! L’Apôtre
trahi
Il ne fait aucun doute que le mensonge,
lorsqu’il est organisé de façon
systématique, constitue une arme
politique extrêmement efficace. Hannah
Arendt
L’Apôtre* est le cinquième long métrage de la
réalisatrice Cheyenne Carron qui en est également la
scénariste et la productrice.
Une situation bien exceptionnelle et
quasi impossible de l’ordre du vœu
pieu
Ce film raconte le récit d’un jeune musulman de Montreuil, en
région parisienne, appelé à devenir imam, mais qui voit son
identité bouleversée alors qu’il est touché par l’amour du Christ.
Dans un chaos familial qui l’oppose à son frère ainé Youssef
(Brahim Tekfa), Akim !Dieu est promesse!», en hébreu), ou
tantôt Abdel Hakim !Sagesse!», en arabe) tentera de se faire
accepter par les siens. Tandis que la sœur d’un prêtre catholique
de son quartier est assassinée par le fils des voisins, ce religieux
décide de continuer à vivre dans sa paroisse et auprès de la
famille de l’assassin, des musulmans d’origine marocaine, car il
sent que «!cela va les aider à vivre!»!; la vengeance et la haine
semblent étrangères à cet homme de Dieu. Ce drame véridique
dont Cheyenne Carron fut témoin dans sa jeunesse introduit le
film en hommage à ce religieux et vient se greffer à la trame de
l’histoire. Interpellé par cet acte de charité et de miséricorde vis-
à-vis de la famille de l’assassin, Akim s’engage alors dans un
chemin de conversion au christianisme, qui va l’opposer à son
frère assez intolérant et à l’ensemble de sa communauté. Le film
met en évidence d’une part la déstabilisation de la famille
d’Akim, désarmée suite à sa conversion et, d’autre part, les liens
familiaux très forts qu’ils veulent malgré tout conserver avec lui.
Dans la réalité des faits le film dépeint une situation bien
exceptionnelle et quasi impossible de l’ordre du vœu pieu.
Cheyenne Caron dépeint en effet une famille algérienne aisée,
tolérante et ouverte, idéale en somme. Les parents pieux
appartiennent à une génération sans doute marquée par le
terrorisme en Algérie des années 1990 mais la religion n’occupe
pas toute leur existence. Alors que les enfants ont un vrai désir de
retour au sacré et parfois avec une certaine radicalité de l’islam
binaire et dans l’intransigeance rigoriste qu’incarne Youssef.
Une dualité binaire sans concession vis-à-vis de l’Islam, et le
Christianisme sort grandi de la comparaison
La démarche de la réalisatrice du film est louable!: faire passer un
message de paix entre chrétiens et musulmans. Un film sur le
pardon et la charité chrétienne. Le prêtre en « accueillant », d’une
certaine manière, la famille de celui qui avait tué sa propre sœur a
été un apôtre. Akim, sérieusement agressé après sa conversion par
des musulmans fanatiques, devient à son tour un apôtre. Sur son
lit d’hôpital il fait entendre à son frère ainé que «!la vengeance ça
ne guérit pas!». Celui-ci en effet voulait en découdre avec ses
coreligionnaires de prière à la mosquée, agresseurs de son frère
cadet. Certes, Cheyenne Carron tente d’évite tout manichéisme et
veille à ce qu’une idée soit toujours confrontée à son antithèse,
mais dépeint la religion chrétienne plus ouverte et généreuse que
l’Islam et un Dieu des chrétiens qui pardonne alors qu’un autre,
Allah, «!punit et châtie!». Elle nous entraine tout de même dans
une dualité binaire sans concession vis-à-vis de l’Islam, et le
Christianisme sort grandi de la comparaison (sur le pardon, la
charité, l’apostasie, etc.).
