Les succès de la lutte intégrée contre les ravageurs du cotonnier en

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Les succès de la lutte intégrée contre les ravageurs
du cotonnier en Afrique de l’Ouest
Dr Ouola TRAORE, Agro-pédologue, Maître de Recherche
Institut de l’Environnement et de recherches agricoles (INERA), Programme Coton
01 BP 208 Bobo-Dioulasso 01, Burkina Faso
67ème réunion plénière de l’ICAC. Ouagadougou (Burkina Faso), 16-21 novembre 2008
Novembre 2008
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Introduction
Le coton constitue l’une des principales cultures de rente dans la sous région ouest africaine.
Il occupe plus de 10 millions de producteurs. En 2007 la production totale était de 1,2
millions de tonnes sur une superficie d’environ 1,5 millions d’ha, soit un rendement moyen de
800 kg/ha. Les exportations de fibres de ces pays représentent moins de 15% des exportations
mondiales et occupent le 2è rang mondial après les USA.
Les rendements ont augmenté significativement de 6% par an entre 1960 et 1980 contre 2%
sur le plan mondial. A partir des années 1980, les rendements ont pratiquement stagné voire
baissé. Plusieurs raisons expliquent cette situation :
- le démantèlement du système d’encadrement ;
- la baisse de la fertilité des sols ;
- la baisse des cours mondiaux de la fibre de coton ;
- les difficultés de contrôle des nuisibles : Le cotonnier est l’une des plantes les plus attaquées
au monde. Hargreaves a recensé plus de 1300 espèces d’insectes et d’acariens auxquels s’ajoutent
des nématodes et mammifères sur cette culture. En l’absence de protection phytosanitaire, les
pertes de récolte varient en moyenne de 40 à 70% selon les zones agro écologiques et les années
dans la sous-région de l’Afrique de l’ouest.
Ce document fait le point sur les efforts consentis par les filières cotonnières ouest
africaines dans le domaine de la lutte intégrée contre les ravageurs.
Selon l’Organisation Internationale de Lutte Biologique (OILB), la lutte intégrée est un « Système
de lutte contre les organismes nuisibles qui utilise un ensemble de méthodes satisfaisant les
exigences à la fois économique, écologique et toxicologique, en réservant la priorité à la mise en
œuvre délibérée des éléments naturels de limitation et en respectant les seuils de tolérance ».
La lutte intégrée contre les ravageurs du cotonnier nécessite une connaissance parfaite des
principaux ravageurs et maladies de la plante ainsi que de leurs ennemis naturels.
I. Les ravageurs du cotonnier en Afrique de l’ouest
Cauquil (1986) classe les ravageurs du cotonnier selon les types d’organes attaqués sur la plante.
Toutes les parties de la plante sont attaquées (graines, racines, organes végétatifs et fructifères).
Les principaux ravageurs et maladies des organes végétatifs et fructifères du cotonnier peuvent
être répartis en trois groupes selon le stade phénologique de la plante :
1. Principaux ravageurs de la semence et des racines
1.1. Principaux ravageurs de la semence
Des insectes de la famille des Tenebrionidae (Tribolium castaneum) attaquent la semence au
stockage. La semence héberge également des chenilles de Pectinophora gossypiella et de
Cryptophlebia leucotreta dans les zones où ces ravageurs pullulent. Au semis, la graine et la jeune
plantule sont attaquées par des diplopodes (mille pattes). Les espèces les plus nuisibles
appartiennent aux genres Peridontopyge et Tibiomus. Les espèces sont de couleur sombre avec
une alternance de zones plus claires et de zones brun noirâtres. Leur section transversale est
ronde. Leur taille varie de 2 à 8 cm. Les diplopodes attaquent et évident les semences, les rongent
pour s’en nourrir lors de la germination.
1.2. Principaux ravageurs des racines
Ils sont essentiellement composés d’insectes et de nématodes.
