Les succès de la lutte intégrée contre les ravageurs du cotonnier en

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Les succès de la lutte intégrée contre les ravageurs
du cotonnier en Afrique de l’Ouest
Dr Ouola TRAORE, Agro-pédologue, Maître de Recherche
Institut de l’Environnement et de recherches agricoles (INERA), Programme Coton
01 BP 208 Bobo-Dioulasso 01, Burkina Faso
E-mail : [email protected]
67ème réunion plénière de l’ICAC. Ouagadougou (Burkina Faso), 16-21 novembre 2008
Novembre 2008
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Introduction
Le coton constitue l’une des principales cultures de rente dans la sous région ouest africaine.
Il occupe plus de 10 millions de producteurs. En 2007 la production totale était de 1,2
millions de tonnes sur une superficie d’environ 1,5 millions d’ha, soit un rendement moyen de
800 kg/ha. Les exportations de fibres de ces pays représentent moins de 15% des exportations
mondiales et occupent le 2è rang mondial après les USA.
Les rendements ont augmenté significativement de 6% par an entre 1960 et 1980 contre 2%
sur le plan mondial. A partir des années 1980, les rendements ont pratiquement stagné voire
baissé. Plusieurs raisons expliquent cette situation :
- le démantèlement du système d’encadrement ;
- la baisse de la fertilité des sols ;
- la baisse des cours mondiaux de la fibre de coton ;
- les difficultés de contrôle des nuisibles : Le cotonnier est l’une des plantes les plus attaquées
au monde. Hargreaves a recensé plus de 1300 espèces d’insectes et d’acariens auxquels s’ajoutent
des nématodes et mammifères sur cette culture. En l’absence de protection phytosanitaire, les
pertes de récolte varient en moyenne de 40 à 70% selon les zones agro écologiques et les années
dans la sous-région de l’Afrique de l’ouest.
Ce document fait le point sur les efforts consentis par les filières cotonnières ouest
africaines dans le domaine de la lutte intégrée contre les ravageurs.
Selon l’Organisation Internationale de Lutte Biologique (OILB), la lutte intégrée est un « Système
de lutte contre les organismes nuisibles qui utilise un ensemble de méthodes satisfaisant les
exigences à la fois économique, écologique et toxicologique, en réservant la priorité à la mise en
œuvre délibérée des éléments naturels de limitation et en respectant les seuils de tolérance ».
La lutte intégrée contre les ravageurs du cotonnier nécessite une connaissance parfaite des
principaux ravageurs et maladies de la plante ainsi que de leurs ennemis naturels.
I. Les ravageurs du cotonnier en Afrique de l’ouest
Cauquil (1986) classe les ravageurs du cotonnier selon les types d’organes attaqués sur la plante.
Toutes les parties de la plante sont attaquées (graines, racines, organes végétatifs et fructifères).
Les principaux ravageurs et maladies des organes végétatifs et fructifères du cotonnier peuvent
être répartis en trois groupes selon le stade phénologique de la plante :
1. Principaux ravageurs de la semence et des racines
1.1. Principaux ravageurs de la semence
Des insectes de la famille des Tenebrionidae (Tribolium castaneum) attaquent la semence au
stockage. La semence héberge également des chenilles de Pectinophora gossypiella et de
Cryptophlebia leucotreta dans les zones où ces ravageurs pullulent. Au semis, la graine et la jeune
plantule sont attaquées par des diplopodes (mille pattes). Les espèces les plus nuisibles
appartiennent aux genres Peridontopyge et Tibiomus. Les espèces sont de couleur sombre avec
une alternance de zones plus claires et de zones brun noirâtres. Leur section transversale est
ronde. Leur taille varie de 2 à 8 cm. Les diplopodes attaquent et évident les semences, les rongent
pour s’en nourrir lors de la germination.
1.2. Principaux ravageurs des racines
Ils sont essentiellement composés d’insectes et de nématodes.
Les insectes
Syagrus calcaratus : Petit coléoptère bleu-noir brillant, le thorax et la base des pattes sont orange
fauve. Les adultes, à tête orangée, consomment le feuillage dans lequel ils provoquent des
perforations de forme allongée. Les larves sont terricoles (vivent dans le sol) où elles s’alimentent
sur les racines qu’elles décortiquent en faisant des anneaux sur ces organes, d’où le flétrissement
caractéristique des plants.
les nématodes
Des nuisibles appartenant aux Némathelmintes ont été identifiés en ecto et endoparasites de
racines. Il s’agit principalement des genres Pratylenchus, Rotylenchus, Meloidogyne,
Scutellonema et Helicotylenchus.
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2. Les principaux ravageurs du feuillage et leurs dégâts
2.1. Chenilles phyllophages
Syllepte derogata
C’est la chenille « enrouleuse » des feuilles sous forme de cigarettes. Elle est vert clair, souvent
translucide avec une tête noire. Elle s’attaque aux feuilles à tous les stades de développement de la
plante à l’aide de fils soyeux. On remarque à l’intérieur de la feuille des excréments noirs. Les
attaques de ce ravageur sont souvent localisées dans le champ et peuvent entraîner une défoliation
spectaculaire. Il attaque aussi le gombo.
Spodoptera littoralis
La chenille peut être brune, jaunâtre ou grise. Elle est caractérisée par deux rangées de triangles
noirs sur le dos et une ligne claire sur chaque côté. Mais ces triangles peuvent seulement être
présents à l’avant ou à l’arrière du corps. Les œufs sont pondus en amas à la face inférieure des
feuilles où naissent les jeunes chenilles qui rongent d’abord ces feuilles de support. Les chenilles
âgées perforent les feuilles et s’attaquent également aux organes reproducteurs. Spodoptera cause
aussi des dégâts sur le niébé, l’arachide…
Anomis flava
C’est la chenille « arpenteuse » ainsi dénommée à cause de son déplacement très caractéristique.
