Stratégie régionale de lutte contre les infections

Comité régional de la EM/RC55/6
Méditerranée orientale Août 2008
Cinquante-cinquième session Original : arabe
Point 6 c) de l’ordre du jour
Document technique
Stratégie régionale de lutte contre les infections
sexuellement transmissibles 2009-2015
Les infections sexuellement transmissibles entraînent une mortalité et une morbidité considérables chez
les adultes et les nouveau-nés et amplifient le risque de transmission du VIH. Elles constituent une
lourde charge économique et sanitaire, en particulier dans les pays en développement. Les données
fiables sur la prévalence mondiale et régionale des infections sexuellement transmissibles sont limitées
mais on estime à environ 10 millions par an les nouveaux cas dans la Région de la Méditerranée
orientale. Peu de pays dans la Région ont élaboré une stratégie nationale complète pour lutter contre
les infections sexuellement transmissibles alors qu’une telle stratégie permettrait d’atteindre les objectifs
du Millénaire pour le développement et de lutter contre le VIH. Souvent les interventions existantes dans
la Région ne reposent pas sur des approches de santé publique efficaces à base factuelle. Le Comité
régional est invité à examiner et adopter une stratégie régionale pour lutter contre les infections
sexuellement transmissibles.
Un projet de résolution est joint au présent document pour examen par le Comité régional.
EM/RC55/6
Table des matières
Résumé d’orientation.................................................................................................................i
1. Introduction......................................................................................................................1
2. Analyse de la situation ....................................................................................................2
2.1 Contexte mondial ...................................................................................................2
2.2 Situation régionale..................................................................................................3
2.3 Réponse et difficultés actuelles..............................................................................4
3. Stratégie régionale de lutte contre les infections sexuellement
transmissibles 2009-2015 ...............................................................................................5
4. Conclusions...................................................................................................................10
5. Recommandations aux États Membres.........................................................................10
Références .............................................................................................................................10
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Résumé d’orientation
La stratégie mondiale de lutte contre les infections sexuellement transmissibles 2006-2015 (WHA59.19)
a été élaborée en réponse à la résolution WHA53.14 de l’Assemblée mondiale de la Santé qui demandait
de mettre au point une stratégie globale du secteur de la santé face aux épidémies de VIH/sida et
d’infections sexuellement transmissibles. Elle complète la stratégie relative à la santé génésique visant à
accélérer les progrès en vue de la réalisation des objectifs et cibles de développement
internationaux (WHA57.12). S’appuyant sur la stratégie mondiale, la stratégie régionale de lutte contre
les infections sexuellement transmissibles (2009-2015) tient compte des différentes situations
épidémiologiques, culturelles et socio-économiques des pays dans la Région de la Méditerranée orientale.
La stratégie a été élaborée en 2007-2008 par un processus de consultation avec des experts de la santé
publique, des cliniciens et des scientifiques dans le domaine des infections sexuellement transmissibles et
de la santé génésique des pays de la Région et les partenaires régionaux. Elle vise à fournir un cadre pour
orienter les mesures accélérées de lutte contre les infections sexuellement transmissibles au niveau
régional et national.
Les infections sexuellement transmissibles (autres que le VIH) entraînent une mortalité et une morbidité
considérables chez les adultes et les nouveau-nés et amplifient le risque de transmission du VIH. Elles
constituent un poids économique et sanitaire important, en particulier pour les pays en développement où
elles représentent 17 % des pertes économiques dues à des problèmes de santé. Les données fiables sur la
prévalence mondiale et régionale des infections sexuellement transmissibles sont limitées en raison d’une
surveillance négligée et d’un financement inadapté au niveau mondial, régional et national. Selon les
meilleures estimations disponibles, quelque 340 millions de nouveaux cas guérissables de syphilis,
gonococcies, infections à Chlamydia et trichomonase surviennent chaque année dans le monde chez les
hommes et les femmes de 15 à 49 ans. L’OMS a estimé à environ 10 millions le nombre de nouveaux cas
chaque année dans la Région de la Méditerranée orientale. Peu de pays dans la Région ont élaboré une
stratégie nationale complète pour lutter contre les infections sexuellement transmissibles alors qu’une
telle stratégie permettrait d’atteindre les objectifs du Millénaire pour le développement et de lutter contre
le VIH. Souvent les interventions existantes dans la Région ne reposent pas sur des approches de santé
publique efficaces à base factuelle.
