnaires de l'Etat de Baden ont
recueilli récemment des données très intéressantes au sujet de
l'éclairage industriel 2 .
Nous avons exposé les arguments qui militent en faveur d'une
collaboration cordiale des industriels sur le champ du travail, les
avantages d'une installation rationnelle confiée à des techniciens,
l'utilité de suivre de près le progrès de la technique et de soigner
le facteur humain autant que le facteur machine dans les professions visuelles. Il est absolument nécessaire de ne pas trop prolonger dans certaines occupations les heures de travail et même
— quand il s'agit de travaux très fins et délicats ou de certaines
conditions d'éclairage — de suspendre de temps en temps le travail
pendant une à deux minutes pour permettre le relâchement de
1
Le premier essai eut lieu en 1918 dans l'Etat de Massachusetts; le programme comprenait des exercices pratiques et des conférences, parmi lesquelles
nous rappelons ici: les principes de l'éclairage artificiel, l'hygiène de l'éclairage,
la Photometrie, l'éclairage dans les filatures, les ateliers de mécanique, etc.
2
V. Rapport de l'inspection du travail de l'Etat de Bade; Service
médical, 1921.
— 105 —
l'accommodation, ce qui ménage l'organe de la vision et évite les
accidents. Il est essentiel d'autre part de distribuer des lunettes
spéciales aux ouvriers qui présentent une sensibilité exagérée à la
lumière artificielle (aux rayons ultra-violets).
L'ouvrier pourra apporter sa collaboration en exigeant l'application des suggestions des techniciens et des mesures adoptées
par le législateur, en se prêtant aux examens de contrôle, en appliquant avec bonne volonté les mesures édictées et en faisant de la
propagande en ce sens parmi ses camarades. Il est de toute première
importance qu'il présente ses enfants à la visite de l'ophtalmologiste, même s'ils sont encore à l'école (lorsqu'il n'y a pas de service
médical scolaire) et surtout avant de les orienter vers une profession
qui demande un effort spécial de la vision.
Il serait enfin urgent que dans les divers pays les personnes les
mieux qualifiées s'accordassent sur les différentes questions de
l'éclairement et réunissent leurs connaissances pour arriver à une
entente internationale sur les principes fondamentaux qu'on
devrait appliquer. Cette entente est d'autant plus nécessaire que, si
l'on veut disposer de données statistiques sur l'éclairement en rapport avec la santé, la sécurité des ouvriers et la production industrielle, il est indispensable que ces données soient relevées par un
système uniforme, au moyen d'appareils dont les résultats ne dépendent pas d'impressions subjectives, et qu'elles soient toujours
et partout rapportées à des unités communes exprimées par
des symboles communs.
-
106 -
CONCLUSIONS
De l'exposé qui précède nous pouvons dégager, en résumé, les
constatations et conclusions suivantes : '
I o L'importance capitale d'un bon système d'éclairage industriel,
comme facteur de santé et de sécurité de l'ouvrier et de rendement
du travail, est universellement reconnue.
2° Il est indispensable que dans les nouvelles constructions les
salles de travail jouissent d'un bon éclairage naturel, complété
par une installation rationnelle d'éclairage artificiel (emplacement
des sources, intensité, protection contre l'éclat de chaque source,
etc.).
3° Dans l'éclairage artificiel le choix du système à adopter, l'emplacement et l'intensité des sources, etc., sont des facteurs importants, étroitement liés au facteur ouvrage, surtout en ce qui
concerne la couleur, la petitesse, l'éclat, etc., de l'ouvrage lui-même.
4° Il est admis que tout progrès dans ce domeine sera d'autant plus
remarquable que l'étude en sera poursuivie d'une manière plus
internationale. Les discussions, les échanges de vue, de documents,
etc., entre experts des différents pays ne peuvent qu'assurer des
résultats de plus en plus heureux et il est à souhaiter que cette
collaboration puisse aboutir à un projet de Code international
d'éclairage industriel.
5° Toutefois, à l'heure actuelle, les principes fondamentaux
d'un bon système d'éclairage sont déjà acquis et les codes en
vigueur ont posé nettement les trois exigences suivantes:
Eclairement suffisant;
Suppression de l'éclat de la source;
Suppression des ombres gênantes sur l'ouvrage.
6° En ce qui concerne la quantité légale minimum qu'on devrait
adopter pour l'éclairement du poste de travail, il faut reconnaître
que les recherches entreprises jusqu'à présent dans ce domaine
ne permettent pas encore de conclusion définitive. Ces recherches
— 107 —
doivent être continuées avec la collaboration des techniciens de
chaque industrie, afin que les valeurs d'éclairement proposées
soient le fruit d'un travail commun des experts de la pratique
industrielle et de ceux de la technique de l'éclairage. Elles doivent
être faites en même temps dans différents pays, avec échange de
résultats, ainsi que l'a proposé le Congrès technique international
de l'éclairage (Paris, 1921).
7° Dans ces enquêtes préliminaires et documentaires, on ne
doit jamais oublier le facteur œil, car ici encore il faut éviter
toute exagération ou rigidité des formules législatives. Ce facteur a même une importance primordiale quand il s'agit d'admettre
des candidats aux travaux visuels. Toute valeur d'éclairement
dépend essentiellement de l'impression reçue par les yeux. Or, les
personnes ayant une vision défectueuse exigent un éclairement
supérieur à celui que demande une personne à vision normale.
8° Il est indispensable d'organiser une bonne éducation des milieux
intéressés au problème de l'éclairage (techniciens, médecins, patrons,
ouvriers). Dans ce but il est utile de publier — et même, suivant
la méthode anglaise et américaine, d'annexer au règlement — des
renseignements très simples sur les raisons qui exigent un bon
système d'éclairage industriel et sur les modes d'installation
pratique les plus adéquats. Leur collaboration intime et efficace
sera facilement obttnue si l'on parvient à convaincre patrons et
ouvriers des avantages pratiques que les uns et les autres peuvent
tirer d'un bon éclairement.
Parmi les moyens de vulgarisation des principes de l'éclairage industriel il faut rappeler ici l'organisation de cours spéciaux et de démonstrations pratiques dans les écoles techniques,
cours qui pourraient être suivis par les techniciens, les inspecteurs
du travail, les chefs d'équipe, les médecins hygiénistes, etc.
9° Une question vitale est aussi celle des méthodes des relevés photométriques, qui doivent être faits soigneusement et suivant une
méthode précise. La nécessité d'assurer, dans la limite du possible,
une standardisation de ces méthodes est de toute évidence.
Les appareils photométriques très simples adoptés parles experts
américains et anglais ont donné en pratique des résultats très
utiles. Toutefois, une simplification de ces appareils, qui nous
paraît encore possible, permettra d'en généraliser l'emploi et d'assurer une documentation plus riche et mieux comparable.
Un autre problème important est la recherche d'un test simple et
pratique pour l'éclat. Il faut ici encore aboutir à des règles précises
-
108 -
afin d'éliminer les conséquences fâcheuses de ce facteur de
l'éclairage.
10° La fatigue oculaire doit fairel'objet d'un effort prophylactique
efficace dès l'âge scolaire, quand la menace de la myopie est la plus
grave. Un examen minutieux de l'individu, la prescription de lunettes,
le choix de verres et la recherche des couleurs les plus utiles pour
sauvegarder l'œil et la vision dans certains travaux qui exposent
à de forts éclats et à l'action des rayons chimiques, sont les moyens
prophylactiques dont on ne peut se passer dans la lutte quotidienne
contre les facteurs dommageables de l'organe de la vision.
— 109 —
BIBLIOGRAPHIE
1
Questions générales.
A. Rayonnement.
Principes scientifiques de Véclairage
Paris, 1921.
BLOCK, A. Elementary Principles of Illumination
and Artificial
Lighting. London, 1914.
BLOCH, L. Lichttechnik. München, 1921.
CoLviLLE, J. R. «The main Principles in Ind. Lighting.» — The
Ilium. Engin, Sept. 1922, p. 258. London.
GASTE R, L. and Dow. Modern Illuminants
and
Illuminating
Engineering. London, 1915.
GASTER, L. Summary
of Developments in Industrial
Lighting.
Intern. Ilium. Commission, Paris, July 1921.
GRIMM. «Zur Hygiene der künstlichen Beleuchtung.» — Wasser
u. Gas, Bd X I I , H. 24, 1922, p. 613.
STOCKHAUSEN, K. V. Beleuchtung im «Grundriss der Hygiene».
Herausgegeb. v. Prof. H. SELTER, Dresden, 1920.
TROTTER, A. P . Elements of Illuminating Engineering. London, 1921.
Id. — Illumination, its Distribution and Measurement. London,
1911.
VORCH, N. 0 . «Solving Lighting Difficulties». Factory' V"ol. XXVI,
No. 3, 1921.
BLAPTC,
Sources lumineuses.
GASTER
L. «Developments in Artificial Day Light.»
Nov. 1921. London.
LUCKIESCH, M. Artificial Light.
Its Influence upon
London, 1921.
STOCKHAUSEN. K. V. «Blendung. Ihre Ursache u.
Ztsch. f. Beleuchtungs«'., Bd. XVI, H. 3-7, 1910.
The
Ilium.
Engin.
Civilisation.
Wirkung».
1
Pour les détails concernant les publications récentes sur l'éclairage industriel, voir « Bibliographie d'hygiène industrielle », dans la Revue internationale du Travail (1921), et le périodique de même titre qui paraît depuis
le mois de mars 1923.
— 110 —
Photometrie.
A. Grandeurs photométriques et étalons. Intern. Ilium.
Comm., Paris, juillet 1921.
Id. — Nomenclature et étalons. Comm. Ilium. Engin. Soc. (U.S.).
Intern. Ilium. Comm., Paris, July 1921.
COACCI, A. Trattato di Fotometria. Milan, Hoepli, 1921.
CRITTENDEN, E. C Heterochromatic Photometry. •— Intern. Ilium.
Comm., Paris, July 1921.
Dow, J. S. « Some Future Possibilities in the Design of Instruments for Measuring Illumination.» — The Ilium.
Engin.,
p. 81, 1916, London.
FABRY, Ch. Problems in Heterochromatic Photometry. Intern. Ilium.
Comm., Paris, July 1921.
HOLTZMANN. «Beleuchtungsmessungen in Gewerbebetrieben.» —
Ztrbl. f. Gew. Hyg., April 1922, p. 107.
BLONDEL,
IVES
H. E. and LUCKIESCH,
M. «Measurements of
Intrinsic
Brightness by a New Method.» — Electr. World, 1911, p. 438.
Id. Id. — « A Photographic Method for Recording C. P. Distribution Curves.»— Electr. World, 1912, p. 153.
IVES, H. E. « Studies in the Photometry of Lights of Different
Colors.» — Philos. Magazine (U. S.), Vol. XXIV, 1912.
Id. — «Color Measurements of Illuminants. A résumé». —
Transac. Ilium. Engin. Soc, U. S., 1910, p. 189.
Id. — « A Visual Acuity Test Object, » Electr. World., 1910, p. 939.
NORMAN, F. C. « Five Tests for Good Lighting. » Factory, Vol. XXVI,
No. 3, 1921.
TROTTER, A. P. « Photometric Apparatus for Measuring the Illuminating Value of Fluctuating Sources of High Cp.» — The
Ilium. Engin., 1918, p. 253, London.
Id. —• «The Nomenclature and Definition of Photometric Magnitudes and Units.» — Ibid., 1914, July.
TAYLOR, A. H. «Measurement of Diffuse Reflection Factors and
a New Absolute Reflectometer.» — Ibid., 1920, p. 265,
London.
UPPENBORN-MONASCH. Lehrbuch d. Photometrie. München, 1912.
«Some Future Possibilities in the Design of Instruments for Measuring Illumination.» — Ibid., March 1916, London.
— Ill —
Eclairage industriel.
C. E. Factory Lighting. London and New York, 1913.
Dow, J. S. «Some Principles in Industrial Lighting.» — The Ilium.
Engin., 1916, p. 42, London.
DUROAN, W. A. «Productive Intensities of Illumination.» — Trans.
Ilium. Engin.. Soc, U. S. A.,20 nov. 1918.
DURGIN, W. M. and JACKTON, J. B. «Semi-direct Office Lighting
in the Edison Building of Chicago.» •— Trans. Ilium. Engin.
Soc. U. S., Cleveland, Ohio, 1920.
EASTMAN, R. 0 . «A Survey of Industrial Lighting in Fifteen
States.» — Ibid., 10 Feb. 1920.
ELLIOTT, E. H., «Ind. Lighting in Theory and Practice». — Eleclr.
Rev., 1 Oct. 1922.
GARIEL, C. M. L'éclairage des fabriques et des ateliers. Intern. Ilium.
Comm., Paris, juill. 1921.
GASTER, L. and J. S. Dow. Electric Lighting
and Workshops.
London, 1921.
GASTER, L. «Some Notes on the Report of the Departmental
Committee on Lighting in Factories and Workshops».— The
Ilium. Engin., Dec. 1915, London.
— The Economic and Hygienic Value of Good Illumination.
Lecture delivered before the R. Soc. of Arts, London, 5 Feb.
1913.
— Industrial Lighting in Relation to Efficiency. Ibid., 24 March,
1920.
— «Industrial Lighting; Ideal Requirements (Legislative and
otherwise) and Practical Solutions». — The Ilium.
Engin.,
March 1922, London.
— The Hygienic Aspect of Illumination. Paper read at the
Congrès international des maladies professionnelles, Brussels,
1919.
HALBERTSMA, N. A. Fabrikbeleuchtung. München, 1921.
HARRISON, W., HAAS, O. F. and D O P K E , F. W. «Industrial Lighting
and Efficiency of Work». — Eleclr. World, 1921.
NORMAN, F. C. «Five Tests for Good Lighting». — Factory, Vol.
X X V I , No. 3, 1 Feb. 1921.
OGLEY, D. H. Works Lighting. London, 1918.
SIMPSON, R. E. The High Cost of Poor Lighting.
Fourteenth
Ann. Conf. Ilium. Engineer. Soc. U. S., Cleveland, Ohio, 1920.
CLEWELL,
— 112 —
R. E. Lighting in Factories and Workshops. Ann. Report
of H. M. Chief Inspector of Fact., 1920, London, 1921.
«Industrial Painting». — Safety Engin., No. 11, 1920.
«Painting Profits into Your Factory». — Factory, No. 5, 1921.
«Lighting in Factories and Workshops». — Welfare
Pamphlet
No. 7, Home Office, London, 1921.
«Symposium on Indirect, Semi-indirect and Direct Lighting». —
Trans. Ilium. Engin. Soc., U. S., 1912, p. 234.
«Where Light is Wasted». — Factory, No. 11, 1920.
SQUIRE,
Eclairage des travaux spéciaux.
BELL, A. D. «Effective Printing Plant Illumination.» — Electr.
World, No. 24, 1920.
CHANTEMESSE and WALCKENAER. A U sujet d'ateliers où l'éclairage se fait constamment à la lumière artificielle. C. R. Cons.
hyg. et salubr. pubi, de la Seine, 8 nov. 1907, Paris.
ELVY, J. C. «Artificial Illumination for Kinematography.» — The
Illum. Engin. 1921, p. 32, London.
JONES, W. J. « Ship-Lighting in Relation to Safety, Comfort and
Efficiency.» — Ibid., 1921, p. 116, London.
P A Y A N N E . « La rentrayeuse des étoffes. » — Bull. Inspect, du Trac.,
1908, p. 510, France.
W I L S O N . «Enquiry in the Silk Weaving Industry.» — Industrial
Fatigue Research Board, London, 1921.
W I S E , A. « Modern Practice in Office Lighting. » — The Illum.
Engin., 1919, p. 27, London.
Physiopathologie de l'œil.
W. M. «The Physiology of the Retina.» — The Illum.
Engin., 1918, p. 103, London.
BLACK, M. M. «Eyestrain in Ind. Occupations.» — The Nation's
Health, No. 11, Nov. 1922, pp. 682-684.
B R I D G E , M. O. «Eye troubles by Arc Welding.» — Ann. Report of
H. M. Chief Inspec. of Factories, 1920. London, 1921.
BUZBY, F. « Defects Affecting 1500 Men.» — The Nation's
Health,
No. 10, 1921.
CAMPBELL, P. W. The Hygiene of the Eye. J. B. Lippincott. Philadelphia, 1918. 33 pp.
BAYLISS,
— 113 —
COBB, P. W. « The Influence of Illumination of the Eye on Visual
Acuity.» — Amer. Journ. of Physiology.
CRAVATH, J. R. «Some Experiments with the Ferree Test for Eye
Fatigue.« Trans. Ulani. Engin. Soc, U. S., Nov. 1914, p. 1033.
K E R R , J. « The Effect on the Eye of Varying Degrees of Brightness
and Contrast.» — The Ilium. Engin., 1917, p. 41, London.
JACKSON. «Visual Fatigue.» — Amer. Journ. of Ophthalmol. Vol.
IV, No. 2, 1921.
LUCKIESH, M. « Monochromatic Light and Visual Acuity. » —
Electr. World, 1911, p. 450.
PARSONS, J. H. «Summary of the Conclusions of the Glassworkers'
Cataract Comm. » Ann. Rep. of H. M. Chief Inspect, of Fact.
for 1920, London, 1921.
POSER, M. « Eye Fatigue in Industry. » Ann. Conf. of the Ilium. Engin.
Soc, U. S., 1921, Rochester, N. Y.
R E G A R , E. G. «Need of Adequate Artif. Illumination.» — The
Nation's Health, No. 9, p. 550, 1922.
ROWNTREE, B. S. «The Human Element in Factories.» — The
Ilium. Engin. Nov. 1916, London.
SCHANZ, F. «Auge u. Belichtung.» — Ztsch. f. Beleuchtgw., 1921 et
Münch. meal. Woch., No. 23, p. 942, 1922.
SCHNEIDER, R. «Industrielle Miopie und Berufsberatung.» —
Münch. med. Woch., No. 31, 1920.
STREBEL. «La cataracte électrique.» — Schweiz, med.
Woch.
No. 30, 1921.
V E R H O E F F , F. H. and B E L L , L. «The Pathological Effects of Radiant
Energy on the Eye. » Proc Amer. Acad, of Arts and Science,
No. 13, June 1916.
« La cataracte. » — The Lancet, 25 June 1921.
Report on Standard Illumination of Snellen's Types used in Testing
the Vision of Candidates for Public Services. Brit. Journ. of
Ophthalmol, 1918.
Prévention des accidents oculaires.
L. Good Lighting as an Aid to Safety. Techn. Pamphl.
iss. by the Brit. Industrial «Safety First» Ass., Dec. 1919.
— The Value of Good Illumination as regards Health and as a
Means of Preventing Accidents. Paper read at the Congr.
for the Prevention of Industr. Accidents, Milan, 1912.
O ' S H E A , P. F. « Teaching Illumination to the Worker.» — Worker
Engin. Manag., 1922, p. 137.
GASTER,
8
— 114 —
« Factory Eye Room Saves Workers' Sight
and Increases Output.» •— Industr. Management, No. 1, 1921.
SIMPSON, R. E. «The Relation between Lighting Curtailments and
Accidents.» Trans. Ilium. Engin. Soc, U. S., 20 Nov. 19.18.
<
' Lunettes. » — Voir U. S. Bureau of Standards, Serial No. 2, 1921.
SANDORF DE HART.
Législation.
« A Code of Lighting for Factories, Mills and other Places. » — Trans.
Ilium.. Engin. Soc., U. S., 20 Nov. 1914.
«Ind. Code Rules relating to Lighting of Fact, and mercantile
Establ.» U. S. Dpi. of Labour, Bull. No. 18. New York. 1922.
12 pp.
STICKNEY, G. H. «The Present Status of Industrial Lighting Codes.»
Trans. Ilium. Engin. Soc, U. S., 10 June, 1919.
NOTES 1
(1) On doit à l'initiative de 1' « Illuminating Engineering Society »(U.S.),
créée en 1906, l'organisation d'une série de conférences où des spécialistes
et des techniciens ont examiné les problèmes de l'éclairage au gaz, à
l'électricité, à l'acétylène, etc., de la psychologie de l'éclairage, des mensurations pratiques de la lumière, etc. L' « Illuminating Engineering
Society » d'Angleterre, fondée en 1909, a attiré l'attention sur tous
ces problèmes de l'éclairage non seulement dans son pays, mais aussi
sur le continent et s'est spécialisée dans l'étude de l'éclairage des
écoles, des bibliothèques, des industries, en donnant sa coopération à
d'autres sociétés ou commissions qui s'intéressent aux questions de
l'éclairage.
