ces sur la qualité de vie

Manifestations
extradigestives
au cours
du syndrome de
l’intestin irritable :
quelles cons equen-
ces sur la qualit e
de vie ?
&Que dire de l’impact du syndrome
de l’intestin irritable sur la qualit e
de vie des malades ?
Le syndrome de l’intestin irritable (SII) est le premier motif
de consultation en gastroent erologie. Son diagnostic
repose sur les crit eres de Rome III qui associent des
douleurs abdominales  a des troubles du transit permet-
tant d’identifier trois ph enotypes distincts : SII avec
constipation, diarrh ee pr edominante ou alternance des
sympt^ omes.
Du fait de sa chronicit e et d’une r esolution symptoma-
tique souvent incompl ete, le SII alt ere profond ement
la qualit e de vie des malades et g en ere des d epenses
de sant e consid erables avec des cons equences sur la
productivit e au travail [1]. En France, le co^ ut du SII
atteindrait 756 euros par personnes et par an [2]. Dans
une  etude franc¸aise effectu ee avec l’aide de la Sofres
en 2004, sur un  echantillon de 20 000 sujets, le SII
affectait 4,7 % de la population g en erale avec une
r epartition homog ene entre les diff erents ph enotypes.
L’ etude soulignait que le SII influenc¸ait la vie sociale et
professionnelle des malades dans respectivement 54 et
29 % des cas [1]. De nombreuses autres  equipes ont
confirm e que le SII avait un impact n egatif sur la qualit ede
vie, au moins aussi important que celui de maladies
organiques comme le diab ete, l’insuffisance r enale s ev ere
ou l’hypertension art erielle.
‘‘ Le syndrome de l’intestin irritable alt
ere
profond ement la qualit e de vie et g en ere
des d epenses de sant e consid erables avec
des cons equences sur la productivit eautravail
’’
&Y a-t-il un lien avec
la symptomatologie ?
La plupart des auteurs reconnaissent que la s ev erit e des
douleurs abdominales et les troubles psychologiques
associ es, en particulier l’anxi et e, sont des d eterminants
importants de la qualit e de vie au cours du SII,
ind ependamment du sexe et du ph enotype clinique des
malades [5, 6].
&Que penser des sympt^
omes non
intestinaux souvent d ecrits par
les malades ? Quel est leur impact
sur la qualit e de vie ?
Le premier  el ement de r eponse est que plusieurs
comorbidit es fonctionnelles, soit digestives incluant la
dyspepsie ou le reflux gastro-œsophagien, soit extradiges-
tives et incluant les troubles psychologiques, la fibromyal-
gie, les douleurs pelviennes chroniques, les troubles
sexuels, v esicaux ou un syndrome de fatigue chronique,
sont plus fr equemment observ es chez les malades atteints
de SII que dans la population g en erale [3, 4].
Ces malades ayant des syndromes de chevauchement
avec le reflux et/ou la dyspepsie fonctionnelle ont des
sympt^ omes de SII plus s ev eres, des troubles psychologi-
Extra-intestinal symptoms in irritable
bowel syndrome. A significant impact
on quality of life
Thierry Piche
H^ opital de l’Archet,
service d’h epatogastroent erologie,
Nice,
France
e-mail : <[email protected]>
Pour citer cet article : Piche T. Manifestations extradigestives au cours du syndrome de l’intestin irritable : quelles cons equences sur la qualit ede
vie ? H epato Gastro 2013 ; 20 : 776-777. doi : 10.1684/hpg.2013.0935
doi: 10.1684/hpg.2013.0935
776 HEPATO-GASTRO et Oncologie digestive
vol. 20 n89, novembre 2013
ossier th ematiqueD
HEPATO
GASTRO
et Oncologie
digestive
Troubles
fonctionnels
intestinaux
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ques plus fr equents avec une alt eration plus marqu ee de
la qualit e de vie. Dans une m eta-analyse r ecente, Ford
et al. ont bien montr e que le reflux gastro-œsophagien
etait associ e au SII dans 20  a 25 % des cas avec une
qualit e de vie beaucoup plus alt er ee qu’en l’absence de
sympt^ omes de reflux [7]. Les m^ emes donn ees ont  et e
observ ees avec la dyspepsie fonctionnelle. Mais, de
mani ere int eressante, les malades ayant un chevauche-
ment symptomatique ont aussi une anxi et e plus impor-
tante qui elle-m^ eme influence la qualit e de vie.
‘‘ Le reflux gastro-œsophagien est associ
e
au syndrome de l’intestin irritable dans 20
a 25 % des cas avec une qualit e de vie beaucoup
plus alt er ee qu’en l’absence de sympt^ omes
de reflux’’
&Que dire des plaintes
extradigestives ?
Parmi les comorbidit es extradigestives associ ees au
SII, une fibromyalgie serait mise en  evidence dans
32 % des cas, des douleurs pelviennes chroniques dans
14 % des cas, des troubles sexuels dans 40 %, une cystite
interstitielle dans 40 % des cas et un syndrome de
fatigue chronique concernerait environ 1 malade sur 2 [6].
L a encore, les malades ayant plusieurs comorbidit es
extradigestives associ ees ont g en eralement des troubles
psychologiques plus marqu es avec une qualit e de vie
significativement plus alt er ee. Les troubles psychologi-
ques incluant l’anxi et e, la d epression et la somatisation
concernent une tr es large majorit e des malades au cours
du SII. Mais l’anxi et e et la somatisation apparaissent
comme des facteurs pr edictifs  a l’origine d’un SII plus
s ev ere avec une qualit e de vie plus alt er ee [8].
‘‘ Les comorbidit
es extradigestives associ-
ees au syndrome de l’intestin irritable sont
une fibromyalgie, des douleurs pelviennes chroni-
ques, des troubles sexuels, une cystite intersti-
tielle et un syndrome de fatigue chronique’’
&Que penser de la fatigue
fr equemment d ecrite par
les malades ?
Effectivement, la fatigue ou un syndrome de fatigue
chronique sont souvent rapport es au cours du SII [9]. Dans
un travail r ecent qui a  et e men e dans une cohorte de
malades atteints d’un SII mod er e as ev ere [10], la fatigue
etait la troisi eme plainte extradigestive par ordre de
fr equence. Elle  etait pr esente dans 61 % des cas et bien
corr el ee  alas ev erit e des sympt^ omes digestifs et de
l’anxi et e. Pour conclure, les crit eres de Rome permettent
de porter le diagnostic de SII mais ne prennent pas en
compte les nombreuses manifestations fonctionnelles
digestives ou extra-intestinales qui permettent de rep erer
les malades les plus s ev eres. Parmi les comorbidit es extra-
intestinales, les troubles psychologiques incluant la
somatisation et la fatigue m eritent d’^ etre mieux appr eci es
car ils refl etent bien la s ev erit e de la maladie.
&Comment interpr
eter ces
associations ?
La combinaison des manifestations digestives et extradi-
gestives ajoute  a la complexit e physiopathologique du SII.
Le lien entre ces diff erentes entit es paraı
ˆt^
etre une
sensibilisation centrale marqu ee par un d efaut d’int egra-
tion du signal douloureux au niveau du syst eme limbique.
Liens d’int er^ ets : l’auteur d eclare n’avoir aucun lien
d’int er^ et en rapport avec l’article. &
R ef erences
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HEPATO-GASTRO et Oncologie digestive
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