Elle est de couleur verte à tête jaune ou vert-jaune. Elle porte cinq lignes blanches très fines sur le
dos. Elle ne s’attaque qu’aux feuilles. Les dégâts des chenilles sont constitués de perforations
circulaires de 1 à 3 cm de diamètre dans ces feuilles.
2.2. Coléoptères phyllophages
Altises
Ces petits insectes très mobiles ont plusieurs couleurs. Ils font de nombreux trous dans les feuilles
des jeunes cotonniers sans glandes à gossypol (glandless).
- Nisotra dilecta : couleur bleue
- Nisotra uniformis : couleur brune
- Podagrica decolorata : couleur jaune orangée
On les rencontre également sur le gombo, les Hibiscus (jutes, kenaf…) et parfois sur les
cotonniers à glandes à gossypol.
2.3. Acariens
Il existe deux genres qui sont des ravageurs du cotonnier dans la sous région : Les tétranyques ou
araignées rouges et les tarsonèmes qui sont les plus importants. Ils sont minuscules, presque
invisibles à l’œil nu et vivent tous à la face inférieure des feuilles.
Tétranyques
Les espèces rencontrées appartiennent toutes au genre Tetranychus. Il s’agit de T. urticae ; T.
neocaledonicus et T. falcaratus. Ils sont de couleur rouge d’où leur nom d’araignées rouges. Ils
sont peu mobiles. Ils rongent la face inférieure des feuilles qui présentent un aspect nécrosé. Ils
sont généralement peu importants.
Tarsonèmes
L’espèce la plus importante est Polyphagotarsonemus latus qui est blanc jaunâtre et très mobile.
On le rencontre sur cotonnier dans les zones humides (pluviométrie supérieure à 1000 mm/an)
surtout au Bénin, en Côte d’Ivoire, au Togo…Il a un cycle biologique très court, se multiplie tous
les cinq jours et cause beaucoup de dégâts surtout par temps couvert et humide. Les feuilles
attaquées présentent plusieurs symptômes successifs selon la gravité :
- la face inférieure a un aspect vert foncé, glacé, huileux et brillant ;
- les bords du limbe s’enroulent vers le bas ;
- les feuilles se fendillent, se déchirent comme si elles avaient reçu des « coups de couteau ».
Le plant prend un aspect « filant » avec peu ou pas d’organes fructifères. De fortes chutes de
production sont enregistrées si les attaques sont précoces et sévères.
2.4. Piqueurs suceurs
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Ils comprennent les Homoptères et les Hétéroptères. Les premiers sont les plus dangereux. Parmi
les Homoptères, on considère les pucerons, les aleurodes et les jassides tandis qu’au niveau des
Hétéroptères, on prend en compte les punaises (Dysdercus sp. Et Helopeltis schoutedeni).
2.4.1. Les Homoptères
Pucerons : Aphis gossypii
Ils sont de couleur jaune, jaune vert ou vert noir, peuvent être ailés ou aptères et ont un cycle
biologique très court. Ils sont polyphages. Ils vivent en colonies à la face inférieure des feuilles
qui deviennent voûtées, crispées en se recroquevillant vers le bas. Les déchets qui sont des
substances sucrées (miellats) tombent sur les feuilles qui prennent un aspect luisant (brillant). Des
microorganismes (champignons) peuvent se développer sur ce miellat en donnant une coloration
noire sur les feuilles et le coton graine : c’est la fumagine.
Aleurodes : Bemisia tabaci (mouche blanche)
Les larves ont une forme ovoïde, aplatie et sont vertes lorsqu’elles sont jeunes tandis que les plus
âgées sont jaunâtres. Elles sont fixées à la face inférieure des feuilles. Les adultes sont de tous
petits insectes avec deux paires d’ailes blanches. Ils sont très mobiles et voltigent autour des
plants. De fortes populations provoquent un jaunissement des feuilles et perturbent le
développement des plants. Comme les pucerons, ils produisent aussi du miellat qui souille le
coton des capsules ouvertes. Ce ravageur est également très polyphage : on le trouve donc sur de
nombreuses autres plantes cultivées en particulier des cultures maraîchères comme la tomate.
Jassides : Jacobiella fascialis
Ce sont des insectes minuscules de couleur verte ayant un déplacement caractéristique en oblique.
Ils piquent les feuilles dont les bords prennent un aspect rougeâtre caractéristique.
2.4.2. Les Hétéroptères
Les genres et espèces qui attaquent le cotonnier sont très nombreux dans la sous région et
particulièrement dans les zones les plus humides. Nous retiendrons essentiellement :
Helopeltis schoutedeni
C’est une punaise de forme allongée, de coloration jaune orange ou rouge vif. On la rencontre
surtout dans les zones les plus humides. Elle attaque les feuilles, les rameaux, les tiges et les
capsules, avec une production de chancres bruns ou noirs. En cas d’attaques précoces et sévères,
les feuilles sont gaufrées, craquelées avec un aspect de « griffes ». La croissance du plant est
ralentie. D’autres Hétéroptères de moindre importance économique peuvent être cités :
Anoplocnomus curvipes, Campyloma spp….
3. Les principaux ravageurs des organes reproducteurs
Ils comprennent des insectes et des mammifères.
3.1. Les insectes
Ils sont classés en carpophages à régimes exocarpique et endocarpique.
3.1.1. Carpophages à régime exocarpique
Helicoverpa armigera
Chenilles sont de couleur variable, avec 2 lignes latérales claires et de petits poils sur le corps.
Elles attaquent et font des dégâts importants sur les boutons floraux, les fleurs et les capsules. Les
larves sont très voraces. Une seule larve peut détruire par jour 5 à 10 organes reproducteurs
notamment les squares, les boutons floraux et les fleurs. Les excréments sur les boutons floraux
et capsules attaqués sont souvent nombreux et rejetés en dehors de l’organe. Dans certains cas (2ème
génération d’infestation et de pénurie des organes ci-dessus cités), la chenille peut attaquer les
jeunes feuilles et rameaux. H. armigera est très polyphage (plantes cultivées : maïs, sorgho,
tomate, tournesol…et sauvages : Cleome viscosa…).
