Term HS3 Colonisation et indépendances

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Colonisation et indépendance
Instructions officielles
Ce thème aborde la période qui va du milieu du XIXe siècle aux années 1960. Il permet
d’étudier un phénomène majeur de l’histoire humaine sinon dans sa totalité, du moins sur une
durée significative.
On présente les grands traits des conquêtes coloniales, l’organisation des empires, les
modalités de la présence et de l’influence européennes, les modes d’exploitation économique.
On analyse l’émancipation des peuples dominés, les difficultés économiques et sociales
auxquelles les Etats nouvellement indépendants sont confrontés et leurs tentatives d’organisation
pour obtenir un poids accru dans les relations internationales.
I. La colonisation européenne
Problématique : Quels sont les grands traits de la colonisation européenne ?
I. 1. La « course au clocher » ou l’expansion coloniale
La colonisation est préparée par une période de gestation durant laquelle la conquête n’est
pas à l’ordre du jour (Algérie exceptée). C’est surtout à partir des années 1870 que commence
une ère de colonisation.
1 p. 98, Le monde vers 1850
- Quelles sont les principales puissances coloniales au milieu du XIXe siècle ?
- Quelle est la principale région colonisée ? En Afrique, à quoi se limite la présence européenne ?
Au XIXe siècle, principales puissances coloniales : Royaume-Uni et Pays-Bas. La
péninsule indienne est la principale région colonisée. La présence européenne en Afrique se limite
à quelques franges côtières.
2 p. 99, Les empires coloniaux en 1914
- Quelles sont les principales puissances coloniales en 1914 ? Où la colonisation s’étend-elle ?
- Quel continent a été le théâtre majeur de la « course aux colonies » à laquelle se sont livrés les Européens ?
Course au clocher
Principales puissances en 1914 : Royaume Uni, France, puis les Pays-Bas, Belgique,
Allemagne, Portugal.
Quelques initiatives isolées d’abord (Algérie en 1830). A partir de 1880, la colonisation
s’accélère. En Afrique, en Asie du Sud et du Sud-Est, dans l’Océan Indien et dans l’Océan
Pacifique.
Cf. cartes 3 et 4 p. 107, L’Afrique en 1850 et 1914. L’Afrique a été enjeu principal de la
course aux colonies. Course au clocher (expression de Jules Ferry 1890). Les Britanniques
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emploient le terme de scramble : ruée, bousculade. Seuls l’Ethiopie et le Libéria échappent à la
domination européenne. La conférence de Berlin (1884 – 1885) ne fit que fixer les règles de
bonne conduite entre Européens pour l’appropriation de territoires.
1 A p. 100, La colonisation en chiffres
- Quelle évolution la colonisation connaît-elle entre 1830 et 1938 ? Quelles formes prend-elle ?
A l’apogée de la colonisation (fin des années 1930), les Européens exercent leur
domination sur plus de 40% des terres émergées et sur le tiers de la population mondiale.
Doc. 1 B permet de distinguer les colonies de peuplement qui ont le statut de
dominion, des colonies où le peuplement européen est important mais non majoritaire (Algérie,
Afrique du Sud), des colonies où la domination s’exerce malgré la présence d’un nombre infime
d’Européens, les colonies d’exploitation.
Absence d’indigènes dans les colonies de peuplement, comme en Australie, NouvelleZélande, Canada, est le fruit d’une conquête qui ne recula pas devant l’élimination du premier
occupant.
I. 2. Des motivations variées
La colonisation fait jouer une série de mécanismes : volonté humanitaire et civilisatrice,
ambitions stratégiques et affrontements des nationalismes, développement du capitalisme et
révolution industrielle, suprématie scientifique et technologique patente à la fin du XIXe siècle.
1 p. 112, Jules Ferry légitime la colonisation
Accusé d’envoyer au Tonkin des renforts militaires sans en informer clairement le
Parlement, Jules Ferry tombe le 30 mars 1885. Ministère pendant lequel de 1883 à 1885,
l’expansion coloniale passe au premier plan (Congo, Madagascar, Tonkin).
- Arguments en faveur de la colonisation ? Pour la métropole, pour les colonisés ?
Dans l’intérêt de la métropole : possibilités avantageuses d’investissements, satisfaction
du nationalisme de puissance, gloire, richesses latentes qui peuvent contribuer à la prospérité de la
métropole, des débouchés pour l’industrie.
Dans l’intérêt des colonisés : apporter une civilisation prétendument supérieure mission
civilisatrice, développement économique, paix, progrès, évangéliser donc apporter le salut et la vie
éternelle.
M. Bénézech
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I. 3. La constitution d’empires coloniaux souvent fondée sur la violence
La conquête ne s’opère pas aisément, engendrant des résistances armées de populations,
de chefs comme Samory Touré dans l’Ouest africain, de sociétés organisées : guerres zouloues,
opposition annamite à la conquête de 1880, victoire de Ménélik II contre les Italiens en
Abyssinie.
1 p. 103, La conquête de l’Annam et du Tonkin
- Modalités de la conquête mises en évidence par ce document ?
Des persécutions contre les missionnaires et les Vietnamiens baptisés sont à l’origine de la
conquête de l’Indochine. 1859, prise de Saigon, le roi du Cambodge accepte le protectorat
français en 1863, en 1867 l’ensemble de la Cochinchine est cédée à la France par l’empereur
vietnamien Tu Duc.
