CHARTE DE CUEILLETTE
DES PLANTES SPONTANÉES
DE GUYANE FRANÇAISE
PRÉSENTATION
DE LA DÉMARCHE
CHARTE DE CUEILLETTE DES PLANTES SPONTANÉES DE GUYANE FRANÇAISE 2
Historiquement connue sous le nom de Bois de Rose,
Aniba rosaeodora Ducke est un grand arbre des
forêts de Guyane. Il a occupé une place importante
dans l’économie locale entre 1875 et 1975 pour la
production de son huile essentielle, un ingrédient
naturel de parfums de luxe. Endémique des forêts
primaires d’Amazonie, de Guyane française, du
Guyana, du Surinam, du Brésil (Pará, Amazonas,
Amapá) et du Pérou, le Bois de Rose est encore
aujourd’hui intimement lié à l’histoire et l’économie
de la région. L’étude documentaire des archives
départementales de 2004, menée par Kristen Sarge
et intitulée : « L’industrie du bois de rose femelle à la
Guyane (XVIIe-XXIe s.) », révèle l’exploitation massive
de la ressource naturelle. Elle a conduit à la raréfaction
de l’espèce et à l’arrêt de son exploitation par arrêté
ministériel du 09/04/2001. En effet, sur la base des
données collectées par les douanes, l’étude montre
que plus de 90% de la ressource a été épuisée en
l’espace de 35 années de 1900 et 1935.
Tel a été le sort du Bois de Rose, victime d’un
développement économique non-durable pour
la Guyane, car en amont il n’a été envisagé, ni la
conservation de la ressource naturelle, ni l’intégration
de l’espèce dans une stratégie de sylviculture
pérenne. Aujourd’hui, les enjeux de conservation
de la Biodiversité sont au cœur des préoccupations
institutionnelles pour le développement de
l’économie locale et devant les immenses dés que
posent d’une part les changements climatiques
globaux et d’autres part les pressions anthropiques
croissantes sur l’environnement.
C’est dans ce contexte très spécique qu’est le
projet anib@rosa, conduit par le CIRAD et dont les
objectifs sont de concevoir les outils de traçabilité
et d’itinéraire agricole ainsi que de mettre en œuvre
la durabilité de la lière de Bois de Rose en Guyane
française.
Selon l’organisation des nations unies pour
l’alimentation et l’agriculture (FAO), l’exploitation à
faible impact peut se dénir comme « une opération
d’exploitation forestière intensément planiée,
précautionneusement mise en œuvre et contrôlée
an de minimiser son impact sur le peuplement
forestier et les sols et en se basant habituellement sur
une sélection des individus à abattre » (FAO, 2004).
En Guyane, la Direction Régionale de l’Ofce National
des Forêts (ONF), qui assure la gestion de 5.5
millions d’hectares du Domaine Forestier Permanent
(DFP), a initié dès 2002 une réexion sur la mise en
place d’une certication « Gestion Durable» de la
forêt guyanaise dans le but de mettre en place les
principes, les critères et les indicateurs permettant de
l’encadrer et de la garantir sur le long terme. Cette
ré-exion a été suivie par l’élaboration de la « Charte
de l’exploitation forestière à faible impact en Guyane
», éditée dans sa première version en 2010.
Cette charte est dotée d’un cahier des charges
précisant les bonnes pratiques en matière de
désignation de la ressource, d’implantation des
pistes de débardage, d’abattage, de chargement
et de transport du bois et d’aménagement de
l’hébergement des personnels en sites isolés
forestiers. Il est également doté d’une liste des
essences commerciales comprenant 47 espèces
ou groupes d’espèces effectivement exploitées en
Guyane principalement pour le Bois d’Œuvre.