Diparopsis watersi
La jeune chenille, jaunâtre, devient ensuite vert pâle, trapue avec des traits transversaux rouges,
plus rapprochés vert la tête. Elle atteint à son complet développement 2,5 à 3 cm. Elle est peu
mobile et attaque, en les perforant, boutons floraux, fleurs et capsules, qui restent parfois
suspendus aux plants par des fils. Elle est beaucoup moins vorace que H. armigera. Ce ravageur
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après avoir quasiment disparu avec l’introduction des pyréthrinoïdes à la fin des années 70 dans la
sous-région Ouest africaine a réapparu à des niveaux relativement élevés depuis la réintroduction
de l’endosulfan. En effet, cette matière active destinée à gérer la résistance acquise par H.
armigera vis-à-vis des pyréthrinoïdes est très insuffisante sur Diparopsis.
Earias insulana et E. biplaga
Les chenilles de forme trapue sont faciles à reconnaître car elles portent de nombreuses épines
d’où leur nom de chenilles « épineuses ». Elles attaquent les bourgeons terminaux (écimage) et
boutons floraux, fleurs et capsules. Les trous d’entrée sont assez grands et bien visibles.
3.1.2. Carpophages à régime endocarpique
Pectinophora gossypiella (ver rose)
Connue sur le nom de « ver rose » à cause de sa couleur, cette chenille présente des segments
marqués de bandes et traits transversaux. Elle mesure 1 à 1,5 cm à son complet développement.
On peut la confondre à Cryptophlebia. Elle attaque les fleurs et provoque un symptôme spécifique
: « fleurs en rosette ». La chenille à sa naissance rentre directement dans l’organe attaqué et se
nourrit préférentiellement des graines des capsules, dégâts souvent suivis de pourritures
secondaires. P. gossypiella ne vit que sur les plants de la même famille que le cotonnier.
Cryptophlebia leucotreta
La chenille est gris pâle à son complet développement et ressemble au ver rose. Elle a le même
mode d’attaque et de dégâts que P. gossypiella (coton graine déprécié, quartier d’orange ...). Le
trou d’entrée de la chenille dans la capsule présente un tortillon. C. leucotreta est très polyphage.
Ainsi, il attaque en outre le maïs, le goyavier, les agrumes…
3.1.3. Hétéroptères carpophages
Dysdercus vöelkeri
C’est une grosse punaise de 1 à 1,5 cm, rouge et noire. Les larves sont aptères tandis que les
adultes ont des ailes antérieures caractérisées par deux points noirs au milieu sur un fond brun
clair et terminées par une plage noire. Ils sont tous de couleur rouge vif et vivent en colonies. D.
völkeri pique les capsules vertes ou celles ouvertes pour se nourrir de graines. Il déprécie la valeur
germinative des semences et la fibre qu’il colore.
3.2. Les mammifères
L’avènement et la vulgarisation au milieu des années 80 des variétés de cotonniers sans glande à
gossypol « glandless » ont conduit les mammifères (singes et rongeurs notamment) à s’intéresser
et devenir des déprédateurs d’importance économique majeure sur cette plante. Parallèlement, les
très fortes pressions sur les ophidiens particulièrement la famille des Boidae (Phyton regius) a
exacerbé le phénomène avec de très fortes pullulations notamment des rongeurs sur les variétés de
cotonniers à glandes à gossypol. Ces rongeurs appartiennent aux familles, genres et espèces cidessous : Muridae Mastomys natalensis Myomis dybowskii M. deroii Rattus rattus Arvicanthis
niloticus Cricetomidae Cricetomys gambianus C. emini Sciuridae Funisciurus anerythrus F.
leucogenys Xerus erythropus Gabillidae Tatera guinae T. kempii
Ils attaquent tous les organes reproducteurs voire végétatifs qu’ils consomment à l’intérieur des
parcelles de cotonniers ou dans la brousse avoisinante. Les dégâts parfois très importants
conduisent les producteurs à manquer de récoltes.
II. Principales maladies et déficiences du cotonnier en Afrique de l’ouest
1. Maladies du cotonnier
Le cotonnier est attaqué par certaines maladies souvent d’importance mineure qui peut devenir
majeure en cas de sévères attaques. Nous pouvons citer :
La bactériose : la nouvelle race développée est le « Black arm ». Les attaques portent sur tous
les organes aériens de la plante (feuilles, branches, tiges, capsules,…) du début à la fin du cycle
du cotonnier. Les symptômes foliaires sont des taches anguleuses et huileuses, ceux sur les tiges
sont des chancres, puis des pourritures sur les capsules. La bactériose attaque à des degrés divers
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selon les localités, la quasi-totalité des variétés cultivées dans la sous région depuis bientôt une
quinzaine d’année.
La virescence florale : elle se manifeste par un jaunissement des feuilles et des tiges, la
transformation des organes floraux en organes foliacés, le verdissement de la corolle et des
étamines puis la prolifération des branches aux entre-noeuds. Il s’en suit une stérilité
spectaculaire. Elle est transmise par un agent infectieux proche des Mycoplasmes. L’agent vecteur
est un Homoptère dont le principal est Orosius cellulosus.
La maladie bleue : La croissance du plant est ralentie quant l’attaque est précoce, les entrenœuds se raccourcissent, le plant a un aspect buissonnant, quelquefois rampant, les limbes des
feuilles s’épaississent et prennent un aspect vert bleuâtre, plus foncé que la normale et de texture
cassante avec des bords enroulés vers le bas ; le limbe tend à devenir vertical. Au début, les
organes florifères sont rachitiques puis n’apparaissent plus quand l’attaque se prolonge. Mais
quand l’attaque est tardive, les symptômes ne se limitent qu’aux extrémités végétatives.
2. Déficiences minérales et accidents de végétation
Déficience en potassium : On la reconnaît par la présence de taches jaunâtres entre les
nervures des feuilles dont les bords prennent une couleur brune. A un stade plus avancé, les
feuilles se dessèchent complètement mais restent accrochées comme des « chauves-souris » aux
plants. Le rendement et la qualité de la fibre de coton diminuent.
