0-F-Pos-5-Intgd Pest Mgmt - Canadian Institute of Forestry

Près de la moitié du territoire canadien est boisée. Ces
forêts comptent pour 10 % des écosystèmes forestiers du
monde et desquels s’écoule 20 % de l’eau douce de la
planète, et en conséquence représentent un élément inté-
gral du système de support de la vie de la planète. En tant
que ressource, les forêts constituent également un béné-
fice économique considérable. En effet, le Canada est le
plus important exportateur de produits forestier du
monde. En conséquence, le Canada est le gardien d’une
importante ressource mondiale naturelle et économique,
et porte la responsabilité de maintenir des forêts dans un
état de santé à la fois écologique et économique.
Les ravageurs forestiers
Les forêts canadiennes englobent une diversité biologique
significative. Plusieurs organismes, des champignons aux
insectes, de la faune aux plantes, interagissent directement
et indirectement avec les arbres vivants et ils constituent
des éléments naturels et intégraux des écosystèmes en
santé. La plupart de ces organismes sont bénins ou même
bénéfiques au niveau de leurs impacts sur la croissance des
arbres, mais à l’occasion, les activités d’une très petite
minorité d’espèces peuvent entraîner une réduction de la
croissance, une difformité et même la mort des arbres.
Dans certains types de forêts, les organismes ravageurs des
arbres constituent les principales sources de perturbation
forestière et de renouvellement, entraînant la mort de
millions d’arbres dans les forêts. Dans les forêts amé-
nagées pour des aspects spécifiques (p. ex., les zones d’ap-
provisionnement en bois, les zones pour la faune et pour
les activités récréatives), les dégâts des organismes
ravageurs d’arbres peuvent à l’occasion être en inter-
férence avec les objectifs d’aménagement. Au cours de ces
périodes, nous considérons que ces organismes comme
des “ravageurs”. Au Canada, les ravageurs forestiers com-
prennent les organismes qui endommagent les racines, les
troncs, les branches, le feuillage et structures fructifères
des arbres. Historiquement, les problèmes les plus
importants occasionnés par les ravageurs forestiers ont été
retrouvés dans les forêts mûres d’épinette (les tordeuses de
bourgeons, le charançon de l’épinette, les maladies raci-
naires et les champignons de pourriture), dans les forêts
mûres de pin (le charançon du pin, le faux-gui, et les
maladies racinaires), et dans les peuplements de feuillus à
maturité (divers insectes défoliateurs, maladies racinaires
et pourritures). Avec la venue de l’aménagement forestier
plus intensif, d’autres organismes moins connus pour-
raient devenir des ravageurs.
On estime que la croissance des forêts du Canada
(c’est-à-dire la production du bois structural) est réduite
de 30 % chaque année par suite de l’activité des insectes
herbivores et des pathogènes des arbres. La végétation
concurrente (p. ex., les mauvaises herbes) et plusieurs
espèces d’insectes et de pathogènes peuvent également
avoir un impact sur la régénération réussie des arbres
après une perturbation (naturelle ou humaine) et en con-
séquence, retarder la succession et le rétablissement des
forêts. De plus, l’action de certains organismes ravageurs
peut accroître le risque d’incendies catastrophiques ou
encore être à l’origine d’épidémies d’autres ravageurs. Ces
impacts pourraient compromettre sérieusement la capac-
ité productive des forêts du Canada entraînant des limites
à l’extraction soutenue des ressources et en changeant la
qualité à long terme de l’environnement.
Gestion intégrée des ravageurs
La gestion intégrée des ravageurs (GIR) cherche à établir
des critères rationnels sur lesquels reposent les décisions
Les politiques, les énoncés de position et les documents d'information du CIF/IFC sont élaborés par les membres par l'entremise du Comité permanent
d'élaboration de politiques. Le CIF/IFC souligne expressément l'aide apportée par le Comité des sciences et technologies forestièresainsi que les
commentaires rédigés par les réviseurs externes lors de la préparation de ces documents.
Des mémoires No5
décembre 2000
Aménagement intégré
des ravageurs forestiers
La voix des professionnels de la forêt
Canadian Institute of Forestry/Institut forestier du Canada
La voix des professionnels de la forêt
Canadian Institute of Forestry/Institut forestier du Canada
de contrôler les ravageurs des forêts canadiennes.
Spécifiquement, la GIR se définit comme étant un
processus d’intégration où tous les aspects de l’interaction
entre un ravageur et la forêt sont étudiées et évalués afin
de fournir aux aménagistes forestiers l’information de
base nécessaire à la prise de décision. Ces aspects com-
prennent: l’écologie du système, ses valeurs sociétales; ses
relations avec les autres ressources; les tactiques
disponibles d’aménagement et leurs effets sur le ravageur
et les écosystèmes environnants. La GIR représente l’un
des principaux éléments d’un système intégré d’aménage-
ment de la ressource.
