Historique de l’Université
Avant l’Université de Paris
L’enseignement supérieur en Europe dans l’Antiquité et au
Moyen-Age.
Issu principalement du dialogue socratique et de la pratique
des écoles philosophiques de Platon, d’Aristote et des stoïciens, l’ensei-
gnement supérieur était dispensé, jusqu’à la conversion de Constantin
au christianisme (313), par des maîtres qui exerçaient à titre privé. Il
faudra attendre la création de l’« auditorium1 » impérial byzantin insti-
tué à Constantinople en 425 par Théodose II pour qu’apparaisse la pre-
mière Université d’état de l’espace européen.
Celle-ci couvrira pratiquement tous les domaines du savoir de
l’époque et elle sera appelée pour cette raison un « studium generale »,
c’est-à-dire une « école générale » au sens disciplinaire du terme. Au
reste, c’est comme établissement d’enseignement supérieur officiel que
cet auditorium est directement à l’origine de l’Université de Bologne,
qui sera fondée en 1158 par l’empereur Frédéric Ier Barberousse pour
restaurer le droit romain dans l’Occident médiéval. Mais l’institution de
cette université, limitée d’abord aux disciplines juridiques, avait été
précédée par la création des écoles médicales de Salerne et de Montpel-
lier, qui étaient déjà célèbres au XIe siècle et qui avaient un caractère
professionnel en dehors de toute tutelle étatique.
C’est au cours du XIIe siècle qu’apparaîtra la corporation des
maîtres et des étudiants parisiens qui introduira, parallèlement à l’école
théologique épiscopale du cloître Notre-Dame, l’enseignement des arts
libéraux - la grammaire, la rhétorique et la dialectique d’une part, l’a-
rithmétique, la géométrie, l’astronomie et la musique d’autre part. Cet
enseignement de caractère privé - « universitas » signifie corporation -
avait été notamment illustré au début du siècle par Abélard, dont les
audaces dialectiques avaient suscité la réprobation de l’autorité ecclé-
siastique. Au reste, si elle n’est pas la première corporation de maîtres
et d’étudiants au Moyen-Age, l’Université de Paris est la plus ancienne
comme « studium generale » en Europe occidentale, où elle enseignait
seule toutes les disciplines avant 1200. C’est pourquoi les maîtres et les
étudiants étrangers étaient déjà nombreux à Paris avant cette date.
1
La première moitié du XIIIe siècle
La constitution du corps universitaire parisien reconnu successive-
ment par le roi et par le pape.
En 1200, la police royale réprima sauvagement un incident
entre les bourgeois de Paris et la corporation universitaire parisienne.
Celle-ci se plaignit au roi Philippe Auguste qui prit sa défense en accor-
dant à ses membres - maîtres et étudiants - le privilège d’être soumis à
la juridiction ecclésiastique pour les fautes dont ils se rendraient coupa-
bles. Ce privilège était important à une époque où l’Eglise et son droit
écrit garantissaient contre l’arbitraire ceux qui en étaient dotés. Le mo-
narque reconnaissait ainsi la corporation universitaire parisienne, à la-
quelle il donnait une existence légale.
Cette reconnaissance avait ses limites puisque depuis le haut
Moyen Age le permis d’enseigner - autrement dit la licence - était de la
compétence exclusive de l’évêque ou de son chancelier. Mais au début
du XIIIe siècle, celui-ci exigeait des candidats le paiement de droits
arbitraires pour leur accorder cette licence, et les maîtres et les étudiants
parisiens demandèrent au pape Innocent III de mettre fin aux abus dont
ils étaient les victimes. Celui-ci, qui avait étudié à Paris, provoqua un
arbitrage aux termes duquel le chancelier épiscopal devra accorder gra-
tuitement la licence, en se conformant au jugement respectif des maîtres
spécialisés dans les quatre disciplines enseignées à Paris : la théologie,
le droit ecclésiastique, la médecine et les arts libéraux (1213). Telle est
l’origine des quatre Facultés - théologie, droit2, médecine, arts - de l’an-
cienne Université de Paris avant la volution. Au départ, ces dernières
sont exclusivement des jurys d’examen compétents3 pour les quatre
disciplines concernées.
