LAREVUE PRESCRIRE MARS 2010/TOME 30 N° 317 • PAGE 197
variation avec l’âge rendent très plau-
sible un lien causal entre le dépistage
et l'absence de cancer invasif (15).
Avantage au dépistage orga-
nisé. Dans une étude cas-témoin fin-
landaise, une forte diminution du
risque de cancer du col de l’utérus n’a
été statistiquement associée qu’avec
la participation à un dépistage orga-
nisé de manière formelle, et non avec
la réalisation opportuniste de frottis de
dépistage, sans cadre établi (16).
Dépistage et baisse
de la mortalité corrélées
à l’échelle des pays
Les comparaisons historiques, de
type avant-après organisation d’un
dépistage de cancers, sont d’inter-
prétation difficile et de faible niveau
de preuves. Divers biais peuvent
influencer les résultats observés,
notamment en raison des améliora-
tions de l’efficacité des traite-
ments (2,17).
Association d’une baisse de l’in-
cidence et de l’importance de la
participation. Après la mise en place
d’un dépistage organisé des cancers du
col, parfois dès les années 1960, l’in-
cidence de ces cancers a fortement
décru dans plusieurs pays (3,4,18,19).
L’importance de la baisse a paru liée
à la participation au dépistage (4).
Notamment, au Canada, la mortalité
par cancer du col de l’utérus a baissé
plus en Colombie Britannique que
dans d’autres provinces, où la parti-
cipation au dépistage était moins
forte (4). Dans l’Union européenne
aussi, l’incidence des cancers du col de
l’utérus et l’importance de la baisse de
leur incidence entre 1970 et 2000
apparaissent liés au degré de partici-
pation au dépistage (3).
Intervention pour augmenter
la participation au dépistage :
baisse de l’incidence. En Angle-
terre, de 1971 jusqu’au début des
années 1990, l’incidence annuelle
des cancers invasifs du col est restée
stable, entre 14 et 16 cancers invasifs
pour 100 000 femmes, avec une
baisse de la mortalité régulière, mais
faible (18).
À partir de 1988, une politique de
dépistage organisé a été instituée
avec un système national d’invitation
et envoi de relances aux femmes
n’ayant pas participé. La participation
au dépistage a progressé de 40 % en
1988 à environ 85 % à partir de
1994. Dans le même temps, l’inci-
dence des cancers du col de l’utérus
a chuté, passant à environ 10,5 pour
100 000 femmes en 1995 (18).
Les résultats en termes de mortalité
sont moins probants. De 1,5 % par
an entre 1950 et 1987, la baisse de la
mortalité par cancer du col est passée
à environ 4 % par an jusqu’en
1997 (18).
Ces résultats sont compatibles avec
un effet du dépistage sur l’incidence
des cancers invasifs, car il a été
observé un temps de latence entre la
modification d’organisation du dépis-
tage et le renforcement de la baisse de
l’incidence de ces cancers.
Effets indésirables :
surtout ceux des conisations
Effectuer un frottis cervical n’a pas
plus d’effets indésirables directs qu’un
examen clinique gynécologique, par-
fois à l’origine d’une gêne, voire de
douleurs. Il en est de même pour
l’examen colposcopique, en l’absence
d’intervention sur le col.
Conisation : un geste pas si ano-
din. Plusieurs techniques de conisa-
tion sont utilisées, selon les cas, sous
anesthésie locale ou générale : anse
diathermique, laser, cryothérapie,
chirurgie (e)(20,21). Une synthèse
méthodique d’un groupe du Réseau
Cochrane a analysé 28 études ran-
domisées ayant comparé ces tech-
niques. Elle n’a pas mis en évidence
de supériorité manifeste d’une tech-
nique sur les autres, certains avan-
tages étant contrebalancés par plus
d’inconvénients par ailleurs (20).
Les principaux effets indésirables
recensés ont été : hémorragies, dou-
leurs postopératoires sévères, pertes
vaginales inhabituelles, sténoses du
col de l’utérus, dysménorrhées (20).
Dans un essai, une hémorragie a
abouti à la réalisation d’une hysté-
rectomie (11).
L’altération du col de l’utérus par la
conisation provoque une fibrose ou
une béance du col (4). Une synthèse
méthodique de 27 études rétrospec-
tives a analysé les effets indésirables
des conisations sur les grossesses
ultérieures (21). La méta-analyse de
cette synthèse a montré une asso-
ciation statistiquement significative
entre conisation et survenue d’un
accouchement prématuré avant
37 semaines d’aménorrhée (risque
multiplié par 1,7 à 2,6), et faible
poids de naissance (risque multiplié
par 1,8 à 2,5). Le risque de césa-
rienne a paru multiplié par 3 environ
en cas de conisation chirurgicale.
Gare aux interventions inutiles,
en cas de lésions peu sévères. Une
équipe britannique a comparé dans
des essais randomisés des stratégies de
prise en charge en cas de lésion intra-
épithéliale de bas grade au frottis cer-
vical (9,22). Ces essais n’ont pas été
conçus pour étudier un effet sur la
mortalité par cancer du col de l’utérus
ou sur l’incidence des cancers invasifs.
Chez 4 439 femmes ayant une
lésion intraépithéliale de bas grade,
un essai a comparé surveillance cyto-
logique sans colposcopie versus col-
poscopie immédiate et intervention
selon ses résultats (22). Au bout de
5 ans de suivi, le taux de diagnostics
de dysplasie modérée à sévère et le
taux de dysplasie sévère (cancers
inclus) ont été statistiquement plus
faibles dans le groupe surveillance
cytologique, probablement en rai-
son de faux positifs et de la régression
de certaines lésions vues initiale-
ment. En moyenne annuelle, il y a eu
58 dysplasies modérées à sévères
pour 1 000 participantes dans le
groupe surveillance cytologique, ver-
sus 79 pour 1 000 participantes dans
le groupe colposcopie. Dans le groupe
colposcopie, les effets indésirables
ont été plus fréquents et plus pro-
longés que dans le groupe surveil-
lance cytologique.
b- Par rapport aux femmes issues de la population géné-
rale, chez les femmes ayant eu un cancer du col de l’uté-
rus, le risque relatif estimé d’adhésion au programme de
dépistage a été de 0,39 (intervalle de confiance à 95 %
(IC95) : 0,34 à 0,45) (réf. 14).
c- Par rapport aux femmes de la population générale, chez
les femmes ayant eu un cancer du col étendu, le risque rela-
tif estimé d’adhésion au programme de dépistage a été de
0,21 (IC95 : 0,16 à 0,28) (réf. 14).
d- En comparaison à l’absence de dépistage entre 30 ans
et 34 ans, les femmes dépistées entre 32 ans et 34 ans ont
eu un risque de cancer invasif du col de l’utérus réduit d’en-
viron 45 % (rapport de cotes : 0,55 ; IC95 : 0,44 à 0,69).
En comparaison à l’absence de dépistage entre 50 ans et
54 ans, les femmes dépistées entre 52 ans et 54 ans ont eu
un risque de cancer invasif du col de l’utérus réduit d’en-
viron 74 % (rapport de cotes : 0,26 ; IC95 : 0,19 à 0,36)
(réf. 15).
e- Les conisations et les ablations localisées au laser ont l’in-
convénient de provoquer une destruction thermique des tis-
sus excisés, qui gêne ou empêche leur analyse
anatomopathologique (réf. 20).
Téléchargé sur prescrire.org le 27/02/10 par GELLY JULIEN
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