Introduction - Le Soleil sur les Monnaies Romaines

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Introduction
Depuis le Néolithique, et dans la plupart des civilisations agropastorales, le Soleil, source
nourricière et bienfaitrice, bénéficie de représentations cultuelles et sacrées. A l’Age du
Bronze, en Europe du Nord, il prend la forme d’un disque éblouissant, posé sur un char tiré
par des chevaux (cf. le char de Trundholm) et dans l’Egypte pharaonique, une forme
identique, coiffe la tête de nombreuses divinités (Rê, Hathor, Horus…)
Pour les Grecs, qui aiment les figures anthropomorphes, c’est le dieu Hélios qui guide son
quadrige étincelant dans une course quotidienne, inondant de ses rayons bienfaiteurs la terre.
A Rome, dès l'époque royale, une divinité primitive, Sol, est vénérée dans l’Urbs. Il bénéficie
même d’un temple au Circus Maximus, patronnant ainsi les courses de chars.
En bref, les Grecs comme les Romains, matérialisent artistiquement l’astre solaire comme un
aurige céleste, brillant de mille feux.
Au tout début du IIIe siècle avant J.-C., une nouvelle iconographie solaire s'impose dans le
monde antique. En effet, pour fêter la fin du siège de la ville par les Antigonides en 304, la
cité portuaire de Rhodes, décide de commander au sculpteur bronzier Chares une statue
colossale en pied du dieu Hélios. Plusieurs séries monétaires commémorent alors l'évènement
par la seule représentation de la tête radiée du Soleil, vu de profil, puis de face.
Au Ie siècle avant J.-C., les scalptores romains s’inspirent sans doute du modèle rhodien pour
traduire les manifestations « solaires » sur leurs monnaies . Mais la représentation en pied, ou
debout si l'on préfère, du dieu Soleil n'apparaît pas sur les monnaies avant le règne de Septime
Sévère. Elle illustre alors la grande campagne militaire menée par l'empereur au coeur de la
Mésopotamie en 197-198 et sa victoire sur les Parthes. Ce modèle iconographique est le plus
fréquent à l’époque constantinienne avant la conversion de l’empereur Constantin I le Grand
au christianisme.
Par l'étude des principales représentations et légendes "solaires" sur les monnaies romaines,
nous allons tenter de retracer l’évolution du culte du Soleil sous l'Empire romain tardif (IIIe et
début du IVe siècles) et l'importance de la divinité auprès des empereurs. En effet, vénéré
dans l'armée, Sol Invictus, le Soleil invincible, devient rapidement au IIIe siècle le compagnon
et le protecteur des empereurs auxquels - le croit-on - il transmet sa puissance et ses vertus.
L'importance croissante du monnayage "solaire" à partir des années 260/270 – avec des
« pics » sous les règnes des empereurs Aurélien et Probus, dévôts de « Sol Invictus » démontre à lui seul l'héliolâtrie qui se développe dans l’Empire romain à une époque difficile
marquée par l'instabilité politique et économique.
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A / Les représentations monétaires « solaires »
1) Le visage radieux du Soleil
En 42 avant J.-C., inspiré probablement par le portrait d’Hélios qui ornait les monnaies en
argent de Rhodes à l’époque hellénistique (BMC. 18. 242. 128), le triumvir monétaire Lucius
Mussidius Longus fait frapper des deniers à Rome (RRC.494/43) présentant le buste radié de
Sol, vu de ¾ avant.
Selon certaines interprétations, la présence du Soleil sur cette monnaie pourrait rappeler d’une
part la déification de César, voulue par Marc Antoine cette même année 42, et d’autre part un
sacerdoce du triumvir consacré au culte du Soleil ? Sur le denier présenté ci-après (RRC 533/2),
Antoine vêtu de la toge, la tête voilée comme les prêtres, brandit le lituus, bâton sacrée des
augures. Sur l’autre face est associée la tête radiée du Soleil, vu de profil. La divinité fait écho
à la politique orientale d’Antoine – son rapprochement avec la reine d’Egypte Cléopâtre VII –
et son « assimilation » à la figure d’Alexandre le Grand en Hélios. Ses enfants porteront les
noms d’Alexandre-Hélios et Cléopâtre-Séléné, le Soleil et la Lune des Grecs d’Alexandrie.
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Mais la présence du buste du Soleil sur les monnaies évoque surtout les guerres orientales de
Rome contre les Parthes. Déjà, en 20 avant J.-C., Auguste efface le déshonneur de la défaite
de Carrhae, en récupérant les enseignes militaires de l’armée de Crassus, rendues
gracieusement par les Parthes. Les deniers de Lucius Aquillius Florus fêtent cet évènement en
associant le buste du Soleil à la prospérité du règne de « César Auguste » (RIC I. 303).
Sous les Antonins, la figuration du buste solaire sur les monnaies symbolise surtout les
guerres menées en Orient contre les Parthes, les « ennemis héréditaires » de Rome. Vers 116117, les deniers à la légende « Parthico… » célèbrent les victoires de Trajan en Orient ( RIC II
326).
L’année suivante, les aurei du nouvel empereur, Hadrien, qui a participé aussi à l’expédition
parthique de Trajan, commémorent encore l’événement en introduisant la légende « Oriens »,
soulignant ainsi que le Soleil est bien le symbole de l’Orient ( RIC II 43(b)).
Quelques années plus tard, en 207, sur le revers des deniers frappés au nom de Septime
Sévère, la gravure du buste du Soleil est accompagnée de la légende «Pacator Orbis » , le
Soleil « pacificateur du monde » ( RIC IV(1) 282).
On retrouve beaucoup plus tard encore ce type monétaire sur des antoniniani de l’usurpateur
Postume, chef de l’éphémère « Empire des Gaules », émis dans l’atelier de Cologne ou de
Trèves vers 265-268 (RIC V(2) 317)
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Le message politique est clair : l’empereur a ramené l’équilibre au sein du monde romain en
le sécurisant. Il gère son Empire comme le Soleil dans l’univers.
Le rapprochement entre le Prince et le Soleil, voire l’assimilation des deux, est bien indiqué
sur le monnayage par la représentation étroite de leurs bustes. Ainsi, « l’empereur gaulois »
Victorinus se fait représenter à côté du dieu sur l’avers de ses monnaies d'or RIC V(2) 12) . A
une époque où la dignité impériale vacille, les empereurs cherchent une « garantie sacrée »
qui solidifiera leur autorité sur le monde romain. Le Soleil est la référence religieuse du IIIe
siècle, divinité guerrière invincible dont les empereurs tentent d’accaparer la puissance.
Quelques rares monnaies composent un langage « solaire » plus complexe : les aurei de
Postume à la légende « Claritas Aug(usti) », frappés dans l'atelier de Cologne ou de Trèves en
266 mettent en scène les couples Postume/Hercule et Sol/Luna, métaphore d’un empereur et
de sa divinité particulière, guidés et protégés par des astres aux propriétés lumineuses et
salvatrices (RIC V(2) 260) .
Dans cette époque tourmentée, le Soleil, guerrier invincible aux qualités innombrables, est
une référence obligée pour les empereurs légitimes, et plus encore pour les usurpateurs, qui
cherchent non plus seulement sa protection (d’autres dieux comme Apollon ou Jupiter en sont
largement capables) mais, en quelque sorte, sa transcendance divine. En Bretagne, dans
l’atelier de Camulodunum (Colchester ?), les graveurs dessinent sur les avers des antoniniani
les bustes accolés du Soleil et de l’usurpateur Carausius, soulignant par la légende « Virtus
Carausii », la transmission virtuelle des qualités intrinsèques du dieu solaire à l’empereur
breton (RIC V(2) 233). A terme, purifié par le Soleil, l’empereur du IIIe siècle franchit un
nouveau palier qui le rapproche du monde divin comme le souligne bien l’auteur latin
Macrobe : « De même, les diverses propriétés du Soleil ont donné naissance à des dieux ».
Dans sa biographie consacrée à l’empereur Aurélien, l'historien E. Cizek titre « le Soleil,
maître de l'Empire romain ». C'est la traduction de la légende monétaire « Sol Dominus
Imperi Romani » qui entoure le buste du Soleil sur l’avers des as de l’atelier de Serdica (Sofia
en Bulgarie) ; l’empereur Aurélien figurant au revers, offrant un sacrifice au dieu ( RIC V(1)
319)
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Adorateur du Soleil, l’empereur Aurélien frappe en abondance des monnaies de billon ornées
de la divinité justifiant largement l’affirmation de E. Cizek : « son Empire était un Empire du
Soleil ». Peut-on parler d’une dyarchie dans laquelle l’empereur aurait la charge de diriger le
monde romain sous l’œil bienveillant du Soleil ? L’association des bustes du Soleil et de
l’empereur sur les monnaies semble confirmer la nouvelle charge qui est déléguée à
l’empereur romain, celle de diriger le monde en tant que représentant du Soleil sur terre. En
tout cas, l’empereur s’imprègne des vertus solaires qui le rapprochent de son vivant de la
divinisation. Sur les double auréliani de Siscia frappées en 282 au nom de Carus, les bustes
confrontés de l’empereur et du Soleil, sont entourés de la légende significative « Deo et
Domino Caro Avg(usto) » (« Au Dieu et Maître Carus » RIC V(2) 99).
Dès le règne de Néron, les empereurs osent se faire représenter sur les monnaies coiffés de la
couronne radiée, l'emblème solaire par excellence, le symbole de la souveraineté universelle
et éternelle. Dans "la vie de Gallien", l'auteur de "l'Histoire Auguste" nous relate le fait
suivant (XVI, 4): "Il (Gallien) parsema sa chevelure de poussière d'or et porta souvent dans
ses déplacements une couronne radiée".
