L`autosuffisance alimentaire, un pari possible à notre ère ? | Agricom

2014-10-14 12:02L’autosu!sance alimentaire, un pari possible à notre ère ? | Agricom
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Volume 32 Numéro 03 Le 26 septembre 2014
L’autosusance alimentaire, un pari possible
à notre ère ?
Patrick Thibeault, l'animateur de l'émission Agrofolie, a livré ses impressions à Agricom sur l'autosusance alimentaire. -
Photo Martin Cormier
Par Isabelle Lessard
Rédactrice en chef
L’animateur de l’émission Agrofolie, Patrick Thibeault, a sauté à pieds joints dans un projet agricole que peu
ont tenté : l’autosusance alimentaire. Enseignant de formation, il s’est d’abord intéressé à la bonne boue
avant de pousser l’audace plus loin cet été. Agricom l’a interviewé pour connaître ses motivations et avoir
ses impressions sur son expérience.
Qu’est-ce qui diérencie Agrofolie des autres séries télé et web sur l’agriculture et l’alimentation ?
Ce n’est pas une émission de cuisine. On passe de la terre à l’assiette, de la graine à la consommation. Je me pose
la question : comment est-ce dicile de nourrir sa famille de ses propres eorts, en ayant un jardin et des ani-
maux, puis en allant à la recherche d’aliments sauvages, soit dans la mer ou dans la forêt. On part à la recherche
d’agriculteurs qui ont les mêmes valeurs et les mêmes ambitions.
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Quelle relation avais-tu avec ta nourriture avant cette aventure ?
Pour moi c’est juste une passion. J’ai commencé avec un intérêt dans la cuisson, qui a mené vers la recherche de
bons aliments, qui a mené à cultiver mes fruits et légumes et à élever mes animaux. Ç’a donc été une évolution de
mon intérêt pour la nourriture qui a été l’élément déclencheur.
Oui je supporte les fermiers locaux, mais est-ce que moi je suis capable de faire un jardin? Et j’en suis venu à avoir
plus de respect pour ceux dont c’est la profession. Ce n’est pas facile pour eux de le faire tout en évoluant avec la
demande de produits biologies, donc ça vient avec des dicultés et des compromis. Ça nous donne un plus grand
respect pour l’industrie agroalimentaire.
Es-tu surpris de voir à quel point c’est dicile de se nourrir soi-même aujourd’hui, d’être autosu-
sant ?
Quand j’ai fait mon jardin, j’ai réalisé à quel point les gens à l’époque travaillaient fort du matin au soir, sans ar-
rêt, seulement pour survivre. Alors qu’aujourd’hui, nous sommes rendus pas mal lâches. (rires) La vie est vraiment
facile.
Dans mon cas, je n’ai pas besoin du jardin pour survivre. Si je perdais toutes mes tomates, j’en achèterais à l’épi-
cerie ou au marché fermier, alors que ce n’était pas une option à l’époque. Aujourd’hui, c’est une question de plai-
sir et non de survie, alors on développe un respect pour le mode de vie d’autrefois.
Cet été, nos achats à l’épicerie et au marché fermier ont diminué – ce qui est un peu triste. Je produis de la nourri-
ture sans avoir de grosses récoltes et ce n’est pas si dicile de subvenir aux besoins alimentaires de ma famille.
Mon objectif est d’être aussi autosusant que possible et bio. À plus petite échelle comme je le fais, ce n’est pas si
dicile.
Avec le train de vie d’une famille normale, est-ce un mode de vie viable et même envisageable à
notre époque ?
Absolument. Les gens qui disent qu’ils n’ont pas le temps n’ont pas analysé combien de temps ils passaient sur Fa-
cebook ou même à regarder la télévision. Tout le monde à du temps libre, c’est juste qu’il faut voir comment tu
choisis de le passer.
On a rencontré une famille qui élève du petit gibier. Ils ont des oies, des poules pondeuses, des lapins et ils font un
jardin. Lui est militaire et elle enseignante et ils réussissent à nourrir leur famille presqu’à 100%, en plus de leur
travail quotidien. Quand je leur demande pourquoi ils le font, ils me répondent que ce qui en ressort est plus im-
portant que les sacrices que ça leur coûte.
Ce n’est pas toujours plaisant. Des fois le soleil se couche et on s’occupe encore de notre jardin juste pour que ça
fonctionne bien, mais c’est plaisant se mettre les mains dans la terre. Il y a un sentiment de satisfaction.
Quelle a été la plus grande diculté rencontrée dans ton aventure ?
L’accès à l’eau. Là où est mon lopin de terre, je n’avais pas de puits, donc je pompais de l’eau du ruisseau. Une
journée, j’ai dû nettoyer la piscine de plastique de mes canards, puis je suis allé manger un aliment dans le jardin
sans me laver les mains. J’ai eu une infection campylobacter.
C’est une bactérie aussi commune que la salmonelle, mais ça te vire les intestins à l’envers. J’ai été malade pour
une semaine. L’année prochaine je vous garantis que j’aurai accès à l’eau.
J’ai aussi un animal sauvage qui a mangé tout mon blé d’inde.
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