En janvier, le service d’abus de substances a ouvert la consultation NANT destinée aux personnes
souffrant des problèmes d’addiction aux jeux vidéo, au cannabis ou encore à la cocaïne.
RADIOGRAPHIE
ECHOS-SCOOPS
Pulsations l Juin 2007 l Hôpitaux universitaires de Genève
«Accro» aux jeux vidéo, à
Internet, à la cocaïne, au
cannabis ou encore à une
drogue de synthèse ! Un
point commun à toutes ces
dépendances : elles sont
nouvelles et traitées par un
même centre spécialisé des
HUG, la consultation NANT
(nouvelles addictions, nou-
velles thérapies) (1). Ratta-
chée au service d’abus de
substances, cette structure,
comprenant des médecins,
psychologues, infirmiers
et assistants sociaux, a ou-
vert au début de l’année et
s’adresse aussi bien aux
adolescents qu’aux adultes.
Présentation de l’offre et bi-
lan intermédiaire avec son
responsable, le Dr Djamel
Benguettat, chef de clinique.
« Le développement des
nouvelles addictions touche
une part importante de la
population, y compris parmi
les personnes actives, pro-
fessionnellement et sociale-
ment. Le risque est que l’ad-
diction prenne petit à petit
le pas sur le reste: on ne s’oc-
cupe plus de ses enfants ou
de son conjoint, on se désin-
téresse de l’école et du tra-
vail», explique d’emblée le
spécialiste.
Prise en charge identique
En quelques mois, quel -
que 90 patients sont déjà ve-
nus à la consultation NANT.
Ont été accueillis: des dé-
pendants à la cocaïne, à l’In-
ternet (lire article ci-des-
sous), des consommateurs
de cannabis, des dépendants
au jeu, ainsi qu’aux nou-
velles drogues de synthèse
(ecstasy, amphétamines) ou
aux benzodiazépines (tran-
quillisants). Pour tous, la pri-
se en charge est identique:
après un entretien d’éva-
Soigner les nouvelles dépendances Sécurité
et médecine
La XeJournée de forma-
tion continue consacrée
à
Risque, sécurité et mé -
decine
axera ses in ter -
ventions sur le rôle du
patient. Au programme
le matin:
Rôle du patient
en mé de cine : aspects
histori ques,
par Micheline
Louis-Courvoisier,
Asso -
cier le patient à sa sécu-
rité: une nécessité éthi -
que?,
par Alex Mauron;
Asso ciations de patients
et amélioration de la
sécurité des soins,
par
Jean Wills;
Patients et
établissements de santé:
vers une culture com-
mune de la sécurité de
soins,
par Philippe Gar -
ne rin. L’après-midi:
Sécu -
rité des soins: jusqu’où
le patient peut-il s’impli-
quer?,
par Alain Golay;
Rôle des pa tients dans la
sécurité des soins,
par
Thomas Perneger;
Mieux
gérer les plaintes et les
réclamations,
par Danielle
Lamy et
Conclusion: un
patient autonome?,
par
Philippe Barrier.
Organisée par le service
d’anesthésiologie, le ser-
vice d’enseignement thé-
rapeutique pour mala-
dies chroni ques et l’Ins -
titut d’éthique biomédi-
cale, le colloque
Et le
rôle du patient?
aura lieu
le 22 juin à l’auditoire
Marcel Jenny (rue Miche -
li-du-Crest 24). Pour info,
tél. 022 382 75 15, laeti-
l 3
luation individuel suit une
séance d’information col-
lective qui a pour but de
«montrer les similitudes im-
pliquées dans le développe-
ment et le maintien des ad-
dictions, tant sur le plan neu-
robiologique que sur le plan
comportemental», précise le
Dr Benguettat.
Ensuite, la personne suit
un programme de prise en
soins, qui dure six semai -
nes, au cours duquel trois
séances individuelles alter-
nent avec trois en groupe.
«Les thérapies se focalisent
sur le comportement car
l’attitude est davantage en
cause que le produit. Cela
passe par des entretiens mo-
tivationnels qui visent à
amener le patient dans une
phase d’action et dans un
processus de décision. Le
nœud du problème étant le
déni, il faut amener à une
prise de conscience», dé-
taille le praticien. Au terme
de ce «pack de traitement»,
un bilan est tiré et un suivi
personnalisé, si nécessaire,
proposé.
Portes ouvertes
Le Dr Benguettat tire un
premier bilan satisfaisant:
«En quelques mois, des ré-
sultats concrets sont obser-
vés. Cette offre de soins sem -
ble répondre à un réel be-
soin de la population.» Pour
mieux connaître l’équipe et
les prestations de la consul-
tation NANT, des portes ou-
vertes sont organisées le
jeudi 7 juin, de 16h à 20h.