Le célèbre multiple d’or de Ticinum (Pavie), émis vers 313, célèbre la relation intime et
sacrée entre le Prince des romains (Constantin I) et le Roi céleste [RIC VI.111].
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2) Le Soleil en pied, dominateur et souverain
C’est en 197, sous le règne de Septime Sévère, que les graveurs de l’atelier de Rome,
s’inspirant sans doute du « Colosse de Rhodes » ou d’une statue de Sol d’un sanctuaire
romain, proposent une nouvelle scène « solaire » pour orner les monnaies. Copiant le modèle
traditionnel romain de la représentation des dieux sur les monnaies, les scalptores complètent
enfin la figuration « humaine » du Soleil, mettant en scène un jeune homme nu, un léger
manteau couvrant ses épaules, en position debout, la tête radiée, tenant un fouet d’aurige dans
sa main gauche et levant sa main droite en signe de bénédiction ou de salutation. Il s’agit
d’illustrer d’abord la deuxième campagne parthique menée par l’empereur et ses fils au cœur
de la Mésopotamie ; le Soleil symbolisant encore l’Orient ( RIC IV(1) 117).
Plus tard, sur les deniers frappés au nom de l’excentrique Elagabale, grand-prêtre du dieu
solaire d’Emèse (Homs en Syrie) plus qu’empereur de Rome, la représentation de Sol
n’évolue pas mais la légende monétaire qui l’entoure précise qu’il est le protecteur de
l’empereur (« conservator aug(usti) »). Ces deniers datés de 220-221 arborent également dans
le champ une étoile, probablement le symbole du bétyle « solaire » d’Emèse, apporté à Rome
par le jeune prince syrien (RIC IV(2) 63). Sur les aurei de l’atelier syrien d’Antioche, le dieu Sol
est qualifié de « protecteur, défenseur », par la légende latine "Soli propugnatori", et il porte
le foudre, l’attribut traditionnel du grand Jupiter, le dieu des dieux ( RIC IV(2) 198). Cette
représentation très singulière rappelle la politique religieuse d’Elagabale qui tenta de placer
son propre dieu au premier rang du panthéon romain en réunissant dans son sanctuaire les
objets cultuels et sacrés des grands dieux de Rome.
Mais la présence de cette nouvelle iconographie « solaire » sur les monnaies du IIIe siècle
coïncide surtout avec la reprise des guerres orientales. En 226, l’ennemi change : la dernière
dynastie Parthe est remplacée brutalement par une royauté perse, celle des Sassanides. Très
agressifs, les nouveaux maîtres de l’Iran ne tardent pas à menacer directement les provinces
romaines d’Orient entraînant l’intervention de Rome à la fin du règne de Sévère-Alexandre.
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De 230 à 235, un important monnayage « solaire » est frappé dans l’atelier de Rome. Le dieu
Sol est alors représenté, soit tenant le fouet (instrument de l’aurige ou conducteur de char),
soit tenant le globe céleste, symbole de sa souveraineté sur le monde et les éléments. Les
légendes monétaires sont par contre très monotones, se contentant de mentionner les pouvoirs
impériaux détenus par Sévère-Alexandre mais elles ont toutefois l’avantage de fournir des
dates précises aux numismates [RIC IV(2).125].
Vers 240-241, le jeune Gordien III intervient lui aussi à la tête de ses légions. Le numéraire
militaire, composé principalement d’antoniniens, est abondamment frappé au type du Soleil
dans les ateliers de Rome et d’Antioche. Toujours figuré dans la même posture, le Soleil est
toutefois accompagné de légendes plus explicites : « Aeternitati aug(usti) » sur les
antoniniens de l’atelier de Rome émis en 241-243 (RIC IV(3) 83) et « Oriens aug(usti) » sur
ceux d’Antioche (RIC IV(3) 213).
Toujours en relation avec les guerres contre les Perses, le Soleil réapparaît sur l’abondant
monnayage frappé dans les ateliers impériaux ouverts par Valérien et son fils Gallien dans les
années 257-259. Dans quatre de ces ateliers (Rome, Siscia, Milan et Antioche ( ?)), le type le
plus commun est la représentation souveraine et dominatrice du Soleil « en pied », portant le
globe, entourée de la légende « Aeternitas augg(ustorum) » (RIC V(1) 228 / aurei de
Viminacium).
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A Cologne, les antoniniens au nom de Valérien I portent la légende « Oriens augg(ustorum) »
avec la figuration d’un dieu Soleil en mouvement, semblant protéger et guider les empereurs
dans leur expédition militaire contre le roi Shâpur I en Syrie et en Mésopotamie ( RIC V(1).12).
On sait que cette campagne aura un échec retentissant, se soldant par la capture de l’empereur
Valérien en personne à l’été 260.
Jusqu’en 268, Gallien règne seul sur un Empire romain dont la partie occidentale est aux
mains d’un certain Postume, un de ses anciens généraux, qui gère un véritable « Empire des
Gaules ». A partir de 265, menacé dans son autorité de toutes parts, et sentant probablement le
pouvoir lui échapper, Gallien se place sous la protection du "Soleil invincible" ( RIC V(1).611 :
antoniniens d’Antioche).
Dans le cadre de sa politique de réunification de l’Empire, l’empereur Aurélien développe une
propagande monétaire plus complexe dans laquelle Sol Invictus tient le rôle principal. En 274,
le Soleil devient l’emblème de sa réforme monétaire. Par exemple, les aureliani de l’atelier de
Ticinum (Pavie) associent le Soleil à la personnification de la « foi, confiance, loyauté » des
soldats, l’ensemble de la scène étant entouré de la légende « Providen(tia) deor(um) » (la «
Providence des dieux ») (RIC V(1) 152)
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Pour comprendre le message politique de cette monnaie, il est nécessaire de rappeler que
l’Empire romain traverse, depuis l’assassinat de Sévère-Alexandre en 235, la période la plus
noire de son Histoire, marquée par une accumulation de crises d’ordre politique, économique
et monétaire. Dans ce contexte « anarchique », l’armée joue un rôle prépondérant dans
l’élection d’empereurs éphémères, la plupart d’anciens généraux. A son avènement, Aurélien
doit donc prouver son aptitude à rétablir l’unité de l’Empire ce qu’il réussit en triomphant du
royaume de Palmyre en Orient et de « l’Empire des Gaules » en Occident vers 272-274. Du
point de vue de l’unité religieuse, il établit presque un monothéisme d’Etat en instaurant le
culte du Soleil à Rome. Cette mesure vise également à satisfaire l’armée, surtout les soldats
issus ou servant dans les provinces danubiennes, contrées où le culte de Sol Invictus est très
répandu. Rappelons aussi que l’empereur Aurélien était originaire de la ville pannonienne de
Sirmium où sa mère, selon l’Histoire Auguste, était prêtresse du Soleil. En fin de compte,
c’est la trilogie soudée « Empereur-Soleil-Armée » qui permet de gouverner au mieux
l’Empire.
Mais la reprise des guerres en Orient, cette fois contre le royaume de Palmyre, aboutit à une
variété de monnaies légendées « Oriens aug(usti) » où le Soleil est mis en scène avec des
captifs (RIC V(1) 63(var.)).
Ces quelques exemples démontrent l’importance du monnayage « solaire » pendant le règne
d’Aurélien, accentué quantitativement par le nombre croissant d’ateliers monétaires, placés au
plus près des implantations militaires.
De la mort d’Aurélien en 275 jusqu’aux années 320, le Soleil ne cesse d’apparaître sur les
monnaies romaines. D’ailleurs, statistiquement parlant, 55% du monnayage « solaire » se
concentre uniquement dans les années 294-320, avec une production monétaire majoritaire
dans les ateliers occidentaux frappant au nom de Constantin I dans les années 310-318. Le
type iconographique des bronzes constantiniens est d’ailleurs monotone s’articulant surtout
autour de la légende « Soli Invicto Comiti » avec la représentation en pied du dieu Sol tenant
le globe dans la main gauche et levant la main droite. Bien entendu, des variétés plus
originales existent. Il ne s’agit que d’un constat général.
Déjà, sur les monnaies de Probus, le Soleil s’insère dans des scènes « politiques » plus
générales où il semble jouer un rôle de « certificat de garantie » du bon fonctionnement du
régime comme le laissent entendre les légendes des auréliani émis à Ticinum en 277 : «
Concordia aug(usti) » (scène liant la Concorde et le Soleil) [RIC V(2).323], «Virtus invicti
aug(usti )» (Probus écrase de son pied un ennemi et il est couronné par le Soleil) [RIC V(2).456]
Le monnayage du bref empereur Tacite (275-6) reprend le type « aurélien » de la
« Providence des Dieux » [RIC V(1).195(var.) : aurélianus émis à Serdica en 276] :
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Sur les monnaies des tétrarques, le Soleil est associé à la légende « Claritas augg(ustorum) »
(atelier de Trèves vers 295) (RIC V(2) 116), terme que l’on retrouve plus tard sur les monnaies
des Césars Crispus, Constantin II et Licinius II dans la légende « Claritas reipublicae » (RIC
VII.151 : nummus de Crispus frappé à Trèves en 317) rappelant que le Soleil n’est pas seulement un
dieu guerrier mais une source de lumière intelligente qui éclaire et guide les actions humaines.
Le terme "Claritas", désignant "l'éclat lumineux", était déjà apparu sur les monnaies aux
bustes accolés de Postume. Il désignait alors expressément le Soleil et la Lune comme des
astres aux vertus particulières. On sait que les philosophes néo-platoniciens considéraient les
lumières solaires et lunaires comme des vecteurs de la Raison humaine.
