Institut de veille sanitaire — Étude d'incidence des cancers à proximité des usines d’incinération d’ordures ménagères / p. 3
Résultats Plusieurs relations positives significatives entre exposition aux incinérateurs et incidence des
cancers ont été mises en évidence dans 2 270 Iris dont 23 % (520) sont situés en zones de
modélisation
Mode d’expression des résultats Risque relatif (RR) de survenue d’un cancer entre les Iris exposés (percentile 90) et les Iris très
faiblement exposés aux incinérateurs (percentile 2,5)
Relations positives significatives Tous cancers femme (59 076 cas) : RR=1,06 (IC 95 % 1,01-1,12) ; p=0,01 -
Cancer du sein femme (18 824 cas) : RR=1,09 (IC 95 % 1,01-1,18) ; p=0,03 -
LMNH 2 sexes (3 974 cas) : RR=1,12 (IC 95 % 1,00-1,25) ; p=0,04 -
LMNH femme (1 827 cas) : RR=1,18 (IC 95 % 1,01-1,38) ; p=0,03 -
Myélomes multiples homme (889 cas) : RR=1,23 (IC 95 % 1,00-1,52) ; p=0,05 -
Relations retenues car proches
de la significativité
STM 2 sexes (655 cas) : RR=1,22 (IC 95 % 0,98-1,51) ; p=0,07 -
Cancer du foie 2 sexes (2 784 cas) : RR=1,16 (IC 95 % 0,99-1,37) ; p=0,07 -
Myélomes multiples 2 sexes (1 700 cas) : RR=1,16 (IC 95 % 0,97-1,40) ; p=0,10 -
Relations non significatives Tous cancers homme, cancer poumon homme et femme, cancer vessie homme et femme,
leucémies aiguës/chroniques homme et femme, myélomes femme, LMNH homme
Conclusion
Recommandations
Une relation statistique positive est mise en évidence entre l’exposition passée aux panaches
d’incinérateurs et l’incidence au cours de la décennie 1990, chez la femme, des cancers pris
dans leur ensemble et du cancer du sein, des LMNH pour les deux sexes confondus et chez
la femme, ainsi que des myélomes chez l’homme. L’étude suggère également une relation
positive, pour les deux sexes confondus, avec le cancer du foie, les STM et les myélomes. Cette
étude écologique ne permet pas d’établir un lien de causalité entre l’exposition aux rejets des
incinérateurs et incidence des cancers. Toutefois, elle fournit des éléments convaincants en
faveur d’un impact des rejets d’incinérateurs sur la santé publique. L’étude portant sur une
situation passée, ses résultats ne sont pas transposables à la période actuelle. Ils confirment
néanmoins la pertinence des mesures de réduction des émissions imposées à ces industries
depuis la fin des années 90. Compte tenu des faibles excès de risque observés et de l’absence
d’un lien de causalité, il n’y a pas lieu de proposer de mesure particulière de dépistage ou
de suivi des populations exposées. Ce travail pourrait être poursuivi par une étude du type
cas-témoins, avec mesure individuelle de l’exposition, pour confirmer l’existence des relations
observées et, le cas échéant, démontrer la causalité.