Accidents de végétation : Attaque de foudre : il s’agit de dégâts d’origine naturelle qui se
rencontrent dans certains pays et localités. Les attaques sont toujours circulaires (environ 12 m de
diamètre) soit la surface couverte par 15 billons à 0,80 m d’écartement. Les feuilles de cotonniers
attaquées se dessèchent et tombent, laissant des tiges brunes apparemment brûlées. Ces dégâts
sont différents de la phytotoxicité. Les attaques de foudre sont confondus à tort à des dégâts
d’insectes.
III. Les principales composantes de la lutte intégrée en Afrique de l’ouest
1. La désinfection de semences
La semence constitue l’un des intrants les plus importants dans la chaîne de production
cotonnière. Il est indispensable qu’elle soit protégée contre toute agression pouvant affecter sa
qualité. En effet, pour obtenir une bonne levée, il faut d’abord employer des semences ayant un
bon pouvoir germinatif. Malheureusement, les producteurs de coton rencontrent souvent des
problèmes de levée dans leurs exploitations.
L’objectif visé à travers la désinfection des semences est préserver la qualité de la semence.
Les principales causes des mauvaises levées sont :
- Les facteurs abiotiques : Les conditions de manipulation et de stockage des semences doivent
tenir compte de l’excès de chaleur et d’humidité pour éviter la détérioration de ces semences.
- Les facteurs biotiques qui sont les maladies et les ravageurs :
Les maladies
La fonte des semis est de loin la plus importante. Elle est causée par un complexe de champignons
pathogènes qui sont soit des agents portés par les graines (Colletotrichum gossypii, Fusarium spp)
soit des agents se trouvant dans le sol (Rhizoctonia solan, Pythium spp, Macrophomina phaseoli).
Les attaques peuvent avoir lieu avant ou après la levée. En cas de pré-levée, les graines
pourrissent dans le sol et ne germent pas. Par contre en cas de dégâts de post-levée, les graines
germent, mais les plantules flétrissent et meurent rapidement.
Les ravageurs des semences et des plantules
De nombreux insectes peuvent causer la non germination ou les mauvaises levées des graines de
coton. Certains détruisent la semence en consommant l’amande. D’autres s’attaquent aux
plantules lorsqu’elles sont au stade cotylédonaire. Cette dernière catégorie de nuisibles des
semences et des plantules compte les iules qui évident les graines dans le sol, ou rongent les
cotylédons ou la tigelle des plantules. Les insectes dont les larves sont terricoles s’attaquent aux
plantules, le plus souvent aux petites racines (Syagrus, grillons, fourmis, pucerons et même
certaines chenilles).
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1.3. Le traitement de semences
Pour obtenir une bonne levée il faut d’abord employer des semences ayant un bon pouvoir
germinatif mais aussi la protéger contre les attaques des maladies et des ravageurs. Les principaux
insecticides et fongicides utilisés en Afrique de l’ouest et les doses d’utilisation sont donnés par le
tableau suivant :
Tableau 1 : Doses des principaux fongicides utilisés en Afrique de l’ouest
Substances actives
Benfuracarb
Carbosulfan
Imidacloprid
Thiaméthoxam
Chlorpyriphos éthyl
Carbendazime
Chlorothalonil
Métalaxyl
Propiconazole
TMTD - Thirame
Dose minimale
(g/kg semences)
Insecticides
1
1,25
2,5
0,15
0,5
Fongicides
0,7
1
0,35
0,15
0,75
Dose maximale
(g/kg semences)
4
2,5
3,5
1
4
4
1,6
3,2
2. Lutte variétale
La méthode de lutte variétale est l’ensemble des caractères induits dans le cotonnier, par la
sélection classique ou par les biotechnologies modernes, en vue de réduire l’impact de
certains ravageurs sur le rendement de coton graine. Les caractères peuvent être la production
d’excroissances sur les organes du cotonnier à même d’empêcher les déplacements des
ravageurs (pilosité) ou la production de toxines nocives aux ravageurs (protéines Bt et VIP)…
Quelques exemples de lutte variétale et leur mise en œuvre
- cotonniers avec glandes à gossypol
Les cotonniers classiques contiennent des pigments jaunes phénoliques appelés gossypol. Ce
gossypol est présent dans de petites glandes qu’on retrouve dans les différents organes de la
plante. Le gossypol est utilisé pour lutter contre les infestations des altises qui provoquent de
petits trous dans des feuilles. Les variétés sans gossypol (glandless) présentent un intérêt dans
l’alimentation animale par les graines mais elles sont fortement attaquées par les altises. C’est
ce qui explique la non vulgarisation de ce type de variété dans la sous région.
- cotonniers avec une pilosité contre les jassides
Les jassides sont des cicadelles de petite taille se déplaçant sur les différents organes du
cotonnier. Ils piquent et sucent la sève, transmettant souvent des maladies aux cotonniers.
C’est le cas d’Orosius cellulosus qui transmet une maladie mycoplasmique appelée virescence
florale ou phyllodie. Le déplacement caractéristique des jassides en diagonale est fortement
entravé par la présence de pilosité sur les organes du cotonnier. Cet état de fait réduit la
présence de ce ravageur sur le cotonnier ; il préfère dans ce cas trouver d’autres plantes où il
peut facilement se déplacer.
De nos jours, l’impact des jassides (O. cellulosus qui transmet la phyllodie au cotonnier) est
fortement contrôlé par les produits insecticides de traitements de semences systémiques
comme les néonicotinoïdes (imidaclopride, thiaméthoxam, acétamipride), les carbamates
(carbosulfan)… L’utilisation des variétés pileuses n’est plus d’actualité d’autant plus que les
infestations de l’aleurode Bemisia tabaci qui est devenu un ravageur dominant sur cotonnier
dans la sous région à partir de la fin des années 1990, sont fortement favorisées par ce type de
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variété. En effet, les larves de B. tabaci, une fois fixées sur la feuille, deviennent inaccessibles
à leurs ennemis naturels et sont peu atteintes par les insecticides utilisés contre elles.
