Une mystique juive : la Kabbale
aux genres homilétiques. Sa manière ordinaire de présenter une idée est d’élaborer
l’interprétation mystique d’une sentence de l’Écriture. » [3]
La théologie de la Kabbale
Le Zohar se propose de décrire les opérations mystérieuses de Dieu. Dieu est l’En-soi, l’Infini ;
il est un Dieu caché. Il possède dix attributs fondamentaux, les dix Sephirot (pluriel de Séfer-ha-
Zohar) qui sont aussi dix étages de la vie divine. Les Sephirot ne sont pas une création, mais
une émanation à l’intérieur de la divinité. Elles émanent l’un de l’autre, en lui.
Lorsque Dieu crée, cette création dépend de l’émanation des Sephirot. Les trois mondes de La
création correspondent à ceux de l’émanation. La Kabbale admet, dans l’épanouissement de
l’être divin qui se manifeste dans la création, une pluralité de puissances. Dans la multitude
des shemot, des noms divins, elle voit la racine des matières multiples que Dieu a choisies, au
cours de l’histoire, pour se révéler à l’humanité. Certes, l’unité divine est fondamentale. Mais
Dieu est spirituellement inhérent au monde, ou immanent au monde créé : les formules
kabbalistes sur ce point ont une saveur panthéiste.
Mission de l’homme : se purifier
Le monde n’a été créé que pour l’homme. Libre et pécheur, ce dernier a besoin de l’existence
terrestre pour se purifier : la doctrine de la métempsycose assure sa parfaite purification.
Pleinement purifiée, l’âme s’unit à Dieu dans un baiser d’amour ; la mort est le baiser de
Dieu.
Le kabbalisme recourt au symbolisme lettres et des mots, et surtout des chiffres, ce qui est
facilité par la valeur numérique des lettres dans l’alphabet hébraïque. Les procédés utilisés
sont la Gematria, Notarikon, Temura. Par exemple, la Gematria établit une équivalence entre
deux mots dont les lettres ont la même valeur numérique ; on peut ainsi passer de l’un à
l’autre. Le Messie est appelé Consolateur (Menahem), parce que ce mot a la valeur numérique
que Cemah (germe), qui est l’une des désignations du Messie. C’est encore sur la
correspondance que se fondent les pratiques théurgiques et magiques de la Kabbale : en
invoquant le nom d’un être, on participe à la puissance de cet être et de l’essence qu’il
représente.
Les Kabbalistes ne retranchent rien aux prières et aux cérémonies de la synagogue : ils croient
à leur valeur et à leur efficacité. Ils insistent sur la nécessité de la méditation, ils recommandent
la dévotion intérieure et, par l’extase, ils visent à une union très intime à Dieu.
Parmi les maîtres de la Kabbale, Joseph Gikatilia a contribué par ses travaux de
systématisation à assurer à la science ésotérique une place dans le cadre des études
rabbiniques classiques. Le livre Sha’aré shamayim « les Portes du ciel », du grand théologien
Isaac ibn-Latif, est conçu comme le pendant ésotérique du Guide de Maimonide. Le
Kabbalisme est à l’origine d’un foisonnement littéraire au 14ème siècle. Puis, la situation du
judaïsme espagnol se dégrade : les juifs devront se convertir au catholicisme ou s’exiler.
Évolution de la Kabbale
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