Approches du trouble du comportement - HS 1

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Collection Troubles du comportement
sociographe / hors série
Approches du
trouble du comportement
L’enfance et l’adolescence par gros temps
sous la direction de
Yannick Breton
et de la verrerie
CHAMP SOCIAL
É D I T I O N S
Numéro ISSN : 1297 - 6628
Dépôt légal : décembre 2005
Marque déposée
La responsabilité des articles incombe à leurs auteurs.
Directeur de publication : Jacques Fraisse
Comité des directeurs : Marie-José Auburtin (ESTES), Pierre Bechler (IREIS RhôneAlpes), Jacques Fraisse (IRTS-LR), Jean-Michel Godet (IRTS-BN), François Sentis
(IRTS PACA-Corse), Jean-Louis Lozé (IRTS-NPDC)
Rédacteur en chef : Guy-Noël Pasquet
Secrétaire de rédaction : Marc Trigueros
Comité de rédaction : Philippe Crognier, Charles Foxonet, Jean-Marie Gourvil,
Jean-Marie Heydt, Monique Jeannet, Marie-Christine Llorca, Jacques Papay,
Jacqueline Paris, Evelyne Piednoir, Nordine A. Touil
Comité scientifique : Youcef Bentaala, Yannick Breton, Roland Dautry, , Catherine
Robelin, Georges Schambach
Conception graphique : Marc Trigueros (couverture)
Mise en page : Bernard Quérol
Impression : Atelier occitan d’imprimerie (30, Nîmes)
Diffusion et distribution en librairie : Champ social/Les Belles lettres
Ce numéro Hors-Série a été réalisé en partenariat
avec le Centre universitaire de formation et de recherche de Nîmes.
Photographie de Catherine Robelin (p. 3)
www. lesociographe.org
Le sociographe. 1011, r ue du pont de
Lavérune. CS 70022. 34077 Montpellier cedex 3
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Approches du trouble du comportement
L’enfant et l’adolescent par gros temps
sous la direction
de Yannick Breton
SOMMAIRE
M. Yannick BRETON, formateur IRTS-LR, maître de Conférence associé,
Centre universitaire de Nîmes
« Présentation » ..................................................................................... 8
I- LES ORIENTATIONS INSTITUTIONNELLES D’UN DISPOSITIF
M. Michel DEFRANCE, directeur IR-ITEP, président de l’AIRe
« Du travail de terrain aux textes législatifs » ......................................... 16
M. Lionel DENIAU, directeur IR-ITEP, président de Métis Europe,
« Les perspectives européennes » ........................................................... 33
Mme Odile TIERS, présidente de l’association ANJEU-TC
« Présentation de l’association » ............................................................ 37
II- HISTOIRE D’UN MÉTIER, HISTOIRE D’UNE INSTITUTION
M. Bernard DUREY, directeur à la retraite de Centre de patronage,
de Centre d’observation, d’Institut de rééducation
et de structure expérimentale (Solstice)
« La transformation » ........................................................................... 46
Mme Catherine BEAU-SADORGE, éducatrice spécialisée
« ITEP : À la recherche d’une identité » ................................................ 66
III- LE CADRE JURIDIQUE
M. François-Xavier FORT, maître de Conférence en droit,
Centre universitaire de Nîmes
« Un espace de Droit, des droits en devenir » ........................................ 90
M. Serge HEUZÉ, directeur IR-ITEP, secrétaire général de l’AIRe
« Les avancées du décret 2005
quand une pratique de terrain inspire la loi » ....................................... 110
M. Didier POTIN, directeur-adjoint IR-ITEP
« Les rapports des Inspections générales de trois Ministères
et documents annexes » ....................................................................... 132
IV- LE FACTEUR ÉCONOMIQUE, LES CONDITIONS SOCIALES
M. Claude WACJMAN, directeur d’IR-ITEP
« Traiter les troubles du comportement
par la pression sécuritaire et la judiciarisation ? » ................................. 152
M. Olivier DUPILLE, directeur Centre APF
« Quel fiancement, pour quelle action social ? » ................................ 158
V- LES MODALITÉS INSTITUTIONNELLES DE PRISE EN CHARGE
1- L’institution moderne : le sens d’un dispositif ouvert
M. Sylvain FAVEREAU, directeur IR-ITEP
« Les Instituts thérapeutiques éducatif et pédagogiques
sont dans le champ du handicap » ...................................................... 168
M. Youcef BENTAALA, chef de service IME, responsable SESSAD,
« Quand l’institution devient articulation » ....................................... 190
2- L’offre de soin
Professeur Philippe JEAMMET, psychiatrie de enfant et de l’adolescent,
« La fonction du symptôme » ............................................................ 199
Professeur Jean-Pierre VISIER, pédopsychiatre, psychanalyste
et Professeur Michèle MAURY, Service de médecine psychologique enfantadolescent, CHU Montpellier
« Quelques nouvelles données sur le développement précoce. Une aide pour
aborder les troubles du comportement » ............................................. 220
M. Paul COTTA, psychopathologiste, psychanalyste ITEP d’Armentières,
responsable clinique du « Taquin », attaché CHU, Lille
« Des états limites au sujet hors limite.