La stratégie régionale est axée sur les points suivants : garantir des données fiables ; améliorer le
dépistage et la prise en charge des cas ; encourager un comportement sexuel sain et interrompre la
transmission dans les réseaux de transmission à haut risque. Les bénéfices les plus importants escomptés
de la stratégie régionale sont les suivants : a) plus d’informations fiables sur les tendances en matière
d’infections sexuellement transmissibles et de comportements à risque ; b) approches et interventions
renforcées pour briser la chaîne de la transmission et réduire la morbidité et la mortalité dues aux
infections sexuellement transmissibles ; c) augmentation de la proportion des individus souffrant
d’infections, y compris les sous-groupes de population avec un comportement à haut risque, recherchant
des services de soins et de prévention ; et d) plus grande accessibilité aux approches et interventions
spéciales pour les principales populations à haut risque.
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1. Introduction
Bien que les infections sexuellement transmissibles (IST) entraînent une morbidité et une mortalité
importante par leur impact sur la santé sexuelle, génésique et infantile, ce n'est qu'avec l’apparition du
virus de l'immunodéficience humaine (VIH) que la lutte contre ces infections est devenue une priorité
dans les pays développés et en développement. Dans la Région OMS de la Méditerranée orientale, en
particulier, les infections sexuellement transmissibles ont longtemps été négligées dans les programmes
de santé publique. Étant donné que l’épidémie de VIH continue à s’étendre dans la Région, et que les
infections sexuellement transmissibles sont un co-facteur majeur de transmission du VIH, outre le fait
d’entraîner elles-mêmes une morbidité et une mortalité importantes, il est important que les pays de la
Région prennent des mesures pratiques pour améliorer leurs programmes de lutte contre les infections
sexuellement transmissibles. Le présent document vise à appeler à une action urgente pour lutter contre
les infections sexuellement transmissibles dans les pays de la Région de la Méditerranée orientale. Une
stratégie régionale de lutte contre les infections sexuellement transmissibles est proposée afin de
compléter la stratégie relative à la santé génésique, et d’atteindre plus rapidement les objectifs du
Millénaire pour le développement.
Les infections sexuellement transmissibles comprennent au moins 30 agents pathogènes bactériens,
viraux et parasitaires qui sont transmis par voie sexuelle. Lorsqu’elles sont répandues, les infections
sexuellement transmissibles font partie des principales causes de graves affections évitables telles que
stérilité, infection génitale haute, grossesse extra-utérine, cancer et infection congénitale. Si beaucoup
sont curables, les infections sexuellement transmissibles incurables, comme l'Herpesvirus 2, ajoutent à la
lourde charge de morbidité et de mortalité pour les femmes, les hommes et les enfants. En outre, la
présence d’une infection sexuellement transmissible non traitée qui cause une inflammation ou une
ulcération augmente le risque de transmission du VIH lors de rapports sexuels entre une personne
infectée et une personne non infectée [1].
Globalement, les rapports sexuels à risque font partie des 20 principaux facteurs de risque pour la
morbidité et la mortalité, représentant plus de 5 % de la charge de morbidité attribuable et un cinquième
de la mortalité attribuable [2]. De ce fait, les interventions de lutte contre les infections sexuellement
transmissibles sont parmi les mesures de santé publique les plus rentables, et contribuent à la réalisation
de plusieurs objectifs du Millénaire pour le développement, à savoir :
l’objectif 4 qui vise à réduire la mortalité de l’enfant d'ici 2015 ;
l'objectif 5 qui vise à réduire de trois quarts le taux de mortalité maternelle d’ici 2015 ; et
l’objectif 6 qui appelle les nations à inverser la tendance actuelle à la propagation des maladies, en
particulier le VIH/sida dans les populations marginalisées qui ont souvent un accès très limité aux
services.
En 2000, l’Assemblée mondiale de la Santé (WHA53.14) a prié le Directeur général de mettre au point
une stratégie globale du secteur de la santé face aux épidémies de VIH/sida et d’infections sexuellement
transmissibles. En 2004, l’Assemblé mondiale de la Santé a approuvé la stratégie pour accélérer les
progrès en vue de la réalisation des objectifs et cibles de développement internationaux liés à la santé
génésique (WHA57.12) et, en 2006, a fait sienne la stratégie mondiale de lutte contre les infections
sexuellement transmissibles 2006-2015 (WHA59.19). Cette dernière reconnaît qu’en matière d’infections
sexuellement transmissibles, la prévention et la lutte constituent des aspects fondamentaux de la santé
sexuelle et génésique, et ainsi elle complète la stratégie pour la santé génésique. La stratégie définit
quatre avantages fondamentaux de l’investissement dans la lutte contre les infections sexuellement
transmissibles : réduction de la morbidité et la mortalité associées aux infections sexuellement
transmissibles ; prévention de l’infection à VIH par une intervention d’un bon rapport coût/efficacité ;
prévention des séquelles à long terme des infections sexuellement transmissibles, comme les cancers, en
particulier chez les femmes ; et réduction des issues défavorables de la grossesse (chez les femmes
souffrant d'infections sexuellement transmissibles).