Un bon système de GIR nécessite une connaissance
détaillée de l’interaction entre le ravageur et le système
forestier qui lui est associé. Si des tactiques d’aménage-
ment doivent être prescrites, alors les effets de ces tac-
tiques sur l’organisme visé, le peuplement forestier et les
organismes non visés doivent être compris. De plus, les
valeurs qui doivent être protégées ainsi que le coût de leur
protection, y compris les réactions indésirables, doivent
être quantifiées. Les bénéfices retirés de l’action envisagée
devraient clairement contrebalancer les coûts
(économiques, socio-économiques et écologiques). Ces
évaluations devraient être faites en utilisant l’information
tirée de la détection des ravageurs et des programmes d’é-
valuation, de notre compréhension du fonctionnement
de l’écosystème forestier, de la connaissance de mode
d’action de la tactique proposée et de l’évaluation de la
réaction sociétale.
Les stratégies pour la GIR peuvent être soit proactives
ou à long terme (c’est-à-dire, conçues pour réduire la
probabilité d’impacts futurs des ravageurs), ou réactives
ou à court terme (c’est-à-dire, conçue pour réduire les
impacts des ravageurs une fois qu’ils sont apparents). En
foresterie, les tactiques à long terme pour réduire la prob-
abilité d’impacts futurs des ravageurs reposent en majeure
partie sur la sylviculture, l’aménagement actif des peuple-
ments forestiers afin de réduire leur susceptibilité. Cela
peut être fait soit par une coupe sélective des peuplements
à forts risques, soit par une modification de leurs condi-
tions de croissance afin d’améliorer la résistance du peu-
plement, ou soit par la modification du microclimat du
peuplement ou l’augmentation de la prédominance des
ennemis naturels (prédateurs, parasites ou pathogènes).
Les règlements et les restrictions concernant les produits
importés afin de prévenir l’établissement de ravageurs
exotiques peuvent également être considérés comme une
tactique proactive de GIR.
Les tactiques réactives ou à court terme de GIR sont
conçues pour réduire directement une population de
ravageurs présente sous un seuil acceptable de dégâts. Cela
peut comprendre la récolte des peuplements qui abritent
présentement les organismes ravageurs (traitements de
protection), ou l’application de produits synthétiques ou
naturels sur les forêts qui sont essentielles à la survie des
ravageurs. Dans le cas où les tactiques à long terme ne sont
pas possibles ou ont échoué et que l’impact du ravageur
sur les objectifs écologiques ou économiques d’aménage-
ment nécessite une intervention, le contrôle direct de
l’application des pesticides ou d’autres produits de con-
trôle des ravageurs sera requis.
Les pesticides organiques synthétiques, qui éliminent
les ravageurs soit par contact ou par ingestion, constituent
les agents de contrôle les plus courants. L’utilisation de
ces produits chimiques nécessite l’obtention d’un permis
et est étroitement régie par la Loi sur les produits antipar-
asitaires qui est gérée par l’Agence de réglementation de la
lutte antiparasitaire (ARLA) de Santé Canada. Des lignes
de conduites semblables sont nécessaires pour les autres
produits antiparasitaires tels les pesticides microbiens (p.
ex., les bactéries ou les virus qui provoquent des maladies
chez les organismes hôtes), et les produits semi-chimiques
de synthèse (p. ex., les phéromones pour manipuler les
populations de ravageurs) à mesure qu’ils sont élaborés
pour usage opérationnel.
Le contrôle biologique, la manipulation directe des
ennemis naturels pour contrôler les populations de
ravageurs, peut être à la fois proactif et réactif. De façon
typique, la manipulation des ennemis naturels comprend
soit l’introduction de nouvelles espèces dans un écosys-
tème (contrôle biologique classique), soit le développe-
ment d’organismes indigènes bénéfiques. Le contrôle
biologique, dans un sens proactif (connu sous le nom
d’inoculation), comprend l’introduction et l’établisse-
ment d’une population viable d’ennemis naturels dans un
système ou elle se développera pour infliger un niveau
annuel de mortalité à une population de ravageurs suff-
isant pour réduire les dommages à des degrés tolérables.
Le contrôle biologique réactif (connu sous le nom d’i-
nondation) sous-entend la propagation d’un grand nom-
bre d’espèces naturelles ennemies spécifiques suivi de leur
dispersion au sein de la population des ravageurs.