(2) R. 0. EASTMAN a relevé, au cours d'une enquête faite auprès des
directeurs de 445 établissements appartenant à 15 Etats de la Confédération américaine, que les 79,4 % des personnes interrogées reconnaissent
que la production a augmenté à la suite de l'installation d'un bon éclairage (augmentation de 8 et 25 %, même de 100 %, dans certaines
sections); 71,1 % admettent qu'il y a une diminution du gaspillage;
59,5 % une diminution des accidents; 51 % une amélioration de la discipline et 41 % une amélioration des conditions hygiéniques et sanitaires.
Mais bien que les 55,4 % des représentants considèrent l'éclairage comme
une question de grande importance, il y en a encore 31 % qui n'attachent
au problème de l'éclairage qu'une importance secondaire et 13 % une
importance très minime (I.E.S. - New-York Trans., 1920, vol. XV p. 77).
La Commonwealth Edison Co. de Chicago, au cours d'une enquête
portant sur la production de 93 usines, avant et après l'installation d'un
système rationnel d'éclairage, a constaté une augmentation variant,
selon les sections, de 8 à 27 %. La Dover Manufacture Co. de Ohio, en
passant de 3-13 lux (moyenne 7,5 lux) à 14-23,5 lux, a obtenu une augmentation de production évaluée à 12 % %i tandis que la dépense
supplémentaire s'élevait à 2,5 % des salaires (voir : Bibliographie:
HARRISON, HASS et DOPKE). Une augmentation de la production de
2 à 10 % a été aussi constatée — d'après ESHLEMAN — à la suite de
l'installation d'un système rationnel d'éclairage (v. aussi: Bibliographie:
ELTON).
Le deuxième Congrès international des maladies professionnelles
(Bruxelles, 1910) a voté un ordre du jour qui « reconnaît pleinement
l'importance hygiénique d'un bon éclairage et recommande que les
membres entreprennent des recherches, recueillent des observations
au suj et de l'influence de la lumière sur la vue et arrivent ainsi à déterminer les conditions de l'éclairage les plus favorables pour la vue.»
' Ces notes correspondent aux chiffres arabes entre parenthèses qui figuren^
dans le texte.
— 116 —
(3) Ainsi, par exemple, les salles de travail des postes et télégraphes,
à Paris, avaient un éclairement horizontal moyen de 7 lux (gaz bec
Bengel). L'éclairement a atteint en 1892 15-20 lux et aujourd'hui 40-50
lux.
Le progrès dans le rendement des lampes électriques à incandescence
est prouvé par les valeurs suivantes (d'après la Rivista tecnica d'elettricità,
août 1918) :
Type de la lampe
Date
Volts
Bougies
Watts
par bougie
1880
10-50
Carbone
100
5,—
1889
200
—
—.
»
1898
1,5
65
110
Nernst
1903
130
250
1,5
»
1902
65
35
1,7
1905
110
1,9
Osmium
—
1906
8-500
1,25
100
Tantalium
1908
6-300
1,25
100
Tungstène
1909
230
8-1000
1,25
1910
20-1000
1,25
100-250
»
1913
50-250
30-75000
0,65
»
1915
0,65
25-250
30-3000
»
(filament étiré)
'A, Watt
»
(4) Ce n'est pas tout à fait exact pour les locaux industriels, qui ont
en général un éclairement trop faible, tandis qu'en d'autres cas on relève
un gaspillage de lumière. L' « Illuminating Engineering Society » d'Amérique a publié un tableau, rédigé par P. S. MILLAR, indiquant les modifications à apporter à la distribution de l'éclairage pour obtenir une
meilleure répartition de la lumière:
Classe d'éclairage
Rues
Bâtiments publics
Industries . . .
Protection....
Commerce . . .
Maisons privées .
Divertissements .
Réclame . . . .
Divers
Valeur proposée
Pourcentage
en plus
d'éclairage total
ou en moins
15
3
18
1
20
26
7
5
5
100
—
5
— 10
+ 50
+ 200
— 20
— 20
— 40
— 80
— 10
Nel—
7
(5) La théorie électromagnétique de la lumière a désormais remplacé
la théorie des vibrations mécaniques. Une source lumineuse serait donc
le centre d'émission d'oscillations électromagnétiques de différentes longueurs. Un physicien italien, Bartoli, avait prévu et même calcúlenla
pression de la lumière », et ses recherches, complétées par d'autres
savants (voir A. RIGHI: Comete ed elettroni), ont devaneóles conséquences
qu'on peut tirer de la récente théorie d'Einstein, dont une est l'affirmation que la « lumière pèse ». « Pression » et « poids » ne sont que les
différentes expressions d'un fait identique.
— 117 —
Les radiations du spectre (radiations chromatiques) sont visibles
ou non suivant la valeur de leur fréquence. En général, on peut dire
que toutes ces radiations constituent de la lumière. On a mesuré par
différentes méthodes le nombre des vibrations des radiations et on a
appelé « longueur d'onde » (symbole X) la distance à laquelle le mouvement se propage pendant la durée d'une vibration. L'unité de mesure
de la longueur d'onde est le micron {fi). Un micron est égal à 0,001
de mm. On mesure aussi ces radiations avec l'unité Angstrom (A = 0,001^),
du nom du savant qui a étudié les raies du spectrg. Quand on veut
éviter des chiffres décimaux, on emploie l'unité de mesure mille fois
plus petite, exprimée par le symbole ¡x^.
Chaque radiation monochromatique est définie par sa longueur
d'onde. Fresnel a pu mesurer cette longueur pour les rayons lumineux:
elle est de l'ordre du demi-micron. C'est la valeur de la longueur d'onde
qui détermine la nature lumineuse, calorifique et photochimique des phénomènes des radiations.
Selon Ch.-Ed. GUILLAUME, la représentation du spectre pourrait être
la suivante :
Longueur d'onde
Infini
Rayons X
Rayons uraniques et rayons X transformés.
Rayons ultra-violets (les plus refrangibles) .
Raie H
• Violet
1 Indigo
1 Bleu
Spectre visible ( Vert
) Jaune
. . . . .
/ Orangé
i Rouge
Raie A
Rayons infra-rouges (les moins refrangibles)
Partie
Infini inexplorée
Oscillations électriques
. .
. .
. .
. .
micron
»
»
»
»
»
»
»
»
»
»
»
mm
0,1
0,393
0,390-0,420
0,420-0,450
0,450-0,490
0,490-0,535
0,535-0,590
0,590-0,650
0,650-0,810
0,712
1,0-100
100-1 mm
1-10 mm
La partie visible du spectre est en réalité mal définie et ses extrémités
peuvent varier avec l'observateur, car avec les précautions nécessaires
on peut voir des radiations d'une longueur d'onde de 1 micron.
Toutes les excitations de la rétine (piqûres, compression, tiraillement,
excitation électrique, etc.) donnent lieu à des impressions de lumière.
La lumière n'est que l'excitant habituel, normal de la rétine. Mais pour
que celle-ci réponde à l'excitation des radiations, il faut qu'elles aient
des vibrations d'une certaine longueur d'onde. En vérité, leur longueur.
est assez arbitrairement comprise entre 0,4/* du côté du violet et 0,75/*
et même 0,8 (x, du côté du rouge. Mais du côté du violet on peut voir
nettement la raie du mercure (A = 0,393 i*) quand elle est assez intense
et pure.
Sans doute d'autres vibrations sont arrêtées par les milieux transparents
qu'elles doivent traverser (couche atmosphérique, cornée, cristallin),
mais elles interviennent à peine dans la question de l'éclairage.
Le « minimum lumineux perceptible » a été recherché longtemps par
les savants. Si la rétine est excitée par les rayons lumineux ayant une
— 118 —
certame longueur d'onde, il faut aussi que ce rayon ait une certaine
intensité et agisse pendant un certain temps. (Si une excitation lumineuse
est faible, mais répétée un grand nombre de fois, elle finit par être perçue:
phénomène de l'addition latente.)
La valeur du minimum lumineux perceptible ne peut être déterminée
que très approximativement, car elle dépend de beaucoup de facteurs
(largeur de la pupille, couleur de la lumière, superficie de la source,
sa distance, etc.). Il est curieux de constater que les résultats des savants
(BUISSON, REEVES*, LANGLEY, etc.), concordent dans une large mesure.
D'après REEVES, il faut envisager surtout deux facteurs : la largeur de
l'ouverture employée et la durée de l'exposition à la lumière. Des données
intéressantes sont présentées par cet auteur, soit sur ce point de la question, soit sur le rapport existant entre la durée d'exposition et la sensibilité. Sur les théories de la vision voir BUSCH: « Colour Vision by very weak
Light », dans Proceed, of the R. Soc. Londres, vol. LXXVI B., 1922, p. 199.
(6) NOGIER divise les r.u.-v. en trois zones : r.u.-v. ordinaires entre longueur d'onde 0,390 et 0,330, qui correspond à peu près à l'u.-v. solaire;
l'u.-v. moyen entre longueur d'onde 0,300 et 0,220, qui descend à peu
près jusqu'à la limite donnée par la vapeur de mercure et l'u.-v.
extrême, longueur d'onde 0,220 environ jusqu'aux dernières radiations
obscures dans le spectre gazeux. L'onde obscure la plus longue— 314 ¡ip
— a été obtenue en 1911 par RUBENS et BAYER dans le spectre d'un
arc voltaïque de 8 mm. (4 amp. 100 v.) d'une lampe à mercure de
quartz. Les rayons obscurs du spectre sont de la même nature que les
rayons lumineux et entre ces rayons et les oscillations- hertziennes il
n'y a qu'une différence de longueur d'onde.
(7) Quoique peu employés, il faut rappeler ici les combustibles liquides (huiles, pétrole, etc.), qui doivent répondre en général à plusieurs
exigences: montage facile, possibilité de nettoyage et de réparation,
réglage facile, stabilité de la flamme, constance de l'intensité lumineuse,
bon rendement lumineux, longue autonomie, impossibilité d'incendie
ou d'explosion.
Les flammes des sources à huile, comme celles des bougies, sont les
plus pauvres en rayons actiniques (les rayons de la région du spectre
qui impressionnent les sels d'argent).
Le pétrole donne, dans des lampes à bec rond ou plat, avec un dispositif spécial pour infléchir la flamme en forme de globe, une lumière
rougeàtre d'un effet bien médiocre pour l'éclairage général, plus riche
en rayons rouges qu'en rayons jaunes. Dans les lampes à mèche ronde,
le pétrole n'augmente pas sensiblement la température ambiante, mais
cette source devra être placée à une distance minimum de 1 mètre de
la tête de l'ouvrier.
Plus efficace est l'éclairage au pétrole par incandescence (avec divers
types de lampes), qui donne une lumière blanche convenant à l'éclairage
général, quoique assez riche en r.u.-v. La puissance consommée par les
meilleures lampes à pétrole est d'au moins 25 watts par bougie, de 80
watts environ pour le bec papillon et de 19 watts pour les meilleurs becs
à récupération. L'éclat est de l'ordre de 1 à 2 bougies par cm2.
Rappelons ici les lampes à huiles lourdes, qui peuvent être utiles dans
les chantiers où l'on ne dispose pas d'électricité. Il s'agit d'un type économique, donnant une lumière puissante, mais qui présente l'inconvénient de faire du bruit et de donner des fumées désagréables.
Ualcool carburé à flamme libre ou avec manchon peut être conseillé,
abstraction faite toutefois de son prix élevé, comme source de lumière
tout à fait hygiénique.
— 119 —
Le gaz d'eau, quoique économique, est très dangereux par sa richesse
en oxyde de carbone. Le gaz d'air carboné, un mélange d'air et d'essence
de pétrole, gazoline, avec des lampes à manchon, ne présente pas d'avantages spéciaux.
Le gaz de houille donne, comme le pétrole, une lumière rougeâtre,
qui n'est pas assez fixe, si le bec est à papillon. Cet inconvénient est
supprimé si l'on brûle le gaz dans un bec rond muni d'une cheminée
en verre. L'effet est médiocre pour l'éclairage général, mais il serait
sans effet nuisible appréciable sur l'organe de la vision.
Le système Bunsen, en supprimant les particules de charbon et en
plongeant dans la flamme obtenue un corps solide incandescent, permet
d'obtenir une lumière éblouissante. Le système Auer utilise le mélange
d'oxyde de thorium et d'oxyde de cerium, capable de rayonner par incandescence beaucoup d'énergie dans le bleu et très peu dans les autres
parties du spectre. En rayonnant au total peu d'énergie, le manchon
Auer permet à la flamme d'atteindre une température
élevée. Son grand
éclat est de l'ordre de 5 à 7 bougies par cm2. La proportion de 98,7
d'oxyde de thorium et de 1,3 d'oxyde de cérium est celle qui donne la
plus grande intensité (70 b.). Le manchon étant plongé dans la flamme
d'un bec Auer ordinaire, on obtient une consommation de 1,3 litre de
gaz d'éclairage par bougie et par heure (8 watts environ par bougie).
Les avantages de ce système sont les suivants : lumière fixe, radiations
en prévalence blanches, possibilité de l'employer pour l'éclairage indirect
par réflexion sur le plafond ou en faibles unités pour l'éclairage fractionné au moyen de réflecteurs et d'abat-jour. Malgré sa température
peu élevée, la source est très puissante, pouvant concentrer sur le poste
de travail une lumière à foyers de 500 à 1.800 bougies. Cette source est
relativement assez riche en r.u.-v. L'inconvénient le plus important
est la fragilité des manchons.
Pour perfectionner ces sources, l'attention s'est portée d'une part
sur les brûleurs et d'autre part sur l'emploi de gaz comprimés. Un premier progrès a été réalisé par l'emploi d'une toile métallique placée à la
partie supérieure du tube pour empêcher la flamme de se propager en
sens inverse du courant de gaz (bec Auer ordinaire); un autre progrès
consiste dans les becs intensifs, par lesquels on cherche à réaliser à la
fois la plus grande vitesse possible du mélange gazeux et un mélange
riche en air, aussi homogène que possible. Ce type de bec comprend,
à côté de la toile métallique, deux injecteurs superposés. La consommation est sensiblement égale à 1 litre de gaz par bougie et par heure
(6 watts par bougie).
L'emploi de gaz préalablement comprimé augmente la vitesse de
sortie du mélange gazeux, assure un mélange plus complet avec l'air
et prévient les retours de flamme. La pression ordinaire du gaz est
augmentée soit par des compresseurs spéciaux, comprimant le gaz pris
à la canalisation ordinaire, ou bien l'air (ce qui est préférable), soit en
munissant chaque lampe de son compresseur, soit enfin par une solution
radicale, qui crée des réseaux distribuant le gaz à haute pression ( sous
une pression totale de 2 atmosphères environ). Le gaz comprimé est
amené à des « feeders » analogues à ceux des réseaux électriques,
d'où il est distribué avec ou sans l'intermédiaire de détenteurs. La consommation est abaissée jusqu'à deux tiers de litre par bougie et par
heure (4 watts environ par bougie).
Si ce système n'est applicable qu'aux grandes intensités lumineuses,
il faut espérer que pour les intensités de l'ordre de 5-10 et 20 bougies
les manchons incandescents apporteront de nouveaux perfectionnements
dans l'éclairage.
— 120 —
L'acétylène donne une flamme blanche, éblouissante, fixe, avec un
spectre se rapprochant de celui de la lumière solaire, d'où sa richesse en
rayons u.-v. On l'emploie soit à flamme libre, soit avec manchon à incandescence dans des lampes à globe jusqu'à intensité de 2.000 bougies,
comme les lampes à arc.
Il s'agit là d'un excellent système d'éclairage, soit général, soit fractionné et, en tout cas, moins délicat que celui avec gaz à incandescence.
L'acétylène produit très peu de chaleur et revient à meilleur marché
que les autres sources, mais pour être employé il demande une bonne
surveillance. En tout cas, si les appaieils sont bien construits, si l'on
observe soigneusement les règles d'installation et d'entretien, ce gaz n'est
pas dangereux. En brûlant, il consomme moins d'oxygène et dégage
moins d'anhydride carbonique et de vapeur d'eau que les autres sources.
Ses produits de combustion cependant sont nuisibles et il est utile de
les évacuer par une aspiration efficace. On peut employer le gaz qui
provient directement du gazogène ou sous forme de gaz dissous. L'acétone en dissout 31 fois son volume et comme la solubilité augmente avec
la pression, 1 litre d'acétone pourrait absorber, à la pression de 12 atmosphères et à la température de 0°, 360 litres d'acétylène. En général,
on se sert de briques poreuses pour imbiber le dissolvant. Une bouteille
de 30 litres peut emmagasiner 3.000 litres d'acétylène.
La lumière électrique est aujourd'hui très répandue sous différentes
formes : éclairage électrique à incandescence, arc élecirique, éclairage
par la décharge électrique
Pour le filament des lampes à incandescence on a utilisé d'abord le
charbon, qui permet de réaliser des intensités lumineuses faibles avec un
nombre de volts relativement grand, mais non de très grandes intensités.
Pour régulariser el consolider les filaments, on les «nourrit», c'est-à
dire qu'on les plonge dans un hydrocarbure gazeux et qu'on fait passer
le courant, ce qui décompose le gaz au contact du fil et provoque le
dépôt, d'une couche de charbon phis compacte. HOWELL a imaginé récemment de graphitei le filament. La consommation d'une lampe ordinaire
à filament de carbone est d'environ 4 watts par bougie et de 2,5-3 watts
si le filament est graphité.
Aujourd'hui, ces lampes sont remplacées par les lampes à filament
métallique, dont le rendement est bien meilleur. Après avoir essayé
l'osmium et le tantale, on utilise actuellement le tungstène. La résistance du filament de tungstène, comme de tout filament métallique,
augmente en même temps que la température et cela d'une façon notable.
La lampe au tungstène est également autorégulatrice. Dans le vide, elle
consomme environ 1,5 watt par bougie et l'éclat du fil est de l'ordre
de 150 bougies par cm2. On évite le noircissement rapide de l'ampoule
en introduisant dans la lampe un gaz inactif, tel que l'azote, l'argon,
la vapeur de mercure, qui réduisent le plus possible la volatilisation du
fil. Cependant, ce système échauffe le verre par convection et la chaleur
ainsi prise au filament se perd au dehors. La forme convenable (long cou)
qu'on donne aujourd'hui au filament ou même à l'ampoule, limite beaucoup cet effet nuisible de l'atmosphère gazeuse existant dans la lampe.
Dans ces conditions, la lumière émise est très blanche, l'éclat atteint
un millier de bougies par cm2, la consommation est abaissée à 0,8 ou
0,7 watt par bougie.
Les filaments de tungstène ont permis de réaliser à proximité du poste
de travail de très grandes intensités lumineuses (5.000 bougies) avec des
lampes d'un volume très petit, munies d'un réflecteur opaque coloré
(quoique la perte par absorption puisse atteindre 25 %). Ce système
donne d'excellents résultats, surtout pour les travaux délicats.
— 121 —
Comme toutes les sources entourées de verre, la lumière électrique à
incandescence n'est pas très riche en r.u.-v.
La lampe Kernst est le type de lampe à filament contenant des oxydes
rares; elle est très bonne, mais peu employée. Sa température est évaluée
à 2.000-2.200° C et sa richesse relative en radiations moyennes et u.-v.
est plus remarquable quand il s'agit du type à feu nu.
La lampe à arc représente u n système très répandu pour l'éclairage
général, parce qu'elle donne une lumière blanche, efficace et diffuse,
quand on dispose l'arc sous u n globe. Il en existe un grand nombre de
types, mais tous ont le défaut de donner lieu à des radiations blanches,
bleues, violettes et u.-v., surtout si l'arc est nu.
Quoique son rôle ne soit pas encore bien important, la luminescence 1
intervient certainement dans l'arc électrique ordinaire. Si la plus grande
p a r t de lumière, émise par les deux charbons, est due à l'incandescence,
la lumière violette, émise par l'arc proprement dit, est due sans doute
à la luminescence, qui compte en réalité très peu dans la lumière totale.
Le cratère du charbon positif donne la partie la plus éclairante (85 %
de la lumière totale).
La température très élevée du charbon positif explique le grand éclat
du cratère, qui peut arriver à la valeur m a x i m u m de 35.000 bougies par
cm 2 , et le bon rendement de l'arc, qui ne consomme que 0,6-0,7 w a t t
par bougie. Mais, en général, on emploie un arc m u n i d'un globe qui
absorbe une fraction appréciable de lumière. L'arc électrique ordinaire
donne une lumière dont la composition se rapproche le plus de celle de
la lumière du jour. Il a aussi des inconvénients: il exige n o t a m m e n t une
surveillance constante et ennuyeuse et une main-d'œuvre coûteuse.