Conquête totale en 1883 décrite par Loti, prise de Hué, capitale de l’Annam. 1887, toute
l’Indochine passe sous autorité française. La résistance populaire et chinoise se poursuit et
provoque une politique de « pacification » qui s’étend jusqu’en 1897.
La colonisation est souvent brutale (la supériorité technique compense largement
l’infériorité numérique, s’accompagne de recrutements locaux, et de signatures de traités de
« protection »).
La résistance ne cesse pas pour autant. Exemple du roi du Dahomey (actuel Bénin), roi
Béhanzin capturé en 1894.
Le processus aboutit néanmoins à la domination politique et économique par les
puissances européennes d’espaces continentaux et maritimes immenses. La pacification et les
principaux partages sont acquis entre 1890 et 1914, même si la résistance ne cesse jamais (ce dont
témoigne la guerre du Rif de 1921 à 1926) et si la Première Guerre mondiale occasionne une
redistribution entre les vainqueurs.
La Première Guerre mondiale démystifie la soit - disant supériorité de l’homme
blanc. Début de la revendication de l’égalité des droits. Création de partis communistes
en Inde, Chine, Indonésie : il s’agit de venir à bout de l’Occident par l’Orient. Les partis
communistes dénoncent l’exploitation coloniale, et apportent leur soutien aux mouvements
d’émancipation. Le président des Etats-Unis Wilson pose par ailleurs en règle
internationale le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. Les parcelles de l’empire turc et
les colonies allemandes sont attribuées aux vainqueurs sous forme de mandats.
4 A p. 119, La théorie de la désobéissance civile
- Sur quoi est fondée cette théorie énoncée par Gandhi ?
La désobéissance civile consiste à combattre les lois jugées injustes en refusant d’obéir à
celles-ci en acceptant la sanction pour cette désobéissance. Il s’agit de combattre pacifiquement la
domination britannique. Boycott des produits anglais, refus d’obéissance.
Gandhi prône l’indépendance accompagnée d’un retour aux traditions ancestrales. Il
mène une première campagne de non coopération et de désobéissance civile entre 1920 et 1924
avant d’être emprisonné de 1922 à 1924. Le mouvement nationaliste est cependant divisé : les
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modérés déplorent les explosions de violence, les radicaux juge inefficace la tactique de Gandhi,
Nehru condamne le rejet de la civilisation industrielle.
En 1930, une deuxième campagne de désobéissance civile, marquée par la marche du sel,
aboutit à une nouvelle incarcération de Gandhi. Après l’échec de négociation entre le
gouvernement britannique et les nationalistes est promulgué unilatéralement par le Royaume-Uni
l’India Act de 1935, un peu plus libéral que celui de 1919 ; il accorde une très large autonomie à
l’Inde, au moins en ce qui concerne l’administration de ses provinces. Gandhi relance l’agitation
nationaliste pendant la Seconde Guerre mondiale.
II. Le système colonial
Problématique : Selon quelles modalités la domination coloniale s’établit-elle ?
II. 1. Assimiler ou associer ?
La période proprement gestionnaire commence alors. Les « coloniaux » (missionnaires,
fonctionnaires, commerçants…) sont peu nombreux et l’appareil colonisateur modeste comparé
à l’ampleur de la tâche. L’empirisme l’emporte donc, d’où hétérogénéité des situations que
renforce l’absence ou la présence de colons qui ne forment une composante effective du
peuplement qu’en d’assez rares endroits. On peut cependant repérer quelques tendances, tel
l’intérêt britannique et hollandais pour la tutelle indirecte ou la politique plus étatique et
assimilatrice de la France.
6 p. 104, La France choisit l’administration directe
- Quelle stratégie est mise en œuvre pour imposer la domination française en Afrique de l’Ouest ?
Protectorat, dominion
Une domination qui s’établit prudemment tout d’abord, en respectant les structures
hiérarchiques et administratives, en nommant un roi indigène (favorable aux Français et
acceptables aux indigènes). Lorsque la domination s’est affirmée, on passe à
l’administration directe.
Colonies administrées directement par la métropole, les protectorats conservent une
autonomie administrative et leur souverain. Cf. texte sur Le protectorat français sur le Maroc
11 p. 105 qui entretient la fiction de l’existence de l’Etat.
Dans la réalité, la différence est souvent ténue entre administration directe et indirect. Les
anciennes colonies britanniques reçoivent le statut de dominion qui leur permet de se gouverner
elles-mêmes tout en reconnaissant la souveraineté britannique (conférence de Westminster de
1926, Australie, Nouvelle-Zélande, Afrique du Sud, Canada regroupés dans le Commonwealth).
12 p. 105, Les dominions. Le statut de Westminster de 1931 reconnaît l’autonomie juridique des
dominions.
À la fin du XIXe siècle, tout le débat sur la politique coloniale à suivre oppose
l’assimilation à l’association. L’assimilation est la volonté de réduire les « écarts » existant entre
la métropole et les colonies, avec pour objectif l’intégration complète des populations
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colonisées dans l’édifice national. L’association est la reconnaissance de l’originalité des colonies,
ce qui implique l’établissement d’un simple lien entre la métropole et ses colonies.
Assimilation : accès à la citoyenneté très rare. Association (qui reconnaît les
particularismes) plus ou moins poussée est souvent appliquée. Maintien de l’ordre assuré par la
métropole, gestion locale confiée aux autorités traditionnelles. Les colonisés sont des sujets et
non des citoyens.