Ce processus a abouti en juin 2012 à la création de
l’association de type loi de 1901, appelé Entités
d’Accès à la Certication, l’EAC PEFC Guyane
française. Suite à la certication de PEFC Guyane par
Bureau Veritas, l’obtention de l’agrément par PEFC
France et à l’adhésion de l’Ofce National des Forêts
(ONF) à l’association : plus de 2,4 millions d’hectares
de forêt guyanaise sont désormais certiés PEFC et
cette certication s’étend à la lière Forêt-Bois locale.
Désormais, les propriétaires forestiers peuvent
s’engager dans une démarche de certication ISO
9001 et ISO14001 pour valider la bonne mise en
œuvre de la gestion durable. C’est ainsi que ce
concrétise progressivement la gestion forestière
durable en Guyane française.
CHARTE DE CUEILLETTE DES PLANTES SPONTANÉES DE GUYANE FRANÇAISE 3
Outre l’exploitation du Bois d’Œuvre, l’activité de
cueillette des plantes spontanées, ligneuses et non
ligneuses, est également couramment pratiquée en
Guyane française dans un but alimentaire et aussi
traditionnellement dans un but thérapeutiques ou
encore cosmétique et artisanal. Cette cueillette
de plante est souvent suivie d’une transformation
comme pour les fruits de palmiers, le cacao, la
vanille, le carapa et bien d’autres exemples encore.
La pratique de cueillette de plantes spontanées, sur
des territoires naturels non dégradés, peut elle aussi
bénécier d’une certication de production issue de
l’agriculture biologique sous contrôle d’organismes
indépendants (Ecocert, AB, …).
En 2012, quinze plantes de Guyane ont été inscrites
pour la première fois à la pharmacopée française avec
l’objectif qu’elles soient progressivement complétées
par d’autres espèces locales. Cet évènement, qui se
conjugue avec la Stratégie Régional d’Innovation
(SRI) pour la valorisation des Bioressources de
Guyane, devrait favoriser les pratiques de cueillettes
des plantes médicinales. La production d’huiles
essentielles et extraits de plantes sont également
des activités qui peuvent également conduire à la
pratique de cueillette de plantes en milieu naturel.
Dans la continuité de la démarche engagée pour
l’exploitation forestière en Guyane, la « Charte
de cueillette des plantes spontanées de Guyane
française » a pour objectif d’assurer une valorisation
durable de la ore guyanaise susceptible de faire
l’objet d’une activité économique de cueillette. Elle
est associée à un cahier des charges qui se compose
de ches techniques pour 20 espèces végétales. Elle
ne conçoit pas l’abattage d’arbre, quelle que soit
l’espèce, en dehors des critères de certications de
PEFC Guyane.
Ainsi, en maintenant le lien avec le développement
local, la charte se veut un guide de bonnes pratiques
pour promouvoir le métier de cueilleur, conserver
la biodiversité, garantir le renouvellement des
ressources naturelles et contribuer au développement
de la lière plantes patrimoniales, aromatiques et
médicinales. Son objectif est de favoriser le dialogue
entre les cueilleurs, les institutions de développement
économique et écologique, les acteurs économiques
et les autres usagers des espaces forestiers et
naturels.
Ce guide garantit une pratique de la cueillette qui
satisfait aux critères de certications écologiques et
biologiques de récoltes. Il constitue un cahier des
charges évolutif, disposant de ches spéciques
à chacune des plantes traitées. La cueillette d’une
nouvelle espèce sera prise en compte et fera l’objet
systématique d’un complément du cahier des
charges.
Pour chacun des taxons gure une description
des éléments récoltés (sommités euries, hampes
orales, jeunes rameaux, écorces,…), les périodes
de cueillette préconisées et les outils utilisés an de
respecter au mieux les peuplements et l’écologie des
sites de cueillette.
Ce cahier des charges permet d’informer les acteurs
mais aussi l’ensemble des collectivités sur la manière
appropriée de maintenir des espèces sur leur site
naturel. Ainsi une information claire et précise pourra
être aussi transmise aux partenaires chargés de la
surveillance des ux végétaux et de l’environnement.
