Terminale S
M. Bénézech
Histoire – Géographie
Lycée Rouvière
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Colonisation et indépendance
Instructions officielles
Ce thème aborde la période qui va du milieu du XIXe siècle aux années 1960. Il permet
d’étudier un phénomène majeur de l’histoire humaine sinon dans sa totalité, du moins sur une
durée significative.
On présente les grands traits des conquêtes coloniales, l’organisation des empires, les
modalités de la présence et de l’influence européennes, les modes d’exploitation économique.
On analyse l’émancipation des peuples dominés, les difficultés économiques et sociales
auxquelles les Etats nouvellement indépendants sont confrontés et leurs tentatives d’organisation
pour obtenir un poids accru dans les relations internationales.
I. La colonisation européenne
Problématique : Quels sont les grands traits de la colonisation européenne ?
I. 1. La « course au clocher » ou l’expansion coloniale
La colonisation est préparée par une période de gestation durant laquelle la conquête n’est
pas à l’ordre du jour (Algérie exceptée). C’est surtout à partir des années 1870 que commence
une ère de colonisation.
1 p. 98, Le monde vers 1850
- Quelles sont les principales puissances coloniales au milieu du XIXe siècle ?
- Quelle est la principale région colonisée ? En Afrique, à quoi se limite la présence européenne ?
Au XIXe siècle, principales puissances coloniales : Royaume-Uni et Pays-Bas. La
péninsule indienne est la principale région colonisée. La présence européenne en Afrique se limite
à quelques franges côtières.
2 p. 99, Les empires coloniaux en 1914
- Quelles sont les principales puissances coloniales en 1914 ? Où la colonisation s’étend-elle ?
- Quel continent a été le théâtre majeur de la « course aux colonies » à laquelle se sont livrés les Européens ?
Course au clocher
Principales puissances en 1914 : Royaume Uni, France, puis les Pays-Bas, Belgique,
Allemagne, Portugal.
Quelques initiatives isolées d’abord (Algérie en 1830). A partir de 1880, la colonisation
s’accélère. En Afrique, en Asie du Sud et du Sud-Est, dans l’Océan Indien et dans l’Océan
Pacifique.
Cf. cartes 3 et 4 p. 107, L’Afrique en 1850 et 1914. L’Afrique a été enjeu principal de la
course aux colonies. Course au clocher (expression de Jules Ferry 1890). Les Britanniques
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emploient le terme de scramble : ruée, bousculade. Seuls l’Ethiopie et le Libéria échappent à la
domination européenne. La conférence de Berlin (1884 1885) ne fit que fixer les règles de
bonne conduite entre Européens pour l’appropriation de territoires.
1 A p. 100, La colonisation en chiffres
- Quelle évolution la colonisation connaît-elle entre 1830 et 1938 ? Quelles formes prend-elle ?
A l’apogée de la colonisation (fin des années 1930), les Européens exercent leur
domination sur plus de 40% des terres émergées et sur le tiers de la population mondiale.
Doc. 1 B permet de distinguer les colonies de peuplement qui ont le statut de
dominion, des colonies le peuplement européen est important mais non majoritaire (Algérie,
Afrique du Sud), des colonies la domination s’exerce malgré la présence d’un nombre infime
d’Européens, les colonies d’exploitation.
Absence d’indigènes dans les colonies de peuplement, comme en Australie, Nouvelle-
Zélande, Canada, est le fruit d’une conquête qui ne recula pas devant l’élimination du premier
occupant.
I. 2. Des motivations variées
La colonisation fait jouer une série de mécanismes : volonté humanitaire et civilisatrice,
ambitions stratégiques et affrontements des nationalismes, développement du capitalisme et
révolution industrielle, suprématie scientifique et technologique patente à la fin du XIXe siècle.
1 p. 112, Jules Ferry légitime la colonisation
Accusé d’envoyer au Tonkin des renforts militaires sans en informer clairement le
Parlement, Jules Ferry tombe le 30 mars 1885. Ministère pendant lequel de 1883 à 1885,
l’expansion coloniale passe au premier plan (Congo, Madagascar, Tonkin).
- Arguments en faveur de la colonisation ? Pour la métropole, pour les colonisés ?
Dans l’intérêt de la métropole : possibilités avantageuses d’investissements, satisfaction
du nationalisme de puissance, gloire, richesses latentes qui peuvent contribuer à la prospérité de la
métropole, des débouchés pour l’industrie.