Dans "Les mystères de Mithra", p.9, F. Cumont évoque le rôle de "l'éclat de Mithra" sur les
souverains Perses: "Il (Mithra) faisait descendre sur eux, pensait-on, cette clarté mystérieuse,
le Hvarenô, qui selon la croyance mazdéenne est pour les Princes, dont elle consacre
l'autorité, une garantie de succès perpétuels". Le Soleil est donc le protecteur des souverains
et leur guide politique, ce que confirme la légende constantinienne "l'éclat de l'Etat".
Vers 310-313, les monnaies « solaires » tendent à se stéréotyper autour des légendes « Soli
Invicto » (par exemple, les monnaies de Maximin II et de Galère frappées dans les ateliers
orientaux d’Antioche ou de Nicomédie, présentent le dieu revêtu d’une tunique, tenant dans
sa main gauche une petite tête de Sérapis, symbole de prospérité) [ RIC VI.167(b): nummus de
Maximin II frappé à Antioche en 311-312.]
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et surtout « Soli invicto comiti » (par exemple, les abondantes émissions constantiniennes des
ateliers occidentaux [RIC VII.8: nummus de Constantin I frappés à Londres]
Sur ces dernières, le Soleil est toujours représenté debout (surtout tourné à gauche), la tête
radiée, nu, une chalmyde recouvrant son épaule gauche, retombant en un large pan derrière le
dos (parfois enroulée autour du bras), levant la main droite et tenant un globe dans la main
gauche. La position de la main tenant le globe est parfois rapprochée près du corps. C'est
l'iconographie "solaire" la plus dominante (et de loin) de cette dernière phase du monnayage
"solaire"
avant
son
abandon
définitif
sur
le
bronze
en
318-19.
Vers 319, l'atelier de Thessalonique (le seul sur 16 ateliers actifs) émet une curieuse série
monétaire à la légende "Virt(us) - Exerc(iti)" - "la bravoure de l'armée - où le dieu Soleil se
tient debout au centre d'une sorte de grand X [RIC VII.66]
Ce symbole serait la représentation schématique du plan d'un camp militaire romain. Placé au
carrefour des deux grandes voies du camp, le Soleil est donc le grand dieu adoré par les
militaires à qui il accorde sa protection et sa bienveillance.
Dans son livre "le Paganisme impérial à la recherche d'une théologie", J. Gagé dit que
l'empereur Licinius I éleva une statue au "Deus Sol Invictus" dans le camp danubien de
Salsovia pour remercier la divinité de lui avoir accordé la victoire sur Maximin II. Une fête
fut même instaurée à la date du 18 novembre pour commémorer annuellement l'évènement.
Selon l'historien, cette date correspondait en fait au premier jour du calendrier d'Antioche. Les
soldats qui composaient l'armée de Salsovia étaient-ils d'origine syrienne?
Les dernières émissions « solaires » sont frappées dans l’atelier d’Antioche vers 324. Il s'agit
de solidi (nouvelles espèces en or) à la légende « Soli comiti aug(usti) n(ostri) » où le dieu
Soleil remet un globe nicéphore à l'empereur (RIC VII.8 : solidus de Constantin I frappé à Sirmium).
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3) Le quadrige solaire
Dans notre introduction, nous avions déjà relevé le fait que les anciens Grecs représentaient le
Soleil comme un jeune aurige à la tête radiée qui dirigeait un char lumineux tiré par quatre
chevaux. Ce dieu s’appelait Hélios et il parcourait quotidiennement le ciel, d’est en ouest,
pour apporter aux hommes et aux cultures, la lumière et la chaleur fécondante. Le quadrige
solaire, fougueux et brillant, était composé de quatre chevaux appelés Pyroïs, Eoos, Aéthon et
Phlégon. Selon F. Cumont, spécialiste des religions orientales, cet attelage céleste symbolisait
probablement aussi la lutte des éléments ; le cheval de tête personnifiant le feu victorieux.
Seul Hélios avait les compétences pour diriger ce véhicule indomptable et même son fils,
Phaéton, l’appris à ses dépens quand il tenta de le conduire sans permission : il fut foudroyé
par Zeus pour éviter la destruction de l’univers.
S. Reinach relève dans son ouvrage « Cultes, mythes et religions » (1996) que le mythe de la
chute de Phaéton, rappelé chaque jour par le « brasier » du coucher du soleil, était
commémoré à Rhodes – l’île du dieu Hélios – par le sacrifice de quatre chevaux blancs dans
la mer. Sur les monuments gréco-romains, le fils du Soleil est représenté par un dadophore («
porteur de torche ») appelé Cautès dans les reliefs mithriaques. On peut aussi l’identifier à
l’étoile du matin qui précède le lever du soleil. D’ailleurs, Phaéton avait été précipité par Zeus
dans le fleuve Eridan dont le nom signifie « la matinale ». Il est alors le phosphore (« qui
amène la lumière ») qui incarne l’aurore, la lueur qui précède le lever du soleil.
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On retrouve tous ces éléments sur une célèbre sculpture romaine, la statue d’Auguste «
Prima Porta ». Trouvée en 1863 dans la « Villa de Livie » au nord de Rome, elle représente
l’empereur Auguste dans l’attitude du général haranguant ses troupes. Elle célèbre la
restitution par les Parthes en 20 avant J.-C. Des enseignes légionnaires perdues par l’armée du
Triumvir Crassus à Carrhae trente-trois ans plus tôt. Elle incarne donc l’honneur retrouvé de
Rome.
Son intérêt réside notamment dans la décoration très soignée de la cuirasse portée par
l’empereur. Si le centre est occupé par la scène où un Parthe remet au général Tibère les
enseignes romaines, le tout est entouré d’éléments cosmiques incarnant le retour à l’Age d’or
et l’universalité romaine. Dans le sujet qui nous intéresse ici, le char solaire est sculpté au
niveau de la poitrine, en haut à gauche. Il s’élève vers les cieux, précédé par un dadophore.
Tout en bas, une figure féminine est allongée. Il s’agit de Tellus – la terre – qui reçoit les
bienfaits fécondants du lever du soleil.
On retrouve cette iconographie particulière sur un aureus de Septime Sévère émis à Rome en
197 (RIC IV(1) n°102) où le revers montre l’envol du quadrige solaire vers le ciel, précédé par
un dadophore (ou phosphore), au-dessus de la Terre allongée.
Cette monnaie rappelle le rôle nourricier de l’astre solaire qui féconde la terre et permet ainsi
aux hommes de la cultiver. Elle rappelle les vers du poète Horace extrait de son « Carmen
Saeculare » (composé en l’honneur du siècle nouveau inauguré par Auguste) : « O Soleil
nourricier qui, sur ton char brillant, fais surgir le jour ».
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En 197, après avoir vaincu son dernier rival (Clodius Albinus), Septime Sévère prépare une
deuxième expédition militaire contre les Parthes, peuple habitant les pays irakiens et iraniens
actuels. Comme on l’a déjà vu, le Soleil symbolise l’Orient sur les monnaies romaines.
L’empereur s’assimile aussi progressivement au Soleil au cours du IIIe siècle. Ainsi, sur notre
aureus, l’empereur Septime Sévère, comme le lever du Soleil, incarne « les bienfaits » du
temps ; il est celui qui renouvelle l’Age d’or.
Avant lui, l’empereur Néron s’était fait représenter en « Hélios conduisant son char » sur la
toile qui recouvrait la cavea du théâtre de Pompée mais aussi probablement sur une
gigantesque statue en bronze qui ornait sa Domus Aurea et qui donnera plus tard le nom de
colosseum à l’amphithéâtre flavien. Les auteurs latins de l’entourage de Néron comme Lucain
ou Sénèque comparent d’ailleurs l’empereur au Soleil. Par exemple, dans «
l’Apocoloquintose » (ouvrage tournant en dérision l’apothéose de Claude), Sénèque écrit : «
Le Soleil radieux contemple l’univers et commence à pousser son char hors des barrières : tel
apparaît César, tel Rome va contempler Néron ».
Que ce soit donc dans les textes ou sur les monuments, le char tiré par un quadrige de
chevaux est l’image la plus parfaite aux yeux des gréco-romains pour incarner la course
diurne du Soleil. D’ailleurs, le célèbre Circus Maximus de Rome, lieu suprême pour les
courses de char, est consacré au Soleil comme le souligne bien l’auteur chrétien Tertullien
dans son « De Spectaculis » (VIII, 1-2) où il précise d’ailleurs que le mot « Circus » a pour
origine le nom de la magicienne Circé, fille du Soleil. L’empereur Aurélien, adorateur du
Soleil, institua la fête des « Dies Natalis Solis Invicti » le 25 décembre 274 pour célébrer la
naissance du Soleil au solstice d’hiver. A cette occasion, trente courses de chars furent
données.
Quelques décennies plus tôt, le jeune et dévergondé Elagabale avait mis une année entière
pour se rendre à Rome depuis la Syrie. Lors de ce périple, il transportait sur un char tiré par
quatre chevaux une énorme pierre noire – le bétyle d’Emèse – incarnation du dieu solaire Elha-gabal. Selon R. Turcan, dans son ouvrage « Héliogabale et le sacre du Soleil » (1985), ce
voyage était à l’image de la course annuel du Soleil. Lors des festivités de l’été 221,
l’empereur fit déplacer le bétyle de sa résidence principale – l’Elagabalium – à sa résidence
d’été aux quartiers du Vieil Espoir. Le choix du mois de juillet n’était pas anodin car il
correspondait au moment où la position du Soleil était au plus près de la Terre et brûlait donc
de mille feux. Hérodien note que le char n’était dirigé par personne comme si le dieu luimême, invisible, s’occupait de ses déplacements.