Les activités de recherche en matière de sélection variétale dans la sous région doivent
s’orienter à présent vers des variétés glabres qui facilitent l’accès des larves de B. tabaci aux
ennemis naturels et aux insecticides. Au Burkina Faso par exemple, la variété FK37 a une
pilosité nettement inférieure à celle de FK290 qui est en voie de retrait. Les efforts des
chercheurs en amélioration variétale de la sous-région ouest africaine doivent continuer dans
ce sens.
- cotonnier génétiquement modifié (CGM) contre les chenilles des capsules et des feuilles
Le CGM est un cotonnier conventionnel ayant reçu un gène lui permettant d’acquérir un
caractère supplémentaire. Cette insertion ou transgénèse peut se faire par des méthodes
physiques ou biologiques. Dans le cas de la protection du cotonnier contre les ravageurs, les
gènes insérés sont issus de Bacillus thuringiensis qui est une bactérie du sol. Les CGM
actuellement disponibles sont efficaces contre la plupart des larves de lépidoptères
carpophages et phyllophages. Les toxines produites par les CGM n’ont aucun effet direct sur
les Homoptères piqueurs suceurs que sont les pucerons, les aleurodes et les jassides. En cas de
nécessité, il faut faire des traitements dirigés contre ces piqueurs suceurs. La non-utilisation
de produits insecticides contre les larves de lépidoptères favorise l’installation des ennemis
naturels.
3. Lutte agronomique
La lutte agronomique contre les déprédateurs du cotonnier comprend l’ensemble des pratiques
culturales mises en œuvre pour perturber le développement des ravageurs à une étape donnée
de leur cycle biologique. Ces pratiques vont de la mise en place de la culture aux opérations
effectuées après la récolte du coton graine.
Quelques exemples de lutte agronomique et leur mise en œuvre
- Précocité des semis pour lutter contre la 2ème génération de H. armigera
La production conventionnelle de coton est fortement tributaire de la période de mise en place
de la culture. Il est conseillé de semer à bonne date pour éviter les arrêts de pluies au moment
de la fructification du cotonnier, ce qui a pour conséquence la baisse de la productivité. En
matière de protection phytosanitaire, il est aussi conseillé de semer tôt dès l’installation des
pluies pour éviter que la période la plus sensible pour le cotonnier ne tombe dans la deuxième
génération de H. armigera qui provoque des dommages très importants à cette phase.
On a observé deux à trois générations de H. armigera sur cotonnier en fonction de la durée de
la saison des pluies. La première phase de pullulation de ce ravageur intervient dans la sous
région ouest africaine entre mi-juillet et mi-août et correspond à la mise en place des premiers
organes fructifères. Très souvent, cette phase est peu dangereuse car les individus sont peu
nombreux et ont une plus grande sensibilité aux insecticides. La seconde génération est
observée entre mi-septembre et mi-octobre. Elle se trouve être la plus dangereuse car les
individus issus des parents ayant survécu à la première génération développent une certaine
accoutumance aux produits, ce qui les rend plus difficiles à contrôler.
- Labour
Les labours profonds permettent de mettre en surface les chrysalides des ravageurs avant la
sortie des papillons. Ces chrysalides sont soit ramassées par les oiseaux, soit séchées sous
l’effet du climat, ce qui diminue ainsi le nombre de papillons devant émerger.
- Sarclage
Cette opération permet l’élimination des mauvaises herbes au voisinage du cotonnier. Ceci
permet ainsi d’éliminer les plantes pouvant servir d’hôtes aux ravageurs. Une parcelle bien
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aérée reçoit une meilleure pénétration des traitements insecticides dans les différents organes
du cotonnier.
- Récoltes précoces et échelonnées
Les applications d’insecticides se terminent plusieurs jours avant le début des récoltes. Les
piqueurs suceurs comme le puceron Aphis gossypii et l’aleurode Bemisia tabaci s’alimentent
sur les jeunes bourgeons et produisent des substances sucrées qui provoquent le coton collant.
Pour éviter cela, il est conseillé aux producteurs de récolter au fur et à mesure de l’ouverture
des capsules.
- Destruction des vieux cotonniers contre Diparopsis, Syagrus, ver rose et maladies.
Lorsqu’on laisse les tiges de coton dans le champ après la récolte, on observe des repousses
avec l’installation des premières pluies. Ces repousses constituent des refuges pour certains
ravageurs comme Syagrus calcaratus avant la levée des nouveaux cotonniers. Une fois que
ces nouveaux champs ont une végétation abondante, ces ravageurs y migrent facilement,
provoquant ainsi des dégâts. Il est donc conseillé aux producteurs d’arracher ou de couper les
tiges de cotonnier après les récoltes.
4. Lutte biologique
La lutte biologique se définit comme étant «l'utilisation d'organismes vivants ou de leurs
produits pour lutter contre d'autres organismes jugés nuisibles». Les organismes vivants
habituellement utilisés sont des prédateurs, des parasites, des parasitoïdes ou des
entomopathogènes.
Plusieurs projets ont été initiés en Afrique de l’ouest dans le domaine de la lutte biologique
contre les ravageurs du cotonnier mais ils n’ont pas été poursuivis à cause des difficultés
d’ordre pratique et financier.
Les efforts consentis dans ce domaine tendent à préserver les ennemis naturels indigènes par
l’utilisation de substances actives qui les épargnent.
5. Lutte chimique
Malgré la conduite des autres composantes de la lutte intégrée (excepté le CGM), la lutte
chimique demeure encore en Afrique de l’ouest le principal moyen de lutte contre les
ravageurs du cotonnier, notamment les chenilles des capsules.
