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Pour le projet de plateforme de matériaux solidaire porté par les
Compagnons Bâtisseurs, il s’agissait de permettre la collecte de maté-
riels et de matériaux auprès d’entreprises an de permettre le bouclage de
chantiers de réhabilitation thermique de foyers en précarité énergétique.
Ce projet reposait sur le diagnostic des logements et l’accompagnement
des familles en difcultés par les CBP mais également l’ensemble des opé-
rateurs locaux intervenant dans le champ de la Lutte contre la Précarité
Energétique (LPE), les dons des entreprises, enn le bouclage des chan-
tiers grâce à l’attribution des dons à travers une commission réunissant les
partenaires du projet.
Cette plateforme a pour objectif de récupérer des matériaux de construc-
tion, d’isolation thermique et des équipements de chauffage, de ventila-
tion, et d’économie d’eau (mais également de l’électroménager performant)
auprès des entreprises an d’en faire bénécier les personnes ayant de
faibles revenus.
Le second projet porté par l’association CitizenShip (envisageant une
conversion en entreprise d’insertion) visait le recyclage de container
maritime autour de divers usages notamment à des ns d’habitation ou
d’activités collectives.
Très vite ce projet, compte tenu des difcultés liées à son implantation
(contraintes liées au foncier), a nécessité un accompagnement fort des
pouvoirs publics. A donc été proposé par les services de la Préfète dé-
léguée à l’égalité des chances des Bouches-du-Rhône le chantier de la
Savine qui, à travers la mise en place d’une « maison de projet » au cœur
de ce quartier difcile, offre l’opportunité d’une expérimentation du produit
« container » dans le secteur du logement social, bien que celle-ci, le cas
échéant, ne soit pas ciblée sur un usage d’habitation.
LIENS VERS LES SITES
Compagnons bâtisseurs www.compagnonsbatisseurs.org
Citizenship www.citizenship.fr
Pour en savoir plus, un lm a été réalisé par l’asso-
ciation Tabasco Vidéo et retrace les différentes étapes
sur les deux projets : http://www.paca.drjscs.gouv.
fr/De-l-art-et-la-maniere-de-repondre.html
1 - Les critères de sélection étaient les suivants : La réponse apportée à des besoins sociaux non ou mal satisfaits, le caractère distinctement nouveau, sur ce territoire,
de la réponse apportée, et sa nature expérimentale, l’implication des parties prenantes dans la conception/la mise en œuvre, la capacité à produire un impact social tan-
gible, l’existence de porteurs de projets atypiques, ou de coopérations nouvelles entre des acteurs d’habitude cloisonnés, les partenariats entre acteurs publics, privés
de l’ESS seront privilégiés.
2 - Composition : DRJSCS PACA, SGAR (Préfecture de Région), Préfecture des Bouches-du-Rhône (PDEC), Chambre régionale de l’économie sociale et solidaire, Conseil
Régional PACA, Nadine Richez-Battesti (chercheure, LEST, Université Aix-Marseille), Fondation MACIF , ADEME, CCM.
3 - Les deux associations ont reçu chacune une subvention de 10 000 euros de la préfecture de région.
Numéro 05
Sept 2014
Numéro 05
Sept 2014
Enn, une phase de retours d’ex-
périence et d’évaluation .
En Provence-Alpes-Côte d’Azur, un
appel à pistes d’innovations sociales
a été lancé conjointement par la
DRJSCS, le Secrétariat Général aux
Affaires Régionales (Préfecture de
Région) et la CRESS PACA début
mars 2013. Une grille de critères
qualiant une innovation sociale,
élaborée par la CRESS, a été jointe
à l’appel1. Le choix s’est porté sur un
territoire ciblé (l’aire métropolitaine
d’Aix-Marseille) et sur le champ de
la précarité énergétique, riche en
besoins non satisfaits et en initia-
tives innovantes. Un comité de pilo-
tage, constitué à cet effet2, a rete-
nu deux projets (sur 8 propositions)
qui ont fait l’objet d’un accompagne-
ment spécique.
Retour sur la méthode
d’accompagnement
Au-delà du soutien nancier de
l’Etat à ces deux projets3, l’apport
majeur du programme consistait en
la mise à disposition d’une ingénie-
rie de projet spécique en innova-
tion sociale, mise en œuvre par le
cabinet Yellow Windows.