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Du point de vue de la représentation monétaire du quadrige solaire, on doit relever cependant
une certaine rareté du type jusqu’à l’aube du IIIe siècle. Ainsi, sa plus ancienne apparition
semble être sur le revers d’un denier républicain au nom du monétaire Marcus Aburius
Geminus daté de 132 avant J.-C. (RRC 250/1) où il s’élance vers la droite sous les coups de
fouet donnés par le Soleil.
Quelques années plus tard, les deniers de A.Manlius Sergianus décrivent un quadrige de face,
s’extirpant des flots pour s’élever vers le ciel (RRC 309/1)
Malgré la présence du quadrige solaire dans la littérature latine d’époque julio-claudienne et
les monuments de Rome (bas-reliefs, sanctuaires...), il semble qu’il n’apparaisse pas sur les
monnaies avant le règne d’Hadrien (117-138). En 126, un aureus de l’empereur philhéllène
reprend enfin le thème du char solaire (RIC II 168) :
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Ensuite, excepté le magnifique aureus de Septime Sévère mentionné plus haut, le quadrige
solaire n’apparaît pas avant la fin du règne de Caracalla et la reprise des guerres parthiques
vers 215-217. De nombreuses dénominations monétaires décrivent le char du Soleil (aurei,
deniers, antoniniens et sesterces) accompagnées d’une légende mentionnant les pouvoirs
impériaux de Caracalla (PM TRP XVIII(-XX) COS IIII PP) sur ces trois années (RIC IV(1)
265(e)). Remarquons que ces monnaies « solaires masculines » ont leur correspondance «
féminine » avec l’image d’un « bige de taureaux dirigé par Luna ». Le couple Sol-Luna, le
Soleil et la Lune, ont été introduits très tôt à Rome, à l’époque royale selon la tradition.
Cependant, cet ancien culte sabin (ou latin ?) s’est enrichi des croyances orientales, surtout à
l’époque des Sévères. D’ailleurs, Caracalla n’a-t-il pas été assassiné lors d’un voyage «
religieux » qui devait le conduire au temple de la Lune de Carrhae ?
Dans les années 260-261, le quadrige solaire réapparaît sur le monnayage de l’ « usurpateur
gaulois » Postume (aurei et sesterces de l’atelier de Cologne) accompagné de la légende «
Oriens aug(usti) » (RCV III n°10886).
Malgré le monnayage très abondant et très diversifiée consacré au Soleil sous le règne de
l’empereur Aurélien (270-275), le quadrige solaire apparaît très rarement. On peut surtout
noter l’exceptionnelle émission de l’atelier de Serdica (la capitale bulgare Sofia) à la légende
d’avers « SOL DOM(inus) IMP(eri) ROMANI » (« le Soleil, maître de l’Empire romain »)
présentant le buste du Soleil posé sur un petit quadrige présenté de face (RIC V(1) 320)
Sous les règnes suivants, le quadrige apparaît sur les aurei de Tacite, de Florian et de Probus à
la légende « Conservat(or) aug(usti) » où le Soleil est la divinité particulière et protectrice des
empereurs (RIC V(1) 115 / aurei de Florian frappés à Rome en 276).
16
Il est très présent par contre sur le monnayage de Probus (276-282) accompagné de la légende
« Soli invicto » (aurei de Ticinum et auréliani de Rome, de Siscia et de Cyzique) (RIC V(2) 311)
ou « Oriens aug(usti) » (auréliani de Ticinum).
Vers 310, le quadrige solaire est présent sur les nummi frappés à Antioche au nom de Galère,
entouré de l’étrange légende féminisée (erreur de graveur?) « Soli invictae » [RIC VI.144].
Notons que le dieu Sol Invictus est vêtu sur ce revers à la différence des représentations
traditionnelles du IIIe siècle. Cette iconographie "solaire" originale est spécifique à certains
ateliers orientaux comme Antioche.
Sur les monnaies de Trèves, vers 308-313, au nom de Maximin II, le Soleil conduit son
quadrige de face (RIC VI 826 / argentei de billon)
Sa dernière apparition est sur les solidi de Constantin I frappés dans l'atelier de Ticinum en
312-313 à la légende "Soli Invicto Aeterno Avg" où le Soleil est couronné par la Victoire (RIC
VI.113).
Mais malgré la "christianisation du régime" et l'abandon progressif des cultes païens, l'évèque
de cour Eusèbe de Césarée déclare en juillet 336, à l'occasion d'un panégyrique fêtant les
trente années de règne de Constantin le Grand: "Ensuite, ayant attelé, sous un même joug, à
son quadrige royal les autres très vaillants Césars, comme de jeunes chevaux, et les ayant
unis, par des rênes d'harmonie et de concorde inspirée, il les pousse d'en haut, pareil à un
aurige."
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B / Les légendes monétaires « solaires »
1) « Oriens » ou le lever du Soleil.
Dans le « Dictionnaire des Antiquités » de Daremberg et Saglio, à l’article « Sol » p.1375,
l’auteur précise que « Au moment où l’astre apparaît sur l’horizon, il chasse les ténèbres et
frappe de ses rayons les démons qui les peuplent. Aussi l’Oriens est-il souvent figuré ».
Le terme « Oriens » apparaît pour la première fois à l’exergue des aurei de l’empereur
Hadrien frappés dans l’atelier de Rome vers 117-118. Le mot gravé est surmonté du buste du
Soleil, la tête ceinte de rayons (RIC II 16 et 43(b)). Il désigne alors l’Orient et les territoires qui
le composent (Syrie, Arménie et Mésopotamie en particulier) ; cette région étant un enjeu
stratégique permanent entre les deux grands empires de l’époque : Rome et la Parthie.
D’ailleurs, ces monnaies sont émises peu de temps après la fin des guerres menées par Trajan
dans la région.
Mais le mot a une signification plus complexe car l’Orient – l’Est – est le lieu où le Soleil se
lève chaque matin depuis toujours. Des monnaies, déjà évoquées dans le chapitre « le
quadrige solaire », représentent le char solaire s’extirpant des flots, précédé par les
phosphores de l’aurore, et s’élevant vers les cieux en direction de l’ouest. Ce lever du soleil,
aux yeux des anciens, marque la renaissance du dieu après son combat victorieux contre les
démons. Il ne s’agit donc pas d’un processus naturel allant de soi mais d’une véritable lutte
nocturne où le Soleil, éternel vainqueur et astre invincible, s’impose quotidiennement au
grand soulagement des hommes auxquels il apporte ses bienfaits. Les anciens remerciaient
d’ailleurs le Soleil de son exploit en lui offrant un sacrifice à l’aurore.
L’historien Tacite évoque brièvement la coutume syrienne dévolue au lever du Soleil dans
ses « Histoires » au Livre III, 24 : « Le soleil parut alors, et la troisième légion, comme c’est
l’usage en Syrie, salua son lever ».
Tacite place ce geste dans le contexte de la guerre de Crémone (Italie du nord) qui oppose les
Vitelliens aux Flaviens à la fin de l’année 69. La légion mentionnée est la Legio III Gallica,
commandée par Antonius Primus, qui résidait alors à Oescus en Mésie Inférieure mais avait
surtout servi en Orient dans les guerres arméniennes de Corbulon et judéennes de Vespasien.
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Malgré la relation étroite qui lie la dynastie des Sévères à l’Orient, aucune monnaie, ne
semble-t-il, ne comporte la légende « Oriens » pendant cette période. En fait, elle n’apparaît
pas sur le monnayage impérial avant le règne du jeune Gordien III vers 241-244. En relation
directe avec la guerre menée contre les Perses, l’atelier syrien d’Antioche émet des
antoniniens (doubles deniers à l’effigie radiée) où le dieu Soleil, représenté « en pied » tenant
un globe, est entouré de la légende « Oriens aug(usti) » (RIC IV(3) 213).
On peut traduire très simplement cette légende par « l’Orient de l’empereur » mais cela ne
restitue pas complètement la véritable signification de ce revers. A travers ce type monétaire,
émis en Syrie pour mieux approvisionner en numéraire les troupes engagées dans la région, la
propagande impériale met en place une comparaison subtile entre l’empereur et le Soleil.
Comme l’astre invincible, perpétuellement renaissant, l’empereur est l’éternel vainqueur. La
présence du globe dans la main gauche de la divinité témoigne de sa nature universelle et de
sa domination sur le monde.
Ce même constat s’impose sur le monnayage de Valérien et de son fils Gallien vers 255/6257/8 où les ateliers impériaux de Rome et de Cologne (Koln en Allemagne) en particulier
émettent de nombreuses dénominations à la légende « Oriens augg(ustorum) » (« L’Orient
des empereurs ») à l’occasion des guerres contre les Goths en Asie et les Perses en Syrie. Le
Soleil est toujours représenté debout, ou en ordre de marche, tenant le globe ou le fouet (RIC
V(1) 106 : antoniniens de Valérien émis à Rome).
Au cours de son règne personnel, Gallien fait émettre des monnaies d’or (aurei et quinaires) et
des billons (antoniniens) à la légende « Oriens aug(usti) » dans les ateliers de Rome et de
Milan (RIC V(1) 494).