On a donc cherché à rendre l'arc d'un emploi plus commode et à améliorer son rendement.
P a r les arcs en globe clos on rend le changement des charbons moins
fréquent, car on peut prolonger leur durée jusqu'à 150-200 heures. Mais
la lumière obtenue a une teinte bleue et le rendement n'est pas b o n ;
la consommation est de 2 w a t t s par bougie. On a alors recours aux lampes
à arc dites « lampes à incandescence à arc»,dans lesquelles on fait jaillir
l'arc entre les électrodes de tungstène dans une ampoule remplie
d'un gaz inactif (azote ou argon). La lampe n'exige aucun entretien.
Ce t y p e de lampe peut être considéré comme une source presque punctiforme, ce qui peut être avantageux; l'intensité lumineuse varie de 500
à 1.000bougies; l'éclat est d'environ 1.550 hougies par cm 2 et la consommation d'environ 0,5 w a t t par bougie. La lampe n'est pas encore
parfaite au point de vue technique.
E n Amérique, on emploie assez souvent la lampe à arc à magnetite,
dans laquelle l'arc jaillit entre une électrode de métal (cuivre) et une
d'oxyde (mélange de magnetite, d'oxyde de chrome et de titane). Ce t y p e
supprime le changement fréquent des charbons et donne une lumière
distribuée entièrement dans l'hémisphère inférieur sous u n angle assez
faible et ne fonctionne qu'avec un courant continu. Le rendement est
bon, la consommation de 0,5 w a t t par bougie. On emploie ce type de
lampe seulement à l'extérieur, car elle donne des fumées. Son éclat est
d'environ 600 bougies par cm 2 . La luminescence y joue un rôle plus import a n t que dans les autres arcs. Ce dernier facteur intervient aussi plus
ou moins dans Yarc-flamme, u n arc produit entre des charbons imprégnés
1
Le rayonnement d'un corps est purement thermique quand il dépend
uniquement de sa température; le rayonnement est par luminescence quand
il tire partiellement son origine d'une énergie autre que l'énergie thermique.
— 122 —
de sels métalliques. Les sels sont très variables et à chaque mélange
correspond pour l'arc une couleur différente. Les charbons sont placés
de façon à prendre la forme d'un V. L'intensité lumineuse peut atteindre
5.000 bougies, l'éclat même 4.000 bougies par cm2 ; la consommation est
très faible. L'arc à flamme jaune donne les meilleurs résultats, mais il
produit aussi des fumées abondantes, acides et nuisibles, ce qui limite
son emploi à l'éclairage à l'extérieur.
Parmi les sources où la luminescence intervient à peu près seule,
rappelons l'éclairage par la décharge dans les gaz raréfiés qui émettent
toute la lumière. Celle-ci peut être aussi basse que l'on veut, l'éclat est
très faible, et pour avoir une intensité lumineuse suffisante on donne à
la lampe une grande longueur.
MOORE a fait éclater la décharge dans l'azote ou dans le gaz carbonique contenus, sous une pression de l'ordre du dixième de mm. de
mercure, dans des tubes de verre de 4 à 5 cm. de diamètre et de 100 cm.
de longueur et au delà (tube de Moore). Au moyen d'un régulateur, on
maintient dans le tube une pression constante à un centième de mm.
près; les tubes se placent en haut du local. Ce système est assez compliqué; la lumière n'est pas désagréable: rose avec l'azote et blanche avec
l'acide carbonique, se rapprochant sensiblement de la lumière du jour.
Le rendement est médiocre et la consommation est d'environ 2 watts
par bougie. L'intensité est de l'ordre de 40 bougies par mètre de tube
et l'éclat de 0,16 bougie par cm2 (tube à gaz carbonique).
L'apparition des sources lumineuses au néon de Claude et au mercure
en quartz pour l'éclairage industriel a rendu nécessaire une étude des
propriétés physiologiques de ces lumières très particulières (A. BROCA,
JOUAUST, DE LA GoRCE et LAPORTE, 1913).
Les radiations du néon sont comprises dans l'orangé et le rouge avec
une prédominance marquée pour le rouge déjà poussé. La lampe en quartz
ajoute, aux radiations de la lampe à mercure, des radiations d'une grande
puissance dans la région très refrangible du spectre. On devait donc
s'attendre à rencontrer des difficultés provenant du daltonisme pour
le tube au néon et de la perturbation due à l'ultra-violet pour la lampe
en quartz.
L'étude de ces lampes a prouvé que la lampe à mercure en quartz
munie de son globe réglementaire est une source équivalente aux
autres sources pour l'hygiène de l'œil. Mais si l'on supprime le globe réglementaire ou s'il s'y produit une simple rupture, on peut s'attendre en
peu de temps à des désordres graves, tout au moins sur la conjonctive.
La lampe au néon présente une remarquable variation d'intensité,
qui peut être calculée dans le rapport de 1 à 3 selon les observateurs. Au
point de vue de la fatigue de l'œil, l'éclairage par les tubes au néon est
le meilleur de tous ceux qui ont été examinés. La constriction pupil!aire
produite est un peu plus forte que celle signalée pour la lampe au mercure. Il faut y voir l'influence de la position des radiations dans le
spectre et admettre que les lumières monochromatiques fatiguent plus
la rétine, toutes choses égales d'ailleurs, que les lumières complexes.
Si l'on se sert du néon, les résultats sont bien supérieurs, car on arrive
à une intensité de 200 bougies par mètre. On peut réduire la longueur
du tube et la consommation descend ainsi à 0,6 watt par bougie. Aussi,
la construction du tube est-elle simplifiée; mais la lumière est aussi
très colorée (rouge orangé) et moins agréable qué celle du tube à gaz
carbonique. L'emploi du courant alternatif, exigé par ces tubes, entraîne
un papillotage désagréable.
Uarc à mercure réunit les avantages des sources dans les tubes à vide
et de l'arc ordinaire. La température est relativement faible et toute la
-
123
-
lumière émise est due à la luminescence de la vapeur de mercure traversée par la décharge. L'allumage présente une certaine complication.
En augmentant la température et les pressions de la vapeur de mercure,
après une diminution, on arrive, et très vite, à une augmentation du
rendement de la lampe. Ce but est atteint avec les lampes à tube en quartz
fondu, tandis qu'il est impossible d'obtenir le même résultat avec le tube en
verre (fusion du verre). L'intensité lumineuse est alors très grande, et si l'on
donne à la lampe une forme compacte, on peut loger le tube dans un
globe analogue à celui d'une lampe à arc ordinaire. C'est aussi un avantage, car on arrête ainsi les r.u.-v. très intenses, émis par cette source,
et que le tube en quartz laisse passer (tandis que le verre les absorbe).
La consommation est très faible; elle l'est d'autant plus que l'intensité
lumineuse est plus grande : 0,25 watt environ par bougie pour une
intensité de 1.000 bougies et moins encore si l'intensité est de l'ordre de
7.000 bougies.
Avec l'arc-flamme, ce type est le plus économique et, après la lampe
à filament métallique, il représente la source de lumière la plus importante pour l'industrie.
Depuis longtemps on fonde de grandes espérances dans l'avenir de
la lumière froide à vapeur de mercure, surtout à cause de sa diffusion, de
sa richesse en rayons bleus, jaunes, violets et de sa pauvreté en rayons
rouges. Cette source est cependant moins riche en r.u.-v. que l'arc électrique. Les efforts des techniciens ont porté sur la recherche de verres
moins fragiles et sur un type de lampe qui donnerait lieu à une fusion
complète de sa lumière, lorsqu'on l'associe avec des lampes riches en
rayons rouges. Ce système est considéré comme étant aussi bon pour
l'éclairage de la grande industrie que les autres sources, surtout lorsque
le sens des formes intervient seul au cours des manipulations. Il faut
reconnaître que la lumière qu'il fournit n'est pas agréable. La
peau prend une couleur livide, les objets rouges (lèvres, joues, etc.)
sont teints en noir. Par conséquent, cette lumière ne peut être utilisée
dans les travaux où il faut distinguer les couleurs. Si au moyen de la
rhodamine on rend à cette lumière les rayons rouges qui lui manquent,
on perd les 25 % de l'intensité lumineuse. En doublant le tube des lampes
d'un verre Fieuzal, on peut arrêter la plus grande partie des r.u.-v. et
modifier en même temps la coloration si désagréable des objets.
La lampe la plus connue de ce système — la Cooper Hewitt — n'a pas
confirmé en pratique les appréhensions de certains experts au point
de vue des effets des r.u.-v. Les ouvriers qui ont travaillé avec cette lampe
assurent au contraire que si la lumière est désagréable au premier abord,
elle est bien préférable ensuite aux autres systèmes, car elle repose l'œil.
Au point de vue de la diffusion de la lumière, ce système est sans aucun
doute le meilleur et le plus parfait, quand on y ajoute un éclairage localisé
au-dessus de chaque établi.
Lorsque la couleur de l'arc au mercure en rend l'utilisation gênante,
on cherche à réaliser des sources aussi économiques, mais avec une
couleur qui s'approche le plus de celle de la lumière du jour, en utilisant
le cadmium au lieu du mercure. Nernst a imaginé récemment des lampes
à vapeurs salines, dont il a présenté deux types. Dans le premier, l'arc jaillit.
entre deux charbons, dans la vapeur de chlorure ou bromure de zinc
ou du chlorure de titane volatilisé à l'aide d'une source de chaleur extérieure à la lampe; le second type est une lampe à vapeur de mercure
dans laquelle on a introduit un mélange de sels, dont le spectre
donne de fines raies se superposant à celle de la vapeur de mercure.
La lumière produite est alors presque blanche. Le mélange qui
donne de bons résultats contient des chlorures de zinc, de cadmium, de
— 124 —
thallium, de lithium, de cœrium, etc. L'intensité est de l'ordre de 3.000
bougies, la consommation serait de 0,18 watt par bougie. (Pour plus de
détails sur ces types de lampes, voir A. BLANC, Rayonnement, pp. 165 et
suiv. Collection A. Colin Paris, 1921.)
(8) En France, la Cárcel était une lampe brûlant 42 grammes d'huile
de colza par heure et qui avait une mèche donnant une hauteur de
flamme de 25 mm. La bougie anglaise était représentée par la bougie
nationale de blanc de baleine (London Standard Spermaceti Candle)
avec une même hauteur de flamme que la Cárcel. Le meilleur étalon
à flamme paraît être la lampe Vernon-Harcourt à penthane, dont l'intensité dans une direction horizontale est égale à 10 bougies si la pression
atmosphérique est de 760 mm. de mercure et la vapeur d'eau par m3
d'air sec est de 8 litres. En Allemagne, la Normal ou Vereinkerze est
représentée par différentes sources lumineuses. On employait en général
la Deutsche Vereinsparaffinkerze, c'est-à-dire une bougie *de paraffine
très pure additionnée de 2 % de stéarine, dont le point de solidification
est à 55°, le diamètre de 20 mm., le poids de 50 gr. et la consommation
de paraffine de 7,7 gr. par heure. La hauteur de la flamme doit être de
50 mm. et l'intensité est calculée à 1,224 B. H. Actuellement on utilise
aussi une lampe kV acétate d'amyle dont l'unité d'éclairement produit, dans
une atmosphère calme et pure, une flamme haute de 40 mm. rayonnant
de la section d'une mèche massive imprégnée d'acétate d'amyle pur et
connue sous le nom A'unité de lie]ner-Altneck. L'intensité est calculée
à 1.00B.H. Entre la Hefner et la Normal ou Vereinkerze les relations sont
les suivantes : 1 Hefner = 0.826 Vereinkerze, et par conséquent
1 V.K. = 1.21 H.L. (Pour les rapports avec les autres unités, voir
tableau n° II.)
En 1918, WARBURG proposa de la remplacer par l'éclat d'une surface
qui maintiendrait, dans le centre de la flamme, une température de
2.300°, contrôlée par la cellule de potassium photo-électrique de Elster
et Geitel.
(9) La Commission ajoute: «Quoique le flux lumineux doive être regardé
strictement comme le débit de rayonnement, tel qu'il vient d'être défini,
il peut cependant être admis comme une entité pour les besoins de la
Photometrie pratique, étant donné que, dans ces conditions, le débit
peut être considéré comme constant. »
Le flux lumineux est proportionnel au flux d'énergie rayonnante <t>
propagée par le faisceau et à un coefficient de proportionnalité K qui
dépend de la distribution spectrale de cette énergie :
F= K 0
et qu'on définira plus loin comme « facteur de luminosité » (Blondel).
Le Comité national britannique de l'éclairage fait remarquer, dans le
rapport présenté à la réunion de Paris (1921), que le «flux lumineux»
n'est pas nécessaire pour ces définitions. Encore le mot «flux» est-il généralement employé, en anglais, pour désigner un « courant » plutôt
qu'un « débit ». Le Comité anglais considère « flux lumineux »
comme synonyme de « rayonnement lumineux » — « luminous radiation » — et propose d'éviter le mot « flux » et d'utiliser le terme « rayonnement lumineux ».
BLONDEL fait remarquer que le mot «flux» dans le langage scientifique est parfaitement clair, qu'il n'a pas le sens que le vulgaire donne
à ce terme et que le mot « radiation » a déjà une autre signification plus
vague, adoptée par les physiciens pour caractériser l'idée d'énergie
fournie sous forme de longueurs d'onde caractérisées.
— 125 —
(10) L'angle solide peut être matérialisé par une sphère dont l'angle est
une section qui a son apex au centre et la base à la périphérie de la sphère,
equidistante dans tous ses points de l'apex sur une surface donnée, de
telle façon que l'éclairement
produit par la source placée à
l'apex est uniforme sur la surface interceptante (fig. 24).
Soit S une surface lumineuse
et m une surface éclairée par
S placée à une distance telle
qu'on puisse considérer les
rayons lumineux comme étant
parallèles. Les différents points
de S, par exemple a et b, émettent des rayonnements dans
toutes les directions sur la surface m, où se totalisent les effets
de chaque rayonnement. Par
conséquent, l'éclairement de
m augmente d'intensité quand
la surface lumineuse augmente. Deux sources lumineuFic/24
ses de différente nature, mais
de la même superficie, donneront sur m un"" éclairement de différent
degré. (Par exemple, une flamme à acétylènî'estjplus éclairante qu'une
flamme à gaz de la même superficie.)
(11) Comme on l'a vu, le Comité anglais voudrait définir le lumen,
comme unité de radiation lumineuse, sans introduire la notion de débit.
En réalité, dit-il, l'émission ou la réception de radiation lumineuse est
un débit d'émission ou de réception d'énergie lumineuse, analogue, par
conséquent, à une puissance. L'idée est rendue par le terme luminous
power — « puissance lumineuse » — qu'on propose pour remplacer le
terme luminous intensity, la puissance lumineuse n'étant en réalité rien
d'autre qu'un débit d'émission d'énergie. Le terme candle-power — « puissance en bougies » — a été retenu comme synonyme de « puissance lumineuse », car il est sanctionné par l'usage et il implique la notion correcte
de puissance, en remplaçant le nom de la grandeur abstraite par le nom
de l'unité concrète candie. D'après le Comité anglais, on ne doit pas
recommander le terme « intensité lumineuse » parce qu'on a tendance
à restreindre le sens d'intensité à celui d'un rapport, où le dénominateur
est une surface.
BLONDEL fait remarquer que le candle-power ne représente rien à
l'esprit des techniciens des autres pays et, tout en laissant libres les comités nationaux anglais et américain de conserver ces termes, il estime que
l'expression proposée (« intensité lumineuse ») est plus conforme à la
terminologie de la physique générale.
Même si une seule unité de lumière était adoptée, la mensuration de
l'intensité des lampes serait encore un sujet de discussion. On connaît,
en effet, la confusion créée, même chez les techniciens, par le fait que
l'intensité (intensity — candle-power) des lampes est mesurée et exprimée
par les fabricants suivant divers systèmes (intensité sphérique moyenne
ou hémisphérique, ou horizontale, ou zonale, ou dans une direction spéciale, ou même sans aucune indication). Quelquefois on a mis en relief
que l'intensité sphérique moyenne (c'est-à-dire dans toutes les directions) est la seule méthode rationnelle et scientifique pour la comparaison
— 126 —
des sources; mais cette opinion n'est pas acceptée par d'autres personnalités, qui citent le cas du tube de Moore, pour lequel il serait difficile
d'établir une intensité spéciale. En tout cas, il est nécessaire qu'un accord
intervienne à ce sujet et qu'on fixe exactement dans la pratique quel
est le type d'intensité dont il est question (horizontale ou sphérique, etc.).
L'intensité moyenne globale est la moyenne des intensités émises
dans toutes les directions par la source, c'est-à-dire le flux global divisé
par ÎJI :
Uinlensité
moyenne
divisé par In :
L'intensité
par ITI :
super-horizontale
moyenne sub-horizontale
est le flux super-horizontal
est le flux sub-horizontal divisé
h'intensité lumineuse horizontale moyenne est la moyenne Ihm des
intensités mesurées dans un plan horizontal passant par le centre de la
lampe, pendant qu'on la fait tourner autour d'un axe vertical passant
par le centre du culot et le centre du globe.
Le facteur de réduction de rintensité globale d'une lampe est le rapport
de l'intensité moyenne globale à l'intensité moyenne horizontale.
L'éclairement dépend de deux facteurs : l'intensité et la distance.
La loi qui régit le phénomène en question est exprimée par la formule
suivante :
F -
l
r2OU D 2 '
E = l'éclairement d'une surface en Lux; I = l'intensité lumineuse d'une
source en bougies décimales et r ou D = la distance en mètres de la source
sur la normale.
L'éclairement est donc en rapport inverse du carré des distances de
la surface éclairée à la source. L'éclairement varie encore avec le cos.
de l'angle d'incidence de la lumière, angle qui est formé par le rayon
lumineux et la verticale au point d'incidence. Le cos. d'un angle croît
quand l'angle diminue et l'angle d'incidence diminue quand la source
s'élève. En pratique, l'ouvertue de cet angle doit être aussi petite que
possible.
Le coefficient de réflexion ou fadeur de réflexion d'une surface pour
une radiation, définie par sa composition spectrale, est le rapport du
flux lumineux émis par la surface au flux lumineux reçu par la surface.
C'est un simple coefficient numérique, représenté par une fraction inférieure à l'unité :
F
? = >••
Le coefficient d'absorption d'un corps pour une radiation, définie par
sa composition spectrale, est le rapport du flux absorbé au flux reçu;
c'est aussi un coefficient numérique plus petit que l'unité :
F—F'
— 127
-
Le coefficient de transmission d'un corps pour une radiation, définie
par sa composition spectrale, est le rapport du flux transmis F'.au flux
reçu F. C'est encore un coefficient numérique plus petit que l'unité:
' ~
F '
Les Anglais établissent une distinction entre les mots « factor »,
« ratio », « coefficient », quand il s'agit des facteurs ou coefficients en
question. Pour ce qui concerne la langue française, il est parfaitement
indifférent de dire le « facteur » ou le « rapport » ou le « coefficient » de...
pour désigner les quotients de deux grandeurs de mêmes dimensions
physiques.
La réflexion peut être régulière, diffusée et mixte. Dans le cas d'une
réflexion complète et parfaite, tout le flux est réfléchi sous un angle
égal à l'angle d'incidence et dans toutes les directions d'après la loi du
cos. de Lambert.
Au vocabulaire tiré du rapport du Committee on Nomenclatures and
Standards of the Illuminating Engineering Society for the Year l'JlX,
BLONDEL propose d'ajouter les définitions suivantes :
La visibilité d'une source ou d'un signal est la possibilité qu'il y a
pour un observateur normal d'apercevoir cette source ou ce signal
dans certaines conditions. Par exemple, on dit que la visibilité d'un
signal est la possibilité de l'apercevoir à une certaine distance.
La luminosité au contraire exprime la propriété qu'a l'énergie d'une
certaine source ou d'une certaine radiation de donner une impression
sensible à l'œil. Nous avons défini à ce point de vue les coefficients de luminosité dans le corps de cette étude.
he facteur d'éblouissement («glare factor») est le rapport du facteur de
réflexion directe au facteur de réflexion diffuse sous un angle donné.