Dans l’intérêt des colonisés : apporter une civilisation prétendument supérieure mission
civilisatrice, développement économique, paix, progrès, évangéliser donc apporter le salut et la vie
éternelle.
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I. 3. La constitution d’empires coloniaux souvent fondée sur la violence
La conquête ne s’opère pas aisément, engendrant des résistances armées de populations,
de chefs comme Samory Touré dans l’Ouest africain, de sociétés organisées : guerres zouloues,
opposition annamite à la conquête de 1880, victoire de Ménélik II contre les Italiens en
Abyssinie.
1 p. 103, La conquête de l’Annam et du Tonkin
- Modalités de la conquête mises en évidence par ce document ?
Des persécutions contre les missionnaires et les Vietnamiens baptisés sont à l’origine de la
conquête de l’Indochine. 1859, prise de Saigon, le roi du Cambodge accepte le protectorat
français en 1863, en 1867 l’ensemble de la Cochinchine est cédée à la France par l’empereur
vietnamien Tu Duc.
Conquête totale en 1883 décrite par Loti, prise de Hué, capitale de l’Annam. 1887, toute
l’Indochine passe sous autorité française. La résistance populaire et chinoise se poursuit et
provoque une politique de « pacification » qui s’étend jusqu’en 1897.
La colonisation est souvent brutale (la supériorité technique compense largement
l’infériorité numérique, s’accompagne de recrutements locaux, et de signatures de traités de
« protection »).
La résistance ne cesse pas pour autant. Exemple du roi du Dahomey (actuel Bénin), roi
Béhanzin capturé en 1894.
Le processus aboutit néanmoins à la domination politique et économique par les
puissances européennes d’espaces continentaux et maritimes immenses. La pacification et les
principaux partages sont acquis entre 1890 et 1914, même si la résistance ne cesse jamais (ce dont
témoigne la guerre du Rif de 1921 à 1926) et si la Première Guerre mondiale occasionne une
redistribution entre les vainqueurs.
La Première Guerre mondiale démystifie la soit - disant supériorité de l’homme
blanc. Début de la revendication de l’égalité des droits. Création de partis communistes
en Inde, Chine, Indonésie : il s’agit de venir à bout de l’Occident par l’Orient. Les partis
communistes dénoncent l’exploitation coloniale, et apportent leur soutien aux mouvements
d’émancipation. Le président des Etats-Unis Wilson pose par ailleurs en règle
internationale le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. Les parcelles de l’empire turc et
les colonies allemandes sont attribuées aux vainqueurs sous forme de mandats.
4 A p. 119, La théorie de la désobéissance civile
- Sur quoi est fondée cette théorie énoncée par Gandhi ?
La désobéissance civile consiste à combattre les lois jugées injustes en refusant d’obéir à
celles-ci en acceptant la sanction pour cette désobéissance. Il s’agit de combattre pacifiquement la
domination britannique. Boycott des produits anglais, refus d’obéissance.
Gandhi prône l’indépendance accompagnée d’un retour aux traditions ancestrales. Il
mène une première campagne de non coopération et de désobéissance civile entre 1920 et 1924
avant d’être emprisonné de 1922 à 1924. Le mouvement nationaliste est cependant divisé : les
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modérés déplorent les explosions de violence, les radicaux juge inefficace la tactique de Gandhi,
Nehru condamne le rejet de la civilisation industrielle.
En 1930, une deuxième campagne de désobéissance civile, marquée par la marche du sel,
aboutit à une nouvelle incarcération de Gandhi. Après l’échec de négociation entre le
gouvernement britannique et les nationalistes est promulgué unilatéralement par le Royaume-Uni
l’India Act de 1935, un peu plus libéral que celui de 1919 ; il accorde une très large autonomie à
l’Inde, au moins en ce qui concerne l’administration de ses provinces. Gandhi relance l’agitation
nationaliste pendant la Seconde Guerre mondiale.
II. Le système colonial
Problématique : Selon quelles modalités la domination coloniale s’établit-elle ?
II. 1. Assimiler ou associer ?
La période proprement gestionnaire commence alors. Les « coloniaux » (missionnaires,
fonctionnaires, commerçants…) sont peu nombreux et l’appareil colonisateur modeste comparé
à l’ampleur de la tâche. L’empirisme l’emporte donc, d’où hétérogénéité des situations que
renforce l’absence ou la présence de colons qui ne forment une composante effective du
peuplement qu’en d’assez rares endroits. On peut cependant repérer quelques tendances, tel
l’intérêt britannique et hollandais pour la tutelle indirecte ou la politique plus étatique et
assimilatrice de la France.