L’Angleterre cherche à promouvoir une élite indigène qui pourra amener au selfgovernment. En 1909, le Conseil de l’Inde qui vote l’impôt s’ouvre à des représentants indiens.
II. 2. Diversité et ambiguïtés des modes de mise en valeur
La diversité des modes de mise en valeur est aussi grande, même s’il s’agit toujours de
vendre des biens manufacturés, d’obtenir des denrées tropicales, des cultures industrielles puis
des produits du sous-sol, de lever l’impôt.
Un équipement en infrastructures de transport destinées au contrôle et au drainage des
productions est conduit partout, avec un coût humain élevé et des problèmes de capitaux (en
1914, l’investissement colonial français ne représente pas 15% des investissements à l’extérieur).
Même s’il y a des exceptions – l’Indochine est équipée -, la période d’engagement maximal des
métropoles est tardive, liée à la crise et même généralement postérieure à la Seconde Guerre
mondiale.
2 p. 108, A qui profite la colonisation ?
- Intérêt des colonies pour la Grande-Bretagne ?
Trouver dans les colonies des matières premières, faire de ses colonies des débouchés
pour l’industrie.
La colonisation a pour but de satisfaire les besoins économiques de la métropole. Les
colonies fournissent à la métropole les richesses de la nature qu’elle ne trouve pas sur son sol (cf.
1 p. 109, Les colonies, réservoir de matières premières). Développement des cultures
d’exportation (riz, coton, thé, café, cacao, fruits tropicaux, arachide, hévéa pour le caoutchouc,
vignes).
Ressources du sous-sol extraites (or et diamants en Afrique australe, cuivre du Katanga,
phosphate du Maroc…). Un monde colonial très peu industrialisé. L’Inde fait exception (coton,
métallurgie).
- Comment l’exploitation des ressources africaines est-elle justifiée ?
Justifiée par l’idée d’un bénéfice réciproque (équipements de transport, bonification
des terres, fin de l’esclavage et des guerres tribales). Des réalisations indéniables : vaccin contre le
bacille de la peste. Mais les équipements sont conçus avant tout pour l’exploitation économique
(pénétrantes reliant les ports aménagés sur les côtes aux ressources exploitées de l’intérieur), la
bonification des terres est effectuée au profit des cultures commerciales, la fin de l’esclavage est
proclamée mais se met en place un système de travail forcé, les guerres tribales cessent mais lui
succède une répression féroce des troubles.
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L’effort d’éducation est certain mais limité. En Algérie par exemple 5,4% des musulmans
sont scolarisés cent ans après la conquête, c’est-à-dire dans les années 1930. Bien qu’elle fût
présentée comme un des instruments privilégiés de la « mission civilisatrice » de la France, l’école
ne bénéficia que de maigres crédits. Son accès demeura par conséquent limité : en 1957, seuls
15% des enfants des territoires africains sous domination française étaient scolarisés. La
colonisation s’est aussi accompagnée du développement de l’urbanisation (création de
Johannesburg en 1886, mais création de quartiers séparés prémisses du régime d’apartheid).
C’est dans l’entre-deux-guerres que le discours colonial imprègne la culture collective des
métropoles comme en témoigne en France le succès de l’exposition de Vincennes de 1931. Il
vante des réalisations qui ne sont pas minces, comme l’éradication progressive des endémies, et
d’autres qui exigeraient plus de nuances tels la scolarisation et le développement économique.
4 p. 103, L’exposition coloniale de 1931. Elle marque l’apogée de la puissance coloniale
française, voulue par Paul Reynaud, ministre des colonies. 8 millions de visiteurs dont trois
millions de provinciaux, 1 million d’étrangers. L’opinion publique se rallie alors en masse à la
colonisation.
- Que symbolise cette affiche ?
Quatre personnages représentés symbolisent la présence française en Afrique du Nord,
Afrique noire, Indochine et même en Amérique avec un Indien de la Guyane.
Dans l’opinion publique française, l’adhésion à la thèse de la mission civilisatrice
l’emporte sur celle dénonçant le travail forcé qui sévit en Afrique noire. Seule une partie de la
gauche dénonce le colonialisme pendant la guerre du Rif.
Au total l’entrée des colonies dans l’économie monde est réelle, sans se fonder
systématiquement sur la contrainte : ainsi l’attrait de la condition salariée attire-t-elle largement
vers l’économie minière en plein essor dans l’entre-deux-guerres (a fortiori quand les travailleurs
bénéficient du paternalisme typique du Congo belge). Mais sans que la colonisation se confonde
avec le colonialisme, elle emprunte à ce dernier la majorité de ses traits. Il s’agit bien d’abord
d’une exploitation qu’elle soit conduite par le biais des compagnies concessionnaires, de
l’économie de traite, des grandes exploitations ou des réquisitions de toute nature.
3 p. 109, Le travail forcé
- Quelles sont les conditions de travail des Africains construisant cette ligne de chemin de fer ?
Ouvrage d’Albert Londres, grand reporter, Terre d’ébène qui fait suite à la publication du
Voyage au Congo d’André Gide en 1927. Un coût humain élevé. Recours au travail forcé.
Entrée dans la modernité, rupture de l’isolement (lignes maritimes, câbles télégraphiques
sous-marins). Réseau ferré indien, le troisième du monde.
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III. La décolonisation et ses conséquences
Problématique : Quelles sont les modalités et les conséquences du processus de
décolonisation ?