“Des adolescents sans histoire” » ....................................................... 239
Dr Robert BRES, psychiatre, responsable Unité de soin
pour adolescents en grande difficulté, Montpellier
« Une unité d’occasion » .................................................................... 262
Dr Valérie COMPAN, maître de Conférence,
laboratoire de génomique fonctionnelle, CNRS UMR5203,
INSERM, U661, Université Montpellier I et II,
Institut de génomique fonctionnelle
« À propos de la ritaline » .................................................................... 272
3- L’offre éducative
M. Serge BÉZIAC, formateur IRTS
« De l’internat comme prise en charge » ............................................. 287
M. Alain SADORGE, éducateur spécialisé IR-ITEP
« Une journée “hardinaire” en IR » ..................................................... 296
Mme Nelly DROUET-LACROIX, éducatrice spécialisée
« Place de la famille en ITEP » ........................................................... 310
4- L’offre pédagogique
Mme Sylvie CANAT, formatrice IRTS,
membre de l’équipe de recherche « Jeune équipe d'accueil,
Esthétique et Éducation en psychanalyse », 24/17,
« Quels besoins scolaires spécifiques pour accueillir
des enfants ayant des troubles du comportement » .............................. 335
M. Bruno DAGRON, éducateur technique spécialisé
« L’atelier » ......................................................................................... 351
M. Alain HIRT, inspecteur de l'éducation nationale
chargé de l'adaptation et de l'intégration scolaires
« Des troubles du comportement à l’école » ....................................... 357
Mme Frédérique LANDOEUER, enseignante spécialisée
« Débattre sur des mythes en classe relais » ......................................... 362
APARTÉ
Mme Catherine ROBELIN, enseignante Centre universitaire de Nîmes
« De la cristallisation » ....................................................................... 390
M. Emmanuel GLEYZE, sociologue
« Des faits de parole aux faits expériencés :
enquête sur les troubles du comportement
à partir des représentations sociales
d’éducateurs spécialisés et d’assistantes sociales » ................................. 395
DOCUMENTATION
Collectif étudiants IRTS, textes de lois référencés,
bibliographie générale .......................................................................... 407
Présentation
Yannick BRETON
8-
De nombreux débats et travaux témoignent de l’enjeu et de l’importance des questions actuelles liées aux troubles du comportement. Pour autant, d’être au carrefour des conditions sociales, des
pratiques médicales, des attentions pédagogiques, des inquiétudes
juridiques, et du souci éducatif, le sujet n’en demeure pas moins
complexe et difficile à cerner.
Les IR/ITEP sont, au regard de leurs missions et de leurs pratiques, au cœur de cette actualité ; ils organisent l’espace institutionnel (le crée parfois) où se réalisent les prises en charge dans
leur quotidienneté et dans la responsabilité inhérente à un tel
accompagnement. Ces lieux d’accueil éducatif, pédagogique et
de soin, sont aussi des lieux privilégiés pour l’élaboration des
savoirs et des savoir-faire au vif de l’expérience.
En ce domaine, les lois qui déterminent les grandes orientations
générales, les décrets qui les connectent aux particularités institutionnelles et aux systèmes de compréhension et de réception du
problème, et in fine les pratiques de terrain où elles deviennent des
moments de vie ont toujours un travail d’articulation à réaliser.
Considérer que tout « cela ne va pas de soi », et qu’il y a encore et
toujours des choses à questionner sur le sens de notre entreprise
parce que notre entreprise ne cesse pas de changer est une nécessité
fondatrice et en même temps « la moindre des choses ».