Contrairement à l’inoculation, où l’objectif est un con-
trôle durable, l’inondation met l’accent sur la réduction à
court terme d’une population de ravageurs dans la zone
immédiate de dispersion. L’importation d’espèces
naturelles ennemies pour la dispersion potentielle en tant
qu’agents de contrôle biologique est régie par la Loi de
protection des plantes, gérée par l’Agence canadienne
d’inspection des aliments (ACIA)
L’utilisation de moyens de contrôle biologique n’a pas
atteint son plein potentiel au Canada malgré les succès
associés aux dispersions d’inoculations faites à partir d’e-
spèces antagonistes naturelles dans le cas de ravageurs exo-
tiques ou introduits. À mesure que diminue le nombre
d’outils conventionnels pour le contrôle à court terme
direct des populations de ravageurs par suite d’inquié-
tudes en matière d’écologie et de santé, les systèmes GIR
devraient incorporer un plus grand nombre d’approches
de contrôle biologique.
La majorité des forêts du Canada sont sous gestion
publique. Près des trois quarts sont de juridiction provin-
ciale, le reste étant principalement de juridiction fédérale
tout en ayant un petit pourcentage de forêts sous pro-
priétés privées. C’est le propriétaire forestier qui déter-
mine de façon typique la nature et l’étendue des activités
de GIR qui seront implantées. Puisque la majorité des
forêts canadiennes sont gérées par les provinces, la plani-
fication et l’implantation des stratégies de contrôle des
ravageurs sont habituellement de la responsabilité du gou-
vernement provincial. Les réglementations nécessitent
souvent l’obtention d’un permis accompagné des évalua-
tions des impacts environnementaux et économiques.
Elles obligent également l’émission d’un avis à tous les
intervenants avant que les opérations de contrôle des
ravageurs ne soient entreprises.
La position du CIF/IFC
Des forêts productives et en santé sont un élément impor-
tant pour le maintien de la position compétitive du
secteur forestier au sein de l’économie du Canada. Encore
plus important, les forêts en santé sont des éléments
essentiels de l’intégrité écologique nationale et mondiale.
Le CIF/IFC appuie la recherche au niveau des sciences
fondamentales et appliquées qui sont à la base du
développement et de l’implantation des systèmes de GIR.
Le CIF/IFC reconnaît que la GIR est un élément essentiel
de l’aménagement intégré des ressources visant la produc-
tivité forestière durable et la santé des écosystèmes à long
terme.
Le CIF/IFC préconise que:
1. Le développement et l’implantation des systèmes de
GIR doivent reposer sur la compréhension établie
des principes écologiques et de la connaissance
approfondie du cycle de vie des ravageurs.
2. La GIR doit comprendre la possibilité pour les forêts
de supporter plusieurs valeurs, de reconnaître les
différents besoins et droits des intervenants, et
d’établir un équilibre reposant sur la quantification
des bénéfices et des impacts des stratégies alternatives
d’aménagement.
3. L’application de toute tactique de contrôle des
ravageurs doit être faite seulement à l’intérieur du
cadre de GIR.
4. Lorsque cela est possible, les tactiques à long terme
et proactives de contrôle devraient être envisagées
prioritairement aux options de contrôle direct à
court terme.
5. Lorsque que des tactiques de contrôle direct sont
disponibles, la priorité doit être donnée à l’utilisa-
tion des produits biorationels (p.ex., les produits
organiques à haute spécificité pour l’organisme
ravageur visé, une toxicité minimale et une persis-
tance minimale) versus les pesticides synthétiques
chimiques.
Cet énoncé sera révisé décembre 2004.
151, rue Slater, Bureau 606
Ottawa ON, Canada K1P 5H3
Téléphone : 613-234-2242
Télécopieur : 613-234-6181
Internet : www.cif-ifc.org
Le Canadian Institute of Forestry/Institut forestier du Canada (CIF/IFC) est le porte-parole
national des praticiens de la foresterie. Le CIF/IFC, fondé en 1908, représente les membres qui
sont des forestiers, des technologistes et des techniciens forestiers, des enseignants des
chercheurs et autres personnes ayant un intérêt professionnel pour la foresterie. La mission de
l’Institut est « d’assumer un leadership national en foresterie, de promouvoir la compétence
parmi les professionnels de la foresterie, et d’accroître la sensibilisation du public sur les enjeux
forestiers canadiens et internationaux. »
Nous sommes des personnes ayant un intérêt professionnel en foresterie, à l’emploi des gou-
vernements, de l’industrie, dans le domaine de l’enseignement et de la consultation. Nos mem-
bres se basent sur leur formation académique, leur formation technique et leur expérience
pour aider à gérer les forêts du Canada et à sensibiliser le public canadien envers les forêts.
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