L’émancipation politique des colonies constitue un fait décisif du XXe siècle, qui ne se
limite pas à la phase de décolonisation et entretient des liens avec la question contemporaine des
rapports Nord –Sud. C’est la transformation du contexte international pendant et après la
Seconde Guerre mondiale qui favorise, avec des décalages dans le temps et l’espace,
l’épanouissement et la radicalisation des revendications nationales.
Les métropoles ne réagissent pas unanimement devant la remise en cause du système
colonial par les colonisés, les nouvelles puissances dominantes et l’ONU : les plus affaiblies
s’accrochent à reconstituer leur domination, le Royaume Uni adopte une position plus souple.
III. 1. L’émancipation des peuples dominés : le temps des indépendances
La
décolonisation est un processus global, plus global pourrait-on dire que
l’indépendance qui n’est finalement qu’un simple acte politique formel séparant l’état de sujétion
de domination de celui de souveraineté. Elle implique un mouvement qui repose aussi sur
l’appropriation de l’héritage colonial par les mouvements d’indépendance mais aussi la
reconstruction de l’Etat, la formation du lien national et la définition de nouveaux
rapports économiques avec les pays développés.
4 p. 115, Les revendications d’une élite africaine
Des indigènes assimilés (anglicisation de la langue, de la religion, des mœurs, des lois, de
l’urbanisation). Ils constituent une classe moyenne face aux administrateurs blancs. Mais au
regard de la masse indigène ils sont perçus comme une nouvelle élite différente de celle des chefs
coutumiers.
- Quelles sont les revendications des Educated Native ?
Ils réclament des libertés et des responsabilités politiques. Il ne s’agit pas encore
d’indépendance mais d’autonomie. Ils réclament aussi la fin des inégalités fondées sur les
préjugés raciaux.
La plupart de ces premiers mouvements qui ne souhaitaient pas forcément rompre tout
lien avec la métropole se heurtent à l’intransigeance des gouvernements européens soumis à une
pression permanente des groupes de pression colonialistes.
Les élites indigènes sont souvent pétries de l’idéal des droits de l’homme. Les métropoles
refusent d’octroyer l’indépendance, voire elles se montrent rétives à l’assimilation (en 1936 échec
du projet Blum Violette d’accorder le droit de vote à une élite musulmane de 20 000 à 25 000
personnes).
Des mouvements qui apparaissent dans l’entre-deux-guerres puis se renforcent après la
Seconde Guerre mondiale, modalités d’action et motivations variées : grèves, pétitions,
manifestations, lutte armée. En Indochine, doctrine marxiste – léniniste réclame la confiscation
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des terres, nationalisation des industries, constitution d’une armée et de paysans. Des
mouvements qui s’appuient sur la déclaration des droits de l’homme et le principe du droit des
peuples à disposer d’eux-mêmes.
7 p. 116, L’ONU et la question coloniale
- Quel intérêt prime dans la gestion des colonies ?
- Qu’est-ce qui doit être développé par les métropoles coloniales ?
Primauté des intérêts des colonisés. Le caractère provisoire de la domination étrangère est
souligné par les expressions « ne s’administrent pas encore complètement », « développement
progressif de leurs libres institutions ».
Pourtant, ce texte n’abouti pas à une remise en cause immédiate de la colonisation : pas
de délai précis pour l’acheminement vers le self-government, il ne comporte pas de critères précis
pour juger de cette évolution et de son terme, des réserves nombreuses limitant le droit de regard
de l’Organisation.
Selon les termes mêmes de sa charte, l'ONU ne semblait pas devoir exercer une grande
influence dans l'évolution des questions coloniales. Ses réunions devinrent pourtant l'arène au
sein de laquelle s'affrontèrent les tenants de la colonisation classique et les partisans de la
décolonisation. Ceux-ci eurent en leur faveur deux éléments : la composition et l'esprit d'une
assemblée où l'Europe n'avait qu'une place de second ordre, l'attitude de l'URSS et celle plus
nuancée des Etats Unis, tous deux partageant malgré leurs divergences le même souci de ne pas
s’aliéner les sympathies du « tiers monde ». L’ONU est ainsi devenue la tribune de
l’anticolonialisme militant, le jury d’arbitrage devant lequel les puissances coloniales prirent le plus
souvent figure d’accusés.
Quoiqu’il en soit, la fin des empires est acquise pour l’essentiel en à peine vingt ans, au
moins si l’on réserve le cas de l’Afrique portugaise et celui de l’aire soviéto - russe.
1 p. 126, Les étapes de la décolonisation et l’émergence du Tiers Monde
- Quelles sont les principales étapes de la décolonisation ? Où se déroulent-elles ?
Au sortir de la Seconde Guerre mondiale, le Royaume-Uni et la France restent les deux
principales puissances coloniales. L’empire français s’étend sur l’Afrique du Nord, l’Afrique de
l’Ouest, Madagascar et l’Indochine. L’empire britannique concerne la péninsule indienne et en
Afrique surtout la partie orientale.
Le premier continent touché par la vague de décolonisation est l’Asie. La décolonisation
mondiale commence en Asie et s'effectue sur ce continent, en une dizaine d'années seulement.
Elle concerne ici environ un tiers de l'humanité. Rappeler les dates-clés : 1947 : indépendance de
l'Inde et du Pakistan, de Ceylan et de la Birmanie, 1949, Indonésie. 1954 : indépendance de
l'Indochine.
