de contrôler les ravageurs des forêts canadiennes.
Spécifiquement, la GIR se définit comme étant un
processus d’intégration où tous les aspects de l’interaction
entre un ravageur et la forêt sont étudiées et évalués afin
de fournir aux aménagistes forestiers l’information de
base nécessaire à la prise de décision. Ces aspects com-
prennent: l’écologie du système, ses valeurs sociétales; ses
relations avec les autres ressources; les tactiques
disponibles d’aménagement et leurs effets sur le ravageur
et les écosystèmes environnants. La GIR représente l’un
des principaux éléments d’un système intégré d’aménage-
ment de la ressource.
Un bon système de GIR nécessite une connaissance
détaillée de l’interaction entre le ravageur et le système
forestier qui lui est associé. Si des tactiques d’aménage-
ment doivent être prescrites, alors les effets de ces tac-
tiques sur l’organisme visé, le peuplement forestier et les
organismes non visés doivent être compris. De plus, les
valeurs qui doivent être protégées ainsi que le coût de leur
protection, y compris les réactions indésirables, doivent
être quantifiées. Les bénéfices retirés de l’action envisagée
devraient clairement contrebalancer les coûts
(économiques, socio-économiques et écologiques). Ces
évaluations devraient être faites en utilisant l’information
tirée de la détection des ravageurs et des programmes d’é-
valuation, de notre compréhension du fonctionnement
de l’écosystème forestier, de la connaissance de mode
d’action de la tactique proposée et de l’évaluation de la
réaction sociétale.
Les stratégies pour la GIR peuvent être soit proactives
ou à long terme (c’est-à-dire, conçues pour réduire la
probabilité d’impacts futurs des ravageurs), ou réactives
ou à court terme (c’est-à-dire, conçue pour réduire les
impacts des ravageurs une fois qu’ils sont apparents). En
foresterie, les tactiques à long terme pour réduire la prob-
abilité d’impacts futurs des ravageurs reposent en majeure
partie sur la sylviculture, l’aménagement actif des peuple-
ments forestiers afin de réduire leur susceptibilité. Cela
peut être fait soit par une coupe sélective des peuplements
à forts risques, soit par une modification de leurs condi-
tions de croissance afin d’améliorer la résistance du peu-
plement, ou soit par la modification du microclimat du
peuplement ou l’augmentation de la prédominance des
ennemis naturels (prédateurs, parasites ou pathogènes).
Les règlements et les restrictions concernant les produits
importés afin de prévenir l’établissement de ravageurs
exotiques peuvent également être considérés comme une
tactique proactive de GIR.
Les tactiques réactives ou à court terme de GIR sont
conçues pour réduire directement une population de
ravageurs présente sous un seuil acceptable de dégâts. Cela
peut comprendre la récolte des peuplements qui abritent
présentement les organismes ravageurs (traitements de
protection), ou l’application de produits synthétiques ou
naturels sur les forêts qui sont essentielles à la survie des
ravageurs. Dans le cas où les tactiques à long terme ne sont
pas possibles ou ont échoué et que l’impact du ravageur
sur les objectifs écologiques ou économiques d’aménage-
ment nécessite une intervention, le contrôle direct de
l’application des pesticides ou d’autres produits de con-
trôle des ravageurs sera requis.
Les pesticides organiques synthétiques, qui éliminent
les ravageurs soit par contact ou par ingestion, constituent
les agents de contrôle les plus courants. L’utilisation de
ces produits chimiques nécessite l’obtention d’un permis
et est étroitement régie par la Loi sur les produits antipar-
asitaires qui est gérée par l’Agence de réglementation de la
lutte antiparasitaire (ARLA) de Santé Canada. Des lignes
de conduites semblables sont nécessaires pour les autres
produits antiparasitaires tels les pesticides microbiens (p.
ex., les bactéries ou les virus qui provoquent des maladies
chez les organismes hôtes), et les produits semi-chimiques
de synthèse (p. ex., les phéromones pour manipuler les
populations de ravageurs) à mesure qu’ils sont élaborés
pour usage opérationnel.
Le contrôle biologique, la manipulation directe des
ennemis naturels pour contrôler les populations de
ravageurs, peut être à la fois proactif et réactif. De façon
typique, la manipulation des ennemis naturels comprend
soit l’introduction de nouvelles espèces dans un écosys-
tème (contrôle biologique classique), soit le développe-
ment d’organismes indigènes bénéfiques. Le contrôle
biologique, dans un sens proactif (connu sous le nom
d’inoculation), comprend l’introduction et l’établisse-
ment d’une population viable d’ennemis naturels dans un
système ou elle se développera pour infliger un niveau
annuel de mortalité à une population de ravageurs suff-
isant pour réduire les dommages à des degrés tolérables.
Le contrôle biologique réactif (connu sous le nom d’i-
nondation) sous-entend la propagation d’un grand nom-
bre d’espèces naturelles ennemies spécifiques suivi de leur
dispersion au sein de la population des ravageurs.
Contrairement à l’inoculation, où l’objectif est un con-
trôle durable, l’inondation met l’accent sur la réduction à
court terme d’une population de ravageurs dans la zone
immédiate de dispersion. L’importation d’espèces
naturelles ennemies pour la dispersion potentielle en tant
qu’agents de contrôle biologique est régie par la Loi de
protection des plantes, gérée par l’Agence canadienne
d’inspection des aliments (ACIA)
L’utilisation de moyens de contrôle biologique n’a pas
atteint son plein potentiel au Canada malgré les succès
associés aux dispersions d’inoculations faites à partir d’e-
spèces antagonistes naturelles dans le cas de ravageurs exo-
tiques ou introduits. À mesure que diminue le nombre
d’outils conventionnels pour le contrôle à court terme
direct des populations de ravageurs par suite d’inquié-
tudes en matière d’écologie et de santé, les systèmes GIR
devraient incorporer un plus grand nombre d’approches
de contrôle biologique.