La stratégie régionale est une adaptation de la stratégie mondiale pour une application dans la Région de
la Méditerranée orientale, tenant compte des différents déterminants culturels, socio-économiques et
épidémiologiques de vulnérabilité au VIH et aux infections sexuellement transmissibles dans les pays de
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la Région. Ceux-ci comprennent d’une part le manque de connaissances des services de soins et de
prévention des infections sexuellement transmissibles et leur inaccessibilité pour les groupes à haut
risque et vulnérables, notamment en raison de la stigmatisation et de la discrimination ; et l'absence d’une
surveillance adaptée des infections sexuellement transmissibles pour permettre une prise de décision
fiable fondée sur des données factuelles. D’autre part, les valeurs religieuses et culturelles dans la Région
favorisent un comportement protecteur contre les infections sexuellement transmissibles et la
transmission du VIH, comme l’abstinence sexuelle avant le mariage et la fidélité dans le mariage. Les
experts de la santé du secteur public de la Région, y compris les administrateurs de programme, les
cliniciens, les épidémiologistes et autres spécialistes dans le domaine des infections sexuellement
transmissibles et de la santé génésique, ainsi que les organismes partenaires, ont contribué au
développement de la stratégie régionale dans le cadre de consultations régionales et sous-régionales en
2007 et 2008 [3].
2. Analyse de la situation
2.1 Contexte mondial
Dans le monde, on estime à plus de 340 millions le nombre annuel de nouveaux cas d’infections
sexuellement transmissibles curables chez les personnes âgées de 15 à 49 ans, en plus des millions
d’infections sexuellement transmissibles virales [2]. Le Tableau 1 présente une estimation de l’incidence
annuelle des infections sexuellement transmissibles curables dans le monde.
Depuis plusieurs décennies, les infections sexuellement transmissibles se classent parmi les cinq
premières catégories pour lesquelles les adultes dans les pays en développement recherchent des services
de santé. Si l’Europe connaît une baisse spectaculaire de l'incidence des infections sexuellement
transmissibles, en particulier la gonorrhée et la syphilis, la situation en Amérique du nord est plus
variable. Dans les pays en développement, la prévalence et l'incidence des infections sexuellement
transmissibles est élevée, celles-ci représentant la deuxième cause de vie saine perdue chez les femmes
de 15 à 45 ans, après la morbidité et la mortalité maternelles. Chez les hommes dans ce groupe d’âge, si
le VIH et autres infections sexuellement transmissibles sont combinées, les infections sexuellement
transmissibles représentent près de 15 % de toutes les vies saines perdues. Elles constituent un poids
économique et sanitaire considérable en particulier pour les pays en développement où elles représentent
17 % des pertes économiques dues à des problèmes de santé [4].
La migration et l’urbanisation rapide sont des facteurs démographiques qui jouent un rôle important dans
le comportement sexuel au sein d’une communauté et contribuent à augmenter les niveaux d'activité
sexuelle occasionnelle et commerciale et le risque plus élevé d’infection. Ces facteurs, ainsi que les
conflits et les guerres, l'absence de services diagnostiques et thérapeutiques pour les infections
sexuellement transmissibles et l’impact du VIH sur l’épidémiologie des infections sexuellement
transmissibles, se combinent tous pour augmenter la charge des infections sexuellement transmissibles,
en particulier dans les pays en développement.
Tableau 1 Estimation de l’incidence annuelle mondiale des
infections sexuellement transmissibles curables chez les 15-
49 ans dans le monde
Région %
Amérique du Nord 2-3
Amérique latine et Caraïbes 7-14
Europe occidentale 1-2
Europe orientale et Asie centrale 3-8
Asie de l’Est et Pacifique 1-2
Asie du Sud et du Sud-Est 9-17
Australie 1-4
Afrique du Nord et Moyen-Orient 4-7
Afrique subsaharienne 11-35
Source : [4]
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