Ces émissions, abondantes et variées, tout en glorifiant l’empereur, véritable incarnation
victorieuse du Soleil, témoignent surtout des difficultés de l’époque. L’empereur doit alors
lutter contre les usurpateurs (Ingenuus en Pannonie vers 258, Postume en Gaule à partir de
260, Auréolus à Milan en 267/8…) et les « barbares » (Alamans, Goths…). Il est intéressant
de remarquer que les monnaies de Gallien à la légende « Oriens aug(usti) » sont produites
dans des ateliers occidentaux et font référence à des victoires impériales obtenues en terre
occidentale !
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Le mot « Oriens » évolue alors dans sa conception primitive au cours du IIIe siècle en faisant
de l’empereur, par le biais du « Soleil levant », un éternel vainqueur. Le terme ne désigne
alors plus exclusivement l’Orient ou les évènements qui se déroulent dans les provinces
orientales. Cette impression est renforcée par l’existence de monnaies frappées à Carnuntum
(Petronell en Autriche) vers 260 par l’usurpateur Regalianus. La légende de ces antoniniens
est « Oriens augg(ustorum) » (RIC V(1) 7) ; Régalien associant l’empereur légitime Gallien à
sa victoire contre Ingennus et les « barbares » des pays danubiens.
La légende « solaire » « Oriens aug(usti) » devient de plus en plus fréquente sur le matériel
monétaire dans les années 260-270, ornant tant les monnaies des empereurs légitimes que des
usurpateurs (empereurs « gaulois »). Ainsi, Postume fait frapper à Cologne (et/ou à Trèves ?)
des aurei et des antoniniens où le Soleil est représenté « en pied » (RIC V(2) 316) ou en train de
diriger son char céleste. Ces monnaies peuvent être mises en relation avec les victoires de
l’empereur « gaulois » contre les Francs au tout début de son règne et probablement contre
Gallien vers 265.
Le règne d’Aurélien marque un pic dans la production des émissions « solaires »,
particulièrement celles à la légende « Oriens aug(usti) ». De très nombreuses monnaies de
billon (antoniniens et aureliani) sont émises dans les ateliers impériaux de Rome, Milan,
Siscia, Serdica et Cyzique vers 272-274/5. Elles présentent toutes le dieu Soleil debout ou en
ordre de marche, portant le globe ou le fouet (et même armé d’un arc), dominant un ou deux
captifs assis à ses pieds, les mains ligotés dans le dos (RIC V(1) 64).
Ces monnaies, nombreuses et très variées, commémorent la grande victoire de l’empereur
Aurélien sur le royaume de Palmyre de la reine Zénobie.
Au cours de cette guerre, l’auteur de « l’Histoire Auguste » nous narre (ou invente ?) au
chapitre XXV un fait surnaturel :
« Puis un engagement décisif contre Zénobie et son allié Zabdas se déroula en une grande
bataille près d’Emèse. Au moment où la cavalerie d’Aurélien, à bout de forces, était prête à
se disloquer et à prendre la fuite, soudain, par une intervention surnaturelle – cela fut révélé
par la suite - , une apparition divine prodigua ses encouragements aux fantassins et même les
cavaliers se ressaisirent. Zénobie fut mise en déroute ainsi que Zabdas et l’on remporta une
victoire complète. Ayant ainsi redonné à l’Orient sa stabilité, Aurélien entra en vainqueur à
Emèse et se rendit aussitôt au temple d’Héliogabale afin d’y accomplir ses vœux pour ainsi
dire au nom de la communauté. Or il y retrouva la même apparition surnaturelle qu’il avait
vue lui portant secours pendant la bataille. Aussi fit-il ériger à cet endroit des temples qu’il
dota de trésors d’énorme valeur et éleva-t-il à Rome un temple dédié au Soleil et qu’il
consacra avec des marques d’honneur encore plus grandes. »
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On ne saurait dire – et ce n’est pas l’objet de ce chapitre – si le dieu Soleil vénéré par
Aurélien est le dieu d’Emèse Sol Elagabalus ou si dans un jeu de syncrétismes, si courants à
l’époque romaine, il se soit enrichi des valeurs religieuses syriennes à l’occasion des guerres
contre Palmyre. Nous pouvons juste constater que Sol Invictus est omniprésent sur le
monnayage d’Aurélien et de ses successeurs (Probus), tous d’anciens généraux nés en
Illyricum (Pannonies, ex-yougoslavie) où le culte du Soleil était présent.
Pour en revenir à l’étude monétaire, on doit relever les billons des ateliers de Siscia et de
Serdica, toujours à la légende « Oriens aug(usti) », qui décrivent une scène originale où le
Soleil remet à l’empereur Aurélien son globe, symbole de sa souveraineté sur le monde (RIC
V(1) 282/3). C’est donc presque une cérémonie de transmission du pouvoir dans laquelle un
dieu remet son attribut fétiche à un seigneur terrestre confirmant ainsi la légitimité du pouvoir
détenu par l’empereur. L’expression « Oriens aug(usti) » ne désigne plus seulement l’Orient
ou la victoire mais l’avènement impérial, parrainé par le grand dieu Soleil du IIIe siècle. Dans
cette optique, on comprend mieux l’empressement de l’usurpateur « breton » Allectus en 293
quand il émet à Londres des aurei à la légende « Oriens aug(usti) » afin de légitimer sa prise
de pouvoir (RIC V(2) 4).
A la charnière des IIIe et IVe siècles, les tétrarques utilisent encore cette légende sur leurs
monnaies pour célébrer parfois des victoires récentes mais surtout affirmer leur pouvoir sous
les auspices du Soleil même si l’ossature religieuse du régime repose avant tout sur la filiation
traditionnelle Jupiter-Hercule. La dernière apparition de la légende « Oriens » est présente sur
un aureus de Licinius I frappé dans l’atelier de Siscia vers 311-313 (RIC VI.217).
A cette époque, on peut dire que la présence de la légende « Oriens aug(usti) » sur les
monnaies impériales est à mettre en relation avec l’avènement d’un empereur, comme le
Soleil débute un nouveau règne chaque matin en se levant.
21
2) Le Soleil et l’éternité.
Dans les dernières années du règne de Vespasien (69-79), l’atelier monétaire de Rome met en
circulation des aurei légendés « Aeternitas ». Sur le revers, une femme, personnification de «
l’Eternité » tient dans ses mains les têtes miniatures du Soleil et de la Lune (RIC II 121(b)). On
retrouve également cette singulière iconographie sur les deniers de Trajan et d’Hadrien.
L’éternité, durée infinie, sans commencement ni fin, se caractérise donc sur les monnaies
romaines par la présence des deux grands astres célestes. Dans son ouvrage « Les cultes
orientaux dans la monde romain » p.150, R. Turcan écrit : « Les deux luminaires figurent
presque toujours au sommet du plastron sidéral, non seulement parce qu’ils ouvrent la
semaine planétaire mais parce qu’ils symbolisent l’éternité « Aiôn », qui s’identifie avec le
ciel étoilé. »
Ce schéma astrologique est présenté sur les monnaies d’Hadrien émises vers 127-128 à Rome
: le croissant lunaire est associé à une ou à sept étoiles (RIC II 202).
Il existait déjà sur des deniers républicains du monétaire L. Lucretius Trio frappés en 76 avant
J.-C associé au buste du Soleil (RRC 390/1).
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Il est même assez ancien car dès 217-215, de petits bronzes (onces) le représentent déjà (RRC
39/4).
A l’époque d’Hadrien, la combinaison des astres, s’insère dans le vaste programme
idéologique de « l’Age d’Or de l’Empire romain », prôné par l’empereur, et qui trouve tout
son sens à travers la philosophie « cosmique » du Temps (Aiôn)
Dans son livre « La religion romaine à l’apogée de l’Empire » p.153, J. Beaujeu dit : «
L’empereur Hadrien aurait eu la volonté d’associer la notion d’éternité cosmique et solaire «
Aiôn » à la religion traditionnelle romaine. ».
L’auteur de « l’Histoire Auguste » relève ainsi cette décision d’Hadrien (H. A., XIX, 12-13) :
« Il fit déplacer le Colosse [gigantesque statue en bronze représentant Néron] de l’endroit où
se trouve maintenant le Temple de la Ville [temple de « Vénus et de Rome »] en le soulevant
du sol en position verticale, opération si formidable qu’elle nécessita le concours de vingtquatre éléphants. Après avoir consacré au Soleil cette statue qui avait auparavant le visage
de Néron, son premier dédicataire, il entreprit, avec l’aide de l’architecte Apollodore, d’en
ériger une autre semblable et dédiée à la Lune. »
Le couple astral Sol/Luna incarne l’éternité du temps, des éléments et des hommes. Sous le
règne de Septime Sévère (193-211), de superbes monnaies en or légendées « Concordiae
Aeternae » sont ornés des bustes accolés de l’empereur et de l’impératrice (RIC IV(1) 52). Le
premier est coiffé de la couronne radiée, symbole solaire par excellence, et la deuxième
repose sur un croissant de lune. Notons que ces objets permettront de distinguer au IIIe siècle
les antoniniens (doubles deniers) des empereurs de ceux des impératrices ; les symboles
astraux partageant donc les sexes.
23
L’association parfaite du Soleil et de la Lune, astres visibles quotidiennement aux yeux des
hommes, garantit donc le bon fonctionnement cyclique du temps.
Dans ce cadre céleste, le Soleil joue un rôle de « moteur cosmique », régulateur du
mouvement des astres. Dans son « Histoire Naturelle », au chapitre II « Le monde et la terre »
12-13, Pline l’Ancien écrit : « Au milieu de ces astres roule le soleil, dont la grandeur et la
puissance l’emportent sur tous les autres, et qui gouverne non seulement nos saisons et nos
climats, mais encore les astres et le ciel lui-même. Il est la vie ou plutôt l’âme du monde
entier ; il est le principal régulateur, la principale divinité de la nature. »
Selon F. Cumont, le spécialiste des religions orientales, c’est probablement sous la lointaine
influence de l’astronomie babylonienne que le Soleil s’est vu confié ce grand rôle cosmique.