Giuseppe Costa
(1) La consultation NANT se situe rue
des Cordiers 3, tél. 022 372 56 00.
Heures d’ouverture: lundi, mer-
credi et vendredi, de 9h à 18h.
NOMINATIONS UNIVERSITAIRES
Le Conseil d’Etat a conféré au Dr
Pierre Burkhard, le titre de professeur
adjoint en neurosciences au dépar-
tement des neurosciences cliniques
et dermatologie à la faculté de mé -
decine. Actuellement médecin adjoint
agrégé du service de neurologie, il
a effectué sa formation post-graduée
en Suisse puis aux Etats-Unis. Ses
travaux de recherche concernent
principalement le domaine des ma -
ladies neurodégénératives.
Le Conseil d’Etat a conféré au Dr
Pavel Dulguerov le titre de profes-
seur associé au département des
neurosciences cliniques et dermato-
logie aux facultés de médecine et de
psychologie et sciences de l’éduca-
tion. Médecin adjoint agrégé, res-
ponsable de l’unité de chirurgie cer-
vico-faciale, il a effectué sa formation
post-graduée à Genève et aux Etats-
Unis. Ses travaux concernent les
glan des salivaires et l’oncologie ORL.
Le Conseil d’Etat a conféré au Dr
Jean-Silvain Lacroix le titre de pro-
fesseur associé d’oto-rhino-laryngo-
logie au département des neuros-
ciences cliniques et dermatologie à
la faculté de mé decine. Médecin ad -
joint agrégé, responsable de l’unité
de rhinologie et olfactologie, il a fait
sa formation post-graduée en Suède
et en Aus tralie. Ses travaux por-
tent sur l’inflammation des mu queu -
ses rhinopharyngées et respiratoires.
Comment sortir du tourbillon virtuel?
Passionné de FPS et de MMORPG, des jeux vidéo en ligne, un jeune témoigne
de sa cyberaddiction.
FPS soit First-person shoo-
ter ou si vous préférez «jeu
de tir à la première person-
ne». Ou encore le MMORPG:
le jeu de rôle en ligne mas-
sivement multijoueur (mas-
sively multiplayer online role-
playing game) où on se cons -
truit un personnage qui de-
vient son avatar, l’incarna-
tion de sa propre person ne
au sein du jeu. Depuis 2005,
World of Warcraft, le plus po -
pulaire des MMORPG, atti-
re des millions de jou eurs
actifs sur le web. Bien venue
dans l’univers virtuel des
jeux vidéo en ligne.
Un espace où on ne tue pas
ses adversaires, mais où on
les «frag»! Un monde que
Thierry*, 22 ans, expérimen-
te depuis son adolescence.
«Une véritable passion qui a
pris toujours plus de place
dans ma vie. Au début, je
jouais un peu, puis quelques
heures et finalement jusque
tard dans la nuit», résume-
t-il. Ses parents s’inquiètent
et lui demandent de pren -
dre un rendez-vous à la
consultation NANT, qui trai-
te notamment des «accros»
au net (lire ci-dessus).
Prise de conscience
salutaire
Après plusieurs séances,
la situation a changé. «Je me
suis rendu compte de l’état
dans lequel j’étais. La consul-
tation m’a permis de faire le
point sur moi-même et de
comprendre quelle place oc-
cupaient les jeux vidéo dans
ma vie. Il faut arriver à ne
pas se couper des activités
sociales, des sorties, des co-
pains. J’ai pris conscience
que cinq heures de sommeil
étaient insuffisantes», ex-
plique-t-il. Avant d’ajouter:
«A cause de sa passion, on
peut perdre la maîtrise sur
sa vie. Il ne faut pas se cloî-
trer dans ce monde virtuel:
on peut y entrer, mais il faut
savoir en sortir.»
Aujourd’hui, le jeu vidéo
occupe encore une place
importante dans la vie de
Gaëtan, mais il ne prend
pas le pas sur le monde réel
puisqu’il a un travail, des re-
lations familiales, des amis
et d’autres loisirs. Il adres-
se d’ailleurs un message
aux plus jeunes qui, encore
immatures, pourraient se
faire prendre dans ce tour-
billon virtuel: «Jouer, c’est
bien, mais surtout il faut se
fixer des limites.»
G.C.
* Prénom fictif.
pub
J. Gregorio
Selon le Dr Djamel Benguettat, le premier entretien est un pas important
pour marquer le début d’un processus thérapeutique.
J. Gregorio
Avec les jeux vidéo, il est important de se fixer des limites.