En 1215, Innocent III confirme cet arbitrage en reconnaissant à
son tour le corps universitaire parisien, dont il fixe certaines disposi-
tions statutaires que Grégoire IX précisera en 1231. Désormais, l’Uni-
versité dispose d’un statut garanti par l’autorité laïque et par l’Eglise, et
elle crée progressivement deux grades qui s’ajoutent à la licence dans le
cursus et qui garantissent son autonomie corporative au regard du chan-
celier épiscopal : le baccalauréat - ou déterminance - avant la licence
d’une part, la maîtrise ou doctorat après cette dernière d’autre part.
Mais en entrant dans l’Université, l’écolier doit se placer sous
l’autorité d’un maître qui lui servira de tuteur pour la durée de ses étu-
2
3 Le terme latin « facultas » évoque précisément cette compé-
tence. 4 qui deviendra la nation d’Allemagne à la fin de la guerre de
Cent ans.
5 Artiens : Etudiants à la faculté des Arts.
6 Eglise Gallicane : Qui concerne l’Eglise catholique de France
7 Ultramontains : Qui soutient la position traditionnelle de l’E-
glise catholique romaine (opposé à gallican).
8 Artiens : Maîtres et étudiants à la faculté des Arts.
9 À cette époque, Turgot se préparait à être prêtre dans une
Eglise qui croyait au progrès. Il abandonnera cette carrière quand l’ap-
pareil ecclésiastique se fera répressif.
10 Ces deux auteurs, qui disposaient de puissants appuis, inter-
vinrent personnellement pour éviter la censure de leur œuvre, nommé-
ment l’Esprit des Lois, qui avait été publié en 1748, et l’Histoire natu-
relle qui avait paru en 1749.
11 Très nombreux dans l’enseignement en province, les jésuites
ne possédaient à Paris que le Collège Louis-le-Grand, qui était d’ail-
leurs exclu du corps universitaire de la capitale.
12 États généraux : Assemblée des députés des trois
« ordres »(Noblesse, Clergé et Tiers-État) convoqués par le roi pour
donner des avis.
13 Cette Ecole normale est tout à fait différente de celle qui
avait été créée en 1794 par la Convention dans l’esprit des Lumières.
14 Toutefois, l’église de la Sorbonne de Richelieu, qui sera vo-
lontairement épargnée par la IIIe République, ne sera désaffectée qu’en
1906, après la loi de séparation des Eglises et de l’Etat en 1905.
Copyright Université Paris 1 Panthéon - Sorbonne juin 2001
23
De cette manière, toutes les universités créées en 1968 au sein
de l’Université de Paris sont également les héritières directes de cette
dernière. Elles en poursuivent ensemble l’enseignement et la grande
tradition scientifique et pédagogique issue d’un passé prestigieux que
nous venons d’évoquer.
L’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne aujourd’hui
Paris 1 Panthéon-Sorbonne est le premier pôle universitaire fran-
çais toutes disciplines confondues : Sciences économiques et de ges-
tion, Arts et Sciences humaines, Sciences juridiques et politiques.
À la suite des évènements de mai 1968, l’Université de Paris a
été divisée en 7 Universités nouvelles, à l’initiative des universitaires
eux-mêmes. À l’instigation notamment des Professeurs François Lu-
chaire (Droit), Henri Bartoli (Économie) et Hélène Ahrweiler (Sciences
Humaines), l’Université Paris 1 (Panthéon-Sorbonne) est née en 1971
du regroupement d’une partie de la Faculté de Droit et Sciences Écono-
miques (Panthéon) et d’une partie de la Faculté des Lettres et Sciences
Humaines (Sorbonne).
Depuis sa création, Paris 1 a vu ses effectifs d’étudiants aug-
menter de 50% et la proportion d’étudiants de troisième cycle s’accroî-
tre constamment. Cette croissance, accompagnée de l’apparition de
nouvelles disciplines (Administration Économique et Sociale, Mathé-
matiques Appliquées aux Sciences Sociales), a nécessité l’attribution de
nouveaux locaux qui ont augmenté la capacité d’accueil et la dispersion
de l’Université : Centre Saint-Charles pour les Arts Plastiques (1973),
Centre Tolbiac (aujourd’hui Pierre Mendès-France (1973), Centre de
recherches historiques et juridiques de la rue Malher (1972), Centre
René Cassin pour le premier cycle de Droit (1990), Maison des Scien-
ces Économiques (1998) pour la Recherche dans ces disciplines et Cen-
tre Broca où s’installe l’Institut d’Administration des Entreprises en
2001.