Aujourd’hui, alors que sont en cours dans notre société de profondes mutations et que d’autres sont en préparation, la transformation des Instituts de rééducation (IR) en Instituts thérapeutiques éducatifs et pédagogiques (ITEP), participe au nouveau modelage du secteur médico-social. Cet ensemble de dispositifs propre à une compréhension d’un certain nombre de difficultés vécues par des enfants et des adolescents est le fruit d’un
long et sérieux travail réalisé au cours de la deuxième moitié du
vingtième siècle jusqu’à nos jours.
Depuis un demi-siècle, la législation n’a pas cessé de mettre en
forme les aspirations et les pratiques d’accompagnement et d’encadrement du secteur. En ce sens, les évolutions juridiques,
depuis les premières annexes XXIV de 1956, en passant par la loicadre d’orientation de 1975 jusqu’à la toute récente loi de 2005
pour l’égalité des droits et des chances, ont problématisé les questions singulières dans un rapport variable avec l’espace collectif.
C’est, entre autre chose, cette sensibilité au contexte qui a fait
passer de la notion d’enfance inadaptée des années cinquante au
champ du handicap en 1975 puis au projet individualisé à partir
de 1989. Aujourd’hui, avec la loi 2005, nous sommes dans une
modification profonde des façons de construire le rapport de protection de l’institution aux sujets dont elle défend les droits fondamentaux d’accessibilité à l’espace du droit commun.
Penser la notion de handicap dans son rapport au droit commun, c’est en même temps réorienter la notion de droit commun elle-même en prenant appui sur l’expérience de vie du
plus grand nombre. Ainsi il n’est pas impossible d’imaginer
que nous entrons dans l’ébauche d’un droit nouveau pour
lequel ce n’est plus le droit commun qui détermine les individus qui vont le représenter (sous le registre de la norme) mais
la diversité des individus qui compose la possibilité d’un droit
commun. C’est cette possibilité comme horizon qui nous
oblige à un devoir constant de transformation au fur et à
-9
mesure que les conditions d’existences individuelles et collectives mutent. Mais cela n’oblige sans doute pas à défaire les
espaces d’accompagnement élaborés par notre histoire, mais
peut-être à les articuler différemment.
Ces dernières années, ce chantier a trouvé auprès d’associations de professionnels, et aussi depuis peu d’associations de
familles, un véritable lieu d’expression et de réflexion. C’est
l’enjeu de ce débat que nous essayons dans les chapitres I, II et
III de cette revue de traduire.
10 -
Chacun le sait, à la souffrance éprouvée par un sujet ne peuvent
répondre qu’imparfaitement des appellations représentant le ou
les référentiels sur lesquels une communauté professionnelle tentent de s’accorder. À l’inévitable imperfection des dispositifs, à la
nécessaire diversité des personnels et de leurs points de vue
répond le désir de présence de tous ceux qui à un titre ou à un
autre se sentent concernés.
Ne pas accroître le risque d’exclusion engendré par le trouble du
comportement, faciliter les processus de participation à la vie
sociétale de toutes personnes en situation de handicap, représente une haute ambition qui va bien au-delà de la simple aide
secourable (toujours insuffisante), mais demande de prendre en
compte la différence entre la déficience objectivable et la situation de handicap, toujours variable en fonction du contexte et
des conditions d’accueil. Ainsi, par exemple, l’égalité des chances
pour la culture et l’accès à la citoyenneté n’implique pas nécessairement de fréquenter tous la même école, mais de pouvoir bénéficier d’un dispositif d’apprentissage et de socialisation qui fasse
sens.
Malgré sans doute de bonnes raisons d’avoir des inquiétudes sur
le devenir des pratiques sociales et de soins, il est important de
repérer les nombreuses avancées réalisées dans la qualité de la
vigilance apportée et dans le suivi proposé. Dans le même mou-
vement, il convient aussi d’accepter que le secteur de l’éducation
spécialisée soit profondément modifié par les enjeux d’une
démocratie en voie de modernisation (dans le cas de figure le
plus optimiste bien sûr). Même s’il est vrai que la pression de
plus en plus constante du facteur économique tend à transformer un peu unilatéralement la donne et qu’en valorisant les
actions à court terme, il plonge parfois dans l’oubli les suivis sur
des parcours institutionnels plus longs. Cependant, ce n’est pas
la première fois que le secteur se trouve bouleversé par des données qui lui sont extérieures et lorsque les historiens feront par
exemple le bilan de l’impact des lois de décentralisation de 1983,
nous mesurerons les profondes restructurations des façons de
travailler dont elles sont l’agent, y compris sur le plan des choix
cliniques.