Il ajoute surtout que cette mécanique céleste a une influence directe sur la vie et la mort des
hommes. Dans son article « L’éternité des empereurs romains » RHLR, 1896, p.446, il note :
« L’existence de tous les hommes est gouverné fatalement par la révolution des astres. »
Dans « Les religions orientales dans le paganisme solaire » 1905, p.115, il précise que
l’astrologie orientale influença les cultes solaires syriens, en promulguant l’idée que l’âme
humaine s’élève dans le ciel, attiré par les rayons du Soleil, puis séjourne dans la Lune avant
de passer par les sept planètes. On retrouve ici le schéma cosmique présenté précédemment.
De l’éternité du temps à celle des âmes humaines, il n’y a qu’un pas que les empereurs
romains vont franchir dans le processus de la divinisation post-mortelle, appelée apothéose ou
« Consecratio ». Dans sa « Pharsale », I, p.45, Lucain rappelle à Néron : « Toi, lorsque ta
mission remplie, tu gagneras les astres très tard, tu seras reçu dans le palais céleste de ton
choix et les cieux seront dans l’allégresse. »
Dans les années 19-18 avant J.-C., les deniers d’Auguste émis dans l’atelier hispanique de
Saragosse commémorent un fabuleux évènement céleste (RIC I 37(b)). Sur ce revers, l’étoile
représente la comète qui était apparue dans le ciel peu de temps après la mort de Jules César.
Les romains virent dans ce prodige la divinisation de l’âme de César ; une étoile montant vers
les cieux se fixer pour l’éternité.
24
Au IIIe siècle, les monnaies associent le Soleil seul à la notion d’éternité. Mais à cette époque
d’instabilités et de crises, il s’éloigne des considérations purement philosophiques pour n’être
qu’une « marque de garantie » de la pérennité de l’Etat - « Aeternit(as) Imperi » - sur les
monnaies de Philippe II (RIC IV(3) 226) et de Carus (RIC V(2) 35), ou du pouvoir en place – «
Aeternitas aug(usti) » sur la plupart des monnayages impériales de ce siècle politiquement
chaotique (Gordien III à Probus, soit sur une durée totale de quarante ans)
On ne peut conclure ce chapitre sans évoquer « le retour des astres lumineux » sur les
monnaies constantiniennes dans les années 320-330 : bronzes légendés « Beata Tranquillitas
» où un globe orné d’une étoile trône sur un autel, surmonté par trois petites étoiles ; bronzes
légendés « Providentiae Caess(arum) » où une porte de ville fortifiée est couronnée par une
grosse étoile ; et enfin, bronzes honorant la Ville Rome (« Urbs Roma ») où la louve des
origines est surmontée de deux étoiles.
Ces deux étoiles – interprétées généralement comme les Dioscures, patrons traditionnels de la
Rome des origines – s’apparentent aussi au couple Sol/Luna qui figure très souvent sur les
monuments et objets orientaux en particulier. Certains spécialistes pensent qu’ils sont le gage
de l’universalité de la figure représenté mais ils sont aussi les bornes illimitées de l’éternité
des dieux et des hommes. D’ailleurs, pour reprendre l’exemple des bronzes à la « louve » ne
dit-on pas que Rome est la Ville éternelle ?
25
3) Le Soleil invincible
La légende monétaire « Sol(i) Invicto » apparaît pour la première fois sur les monnaies en
billon des usurpateurs Macrien et Quietus à Antioche vers 260-261 après la capture de
l’empereur Valérien I par les Perses. Généralement, cette légende accompagne l’iconographie
« solaire » traditionnelle déjà mentionnée plus haut - le Soleil en position debout tenant le
globe ou le fouet - mais des variétés existent : Les aureliani de Probus frappés dans les ateliers
de Rome (RIC V(2) 203(h)) et de Siscia vers 277-280 mettent plutôt en avant le quadrige solaire.
On peut toutefois relever l’apparition tardive de cette légende sur les monnaies alors qu’elle
existe depuis plus d’un siècle dans l’épigraphie romaine.
Par exemple, le CIL, VI, 715 mentionne la dédicace d’un certain Publius Aelius Amandus,
membre de la cavalerie impériale, au « dieu-Soleil invincible » où il le remercie d’avoir
obtenu une mission honorifique. Ce texte est daté de l’an 158 de notre ère, vers la fin du règne
d’Antonin le Pieux.
En tout cas, Sol Invictus est une divinité adorée par les soldats qui casernent le long du
Danube (Pannonies, Mésies, Dacies…) d’après les nombreuses inscriptions retrouvées (ex :
La dédicace du légat de la Legio XIII Gemina d’Apulum à « Soli Invicto » CIL, III, 1013).
Ce constat explique aussi l’adoration que vouent les « empereurs illyriens » au Soleil dans le
dernier tiers du IIIe siècle (Aurélien, Probus…)
Mais quelle est la signification exacte des mots « Sol » et « Invictus » ?
Le terme latin « Sol » signifie, selon l’encyclopédiste Marcus Terentius Varro (116-27
avant J.-C.), dans son « De Lingua Latina », V, 68, que le soleil est « le seul à briller d’un tel
éclat ».
.
Selon le spécialiste des religions orientales, Franz Cumont, le mot latin « Invictus » est
probablement la traduction d’un mot grec qui s’applique en Orient aux puissances sidérales.
Cela s’explique probablement par le fait qu’après avoir disparues dans le ciel, elles renaissent
de plus belle. On pense surtout au coucher et au lever du soleil. Sur les monnaies romaines,
nous l’avons vu le terme « Oriens » rappelle la renaissance solaire après la victoire sur les
ténèbres.
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Au IIIe siècle, les monnaies de « l’empereur gaulois » Victorinus - antoniniens de l’atelier de
Cologne (ou de Trèves ?) émis en 269-270 (RIC V(2) 114) - présentent un Soleil en
mouvement, détenant le fouet de l’aurige (instrument du conducteur de char et marque
d’invincibilité) entouré de la légende courte « Invictus ». Cette notion d’invincibilité se
rattache alors aussi bien au Soleil qu’à l’usurpateur lui-même. A noter la présence de l’étoile
dans le champ.
Les monnaies de Postume confirment ce constat : Le revers des aurei et des deniers présentent
le buste radié de l’empereur, à l’imitation du dieu Soleil, entouré de la légende « Invicto
aug(usti) » (RIC V(2) 25 : aurei émis à Cologne en 261). L’empereur est alors marqué de
l’invincibilité solaire. Sur des monnaies d’Aurélien – auréliani de l’atelier de Cyzique – le
Soleil remet même le globe au dieu de la guerre Mars dans une scène légendée « Mars
Invictus » (RIC V(1) 357/8). Le Soleil transmet même aux dieux romains traditionnels sa
puissance redoutable.
La légende « Soli Invicto » se complète du terme « Comiti » sur les monnaies de Probus
émises par l’atelier de Serdica (Sofia, Bulgarie) en 280. Il s’agit d’aurei (monnaies en or)
présentant à l’avers les bustes accolés de l’empereur, en grande tenue militaire (casque…), et
du Soleil, à la légende « Sol Comis Probi Aug » (le Soleil, compagnon de l’empereur Probus).
Le revers est orné du buste radié du Soleil entouré de la légende « Soli Invicto Comiti Avg »
(Au Soleil invincible, compagnon de l’empereur) ( RIC V(2) 829). Un an plus tard, l’atelier de
Rome frappe aussi des aurei à la légende de revers « Soli Invicto Comiti Avg » avec la
figuration du buste solaire (RIC V(2) 138).
Il faut ensuite attendre les années 309/310-313 pour que cette légende se retrouve sur les
monnaies de Maximin II, Licinius I et Constantin I où Sol Invictus se tient debout, la tête
radiée, nu, une chlamyde recouvrant ses épaules, la main droite levée, la paume ouverte en
signe de salutation et/ou de bénédiction, tenant un globe (signe de sa domination universelle)
dans sa main gauche. (RIC VII.3 : nummus de Licinius I émis à Rome en 313)
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Des variétés existent : Les nummi de Constantin I frappés à Trèves (RIC VI 890) ont des revers
ornés du buste du Soleil et les argentei de Maximin II émis aussi à Trèves présentent le Soleil
dans son quadrige.
Cette légende « Soli Invicto Comiti » peut se traduire ainsi : « Au Soleil invincible (et)
compagnon » ou « Au compagnon, Soleil invincible ». Il faut comprendre que cette divinité
est alors le compagnon (particulier) de l’empereur, une sorte d’ « Ange gardien » à la sauce
païenne en quelque sorte.
Le terme « Comiti » - « Compagnon » - est une déclinaison du mot « Comes » qui désigne le
« comte », personnage de haut rang proche de l’entourage de l’empereur au Haut-Empire. A
l’époque de Constantin I (306-337), le comte est un haut fonctionnaire, surtout présent au «
Ministère des finances » mais aussi dans les provinces. Il détient alors la force militaire
annonçant son rôle de premier plan au Haut-Moyen-Age.
La propagande monétaire insiste donc sur le fait que le Soleil est le compagnon privilégié de
l’empereur auquel il transmet sa puissance et ses vertus. Astre invincible, souverain du monde
et des éléments en tant que « régulateur cosmique », être immortel et éternel, le Soleil est le
grand roi céleste et l’empereur romain, son vicaire terrestre. Sur les multiples d'or de l'atelier
de Ticinum, vers 320, le Soleil couronne l'empereur victorieux ( RIC VII 98).