La méthode déployée est avant tout
une démarche de co-conception
inspirée du design de service. C’est
d’abord un travail collectif visant la
construction d’une communauté de
pratiques. Elle s’appui sur un certain
nombre d’outils et de méthodes
(penser visuellement, connaitre les
usagers,…) qui ont été mis en œuvre
au sein des 3 ateliers réalisés par
projet, soit : jeux de rôle, travail en
petits groupes, manipulation d’ob-
jets (lego, cartons), de magazines,
eurs de lotus (technique dérivée du
brainstorming qui favorise la pensée
créative à base de manipulation
de post it sur lesquels chacun peut
écrire et décliner des idées).
Malgré certaines réticences dans
leurs usages par les acteurs ces
techniques ont permis de position-
ner chacun de façon égalitaire et
créative.
Qu’est-ce que
le design de service ?
C’est une activité de conception
qui organise des informations et
des situations an d’en augmenter
l’efcacité, la perception et la
qualité. Le rôle du designer de
service est d’assurer l’utilisation
optimale d’un service
en soignant l’interface
et la relation entre l’usager
et le produit.
Il s’agit de partir de l’expérience
des utilisateurs pour mieux cerner
leurs besoins et développer
de nouvelles expériences
et de nouveaux services.
Les effets du programme :
quand la co-construction
renforce la crédibilité,
la cohérence et la faisabilité
des projets
Pour les Compagnons Bâtisseurs :
un modèle économique précisé
Le bilan de la mise en œuvre du projet
a en particulier mis en évidence une
évolution du cadrage vers l’élabora-
tion d’un véritable service intégré,
ont en particulier mis en évidence
l’évolution du cadrage du projet vers
l’élaboration d’un véritable service
intégré, à destination de trois caté-
gories d’usagers :
1. Les bénéciaires naux (foyers
à revenus modestes visant des
travaux de rénovation, en particulier
aux ns de réduire leur facture éner-
gétique) ;
2. Les artisans associés au fonc-
tionnement de l’entrepôt via le don
d’heures de travail, voire de maté-
riaux, en échange de l’accès à
de nouveaux publics solvables et
d’un accompagnement, via l’en-
trepôt solidaire, vers une montée
en compétences sur l’utilisation de
certains matériaux ;
3. Les entreprises de matériaux et
de BTP, qui voient leurs coûts de
stockage et d’enlèvement réduits, la
motivation de leurs équipes renfor-
cée, de même que leur connais-
sance de leurs publics et de leur
environnement, en échange de
dons de matériaux.
La mise en place d’une véritable
démarche de co-construction a
permis de crédibiliser le modèle
économique du projet aux yeux
de ses nanceurs (notamment la
Fondation MACIF) et de renfor-
cer sa dimension socialement inno-
vante. Le programme a ainsi favori-
sé le bouclage nancier du projet, à
80% pour les deux années de lance-
ment.
Pour CitizenShip : un essai gran-
deur nature pour exploiter les possi-
bilités offertes par la modularité du
container
L’expérience menée sur le site
de la Savine a permis de visuali-
ser et de tester auprès des habi-
tants et acteurs la proposition de
CitizenShip. La Maison de projet
de quartier à La Savine a été ainsi
caractérisée comme :
Un lieu original, novateur et expé-
rimental,
Un lieu ouvert, attractif et convivial,
Un espace collaboratif, s’appuyant
sur des compétences internes et
externes au quartier ;
Un espace dédié aux projets de
La Savine, allant au-delà du seul
projet de rénovation urbaine (projets
économiques et sociaux portés dans
ou avec le quartier),
Un lieu doté d’une identité forte,
constituant une référence pour
CitizenShip.
CitizenShip a ainsi été récemment
retenu comme mandataire d’un
groupement de professionnels du
bâtiment, pour réaliser la maison du
projet de la Savine (mo LOGIREM).
Associer les usagers et plus large-
ment les parties prenantes tout au
long du projet : pas si simple….
Dans l’un et l’autre projet, la problé-
matique de la place des usagers a
été centrale. Ils sont la base de la
réussite du programme et de la
démarche d’innovation sociale.
Les difcultés d’association des
usagers au sein des politiques
publiques ont été résumées par le
« Collectif Pouvoir d’agir » en quatre
points principaux :
- l’importance du choix des
sujets : c’est un choix qui doit
revenir aux usagers/habitants,
- la crainte de la perte du pouvoir
d’agir des techniciens : le parta-
ger avec les usagers permet de le
multiplier et non pas de l’amoin-
drir,
- la conance dans la capacité
d’agir des personnes et notam-
ment dans le plaisir de faire
ensemble et de réussir une action
collective,
- l’appréhension du conit alors
qu’il peut être source de résolu-
tion.