En Angleterre et en Amérique on emploie couramment le terme
glare pour indiquer l'influence nuisible sur les yeux d'une source on d'un
corps trop éclatant (soleil, métaux en fusion, surface très polie, etc.)
et bien souvent on applique ce terme à un groupe de phénomènes dus
à tout éclat par lequel le champ visuel est cause de troubles, de malaise,
de fatigue oculaire. Le premier rapport anglais sur l'éclairage avait
acceptéo ce terme comme désignant trois phénomènes définis ainsi qu'il
suit : I l'effet résultant pour l'œil du fait de fixer une source lumineuse
éclatante; 2° l'effet produit par la présence d'une ou de plusieurs sources
de lumière à la périphérie du champ de la vision, de façon que les rayons
arrivent aux yeux dans une direction oblique; 3° l'effet produit par la
réflexion de la lumière par une surface polie ou luisante de l'objet qu'on
travaille.
En ce qui concerne le relevé des valeurs d'éclairement, le rapport
anglais attire l'attention sur la différence qui doit être faite entre les
tests de l'éclairement donné par les sources naturelles ou artificielles de
la lumière.
Attendu que l'intensité de la lumière naturelle varie d'heure en heure
et de jour en jour, les valeurs absolues relevées ne servent pas pour déterminer l'éclairement de la lumière naturelle et aucun de ces relevés, pris
isolément, n'est un criterium utile pour juger l'éclairement. Il est donc
nécessaire de rapporter l'éclairement relevé à l'intérieur à l'éclairement
— 128 —
extérieur relevé en même temps. Ce rapport est exprimé comme coefficient de l'éclair-ement naturel pour chaque point de la pièce et comme
mesure de l'intensité lumineuse de la pièce au point en question. Ce
facteur varie naturellement beaucoup selon la position des fenêtres,
mais il devrait être indépendant, dans des limites très larges, de la
saison ou des conditions météorologiques extéiieures. L'expérience a
prouvé que dans les constructions éclairées par le faîte, par exemple
dans les tissages à « sheds », le coefficient de l'éclairement naturel est de
l'ordre de 2 %. D'autre part, au centre de ce¡ tains ateliers, avec un
éclairement naturel, le même facteur est de l'ordre de 0,01 pour
cent.
L'annexe xvi du rapport anglais présente les variations de l'éclairement pendant la journée et pendant une année. Il résulte de ces données
que l'éclairement, par exemple en décembre, pendant une journée prise
comme moyenne, varie de 5.380 lux è 10 heures du matin à 1.076 lux à
midi. Si le coefficient de l'éclairement naturel pour un point donné de
l'atelier ne surpasse pas 0,4 pour cent, l'éclairement de ce point atteindra
seulement 21,52 lux de 10 heures à 14 heures et à d'autres moments de
la journée sera encore plus faible. Une telle pièce ne devrait pas être
considérée comme éclairée suffisamment, en décembre, sans un éclairage
artificiel supplémentaire, quoique en juin, avec un éclairement extérieur
de l'ordre de 43.040 lux à midi, son éclairement soit probablement
satisfaisant de 6 heures à 18 heures.
(12) Les mots français «éclat» et «clarté » ayant déjà reçu dans le
langage technique des acceptions trop variées pour être susceptibles
d'une définition précise, BLONDEL propose d'adopter le néologisme
«brillance», traduction exacte de l'anglais «brightness» au lieu de la
définition rigoureuse « intensité surfacique ».
Pour le Comité anglais, la « brightness » — brillance — ou « éclat
intrinsèque » est de même nature que la puissance lumineuse, en ce que
les deux expressions impliquent l'idée de débit d'énergie lumineuse.
Le terme « éclat » avait et a encore souvent deux significations :
éclat d'une source lumineuse et éclat d'une surface éclairée. L'éclat
de la source varie en raison inverse du carré de la distance à laquelle
la source est placée; il augmente en général avec sa température : il
est considérable avec l'arc électrique à feu nu et moindre avec la lampe
à vapeur de mercun. L'éclat de la surface est aussi très important.
Quand un papier blanc est exposé à l'action d'une source lumineuse,
il prend un éclat lumineux, en devenant lui-même une source diffusante
de lumière. Les quantités de lumière reçues par unité de surface sont
inversement proportionnelles au carré des distances auxquelles la source
lumineuse est placée. Il importe évidemment que la grandeur physique
étudiée soit définie et bien mesurable et qu'elle résulte de deux facteurs:
éclairement et coefficient de réflexion diffusée.
L'éclat d'une surface éclairée par une source punctiforme dépend
essentiellement de l'orientation de la surface par rapport à la direction
de la source. Pour simplifier, on admet qu'à un éclairement donné une
surface a le même éclat, quel que soit l'angle d'incidence sous lequel
elle est vue. Il faut toutefois bien distinguer l'éclat sous une direction
normale à la surface et celui sous des directions obliques, pour lesquelles
peu de corps suivent la loi de Lambert.
(13) Le «Lambert-) est l'unité CGS de l'éclat d'une surface (source) parfaitement diffusible rayonnant ou réfléchissant 1 lumen par cm2, c'est-à-
— 129 —
dire équivalent à l'éclat d'une surface parfaitement diffusible ayant
un coefficient de réflexion égal à l'unité et l'éclat égal à 1 phot. Bien souvent on préfère employer le « millilambert » (0,001 lambert). Une surface parfaitement diffusible qui émet 1 lumen par square foot aura2
un éclat de 1,076 millilambert. L'éclat exprimé en bougies par cm
peut être réduit en lamberts en multipliant le chiffre par n = 3,14;
s'il est exprimé en bougies par square inch on le réduit en éclat par fooicandle en multipliant le chiffre par le facteur 144 n = 452 et en lamberts
en multipliant par n: 6,45 = 0,4868. Pratiquement, aucune surface
ne répond exactement à la loi du cos. de Lambert. Par conséquent,
l'éclat d'une surface en lamberts n'est pas, en général, numériquement
égal à sa radiation lumineuse spécifique en lumens par cm2. Voici les
rapports entre
les diverses unités : 1 lambert, c'est-à-dire 1 lumen
émis par cm2 d'une surface parfaitement diffusive = 0,31836 bougie
par1 cm* et 2,054 bougies par square inch. Inversement, 1 bougie par
cm = 3,1416 lamberts et 1 bougie par square inch = 0,4868 lambert ou
486,8 millilamberts. 1 lumen émis par square foot est égal à 1,076
millilambert et 1 millilambert est égal à 0,929 lumen (émis par square
foot).
(14) Le Comité anglais estime que l'emploi du terme efficiency (rendement) pour désigner le rapport « watts-bougies » soulève des objections, car sa valeur numérique augmente à mesure que le rapport « débité :
fourni » (output : input) décroît. L'application du terme « rendement »
à tout autre rapport conduirait sûrement à la confusion pour l'avenir.
Le rapport de la puissance fournie exprimée en watts ou BTU. par heure
à la puissance moyenne lumineuse, exprimée en bougies, a été appelé
specific consumption de la source, tandis que le rapport de la radiation
lumineuse émise, exprimée en lumens, à la puissance fournie, exprimée
en W. ou BTU, a été appelé specific output,
(15) Avec Je stéréogoniomètre perfectionné par PLEIER, il n'est pas
nécessaire de faire les calculs qu'exige celui de Weber. L'appareil
proposé par THORNER simplifie aussi cette recherche, mais il permet
seulement de constater qu'un poste est « bon », « suffisant » ou « insuffisant » au point de vue de l'éclairement.
Les recherches de COHN avec le stéréogoniomètre, contrôlées par un
photomètre, ont donné les résultats suivants : « Un poste qui ne reçoit
pas la lumière du ciel et dont l'angle d'ouverture est égal à 0° n'a qu'un
éclairement de 1 à 3 lux dans les journées nuageuses. Si l'angle
est inférieur à 50° carrés l'éclairement dans les mêmes conditions sera
inférieur à 10 lux. Si enfin l'angle est plus grand que 50° carrés, l'éclairement, même dans les journées nuageuses, sera supérieur à 10 lux.»
Le système actuel de marquage des lampes électriques suggère l'idée
de s'en servir pour évaluer sommairement l'intensité des lampes employées
dans le local, en rapportant la valeur totale des lampes à la surface ou
au cube du local. Mais en tout cas, il faut tenir compte d'autres facteurs,
tels que la distance de la source à la surface éclairée, l'inclinaison des
rayons, etc.
(16) D'après IVES (Transactions of Illuni. Engin. Soc. Nov. U.S. 1908),
la composition des couleurs des sources lumineuses ordinaires comparée
à celle de la lumière naturelle serait la suivante :
130
Source lumineuse
Rouge
Vert
Bleu
Lumière naturelle moyenne
»
solaire de 2 à 5 heures après-midi
Manchon Welsbach avec '/• % de cerium .
»
»
» s/4 % »
»
Tungstène (1 '/« watt p. boug. hor. moyen.)
Nernst
Acétylène
Gem (2,5 watts p. bougie horizont. moyenne)
Lampe incand. carbone (3,1 watts id. id.)
Gaz (flamme à papillon)
100
100
100
100
100
100
100
100
100
100
1009181695551,5
50,4845.40-
100562814,5
12,1
11,3
10,4
8,3
7,4
5,8
D'après W. VŒGE (cit. K. v. STOCKHAUSEN, dans le Grundriss der
Hygiene de Seiter. Dresde, 1920), la composition spectrale de la lumière
des différentes sources serait :
Spectre
Source lumineuse
Vert
470-560
Jaune-Tert
560-590
Rouge
590-650
Extrarouge
650-750
1,00
1,60
0,65
1,00
1,33
0,85
1,00
1,00
1,00
1,00
0,77
0,90
1,00
0,66
0,80
Lampe à osmium . •
0,197
0,234
0,79
0,80
1,00
1,00
1,76
1,68
2,70
Acétylène
Manchon Auer
0,27
0,22
0,86
0,88
1,00
1,00
1.37
1,21
—
Lampe à vapeurs de Hg . . .
Lampe à arc à charbon . . .
0,58
0,45
0,78
0,97
1,00
1,00
1,35
1,70
Longueur d'onde (/* ¿*)
Ciel ouvert
Ciel bleu (E. Köttgen) . . . .
Lumière solaire (E. Kóttgen) .
Bleu
400-470
Lampe à incandescence (fila-
(17) Dans les pays à climat tropical, l'inclinaison avec la verticale
sera 0°, parce que le soleil à midi est au zénith. En montant vers le pôle,
l'angle peut augmenter et arriver jusqu'à 90° au pôle même. De 25°
à 65° — limite de la zone industrielle — l'angle vaae avec les degrés de
latitude en passant de 20° à 45°.
Contre la chaleur étouffante, en été, on a proposé la peinture des vitraux
des «sheds» ou des lanterneaux à la chaux (on ne voit pas la nécessité de
recourir à la céruse) ou au bleu spectral — azurite, azol, etc. — qui intercepte les rayons calorifiques, mais qui n'est pas toujours bien supporté.
(18) En pratique, la façade est aujourd'hui presque toute vitrée.
Le National Cashregister Co. (Dayton, Ohio) présente 32.200 m2 de
vitrage, c'est-à-dire plus des quatre cinquièmes de la surface des murs
du bâtiment.
Il faut attirer aussi l'attention sur le progrès que l'industrie de l'éclairage a fait récemment avec la mise en commerce de pigments (jaunes)
qui permettent à la lumière traversant les verres d'imiter autant que
possible la lumière naturelle. La couleur ultra-marine (teinte faible)
— 131 —
aurait les mêmes avantages. L'industrie présente aujourd'hui des verres
spéciaux, qui sont aussi montés sur les sources artificielles, combinés
avec des réflecteurs, d o n t l'intérieur est coloré en bleu (v. bibliographie).
(19) D'après K. v. STOCKHAUSEN, la perte de lumière par les vitres
serait la suivante :
Qualité du verre
Epaisseur
en mm.
Perte de
lumière
en •/•
1
5
Verre miroité blanc
1
6,5
»
»
à reflets jaunâtres
1
8
»
»
»
»
verdâtres
1,6-2,5
10
» de vitre ordinaire à reflets verdâtres
2,5-3,4
11
»
»
»
»
»
»
»
3,4-4,0
13
»
»
»
»
»
»
»
3,0-3,5
11
» de cathédrale blanc
5
13
» brut ordinaire
5
19
»
» sable
25
13,5
»
»
»
14-22
2
» mat (suivant la propreté de la surface)
25-40
3-5
15-20
» comprimé verdâtre
3-5
24
» blanc comprimé
5,6-5,9 24-37
» brut cannelé en diagonales
5-6
25-44
»
»
»
parallèlement
3-6
24
» d'ornement d'après modèle
6,6-7,8
34
» à treillage métall. à mailles hexag. de 17-20 mm
10,8
34
»
»
»
»
»
»
»
»
»
» 6,2-7,4
43
2
» »
»
»
» grosses mailles de 6-7 mm .
44
8
25-65
» »
»
»
»
»
»
» 6
»
5,3
1-3
» »
»
»
»
»
»
» 3
» .
(20)
» Pour
laiteuxaugmenter l'intensité de la lumière naturelle,
,
on se sert de
verres prismatiques, basés sur la loi de Fresnel et qui, disposés comme il
faut, permettent d'augmenter la lumière dans les locaux insuffisamment
éclairés, de la diffuser et de la répandre avec une intensité sensiblement
égale. Ce système de verres spéciaux (verres soleil, prismes Luxifer)
améliore l'éclairement naturel dans les constructions anciennes et peut
recueillir les rayons lumineux sous les incidences les plus variées. Il faut
cependant rappeler qu'il ne convient pas pour les t r a v a u x délicats et
qu'il a aussi le désavantage d'éblouir quand les yeux reçoivent directement la lumière qui a traversé ces verres.
(21) Le pouvoir réflecteur des diverses substances qu'on peut placer
sur les murs (réflexion régulière ou diffuse) aurait, d'après BROCA, les
valeurs suivantes :
Bois peint en blanc et verni
. .
Papier blanc
»
peint clair
Mur peint en jaune clair (propre)
»
»
»
»
» (sale) .
Peintures noires
0,8
0,8
0,4-0,6
0,4
0,2
0,012
— 132 —
D'après Dow et MACKINNEY (Optical Soc, Londres, 13 oct. 1910), le
pouvoir réfléchissant du papier peint dans quatre chambres examinées
(salon, hall, bureau et salle à manger) éclairées par des lampes Tungsten
était le suivant :
Couleur du papier
Bleu clair
Rouge foncé
Vert foncé
Eclat du papier
Eclairement
lux
lux
3,22
1,61
1,61
0,16
7,74
6,45
10,76
3,76
Pouvoir
réfléchissant
approximatif
%
40
25
15
4,5
L. BLOCH (Grundzüge d. Beleuchtungstechnik, p. 115) établit le pouvoir
de réflexion des différents vernis employés pour le plafond des pièces ou
pour les parois comme suit : lithopone pur : 75; blanc de zinc pur: 76 ;
chaux : 66,5; chaux et jaune de chrome clair : 66,5; id. et id. sombre : 64,5; chaux et ocre clair : 66,5; id. et id. sombre : 52,5; chaux
et vert clair: 66,5; id. et id. sombre: 57; chaux et rouge anglais clair:
63,5; id. et id. sombre : 50,5; chaux et bleu clair : 60; id. et id sombre :
53; papier blanc : 68; papier jaunâtre : 67; papier jaune : 60.
D'après les « Electr. Testing Laboratories » de New-York, une surface
peinte avec une couleur blanche et lustrée augmente l'éclairement
de 19 à 36 % (1921).
La couleur des peintures est aussi un élément important pour le bienêtre des ouvriers. Le rendement du travail dans un milieu éclairé et
gai, quand les couleurs des parois sont choisies avec soin et mélangées
avec goût, est de beaucoup supérieur. Une entreprise de Manchester
a engagé un artiste décorateur pour faire de l'usine un milieu agréable
de travail. Une autre entreprise, du même district, a placé des images
dans les ateliers, ce qui a eu, paraît-il, de très bons effets sur la production.
Il est notoire, en effet, qu'un bon choix des couleurs peut rendre agréable
une pièce obscure et triste. La peinture pour l'intérieur doit être mate
ou semi-mate, avec un coefficient initial de réflexion d'au moins 0,25 et
d'au plus 0,50.
Les expériences des différents auteurs sur les valeurs moyennes du
coefficient de réflexion des diverses couleurs donnent les chiffres suivants (d'après le School Lighting Code du Wisconsin 1921, pp. 12-13):
Blanc neuf .
»
vieux
Crème . . .
Ivoire . . .
Gris
. . . .
Vert pâle
Vert s o m b r e
0,74-0,80
0,67-0,76
0,66-0,72
0,66-0,70
0,15-0,57
0,43-0,67
0,10-0,22
Bleu pâle . . . .
Rose
R o u g e sombre
Jaune
Cuir s o m b r e . . .
Bois n a t u r e l b r u n
Bois clair verni .
0,31-0,55
0,32-0,55
0,12-0,27
0,55-0,67
0,27-0,41
0,15-0,26
0,36-0,46
(22) La valeur qu'il faut employer pour calculer Vespacement habituel
des lampes électriques ou à gaz est donnée par un diagramme publié
aux pages 19 et 21 de 1'« Ind. Lighting Code for Factorif s, Mills, Offices
a. other Work Places ». Ind. Commission of Wisconsin [Madison Wise.
1920].
90'
--7S"
O'
3
14'
- i —->—
ke¿s i b a n (4*1
_
I
1
53 Feet
_^-rr^-Í4 0 _
1
£
t
_
24
Floor
Fio. 25. — Co schéma aide à comprendre les prescriptions de l'ordonna
de réflecteur sur les lampes placées au-dessus de la
— 134 —
La figure 25 que nous empruntons au même code explique la
disposition législative concernant la protection des lampes suspendues.
Si l'a source la plus éloignée de l'œil est placée en A, son élévation
au-dessus de la ligne visuelle est d'un quart inférieure à sa distance de l'œil.
La lampe sera donc protégée par un réflecteur ayant un angle protecteur d'au
moins 14 degrés. Si le réflecteur est en verre, il devra être suffisamment de nse
pour atténuer l'éclat à la limite que prescrivent les règlements. Un réflecteur
avec un angle protecteur de 14 degrés, comme dans lafigureà gauche, supprime
toute vision directe de la lampe pour les positions qui se trouvent dans un rayon
de sept mètres environ autour de la lampe. A une distance inférieure, le rapport de l'élévation à la distance excède un quart.
Si la lampe est placée en B, il n'est pas nécessaire de la protéger avec un
réflecteur, car son élévation est égale à '/* de la distance des yeux. Toutefois,
pour raison d'économie, on préférera en tout cas l'emploi d'un réflecteur.
(23) On obtient la « courbe des rayons lumineux » (« courbe polaire »)
d'une source en mesurant les intensités au moyen d'angles, distants de
10° les uns des autres, tracés sur un plan vertical qui passe parle milieu
de la source. Une telle courbe peut donner, soit par le calcul, soit
graphiquement, l'intensité moyenne sphérique ou hémisphérique. Il
est très difficile et très long d'établir une courbe polaire; cependant,
la connaissance des courbes polaires des différentes sources sert de base
pour résoudre le problème ardu que représentent les divers systèmes
d'éclairage (éclairage des rues et des places, des gares, des salles de concert, des salles d'école, etc.). Si l'on veut connaître l'intensité sphérique
ou hémisphérique dans un autre but que l'éclairage, ce serait perdre
inutilement son temps que de chercher les courbes polaires, qui ne sont
alors d'aucune nécessité. L'appareil qui au moyen d'une seule mesure
peut donner la valeur de l'intensité sphérique ou hémisphérique s'appelle Integrator.
On peut également utiliser la courbe polaire pour déterminer soit
par le calcul, soit graphiquement, le plan horizontal que peut éclairer
une lampe placée à une hauteur donnée.
(24) La détermination approximative du pouvoir et du nombre des
lampes nécessaires pour une pièce donnée, sur la base des coefficients
d'utilisation, n'est possible qu'avec la connaissance des pouvoirs en
lumens par watt des lampes considérées ou en lumens par cm3 de gaz
consommé par heure (s'il s'agit de lampes à gaz). Le calcul nécessaire
pour connaître le total des lumens utiles à un certain éclairement en
b.d. est le suivant :
Nx L x E =
A
"
N = nombre des lampes; L = pouvoir en lumens par lampe; E = coefficient d'utilisation;2 A = surface du plancher ou du plan horizontal du poste
de travail en cm ; I = intensité lumineuse en b.d.
Si l'on doit déterminer Yintensité des lampes, le calcul sera le suivant :
-^'-A
Nx E '
Avec une installation commune d'éclairage, la distance entre les unités
lumineuses ne devrait pas dépasser une fois ou une fois et demie la hauteur de la source apparente d'éclairage au-dessus du plan de travail.