Les programmes de traitements chimiques qui sont actuellement appliqués en culture
cotonnière en Afrique de l’Ouest proviennent des résultats d’une expérimentation menée à
grande échelle et répétée sur plusieurs campagnes agricoles dans différentes zones agroécologiques. La conception a tenu compte des principaux qui sont le cycle du cotonnier et la
dynamique des populations de ces ravageurs.
Deux modes d’interventions, issus des résultats de recherche sont principalement développés :
des programmes de traitements calendaires,
des programmes d’interventions sur seuil
5.1. Le programme de traitement calendaire
L’objectif visé dans l’élaboration du programme de traitement sur calendrier, ou programme de
traitement prédéfini, était surtout d’assurer la protection des cotonniers durant la période allant du
début de la floraison jusqu’à la maturation de la majorité des capsules formées. Il tenait compte du
très bas niveau de technicité des producteurs qui ne savaient pas reconnaître les ravageurs et gérer
les stocks de produits différents.
5.1.2. Types de programmes calendaires
En Afrique de l’Ouest, depuis sa conception, le principe de la protection de la culture du coton
selon le programme calendaire a connu deux variantes. Il s’agit de :
o Le programme standard
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C’est le programme classique qui est pratiquement abandonné par la grande majorité des
producteurs de coton. Il visait surtout la protection de la phase fructifère des cotonniers. Les
interventions démarraient dès l’apparition des premières fleurs, soit 45 à 50 jours après la levée.
En général, la cadence de traitement recommandée était de 14 jours. Le nombre de traitements se
chiffrait en général à 5 - 6 interventions pour les producteurs qui respectaient la recommandation
de la recherche. Toutes les applications étaient réalisées uniquement avec un produit binaire
(pyréthrinoïde + organophosphoré) ou parfois ternaire (un pyréthrinoïde + deux
organophosphorés) tout le long de la période de protection. Malheureusement, cette monotonie
s’est soldée par l’apparition de la résistance de certains ravageurs, notamment Helicoverpa
armigera.
o Le programme fenêtres
L’élaboration du nouveau programme calendaire dit « programme fenêtres » a été motivée par
l’apparition puis le développement du problème de la résistance de la chenille des capsules
Helicoverpa armigera aux pyréthrinoïdes. Le principe des interventions sur calendrier à des
intervalles de 14 jours a été maintenu.
Les modifications ont été apportées au niveau de la date de démarrage des traitements et produits
appliqués. C’est ainsi que la date de démarrage des traitements a été ramenée à 30-35 jours après
la levée, ce qui correspond à l’apparition des boutons floraux. Le but étant le ciblage des jeunes et
fragiles chenilles de ce ravageur.
Partant sur la base de 6 traitements à réaliser pour la protection des champs de coton, la grande
nouveauté a été la création des « fenêtres » d’intervention. Les 6 traitements ont été regroupés en
2 ou 4 interventions successives pour former une fenêtre. Ainsi sont apparus les programmes 2
fenêtres et 3 fenêtres.
- Programme à 2 fenêtres : selon le principe de ce programme, le 1er et le 2è traitement forment la
première fenêtre tandis que la seconde fenêtre est constituée par les 4 autres (3 è, 4 è, 5 è et 6 è
traitements).
- Programme à 3 fenêtres : si le 1er et le 2 è traitement forment la première fenêtre, les 3 è et 4 è
traitements donnent la seconde fenêtre et les 5 è et 6 è traitements constituent la troisième fenêtre.
Il est important de signaler que le choix des produits à appliquer est fait avec beaucoup de
discernement. C’est ainsi que :
En première fenêtre, pour les deux types de programme fenêtre, les traitements de la
première fenêtre sont toujours réalisés avec un produit n’appartenant pas à la famille des
pyréthrinoïdes, l’objectif étant la réduction du temps d’utilisation des molécules de cette famille
contre laquelle H. armigera a développé de la résistance. On peut prendre comme exemples : le
profenofos, l’indoxacarb, le spinosad, le malathion, l’association flubendiamide-spirotétramate…
En seconde fenêtre (programme 2 fenêtres) ou aux deux autres fenêtres (programme 3
fenêtres), les traitements sont réalisés avec des produits binaires contenant un pyréthrinoïde en
association avec un produit d’autres familles.
Dans le cas du programme 3 fenêtres, on peut intervenir avec des produits acaricides au niveau de
la deuxième fenêtre puis des produits aphicides et/ou aleurodicides en troisième fenêtre. Comme
exemples de produits on peut citer :
acaricides : cyperméthrine/ profenofos, deltaméthrine/triazophos
aphicides/aleurodicides : lambdacyhalothrine/acétamiprid, alphaméthrine/imidacloprid.
Cette nouvelle stratégie a été largement adoptée dans la sous région. Elle a permis de freiner
l’aggravation de la résistance de la chenille aux pyréthrinoïdes. En plus, elle a permis une prise de
conscience pour évider l’apparition du même problème chez d’autres nuisibles de la culture
cotonnière.
5.2. Le programme sur seuils
Les programmes d’interventions sur seuils constituent une nouveauté pour la sous région. Ils sont
tout à fait récents. Leur expansion est encore lente pour plusieurs raisons liées à l’insuffisance de
-10-
la connaissance des ravageurs qui constituent, sans aucun doute, l’élément déterminant pour la
réussite de ce programme.
5.2.1. Conception
La détermination des seuils d’infestation des principaux ravageurs est la base de cette technique.
En effet le cortège des ravageurs du cotonnier dans la sous-région ouest africaine est très riche et
varié et la conception de toute stratégie de protection de la culture doit obligatoirement en tenir
compte. Partant d’une approche des résultats de recherche sur le cotonnier et d’autres cultures
provenant d’autres régions du monde, les investigations ont été prioritairement basées sur
l’évaluation de l’importance des dégâts dus aux insectes nuisibles. Les résultats de ces évaluations
permettent de prendre la décision de déclencher les traitements et de contrôler les infestations
après la réalisation des traitements.