INDEX DES NOMS
SCIENTIFIQUES
CHARTE DE CUEILLETTE DES PLANTES SPONTANÉES DE GUYANE FRANÇAISE 4
Sphagneticola trilobata (L.) Pruski ................................................................................................ 6
Unxia camphorata Linnaeus f........................................................................................................ 7
Xylopia frutescens J.B. Aublet ..................................................................................................... 8
Cordia curassavica (Jacq.) Roem. Et Schult. ............................................................................... 9
Protium heptaphyllum (Aubl.) Marchand .................................................................................... 10
Vismia cayennensis (Jacq.) Pers. ................................................................................................. 11
Costus spiralis (Jacq.) Roscoe. .................................................................................................... 12
Kyllinga polyphylla Kunth ............................................................................................................ 13
Kyllinga brevifolia Rottb. Kyllinga odorata Vahl ............................................................ 13
Croton matourensis Aubl. ............................................................................................................ 14
Senna quinquangulata Irwin et Barneby ..................................................................................... 15
Lonchocarpus chrysophyllus Kleinh. ............................................................................................ 16
Lonchocarpus oribundus Benth. ........................................................................................ 16
Dioclea guianensis Benth.............................................................................................................. 17
Siparuna guianensis J.B. Aublet .................................................................................................. 18
Psidium guajava L. ............................................................................................................... 18
Passiora coccinea Aubl. ............................................................................................................. 19
Piper marginatum Jacq. ............................................................................................................... 20
Piper hispidum Kunth. .......................................................................................................... 20
Quassia amara L. .......................................................................................................................... 21
Lantana camara L. ........................................................................................................................ 22
Stachytarpheta cayennensis (Rich.) Vahl ...................................................................................... 23
Stachytarpheta jamaicensis (L.) Vahl. ................................................................................... 23
Zingiber zerumbet (L.) Sm. .......................................................................................................... 24
CAHIER
TECHNIQUE
CHARTE DE CUEILLETTE DES PLANTES SPONTANÉES DE GUYANE FRANÇAISE 5
Instructions préliminaires
Le site de cueillette doit se situer en dehors des espaces protégés.
Pour tout site de cueillette les autorisations écrites du propriétaire et du gestionnaire ou s’il y a lieu
de l’occupant doivent être obtenues.
Chaque site est préalablement observé avant la cueillette pour en sélectionner les spécimens et
déterminer ensuite les conditions respectueuses de cueillette.
L’identication botanique de l’espèce végétale doit être certiée conforme par l’herbier de Guyane
(IRD). Ce processus garantie la taxonomie des espèces et permet d’assurer la traçabilité des sites de
cueillettes.
Une rotation périodique des sites de cueillette doit être réalisée pour assurer le renouvellement de
la ressource par la résilience des peuplements spontanés.
Les plantes récoltées sont taillées soigneusement avec des outils adaptés permettant une
régénération des individus aussi bien dans l’intérêt des professionnels que dans un esprit de
conservation des peuplements écologiques. Les outils utilisés sont soit tranchants soit à dents comme
par exemple : Serpe à dents, faucille à tranchant, sécateurs, hache, scies, etc…
Dans le cas de gure des arbres et l’exploitation forestière il faut se référer à la Charte de
l’exploitation forestière à faible impact en Guyane de l’ONF.
La cueillette dans le milieu naturel, de toute ou partie d’une espèce protégée est explicitement
interdite.
La cueillette en milieu dit de savane roche est à proscrire car l’écosystème est particulièrement
vulnérable aux pressions anthropiques.
Plantes et méthodes de cueillette
Pour chacune des espèces décrites dans la présente charte, figure une fiche technique comportant
les noms scientifiques, vernaculaires et les synonymies de la plante. Les fiches fournissent des
informations concernant l’écologie et l’habitat de la plante ainsi qu’une description botanique.
Elles détaillent les techniques et les fréquences de cueillettes adaptées à la plante et les
conditions de conservation et de résilience des peuplements.
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