L =
l
— 135 —
(25) Exemple : Une chambre ayant un plancher (ou un plan de
travail) de m. 9 X 5,50 doit être éclairée par six sources au moyen du
système semi-indirect. Le plafond est très réfléchissant et les parois le
sont à un degré moyen : l'intensité demandée est de 54 lux. L'intensité
nécessaire pour chacune des ¿ix lampes sera, d'après la formule :
L =
54 x 9 x 5,5
= 1490,
6 x 0,30
soit, en chiffres ronds, 1500 lumens. En tenant compte du facteur (20%)
pour la dépréciation d'entretien, etc., les lumens demandés sont
1500
0,8
= 1.875.
Ce rapport a trait à la lumière reçue par un objet éclairé et ne doit
pas être confondu avec le rapport de 20:1 pour l'éclat relatif à la lumière
rayonnée par l'objet.
(26) La grandeur de l'éclat de certaines sources lumineuses d'usage
courant serait, d'après le code de Ylllum. Engin. Soc. (1918) des EtatsUnis, la suivante :
Sources
Eclat
(en milliiamberts)
Eclairage indirect: plafond, directement au-dessus de
l'unité d'éclairage
5
Eclairage semi-indirect: ampoule à forte densité
. .
35
»
semi-indirect: ampoule à faible densité . . .
200
»
direct: (25 cm.) ampoule « opal » de 100 watts
500
au centre lampe de tungstène à air raréfié . . . . .
Eclairage indirect: lampe de tungstène à air raréfié,
2.000
verre dépoli, sous un réflecteur ouvert
500.000
Lampe de tungstène à air raréfié et filaments visibles .
»
»
»
d'un demi watt à filaments visibles. 2.000.000
15.000
»
»
»
(15 cm.) globe « opal » . .
1.000
8.000
Eclairage diurne: ciel clair et bleu
1.000
à
75
à 100
à 1.000
à 3.000
D'après MONASCH, les éclat? des sources sont les suivants : gaz bec
papillon (HK par cm 2 ): 0,53-1,25; gaz comprimé: 5-8,5; acétylène:
6,2-8; lampe carbone: 4W/HK:45-50; lampe Tantale: 110-130; Wolfram:
160-210; tube à mercure: 2,5-3; tube Moore: 0,04-0,26; arc: 600-1000;
charbon positif: 32.000-35.000; soleil horizon: 400; soleil zénith: 100.000150.000.
(27) Le caractère éblouissant des sources modernes,—-dont nous avons
déjà vu les valeurs, — étroitement lié au progrès de l'éclairage, doit avoir
une limite sur laquelle cependant les techniciens ne sont pas encore
d'accord. Quelle est cette limite ? Certains techniciens proposent que
le nombre d'unités lumineuses émises par une surface éclairante ne
dépasse pas la valeur limite de 2 '/ s bougies par 6 l / s cm3, valeur qui
se rapproche de l'éclat du ciel (1,5-3 par 6% cm3). Les codes américains
fixent cette valeur pour l'éclairement local, tandis que pour les lampes
suspendues au-dessus du niveau de la ligne de vision, à une hauteur
— 136 —
inféiieure au quart de la distance des lampes à un point quelconque
où l'on travaille, les codes demandent l'emploi de réflecteurs tels que
l'intensité de la surface unitaire (square inch) la plus éblouissante de
la source lumineuse visible ne dépasse pas 75 bougies. W E B E R , de Kiel,
pose encore les limites suivantes au caractère éblouissant des sources
lumineuses : a) le nombre des unités lumineuses émises par une surface
donnée de la source par rapport à l'intensité mesurée sur les objets
environnants ne doit pas excéder une certaine limite, p. ex. 100; b) le
nombre des unités lumineuses émises par une surface donnée de la source
ne doit pas dépasser une valeur déterminée. Ainsi, la flamme d'une bougie
brûlant à l'air libre et donnant une intensité de 2 % bougies par 7 % cm 2
est une limite raisonnable; c) l'angle formé par la ligne p a r t a n t de l'œil
dans la direction de l'objet éclairé et la ligne p a r t a n t de ce même œil
vers la source lumineuse ne doit pas être trop aigu. On peut fixer le
minimum de cet angle, d'une façon arbitraire, à 3 0 ° ; d) la surface visible
de l'objet éclairé ne doit pas être trop grande; la source lumineuse ne doit
pas former de rayons réfléchis supérieurs à 5° vers l'œil.
(28) JAVAL et GARIEL demandent, pour les enfants, un éclairement
de 15-20 lux. COHN et ERISMANN estiment comme valeur suffisante
10 bougies-mètre; comme minimum 12-15 pour les travaux moyens
et 25 pour les travaux fins. E n 1885, COHN écrivait qu'à 60 lux, l'œil
voyait, sans effort d'accommodation, aussi bien et aussi facilement qu'à
la lumière diurne. MONASCH (i.e., p. 178) donne les valeurs suivantes, pour
l'éclairage horizontal moyen mesuré en plan u n mètre au-dessus du plancher (en lux H ) : grandes pièces, filatures: 15-20; industrie textile,
couleurs claires : 25-30 ; id. couleurs sombres : 30-40 ; fabriques de machines,
t r a v a u x sur métaux, etc.: 25-35; fine mécanique: 35-60; composition,
impression: 60-80; dessin, etc.: 60-80; b u r e a u x : 35-50.
BARGERON propose de faire l'expérience suivante :
Un ouvrier graveur sur pierre lithographique étant éclairé, par exemple,
par une lampe mi-watt de 100 bougies, placée à 50 cm. de son travail, on a
théoriquement, en vertu de la formule:
. _
i cos
l'angle d'incidence étant 30°
100 x 0,866 _
100 x 0,866
346,'i0 lux,
ce qui est un éclairage fort intense. On éloigne peu à peu la source lumineuse
jusqu'à amener l'ouvrier à déclarer qu'il n'y voit plus assez pour son travail
et on note alors le nombre de lux. Mon hypothèse est que ce nombre ne sera
pas diminué beaucoup et que dans le cas cité le travailleur ne pourra pas
supporter un écart de plus d'une centaine de lux, et ce, simplement parce
qu'il aura les cônes et les bâtonnets de la rétine fatigués par l'excès de lumière
et qu'ils seront devenus moins sensibles. Puis, un autre jour, je procéderai
inversement, c'est-à-dire en partant d'un éclairement faible dont j'accroîtrai
peu à peu l'intensité jusqu'à amener le travailleur à déclarer qu'il y verra assez.
J'ai la conviction que le nombre de lux dans ce dernier cas sera supérieur à
celui auquel il déclarait n'y pas voir assez dans l'essai précédent. En répétant
cette expérience un grand nombre de fois, il sera possible de déterminer pour
chaque métier ce que j'appelle des normes d'éclairage. D'autre part, le chiffre
le plus bas pourra être considéré comme le minimum de ce qu'il faut exiger
pour que l'individu ne soit pas fatigué par manque de lumière (voir Moniteur
de la peinture, 5 mai 1922, p. 162).
— 137 —
L'enquête anglaise conclut en faveur d'un éclairage général autant
que possible uniforme dans tout le local et pour un éclairage localisé,
également aussi uniforme que possible, sur la ou les parties du local
particulièrement envisagées. Sur le poste de travail, l'éclairage mesuré
horizontalement au niveau du plancher ne devra pas être inférieur à
0,25 foot-candle (2,7 lux), sans préjudice pour le travail lui-même. Cette
valeur n'est pas suffisante dans certaines industries pour assurer la
sécurité des ouvriers. Par conséquent, dans ces industries, l'éclairement
ne sera pas inférieur à 0,40 foot-candle (4,3 lux). Pour les passages,
passerelles, etc., où il n'y a pas d'obstacles, la valeur pourra être fixée
à 0,10 foot-candle (1,076 lux); et enfin, pour les cours, les grandes places
des chantiers, etc., où il suffît que l'ouvrier puisse voir suffisamment son
parcours, la valeur pourra être fixée à 0,05 foot-candle (0,52 lux) comme
minimum, surtout s'il n'y a pas d'obstacles. Le ministère aura le droit
de modifier ces valeurs, en autorisant des dérogations pour les cas particuliers.
J. R. COLVILLE (n° 8 (1922) de la General Electric Review, E. U.)
résume dans le formulaire qui suit les conditions pour juger si un éclairage est bon ou mauvais.
1. BON. ÉCLAIRAGE
Un bon éclairage
1. Lumière
2. Lumière
3. Lumière
Bon éclairage.
est conditionné par trois facteurs :
de bonne qualité.
avec une bonne direction.
en quantité suffisante.
Absence d'éclat de la
source.
Absence d'éclat de l'ouBonne qualité.
vrage.
Couleur adéquate.
Ombres douces et lumineuses.
Bonne direction.
Distribution uniforme.
Eclairage pour la sécurité.
Eclairage pour un renQuantité suffisante.
dement économique.
Bon entretien des sources.
2. MAUVAIS ÉCLAIRAUE
Causes
Lampes à feu nu
Effets
Remèdes
Eclat, fatigue oculaire,
Installation d'un sysgaspillage de lumière, om- tème moderne d'éclairage.
bres dures.
Eclairage local par
Eclat, fatigue oculaire,
Eclairage général par
de nombreuses lampes danger d'accidents, —sur- ¿gg ] a m p es suspendues
suspendues.
tout près des courroies et
des machines en marche,
de court-circuit.
Système général.
Lumière « à taches»; les
Rapport adéquat entre
Sources trop éloignées espaces entre les lampes la hauteur et l'espacement
les unes des autres ou reçoivent peu de lumière des sources.
trop basses.
et les ombres sont très
marquées.
— 138
Causes
Remèdes
Effets
Lampes transparenEclat de l'ouvrage, fa_
tes : les machines ou tigue oculaire.
l'ouvrage
présentent
des surfaces réfléchissantes.
Perte de temps pour les
Eclairage insuffisant.
ouvriers ; accidents ; manque d'encouragement pour
le bon entretien des ateliers.
Accidents ; perte de
Ombres m a r q u é e s ,
temps; fatigue oculaire.
noires.
Contraste désagréable
Aspect sombre et luentre les sources lumineugubre des locaux.
ses et le fond; mauvais
moral des ouvriers.
Installation poussiéPerte de 40 à 60 % de la
reuse , malpropre, et lumière payée.
appareils cassés.
Appareils adéquats pour
rabattre la lumière des
lampes.
Sources de plus grande
intensité, munies de réflecteurs appropriés et moins
espacées, si nécessaire.
Installation moderne de
lampes bien espacées.
Peinture claire et emploi
de réflecteurs en verre, si
le local le permet.
Organisation d'un nettoyage et d'un entretien
méthodiques.
(29) On peut relever que les bâtonnets et les cônes ne sont pas également distribués dans la rétine. Dans la zone de la « fovea centralis »
on ne trouve presque exclusivement que des cônes et pas d( bâtonnets.
La vibration lumineuse se transforme en vibration nerveuse dans les
portions externes des cônes et des b â t o n n e t s ; ceux-ci sont donc les agents
de transmission du mouvement de la lumière a u nerf optique. Tandis
que les modifications morphologiques dans ces éléments se produisent
sous l'influence des agents physiques, les modifications physico-chimiques
n'ont lieu que sous l'influence de la lumière. Il semble que les bâtonnets
réagissent aux différences d'intensité que peut présenter la lumière
et que les cônes soient surtout excités par les différences qualitatives
de la lumière, c'est-à-dire par les couleurs. Toutefois, les b â t o n n e t s
percevraient aussi les radiations colorées de faible longueur d'onde.
(30) D'après H A H N , Vacuité visuelle normale varie avec l'âge en diminuant d'une façon constante. BORDIER admet u n maximum vers 15 ans.
Peut-être la différence tient-elle à des conditions expérimentales diverses ;
elle prouve en t o u t cas une fois de plus l'incertitude qu'il y a dans ce genre
de déterminations et la nécessité de suivre des règles bien établies. C'est
surtout chez les marins qu'on a t r o u v é des valeurs d'acuité visuelle de
1,4, 1,5 et même 1,8.
(31) BORDIER a étudié la relation sur u n même sujet entre l'acuité
visuelle et le diamètre de la pupille :
Diamètre de la pupille
mm.
»
»
»
»
1,80
3,90
4,40
6,—
6,60
Acuité visuelle
2,—
1,85
1,80
1,75
1,70
chiffres qui prouvent une influence très nette et l'intérêt qu'il y a à ne
pas éclairer directement le sujet soumis à l'examen, mais à bien éclairer
l'objet du travail.
— 139
-
(32) Les optotypes comportent un certain nombre de lignes de lettres
et, s'il s'agit d'illettrés, ils portent la lettre E, représentée dans différentes positions. Les lettres sont telles que pour une distance de 5 mètres
la lecture de la ligne la plus fine correspond à l'acuité visuelle 1 et celle
de la plus grosse à l'acuité visuelle 0,1. On détermine la grandeur de la
lettre que le sujet lit à cinq mètres. Si les lettres lues sont par exemple
trois fois plus hautes que celles qui correspondent à l'acuité visuelle 1,
le sujet aura une acuité visuelle de 1 /3. En pratique, on utilise aussi
de petites échelles constituées par des morceaux de lecture très fins,
qui permettent le même examen que les grands tableaux pour une distance de quelques décimètres.
(33) Les règles à suivre peuvent être résumées comme suit : Les.chambres d'examen seront éclairées modérément et on prendra soin qu'aucune lumière trop éclatante ou un objet brillant ne soient placés dans
le champ visuel du candidat. L'examen de l'acuité visuelle sera fait
à la lumière donnée par une source artificielle, qui assure un éclairement
aussi uniforme que possible des tests. L'éclairement minimum des tests
(des dimensions données par Snellen et imprimés sur une surface
blanc mat) sera tel que son éclat égale celui d'un nouveau tableau
éclairé par 3 bougies décim. au moins. On évitera un contraste trop grand
entre le test éclairé et le fond sur lequel il est placé. On propose d'éclairer
les tests par deux lampes ordinaires tungstène 20 watts à filaments
droits, fixées verticalement devant le test, une de chaque côté à une distance horizontale de 1 pied (30,48 cm.) du plan vertical normal. Les
lampes seront placées à des hauteurs différentes (une vis-à-vis de la ligne
de démarcation entre le tiers supérieur et le tiers moyen, l'autre vis-àvis de la démarcation entre le tierg moyen et le tiers inférieur).
Pour que les rayons n'arrivent pas aux yeux du candidat, il est utile
d'employer des écrans opaques non réfléchissants.
(34) Toutes les sensations colorées que produit le spectre se groupent
autour de trois excitations élémentaires, capables d° donner en se
combinant la série des couleur?. Si tout le monde est d'accord pour
admettre qu'une de ces trois couleurs fondamentales est le rouge, et
aussi que la deuxième est le vert, il y a plus de discussions pour accepter
comme troisième le violet. Le mélange de ces trois couleurs fondamentales •
produit la lumière blanche.
(35) Les défauts les plus légers de la vision sont très souvent les plus
importants au point de vue social. Une enquête faite dans une usine
américaine (Whiting-Davis Co.), où l'on effectue des travaux très
délicats, a prouvé la nécessité qu'il y avait à prescrire des lunettes aux
83,3 pour cent des employés; 8,4 pour cent seulement ont pu s'en passer. Après la distribution de lunettes la production a augmenté de 28,03
)our cent. Sur 2.906 ouvrières de l'industrie de l'habillement, environ
es 25 pour cent seulement avaient une vision normale et le? 17 pour
cent seulement pour un œil, tandis que l'autre œil présentait des défauts
de réfraction. Les 53 pour cent des employés d'usine et de bureau (sur
10.000 examinés par le « Life Extension Institute T de New-York)
avaient une réfraction défectueuse; les 58 pour cent des employés d'une
fabrique de machines à écrire (675 examinés) ont eu besoin de lunettes; sur 3.000 employés d'une fabrique de boîtes en carton de Brooklyn,
les 28 pour cent seulement présentaient une vision normale.
Sur 3.000 employés de la Robert Gair Co. de Brooklyn, N. Y., les
22 pour cent seulement étaient normaux ; les 38 pour cent étaient
Í
— 140 —
astigmates; les 28 pour cent des hyperopiques; les 5 pour cent des
dischromatopes et les 7 pour cent des myopes. {Iron Trade Ree 1919,
p. 965). La nécessité de protéger les yeux est prouvée par le rapport
récent de V A N K I R K , de Pittsburg (Journ. Amer. Med. Assoc, 16 sept.
1922), qui relate que l'usage des lunettes dans une usine métallurgique,
occupant environ 8.000 ouvriers, a sauvé un œil ou les deux yeux dans
20 à 25 cas par an et fait épargner une somme de 50 à 60.000 dollars
qui aurait dû être versée aux victimes à titre d'indemnité. En Pennsylvanie, pendant le premier semestre de 1922, on a déclaré 66.257 accidents, dont 305 cas de perte d'un œil. Pour chaque œil perdu on a
payé 1.443 dollars, de sorte que ces 305 yeux ont coûté a u t a n t que
133 accidents mortels. Les indemnités dues pour la perte d'un œil ont
été deux fois plus élevées que celles payées pour n'importe quelle autre
cause d'invalidité permanente.
Dans la plupart des cas la perte d'un œil est la conséquence de
la pénétration d'un corps étranger dans le sac conjonctival ou dans la
cornée, suivie d'ulcères infectées, par intervention insuffisante ou surtout p a r l'intervention maladroite d'un compagnon sur le lieu même
du travail.
(36) COBB a publié des données frappantes sur l'énorme étendue de
l'éclat auquel l'œil est exposé dans les conditions ordinaires de lumière
artificielle. Une surface parfaitement diffusive avec un éclairement de
20 b.m. a un éclat de 6,35 b.m. par m 2 . La lampe tungstène à filament
métallique a un éclat de 1,64 b. par mm 2 ou 1.640.000 b. pai m 2 , c'està-dire qu'elle a un éclat 258.000 fois plus grand que la surface qu'elle
éclaire. Si l'on se rappelle l'éclairage d'autrefois, lorsque l'éclairement
dû à l'huile était de 0,004 b . par mm 2 , c'est-à-dire de 4000 b. par m 2 ,
on voit facilement l'énorme progrès réalisé.
(37) G. M. GOULD a classé comme suit les professions, d'après la fréquence de la fatigue oculaire :
Pourcentage
des
personnes
comprises
dans chaque
groupe
Groupe 1.— Chasseurs, pêcheurs, marins, fermiers, agriculteurs, soldats, conducteurs de tramways, jardiniers, maçons, mécaniciens, chauffeurs, etc. . . .
Groupe 2. — Rafïineurs de sucre, employés d'hôtels,
bonnes, cuisiniers, blanchisseuses, peintres à l'extérieur, menuisiers, charpentiers, commis, marchands, etc
Groupe 3.— Imprimeurs, lithographes, plombiers, tonneliers, fondeurs, travailleurs sur métaux, en zinc
et en plomb, fabricants de papier, etc
Groupe 4.— Boulangers, électriciens, chapeliers, cordonniers, gantiers, couturières, tisserands, polisseurs,
relieurs, musiciens, télégraphistes, mineurs, ouvriers
des tunnels, ouvriers des caissons, chimistes,
écoliers, femmes de ménage, etc
Groupe 6. — Etudiants, prêtres, avocats, commis de
bureaux, reporters, professeurs, coiffeurs, sténodactylographes, dessinateurs, brodeuses, photographes, tailleurs, cigariers, graveurs, horlogers, etc.
Pourcentage
des maladies
oculaires par
rapport au
nombre de
personnes
dans chaque
groupe
40
1 à 20
10
20 à 40
10
40 à 60
20
60 à 80
20
80 à 100
— 141 —
(38) Quand la rétine, adaptée à l'obscurité, reçoit l'action d'un éclat
lumineux subit, elle n'atteint pas son état définitif avec l'impression
correspondante. Si la lumière est faible, la sensation est longue à atteindre
son maximum; si elle est forte, la sensation commence par monter
bien au-dessus de celle qui est atteinte en régime permanent. BROCA
et SULZER ont étudié cette question au moyen de mensurations photométriques; ils ont relevé que la sensation passe par un maximum
pour atteindre ensuite sa valeur permanente, et cela au bout d'un temps
assez long qui est de l'ordre de la seconde: 1/10 de seconde pour les
lumières moyennes de 15-20 lux sur papier blanc; inférieur à 1 /10 pour
les lumières fortes. Ces auteurs ont appelé ondulation de fatigue le rapport du maximum à la sensation permanente.
