De l`homosexualité et du don du sang (3)

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Coordination : Dr Jean Perdrix, PMU ([email protected])
Dépistage du cancer
du poumon : enfin
un instrument efficace ?
Le cancer du poumon est fréquent
et associé à une mortalité importante, qui a pu être réduite significativement par l’amélioration de la
chirurgie curative et des mesures
adjuvantes. Le dépistage précoce
pourrait améliorer encore ce pronostic, mais aucune méthode ne
s’est avérée suffisamment efficace
jusqu’à l’apparition du CT-scan
thoracique à faible irradiation, qui
permet une visualisation suffisamment précise pour détecter des tumeurs de petite taille. Afin de vérifier les données positives d’études
observationnelles, cette étude
multicentrique américaine a enrôlé
plus de 50 000 fumeurs à risque
de plus de 55 ans, et a comparé
un dépistage annuel pendant trois
ans par radiographie du thorax
(Rx) ou par CT de basse irradiation (CT). Après plus de six ans de
suivi, et malgré un taux de faux positifs très élevé ( 95%), le CT s’est
avéré plus efficace que la Rx pour
détecter les cancers. Il a permis
ainsi une diminution de la mortalité
liée au cancer de 20%, et les auteurs concluent que le CT à faible
irradiation est un outil efficace de
dépistage du cancer du poumon
dans une population à risque.
Commentaire : Sur la base de
ces résultats, le dépistage précoce par CT doit-il devenir un
standard ? Cette excellente étude
interventionnelle le suggère, mais
mérite cependant quelques remarques tempérantes, beaucoup
de questions essentielles restant
sans réponse. Le taux élevé de
participation et d’adhérence serat-il reproductible en dehors d’une
étude clinique, et un bénéfice aussi
important sera-t-il obtenu par un
dépistage de population à risque ?
Quelques dommages collatéraux
sont prévisibles, notamment les
conséquences psychologiques
inévitables du taux élevé de faux
positifs, les coûts supplémentaires
liés aux examens de confirmation
du diagnostic, et les événements
indésirables induits : l’impact sur
le bénéfice de l’augmentation du
niveau d’exposition aux rayons X
dans la population est certain,
mais encore difficile à évaluer.
point de vue
De l’homosexualité et du don
du sang (3)
Le ministère britannique de la Santé vient
d’annoncer avoir levé l’interdiction qui in­
terdisait aux hommes ayant des «rapports
sexuels avec des hommes» (HSH) de donner
leur sang. Cette décision a été prise sur la
base des conclusions de l’Advisory Commit­
tee on the Safety of Blood, Tissues and Or­
gans. Elle tient compte pour l’essentiel de
l’amélioration de la sensibilité des tests de
dépistage de l’infection par le VIH. Pragma­
tisme britannique oblige : elle ne concernera,
explique­t­on publiquement, que les homo­
sexuels britanniques qui (remplissant par ail­
leurs les critères habituels de sélection) dé­
clareront ne pas avoir eu, durant l’année
précédente, de rapports sexuels (oraux ou
anaux ; protégés ou non) avec un partenaire
masculin.
Outre­Manche, la mesure d’interdiction
avait été prise au début des années 1980. Le
délai préventif d’une année avait déjà été
appliqué aux femmes ayant eu des rapports
avec un homosexuel ainsi qu’aux personnes
ayant fréquenté des prostituées ou ayant eu
des rapports avec une personne ayant pris
de la drogue par voie intraveineuse. La pro­
position de la commission consultative a été
acceptée par les ministres de la Santé d’An­
gleterre, d’Ecosse et du Pays de Galles. Elle
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entrera en vigueur le 7 novembre.
«La levée de cette interdiction est une bonne
nouvelle, mais certains homosexuels seront
toujours frustrés de ne pas pouvoir donner
leur sang» estime Carl Burnell, responsable
de l’une des plus grandes associations bri­
tanniques d’homosexuels. Ce dernier recon­
naît toutefois que le délai d’un an se fonde
sur des données scientifiques pour s’assurer
de l’innocuité des dons vis­à­vis des virus
de l’hépatite B et du sida. D’autres militants
qualifient le délai de douze mois d’«excessif»
et d’«injustifié».
Et voici que resurgit publiquement une
question qui, sous nos latitudes, a agité de ma­
nière récurrente les responsables de la santé
publique et ceux d’associations défendant les
droits des communautés homosexuelles (Revue médicale suisse des 26 juin et 12 juillet
2006). Une question qui continue à diviser
même si elle a perdu, avec le temps, de son
potentiel d’indignation. C’est par exemple le
cas en France où les HSH demeurent exclus
du don du sang.
En juin 2011, à l’occasion de la Journée
mondiale du don du sang, les associations
françaises «SOS­Homophobie» et «Elus lo­
caux contre le sida» ont une fois encore qua­
lifié cette exclusion de «discriminatoire» et
Enfin, qui, et surtout combien, seront ces radiologues «dépisteurs»
formés pour cet exercice ? Beaucoup de questions en suspens,
qui suggèrent qu’il faut donc
encore attendre avant de promouvoir un dépistage du cancer du
poumon. L’effet positif de la réduction du tabagisme sur le risque du
cancer du poumon ne fait quant à
lui pas de doute : il faudra peutêtre alors choisir entre des mesures antitabac réellement efficaces
et le dépistage…
Dr Thierry Fumeaux
Hôpital de Nyon
The National lung screening trial research team. Reduced lung-cancer
mortality with low-dose computed tomographic screening. N Engl J Med 2011;
365:395-409.
«insultante». «L’Etablissement français du
sang (EFS) alerte plusieurs fois par an sur le
risque de pénurie mais les gays sont tou­
jours interdits – à vie ! – de donner leur sang,
sans qu’une quelconque question relative à
leur comportement leur soit posée lors du
questionnaire préalable à tout don», dénon­
çaient alors les deux associations. Elles re­
connaissaient la nécessité d’édicter un cer­
tain nombre de contre­indications au don
du sang, notamment pour les personnes ayant
des comportements à risque mais unique­
ment sur la base «de critères de santé pu­
blique». A l’inverse, l’exclusion devient «in­
Revue Médicale Suisse – www.revmed.ch – 28 septembre 2011
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