28
Conclusion
Pour les IIIe et IVe siècles, nous disposons d’un inventaire monétaire conséquent pour
appréhender l’importance du culte du Soleil dans l’Empire romain tardif. Ainsi, malgré
quelques variantes, le dieu Sol bénéficie d’une représentation stéréotypée qui le différencie
entre toutes. C’est un jeune homme, représenté en pied, c’est-à-dire debout, en nudité parfaite
ou presque, un manteau (chlamyde) recouvrant l’épaule gauche, le drapé s’enroulant autour
du bras gauche pour retomber en un long pan, la tête radiée (auréolée de rayons), la main
droite levée en l’air, le bras non tendu, la paume ouverte (signe de salutation ou de
bénédiction), tenant dans le creux de sa main gauche un globe (signe de sa souveraineté
céleste et universelle) ou un fouet (gage de son invincibilité et instrument de l’aurige pour
diriger les chevaux).
Cette image conventionnelle de Sol, en dehors du matériel purement numismatique, apparaît
sur un grand nombre de documents antiques : mosaïques, sculptures, plaques en plomb,
intailles…(cf. planches illustrées de la thèse de D.Romagnan p.146-289)
Généralement, sa présence dans une scène marque son universalité, son intemporalité, car Sol,
en tant que garant de l’ordre cosmique, assure le cours du temps par sa course céleste.
Si la figuration du Soleil se multiplie largement au IIIe siècle de notre ère, elle n’est pas pour
autant « née » dans ce siècle ! Comme le rappelle David Romagnan dans l’introduction de sa
thèse (cf.bibliographie) le dieu Sol n’est pas une création orientale importée de Syrie sous les
Sévères mais une divinité dont l’origine est bien romaine et cela depuis la République au
moins. Dans ses « Annales », XV, 74, l’historien Tacite écrit : « Alors, on vote des offrandes
et des remerciements aux dieux avec des hommages particuliers au Soleil qui a auprès du
Cirque [Circus Maximus], un temple antique ». Iconographiquement, il est fort possible en
revanche que l’image du Colosse de Rhodes – statue en bronze gigantesque représentant
Hélios debout – ait influencé l’élaboration de la figure du Sol romain.
On relève aussi quant à l’identification de Sol dit « Invictus » une confusion dans les écrits
des chercheurs car plusieurs dieux s’assimilent d’une certaine façon, par leur nature solaire ou
leurs pouvoirs supposés, au Soleil traditionnel.
Dans cette liste surgit en premier lieu la figure d’Apollon, dieu aux multiples facettes, tantôt
musicien, guérisseur ou guerrier, mais avant tout incarnation de la lumière. Ce dieu grec est
né dans l’île de Délos dont le nom signifie « claire, brillante » ce qui explique l’une de ses
fonctions. Les romains le surnomment aussi « Phoebus », le « brillant », adjectif également
attribué au « Sol » latin. Dans ses « Saturnales », I, XVII, 7, Macrobe ajoute : « Platon écrit
que le Soleil a été surnommé Apollon parce que continuellement il lance des rayons ». A
Rome, à l’époque de César (Auguste ?), Properce relève dans ses « Elégies », II, 31, 11 que
le temple d’Apollon est couronné du quadrige solaire. Malgré ces similitudes, J. Gagé, le
spécialiste de « l’Apollon romain » affirme que dès le IIe siècle avant J.-C., à Rome, le culte
d’Apollon ne se confond pas avec celui du Soleil (p. 411).
Il est possible que l’assimilation courante entre les deux divinités soit due au comportement
religieux de l’empereur Auguste vis-à-vis de l’Apollon d’Actium qui lui avait donné la
victoire navale décisive face à l’armée de Marc Antoine et de Cléopâtre. En effet, alors qu’il
fit bâtir un sanctuaire consacré à l’Apollon Actien sur le Palatin près de sa demeure, il
29
dédicaça parallèlement, selon le témoignage plus tardif de Tertullien (« De Spectaculis »,
VIII, 5), deux obélisques au Soleil. L’inscription « Aegypto in potestatem…Soli donum dedit »
du CIL VI 701-702 confirme ce fait. Dans son « Histoire Naturelle », XXXVI, 71, Pline
l’Ancien précise d’ailleurs l’emplacement de l’un des monuments pharaoniques « l’obélisque
que le dieu Auguste fit dresser dans le Grand Cirque ».
En 1911, Dans sa « Numismatique constantinienne », T. II, p. XI, J. Maurice argumentait en
faveur d’une assimilation entre le Soleil, adoré par Constantin, et Apollon. Ce dernier, vénéré
dans les Gaules où avait servi Constance Chlore, père de Constantin, était le dieu tutélaire de
sa famille depuis l’époque de Claude II, ancêtre fictif de la dynastie. Le même auteur
distingue pourtant Sol Invictus, divinité officielle de l’Etat depuis Aurélien, de l’Apollon
solaire constantinien !
Dans l’ouvrage général, « l’Empire romain de Pertinax à Constantin I », paru en 1997, les
historiens F. Bertrandy et B. Rémy affirment pourtant que Sol Invictus est bien Apollon (P.
138).
L’étude du monnayage romain du IIIe siècle lève pourtant toute ambiguïté sur la question car
les légendes différencient bien Apollon du Soleil et l’iconographie est totalement différente
(généralement, le dieu Apollon est vêtu et tient une lyre dans les mains)
Autre candidat, le dieu solaire iranien Mithra. De nombreuses dédicaces épigraphiques au «
Soli Invicto Mithrae » (CIL VI 727) invitent facilement à un rapprochement tentant avec
notre dieu Soleil. Toutefois, malgré ce qualificatif, il serait hasardeux de conclure que Mithra
= Sol Invictus surtout à une époque où les cultes orientaux affluent à Rome et dans l’Empire,
provoquant un brassage interreligieux important (syncrétisme). Il suffit d’observer la présence
du Soleil sur les monuments mithriaques : il est un des éléments de la religion mithriaque
mais il n’est pas Mithra lui-même. En fait, comme le relève D.Romagnan, Mithra est plutôt
un dieu médiateur qui canalise l’énergie solaire pour apporter la fertilité sur terre lors de la
mise à mort du taureau. Le mithraïsme n’est pas une religion solaire mais une religion
cosmologique. De plus, R.Turcan note que le culte de Mithra ne fut jamais publique et resta
confiné dans des endroits souterrains (spelea) réservés aux seuls initiés. Le mithraeum est une
grotte cachée de la lumière, incarnation de la voûte céleste, du cosmos.
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Enfin, le dieu d’Emèse Sol Elagabalus est aussi qualifié d’ « invictus » sur les inscriptions
lapidaires (CIL, XI, 3774 : « Solis Invicti Elagabali »). Dans son ouvrage « Héliogabale et le
sacre du Soleil », p. 252, R. Turcan semble penser que le Sol Invictus adoré par Aurélien est
Sol Elagabalus car un culte de ce dieu existait dans la ville natale de l’empereur, Sirmium,
depuis que le jeune Elagabale avait fait une halte lors de son voyage vers Rome en 218. Selon
le biographe de l’empereur Aurélien, E. Cizek, la religion solaire de l’empereur différait de
celle des émésiens. Il n’aurait donc pris connaissance de ce dieu que lors des guerres
palmyréniennes.
Si finalement, Sol est bien un dieu romain à part entière sans aucune identification possible
avec Apollon, Mithra ou Héliogabale, il devient cependant omniprésent dans l’iconographie
de l’Antiquité romaine tardive, surtout sur les monnaies impériales. Comment expliquer ce
succès ?
Depuis l’époque hellénistique, on attribue au Soleil la fonction de « moteur » cosmique de
l'univers. Il régule la mécanique céleste et assure les cycles du temps. Souverain céleste, il
accorde ses bienfaits aux hommes et préside à la destiné des princes. Dans sa "Vie de
Commode", l'historien Hérodien relève au livre I, 5 les propres mots de l'empereur lors d'un
discours prononcé en 181:" Dès que je sortis du ventre maternel ce fut la pourpre impériale
qui m'accueillit et le Soleil me vit simultanément homme et empereur". Dans sa biographie
d'"Octave Auguste", Suétone note le présage suivant concernant la naissance du futur
Auguste (XCIV): « Avant de le mettre au monde, Atia rêva que ses entrailles étaient portées
vers les astres et embrassaient toute l'étendue de la terre et des cieux. Octavius, père
d'Auguste, rêva aussi qu'un rayon du soleil sortait des flancs de sa femme ». Dans le
« Dictionnaire des Antiquités », à l'article "Sol", p.1385, les auteurs notent: "Le Soleil depuis
des siècles est le protecteur des souverains et leur donne des vertus supérieures aux autres
hommes".
Mais surtout le lever du Soleil quotidiennement à l’Est (Orient) est considéré comme une
victoire perpétuelle de l’astre sur les démons nocturnes. L’omniprésence de la légende
« Oriens Aug(usti) » sur les monnaies impériales au IIIe siècle rappelle la protection
particulière dont bénéficie l’empereur, protégé par un dieu invincible qui lui apporte la
victoire sur ses ennemis. Dans ce siècle, où les empereurs et usurpateurs se succèdent
rapidement à la tête de l’Etat, et où les « barbares » percent à plusieurs reprises les défenses
de l’Empire, le dieu Sol, par sa nature et ses aptitudes, semble apparaître comme un dieu
providentiel. S’appuyant dorénavant sur l’armée, l’empereur de Rome est avant tout un chef
de guerre au charisme victorieux. Sur les monnaies, la propagande insiste sur le rapport intime
qui l’unit à Sol voire à son assimilation : l’empereur règne sur l’Empire terrestre comme le
Soleil dans l’Univers.