En Afrique, l'élan d'émancipation apparaît d'abord au Maghreb, dans les colonies et
protectorats français. En Afrique noire, ainsi qu'au Maroc et en Tunisie, la France accorde
l'indépendance pacifiquement (Maroc et Tunisie 1956, Afrique noire 1960).
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Les décolonisations plus tardives interviennent dans le sud de l’Afrique. Le Botswana
accède à l’indépendance en 1966. Les colonies portugaises font alors exception par leur
émancipation tardive (1975, Angola, Mozambique, Guinée Bissau), obtenue après des années de
guérilla. Le Zimbabwe (Rhodésie) accède à l’indépendance en 1980. La Namibie reste quasiment
annexée à l’Afrique du Sud jusqu’en 1990.
4 p. 133, Le partage sur le papier
Les différentes émancipations illustrent des méthodes et des rythmes différents dans
l'accès à l'indépendance. Dans le cas de l'Inde, les revendications indépendantistes déjà fortes
avant la Seconde Guerre mondiale, ne recevaient à l'époque aucun écho positif. Mais en 1945, la
Grande-Bretagne doit constater la montée du nationalisme indigène sous l'égide de leaders
d'exception (Gandhi, Nehru, Jinnah). La "méthode britannique" se dessine en Asie : la métropole
accorde l'indépendance à ses colonies, sans conflit, et ces dernières adhèrent, pour la plupart, au
Commonwealth, ce qui permet à la Grande-Bretagne de conserver son influence sur le continent.
L’indépendance est accordée sans conflit entre colonisé et colonisateur.
- Qu’est-ce qui accompagne pourtant l’indépendance de l’Inde ?
Des violences accompagnent cependant l'émancipation, en particulier avec la
partition entre Inde et Pakistan (entre hindouistes et musulmans), énormes transferts de
population, affrontements sanglants qui font des centaines de milliers de morts, et
l'assassinat de Gandhi (1948). D'autres colonies d'Asie s'émancipent par la guerre : c'est le cas
des Indes néerlandaises et de l'Indochine.
7 p. 141, L’emploi de la torture
Guerre née de l’incapacité des gouvernements français à imposer des réformes en faveur
de l’intégration ou de l’association des masses algériennes à la vie politique. La guerre,
pudiquement qualifiée d’opération de maintien de l’ordre, commence en 1954 et voit la
multiplication des massacres et des représailles. Elle plonge la France dans une profonde crise
morale. 1956, envoi du contingent en Algérie. En Algérie, comme en Indochine, la France refuse
d'accéder aux revendications indépendantistes du FLN. Les liens entre la métropole et sa
première colonie (un million de Français de souche) sont très forts et la séparation paraît
impensable en France dans la plupart des esprits.
- Pourquoi a-t-on pu parler d’une sale guerre ?
Méthodes de torture employée.
En 1957, la bataille d'Alger qui tente de briser les réseaux nationalistes, voit l'emploi de la
torture. La bataille d’Alger a porté des coups très rudes au terrorisme dans les grandes villes, au
prix de l’usage de la torture. Les méthodes employées ont creusé un fossé de haine. Si le
parachutiste est désormais l’idole des pieds-noirs, le militant FLN est le héros secret de la
population algérienne.
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Dans l’opinion métropolitaine, les méthodes employées, dont l’ignoble torture, lors de la
« bataille d’Alger » et bien au-delà, laissent des traces. Le général de Bollardière demande à être
relevé de son poste de commandement et est mis aux arrêts. Le secrétaire général de la police
d’Alger, Paul Teitgen, démissionne. François Mauriac, Laurent Schwartz, Pierre Vidal-Naquet...
protestent. Henri Alleg, emprisonné et torturé, réussit à publier un témoignage qui fait grand
bruit, La Question. L’emploi de méthodes inhumaines fait l’objet d’un débat public. Une certaine
mauvaise conscience commence à tarauder la société française.
Le plan Challe à partir de janvier 1959, conduit à un nettoyage et à une prise de contrôle
progressive des massifs montagneux en partant de l’ouest vers l’est. Cet effort militaire du côté
français s’accompagne d’un recrutement massif de supplétifs musulmans (harkis). Sur le plan
militaire, l’Armée de libération nationale (ALN) se retrouve donc en 1960 dans une situation très
difficile qui augure peu d’une victoire finale. Mais à cette date, De Gaulle avait compris qu’une
solution purement militaire ne réglerait en rien définitivement le problème algérien.
Indépendance de l’Algérie obtenue en juillet 1962 après le droit à l’autodétermination proposée
en mars 1962.
III. 2. Du Tiers Monde aux Suds, les tentatives d’organisation politiques
Dès 1949 – 1950, la montée des tensions internationales et la poussée communiste en
Asie inscrivent le mouvement dans la concurrence Est-Ouest. Cette articulation dure jusqu’au
début des années 1980, mais la décolonisation, de même que les efforts du Tiers Monde ont leur
dynamique spécifique et ne se confondent pas avec la guerre froide.
4 p. 131, Une victoire contre l’impérialisme
La guerre d'Indochine (1946-1954) révèle un blocage dans l'attitude de la métropole
française. Pour des raisons économiques et stratégiques, la France refuse de "lâcher" les deux
fleurons de son empire : l'Indochine pour l'Asie, l'Algérie en Afrique. Mais le mouvement lancé
par Hô Chi Minh en 1945 avec la proclamation de l'indépendance du Vietnam, se poursuit.