5.2.2. Connaissance des insectes et de leurs dégâts
L’évaluation des niveaux d’infestation des populations d’insectes requiert la connaissance des
différentes espèces inféodées au cotonnier et celle de leurs dégâts. Pour cela, il faut procéder à des
prélèvements d’échantillons.
5.2.3. Echantillonnage et prise de décision
Le but de la prise d’échantillons est l’évaluation des populations ou des dégâts dans le champ de
coton et par la suite, la prise de décision.
Les échantillons doivent être prélevés sur les diagonales, dans une portion homogène, grande et
assez représentative du champ de coton concerné. La taille de l’échantillon varie d’un pays à un
autre et le seuil d’intervention est lié à la taille de l’échantillon.
Les relevés sont réalisés une fois par semaine à partir du 30è jour après la levée et se poursuivent
jusqu’à la maturation de la majorité des capsules du champ de coton. Comme principe de base, il
faut effectuer un bon examen systématique des plants échantillonnés. Dans la sous-région,
principalement trois groupes de ravageurs sont pris en compte dans les évaluations de niveau de
populations et des dégâts. Ce sont les ravageurs carpophages, les ravageurs phyllophages et les
piqueurs-suceurs. Il faut noter que si les interventions sur seuils sont faciles avec les chenilles
exocarpiques, la tâche est par contre plus compliquée avec les endocarpiques.
Les traitements sont faits généralement avec des produits spécifiques en cas d’atteinte des seuils
d’intervention, ou avec des produits binaires quand la nécessité s’impose. Cela implique une
gestion de stocks de produits de plusieurs familles chimiques, chose qui n’est pas très aisée pour
les producteurs de la sous-région.
Conclusion
La lutte intégrée en Afrique de l’ouest contre les ravageurs du cotonnier reste fortement
tributaire de la lutte chimique sans laquelle la productivité ne peut être assurée. Face à la
mondialisation, au cours mondial trop fluctuant de la fibre de coton et aux subventions
accordées aux cotonculteurs du nord, la sous-région ouest africaine doit fournir les efforts
pour accroître la productivité au champ en vue de garantir un mieux être à plus de 20 millions
de personnes qui sont concernées par les filières cotonnières de cette sous-région. Cet
accroissement de la productivité passe par la mise en place de cadre institutionnel plus
favorable, l’adoption d’itinéraires techniques plus performants et une meilleure organisation
des producteurs. De nouvelles technologies comme la production et l’utilisation de la fumure
organique à l’aide d’activeurs, la protection sur seuils d’intervention et le coton
génétiquement modifié peuvent bien rentrer dans ce cadre.
-11-
PLAN
Introduction
Principaux ravageurs du cotonnier en Afrique de
l’ouest
Les succès de la lutte intégrée contre les
ravageurs en Afrique de l’ouest
Dr Ouola TRAORE
Maître de Recherche, INERA/Programme Coton
[email protected]
67éme réunion plénière de l’ICAC, Ouagadougou, 20 novembre 2008
Principales
maladies du cotonnier
Principales
composantes de la lutte intégrée
Protection semence
Lutte variétale
Lutte agronomique
Lutte biologique
Lutte chimique
Conclusion
INTRODUCTION
Le coton est la principale culture de rente en
Afrique de l’Ouest avec plus de 10 millions de producteurs
A partir de 1990, perte d’efficacité des pyréthrinoïdes
vis-à-vis de H. armigera en Afrique de l’ouest causant
d’importantes pertes de production
En 2007, la superficie couverte par le coton était de 1,5
millions ha pour 1,2 millions tonnes de coton graine
Malgré
le Projet régional de gestion et de prévention de la
résistance (PR/PRAO PR/PICA) mis en place en 1998,
Baisse des rendements: de 1000 kg/ha en 2000 à 800 kg/
ha en 2007. Cela s’explique par plusieurs facteurs dont les
difficultés de contrôle des nuisibles
Depuis 1980, utilisation de pyréthrinoïdes dans la lutte
chimique
pas de baisse du niveau de résistance
Nécessité
d’associer plusieurs méthodes de lutte (lutte
intégrée) pour une meilleure protection du cotonnier
Principaux ravageurs du cotonnier en
Afrique de l’ouest
1
Carpophages endocarpiques
Lépidoptères phyllophages
Syllepte derogata
Cryptophlebia leucotreta
Spodoptera littoralis
Anomis flava
Pectinophora gossypiella
8
Homoptères piqueurs suceurs
Acariens
Les pucerons
(Aphis gossypii)
Tétranyques :
Tetranychus urticae
T. neocaledonicus
T. falcaratus
Les aleurodes
(Bemisia tabaci)
Tarsonèmes :
Polyphagotarsonemus latus
Les jassides
(Jacobiella fascialis)
9
Hétéroptères
Helopelthis schoutedeni
Principales maladies du cotonnier
en Afrique de l’ouest
Dysdercus völkeri
2
Maladies à la levée
Bactériose
Agent pathogène, une bactérie (Xanthomonas campestris)
Fontes de semis causées par :
les champignons portés par
la graine (Colletotrichum,
Fusarium spp..)
les champignons présents
dans le sol (Rhizoctonia,
Pythium, Macrophomina..)
Fusariose
Virescence florale ou phyllodie
Maladie mycoplasmique transmise par une cicadelle (Orosius
cellulosus)
Agent pathogène, un champignon (Fusarium oxysporium)
Pourritures des capsules
Provoquées par des champignons appartenant aux genres
Xanthomonas, Colletotrichum…
Principales composantes de la Lutte
Intégrée en Afrique de l’Ouest
3
La lutte intégrée?
Désinfection de la semence
« Système de lutte contre les organismes nuisibles en
utilisant un ensemble de méthodes satisfaisant les
exigences à la fois économique, écologique et toxicologique,
en réservant la priorité à la mise en œuvre délibérée des
éléments naturels de limitation et en respectant les seuils
de tolérance ».
1ère étape très importante dans la protection du
cotonnier : conservation et amélioration de la levée et de
l’état sanitaire des plantules.