1 Le terme « auditorium » désignait, comme son nom l’indi-
que, la salle où les professeurs enseignaient.
2 Qu’on appellera longtemps le « décret », parce que la Faculté
de droit parisienne dite Faculté de Décret, excluait l’enseignement du
droit romain et commentait principalement leDécret de Gratien, qui
avait été composé vers 1140 et qui était un code de droit ecclésiastique.
22
des. Le corps universitaire parisien recrutant ses membres dans l’en-
semble du monde occidental, les étudiants choisissent de préférence ce
tuteur parmi leurs compatriotes qui enseignent à Paris. C’est ainsi que
les maîtres et leurs élèves constitueront rapidement dans ce corps quatre
groupes régionaux qu’on appellera les « nations » de France, d’Angle-
terre4, de Picardie et de Normandie. Ces « nations » auront le privilège
d’élire pour une durée limitée le recteur de l’Université.
Le XIIIe siècle
L’apogée de l’Université de Paris médiévale, les conflits internes et
la fondation de la Sorbonne.
À partir de 1250, la notoriété du corps universitaire parisien
est sans partage en Europe. La Faculté des Arts possède de grands maî-
tres qui enseignent la science et la métaphysique d’Aristote dans la tra-
dition rationaliste d’Averroès. Quant à la Faculté de Théologie, elle
tente une synthèse audacieuse entre l’aristotélisme et la théologie chré-
tienne. Les noms d’Albert le Grand et de Thomas d’Aquin sont étroite-
ment liés à l’élaboration de cette synthèse dogmatique.
Ces deux théologiens (Albert le Grand et Thomas d’Aquin)
appartenaient à l’ordre dominicain qui s’était installé avec les francis-
cains sur la rive gauche de la Seine, où les « artiens5 », les médecins et
les juristes s’établissaient progressivement depuis le XIIe siècle, en
quittant par étapes l’île de la Cité. Habitués à la vie de couvent et rom-
pus au travail intellectuel en équipe, les Dominicains et les Franciscains
donnaient aux sciences religieuses et profanes un essor qui permettait à
ces religieux de conquérir pacifiquement la majorité des chaires magis-
trales à la Faculté de Théologie, si l’on n’y prenait pas garde.
Consciente du danger que représentaient les Dominicains et les
Franciscains qui dépendaient directement du pontife romain, l’Univer-
sité tenta de s’y opposer par tous les moyens après 1250. Mais, en
1255, elle fut contrainte par le pape d’admettre les religieux dans le
corps universitaire. Le conflit, qui aura de nombreux rebondissements
par la suite, laissera des traces indélébiles dans la tradition nationale. En
dépit de leur caractère clérical, l’Université et sa Faculté de Théologie
manifesteront désormais une certaine hostilité aux religieux auxquels
elles refuseront toujours de confier des responsabilités dans la corpora-
tion universitaire.
C’est notamment pour concurrencer entre autres l’influence des
3
Dominicains et des Franciscains à Paris, que Robert de Sorbon, qui
était maître en théologie au cloître Notre-Dame, fonda en 1253 le col-
lège qui porte son nom. Chapelain de Saint-Louis, Robert agissait sur
l’ordre du roi qui reconnaîtra solennellement la Sorbonne en 1257. À
l’instar des couvents dominicains et franciscains, celle-ci était une com-
munauté religieuse. Mais, à la différence de ces couvents, elle était un
collège de prêtres séculiers et d’étudiants pauvres qui disposaient d’une
bourse pour se préparer au sacerdoce dans le siècle.
Le prestige de cette institution de fondation royale favorisa l’es-
sor de nombreux collèges sur la rive gauche de la Seine dans la seconde
moitié du XIIIe siècle et à la fin du Moyen-Age. Au départ, ces collèges
sont exclusivement des pensions réservées aux étudiants pauvres. C’est
notamment à partir du XVe siècle qu’ils deviendront des établissements
d’enseignement. Avant la Renaissance, les cours de la Faculté des Arts
avaient lieu rue du Fouarre, près de la Seine, où les maîtres louaient des
salles pour donner leur enseignement.
La fin du XIIIe siècle et le XIVe siècle
Les polémiques philosophiques et théologiques et les débouchés des
étudiants.