(39) L. Don (loc. cit.) a fait très justement remarquer qu'il existe
non pas un réflexe palpebrai, mais des réflexes palpébraux. Il y a une
différence absolue entre le clignement des paupières produit par une
lumière trop intense et le clignement produit par l'approche d'un objet
qui menace de toucher l'œil. Ce dernier réflexe est plus complexe et
explique la prédisposition aux traumatismes oculaires professionnels
chez certains individus. Il s'agit sans doute de personnes avec paupières
à mouvements très lents, à réaction générale défectueuse, à tempérament spécial.
(40) La cataracte des ouvriers des verreries, des gobeleteries et des
autres ouvriers exposés à des températures de 1.000-1.600° C peut être
due aux rayons calorifiques, bien que pour certains auteurs cette maladie
serait due aux rayons ultra-violets de plus grande longueur d'onde
(SCHANZ et STOCKHAUSEN : Münch. med. Woch. 1910., p. 549) ou tout
simplement à l'action de sources lumineuses trop éclatantes (GEROCK).
LEGGE, qui, en 1903, a fait une enquête approfondie dans l'industrie
anglaise du verre (gobeleteries) est arrivé à la conclusion que la cataracte
est plus fréquente chez les ouvriers occupés à la fonte du verre que chez
les autres ouvriers 1 . D'après W. ROBINSON (Zeitsch. f. Augenheilk.,
xi, p. 265) les fabricants de bouteilles les plus exposés sont les cueilleurs, puis, viennent les ouvriers et, dans une proportion moindre, les
gamins chauffeurs et les porteurs à l'arche. Les fondeurs et les souffleurs sont peu exposés.
L'œil gauche est, parait-il, plus affecté que l'œil droit (V. PIERACCINI:
Patologia del lavoro. Milan, 1906) et ROBINSON, d'accord avec les relevés
de LEGGE, estime que le caractère particulier à cette forme professionnelle des verriers est d'être au début une cataracte corticale postérieure,
qu'il faut distinguer avec soin de la lésion congénitale et stationnaire,
dénommée cataracte post-polaire. Cependant, ROBINSON affirme qu'il
n'est pas possible de dire si la cataracte des verriers est due aux r.u.-v.
ou aux radiations caloriques.
La Commission anglaise a étudié cette forme morbide par rapport
à l'absorption des différentes radiations lumineuses par les divers milieux
de l'œil et en 1915 l'hypothèse que la chaleur est le facteur le plus important dans l'étiologie de la cataracte s'était affirmée de plus en plus.
Une enquête ultérieure faite chez les ouvriers de l'industrie du fer-blanc
(laminoirs), à Llannelly, ouvriers qui exécutent un travail pénible
1
The Report of the Department of Commerce on Compensations of Industrial
Diseases. London 1907 -08, Supplementary Report of the Departmentof Commerce.
— 142 —
dans un milieu très chaud et sont exposés à l'action des r.u.-v. des plaques
de fer-blanc portées au rouge, releva un nombre frappant de cas (144
cas sur 354 ouvriers) parmi les ouvriers âgés de plus de 35 ans et ayant
au moins quinze ans de travail. La lésion était moins fréquente chez les
ouvriers qui travaillaient depuis moins de quinze ans. mais certains de ces
ouvriers présentaient une opacité du cristallin visible sans dilatation
artificielle de la pupille (Brit. Journ. of Ophthalmology, May, 1921).
(41) L'éclairage et l'abus de lumière dans les studios cinématographiques a donné lieu récemment (voir Ilium. Engineering. Londres,
13 janv. 1921) à une discussion qui pourra porter des fruits dans le
domaine des recherches cinématographiques. On a relevé que les troubles oculaires piésentés par les artistes (troubles qui peuvent revêtir
des formes très graves et même aboutir à la cécité) sont dus au fait
que ceux-ci sont exposés à l'action de radiations de certains types de
lampes très puissantes. Certains yeux sont affectés beaucoup plus fortement que d'autres. Il a été suggéré de soumettre les artistes à une sorte
de consultation permettant de juger de l'état de leur appareil visue
avant qu'ils entreprennent un travail qui les expose à une source de
lumière très éclatante. En Angleterre, la question a même fait l'objet
d'une interpellation à la Chambre des communes1.
Les intéressés ont émis l'opinion qu'au point de vue artistique, l'emploi
de lampes voilées et de certaines méthodes de diffusion, donnant une
lumière plus proche de la lumière diurne, serait très désirable. L'éclairage
étant une des dépenses les moins importantes dans la production d'un
film, il serait utile qu'on y consacre un peu plus d'argent et qu'on obtienne
ainsi un éclairage plus hygiénique en même temps que plus satisfaisant
au point de vue de la technique industrielle.
Les directeurs de studios doivent aussi envisager la question de la
quantité de radiations émises par les différentes sources ordinairement
employées, car la couleur et la richesse en r.u.-v. varient considérablement
pour certains types de lampes.
En dehors de l'action nuisible des r.u.-v. sur la peau et les membranes
externes de l'œil, les avis des experts sont très partagés en ce qui concerne
l'importance de ces rayons pour la technique cinématographique.
Certains prétendent que ces rayons sont très utiles, d'autres disent
qu'ils ont relativement peu de valeur, car ils seraient absorbés par
l'objectif de l'appareil de prise.
Dans le but d'étudier cette question, F« Illuminating Engineering
Society » de Londres a décidé de constituer un comité composé de
représentants de l'industrie cinématographique, d'experts, de photographes, d'oculistes et d'autres personnalités compétentes en la matière, afin
d'étudier toute la question de l'éclairage dans l'industrie, envisagée
sous ses divers aspects. Le comité sera aussi une source constante d'informations et, de par sa composition, sera à même de traiter le problème
d'une manière scientifique et impartiale (voir Ilium. Engineer.,
fév. 1921).
1
Voir Lancet, 16 juil. 1921, p. 158. Voir aussi les conclusions du rapport
sur la ventilation et la fatigue oculaire dans les théâtres et cinémas de Johannesburg (Lancet, 28 janv. 1922, p. 204).
143
(42)
TABLES P R O F E S S I O N N E L L E S DE
Professions visuelles
supérieures
SILEX.
Professions visuelles
moyennes
Professions visuelles
inférieures
Acuité : Va ou 7, io
aux deux yeux
Acuité : -/s à un œil
Va à l'autre
Acuité : moins
de c/c à un œil
et de 1/8 à l'autre
Charpentiers, menuisiers, maçons, plâtriers,
couvreurs, gaziers, serruriers, bijoutiers, sculpteurs, graveurs, mécaniciens, opticiens, polisseurs de diamant,
armuriers, horlogers ,
peintres, imprimeurs,
lithographes, photographes, retoucheurs,
télégraphistes, brodeuses, forestiers, marins,
constructeurs de bateaux.
Tourneurs, forgerons,
ferblantiers, couteliers,
électriciens,
vitriers,
polisseurs, mineurs ,
gantiers, bandagistes,
pelletiers, drapiers, cordonniers,
tonneliers,
jardiniers , fumistes ,
musiciens,
commis,
brasseurs, sucriers, tisserands, bouchers, carrossiers, modistes, cuisiniers.
Doreurs, meuniers maréchaux-ferrants, souffleurs de verre, papetiers, relieurs, fleuristes,
teinturiers , tanneurs ,
savonniers, cigarières,
vanniers ouvriers en
parapluies, confiseurs,
valets de chambre,
domestiques, concierges, frotteurs,
commissionnaires,kemballeurs,
blanchisseuses, repasseuses, hommes
de
peine, porte-faix, polisseurs de meubles.
Le classement de R A D I E J E W S K Y prend en considération d'autres
exigences professionnelles et il perfectionne sans aucun doute les tables
proposées p a r
SILEX.
/ Avec bonne vision la nuit et champ visuel
l normal: conducteurs de véhicules méca1 niques, camionneurs.
Vision éloignée
Avec vision particulièrement bonne des
couleurs : pilotes, marins, mécaniciens des
chemins de fer.
Professions
exigeant
une vision
supérieure
( Afllneurs, ajusteurs, armuriers, bijoutiers,
i brodeuses.
Vision rapprochée
Avec vision des couleurs: tisserands.
Professions
exigeant
une vision
moyenne
Ouvriers des fonderies de métaux, des raffineries, distilleries,
industries de l'ameublement, mines, fabriques d'eaux gazeuses, d'appareils d'éclairage; ouvriers ardoisiers,asphalteurs.
Avec vision des couleurs : céramistes, potiers, etc.
Professions
n'exigeant ! Abateurs de bois, blanchisseuses, repasseuses, bouchers, briqu'une vision j quetiers, laveurs de laines.
inférieure (
T R U C a proposé et utilisé récemment les tables professionnelles suivantes, classées d'après les exigences visuelles et l'acuité minima de
chaque œil:
-
144 —
TABLES PROFESSIONNELLES DE TRUC.
Hommes
Armée, marine, écoles spéciales, écoles professionnelles,
administrations, chemins de fer, avocat, avoué, notaire,
I
Vision bonne médecin, dentiste, ingénieur, architecte, peintre, statuaire,
ecclésiastique, professeur, typographe, graveur, sténoAcuité minima : graphe, photographe, sculpteur, opticien, joaillier, bijou1 à un œil et tier, horloger, mécanicien, armurier, électricien, cocher,
charretier, chauffeur, tailleur, comptable, dessinateur.
0,5 à l'autre
Femmes
Brodeuse, couturière, dentellière.
Hommes
Maçon, couvreur, tailleur de pierres, charpentier, charron,
forgeron, chaudronnier, taillandier, serrurier, menuisier,
II
ferblantier, tonnelier, vitrier, peintre, cordonnier, gantier,
Vision médiocre tapissier, teinturier, tanneur, chapelier, barbier, relieur
commis de bureau, commis de magasin, domestique,
Acuité: 0,9 à un garçon de café, garçon d'hôtel.
œil et 0,4 à
Femmes
l'autre
Margeuse d'imprimerie, gantière, modiste, femme de
chambre, commis.
Hommes
Cuisinier, pâtissier, boulanger, épicier, boucher, cordier,
charbonnier, verrier, potier, afficheur, cartonnier, savonVision mauvaise nier, cultivateur, journalier, manœuvre.
III
Acuité : 0,4 à un
Femmes
œil et 0,1 à Cuisinière, blanchisseuse, repasseuse, cigarière, rempailleuse, canneuse.
l'autre
IV
Vision nulle ou Brosserie, vannerie, chaiserie, massage, accordeur de piano,
orgues, enseignement des aveugles.
cécité
Acuitó:
moins de 0,4
Le classement de MICAS (1907) groupe les professions comme suit :
« Professions ultravisuelles », qui exigent une acuité visuelle normale de
chaque œil.
« Professions à acuité visuelle fixe », déterminée par des règlements.
« Professions à acuité visuelle supérieure » (horlogers, mécaniciens de précision, etc.).
(i Professions à bonne acuité visuelle ».
« Professions à acuité visuelle ordinaire ».
Le service médical des écoles de Weimar a dressé également des
tables professionnelles d'après les exigences de l'acuité visuelle. Elles
comprennent les groupes suivants : 1 e r groupe: V. inférieur à 2/3 pour
les deux yeux (« V. bon ») ; 2 m e groupe: V. égal à 2 /3 pour un œil et au
moins 1 ¡2 pour l'autre (« V. médiocre »); 3 m e groupe: V. inférieur à 2/3
pour un œil et à 1 /3 pour l'autre (« V. mauvais »). Les garçons des 2 m e et
3 m e groupes sont informés, ainsi que leurs parents, qu'ils ne peuvent
choisir une profession que parmi celles rangées dans le tableau correspondant, les seules qui soient compatibles avec leur acuité visuelle.
— 145 —
La Chambre de Travail de B o r d e a u x l a aussi rédigé un très
intéressant tableau d'orientation professionnelle pour les candidats
aux différentes professions (« Rose des métiers »). Voici quelques exemples des données d'aptitude d'après le visus.
Les métiers sont classés, au point de vue de l'acuité visuelle, en métiers
qui exigent une acuité visuelle moyenne, bonne, solide, bonne même
dans l'obscurité (et qui ne s'accompagne pas de daltonisme). La table
signale la caractéristique d'une bonne acuité visuelle comme utile ou
comme indispensable pour chaque profession. P a r exemple, les métiers
avec une bonne et solide vision seraient les métiers du livre, d'art, de
tissage, de tapisserie, des transports (cochers, chauffeurs, matelots,
pilotes, etc.), dessinateurs, mécaniciens dans l'industrie des m é t a u x ,
graveurs, ciseleurs, coupeurs, charpentiers, etc.
LEVINSOHN (Zeitschrift
für Schulgesiindheitspflege,
1921, p . 65)
propose, en ce qui concerne le choix de la profession quand il y a des
troubles visuels: I o d'écarter les enfants des professions pour lesquelles
ils ne possèdent pas une capacité visuelle suffisante; mais il en est qui
n'exigent pas une vision centrale aussi bonne qu'on le croit généralem e n t ; 2° tenir compte aussi de l'étendue du champ visuel, du sens des
couleurs et de l'espace, de la perception de la lumière; 3° éloigner des
métiers poussiéreux les sujets qui souffrent fréquemment d'inflammation
du segment antérieur de l'œil; 4° déconseiller aux sujets qui ne voient
que d'un œil les professions dans lesquelles les yeux sont exposés:
5° détourner les enfants sérieusement myopes des occupations qui
obligent à pencher en avant le tronc et la tête, a t t i t u d e qui favorise les
progrès de la myopie.
(43) Cependant l'expérience a prouvé que les verres verts absorbent
la plupart des rayons nuisibles: les 95 % des rayons infra-rouges provenant du fer soudé à 1.000° C et les r.u.-v. Avec les verres verts ces conditions changent rapidement selon la température du métal et la composition même du verre. En tout cas, ils représentent le t y p e le plus utile.
pour les ouvriers travaillant aux fours de fusion de Faciei, du quartz,
à la flamme oxy-acétylène ou électrique. Récemment, on a proposé de
substituer aux verres à vitres communs des verres teints en vert
et de donner aussi une teinte verte aux globes de lumière artificielle.
Faire porter aux ouvriers des lunettes avec verres verts n'aurait pas
le même résultat.
Voir le rapport de GIBSON et MCNICHOLAS, qui ont examiné 82 types
de verres proposés pour la protection des yeux contre l'action des r.u.-v.
et des rayons du spectre visible 2.
(44) Voici l'avis rédigé par F Illuminating
Londres :
Engineering
Society de
QUELQUES RÈGLES ÉLÉMENTAIRES D'UN BON ÉCLAIRAGE.
Xe pas travailler avec une lumière vacillante.
t'n éclairage instable et vacillant est extrêmement pénible pour les yeux.
Xe pas exposer les yeux aux lumières non voilées placées dans le sens direct de
la vision.
L'éclat des sources éclatantes non voilées est mauvais pour les yeux et empè
1
Chambre des métiers de la Gironde et du Sud-Ouest, Bordeaux, 91,
rue Paulin.
2
Voir Technical Paper, Bureau of Standards U. S. 1919 X. 119. Voir aussi
la discussion qui a eu lieu à la Société d'ophtalmologie de Berlin, en juin 1921.
10
-
146 -
che de tirer le meilleur parti de l'éclairage. Les lampes doivent être de préférence placées assez haut dans la chambre et en dehors de la vision directe de
la lumière. Un éclairage localisé, placé bas et près des yeux de l'ouvrier, exige
que la source soit protégée par un abat-jour opaque approprié.
JVe pas juger Véclairage d'après Véclat des lampes.
Il ne faut pas croire qu'une lampe qui semble éclatante et brillante donne
nécessairement un bon éclairage. Il peut arriver que cette lampe donne trop
de lumière mais qu'elle la donne dans une mauvaise direction. D'un autre
côté, une lampe ayant un bon écran peut de ce fait paraître faible, mais cela
ne l'empêchera pas de produire un éclairage de tout premier ordre pour le
travail.
Eviter les contrastes excessifs.
Si vous employez une lampe portative pour avoir un éclairage localisé
• puissant, ne laissez pas le reste de la chambre dans l'obscurité. Employez un
éclairage général modéré.
Faire usage de types de globes, abat-jour et réflecteurs appropriés.
Certaines formes de globes et de réflecteurs diffusent la lumière d'une façon
égale dans toutes les directions; d'autres, au contraire, la concentrent dans
une direction donnée. Ayez soin de choisir le type de réflecteur le mieux approprié aux conditions locales. Evitez d'employer des réflecteurs plats qui ne
recouvrent qu'une partie de la lampe.
Assurer un éclairage suffisant.
Un éclairage efficace doit être dirigé sur la place où l'on travaille. Pour la
lecture, 20 à 30 lux sont suffisants. Un éclairement plus intense est nécessaire
pour les travaux délicats ou lorsqu'on a affaire à des matériaux de couleur
sombre ou réfléchissant peu de lumière. Les chambres à parois et plafond
sombres demandent un éclairement plus puissant que celles où les objets
environnants sont de teinte claire.
Tenir propres les lampes, globes et réflecteurs.
L'accumulation de la saleté sur les lampes, cheminées et globes, absorbe
et gaspille la lumière dans une forte proportion.
Assurez-vous que les lampes sont placées dans la position voulue.
Lorsque vous choisissez l'emplacement des sources lumineuses, ayez soin
de prendre en considération le but auquel elles doivent servir et souvenezvous de cette devise : « lumière sur l'objet et non dans les yeux ». Ayez soin
que la lumière vienne de la bonne direction et ne donne pas lieu à des ombres
gênantes.
Le « Musée industriel » de Munich donne aux ouvriers, en ce qui
concerne l'hygiène de la vue, les prescriptions suivantes :
Travailleurs ! Protégez vos yeux !
Car, en vérité, pour chaque ouvrier, pour chaque être humain, une vue
bonne et saine est un don très précieux.
Les sources de danger et de dommages propres aux diverses professions
peuvent être facilement résumées.
A côté de l'influence indirecte qu'exercent sur la vue un travail fait dans
des locaux chauds et poussiéreux et l'effort qu'exige un travail délicat effectué
avec un éclairage insuffisant, il est d'autres sources directes de dommages
qu'il est nécessaire de prendre en considération.
1. Brûlures des yeux
par les sources à feu nu, la poudre brûlante, le métal fondu et incandescent,
les charbons ardents, les escarbilles, les cendres, les vapeurs et liquides
brillants.
— 147 —
2. Irritation de Vœil
par la chaux, la potasse, la soude, les acides nitrique, sulfurique, phénique
et autres, les couleurs d'aniline, la nitronaphtaline, le diméthylsulfate et d'autres produits chimiques.
3. Lésions mécaniques de Vœil
• par les traumatismes, les explosions, le tir au canon et les chocs provenant
de corps étrangers de toute nature.
Toutes ces causes de dommages peuvent être considérablement diminuées,
sinon entièrement évitées, par des mesures de précaution prises en temps voulu,
par des appareils de protection et un traitement médical approprié.
C'est pourquoi suivez ces conseils et lisez attentivement les suggestions
suivantes qui vous permettront de vous protéger vous-mêmes contre le danger
et de donner votre plein rendement.
Les principales précautions à retenir sont les suivantes :
1. Avant de choisir une profession, assurez-vous si vos yeux vous permettent
de l'exercer. Nombreux sont les métiers et les industries qui réclament une
vue particulièrement bonne. Si vous avez un doute quelconque, consultez
votre médecin, votre médecin de famille ou le fonctionnaire médical de l'école
ou de la fabrique.
2. Que tout trouble ou diminution de la vue vous soit un avertissement.
Consultez un oculiste, si votre médecin le croit nécessaire et n'achetez des
verres que sur sa prescription.
3. Faire usage de ses yeux avec une lumière insuffisante, o'est-à-dire au
crépuscule ou avec un éclairage artificiel inadéquat, est très nuisible. Ceci
se rapporte surtout aux travaux délicats, aux travaux de bureau, de comptabilité, à la lithographie, au travail de composition typographique, à la gravure,
aux travaux des métaux fins, au découpage, etc. Pour éviter que vos yeux
ne deviennent faibles ou myopes, tenez-les à une bonne distance de l'ouvrage
Cette distance ne doit pas être inférieure à 33 centimètres. Dans les intervalles
que vous laisse votre travail, reposez vos yeux, saisissez toute occasion de
fixer des objets à distance; si vous avez des loisirs, occupez-les à des jeux en
plein air ou à des promenades.
4. L'afflux du sang à la tête peut aussi être une cause de dommage pour les
yeux. Par conséquent, portez des cols larges et des vêtements amples. Evitez
les mets épicés, le café et le thé forts.
Fumer et priser du tabac avec excès peut affecter, et même d'une façon
permanente, l'acuité visuelle. Menez une vie régulière. Tenez vos pieds au
chaud.