- Pourquoi la guerre d’Indochine fut à la fois une guerre de libération coloniale et un conflit de la guerre froide ?
Giap, artisan de la victoire de Diên Biên Phu du 7 mai 1954. Un vocabulaire marxiste
léniniste (référence à la doctrine Jdanov : un monde divisé entre un camp de la liberté et de la
paix et un camp de la guerre et de l’impérialisme), soutien de l’URSS et de la Chine. Aide
américaine dans le cadre du containment est soulignée.
Malgré les moyens engagés, la France perd la guerre à Diên Biên Phu. Les accords de
Genève entérinent l'indépendance du Laos, du Cambodge et partagent le Vietnam en deux. Au
Nord, un Etat communiste, au Sud un Etat nationaliste soutenu par les Etats-Unis. Cette division
porte en elle un nouveau conflit : la guerre du Vietnam.
Dès les années 1950, l’ébranlement des empires et plus largement le recul des puissances
européennes – dont la crise de Suez constitue un embléme – libèrent un espace politique. Ils
facilitent l’émergence du Tiers Monde sur la scène internationale, qui se manifeste en deux
temps : conférence afro – asiatique de Bandung de 1955, durant laquelle la Chine populaire
confirme son statut d’acteur incontournable, puis dans les années 1960, avec la relance du nonM. Bénézech
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alignement et les efforts d’organisation dont témoigne la mise sur pied de l’Organisation de
l’unité africaine (1963).
2 p. 134, Les conclusions de Bandoeng
- En quoi certains aspects de la colonisation sont-ils condamnés ?
- Qu’est-ce qui est réclamé ? Au nom de quels principes ?
29 Etats représentés à Bandoeng, (tous sauf Japon et Turquie ont connu l’hégémonie
européenne). 52% de la population mondiale mais seulement 8% des richesses mondiales.
Conférence afro – asiatique organisée à l’initiative des leaders d’Etats asiatiques récemment
émancipés qui condamne avec fermeté toute forme de colonialisme et jette les bases d’une
solidarité politique entre les anciennes colonies européennes. Encouragement aux indépendances.
Au nom des droits de l’homme en particulier du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, au
nom de la Charte des Nations Unies, ils réclament la fin du joug colonial et du colonialisme, en
somme l’indépendance. Cette conférence marque l’émergence du Tiers Monde sur la scène
mondiale (référence au Tiers Etat).
Tiers Monde
Quand Alfred Sauvy l’utilise pour la première fois (dans France Observateur du 14 août
1952), par analogie avec le Tiers Etat, le terme Tiers-Monde revêt une double signification :
géopolitique (un ensemble distinct des pays occidentaux et des pays communistes), et socioéconomique (les pays pauvres en recherche de développement). Le succès du néologisme est
immense, du fait de sa charge symbolique et de sa vocation englobante. Au long des années 1950
à 1970, l’expression offre matière à débat, notamment quand elle désigne en bloc les pays
décolonisés, la voie neutraliste ou la concentration des difficultés, alors que ces recouvrements ne
sont que partiellement exacts. Cela nous rappelle qu’il y a une histoire de l’utilisation de ce type de
concept.
1 p. 143, Définition du non-alignement
- Où en est la décolonisation au moment où la conférence de Belgrade débute ?
25 Etats présents. En 1961, l’essentiel de la décolonisation est réalisé. Le régime colonial
ne concerne plus que les colonies portugaises, le Sahara espagnol, la Namibie (colonie allemande
placée sous mandat de l’Afrique du Sud à la fin de la Première Guerre mondiale) et de petits
territoires dispersés français (les Comores, Djibouti) et surtout britanniques (archipel de
Mélanésie, Antilles britanniques…).
- Quelle est la vision du monde proposée ? La définition du non alignement ?
Constat de l’existence de deux blocs, aggravation de la Guerre froide. Crise de Berlin
vient de s’achever par la construction du mur dans la nuit du 12 au 13 août 1961, moins d’un
mois avant cette réunion. Constat que la domination coloniale touche à sa fin. Participants
apportent leur soutien aux dernières luttes d’émancipation.
Non – alignement : refus de s’engager dans l’un ou l’autre des blocs, refus qui renforcera
la paix puisque les non – alignés ne représenteront pas un enjeu pour les deux hégémonismes.
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L’existence de deux blocs n’est pas contestée, mais il ne faut pas grossir leurs rangs, ce qui
implique d’écarter toute ingérence de l’un ou de l’autre. Il ne s’agit pas pour les non alignés de
créer un troisième bloc mais d’affirmer l’existence de pays libres, non soumis à la bipolarisation.
Grosso modo à Belgrade, 5 critères principaux sont dégagés pour fonder le nonalignement : suivre une politique indépendante reposant sur la coexistence pacifique, ou avoir
de la sympathie pour ce mouvement ; soutenir des mouvements de libération nationale ;
n’appartenir à aucun pacte militaire collectif risquant d’impliquer le pays dans un conflit
entre les grandes puissances ; ne faire partie d’aucune alliance multilatérale avec une grande
puissance ; refuser l’établissement de bases militaires étrangères sur son territoire.
Pour Fidel Castro, cette vision est fausse : il n’existe pas d’impérialisme soviétique. Non –
alignement pour Castro : amitié avec l’URSS et lutte contre l’impérialisme américain. Non
engagement voulu à Belgrade devient un instrument de lutte contre les Etats-Unis et un satisfecit
donné à l’URSS. Mouvement qui perd de sa crédibilité et déçoit bon nombre de ses adhérents.