À la fin du XIIIe siècle, l’Université de Paris est marquée par
les querelles philosophiques et théologiques qui opposent les partisans
de l’aristotélisme d’Averroès à l’interprétation chrétienne de la pensée
d’Aristote, telle qu’elle avait été enseignée par Thomas d’Aquin
(+1274). Mais la polémique est si grave pour l’Eglise et pour la foi
chrétienne qu’en 1277, le pape et l’évêque de Paris estimeront néces-
saire de condamner la doctrine de Thomas d’Aquin, qui ménageait en-
core trop à leurs yeux ses adversaires averroïstes. C’est seulement au
début du XIVe siècle que l’Eglise canonisera et réhabilitera Thomas
d’Aquin. Mais en raison de l’audience internationale de l’université
parisienne, le pape Nicolas IV accorde en 1292 aux étudiants qui ont
obtenu la licence à Paris le privilège d’enseigner dans toute la chrétien-
té romaine. Jusqu’ici cette licence parisienne avait comme les autres
une compétence diocésaine.
Le XIVe siècle sera marqué entre autres par le problème des
débouchés des étudiants. A une époque où l’Eglise commande la vie
intellectuelle et culturelle de la chrétienté, les emplois susceptibles d’ê-
tre occupés par les gradués des universités - dans l’enseignement, dans
4
La Faculté des Lettres de Nanterre - créée en 1964 au sein de
l’Université de Paris - étant devenue le théâtre d’une agitation gauchiste
permanente contre les projets de réforme, le recteur de l’Académie, pré-
sident du Conseil de l’Université de Paris, décidait sur proposition du
doyen de cette faculté de fermer cette dernière le 2 mai 1968.
Si cette agitation permanente était redoutable dans le campus
isolé de Nanterre, il faut dire qu’elle était principalement le fait d’une
minorité conduite par quelques meneurs, qui contrôlaient une majorité
indécise et déroutée par la réforme en question. Au reste, le lendemain,
le 3 mai, il n’y avait que trois à quatre cents étudiants dans la cour de la
Sorbonne pour dénoncer la fermeture de la faculté de Nanterre et de-
mander au recteur d’annuler la décision administrative qui permettait de
traduire plusieurs de leurs camarades devant le Conseil de l’Université
de Paris.
Mais le recteur ne put donner l’audience qu’ils désiraient et, en
fin de soirée, il fit appel à la police pour qu’ils évacuent la cour de la
Sorbonne. Des échauffourées violentes opposèrent les étudiants aux
forces de l’ordre dans la rue et il y eut des arrestations nombreuses et
des centaines de blessés dans les deux camps. Tel est l’incident majeur
qui entraîna plusieurs semaines de troubles à Paris et une grève géné-
rale illimitée en France, et qui faillit emporter la Ve République.
Le général de Gaulle, président de la République, réussissant à
rétablir l’ordre à la fin de mai, la nouvelle assemblée nationale élue en
juin, après la dissolution de la précédente, eut pour principale mission
de réformer la législation universitaire de la IIIe République, en don-
nant une large autonomie de gestion aux établissements d’enseignement
supérieur et en permettant ainsi d’établir plusieurs universités dans une
même circonscription académique.
C’est ainsi qu’à Paris, où l’Université était devenue très diffi-
cile à gérer par le nombre de ses professeurs et de ses étudiants, la légi-
slation nouvelle - loi du 12 novembre 1968, remplacée par la loi du 26
janvier 1984 - permit de créer dès 1969 treize universités au sein de
l’ancienne Université de Paris. Paris 1 est la première d’entre elles dans
l’ordre numérique. Mais, si elle possède, comme tous les établissements
d’enseignement supérieur français, son président et son conseil, elle est
placée, avec les autres universités de la capitale et de la périphérie, sous
la tutelle administrative du recteur de Paris, chancelier des Universités
de son académie.
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Pour sa part, la résistance s’organisa progressivement dans les
facultés parisiennes. Mais il fallut de dures épreuves pour qu’elle puisse
participer effectivement à la libération de Paris le 25 août 1944.
En 1945, à la fin du conflit, l’Université de Paris retrouvait les
problèmes qui lui étaient propres et qui s’étaient aggravés avec la
guerre et l’occupation étrangère. Mais la IVe République dépensait les
crédits publics dans des expéditions coloniales d’un autre âge, et elle
refusa toujours à l’enseignement supérieur les moyens qui lui étaient
nécessaires pour accomplir sa mission.
