avait décidé d’en finir. Il va pour se pendre, mais
la corde craque. Stupéfait, l’homme crie au
miracle et, prêt à se convertir, ouvre la Bible au
hasard et lit : « Repens-toi. » Non, quand je vous
disais que ce préfixe était du genre relou… Vous
êtes convaincu, ou bien vous voulez que je vous le
répète?
Mais reprenons : si le sens itératif reste le
plus fréquent, même quand il n’est pas évident
(par exemple, renifler, c’est faire plusieurs fois nif
nif), il subit la concurrence des valeurs de réci-
procité – j’agis, tu réagis – ou de rétroaction : RE
indique alors un retour à l’état antérieur – tu te
rhabilles, je referme la porte – ou un mouvement
en sens contraire qui peut aller jusqu’à détruire
ce qui a été fait : ainsi, « renoncer » annule ce
qu’on avait « annoncé », « réprouver » rejette ce
que d’autres approuvent. Dans certains cas, le
préfixe sert à renforcer, à intensifier le sens du
radical : « renier » est plus violent que nier,
« réunir » ou « relier » plus performants
qu’« unir » ou « lier ». Je cueille tes pommes,
mais je recueille tes poèmes. Enfin, quelquefois,
le préfixe RE n’ajoute rien, ou si peu, ne sert à
rien : affermir ou raffermir, emplir ou remplir,
Tissé par mille