La confusion croissante entre non-alignement et revendications économiques
s’opère au grand dam de Tito pour qui le non-alignement ne saurait être autre chose qu’une
politique mondiale ne pouvant être « ramenée au cadre étroit des pays en voie de développement,
du monde dit Tiers, de l’hémisphère sud ». Incapable finalement d’assumer cette ambition globale
et universelle, le non-alignement s’essouffle et connaît une paralysie grandissante, à
mesure que la raison d’état l’emporte sur les considérations universelles à la faveur des
affrontements entre ses membres essentiels (conflit sino-vietnamien après 1979, conflit IranIrak de 1980 à 1988). L’élection de Castro à la tête du mouvement à la Sixième Conférence de La
Havane en 1979 est un échec pour la politique d’équilibre global voulue par Tito. L’heure est
alors aux virulentes diatribes anti-impérialistes. L’URSS, jusque là laissée en marge du
groupe, parvient même à utiliser les non alignés dans sa stratégie anticapitaliste et
d’encerclement de la Chine populaire. Tant et si bien, qu’en 1980, à la mort du leader
yougoslave, le groupe entre en déliquescence. Le difficile équilibre de départ entre modéré et
maximalistes, entre tiers-mondistes et mondialistes convaincus disparaît avec lui. Depuis la
conférence de Larnaca (Chypre) de 1992, on peut dire que le mouvement des non-alignés est
entré dans une phase de sommeil profond.
Création de la Ligue Arabe en 1945, ciment idéologique fourni par l’hostilité à Israël.
3 p. 146, L’OUA arbitre des conflits frontaliers.
La décolonisation de l’Afrique s’est accompagnée d’une utopie visant à créer une vaste
entité politique commune, garante de la paix et de la sécurité du continent. Le panafricanisme prit
forme avec la création de l’OUA en 1963. Volonté d’instaurer une coopération en faveur du
développement, lutte contre le colonialisme, respect des principes établis par la Charte des
Nations Unies et Déclaration Universelle des droits de l’homme en 1948. Lutte contre l’apartheid
(aboli en 1992), tente d’empêcher le pillage de ressources naturelles de l’Afrique par des
entreprises étrangères. Des relations conduites sur un pied d’égalité entre Etats membres. Se
place dans la ligne du mouvement des non – alignés.
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- Quels sont les facteurs qui contribuent aux problèmes des frontières de l’Afrique des années 1960 ?
Des frontières tracées par les Européens au temps de la colonisation. Ces frontières
séparent des peuples de même culture ou réunissent des ethnies rivales, elles peuvent être facteur
de conflit. Référence à la sécession du Katanga dans le Sud du Congo confortée par des
mercenaires recrutés en Europe qui débute en 1960 et s’achève en 1962. L’OUA consacre
l’intangibilité des frontières issues de la colonisation.
- Limites de l’action de l’OUA ?
Elle tolère dans ses rangs des dictateurs au nom du principe de non – ingérence.
Ses interventions dans les conflits restent d’une efficacité limitée. Elle se montre incapable
d’assurer la stabilité politique sur un continent en proie en permanence à des troubles de tous
ordres.
4 p. 147, Un continent déchiré par les conflits
- Les objectifs que l’OUA s’était fixés ont-ils été atteints dix ans après sa création ?
OUA confrontée à des conflits inter – ethniques, à des tentatives de sécession et à de
multiples coups d’Etat dans les années 1963 – 1965.
Dix ans après sa création Angola et Mozambique ne sont pas indépendants. Rhodésie et
Afrique du Sud sont des Etats où la minorité blanche refuse de partager le pouvoir.
Il faut attendre 1990 pour que Nelson Mandela sorte de prison et 1992 pour que
l’Apartheid cesse en Afrique du Sud. La coopération entre Etats africains reste par ailleurs très
mesurée.
1967 : création de l’ASEAN, Indonésie, Singapour, Malaisie, Philippines, Indonésie,
Thaïlande, dans le but de développer une collaboration essentiellement commerciale.
III. 3. Les difficultés économiques et sociales des nouveaux Etats
Quelques années avant la fin des indépendances, la naissance de l’Organisation des Pays
Exportateurs de Pétrole (1960), montre que l’autonomisation se déplace vers la recherche d’un
nouvel ordre économique et vers ce qu’on appellera bientôt le développement.
La réunion de la première conférence des Nations unies pour le commerce et le
développement en 1964 confirme cette inflexion. A cette époque, le débat sur les causes du
sous-développement est très vif, les rapports n’ont guère de peine à s’entendre sur des constats :
décrochage par rapport aux pays industrialisés, faiblesse du revenu individuel, malnutrition,
analphabétisme, démographie non contrôlée et secteur tertiaire hypertrophié, toutes
caractéristiques avec lesquelles l’explosion urbaine interfère de plus en plus.
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3 p. 149, Le défi de l’enseignement
Pays nouvellement indépendants se situent dans la première phase de la transition
démographique : baisse du taux de mortalité, natalité qui reste forte, nombre d’enfant par femme
très élevé (taux d’accroissement naturel supérieur à 2%, ISF fort entre 5 et 7 enfants par femmes,
2,5 pour l’Europe cf. document 1 p. 149, La situation démographique années 1965 – 1970).
