illustrent ce rapport étroit du droit à la volonté divine. Plus que des codes, ce sont
davantage des recueils de lois, d’objets et d’époques divers, reprenant souvent une
part du droit local antérieur.
Mal connue faute de sources, la première législation élaborée par un roi sous l’inspira-
tion divine remonterait au roi Urukaniga, en 2400 av. J.-C. Le code d’Ur-Nammu autour
de 2100 av. J.-C., en revanche, ne laisse aucun doute sur cette filiation divine ; le roi est
considéré comme l’intermédiaire du dieu qui communique aux hommes la volonté de
cette autorité supérieure et constitue le gardien de l’ordre divin.
Pour aller aux sources du droit
Texte 1 : Extrait du Code d’Ur Nammu, tiré de Samuel Noah Kramer, L’histoire
commence à Sumer, réed. Flammarion 1957, 313 p, pp 79-80
Le Code d’Ur-Nammu est la plus ancienne tablette contenant un code juridique qui nous soit
parvenue. Elle fut rédigée en sumérien vers 2100-2050 av. J.-C. Le premier exemplaire du
code fut découvert en deux fragments à Nippur, puis fut traduit en 1952. Des tablettes furent
ensuite trouvées à Ur puis traduites en 1965 permettant la reconstitution de près de 40 des 57
lois d’origine. De façon moderne, ce code institue une forme de compensation financière en
cas d’atteinte physique. Les actes de meurtre, vol, adultère et viol restent punis de la peine
capitale.
Voici le prologue brièvement résumé (les vides sont remplis par S. K.).
« Quand le monde eut été créé et que le sort de Sumer et de la cité d’Ur eut été décidé, An et
[[Enlil]], les deux principaux dieux sumériens, nommèrent roi d’Ur le dieu de la lune, [[Nanna]].
Celui-ci à son tour choisit Ur-Nammu comme son représentant terrestre pour gouverner Sumer
et Ur. Les premières décisions du nouveau chef eurent pour objet d’assurer la sécurité politique
et militaire du pays. Il jugea nécessaire d’entrer en conflit avec l’Etat voisin de Lagash qui
commençait à s’accroître aux dépens d’Ur. Il vainquit son souverain, Namhani, et le mit à
mort, puis, fort de l’aide de Nanna, roi de la cité, il rétablit les frontières primitives d’Ur ».
« Alors vint le moment de se consacrer aux affaires intérieures et d’instaurer des réformes
sociales ou morales. Il révoqua les fraudeurs et les prévaricateurs ou, comme le code les
désigne, les "rapaces" qui s’appropriaient les bœufs, les moutons et les ânes des citoyens. Il
établit un ensemble de poids et de mesures honnêtes et invariables. Il veilla à ce que l’orphelin
ne devînt pas la proie du riche, la veuve la proie du puissant, l’homme d’un sicle la proie de
l’homme d’une mine ». (...)
Le Code d’Hammourabi établi entre 1792 et 1750 av. J.-C. pour maintenir la grandeur
de l’État constitue le plus complet des textes juridiques à notre disposition et le meilleur
exemple de cette tradition. Le roi Hammourabi qui unifie la Mésopotamie vers 1750
avant J.-C. se pose certes en « roi du droit » mais est présenté, sur la pierre dont on
conserve l’exemplaire au musée du Louvre, comme écrivant le droit sous la dictée du
dieu Shamash. Expression de la volonté divine appelée à rester inchangée dans la
durée, ce droit proche de la morale a peu évolué et se retrouve appliqué sur des bases
identiques près d’un millénaire plus tard. Distinct d’une loi religieuse, il s’apparente à un
règlement de paix et insiste sur la qualité de justicier et de protecteur du roi. Récom-
penses et sanctions divines accompagnent néanmoins son application.
CHAPITRE 1–Droitetreligiondel’Orient ancien à la Grèce, l’intime mélange 21