À son tour, l’Église est le « sacrement du Christ » en ce que son enseignement, notamment la catéchèse,
fait résonner l’écho de la Parole de Dieu – fonction prophétique – que son action dans le monde, en faveur
des pauvres préférentiellement, ce qu’on appelle la Doctrine sociale, poursuit l’action thaumaturgique de
Jésus – fonction royale – et que la prière et la célébration des sacrements, et au premier plan de
l’Eucharistie, prolongent l’action de grâce de Jésus s’offrant lui-même à son Père – fonction sacerdotale.
Au passage, on reconnaît dans la première fonction prophétique au service de la Révélation, l’inspiration de
l’événement Ecclésia 2007 et son aboutissement dans la rédaction de nos projets catéchétiques et dans la
seconde fonction royale, le terrain de la démarche actuelle « Diaconia 2013, servons la fraternité ».
En tant que communauté d’Église, l’Établissement catholique reçoit la triple mission d’annoncer, de vivre et
de célébrer cet amour de Dieu pour les hommes. Et à l’instar du curé qui reçoit de l’évêque la charge
d’assurer ces trois fonctions dans sa paroisse, le chef d’Établissement reçoit du même évêque par lettre de
mission, la charge de faire que son établissement soit un lieu où l’Évangile est annoncé, vécu et célébré,
allons jusqu’à dire où Dieu est « sacramentellement » présent par les baptisés qui s’y rassemblent et y
travaillent. Telle est la mission pastorale.
Ce n’est rien d’autre que l’on dit ou chante, en reprenant Saint Paul : « Nous sommes le corps du Christ ».
En guise de conclusion et de complément
Quelques réflexions en forme d’essai sur le sens du mot « pastoral » qui peut ici ou là faire débat ; le débat
consistant à savoir s’il faut le réserver à la charge épiscopale partagée par les seuls prêtres agissant « in
persona Christi capitis » ou si on peut l’étendre – comme on vient de le faire – à des charges confiées à des
laïcs.
Il semble qu’on puisse distinguer dans l’emploi de l’adjectif « pastoral » trois niveaux de sens, bien sûr
articulés entre eux :
Un premier sens est le plus proche de l’étymologie qui renvoie au Christ
Pasteur, c’est-à-dire berger, chargé de « paître » son troupeau. Cette charge
sera transmise par Jésus à Pierre et au collège des Apôtres dont les évêques
sont les continuateurs. La charge de pasteur incombe donc d’abord à
l’évêque et elle consiste à gouverner, enseigner et sanctifier son peuple. Au
fil des siècles, cette charge s’est « sacerdotalisée ». En tant que partageant
avec lui cette charge sacerdotale, les prêtres sont appelés pasteurs, comme
l’évêque. Ce sens et cet emploi bénéficient d’un incontestable appui
scripturaire.
Un second sens est apparu plus récemment, quand l’évolution de la société
a fait éclater les modèles pastoraux liés à la paroisse resserrée, rassemblée
autour de son pasteur. Sous la forme du substantif, la pastorale, va désigner
la mise en œuvre concrète des moyens de l’évangélisation adaptés aux milieux particuliers. On verra ainsi
se développer une pastorale de la santé, une pastorale familiale, une pastorale des jeunes, des migrants,
etc. C’est dans ce cadre que va grandir et trouver toute sa place l’apostolat des laïcs recevant la mission
d’évangéliser leurs milieux de vie. (« Évangélisation du semblable par le semblable »)
Un troisième sens, proche du précédent, peut se prendre d’une note de la Constitution conciliaire Gaudium
et Spes, appelée précisément « Constitution pastorale ». On sait que cet adjectif a été utilisé de manière
tendancieuse par des opposants au concile pour se soustraire aux injonctions de cette constitution au
prétexte qu’elle « n’était que » pastorale et non dogmatique comme l’autre sur l’Église, Lumen Gentium. La
note 1 de cette constitution précise ainsi que « on l’appelle en effet constitution ‘pastorale’ parce que,
s’appuyant sur des principes doctrinaux, elle entend exprimer les rapports de l’Église et du monde, de
l’Église et des hommes d’aujourd’hui. » Le terme « pastoral » sert donc à désigner les activités de l’Église
tournées vers le monde et non pas vers elle-même. Il faut y voir une invitation faite aux Établissements
catholique d’enseignement à ne pas faire de la « pastorale » l’affaire des seuls « cathos », mais au contraire
la dimension de l’ouverture à tous de l’Évangile, sa dimension proprement missionnaire. En ce sens
l’Enseignement catholique est éminemment pastoral.