Au Quartier latin, les étudiants s’entassaient dans des salles et
dans des amphithéâtres surpeuplés, et le corps enseignant, insuffisant en
nombre, n’avait pas les moyens de les suivre et de les encadrer correc-
tement. Il fallut attendre la fin de la IVe République pour qu’on éta-
blisse à Orsay une seconde Faculté des Sciences parfaitement équipée
pour la recherche. C’est également dans cet esprit qu’on institua à cette
époque, dans les facultés, le 3e cycle de recherche qui manquait à l’U-
niversité française. Pour être tardive, l’initiative devait avoir d’heureux
effets. Mais la déconcentration des centres universitaires dans la capi-
tale et à la périphérie sera surtout l’œuvre de la Ve République dans les
premières années de son existence. Cette politique atteignit ses objectifs
en répondant notamment aux problèmes posés par le nombre des étu-
diants. Malheureusement, le pouvoir crut également qu’il pouvait
contrôler l’accès de ces derniers à l’Université, en organisant une sélec-
tion sévère à l’entrée des facultés et en créant des instituts universitaires
de technologie, qui pouvaient apparaître comme des filières de second
ordre pour les bacheliers inaptes à l’enseignement supérieur tradition-
nel. En fait, cette création était une initiative très heureuse en intro-
duisant des options techniques et professionnelles dans cet enseigne-
ment qui n’en avait pas suffisamment auparavant, puisque ces options
étaient réservées aux grandes écoles depuis Napoléon. Mais la réforme,
qui n’avait pas été négociée avec tous les partenaires intéressés, fut re-
jetée par les étudiants dans un climat politique et social défavorable, et
elle provoqua une véritable insurrection dans les facultés à Paris et en
province.
2/ La cause immédiate de la crise de 1968, la législation uni-
versitaire nouvelle.
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l’administration ou ailleurs - exigent généralement la possession d’un
bénéfice ecclésiastique pour assurer la subsistance des intéressés. Celui-
ci leur est accordé par le pape - qui réside à Avignon à cette époque -
contre le paiement de lourdes taxes au trésor pontifical. Cette fiscalité
parasitaire accentue la crise économique et sociale du Moyen Age tar-
dif, en suscitant des protestations universitaires qui figurent parmi les
causes du Grand Schisme d’Occident.
La fin du XIVe siècle et le début du XVe siècle
Le Grand Schisme d’Occident, la querelle entre les Armagnacs et
les Bourguignons, et le procès de Jeanne d’Arc.
Pendant le Grand Schisme d’Occident (1378-1417) qui oppose
la papauté romaine à la papauté avignonnaise soutenue par la France,
l’Université participe étroitement à la querelle entre les deux pontifes,
qui seront un moment au nombre de trois à se disputer la tiare. Cette
participation s’imposait à une époque où les maîtres et les étudiants
avaient un statut clérical. L’Université de Paris jouera d’ailleurs un rôle
décisif dans l’issue du conflit, puisque c’est grâce à l’action de son
chancelier, le célèbre Jean Gerson, que le concile général réuni à Cons-
tance entre 1414 et 1418 permit de mettre fin au schisme. Pendant ce
concile général et pendant celui qui le suivit à Bâle entre 1431 et 1449,
les universitaires parisiens seront les premiers à réclamer le contrôle de
l’absolutisme pontifical par l’Eglise et une meilleure gestion des bénéfi-
ces ecclésiastiques qui commandaient leurs carrières. Leur échec sur
l’un et l’autre point est l’une des causes de la Réforme.
Il faut rappeler également la position de l’Université dans les
luttes civiles provoquées à l’époque par la démence de Charles VI.
Etant donné le coût des études et de leurs débouchés, les universitaires
du XIVe et du XVe siècle se recrutaient notamment dans les familles
bourgeoises de Paris et des villes du nord de la France et des Pays-Bas,
qui étaient plus riches que d’autres parce que sans être exclusifs, les
échanges nombreux et divers entre la capitale et les régions septentrio-
nales de l’Europe avaient favorisé leur fortune commune.
Les liens qui unissaient les universitaires à l’aristocratie mar-
chande de la capitale et des autres villes du nord apparurent au grand
jour quand le duc de Bourgogne, Jean sans Peur, qui avait les Flandres
et les Pays-Bas dans son domaine, s’allia aux représentants de l’aristo-
cratie municipale parisienne contre le parti armagnac, qui représentait
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