5. Les radiations de chaleur violente auxquelles l'ouvrier est exposé avec
les fours et les sources à feu nu peuvent également être préjudiciables à l'œil.
Pour se protéger de ces radiations, il est utile de faire usage d'écrans appropriés ou de lunettes.
6. Une lumière excessive, tombant des rayons solaires directement dans les
yeux ou une lumière diurne trop brillante peuvent être dangereuses. Dans les
locaux fermés, il faut se prémunir contre la lumière artificielle puissante telle
que la produit, par exemple, une lampe à arc non protégée.
De même, les masses de métal incandescent, comme on en voit dans la soudure autogène et les surfaces blanches éclairées (papier, neige, toile, etc.)
causent des éblouissements, des maux de tête et des yeux, et dans certains
cas peuvent entraîner des dommages permanents ou même la cécité. Par
conséquent, protégez vos yeux par de grands verres gris fumés ou par des écrans.
Evitez de regarder les lumières éclatantes sans avoir au préalable protégé
vos yeux et n'effectuez pas votre travail sous la lumière directe du soleil.
De même, si vous observez un phénomène d'éclipsé, sans avoir garanti
efficacement vos yeux, vous vous exposez à des accidents.
1. Il est bien connu que souvent dans l'enfance les yeux sont endommagés
par les « couteaux, les fourchettes, les ciseaux et la lumière », mais combien
plus encore les personnes adultes ne doivent-elles pas protéger leurs yeux,
— 148 —
car elles sont engagées dans des occupations où les causes de danger sont fréquentes.
Les affections de l'œil interne, des paupières et des glandes lacrymales
doivent être laissées aux soins de l'oculiste, car un mal qui paraît léger peut
être une cause de troubles ultérieurs si la même partie de l'œil est une fois
encore affectée.
8. Parmi les matières toxiques contre lesquelles on doit protéger l'œil,
mentionnons les divers gaz et vapeurs, les acides, le chlorure d'ammonium,
la formaline, etc. En outre, l'intoxication générale de l'organisme peut avoir des
conséquences sur l'œil, comme c'est le cas dans l'intoxication saturnine et les
intoxications par l'arsenic, l'acide sulfurique, le nitrobenzene, l'aniline, etc.
Donc, protégez-vous vous-mêmes contre les vapeurs de ces substances par
le port de masques et de casques. Une propreté absolue est essentielle.
Ne mangez jamais dans les locaux où sont travaillées les matières susmentionnées, et jamais, non plus, sans avoir, avant chaque repas, lavé vos mains et
nettoyé votre bouche.
9. Un mal insignifiant, s'il est négligé, peut entraîner une affection non seulement d'un œil, mais des deux yeux. C'est pourquoi, si des corps étrangers
pénètrent dans votre œil ou sr l'œil est blessé d'une façon ou d'une autre,
demandez le secours médical. N'essayez pas d'extraire vous-mêmes le corps
étranger avec vos doigts s'ils sont malpropres ou en vous servant de votre
mouchoir. Laissez tranquille l'œil affecté jusqu'à la venue du médecin.
Si le mal est léger, un bandage n'est pas nécessaire, car les paupières constituent une protection naturelle; s'il est plus grave, un bandage de gaze stérilisée est utile. Dans le cas d'irritation causée par l'eau de savon, les acides,
la chaux et le plâtre, l'eau fraîche que l'on fait couler pendant un certain temps,
entre les paupières ouvertes, le patient étant couché sur le dos, peut procurer
un soulagement efficace. L'extraction des particules de chaux et de mortier
qui irritent l'œil ne sera jamais faite assez tôt.
10. Finalement, souvenez-vous que plusieurs maladies dénommées internes
(anémie, tuberculose, etc.), aussi bien que les diverses maladies cutanées,
peuvent affecter tôt ou tard les yeux. Dans ce cas également, une prompte
intervention médicale est de rigueur.
Ce n'est pas en vain qu'il est écrit dans le Livre des Livres : « L'œil est la
lumière du corps. »
(45) Les dispositions législatives les plus importantes concernant
« l'éclairage industriel » et la protection de la vue des travailleurs peuvent
être résumées comme suit:
ALLEMAGNE. — Ordonnance pour l'imprimerie et la fonderie des caractères
(31 juillet 1897, complétée par l'ordonnance du 22 décembre 1908), § 3 : «Les
locaux doivent être pourvus d'ouvertures (fenêtres) dont le nombre et les dimensions soient suffisants pour éclairer d'une façon convenable tous les postes
de travail ». § 11 : « Les appareils d'éclairage qui provoquent un rayonnement
de chaleur seront munis de protecteurs ou installés de façon à éviter qu'ils
rayonnent de la chaleur dans le local. »
L'art. 120 a) de la loi sur les fabriques (27 décembre 1911) s'exprime comme
suit : « En particulier, ils (les entrepreneurs, etc.) doivent prendre les mesures
nécessaires pour assurer un éclairage suffisant » (genügendes Licht).
La loi du 20 juillet 1911 sur le travail à domicile exige aussi qu'on assure
un éclairage suffisant.
AUTRICHE. — Ordonnance du ministre du Commerce et de l'Intérieur
édictant les mesures générales pour la protection de la santé et la sécurité
des travailleurs (23 novembre 1905) : Art. 12 : Un éclairage suffisant devra
être assuré dans tous les locaux de travail au moyen de fenêtres ou de lanternaux, en tenant compte des travaux qu'on y exécute. On doit empêcher
que dans les locaux fermés les ouvriers soient exposés à l'action directe du
soleil. Art. 13: Tous les locaux de travail, les couloirs, les escaliers, les cours,
etc., en cas de nécessité, seront éclairés suffisamment pendant la journée.
-
149 —
(Suivent les dispositions pour l'emplacement des lampes à essence et les installations électriques.) Art. 92 : Protection des yeux contre les accidents.
Ordonnance ministérielle concernant la protection de la santé et de la sécurité des ouvriers dans l'industrie typographique (23 août 1911). § 8 : «Tous
les locaux doivent, le cas échéant, être suffisamment éclairés pendant le
travail. »
Loi sur le travail (21 avril 1913). § 74 : Les locaux de travail, etc., doivent
être pourvus, le cas échéant, d'un éclairage artificiel qui procurera un éclairement suffisant, et l'on assurera l'éloignement des émanations nuisibles des
sources lumineuses.
BELGIQUE. — Règlement général du 30 mars 1905. Art. 6 : «Les salles de
travail seront convenablement éclairées. Pendant le jour, elles recevront un
éclairage naturel suffisant. Toutefois, l'éclairage artificiel est permis si, à raison
de la disposition des constructions avoisinantes ou des nécessités industrielles,
les salles peuvent recevoir un éclairage naturel, dont l'intensité soit en rapport
avec la nature du travail effectué ». Art. 7 : « L'éclairage artificiel devra procurer un éclairement constant de valeur suffisante. Les mesures nécessaires
seront prises pour éviter qu'il se produise le surchauffement des locaux et la
viciation de l'air ». Art. 42 : « L'éclairage devra être suffisant pour permettre
de distinguer les machines et les transmissions ainsi que les autres installations
présentant du danger. Tous les endroits où le personnel effectue un travail
quelconque, comme aussi ceux où il est appelé à circuler devront être suffisamment éclairés pour que les places dangereuses puissent être aisément
aperçues. » (Suivent des dispositions relatives à l'installation et à l'entretien
des lampes à essence.)
Les arrêtés royaux des 10 et 15 septembre 1919 visent surtout le travail
des mines.
BULGARIE. — La loi surla protection de la santé et de la sécurité des ouvriers
(Xo 25, 5-18 avril 1917) exige un éclairage adéquat (§§ 3-4).
DANEMARK. — Loi sur le travail des fabriques (29 avril 1913). Art. 8 :
L'éclairage des salles de travail doit être suffisant pour permettre une-bonne
exécution du travail. Si l'on emploie l'éclairage artificiel, celui-ci sera bien
distribué. (Suivent les mesures pour l'éclairage dans le cas de danger d'explosion.)
L'éclairage est réglé aussi dans le travail de la boulangerie (arrêté du 7 octobre
1912), de la typographie et de la fonderie de caractères (17 janvier 1910), de la
lithographie et de la phototypie (31 mai 1907), dans les fabriques de chaussures (3 décembre 1906), dans les buanderies, teintureries et repassage( 23
janvier 1908), les laboratoires textiles (23 janvier 1908), les ateliers de menuiserie (21 mai 1908), les fabriques de cigares (31 octobre 1908), dans le travail des pierres (25 juillet 19121.
ETATS-UNIS. — Voir tableau xxn, pp. 100-101. Le code de l'Etat de Massachusetts entre en vigueur le 1 e r janvier 1924.
Un « American Standard » pour un code de l'éclairage industriel a été
approuvé le 31 déc. 1921 par 1' « Americ. Engin. Standards Committee (V.Bibliographie). Ce code-type ne comprend que trois dispositions: les valeurs
d'éclairement (valeurs minima) pour les différents postes ou locaux de travail;
la suppression de l'éclat, la diffusion et la distribution de la lumière; l'éclairage de secours (sorties).
FRANCE. — Code du Travail, Livre II, titre 2 (10 juillet 1913). Art. 5 :
« Les locaux fermés affectés au travail seront munis de fenêtres ou d'autres
ouvertures à châssis mobiles donnant directement sur le dehors. Ces locaux,
leurs dépendances, et notamment les passages et escaliers seront convenablement éclairés ». L'art. 17 vise l'emploi de sources lumineuses à essence, surtout
les appareils portatifs dans les travaux exposant au danger d'explosion.
Le Conseil d'hygiène publique et de salubrité de la Seine, sans en faire une
prescription absolument impérative, recommande 15 lux pour les ateliers de
couture et de typographie. Il estime que cette valeur peut être portée même à
5 lux pour les salles de filature.
— 150 —
GRÈCE. — Loi sur l'hygiène et la sécurité des ouvriers (19 novembre-2 décembre 1911). Art. 1 b) : A l'exception des travaux qui par leur nature exigent
l'emploi de lumière artificielle, les employeurs doivent assurer, pendant la
journée, une quantité suffisante de lumière naturelle dans les salles de travail
et pendant la nuit une quantité suffisante de lumière artificielle et prendre
toutes les mesures nécessaires pour protéger le personnel contre les dangers
provoqués par l'éclairage artificiel.
LUXEMBOURG. — Art. 6 de l'arrêté du 11 mars 1904 : Les salles de travail,
leurs dépendances, et surtout les passages et les escaliers, doivent être suffisamment éclairés soit par la lumière naturelle, soit par la lumière artificielle.
L'éclairage artificiel assurera un éclairement constant.
GRANDE-BRETAGNE. — Aucune disposition visant l'éclairage industriel
n'est prévue dans le Factory Act (Sect. 101). Pour certaines dérogations
(Sect. 79), on demande seulement un éclairage « adéquat ». Toutefois, dans les
règlements concernant les docks (3 octobre 1904), on exige que les passages
dangereux soient éclairés « d'une manière efficace» (efficiently lighted). La
même expression est employée dans le règlement du 24 août 1906 pour le
travail sur les locomotives. L'expression « adéquate » est aussi appliquée
à l'éclairage prévu par les règlements pour les fabriques d'émaillage des métaux
et des verres
(22 décembre 1908), pour les usines de production d'énergie électrique (1 e r janvier 1909), où le législateur ajoute : «de mettre les ouvriers
à l'abri de tout danger », et pour les fabriques de confiture (11 novembre
1907). Dans le règlement sur la poterie (2 janvier 1913) on trouve, pour les
locaux de travail, l'expression « bien éclairés ».
INDE. — Le Fact. Act de 1911 (chap, iii) demande que les locaux soient suffisamment éclairés. L'inspecteur du travail peut, le cas échéant, demander au
chef d'entreprise l'installation d'un éclairage tel qu'il donne aux ouvriers
un éclairement suffisant, fixé par l'inspecteur même.
ITALIE. — Le législateur n'a pas édicté démesures spéciales pour l'éclairage
industriel, sauf dans le décret du 28 juin 1899, n° 230, sur la prévention des
accidents dans les entreprises et les industries, art. 13, al. 4 : « L'éclairage des
salles de travail devra permettre aux ouvriers de distinguer aisément les machines et les organes de transmission avec lesquels ils peuvent entrer en contact. »
Le législateur avait donné aux municipalités le pouvoir d'édicter des règlements sur l'hygiène (voir règlement de Turin, Milan, etc.). Toutefois, le projet
de règlement général d'hygiène du travail, présenté par le ministère italien
du Travail et de la Prévoyance sociale (1921), prévoit une surface vitrée, selon
les étages, d'au moins 1 /8, 1 /10, 1 /14 de la superficie du plancher et la condition de visibilité de la voûte céleste. La quantité de lumière naturelle sera
suffisante pour la vision distincte des objets et l'exécution facile des opérations
industrielles. Les passages et les corridors auront un éclairage assuré par la
lumière naturelle. La lumière artificielle doit répondre aux mêmes exigences
que la lumière naturelle et la quantité de lumière naturelle ou artificielle pour
les travaux qui exigent une acuité visuelle égale ou supérieure à celle nécessaire pour la lecture des caractères d'imprimerie, « corps » 8, ne sera pas inférieure
à i o lux. On prévoit la hauteur de suspension des lampes et la protection des
sources par des réflecteurs adaptés. Les sources seront distribuées de façon
à ne pas donner d'ombres gênantes. Les lampes auront une lumière fixe et
toute lampe individuelle sera protégée par un réflecteur, afin que l'ouvrier ne
reçoive pas la lumière directement dans les yeux. Pour la première fois dans la
législation d'hygiène industrielle, il est prévu que les ouvriers occupés aux
travaux « supervisuels » auront droit à des repos périodiques d'une durée d'au
moins dix minutes.
" NORVÈGE. — Loi sur la protection des ouvriers dans les fabriques (18 septembre 1915). Art. 11 : «Les salles de travail seront suffisamment éclairées
avec la lumière naturelle ou artificielle, de façon que toutes les parties mobiles
susceptibles de présenter, pendant le travail, un danger pour les ouvriers,
puissent êtrt aisément aperçues.» (Suivent les dispositions relatives à la prévention d'explosions par les sources lumineuses.)
— 151 —
NOUVELLE-GALLES DU SUD. — Loi n° 39, du 26 novembre 1912, § 62 d) :
Le gouvernement a le pouvoir d'exiger un éclairage adéquat pour toute fabrique
ou partie d'une fabrique. Le règlement édicté en exécution de ladite loi prévoit au § 13 un ¿clairement adéquat pour les salles de travail (29 avril 1913).
PAYS-BAS. — Décret qui promulgue le texte de la loi sur la sécurité (2 juilllet
1915), § 6 b: Prévoit la promulgation d'ordonnances administratives concernant l'éclairage industriel, soit pour le travail en général, soit pour des travaux
spéciaux.
L'arrêté royal du 27 juin 1913, amendé par l'arrêté royal du 20 avril 1914,
modifié par l'arrêté royal du 21 août 1916 portant règlement d'administration
générale conformément aux art. 6 et 7 de la loi sur la sécurité dans l'industrie,
contient dans le Ohap. II, § 3, Eclairage, les dispositions suivantes:
Art. 8. — Les locaux de travail doivent pendant la durée du travail, être
éclairés d'une manière suffisante.
Art. 9. •— Dans les locaux de travail, l'endroit où les ouvriers travaillent
doit pouvoir être protégé contre la lumière du soleil.
Art. 10. — Les locaux de travail situés dans les fabriques et ateliers seront
considérés comme insuffisamment éclairés lorsqu'ils n'auront pas d'ouvertures
permettant l'entrée directe de la lumière du jour et d'une surface totale d'au
moins un dixième de la surface du parquet, à moins que la nature du travail
ne s'y oppose ou que des mesures ou des dispositifs spéciaux ne puissent assurer
un éclairage naturel suffisant à l'endroit où le travail est effectué. On assurera
l'éloignement des produits de la combustion des sources lumineuses (à gaz
ou à essence).
Art. 11. — Dans les locaux et ateliers où sont effectués les travaux ciaprès : broderie, tissage de damas de soie, de coton, façonnage de diamants
ou d'autres pierres précieuses, polissage du verre, gravure sur métaux ou sur
bois, fabrication d'instruments, de dentelles, enfilage de perles, typographie,
tricotage mécanique, fabrication d'objets en or ou en argent, travail des cheveux, couture, raccommodage, nopage (épluchage), piquage (broderie), dessin,
fabrication et réparation de montres et horloges, l'éclairage doit atteindre
une intensité d'au moins 30 unités Hefner à 1 mètre de distance.
Art. 12. — Aux endroits où les travaux non prévus dans l'art. 11 exigent
un bon éclairage, celui-ci doit atteindre une intensité d'au moins 20 unités
Hefner à 1 mètre de distance.
Art. 13. — Les closets, couloirs, escaliers, enclos et autres parties des fabriques ou des ateliers doivent... être éclairés de telle sorte que la circulation
et le séjour y soient assurés d'une manière satisfaisante.
Art. 14. — Dans les fabriques et ateliers où travaillent plus de cent personnes
et où l'éclairage se fait au gaz ou à l'électricité, des mesures efficaces doivent
être prises, aussi longtemps que la lumière artificielle y est nécessaire et qu'il
y a plus de cent personnes présentes, en vue d'assurer, dans le cas où les installations d'éclairage viendraient à se déranger, une lumière suffisante devant
les sorties des locaux de travail, ainsi que dans les escaliers, couloirs et issues
qui permettent de sortir de la fabrique ou de l'atelier.
L'arrêté royal du 10 août 1920 portant règlement d'administration générale
en exécution de l'article 10, premier alinéa, de la loi de 1919 sur le travail,
prescrit:
Aucun adolescent de l'un et de l'autre sexe et aucune ouvrière adulte ne
peuvent être occupés:
Art. 8. F) — A des travaux exécutés dans des circonstances susceptibles de
provoquer des blessures oculaires, si des moyens efficaces de protection ne sont
pas mis à la disposition des ouvriers et si des mesures ne sont pas prises pour
assurer l'emploi effectif de ces moyens de protection oculaire pendant le travail;
G) A des travaux qui, selon l'avis du chef de district, exposent les adolescents ou les femmes adultes à des maladies graves des yeux ou à une diminution
de la faculté visuelle, à moins qu'un oculiste, désigné par le chef de district,
de concert avec le conseiller médical de l'inspection du travail, ne délivre
— 152-—
une déclaration constatant qu'en ce qui concerne les adolescents ou les femmes
dont il s'agit, lesdits travaux, s'ils sont exécutés à l'aide d'un moyen déterminé
de protection ou de secours mis à la disposition des ouvriers, ne présentent
pour leur faculté visuelle aucun danger particulier, ou que les mesures prescrites par le chef de district pour la préservation des yeux ne soient observées
lors de l'exécution desdits travaux.
La déclaration de l'oculiste sera délivrée selon une formule fixée par le ministre
et devra être présentée immédiatement à la demande de l'un des fonctionnaires
indiqués dans le premier paragraphe de l'article 84 de la loi de 1919 sur le
travail.
Art. 13. — Les adolescents de l'un et de l'autre sexe et les femmes adultes
ne peuvent travailler dans un atelier à un endroit où la lumière directe du
soleil ne peut être interceptée, ou à un endroit où ces personnes sont exposées
à l'influence nuisible d'une lumière vive, pour autant que le chef de district
estime que cette circonstance puisse leur causer un préjudice.
Art. 19. — I o Dans les fabriques et ateliers, il est interdit de faire travailler
un adolescent de l'un et de l'autre sexe ou une femme adulte :
A) Dans un local insuffisamment éclairé pendant les heures de travail;
B) A un endroit où, entre 9 et 15 heures, il doit être fait usage de lumière
artificielle pour obtenir un éclairage suffisant, à moins que l'emploi d'une
lumière artificielle ne soit rendu nécessaire à raison de l'état particulier de
l'atmosphère.
2° Un local ne peut être considéré comme étant suffisamment éclairé par
la lumière du jour s'il ne contient pas des ouvertures situées au-dessus du niveau
du terrain environnant et donnant directement passage à la lumière du jour;
l'ensemble de ces ouvertures doit avoir une surface égale à au moins le dixième
de celle du sol du local cù s'effectue le travail, à moins que la nature de l'industrie ne s'y oppose ou que des circonstances ou installations particulières
n'assurent à l'endroit où le travail s'effectue un éclairage naturel jugé suffisant par le chef de district.
