NP
2013 2014
2013 2014
THÉÂTRE
DIJON
BOURGOGNE
CENTRE
DRAMATIQUE
NATIONAL
2 3
TDB
TDB
ÉDITO — Avouons-le : si nous n’avions
pas décidé, une bonne fois pour toutes,
de nous placer résolument du côté
de l’optimisme, de l’enthousiasme et
de la bonne humeur, nous pourrions
trouver dans les convulsions des temps
quelques raisons d’être inquiets… C’est
la crise, nous dit-on. Mais à force de
l’entendre répéter, nous ne savons plus
très bien de quelle crise il s’agit, et
encore moins ce que nous pourrions
trouver à lui opposer.
Nous savons bien, pourtant, qu’il y a
quelque chose qui ne va pas, qu’il serait
temps de vivre autrement. Nous savons
bien qu’il nous faudrait, comme le dit
Philipp Löhle, de nouveaux signes exté-
rieurs de richesse, dautresves, dautres
priorités. Mais ceux qui infatigablement,
continuent à laffirmer, passent au mieux
pour des naïfs, au pire pour des attardés.
« On » n’y croit plus, bien r, « on » sait
bien que l’espoir d’une vie meilleure a
définitivement laissé la place à l’adminis-
tration résignée des affaires courantes.
Et nous nous retrouvons un peu dans
la situation de l’homme qui, de nuit,
cherche en vain ses cs sous le halot d’un
verbère, non pas parce que c’est là qu’il
les a perdues, mais simplement parce que
c’est le seul endroit éclairé…
Bref, le temps se gâte, ou continue de
se gâter. Et pas simplement parce que
nous avons eu un printemps particuliè-
rement maussade. Non, ce qui se gâte,
ce n’est plus seulement le climat (même
si…), c’est la flèche même du temps qui
passe : nous ne savons plus si nous pou-
vons faire confiance à l’avenir, nous en
doutons pour tout dire, assez franche-
ment. L’idée de progrès, avec laquelle
nous avons vécu si longtemps sans nous
en apercevoir, est désormais ébranlée.
« Le temps est détraqué » (« the time
is out of joint ») disait déjà Shakespeare
dans Hamlet il y a quatre siècles :
malgré la distance, on ne saurait mieux
dire pour décrire l’époque. Car à la per-
ception sombre de notre futur s’ajoute
les dérèglements du présent :
à quoi exactement employons-nous
notre temps ? À quel travail (ou re-
cherche de travail) ? À quels loisirs
(ou simulacre de loisirs) ? À quels
projets (ou absence de projets) ?
Il y a quelque chose d’hystérique
dans les rythmes de nos vies contem-
poraines : une frénésie inquiète, une
recherche anxieuse de vitesse qui
dissimule mal l’absence globale de
perspectives.
Au cœur même de cette grande déso-
rientation, à quoi peut bien servir le
théâtre ? Sans doute faudrait-il une
bonne dose de naïveté, ou de mau-
vaise foi, pour prétendre qu’il pourrait
constituer à lui seul une réponse aux
angoisses de l’époque. D’autant plus
qu’un théâtre, soyons francs, c’est aussi
une organisation humaine comme une
autre : en prise sur les soubresauts du
moment, stressée et stressante, man-
quant de temps. Et, fatalement, dans
le contexte actuel, d’argent… Bien sûr,
bien sûr
Mais tout de même, avouons-le : si le
désespoir ne nous a pas encore saisi,
si nous n’avons toujours pas renon-
cé, si nous restons joyeux, alertes et
rageurs, c’est parce qu’il existe, encore
et toujours, des espaces où s’inventent
d’autres rythmes, d’autres percep-
tions. Et que le théâtre est l’un de ces
espaces-là. Lexpérience du specta-
teur, loin de la passivité consentante
à laquelle on la réduit parfois, c’est
d’abord une autre expérience du temps
qui passe, une autre expérience de la
vitesse, de la durée. Une expérience
très active où l’on peut découvrir en soi
des capacités insoupçonnées : capacité
de pensée, d’émotion, d’indignation,
d’émerveillement. Oui, venir au théâtre,
c’est d’abord, au sens propre, prendre
son temps, reconquérir un temps pour
soi : un temps détaché des pressions de
la production, de l’efficacité, du rende-
ment. Un temps qui mettrait en suspens
les urgences du monde. Un temps qui
nous permettrait de faire le point, de
changer de perspective, de redécouvrir
la puissance de nos imaginaires.
Les gens pressés prétendent volon-
tiers qu’on s’ennuie au théâtre : c’est
un cliché tenace et commode propre à
rassurer ceux qui n’ont pas « de temps
à perdre ». Mais au théâtre, on ne
perd pas son temps : on le retrouve, au
contraire. Et ce temps retrouvé est un
bien précieux : il peut nous permettre
de reconstituer nos forces, de nous
découvrir plus vivants que nous ne
l’imaginions. Face aux visions crépus-
culaires du présent, il peut nous per-
mettre d’éprouver, intacte, la possibilité
d’autre chose.