6 p. 104, La France choisit l’administration directe
- Quelle stratégie est mise en œuvre pour imposer la domination française en Afrique de l’Ouest ?
Protectorat, dominion
Une domination qui s’établit prudemment tout d’abord, en respectant les structures
hiérarchiques et administratives, en nommant un roi indigène (favorable aux Français et
acceptables aux indigènes). Lorsque la domination s’est affirmée, on passe à
l’administration directe.
Colonies administrées directement par la métropole, les protectorats conservent une
autonomie administrative et leur souverain. Cf. texte sur Le protectorat français sur le Maroc
11 p. 105 qui entretient la fiction de l’existence de l’Etat.
Dans la réalité, la différence est souvent ténue entre administration directe et indirect. Les
anciennes colonies britanniques reçoivent le statut de dominion qui leur permet de se gouverner
elles-mêmes tout en reconnaissant la souveraineté britannique (conférence de Westminster de
1926, Australie, Nouvelle-Zélande, Afrique du Sud, Canada regroupés dans le Commonwealth).
12 p. 105, Les dominions. Le statut de Westminster de 1931 reconnaît l’autonomie juridique des
dominions.
À la fin du XIXe siècle, tout le débat sur la politique coloniale à suivre oppose
l’assimilation à l’association. L’assimilation est la volonté de réduire les « écarts » existant entre
la métropole et les colonies, avec pour objectif l’intégration complète des populations
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colonisées dans l’édifice national. L’association est la reconnaissance de l’originalité des colonies,
ce qui implique l’établissement d’un simple lien entre la métropole et ses colonies.
Assimilation : accès à la citoyenneté très rare. Association (qui reconnaît les
particularismes) plus ou moins poussée est souvent appliquée. Maintien de l’ordre assuré par la
métropole, gestion locale confiée aux autorités traditionnelles. Les colonisés sont des sujets et
non des citoyens.
L’Angleterre cherche à promouvoir une élite indigène qui pourra amener au self-
government. En 1909, le Conseil de l’Inde qui vote l’impôt s’ouvre à des représentants indiens.
II. 2. Diversité et ambiguïtés des modes de mise en valeur
La diversité des modes de mise en valeur est aussi grande, même s’il s’agit toujours de
vendre des biens manufacturés, d’obtenir des denrées tropicales, des cultures industrielles puis
des produits du sous-sol, de lever l’impôt.
Un équipement en infrastructures de transport destinées au contrôle et au drainage des
productions est conduit partout, avec un coût humain élevé et des problèmes de capitaux (en
1914, l’investissement colonial français ne représente pas 15% des investissements à l’extérieur).
Même s’il y a des exceptions l’Indochine est équipée -, la période d’engagement maximal des
métropoles est tardive, liée à la crise et même généralement postérieure à la Seconde Guerre
mondiale.
2 p. 108, A qui profite la colonisation ?
- Intérêt des colonies pour la Grande-Bretagne ?
Trouver dans les colonies des matières premières, faire de ses colonies des débouchés
pour l’industrie.
La colonisation a pour but de satisfaire les besoins économiques de la métropole. Les
colonies fournissent à la métropole les richesses de la nature qu’elle ne trouve pas sur son sol (cf.
1 p. 109, Les colonies, réservoir de matières premières). Développement des cultures
d’exportation (riz, coton, thé, café, cacao, fruits tropicaux, arachide, hévéa pour le caoutchouc,
vignes).
Ressources du sous-sol extraites (or et diamants en Afrique australe, cuivre du Katanga,
phosphate du Maroc…). Un monde colonial très peu industrialisé. L’Inde fait exception (coton,
métallurgie).
- Comment l’exploitation des ressources africaines est-elle justifiée ?
Justifiée par l’idée d’un bénéfice réciproque (équipements de transport, bonification
des terres, fin de l’esclavage et des guerres tribales). Des réalisations indéniables : vaccin contre le
bacille de la peste. Mais les équipements sont conçus avant tout pour l’exploitation économique
(pénétrantes reliant les ports aménagés sur les côtes aux ressources exploitées de l’intérieur), la
bonification des terres est effectuée au profit des cultures commerciales, la fin de l’esclavage est
proclamée mais se met en place un système de travail forcé, les guerres tribales cessent mais lui
succède une répression féroce des troubles.
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