Période dite d’explosion démographique. L’exode rural provoque les débuts de l’explosion
urbaine (multiplication des bidonvilles exemple du document 2 p. 149, photo d’un bidonville en
Côte d’Ivoire au début des années 1970).
Indices du sous-développement (notion selon laquelle la pauvreté de nombreux pays est
due à un simple retard de développement, et sera vaincue en reproduisant des modèles de
développement qui ont assuré la prospérité des Etats les plus riches) : mortalité infantile élevée
(en Afrique, Asie du Sud-Est). Dans ces mêmes ensembles, la ration alimentaire est faible (2 000
calories par jour alors qu’il faut à un adulte dont l’activité ne nécessite pas d’effort physique de
2 400 à 2 700 calories par jour, un travailleur de force de 3 200 à 3 800, un jeune de 16 à 19 ans
de 2 900 à 3 200, une femme enceinte de 2 800 à 3 200 calories par jour.)
- Quelle est la situation en matière d’éducation ? Pourquoi s’agit-il d’un défi crucial et d’un problème central pour
le développement ?
La proportion d’analphabètes dans les pays nouvellement indépendants est très
importante. L’accès à l’instruction demeure limité. Toutes les activités, agricoles, industrielles,
tertiaires souffrent de ce manque de formation. Le directeur général de l’UNESCO (éducation,
science, culture) souligne que cette situation crée une société à deux vitesses et que l’action de la
partie instruite de la population est entravée par les pesanteurs liées au manque d’instruction de
l’autre partie. L’analphabétisme maintient ces populations dans des comportements archaïques et
jette un fossé d’incompréhension entre elles et les élites acquises à la modernité. La scolarisation
des filles est une condition essentielle de l’abaissement de la fécondité et donc du ralentissement
de la croissance démographique.
Se déploient à partir de la première CNUCED une politique de coopération des
anciennes métropoles avec les jeunes nations (de manière bilatérale ou par l’intermédiaire de
la CEE, la convention de Yaounté date de 1963) et une radicalisation d’une partie du Tiers
Monde qui dénonce, notamment aux conférences du Caire (1964), et de Lusaka (1970), le néocolonialisme.
5 p. 150, Les rapports Nord - Sud
CNUCED, réunie pour la première fois en 1964 à Genève. 120 Etats représentés dont 77
PVD. En 1967 dans la Charte d’Alger, le groupe des 77 définit ses objectifs : redonner au Sud un
place satisfaisante dans le commerce mondial en rééquilibrant les termes de l’échange.
- Qu’est-ce que le néocolonialisme d’après Boumediene ?
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Le néocolonialisme apparaît comme une nouvelle forme de domination fondée sur
l’appropriation des ressources mondiales par les plus forts au détriment des plus faibles.
- Comment s’exprime cette nouvelle forme de domination ?
Domination qui s’exprime par le fait que ce sont les pays riches qui déterminent le prix
des matières de base qu’ils achètent aux pays pauvres et le prix des produits finis et des services
qu’ils leur vendent. Position dominante qui s’explique par l’avance technologique des pays riches,
par la masse de capitaux dont ils disposent, par la puissance d’une demande qui sait faire jouer la
concurrence.
Les Etats du groupe des 77 réclament un nouvel ordre économique fondé sur le contrôle
par chaque Etat de ses ressources (jusque là souvent aux mains des FMN), un relèvement du prix
des matières premières, des tarifs douaniers préférentiels et une aide substantielle pour
compenser le préjudice de l’exploitation coloniale qu’ils ont subie.
Seuls les pays réunis au sein de l’OPEP en 1960 commencent à assurer la maîtrise de leurs
ressources naturelles par des nationalisations. Créée à Bagdad à l’initiative du Venezuela,
réunissant l’Arabie saoudite, l’Iran, l’Irak puis les EAU, le Koweït, le Qatar, le Nigeria, l’Algérie, la
Libye. Elle ambitionne d’accroître les recettes perdues par ses membres sur l’exploitation des
concessions.
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Bibliographie
Manuel utilisé : BOUREL Guillaume, CHEVALIER Marielle (sous dir.), Histoire Terminale S,
Hatier, 2004.
Ouvrages
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BERSTEIN Serge, MILZA Pierre, Histoire du XXe siècle, tome 1, 1900 – 1945, Hatier, 1996.
BOUREL Guillaume, CHEVALIER Marielle (sous dir.), Histoire Terminale L, ES, S, livre du
professeur, Hatier, 2004.
BRUNEL Sylvie, L’Afrique, Bréal, 2003.
CARON Jean-Claude, L’Europe au XIX, Des nations aux nationalismes, A Colin, 1996.
FERRO Marc, Histoire des colonisations des conquêtes aux indépendances, Seuil, 1994.
HOBSBAWM Eric, L’ère des empires, 1875 - 1914, Fayard 1989.
STOUDER Paul, Clés pour l’enseignement de l’histoire, CRDP de Versailles, 2004.
VERSHAVE François-Xavier, De la Françafrique à la Mafiafrique, Tribord, 2004.
Articles et revues
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Lieux de mémoire, Gallimard.
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Les collections de l’Histoire « Le temps de colonies », n° 11, avril 2001.
L’Histoire, « SPECIAL, La colonisation en procès », n° 302, octobre 2005.
Textes et Documents pour la Classe, « L’empire colonial à son apogée, propagande et réalités », N 710,
du 15 au 29 février 1996.
Textes et Documents pour la Classe, « La France face la décolonisation », N 840, du 15 au 30
septembre 2002.
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