Benoît Lambert
Metteur en scène, Directeur
« Il faudrait choisir de nouveaux signes extérieurs
de richesse. Pas les voitures, les yachts et les maisons, mais
les fous rires, les nuits blanches detes, les journées à dormir
et les conversations profondes. Quelqu’un qui est assis au café
à lire son journal est un fainéant, alors qu’on devrait l’admi-
rer. Seul celui qui vit dans le stress vaut quelque chose. C’est
ce qu’on exige de nous et c’est aussi notre exigence vis-à-vis
d’autrui. Mais pourquoi ? Pourquoi est-ce quon n’arrête pas
tout simplement ? » — Philipp Löhle
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LES ARTISTES ASSOCIÉS
THÉÂTRE
« À JOUER PARTOUT »
LES SPECTACLES
EN TOURNÉE
LE PREAC - ÉDUCATION
ARTISTIQUE ET CULTURELLE
LES NOUVEAUX
ATELIERS DU TDB
AVEC LES PUBLICS
TDB
LA SAISON
MODÈLES
LA MAISON
KING KONG THÉORIE
TOUT VA BIEN
HUGHIE
LE CONTE D’HIVER
ELLE BRÛLE
JACQUES ET MYNE
SIRÈNES
CHAPITRES DE LA CHUTE
PETER PAN
LA BRUME DU SOIR
LA FAUSSE SUIVANTE
WAR SWEET WAR
LE CANARD SAUVAGE
THÉÂTRE EN MAI
TARIFS
INFORMATIONS PRATIQUES
L’ÉQUIPE
PARTENAIRES
FORMULAIRES
D’ABONNEMENT
CALENDRIER
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UNE FABRIQUE
DE THÉÂTRE
page 41
NOS VOISINS
SONT FORMIDABLES
page 57
LA SAISON
page 5 LE TDB
EN ACTIONS
page 49
PRATIQUE
page 61
SOMMAIRE
JAMAIT CHANTE GUIDONI
SAGA DES LEHMAN BROTHERS
OU LE FOURBE PUNI
1
6 7
2013 20142013 2014
2013 20142013 2014
DU MARDI 8 AU SAMEDI 12 OCT 2013
Du mardi au vendredi à 20 h — le samedi à 17 h — durée 1 h 45
PARVIS
SAINT-JEAN
MODÈLES
LA SAISON
LA SAISON
« On ne naît pas femme on le devient ». Dans Modèles,
cinq comédiennes prennent à bras-le-corps cette fulgurante
assertion de Simone de Beauvoir. Elles ont tout juste une
trentaine dannées, certaines ont été élevées dans les idées
émancipatrices de Mai 68, d’autres se sont confrontées à des
normes familiales plus conservatrices. Ensemble, elles
veulent « explorer les identités possibles et impossibles de
la féminité ». Elles interrogent les mécanismes de la
domination masculine à partir d’une mosaïque de textes
- Marguerite Duras, Pierre Bourdieu, Virginie Despentes,
Judith Butler… - qu’elles croisent avec leurs propres récits
personnels, des souvenirs, des images, des chansons. Dans
une grande variété de formes, elles passent par tous les
registres du jeu, du drame au comique, de l’émotion au
burlesque, comme autant de femmes au bord de la crise de
nerfs. Avec rythme, énergie et intelligence, dans un va-et-
vient entre leur histoire intime et la grande histoire des
luttes, elles construisent un spectacle critique, lucide et
joyeux. À l’image de Pauline Bureau, comédienne et
metteuse en scène, qui a fondé La Part des Anges avec une
quinzaine d’acteurs pour défendre un travail collectif qui
s’élabore et se vit sur le plateau. Artiste associée au TDB
depuis janvier 2013, elle y a présenté La Meilleure Part des
hommes, d’après le roman de Tristan Garcia en mars 2013,
une mise en scène qui a marq le public.