Les insectes
Syagrus calcaratus : Petit coléoptère bleu-noir brillant, le thorax et la base des pattes sont orange
fauve. Les adultes, à tête orangée, consomment le feuillage dans lequel ils provoquent des
perforations de forme allongée. Les larves sont terricoles (vivent dans le sol) où elles s’alimentent
sur les racines qu’elles décortiquent en faisant des anneaux sur ces organes, d’où le flétrissement
caractéristique des plants.
les nématodes
Des nuisibles appartenant aux Némathelmintes ont été identifiés en ecto et endoparasites de
racines. Il s’agit principalement des genres Pratylenchus, Rotylenchus, Meloidogyne,
Scutellonema et Helicotylenchus.
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2. Les principaux ravageurs du feuillage et leurs dégâts
2.1. Chenilles phyllophages
Syllepte derogata
C’est la chenille « enrouleuse » des feuilles sous forme de cigarettes. Elle est vert clair, souvent
translucide avec une tête noire. Elle s’attaque aux feuilles à tous les stades de développement de la
plante à l’aide de fils soyeux. On remarque à l’intérieur de la feuille des excréments noirs. Les
attaques de ce ravageur sont souvent localisées dans le champ et peuvent entraîner une défoliation
spectaculaire. Il attaque aussi le gombo.
Spodoptera littoralis
La chenille peut être brune, jaunâtre ou grise. Elle est caractérisée par deux rangées de triangles
noirs sur le dos et une ligne claire sur chaque côté. Mais ces triangles peuvent seulement être
présents à l’avant ou à l’arrière du corps. Les œufs sont pondus en amas à la face inférieure des
feuilles où naissent les jeunes chenilles qui rongent d’abord ces feuilles de support. Les chenilles
âgées perforent les feuilles et s’attaquent également aux organes reproducteurs. Spodoptera cause
aussi des dégâts sur le niébé, l’arachide…
Anomis flava
C’est la chenille « arpenteuse » ainsi dénommée à cause de son déplacement très caractéristique.
Elle est de couleur verte à tête jaune ou vert-jaune. Elle porte cinq lignes blanches très fines sur le
dos. Elle ne s’attaque qu’aux feuilles. Les dégâts des chenilles sont constitués de perforations
circulaires de 1 à 3 cm de diamètre dans ces feuilles.
2.2. Coléoptères phyllophages
Altises
Ces petits insectes très mobiles ont plusieurs couleurs. Ils font de nombreux trous dans les feuilles
des jeunes cotonniers sans glandes à gossypol (glandless).
- Nisotra dilecta : couleur bleue
- Nisotra uniformis : couleur brune
- Podagrica decolorata : couleur jaune orangée
On les rencontre également sur le gombo, les Hibiscus (jutes, kenaf…) et parfois sur les
cotonniers à glandes à gossypol.
2.3. Acariens
Il existe deux genres qui sont des ravageurs du cotonnier dans la sous région : Les tétranyques ou
araignées rouges et les tarsonèmes qui sont les plus importants. Ils sont minuscules, presque
invisibles à l’œil nu et vivent tous à la face inférieure des feuilles.
Tétranyques
Les espèces rencontrées appartiennent toutes au genre Tetranychus. Il s’agit de T. urticae ; T.
neocaledonicus et T. falcaratus. Ils sont de couleur rouge d’où leur nom d’araignées rouges. Ils
sont peu mobiles. Ils rongent la face inférieure des feuilles qui présentent un aspect nécrosé. Ils
sont généralement peu importants.
Tarsonèmes
L’espèce la plus importante est Polyphagotarsonemus latus qui est blanc jaunâtre et très mobile.
On le rencontre sur cotonnier dans les zones humides (pluviométrie supérieure à 1000 mm/an)
surtout au Bénin, en Côte d’Ivoire, au Togo…Il a un cycle biologique très court, se multiplie tous
les cinq jours et cause beaucoup de dégâts surtout par temps couvert et humide. Les feuilles
attaquées présentent plusieurs symptômes successifs selon la gravité :
- la face inférieure a un aspect vert foncé, glacé, huileux et brillant ;
- les bords du limbe s’enroulent vers le bas ;
- les feuilles se fendillent, se déchirent comme si elles avaient reçu des « coups de couteau ».
Le plant prend un aspect « filant » avec peu ou pas d’organes fructifères. De fortes chutes de
production sont enregistrées si les attaques sont précoces et sévères.