Nous devons intégrer dans nos perspectives que l’évolution
sociale ne se produise plus uniquement à partir d’une redistribution des richesses, car ce système rend trop dépendante la solidarité sociale d’une forme de capitalisme paternaliste, de moins en
moins présente, et de plus en plus relayée par un libéralisme qui
ne poursuit pas les mêmes objectifs. Il est donc nécessaire de
construire de nouvelles façons de faire pour la mise en œuvre des
politiques sociales et médico-sociales. Cela ne se peut que si
nous acceptons ce qu’il y a de plus difficile, c’est-à-dire la redéfinition de notre position au regard de certains mots. Redéfinir ce
que nous considérons comme une richesse et surtout délimiter
les moyens par lesquels nous sommes prêts ou pas à la soutenir.
Si cet effort est à la fois critique et épistémologique, il est avant
tout à considérer comme existentiel et donc comme facteur
inter-humain (chap. IV).
De leur côté, la biologie et la recherche pharmaceutique ont
mis à disposition des médecins des traitements efficaces sur le
court terme, mais qui doivent faire l’objet de débats quant à
leurs effets dits secondaires. Par ailleurs, même si on prouvait
- 11
un degré zéro de nocivité, la question du seul traitement chimique, soit un traitement qui soigne le trouble de la relation
en dehors de celle-ci et sans l’intervention du sujet concerné
resterait problématique sur le plan de la subjectivité comme
pour les enjeux d’une citoyenneté participative. Cependant il
serait vain de rejeter en bloc les résultats obtenus par la médecine sous ce seul prétexte (chap. V).
12 -
Les sciences humaines (psychanalyse, cognitivisme, systémie),
les classifications internationales (DSM, CIM), le tout récent
rapport d’expertise collective de l’Inserm, n’ont pas manqué de
proposer des outils et des méthodes pour essayer de réguler les
souffrances. Là encore, le débat doit continuer entre ces différentes approches pour lutter contre toutes les tentations autoritaires, qui les animent parfois, de modélisation de la vie psychique et donc de sa réduction. D’ailleurs, devant les réussites et
les échecs des unes et des autres, il n’est pas improbable d’imaginer que ce soit un travail impliqué du praticien qui produise des
effets positifs et non l’utilisation de telle ou telle référence théorique, même si bien sûr la conduite du soin se doit d’être structurée et référée pour se transmettre, être régulée et se partager
(chap. V).
Enfin les travailleurs sociaux, de par l’ardeur et l’inventivité dont
ils font preuve dans leur travail au quotidien, ont su influer leur
dynamisme sur les cadres législatifs, sur les conceptions théoriques et s’organiser en associations pour prendre du recul sur les
pratiques et mettre à l’épreuve les théories (en la matière, on se
référera aux publications des actes des Journées de recherche de
l’AIRe depuis 1996) [chap. V].
Même si le trouble du comportement demeure quelque peu
énigmatique sur le plan de la nosologie, même si les actions pour
le contenir sur le plan social et relationnel et pour amoindrir les
souffrances générées sont encore souvent incertaines, il n’en
demeure pas moins que les pratiques évoluent, que les ques-
tions, riches de leurs expériences de terrain et de leur élaboration, apprennent à se formuler autrement. C’est ainsi que nous
sommes passés du scolaire au pédagogique, du rééducatif à l’éducatif et au thérapeutique et que se dessine la possibilité de voir les
apprentissages s’imaginer au travers de la créativité. Beaucoup de
travail a été réalisé, beaucoup de travail est en cours, et de toute
façon il restera toujours beaucoup de chose à faire en qualité de
trouble du comportement de l’être humain. C’est pourquoi il
nous a semblé opportun de rassembler en ce moment de transition un certain nombre de travaux pour faire le point sur les
questions qui nous mobilisent.
L’Institut régional du travail social/Languedoc-Roussillon et le
Centre universitaire de Nîmes dans leur fonction de formation,
de recherche et d’animation souhaitent participer de leur place à
cette réflexion.
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