CAUSERIE (cf p. 55)
Samedi 12 à 14 h 30,
Dans le cadre de
Femmes en lutte…
(cf p. 59)
RENCONTRE À CHAUD
Jeudi 10 à l’issue
de la représentation
EN PARTENARIAT AVEC
écriture collective
CIE LA PART DES ANGES
mise en scène
PAULINE BUREAU
avec
SABRINA BALDASSARRA
LAURE CALAMY
SONIA FLOIRE
GAËLLE HAUSERMANN
MARIE NICOLLE
ET VINCENT HULOT
D’après des fragments de
Marie Darrieussecq, Pierre
Bourdieu, Virginie Despentes,
Marguerite Duras, Catherine
Millet, Virginia Woolf
L’ouvrage La Vie sexuelle de
Catherine M. est publié par les
Editions du Seuil, 2001, et par
les Editions Points, 2002
Dramaturgie
Benoîte Bureau
Création lumière
Jean-Luc Chanonat
Composition musicale
Vincent Hulot
Scénographie
Emmanuelle Roy
et Alice Touvet
Costumes
Alice Touvet
assistée de Marion Harre
Régie générale
Sébastien Villeroy
Régie plateau
Thibaut Champagne
Régie lumière
Jean-Luc Chanonat
Production
Compagnie La Part des Anges
Coproduction
Nouveau Théâtre de Montreuil-
CDN et Comédie de Picardie-
Scène conventionnée pour le
développement de la création
théâtrale en région
Avec le soutien de
la SPEDIDAM et du Nouveau
Théâtre de Montreuil - CDN
Pauline Bureau est artiste
associée au TDB et au Volcan -
Scène nationale du Havre
(à partir de janvier 2014)
CAFÉ DES ENFANTS
Samedi 12
à partir de 16 h 30
(cf p. 56)
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LA SAISON
2013 20142013 2014
2013 20142013 2014
MARDI 8, JEUDI 10 ET SAMEDI 12 OCT 2013
Tous les soirs à 20 h — durée 50 mn
MERCREDI 9, VENDREDI 11 ET SAMEDI 12 OCT 2013
Mercredi et vendredi à 20 h, samedi à 21 h 30 — durée 1 h
SALLE
JACQUES
FORNIER
LA MAISON KING KONG THÉORIE
Duras et Despentes, La Maison et
King Kong Théorie : dans ce diptyque
percutant, Cécile Backès a voulu faire
entendre et mettre en regard deux
écritures de femmes qui parcourent
deux générations d’engagement
féministe.
Extrait de La Vie matérielle, La Maison
nous fait découvrir un visage méconnu
de Marguerite Duras. Dans ce monologue
intérieur, elle nous entraîne dans une
flexion sans concession sur la vie
domestique et le statut symbolique de
la maison, à la fois espace de réalisation
de soi mais aussi denfermement pour les
femmes. La comédienne Cécile Gérard en
fait entendre la poésie avec épure et
sensibilité, dans un dispositif de proximi
où elle circule au milieu des spectateurs.
Dans King Kong Théorie, Salima
Boutebal interprète le personnage hors
norme du manifeste féministe et
provocateur de Virginie Despentes.
« Je suis plus King Kong que Kate Moss,
comme fille », assène la comédienne :
épatante et audacieuse, drôle et sexy,
seule et armée d’un micro, elle joue avec
les spectateurs, elle remet en cause les
ressorts du désir et de la séduction. Et
finit par torpiller aussi bien l’image des
femmes que celle des hommes.
Comédienne et metteure en scène,
ancienne élève d’Antoine Vitez, Cécile
Backès questionne notre monde en
s’appuyant sur les écritures
d’aujourd’hui. Elle nous offre ici deux
formes intimes et fortes, deux
expériences théâtrales totalement
singulières qui se répondent en écho.
RENCONTRE À CHAUD
Jeudi 10 à l’issue
de la représentation
CAUSERIE (cf p. 55)
Samedi 12 à 14 h 30,
Dans le cadre de
Femmes en lutte…
(cf p. 59)
LA SAISON
LA MAISON
texte
MARGUERITE DURAS
/ CIE LES PIÉTONS
DE LA PLACE DESTES
mise en scène
CÉCILE BACKÈS
avec
CÉCILE GÉRARD
ET CÉCILE ZANIBELLI
Collaboration artistique
Juliette Wagman
Scénographie
Clara Le Picard
Production
Compagnie Les Piétons
de la Place des Fêtes,
l’Oce Municipal d’Animation
de Commercy, l’ACB / Scène
nationale de Bar-le-Duc, le
Centre Culturel de Chevil-
ly-Larue
Avec le soutien
de la DRAC Lorraine, de la
Région Lorraine, du Conseil
général de la Meuse et du Parc
Naturel régional de Lorraine,
avec l’aide à la création
du Conseil général du
Val-de-Marne
Remerciements
au Théâtre de l’Est Parisien,
au Théâtre Paris-Villette
et à Jean-Louis Backès
Spectacle créé à l’ACB -
Scène nationale de Bar-le-Duc
en janvier 2004
Texte extrait de
La Vie matérielle de
Marguerite Duras, P.O.L., 1987
KING-KONG THÉORIE
texte
VIRGINIE DESPENTES / CIE
LES PIÉTONS DE LA PLACE
DES FÊTES
mise en scène
CÉCILE BACKÈS
avec
SALIMA BOUTEBAL
et la voix de
FÉLICIEN JUTTNER
de la Comédie-Française
Version scénique
Salima Boutebal
et Cécile Backès
Conception sonore
Benoît Faivre
Lumière
Jean-Yves Courcoux
Costumes
Elise Baldi
Régie générale
et régie lumière
Frédérique Steiner-Sarrieux
Régie son
Paul Graudens
Production
Cie Les Piétons de la Place des
Fêtes - compagnie conven-
tionnée avec la Direction
régionale des aaires cultu-
relles de Lorraine et soutenue
par le Conseil régional de
Lorraine et le Conseil général
de la Meuse, en résidence au
Carreau - Scène nationale de
Forbach et de l’Est Mosellan
depuis janvier 2011.
Le spectacle a été créé en
2009 à Scènes Vosges, Epinal
Texte publié en 2006
aux éditions Grasset
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