Dominicains et des Franciscains à Paris, que Robert de Sorbon, qui
était maître en théologie au cloître Notre-Dame, fonda en 1253 le col-
lège qui porte son nom. Chapelain de Saint-Louis, Robert agissait sur
l’ordre du roi qui reconnaîtra solennellement la Sorbonne en 1257. À
l’instar des couvents dominicains et franciscains, celle-ci était une com-
munauté religieuse. Mais, à la différence de ces couvents, elle était un
collège de prêtres séculiers et d’étudiants pauvres qui disposaient d’une
bourse pour se préparer au sacerdoce dans le siècle.
Le prestige de cette institution de fondation royale favorisa l’es-
sor de nombreux collèges sur la rive gauche de la Seine dans la seconde
moitié du XIIIe siècle et à la fin du Moyen-Age. Au départ, ces collèges
sont exclusivement des pensions réservées aux étudiants pauvres. C’est
notamment à partir du XVe siècle qu’ils deviendront des établissements
d’enseignement. Avant la Renaissance, les cours de la Faculté des Arts
avaient lieu rue du Fouarre, près de la Seine, où les maîtres louaient des
salles pour donner leur enseignement.
La fin du XIIIe siècle et le XIVe siècle
Les polémiques philosophiques et théologiques et les débouchés des
étudiants.
À la fin du XIIIe siècle, l’Université de Paris est marquée par
les querelles philosophiques et théologiques qui opposent les partisans
de l’aristotélisme d’Averroès à l’interprétation chrétienne de la pensée
d’Aristote, telle qu’elle avait été enseignée par Thomas d’Aquin
(+1274). Mais la polémique est si grave pour l’Eglise et pour la foi
chrétienne qu’en 1277, le pape et l’évêque de Paris estimeront néces-
saire de condamner la doctrine de Thomas d’Aquin, qui ménageait en-
core trop à leurs yeux ses adversaires averroïstes. C’est seulement au
début du XIVe siècle que l’Eglise canonisera et réhabilitera Thomas
d’Aquin. Mais en raison de l’audience internationale de l’université
parisienne, le pape Nicolas IV accorde en 1292 aux étudiants qui ont
obtenu la licence à Paris le privilège d’enseigner dans toute la chrétien-
té romaine. Jusqu’ici cette licence parisienne avait comme les autres
une compétence diocésaine.
Le XIVe siècle sera marqué entre autres par le problème des
débouchés des étudiants. A une époque où l’Eglise commande la vie
intellectuelle et culturelle de la chrétienté, les emplois susceptibles d’ê-
tre occupés par les gradués des universités - dans l’enseignement, dans
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La Faculté des Lettres de Nanterre - créée en 1964 au sein de
l’Université de Paris - étant devenue le théâtre d’une agitation gauchiste
permanente contre les projets de réforme, le recteur de l’Académie, pré-
sident du Conseil de l’Université de Paris, décidait sur proposition du
doyen de cette faculté de fermer cette dernière le 2 mai 1968.
Si cette agitation permanente était redoutable dans le campus
isolé de Nanterre, il faut dire qu’elle était principalement le fait d’une
minorité conduite par quelques meneurs, qui contrôlaient une majorité
indécise et déroutée par la réforme en question. Au reste, le lendemain,
le 3 mai, il n’y avait que trois à quatre cents étudiants dans la cour de la
Sorbonne pour dénoncer la fermeture de la faculté de Nanterre et de-
mander au recteur d’annuler la décision administrative qui permettait de
traduire plusieurs de leurs camarades devant le Conseil de l’Université
de Paris.
Mais le recteur ne put donner l’audience qu’ils désiraient et, en
fin de soirée, il fit appel à la police pour qu’ils évacuent la cour de la
Sorbonne. Des échauffourées violentes opposèrent les étudiants aux
forces de l’ordre dans la rue et il y eut des arrestations nombreuses et
des centaines de blessés dans les deux camps. Tel est l’incident majeur
qui entraîna plusieurs semaines de troubles à Paris et une grève géné-
rale illimitée en France, et qui faillit emporter la Ve République.
Le général de Gaulle, président de la République, réussissant à
rétablir l’ordre à la fin de mai, la nouvelle assemblée nationale élue en
juin, après la dissolution de la précédente, eut pour principale mission
de réformer la législation universitaire de la IIIe République, en don-
nant une large autonomie de gestion aux établissements d’enseignement
supérieur et en permettant ainsi d’établir plusieurs universités dans une
même circonscription académique.
C’est ainsi qu’à Paris, où l’Université était devenue très diffi-
cile à gérer par le nombre de ses professeurs et de ses étudiants, la légi-
slation nouvelle - loi du 12 novembre 1968, remplacée par la loi du 26
janvier 1984 - permit de créer dès 1969 treize universités au sein de
l’ancienne Université de Paris. Paris 1 est la première d’entre elles dans
l’ordre numérique. Mais, si elle possède, comme tous les établissements
d’enseignement supérieur français, son président et son conseil, elle est
placée, avec les autres universités de la capitale et de la périphérie, sous
la tutelle administrative du recteur de Paris, chancelier des Universités
de son académie.
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