INTENTIONS
de Saïda Mezgueldi
Comment parler d’amour sans parler de désamours…
Des-amours est née du regard que je porte d'un côté et de l'autre de la
méditerranée. Lors de mes vas et viens, j'ai toujours rencontré des êtres résolument
aimants mais portant en eux la nostalgie du petit enfant qui croyait aux contes de
fées.
Pour moi aussi les fées ont disparu et je souhaite interroger l'amour d'une rive à
l'autre, l'amour dans tous ces états, à soi, à l’autre, à un pays… le temps des
amours… de nos croyances… de nos fantasmes… Un temps qui est aussi celui que
nous prenons pour leur dire adieu…
Adieux à ceux que l'on aime, ceux qui ont été depuis notre plus tendre enfance
l’incarnation même du « Prince charmant ». Ce héros, cet homme, ce « père » dont
toutes les petites filles du monde entier, rêvent de devenir la princesse.
Des-amours est avant tout un hommage à cet homme, ce père…
Des-amours est avant tout une diatribe contre cet homme, ce père…
§
Les racines de Des-amours plongent dans l’album pour enfant Pauvre Verdurette
de Claude Boujon. Un conte qui raconte l'histoire d'une petite grenouille quittant sa
mare pour partir à la recherche de son prince charmant. Aventure qui se révèle être
une véritable quête initiatique…
Sur scène la quête du prince se vit du point de vue d'Emma, née d'une mère
française et d'un père marocain. Une femme habitée par la croyance universelle de
l'amour absolu... mais écartelée par ses deux cultures. À l'image de la petite
grenouille, Emma transcendera aventures et mésaventures amoureuses, comiques
comme tragiques.
Avec Re-tour (2010), ma dernière pièce, j'interrogeais l’impact de la double culture,
de la double appartenance par le prisme de l’exil…
Avec Des-amours je poursuis pleinement cette exploration mais cette fois-ci via un
tout autre angle de vue : celui de nos rapports amoureux.
Rapports physiques, chimiques entre deux êtres mais aussi rapports historiques,
symboliques, entre deux pays, deux cultures.
Mais c'est l'individu amoureux lui même que je souhaite mettre en scène car c'est
chez lui que se trouve les passions, les déchirements, l’écartèlement...
L'amour, Emma le cherche, le questionne. Elle ne le trouve pas tout en étant rongée
par sa double passion pour la France et le Maroc.