Les camarades maoïstes du Pérou n’ont de cesse de le répéter : pour pouvoir déclencher,
et mener victorieusement à son terme, la Guerre populaire dans un pays donné – comme
processus de négation du capitalisme par le communisme menant à la prise du pouvoir par
les exploité-e-s, après quoi l’on parle de socialisme ; les communistes de ce pays doivent
d’abord élaborer une PENSÉE. C'est-à-dire, une analyse profonde, méthodique, à la lumière
de la science marxiste la plus avancée de l’époque (qui, aujourd’hui, est le maoïsme), de la
réalité et de l’organisation sociale, politique, économique et idéologique/culturelle qui nous
entoure, dans laquelle et généralement CONTRE laquelle nous luttons ; et qui, en ce qui
nous concerne, porte le nom de ‘France’ ou ‘République française’. Élaborer une pensée,
cela veut finalement dire, tout simplement, comprendre la réalité qui nous entoure pour la
TRANSFORMER.
À partir de ce mot d’ordre, différentes interprétations sont possibles... L’on peut, comme
certains, étaler sur internet des cours magistraux d’histoire philosophique, littéraire et
artistique en général, de notre bonne vieille ‘France’ académique : finalement, rien de bien
plus que nos bons vieux programmes de lycée ou de fac, mais ‘avec un œil marxiste’. OU
ALORS, l’on peut se pencher, dans une démarche réellement antagonique (d’abord dans la
pensée, avant que celle-ci ne 'rencontre’ les masses et ne s’organise pour agir, devenant
ainsi force matérielle), sur le processus matérialiste historique, de luttes de classe, à
travers lequel s’est CONSTRUITE cette réalité. Tel va être l’objet de la longue étude qui va
suivre.
Appartenant à la Nation occitane, Servir le Peuple a depuis maintenant près de deux ans été
amené à se pencher longuement sur cette question : la question de la présence, au sein de
la ‘République française’ (assimilée, avec un trait d’égalité, à une prétendue ‘Nation’
française), d’un certain nombre de nations : Bretons, Basques, Occitans, Corses, Alsaciens
etc. ; et de l’émergence, depuis les années 1960, de revendications de ces nations
présentant un contenu démocratique, progressiste voire révolutionnaire. D’autre part, ce
n’est plus un secret depuis que quelques petites balances ont fait leur office, SLP est basé
dans la région de Lyon : une ville qui, par sa situation géographique et son rôle
économique, s’est souvent vue attribuer le titre de ‘capitale de la province’, véritable petite
‘antenne’ de Paris pour tout l’Est et le Sud-Est de l’Hexagone, et concentrant, à ce titre,
toutes les contradictions de la construction politique, économique et sociale ‘France’.
Nous en sommes, au bout du compte, arrivés à la conclusion que ce qu’on l’appelle
‘France’ (plus ou moins totalement, depuis une centaine d’années, identifiée à ‘la
République’), est en réalité et avant tout une CONSTRUCTION POLITICO-MILITAIRE au
service de la classe dominante (hier, une alliance entre la monarchie capétienne, une partie
de l’aristocratie et du clergé et une partie de la grande bourgeoisie ; aujourd’hui la grande
bourgeoisie devenue, depuis près de 150 ans, monopoliste) ; ainsi qu’une ARMADA
IDÉOLOGIQUE et culturelle en ‘appui’ à cette domination – mobilisant les masses derrière
cette classe dominante et ses plans.
Telle est la conclusion principale de notre analyse ; et non le fait d’avoir déterminé que
cette construction politico-militaire/armada idéologique renferme, rien qu’en Europe (sans
compter l’outre-mer), une demi-douzaine de peuples et donc de prolétariats, plus les
‘colonies intérieures’ de descendant-e-s de colonisé-e-s : les intérêts de ceux-ci sont de
toute manière identiques et indissociables, et distincts et antagoniques de ceux de la
bourgeoisie même la plus ‘couleur locale’ qui soit, même ‘beurgoise’ ou ‘black-bourgeoise’,
etc. Tel est le principal, et telle est, selon nous, la véritable rupture et le véritable
antagonisme de classe, assumé, avec la réalité sociale qui nous entoure et nous oppresse
en tant que personnes du peuple, et que nous voulons abattre en tant que
révolutionnaires ; réalité qui, quel que soit le sens dans lequel on tourne le problème,
converge toujours vers un seul et même mot pour en désigner la globalité : ‘France’.
Telle est, aussi, la vraie rupture, la ligne de démarcation qui démasque la pensée de gauche
petite-bourgeoise ‘radicale’ ; pensée qui toujours en appelle à ‘l’État’, à la ‘République’,
comme entité déifiée au dessus des classes ; et inévitablement, finit toujours par glisser
sur ‘la Nation’, ‘la France’ et sa ‘grandeur’, ‘patrie des droits de l’homme’ et ‘lumière’ pour