2.4. Piqueurs suceurs
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Ils comprennent les Homoptères et les Hétéroptères. Les premiers sont les plus dangereux. Parmi
les Homoptères, on considère les pucerons, les aleurodes et les jassides tandis qu’au niveau des
Hétéroptères, on prend en compte les punaises (Dysdercus sp. Et Helopeltis schoutedeni).
2.4.1. Les Homoptères
Pucerons : Aphis gossypii
Ils sont de couleur jaune, jaune vert ou vert noir, peuvent être ailés ou aptères et ont un cycle
biologique très court. Ils sont polyphages. Ils vivent en colonies à la face inférieure des feuilles
qui deviennent voûtées, crispées en se recroquevillant vers le bas. Les déchets qui sont des
substances sucrées (miellats) tombent sur les feuilles qui prennent un aspect luisant (brillant). Des
microorganismes (champignons) peuvent se développer sur ce miellat en donnant une coloration
noire sur les feuilles et le coton graine : c’est la fumagine.
Aleurodes : Bemisia tabaci (mouche blanche)
Les larves ont une forme ovoïde, aplatie et sont vertes lorsqu’elles sont jeunes tandis que les plus
âgées sont jaunâtres. Elles sont fixées à la face inférieure des feuilles. Les adultes sont de tous
petits insectes avec deux paires d’ailes blanches. Ils sont très mobiles et voltigent autour des
plants. De fortes populations provoquent un jaunissement des feuilles et perturbent le
développement des plants. Comme les pucerons, ils produisent aussi du miellat qui souille le
coton des capsules ouvertes. Ce ravageur est également très polyphage : on le trouve donc sur de
nombreuses autres plantes cultivées en particulier des cultures maraîchères comme la tomate.
Jassides : Jacobiella fascialis
Ce sont des insectes minuscules de couleur verte ayant un déplacement caractéristique en oblique.
Ils piquent les feuilles dont les bords prennent un aspect rougeâtre caractéristique.
2.4.2. Les Hétéroptères
Les genres et espèces qui attaquent le cotonnier sont très nombreux dans la sous région et
particulièrement dans les zones les plus humides. Nous retiendrons essentiellement :
Helopeltis schoutedeni
C’est une punaise de forme allongée, de coloration jaune orange ou rouge vif. On la rencontre
surtout dans les zones les plus humides. Elle attaque les feuilles, les rameaux, les tiges et les
capsules, avec une production de chancres bruns ou noirs. En cas d’attaques précoces et sévères,
les feuilles sont gaufrées, craquelées avec un aspect de « griffes ». La croissance du plant est
ralentie. D’autres Hétéroptères de moindre importance économique peuvent être cités :
Anoplocnomus curvipes, Campyloma spp….
3. Les principaux ravageurs des organes reproducteurs
Ils comprennent des insectes et des mammifères.
3.1. Les insectes
Ils sont classés en carpophages à régimes exocarpique et endocarpique.
3.1.1. Carpophages à régime exocarpique
Helicoverpa armigera
Chenilles sont de couleur variable, avec 2 lignes latérales claires et de petits poils sur le corps.
Elles attaquent et font des dégâts importants sur les boutons floraux, les fleurs et les capsules. Les
larves sont très voraces. Une seule larve peut détruire par jour 5 à 10 organes reproducteurs
notamment les squares, les boutons floraux et les fleurs. Les excréments sur les boutons floraux
et capsules attaqués sont souvent nombreux et rejetés en dehors de l’organe. Dans certains cas (2ème
génération d’infestation et de pénurie des organes ci-dessus cités), la chenille peut attaquer les
jeunes feuilles et rameaux. H. armigera est très polyphage (plantes cultivées : maïs, sorgho,
tomate, tournesol…et sauvages : Cleome viscosa…).
Diparopsis watersi
La jeune chenille, jaunâtre, devient ensuite vert pâle, trapue avec des traits transversaux rouges,
plus rapprochés vert la tête. Elle atteint à son complet développement 2,5 à 3 cm. Elle est peu
mobile et attaque, en les perforant, boutons floraux, fleurs et capsules, qui restent parfois
suspendus aux plants par des fils. Elle est beaucoup moins vorace que H. armigera. Ce ravageur
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après avoir quasiment disparu avec l’introduction des pyréthrinoïdes à la fin des années 70 dans la
sous-région Ouest africaine a réapparu à des niveaux relativement élevés depuis la réintroduction
de l’endosulfan. En effet, cette matière active destinée à gérer la résistance acquise par H.
armigera vis-à-vis des pyréthrinoïdes est très insuffisante sur Diparopsis.