Aussi, des raccourcis et des précipitations viennent interpeler et
dérouter le spectateur. La conversion du héros, son cheminement
intérieur et ses nouveaux choix de vies sont si rapides qu’ils
risquent d’être obscurs pour beaucoup, car le parcours d’Akim ne
donne pas de contrepoint nécessaire à ses croyances religieuses
passées. «!L’absence de crédibilité qu’inspire la conversion aussi
rapide d’un homme qui était pourtant prêt à devenir imam est au
mieux d’une grande maladresse, au pire du prosélytisme
inconséquent qui opposerait l’islam et le christianisme comme
l’ombre et la lumière !» (Clément Graminiès, critikat.com,
30-09-2014). Le sujet est néanmoins un message d’espoir et de
tolérance un peu trop idylliques, coupé du réel de la conversion
souvent dramatique pour un ex musulman presque
systématiquement rejeté par sa communauté voire violenté ou
même pire.
Difficile d’obtenir le soutien des institutions
nationales pour un cinéma chrétien
Notons tout de même que ce film n’a pas été vraiment distribué
dans les salles, ou plutôt d’une manière très limitée dès le 1er
octobre 2014. Car, raconter l’histoire de la conversion d’un jeune
musulman au christianisme n’est pas vraiment ce qui séduirait les
distributeurs en France… De plus, la réalisatrice a eu
effectivement beaucoup de mal à financer son film à cause du
thème, et notamment essuyé le refus du CNC, le Centre national
du cinéma (il est difficile d’obtenir le soutien des institutions
nationales pour un cinéma chrétien). Elle avoue avoir rencontré
bien des résistances pour obtenir les autorisations de tournages,
les craintes venant surtout des Chrétiens : «!La peur d’être taxés
d’islamophobes!», explique-t-elle… Elle a décidé de faire appel à
un mécène.
Disponible en DVD, il a été exceptionnellement et discrètement
visionné dans deux salles à Paris et seulement pour une soirée de
projection à Lyon. On a essayé de donner comme prétexte le peu
de moyens et les distributeurs rétifs pour des raisons de
rentabilité, etc. Mais la vérité est ailleurs… et dérange, car le film
est engagé et militant.
(en marge)
De la censure qui ne dit pas son nom ? Une
volonté de ménager les musulmans et les
islamistes de France ? Maintenir les Français
dans la désinformation sur cette question
délicate de la conversion et ce que dit
vraiment le Coran à ce sujet ?
La peur des réactions violentes que pourrait susciter la projection
de ce film qui raconte la conversion d’un musulman au Christ!?
Éviter la critique frontale et publique en laissant la distribution du
film à charge d’auteur et donc son contenu maintenu autant que
possible cantonné dans l’espace privé!?
Le mélange de tout cela et plus semble à l’ordre du jour,
d’autant plus que la réalisatrice avait déclaré!: «!Je n’ai pas
trouvé de distributeur pour ce film car le sujet faisait peur!». Et
cela démontre par ailleurs que les musulmans de France dictent
de plus en plus leur volonté de censure et d’autocensure à la
multitude des citoyens qui se plient du coup au dictat de la classe
politique complice ou instigatrice de cette autocensure!; la culture
comme outil de manipulation de l’opinion publique!? On veut à
tout prix infléchir cette courbe des 74 % de Français convaincus
que l’islam est incompatible avec la démocratie et la liberté, que
c’est une religion fanatique et intolérante.
Répétons-le, la réalisatrice a tout de même du mérite et qu’il ne
s’agit pas ici de critiquer gratuitement un film au reste bien
attachant et traité d’une manière singulière et originale. Elle s’est
documentée autant que possible et a fait lire le scénario à des
musulmans pratiquants. Selon ses déclarations, les comédiens
l’ont beaucoup aidée à être la plus juste possible!: «!On a travaillé
ensemble la scène les fidèles posent des questions sur les
règles à suivre, notamment sur la possibilité de se marier avec
une non-musulmane, et sur la polygamie. Pour autant, tout n’a
pas été facile, j’ai eu lors du casting des oppositions de
comédiens, qui soit avaient extrêmement peur, soit étaient en
colère. Je n’ai retenu que des gens prêts à me suivre!» (lavie.fr,
30-09-2014). Soit.
Le texte coranique n’est pas clair, dit une
chose et son contraire, ajoutant la
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