Utilisation de l’association « fongicides de contact et
insecticides (systémique ou de contact) » contre les
champignons microscopiques et les ravageurs du sol (iules)
et les ravageurs des jeunes plants (jassides, pucerons)
Principaux fongicides utilisés : chlorothalonil, metalaxyl,
propiconazole, TMTD-Thirame, carbendazime
Principaux insecticides utilisés : benfuracarb,
carbosulfan, imidaclopride, acétamipride, thiaméthoxam,
chlorpyriphos éthyl, endosulfan.
D’où: Nécessité d’une connaissance parfaite des principaux
ravageurs et maladies du cotonnier et de leurs ennemis
naturels
Méthodes de lutte variétales
Il s’agit d’un ensemble de caractères induits par voie
classique ou moderne pour réduire les impacts des
ravageurs sur le rendement
Méthodes de lutte agronomiques
Ensemble de pratiques culturales à même de perturber le
développement d’une phase ou d’un cycle des ravageurs
Principales méthodes agronomiques
le labour qui met en surface de chrysalides
le semis précoce qui permet d’éviter la période de forte pullulation de
Quelques méthodes variétales
Pilosité contre les jassides
Helicoverpa armigera
le sarclage qui élimine les mauvaises herbes et hôtes secondaires des
ravageurs, meilleure aération.
Glandes à gossypol contre les altises
Récoltes précoces et échelonnées qui permettent d’éviter le coton
Cotonnier génétiquement modifié
Cotonnier classique ayant reçu un gène supplémentaire issu
d’un organisme différent (Bacillus thuringiensis, cas du
Bollgard II) . Les toxines produites sont dirigées contre les
larves de lépidoptères phyllophages et carpophages.
(Phase de production de semences au Burkina Faso pour la mise en
collant provoqué par les piqueurs suceurs en fin de cycle
la destruction des plants après récolte permet de détruire les hôtes
intermédiaires de Diparopsis, Syagrus, ver rose et certaines maladies
la rotation des cultures permet d’éviter certaines maladies présentes
dans le sol.
culture commerciale).
Méthodes de lutte biologiques
Méthodes de lutte agronomiques
IMPORTANCE
DANS
LA
MAI
JUIN
DE
LA
DATE
DE
SEMIS
PROTECTION
DU
COTONNIER
JUILLET
AOUT
SEPTEMBRE
1er pic de
Helicoverpa
armigera
Semis
Précoces
Semis
normaux
Semis
tardifs
OCTOBORE
NOVEMBRE
2è pic de
Helicoverpa
armigera
Période sensible du cycle du cotonnier
Période sensible du cycle du cotonnier
Période sensible du cycle du cotonnier
Utilisation d’organismes vivants ou de leurs produits contre
des organismes jugés nuisibles.
Les efforts consentis ont visé la préservation des ennemis
naturels indigènes par l’utilisation de substances actives peu
nocives comme l’indoxacarb, la spinosad, …
Méthodes de lutte chimiques
Malgré l’utilisation des autres composantes de la lutte
intégrée, la lutte chimique reste le principal moyen de
protection du cotonnier contre les principaux ravageurs
Principales familles chimiques utilisées en Afrique de
l’ouest sur cotonnier :
pyréthrinoïdes,
organophosphorés,
carbamates,
néonicotinoïdes.
4
Les programmes de traitements
PROGRAMMES CALENDAIRES
Deux types se sont succédés:
- Le programme standard ou classique
Se caractérise par:
- Le programme fenêtres
Programme à 2 fenêtres
Programme à 3 fenêtres
Le programme fenêtre se caractérise par:
- Le démarrage précoce des traitements (30è jas)
– Le début des traitements: premières fleurs,
- Cadence des traitements: 14 jours d’intervalle
– Intervalles de traitements : tous les 14 jours,
- Nombre de traitements: 6
– Nombres de traitements : 4 à 5
- Regroupement des traitements par 2 (3 fenêtres)
– Produit(s) utilisés: des binaires (toute la campagne)
- Le choix du produit est lié à la fenêtre
Problème: résistance aux produits !
Choix des Produits
Programme 3 fenêtres:
Première fenêtre: produit simple,
Seconde fenêtre: binaire acaricide,
Troisième fenêtre: binaire aphicide,
Programme 2 fenêtres :
Seconde fenêtre: 4 traitements avec binaire(s)
PROGRAMMES D’INTERVENTION SUR SEUILS
Lutte Etagée Ciblée (LEC)
Le principe est basé sur une utilisation calendaire et à doses
réduites des insecticides et un ciblage avec des doses
complémentaire lorsque les seuils sont atteints pour un ou
plusieurs ravageurs.
Stratégie réalisée au Bénin et au Mali
permet de générer des économies dans les doses utilisées.
Retard au déclenchement du programme de traitements foliaires
Approche mieux adaptée aux zones à chenilles
endocarpiques
Permet de générer des économies dans le nombre de
traitements.
Stratégie de protection partielle sur seuil en cours en
Côte d’Ivoire.
Lutte sur seuil sensu stricto
Permet de générer des économies dans le nombre de
traitements
Approche mieux adaptée aux zones à chenilles
exocarpiques
Stratégie de protection en cours au Burkina Faso
CONCLUSION
La lutte intégrée en Afrique de l’ouest contre les ravageurs
du cotonnier est fortement tributaire de la lutte chimique ;
Face à la mondialisation (cours mondial trop fluctuant,
subventions aux cotonculteurs du ) des efforts sont
consentis en vue d’accroître la productivité des filières
cotonnières de la sous région :
L’accroissement de la productivité passe la mise en œuvre
d’itinéraires
techniques
performants,
d’un
cadre
institutionnel favorable et une meilleure organisation OP;
La production et l’utilisation d’une fumure organique de
bonne qualité et en quantité suffisante, la protection sur
seuils, le coton génétiquement modifié sont autant de pistes
envisageables selon le contexte de chaque pays.
5
Travail du sol pour semis précoce
Compostage de tiges de coton
Champ de coton Bt
6
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