Pourtant, vers 324, le Soleil disparaît définitivement des monnaies impériales alors que moins
d’une dizaine d’années auparavant, l’empereur Constantin I s’affichait comme le compagnon
du Soleil Invincible ! La réunification de l’Empire, après la défaite de Licinius I, se place
désormais sous l’autorité religieuse du Dieu des chrétiens. Toutefois, le christianisme
constantinien reste fortement teinté de paganisme solaire. Par exemple, en 321, on institue le
repos du dimanche, appelé « Jour du Seigneur », remplaçant ainsi « le Jour du Soleil "; le
Christ reçoit le surnom de « Soleil de Justice »; la fête solaire du 25 décembre, instituée dans
le calendrier par Aurélien, devient celle de la naissance du Christ; le nimbe, auréole
lumineuse est directement emprunté à la couronne radiée du Soleil...
31
Ainsi, l’évêque de cour Eusèbe de Césarée, dans son panégyrique prononcé le 25 juillet 336
à l’occasion des trente années de règne de Constantin I, dit du Christ : « Si quelqu’un méritait
de le voir, la lumière qui resplendit autour de lui, par le mouvement indicible de ses rayons
l’empêcherait, qui qu’il soit, de contempler sa divinité. »
Vers 328, sur le forum de Constantinople, la nouvelle capitale impériale, on éleva une
colonne de porphyre sur laquelle une statue de l'empereur Constantin empruntait les traits du
Soleil Hélios. Cependant, on prit soin de placer une croix sur le globe tenu en main par le
personnage pour "christianiser" une représentation de type païenne. Nous avons vu aussi dans
les chapitres précédents que l'évêque Eusèbe de Césarée utilisait dans ses panégyriques des
concepts solaires pour évoquer le Christ. Pourquoi? Dans son article sur « la vision de
Constantin », 1953, REA, T.55, p.311, J. Moreau nous apporte une réponse: « La
comparaison du Soleil et du Rédempteur, « Lumière du Monde », « Astre du Salut », était si
familière aux fidèles des premiers siècles que de nombreux païens pouvaient croire que le
« Soleil de Justice » était le dieu des chrétiens; le christianisme de Constantin se confondra
d'ailleurs, curieusement avec un culte de la lumière et du soleil. La religion solaire adoptée
par Constantin à partir de 310 n'avait rien de choquant pour les chrétiens, d'autant plus
qu'elle évolua rapidement vers le culte d'une divinité innomée, le Soleil n'étant qu'une sorte
de Démiurge, intermédiaire entre l'univers crée et le Créateur dont il est l'émanation
visible ».
Cette trinité semi-païenne se retrouve dans le discours de l'empereur apostat Julien II,
prononcé à Antioche en décembre 362, où s'adressant au Soleil, il distingue trois « RoiSoleil » dans l'univers. Les monnaies témoignent de l'effort de Julien pour revenir vers la
religion solaire. En 362-363, les lourds bronzes de sa récente réforme monétaire sont ornés au
revers d'un taureau marchant à droite, surmonté par deux étoiles ( RIC VIII 163).
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Parmi toutes les interprétations, on peut retenir la figure païenne par excellence du taureau
surtout à une époque où le symbole chrétien du chrisme est très présent sur les monnaies
impériales. L’animal a un lien avec le Soleil comme le précisait déjà un curieux antoninien de
Gallien un siècle plus tôt (RIC V(1).285)
Le règne de Julien II est la dernière parenthèse païenne et solaire de l'Empire romain avant sa
christianisation définitive sous le règne de Théodose I à la fin du IVe siècle. Les images
« solaires » disparaissent-elles totalement dans l’Art médiéval? Non, si l’on se réfère à l’une
des plus célèbres œuvres de cette longue période historique, le « Tympan de Conques ». Il
s’agit du tympan de l’abbaye de Ste Foy de Conques (Aveyron) réalisé au début du XIIe
siècle. Au centre siège le Christ en majesté jugeant les âmes humaines. Au-dessus de lui, des
anges descendent du ciel pour lui apporter les instruments de la Passion et la croix de son
supplice est dressée. Cette scène supérieure de l’œuvre est encadrée par les bustes de Sol et
Luna comme sur les monuments de l’époque antique.
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Bibliographie.
1 - Sources anciennes :
Dion Cassius : « Histoire romaine », Ed. Belles Lettres, Paris, 1991.
Hérodien : « Histoire des empereurs romains », Ed. Belles Lettres, Paris, 1990.
(anonyme} : « Histoire Auguste », Ed. R. Laffont, Paris, 1994 (trad. A. Chastagnol)
Eusèbe de Césarée : « Triakontaeterikos » et « Vie de Constantin ».
Julien l’Apostat : « Discours sur Hélios-roi », Ed. Belles Lettres, Paris, 1964.
Macrobe : « Saturnales », Ed. Belles Lettres, Paris, 1997.
Pline l’Ancien : « Histoire Naturelle », Ed. Belles Lettres, Paris, 1981.
Suétone : « Vie des douze Césars », Ed. Belles Lettres, Paris, 1996.
Tacite : « Histoires », Ed. Belles Lettres, Paris, 1992.
Varron : « De Lingua Latina », Ed. Belles Lettres, Paris, 1985.
2 – Sources numismatiques :
H. Mattingly et E. Sydenham : « The Roman Imperial Coinage », Vol. I à Vol. VII, Ed.
Spink, Londres, 1923-1966.
D. R. Sear : « Roman Coins and their Values », T. I à IV, Ed. Spink, London, 2000-2011
P. Bastien : « Le Buste monétaire des empereurs romains », T. I à III, Coll. Numismatique
romaine, Wetteren, 1992.
P. Bruun : « The disppearance of Sol from the coins of Constantine », Arctos, II, 1958.
L. Schmitt et M. Prieur : catalogues de ventes « ROME » (essai de classification des
émissions monétaires ; spécialisation dans le monnayage des empereurs du IIIe siècle) et «
VSO » sur le site internet CGB.fr.
34
3 – Ouvrages traitant du culte solaire dans la religion romaine :
A. Alföldi : « The Conversion of Constantine and pagan Rome », Oxford, 1948.
J. Bayet : « Histoire politique et psychologique de la religion romaine », Ed. Payot, Paris,
1969.
J. Beaujeu : « La religion romaine à l’apogée de l’Empire », Ed. Les Belles Lettres, Paris,
1955.
S. Berrens : « Sonnenkult und Kaisertum von den Severen bis zu Constantin I (193-337)”,
Stuttgart, 2004.
P. Chuvin : « Chronique des derniers païens », Ed. Fayard, Paris, 1990.
F. Cumont : « Les religions orientales dans le paganisme romain », Librairie Geuthner, Paris,
1963.
F. Cumont : « Astrologie et religion parmi les Grecs et les Romains », 1912.
F. Cumont : « Les mystères de Mithra », Ed. d’Aujourd’hui, 1985.
J. Gagé : « Le paganisme impérial à la recherche d’une théologie vers le milieu du IIIe siècle
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G. H. Halsberghe : « The Cult of Sol Invictus », Leiden, 1972.
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S.E. Hijmans: “Constantijn, Sol en Christus”, Hermeneus, Tijdschrift van het Nederlands
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D. Romagnan : « Le dieu Sol dans l’Empire romain des Antonins à Julien l’Apostat », thèse
de doctorat, Paris la Sorbonne, 2014.
S. Reinach : « Cultes, mythes et religions », Ed. R. Laffont, Paris, 1996.
J. Scheid : « La religion des romains », Paris, 1998.
J. Toutain : « Les cultes païens dans l’Empire romain », Paris, 1907.
R. Turcan : « Mithra et le Mithracisme », Ed. Belles Lettres, Paris, 1993.
35
R. Turcan : « Héliogabale et le sacre du Soleil », Ed. Albin Michel, Paris, 1985.
R. Turcan : « Les cultes orientaux dans le monde romain », Ed, Belles Lettres, Paris, 1989.
4 – Articles relatifs à la religion « solaire » :
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P. Boyancé : « L’Apollon solaire », RHR, T. 157, 1960, p.129
F. Cumont : « La théologie solaire du paganisme romain », Mémoires de l’Académie des
inscriptions et Belles Lettres, T. XII, 1913, P. 447.
F. Cumont : « L’éternité des empereurs romains », RHLR, 1896, P. 435.
Daremberg et Saglio : « Sol » extrait du « Dictionnaire des Antiquités », T. IV, p. 1373.
G. K. Galinsky : « Sol and the Carmen Saeculare », Latomus, n°3, 1967, p.619.
A. B. Griffith : « The emperor, Sol Invictus and Mithras: using imperial delusions of solar
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G. H. Halsberghe : « Le culte de Deus Sol Invictus », Coll. Aufstieg und Niedergang der
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J. Noiville : « Les origines du Natalis Invicti » REA, 1936, T. XXXVIII, p. 144.
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J. –C. Richard : « Le culte de Sol et les Aurelii », Mélanges J. Heurgon, 2, 1976, p. 915.
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H. Usener : « Sol Invictus », Rheinisches Museum, LX, 1905, p. 479.
F. Da Silva: "Les images du Soleil sur les monnaies romaines", Numismatique&Change
n°401,
février
2009,p.30-32
J.-P. Martin: "Sol Invictus: des Sévères à la Tétrarchie d'après les monnaies" ds Cahiers du
Centre G.Glötz n°11, 2000, p.297-307
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