LE CAMEROUN DE 1884 A 1939
18 janvier 2014
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laisser parler à leurs populations. L’exemple le plus poignant de cette obstruction a lieu en
Italie : il est entendu que sur son chemin vers la chambre des Députés où il doit s’adresser aux
parlementaires italiens, il ait à passer par l’avenue Piazza Venezzia pour avoir un bref
entretien avec les populations italiennes qui devaient y être assemblées ; mais, au lieu de
passer par l’avenue Piazza Venezia comme il était convenu, on le fait plutôt passer par
Montecitorio et lorsqu’il demande si c’est là qu’il doit s’adresser aux citoyens italiens, on lui
répond qu’il est désormais trop tard pour ce discours. Pendant ce temps, l’ambassadeur
américain et une foule importante attendent en vain à Piazza Venezia.
Malgré ces visites quasi décevantes des États européens, Wilson revient en France fermement
décidé à faire triompher ses idées dont la première est d’imposer la création de la Société des
Nations dans le traité final de la conférence de paix. Pour y parvenir, il doit en découdre dès le
début de la conférence en janvier 1919 avec les trois autres grandes personnalités de ces
assises qui ne veulent nullement voir appliquer les « quatorze points » qui sont contraires à
leurs intérêts. Il s’agit du britannique David Lloyd George, du français Georges Clemenceau
et de l’italien Orlando. Ces derniers ne veulent pas d’une paix des braves qui ne reconnaisse
pas formellement les vaincus et qui n’exige pas de réparations de la part des vaincus.
Par ailleurs, contrairement au point un des « quatorze points » qui récuse la diplomatie
secrète, ces puissances coloniales ont déjà conclu des accords secrets entre elles. Ainsi par
exemple, il est un secret de polichinelle
que la Grande Bretagne s’est entendue avec la Russie
pour troquer son désengagement dans le détroit de Dardanelles en faveur d’un désengagement
russe au Moyen Orient à son profit ; de même, la France et la Grande Bretagne se sont
entendues pour laisser les mains libres à la Russie en Pologne ; la France et la Grande
Bretagne ont déjà abouti à un accord pour se partager le Moyen Orient et le Cameroun, entre
autres accords.
Malgré ces divergences de vue, il est unanimement reconnu que la conférence de la paix, le
conseil suprême, le conseil des quatre qui se tiennent simultanément à Versailles sont
grandement influencés par la grande figure de Wilson à qui il arrive « souvent de ramener ses
interlocuteurs à certaines règles, à certaines idées générales dont le respect lui paraissait
indispensable ».94 C’est ainsi que le 19 avril 1919, Wilson fait adopter son projet par les
Alliés et impose que le pacte constitutif de la Société des Nations soit incorporé en tête du
traité de Versailles et des autres traités de paix.
B- L’activisme
du nationalisme camerounais à la conférence de paix de Versailles.
Le nationalisme
camerounais a eu à intervenir à la conférence de la paix de Versailles pour
indiquer dans quel sens il souhaite que son avenir soit pris en compte. . Par une pétition
adressée à la « Haute Conférence » le 18 août 1919, les chefs et notables douala revendiquent
l’autonomie du Cameroun sous leur administration ou à tout le moins, la possibilité de
procéder au choix du mandataire à qui confier leur pays le Cameroun
:
Information tenue cachée mais connue de tous.
Déploiement d'activité combative
Mouvement revendiquant pour une communauté le statut de nation autonome
E. Ghomsi, "Résistance africaine à l’impérialisme européen. Le cas des Douala au Cameroun", Africa Zamani,
N°4, juillet 1975, p.168.