Les ouvertures des portes et autres ouvertures où la lumière du jour peut
être interceptée n'entrent en ligne de compte pour le calcul de la surface des
ouvertures donnant passage à la lumière, que pour autant qu'elles permettent
le passage direct de la lumière du jour pendant le travail.
3° Les dispositions du premier paragraphe ne sont pas applicables aux adolescents de l'un et de l'autre sexe, ni aux femmes adultes qui travaillent dans
un atelier où la nature de l'industrie s'oppose à l'introduction de la lumière
du jour ou à l'emploi d'un autre mode d'éclairage suffisant, tel qu'il est déterminé sub Huera A, à la condition :
a) que les personnes ne travaillent pas dans un local de l'espèce à des heures
autres que celles indiquées par écrit par le chef d'entreprise ou le directeur,
dans le tableau du travail;
b) que cet horaire soit disposé de façon que ces personnes puissent travailler
journellement à la lumière du jour pendant un nombre d'heures jugé nécessaire pour la santé;
c) que le tableau du travail, visé sub latera A, soit ostensiblement affiché
dans l'atelier, après avoir été communiqué au chef de district et revêtu de
son approbation écrite, ou approuvé par le ministre en vertu du quatrième
paragraphe... etc.
SERBIE. — Loi sur l'exercice du commerce, de l'industrie et des métiers
(29 juin-12 juillet 1910). Art. 45, 2): Les salles de travail seront bien éclairées.
SUÈDE. — Loi sur la protection ouvrière (29 juin 1912). Art. 5 b : Le travail
doit s'exécuter soit sous un éclairage adéquat et suffisant, soit...
SUISSE. — Arrêté du Conseil fédéral du 3 octobre 1919. Ordonnance concernant l'exécution de la loi sur le travail dans les fabriques, du 27 juin 1919.
En ce qui concerne les installations existantes cet arrêté prescrit :
Art. 38. — Les places affectées au travail doivent être éclairées de manière
que la vue de l'ouvrier ne subisse pas de dommage. En particulier, lorsque
des raisons d'ordre technique n'imposent pas l'usage d'une autre lumière,
— 153 —
l'éclairage naturel devra être tel qu'on n'ait pas besoin, dans des conditions
atmosphériques normales, de recourir à la lumière artificielle.
Les fenêtres doivent être maintenues en bon état de propreté. Celles qui
sont exposées au soleil et les lanternes vitrées seront munies d'appareils de
protection contre l'excès de lumière et de chaleur. Les vitres de verre opaque
ne sont tolérées près des places de travail que s'il y a nécessité et si elles ne
portent pas préjudice à la santé des ouvriers.
Le gaz à l'eau et le gaz Dowson ne peuvent être employés pour l'éclairage
que mélangés en faible quantité avec du gaz ordinaire.
En ce qui concerne les installations nouvelles:
Art. 64. — Les locaux et les passages dans lesquels séjournent ou circulent
les ouvriers seront pourvus d'un éclairage naturel ou artificiel suffisant.
Art. 65. — Les fenêtres et les fenêtres doubles des locaux de travail mesureront au moins 1,8 mètre de hauteur utile et ne se trouveront pas à plus
de 30 centimètres du plafond; cette prescription n'est pas applicable aux
sheds et aux constructions spéciales. S'il est besoin, les fenêtres doivent être
construites de façon à pouvoir servir d'issues en cas de danger.
Les vitres en verre opaque ne sont tolérées près des places de travail qu'en
cas de nécessité et si elles ne portent pas préjudice à la santé des ouvriers.
Les lanternes vitrées doivent être installées de manière que les locaux de
travail soient protégés contre un rayonnement incommodant du soleil. Elles
doivent être d'un accès facile pour le nettoyage.
Le rapport entre la surface des fenêtres et celle des locaux de travail ne sera
pas inférieur à 1: 6.
URUGUAY. •— Arrêté du 14 mai 1920 relatif aux accidents dans la zone des
ports : § 1 k) : Les chantiers doivent être suffisamment éclairés pendant la
nuit.
(46) Voici le texte de l'annexe I au troisième rapport de la Commission
ministèri» lie du Home Office sur l'éclairage des ateliers et fabriques *;
cette annexe contient la liste des opérations qui, dans les principales
industries, doivent être classées comme « t r a v a u x fins » et « t r a v a u x
très fins », avec indication du degré minimum d'éclairement requis
dans chaque cas.
LISTE A. — TRAVAUX FINS.
3 Foot-candles.
1. Toutes
industries.
—
Couture
à la main ou à la machine de tissus de couleur
claire 2.
2. Textile. — Tissage, au métier ordinaire, Jacquard ou à ratière, d'étoffes
de couleur claire d'un tissu serré, et d'étoffes de couleur foncée d'un tissu moyen
ou à gros grain. Tissage de tapis. Tissage de crins. Ourdissage et moulinage de
fils fins de couleur claire et de fils moyens ou gros de couleur foncée. Filage de
la soie. Filage des fils d'or et d'argent. Tondage du velours à la main ou à la
machine. Tri et mélange de la laine.
Textile: impression, blanchiment et teinture.— Impression sur calicot à la
main ou à la machine. Calendrage des tissus.
Dentelles. — Fabrication, à la main, de la dentelle au carreau. Fabrication
à la machine, de la dentelle, du tulle uni et des rideaux. Picotage et découpage
à la main de dentelles faites à la machine.
Bonneterie (travaux autres que le montage, lequel rentre dans les travaux
de couture; voir ci-dessus). — Tricotage à la machine (à l'exception des opérations mentionnées dans la liste B).
1
Cmd. 1686, 1922. Publié par II. M. Stationery Office, Imperial House,
Kingsway, W.C. 2.
2
Tous genres de travaux de couture, à la main ou à la machine, y compris
ourler, plisser, soutacher, broder, raccommoder, etc. etc.
— 154 —
3. Vêtement '. — Travaux de couture, tissus de couleur claire (voir alinéa
1, ci-dessus). Pressage ou repassage à la main. Coupage à la main ou à la machine
(à l'exception du coupage au couteau à ruban).
4. Fabrication de perruques.
5. Chaussures. — Piquage des tiges. Coupage à Pemporte-pièce.
6. Broderie et travaux d'art à l'aiguille. — Travaux de broderie à la machine
(voir alinéa 1, ci-dessus), y compris la broderie au métier suisse.
7. Travaux de garniture.
8. Fleurs artificielles. — Montage des fleurs.
9. Alimentation. — Triage des pois.
10. Graines, etc. (grains de semence et graines employées à la fabrication
de l'huile). — Triage des graines.
11. Tabac. — Triage.
12. Verrerie. — Biseautage. Gravure.
13. Poterie. — Décoration artistique. Décalquage.
14. Fabrication des aiguilles. — Aplatissement. Limage.
15. Hameçons, etc. — Empointage et limage des hameçons.
16. Ampoules électriques.
17. Travail du bois. — Ebanisterie. Toutes les opérations mécaniques, à
l'exclusion du dégauchissage.
Ebanisterie fine. — Réparation des meubles anciens. Marqueterie et incrustation.
18. Tapisserie (ameublement). — Couture (voir alinéa 1, ci-dessus). Ajustage
et réparation des tapis.
19. Brosserie. — Nettoyage, classement et peignage des fibres, crins, etc.
Montage. Polissage à la machine des montures en bois. Perçage à la main et
à la machine des montures.
20. Instruments scientifiques (chirurgie, optique, mathématiques, etc.). —•
Voir également Construction mécanique, n° 29, et Verrerie, n° 12. Aiguisage
et finissage.
21. Horlogerie. — Fabrication et réparation.
22. Bijouterie et pierres précieuses.
23. Jouets et jeux (voir également Construction mécanique, n° 29; Couture,
n° 1, et Travail du bois, n° 17). — Fabrication des balles de golf (enroulement).
Instruments de musique.
24. Blanchissage. — Repassage fin.
25. Teinture et nettoyage. — Examen, raccommodage et repassage. Couture
(voir alinéa 1).
26. Papeterie. — Examen et triage des feuilles de belle qualité.
27. Imprimerie. — Clichage. Correction d'épreuves. Dorure mécanique..
Estampage. Epoussetage à la main après impression à la poudre de bronze.
Finissage et montage des calendriers, cartes de fantaisie, etc. Réglage à la
machine. Impression de billets et de pancartes. Coloriage d'affiches à la main.
Cartonnage. — Fabrication de boîtes de fantaisie et d'articles similaires.
Fonctionnement des machines à agrafer (bandes métalliques).
Reliure. — Couture. Gaufrage. Dorure.
28. Photographie. — Montage des photographies.
29. Métaux et construction mécanique. — Travaux à la presse mécanique.
Modelage. Soudure (lorsque ce genre de travail est effectué d'une manière
continue). Enroulement d'induits de dynamos et autres machines électriques.
Fabrication de peignes, sérançoirs et machines à peigner la laine. Assemblage
de petites pièces. Tous travaux de précision à la machine, nécessitant des
ajustages variant de 0,01 à 0,001 de pouce.
30. Coutellerie. — Aiguisage et finissage des rasoirs. Brunissage, gravure
et taille des mariches en os, ivoire, écaille et bois.
' Tous articles d'habillement et accessoires d'habillement, c'est-à-dire :
robes, chapeaux, complets, vêtements de dessous, gants, chemises, cols,
cravates, etc., etc.
— 155 —
31. Taille des limes. — Taille à la main.
32. Travail de Vor et de l'argent et galvanoplastie. — Estampage, ciselage
et gravure (travaux d'une finesse moyenne). Perçage à la scie. Découpage,
repoussage, laminage et finissage à la lime.
LISTE B. TRAVAUX TRÈS FINS.
5 Foot-candles.
1. Toutes industries. — Tous examens, inspections et mesurages en détail
des articles ou parties d'articles, effectués soit dans les entrepôts, soit dans
tous autres locaux des fabriques et ateliers. Couture à la main ou à la machine
des tissus de couleur foncée (voir note, liste A).
2. Textile. — Tissage, au métier ordinaire, Jacquard ou à ratière, d'étoffes
de couleur foncée, d'un tissu serré. Ourdissage et moulinage de fils fins de couleur foncée. Nopage, raccommodage et examen des tissus. Tordage et rentrage
à la main. Tissage de tapis à la main. Perçage de cartons Jacquard.
Textile, impression, blanchiment et teinture. — Travaux de blanchiment
(Tambouring). Gravure des rouleaux métalliques pour l'impression des tissus.
Dentelles. — Fabrication à la main de dentelles à l'aiguille. Fabrication de
tulle à la machine. Raccommodage à la main de tulle uni et de rideaux de dentelles (16 points). Perçage de cartes à dentelles.
Bonneterie. — Tricotage et fixage à la machine des parements. Tricotage
à la machine des bas de coton fin. Finissage à la main des gants et des bas.
3. Vêtement. — Travaux de couture, tissus de couleur foncée (voir alinéa
1, ci-dessus). Confection à la main des boutonnières. Couture a l a mam de la
fourrure. Stoppage. Coupage au couteau à ruban.
• 4. Fabrication de perruques. —• Confection de supports en tulle. Nouage.
5. Chaussures. — Rabattage. Broderie.
6. Broderie et travaux d'art à l'aiguille. — Tous travaux de broderie à la
main. Confection à la main des réseaux pour broderie au métier suisse. Couture à la main (points de fantaisie). Ouvrages à fils tirés (jours). Confection
et réparation de tapis.
7. Travaux de garniture. — Garniture en perles. Fixage à la main ou à
la machine des paillettes^
8. Fleurs artificielles. — Confection des fleurs<
9. Alimentation. — Pas de travaux très fins.
10. Graines, etc. — Idem.
11. Tabac. —• Idem.
12. Verrerie. — Fabrication du verre taillé. Polissage et dépolissage des
lentilles et des prismes.
13. Poterie. — Peinture à la main (travail fin).
14. Fabrication des aiguilles. —• Perçage. Evidage.
15 Hameçons, etc. — Confection des appâts artificiels. Préparation des
crins à la main.
16. Ampoules électriques. — Montage des filaments.
17. Travail du bois. —• Sculpture à la main.
18. Tapisserie (ameublement). Travaux de couture (voir alinéa 1, ci-dessus).
19. Brosserie. —• Fabrication des brosses fines en poil de chameau.
20. Instruments scientifiques. — Travaux de précision. Calibrage des instruments scientifiques et chimiques.
21. Horlogerie. — Tous travaux à la main.
22. Bijouterie et pierres précieuses. — Montage et sertissage des perles et
des pierres précieuses. Taille et polissage des diamants. Emaillage. Taille et
ciselure de la nacre. Incrustage de l'écaillé. Assemblage et soudure des chaînes
d'or.
23. Jouets et jeux. — Tournage de l'ivoire et des billes de billards.
Instruments de musique. — Pose des broches sur les cylindres des boîtes
à musique.
— 156 24. Blanchissage. — Pas de travaux très fuis.
25. Teinture et nettoyage. — Travaux de couture (voir alinéa 1, ci-dessus).
26. Papeterie. — Préparation des modèles de papier peint.
27. Imprimerie. — Composition, y compris les travaux à la linotype et à
la monotype. Travaux de dessin des lithographes (voir également « Métaux
et construction mécanique », n° 29.)
Reliure. — Décoration à la main des couvertures.
28. Photographie. — Retouche des négatifs et des positifs. Coloriage des
photographies. Peinture des plaques pour projection.
29. Métaux et construction mécanique. — Emoulage de précision. Travaux
des ateliers d'outillage. Estampage et perçage des métaux fins. Gravure des
étampes. Gravure des plaques de cuivre, d'acier et de tous métaux fins. Fabrication des tissus à mailles métalliques. Travaux très fins, nécessitant des ajustages de moins de 0,001 de pouce.
30. Coutellerie. — Pas de travaux très fins.
31. Taille des limes. — Taille à la main des limes d'horloger et autres limes
très fines.
32. Travail de l'or et de l'argent, etc. — Estampage, ciselure et gravure (travaux très fins). Brunissage à la main.
— 157 —
TABLE DES MATIÈRES
Pages
INTRODUCTION
5
L — Les sources lumineuses
Définitions
Lumière naturelle
Lumière artificielle
Eclairement nécessaire
9
22
29
50
IL — L'ouvrage
55
îîî. — L'œil
58
IV. — La fatigue oculaire
67
V. — Les accidents du travail
82
VI. — Prophylaxie de la fatigue oculaire
VII. — La réglementation de l'éclairage industriel
Conclusions
Bibliographie
Notes
87
. . .
97
106
109
115
TABLE DES DIAGRAMMES
25
—
35
63
83
n° 1. — Emploi de la lumière artificielle aux différentes époques de l'année.
DIAGRAMME n° 2. — Classement du ciel. Brillance du ciel en
bougies par pied carré.
DIAGRAMME n° 3. •— Réduction de l'éclairement par la poussière.
DIAGRAMME n° 4. — Rapport entre l'acuité visuelle physiologique
et l'acuité visuelle professionnelle.
DIAGRAMME
DIAGRAMME n° 5.
1. Heures de lumière diurne.
2. Accidents du travail aux différentes époques de l'année.
— 158 —
TABLE DES FIGURES
FIGURES 1 et 2. -— Eclairage général d'une salle d'assemblage.
FIGURE 3. — Types de lampe pour éclairage semi-indirect.
FIGURE 4. — Emplacement des sources pour un bureau. (Plan.)
FIGURE 5. •— Eclairage général d'un local à « sheds ».
FIGURES 6 et 7. — Courbe polaire de lampes nues (sans réflecteur).
1. — 100 w. avec filament rond.
2. — 500 w. avec filament en zigzag.
FIGURE 8. — Réflecteur donnant une lumière diffuse à l'usage
de pièces assez larges.. (Réflecteur profond à verre miroité.)
FIGURE 9. — Type de source pour éclairage industriel indirect.
FIGURE 10. — Type de réflecteur pour concentrer la lumière
sur le travail.
FIGURE 11. — Type de réflecteur donnant une distribution
moyenne de lumière.
FIGURE 12. — Réflecteur en verre prismatique doublé d'aluminium.
FIGURE 13. — Réflecteur pour éclairage semi-indirect, en forme
d'hémisphère.
FIGURE 14. — Lampe hermétiquement fermée.
FIGURE 15. — Courbe polaire d'un réflecteur concentrant la
lumière et monté sur une lampe de 100 w.
FIGURE 16. — Direction des rayons selon le type de lampe.
FIGURE 17. — Emplacement de la source par rapport aux yeux.
FIGURE 18. — Comment on doit éclairer un tour.
FIGURE 19. — Comment on ne doit pas éclairer un tour.
FIGURES 20 et 21. — Exemples d'accidents de travail dus à un
éclairage inadéquat.
FIGURES 22 et 23. — Autres exemples d'accidents de travail dus
à un éclairage inadéquat.
FIGURE 24. — Angle solide.
FIGURE 25. •— Quand une lampe suspendue doit-elle être protégée ?
— 159 —
INDEX ALPHABÉTIQUE
Pages
Pages
Abat-jour (v. Réflecteurs).
Fatigue oculaire
67
Accidents et lumière
82
(Causes de la)
71
Achromatopsie
65
et couleurs
64
Acuité visuelle
59
et professions (v. Aptitude
— et âge
138
professionnelle).
— et pupille
138
Fenêtres
27
— professionnelle
61
Flux lumineux
12
Angle limite
—
Foot-candle
14
» minute
60 Globes
43
» solide
125 Grandeurs
11
Aptitudes professionnelles et vision 87
Illuminating Engineering Society
»
» (Table d') 88
des Etats-Unis
115
Bougie décimale
10
Illuminating Engineering Society
Brillance
15
de Grande-Bretagne
115
L Cataracte professionnelle . . . . 1 4 1
Images accidentelles
72
fCécité
64
Intensité
lumineuse
13
Clarté
128
Lambert
15.
128
Clignement
72
Lampes, nombre
42
Codes américains pour l'éclairage
Lampes (v. Sources lumineuses
industriel
100
artificielles).
Commission anglaise pour l'éclairage
98 Lampes, intensité lumineuse . . 39
Législation sur l'éclairage . . .
97
Conjonctive (Maladies professionnelles de la)
80 Locaux
(Orientation des)
25
Coroide (Maladies professionnelles
(Profondeur des)
27
de la)
77
Couleurs
64. 132
(Hauteur des)
27
et fatigue
63 Longueur d'onde
117
Courbe polaire
134
Lumen
11
Diffusion de la lumière artificielle 35 Lumière artificielle (v. Eclairage
Dyschromatopsie
66
artificiel)
29
Eblouissement
127
Lumière naturelle (v. Eclairage
Eclairage
15
naturel)
22
artificiel
33 Lunettes
93
direct
33
(Verres de)
93
indirect et semi-indirect . . 33
•
(Couleurs des) . . . .
93
local
51
Lux
14
Eclairage naturel
29
Métiers visuels
61
Eclairement
13.51. 50
Millilambert
129
Eclairement pour les industries . . 52
Myopie professionnelle
72
(Valeurs d')
Nystagmus
74
Eclat (v. aussi Brillance)
Œil
59
de l'ouvrage
56
Optotypes
139
(v. ouvrage)
Ouvrage
56
du ciel
24
'—— (Coefficient de diffusion de 1') 56
Efficacité lumineuse
15
-.— (Eclat de 1')
56
Enquêtes sur l'éclairage industriel
7
Espacement des lampes . . . . 132
(à surface très polie) . . .
57
Parois (Couleurs des)
28
—•— (Pouvoir de réflexion des) . 28
169
Pages
Phot
15
Photometrie
18
(Appareils pour la) . . . . 20
Poussières et lampes
28
Professions visuelles (v. Métiers).
Propagande pour l'hygiène de l'œil 95
Radiations lumineuses
117
Rayons calorifiques
9. 79
»
chimiques
. . . . . .
9
»
lumineux
9. 78
»
ultraviolets . .
9. 75. 118
Réflecteurs
43
Réflexes oculaires
68
Règlements pour l'éclairage . . 97
Relief (Notion du)
.60
Rendement des sources lumineuses '
(v. Sources).
Rideaux et lumière naturelle . . 28
Service ophtalmique
91
Pages
Sheds
26.130
Soudure électrique
79
Sources lumineuses artificielles . . 29
(Emplacements des) . . .
36
(Espacement des) . . . 38.132
(Flammes des)
118
(Dangers des)
79. 80
Spectre solaire
9. 117
Stéréogoniométrie
129
Studios (Eclairage des)
142
Tests pour l'examen de l'acuité
visuelle
139
Travaux visuels
88
Unités
11
Verres
131
Vision périphérique
61
» (Défauts de la)
. . . .
60
Vitres et poussières . . .26. 28. 131
» prismatiques
131
Téléchargement