UNICEF/NYHQ2005-2387/Khemka La polio est une infection virale très contagieuse qui menace tout particulièrement les enfants de moins de trois ans. Le virus pénètre dans le corps notamment par l’intermédiaire d’une eau insalubre ou des aliments, s’attaque aux cellules nerveuses et peut entraîner des paralysies durables. Il n’est pas possible de guérir la polio, on ne peut que la prévenir grâce à un vaccin. L’éradication de la polio est un objectif réaliste car l’agent pathogène ne peut survivre que peu de temps à l’extérieur du corps humain. De ce fait, le vaccin est un moyen à la fois simple et efficace, car dès le moment où chaque être humain est vacciné, le virus ne trouve plus personne pour l’«héberger». Mais tant que le virus de la polio ne sera pas entièrement éradiqué, il n’est pas possible de relâcher les efforts. En 1988, l’UNICEF et l’Organisation mondiale de la santé OMS ont lancé la «Global Polio Eradication Initiative», une campagne mondiale dans le but d’éradiquer la paralysie infantile. 350’000 enfants contractaient alors chaque année cette maladie infectieuse dans 125 pays. Depuis lors, près de 2,5 milliards d’enfants ont été vaccinés contre la polio. En 2008, 1652 nouveaux cas ont été enregistrés, dont 1507 dans les pays où la polio existe à l’état endémique: au Nigeria, en Inde, au Pakistan et en Afghanistan. En 2010, 1352 nouveaux cas ont été enregistrés, 2011 650 et 2012 223. Le 13 janvier 2011, le dernier cas était enregistré en Inde - autrefois considérée comme l’épicentre mondial de la poliomyélite. La transmission du poliovirus sauvage autochtone a officiellement été interrompue dans le pays. Au niveau mondial, le nombre des nouveaux cas a diminué de 99 pour cent. Mais le dernier pour cent s’avère le plus difficile à vaincre. Des nouveaux cas de polio sont signalés à de nombreuses reprises. Un foyer qui se développe dans une région peut être très dangereux. Une étude de l’OMS a démontré que le virus de la polio avait voyagé entre 2004 et 2006 du Sud-Soudan jusqu’en Indonésie en passant par l’Arabie saoudite, la Somalie et le Yémen. 1200 nouveaux cas ont été recensés jusqu’au moment où la propagation a pu être stoppée par une campagne de vaccination massive qui a permis d’atteindre des millions d’enfants. Dans le cadre de la «Global Polio Eradication Initiative», l’UNICEF assure la coordination des journées de vaccination nationales et régionales. Ces journées constituent un moyen de lutte efficace contre la polio, car dans les pays concernés, beaucoup d’enfants n’ont pas accès aux centres de santé ; il s’agit donc de se rendre sur place pour les vacciner. Ainsi, lors des journées de vaccination nationales, des milliers d’auxiliaires se rendent dans les villages et les régions décentrées afin de vacciner les enfants à domicile. Ces journées de vaccination mettent généralement le pays entier à contribution. Les gouvernements, les organisations non gouvernementales et les volontaires – tous doivent participer si l’on veut que chaque enfant de moins de cinq ans soit vacciné. Jusqu’en 1955, on dénombrait chaque année 850 cas de polio en Suisse. L’introduction des campagnes de vaccination a permis de faire reculer le nombre des nouveaux cas à cinq par an en moyenne jusqu’en 1968. Le dernier cas de polio annoncé à l’Office fédéral de la santé publique remonte à 1982. En 1994, l’OMS déclarait l’Amérique du Nord, l’Amérique centrale et l’Amérique du Sud sans polio; en l’an 2000, il en était de même de la région du Pacifique ouest et en 2002, des Etats européens. Mais tant que le virus de la polio ne sera pas entièrement éradiqué dans le monde, le danger que cette maladie se propage à nouveau dans ces régions continuera d’exister – particulièrement aujourd’hui où les possibilités de voyager sont illimitées et où l’on constate une certaine lassitude à l’égard des vaccins. C’est ce qui s’est produit au milieu des années 1990 dans une partie des Pays-Bas lorsqu’une épidémie de polio a éclaté à l’échelon régional. La raison à cela, c’est qu’une partie de la population refusait tous les vaccins pour des motifs religieux. Grâce à un taux de vaccination de 95 pour cent, on n’avait plus recensé de cas de polio en Syrie depuis 14 ans. Mais en raison du conflit qui perdure, le système de santé s’est effondré dans une bonne partie du pays: près de deux tiers des hôpitaux publics et plus d’un tiers des centres de santé sont détruits ou endommagés. A la fin d’octobre, l’OMS a confirmé dix cas de paralysie infantile survenus dans l’Est de la Syrie. Selon les estimations, près de 500‘000 enfants syriens ne seraient pas protégés par un vaccin contre la polio, la rougeole, la rubéole ou les oreillons. Et aujourd’hui, la menace d’une épidémie de polio pourrait s’étendre très vite aux pays voisins. L’UNICEF, l’OMS et le ministère de la santé ont avancé les campagnes de vaccination prévues afin de stopper la propagation rapide du virus. L’UNICEF a encore intensifié ses efforts en vue de l’éradication du virus de la polio. La lutte contre la paralysie infantile se poursuit à plusieurs niveaux: campagnes d’information, amélioration des infrastructures permettant la distribution des vaccins et organisation de journées de vaccination. L’objectif d’un monde sans polio est à portée de main. Pour pouvoir déclarer le monde sans polio, il est nécessaire que l’on n’enregistre aucun cas de polio durant trois ans. C’est à ce moment-là seulement que la polio sera considérée comme éradiquée. L’exemple de l’Inde doit être souligné: Le dernier cas remonte au 13 janvier 2011. Une fois que trois années se seront achevées sans qu'il y ait eu un seul cas de polio, l’Inde sera considérée comme exempte de polio – une situation qui, il y a quelques années encore, paraissait tenir du miracle. Après la variole, la polio serait alors la seconde maladie éradiquée à l’échelle de la planète grâce à un vaccin. Pour y parvenir, il est impératif que les efforts ne se relâchent pas. Etat : novembre 2013