d’effectifs mais concernent également des transferts d’un métier à un autre ou des transformations de
certains métiers et donc des adaptations des compétences existantes au sein des équipes.
Il n’y a pas un mois depuis des années, sans qu’un article vante les mérites de la mobilité interne, souvent
comprise comme un enjeu de marque employeur. Dans les faits, la culture d’entreprise se trouve
renforcée dès lors que le choix du salarié est pris en compte et qu’il ne s’agit pas d’un échange
uniquement entre managers. D’un côté, le salarié en mouvement affiche un engagement de fidélité plus
fort et véhicule mieux l’image de l’entreprise. De l’autre, les coûts de formation et d'entrée en poste ainsi
que les coûts de recrutements externes, avec leurs flots d’erreurs, sont diminués. La mobilité interne
apparaît alors également comme une source d’économies qu’il est utile de rappeler.
Quelle réalité vivent les salariés ?
Dans les résultats du 25e observatoire du travail de BPI group publiés fin 2016, plus de 80% des salariés
indiquaient n’avoir reçu aucune proposition récente de leur entreprise autour de la formation, mobilité,
bilan de compétence, certification, mentorat...
Pour une minorité d’entre eux, des outils d’autoévaluation de leurs compétences et de leur employabilité
leur étaient parfois proposés ainsi que des crédits de temps pour accompagner leur réflexion sur les suites
de leur parcours professionnel.
Or, nous constatons que les collaborateurs sont avant tout en attente de mieux apprécier les
transformations de contenu et d’organisation du travail envisagées, selon les nouveaux postes/métiers
proposés, et d’anticiper les difficultés qu’ils devront surmonter, notamment en termes d’apprentissage. Et
cela dans une nécessaire grande transparence pour les mettre en regard de leur vie personnelle et
familiale. Cette étape est un réel prérequis pour qu’ils se mettent "mieux" en mouvement.
Une "situation de mobilité" s’avère toujours être une situation complexe qui oblige à nuancer l’opposition
usuelle entre des choix et des nécessités, des envies et des besoins. Il ne saurait y avoir de mobilité sans
projet de vie ni de logique "gagnant-gagnant" entre le salarié, sa famille et l’entreprise.
Quelles différences entre le politiquement correct et la réalité affichée ?
La mobilité interne recouvre une diversité de parcours qu’ils soient géographiques, fonctionnels avec des
changements de postes voire dans certaines industries, des changements de programmes… Elle devrait
dans les faits permettre à toutes les populations de l’entreprise d’exprimer ses souhaits et aspirations.
En pratique, les directions RH ne parviennent majoritairement pas à atteindre les objectifs assignés en
mobilité interne (fixés en général à 5% minimum) et ce, quelles que soient les catégories professionnelles.
Rien d’étonnant, décréter une politique de mobilité interne n’est pas suffisant. Il doit s’agir d’une stratégie
sociale d’entreprise clairement réfléchie avec un plan d’actions adaptées. A défaut, les entreprises
mettent en place une tactique sociale déclenchant un effet de communication pensant qu’il vaut mieux
communiquer sur des ambitions de mobilités internes… qu’externes ! Même l’annonce d’un budget dédié,
aussi conséquent soit-il, ne fera pas bouger pour autant les collaborateurs
Il est évident que la performance économique devenant de plus en plus complexe à gérer et surtout à
anticiper, la performance sociale devient alors le levier d’ajustement permanent du maintien de ce fragile
équilibre pour l’entreprise. Aujourd’hui, le nombre d’annonces de plans de départs volontaires, de gel des
embauches, du non remplacement des seniors, de la sous-traitance de nouvelles tâches ou de recours à
des intérimaires… est bien supérieur aux taux de réussite des mobilités internes.
Et en ce qui concerne "demain", les salariés bien que conscients des changements que leur métier pourrait
connaître dans les prochaines années, sont peu inquiets. Au regard des risques économiques, nombre
d’entre eux risquent d’opter finalement pour "un package de sortie" plutôt que de poursuivre en interne.