Earias insulana et E. biplaga
Les chenilles de forme trapue sont faciles à reconnaître car elles portent de nombreuses épines
d’où leur nom de chenilles « épineuses ». Elles attaquent les bourgeons terminaux (écimage) et
boutons floraux, fleurs et capsules. Les trous d’entrée sont assez grands et bien visibles.
3.1.2. Carpophages à régime endocarpique
Pectinophora gossypiella (ver rose)
Connue sur le nom de « ver rose » à cause de sa couleur, cette chenille présente des segments
marqués de bandes et traits transversaux. Elle mesure 1 à 1,5 cm à son complet développement.
On peut la confondre à Cryptophlebia. Elle attaque les fleurs et provoque un symptôme spécifique
: « fleurs en rosette ». La chenille à sa naissance rentre directement dans l’organe attaqué et se
nourrit préférentiellement des graines des capsules, dégâts souvent suivis de pourritures
secondaires. P. gossypiella ne vit que sur les plants de la même famille que le cotonnier.
Cryptophlebia leucotreta
La chenille est gris pâle à son complet développement et ressemble au ver rose. Elle a le même
mode d’attaque et de dégâts que P. gossypiella (coton graine déprécié, quartier d’orange ...). Le
trou d’entrée de la chenille dans la capsule présente un tortillon. C. leucotreta est très polyphage.
Ainsi, il attaque en outre le maïs, le goyavier, les agrumes…
3.1.3. Hétéroptères carpophages
Dysdercus vöelkeri
C’est une grosse punaise de 1 à 1,5 cm, rouge et noire. Les larves sont aptères tandis que les
adultes ont des ailes antérieures caractérisées par deux points noirs au milieu sur un fond brun
clair et terminées par une plage noire. Ils sont tous de couleur rouge vif et vivent en colonies. D.
völkeri pique les capsules vertes ou celles ouvertes pour se nourrir de graines. Il déprécie la valeur
germinative des semences et la fibre qu’il colore.
3.2. Les mammifères
L’avènement et la vulgarisation au milieu des années 80 des variétés de cotonniers sans glande à
gossypol « glandless » ont conduit les mammifères (singes et rongeurs notamment) à s’intéresser
et devenir des déprédateurs d’importance économique majeure sur cette plante. Parallèlement, les
très fortes pressions sur les ophidiens particulièrement la famille des Boidae (Phyton regius) a
exacerbé le phénomène avec de très fortes pullulations notamment des rongeurs sur les variétés de
cotonniers à glandes à gossypol. Ces rongeurs appartiennent aux familles, genres et espèces ci-
dessous : Muridae Mastomys natalensis Myomis dybowskii M. deroii Rattus rattus Arvicanthis
niloticus Cricetomidae Cricetomys gambianus C. emini Sciuridae Funisciurus anerythrus F.
leucogenys Xerus erythropus Gabillidae Tatera guinae T. kempii
Ils attaquent tous les organes reproducteurs voire végétatifs qu’ils consomment à l’intérieur des
parcelles de cotonniers ou dans la brousse avoisinante. Les dégâts parfois très importants
conduisent les producteurs à manquer de récoltes.
II. Principales maladies et déficiences du cotonnier en Afrique de l’ouest
1. Maladies du cotonnier
Le cotonnier est attaqué par certaines maladies souvent d’importance mineure qui peut devenir
majeure en cas de sévères attaques. Nous pouvons citer :
La bactériose : la nouvelle race développée est le « Black arm ». Les attaques portent sur tous
les organes aériens de la plante (feuilles, branches, tiges, capsules,…) du début à la fin du cycle
du cotonnier. Les symptômes foliaires sont des taches anguleuses et huileuses, ceux sur les tiges
sont des chancres, puis des pourritures sur les capsules. La bactériose attaque à des degrés divers
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