ATTENUATION DES INFRASONS D'ORIGINE SISMIQUE DANS L'ATMOSPHERE DE VENUS. R. Garcia1 et J. Boisson1, 1Etudes Spatiales et Planétologie, Institut de Physique du Globe de Paris, 4 ave de Neptune, 94107 Saint Maur des Fossés ([email protected]) Introduction: Vénus est une planète tectoniquement active comme en témoigne le jeune âge de sa surface. Cependant, la structure interne de la planète est peu connue, et la dynamique interne (absence de tectonique des plaques…) ainsi que la tectonique de surface (formations volcaniques et failles) sont assez mal comprises. De nombreuses questions se posent sur la dynamique globale de la planète et sur les intéractions à long terme entre la tectonique et le climat de Vénus. Un moyen de contraindre à la fois la structure interne et la tectonique de surface est de quanitifier l'activité sismique de Vénus. Cependant, les conditions de température et de pression à la surface de Vénus rendent le déploiement d'un réseau de sismomètres très difficile. Afin de contourner cette difficulté, nous proposons de détecter et de quantifier l'activité sismique et volcanique de la planète au travers des perturbations atmosphériques créées par ces phénomènes. De telles perturbations ont déjà été détectées [1,2], modélisées [3] et imagées [4,5] dans l'ionosphère terrestre. Dans cette étude nous étudions l'amplitude dans la haute atmosphère des ondes infrasons émises par des séismes à la surface Vénus. En particulier, nous détaillons les processus d'amplification et d'atténuation des ondes infrasons par un modèle réaliste d'atmosphère. Amplification des infrasons: Lors de leur propagation verticale dans l'atmosphère de Vénus, les ondes infrasoniques émises par les vibrations du sol sont amplifiées par la décroissance de la densité de l'atmosphère. En effet, la propagation des infrasons est adiabatique et conserve ainsi l'énergie cinétique de l'onde. Donc, la vitesse de déplacement des couches par l'onde de pression est amplifiée d'un facteur égal à 1/√r, avec r la densité de l'atmosphère, atteignant ainsi 100 000 à 150 km d'altitude. En outre, la forte densité des couches atmosphériques à la surface de Vénus assure un couplage entre le sol et l'atmosphère 60 fois plus éfficace sur Vénus que sur Terre [6], transférant ainsi environ 6% de l'énergie du séisme à l'atmosphère de Vénus [7]. Atténuation des infrasons: Les processus non adiabtiques d'atténuation des ondes infrasons peuvent etre divisés en 3 grandes catégories: ceux dus à une atmosphère de CO2 en phase gazeuse, ceux engendrés par le passage dans un milieu biphasique comme les nuages de Vénus, et enfin, l'atténuation ou la perte de cohérence créée par les mouvements de turbulence de l'atmosphère. Ces processus dépendent de la fréquence. Ainsi, les hautes fréquences sont atténuées dans la basse atmosphère et seules les plus basses fréquences (<0.05 Hz) atteignent les plus hautes altitudes et donc les plus fortes amplications. L'atténuation par une atmosphère de dioxyde de carbone est divisée en 3 effets[6]: atténuation classique par la viscosité et la conductivité thermique et atténuations par les modes de rotation et de vibration des molécules de CO2. Ces effets d'atténuation sont résumés sur la figure 1. Figure 1: (a) Logarithme du coefficient d'absorption classique (ligne pleine), de rotation (tirets) et de vibration (pointillés) dans une atmosphère de CO2 pur à 0.1 Hz. (b) Logarithme du facteur d'amplication des ondes infrasons dans l'atmosphère de Vénus à différentes fréquences: 10 mHz (cercles), 100 mHz (étoiles), 1 Hz (triangles), 10 Hz (triangles pleins) et 100 Hz (triangles pleins inversés). D'après Garcia et al. 2005 [6]. L'atténuation des ondes dans un milieu biphasique tel que les nuages de Vénus est un phénomène complèxe qui comprend plusieurs effets: la diffraction de l'onde sur les gouttes, les processus de relaxation engendrés par le changement de phase sous l'effet de l'onde de pression (diffusions thermiques et moléculaires entre les gouttes), et les effets liés à la différence de viscosité entre le gaz et les gouttes. Nous présentons une modélisation analytique qui repose sur des travaux d'acousticiens de l'atmosphère afin de quantifier ces effets. SHORT TITLE HERE: A. B. Author and C. D. Author Enfin, l'effet de la turbulence atmosphérique dans la couche de nuages et dans la haute atmosphère est abordé. Conclusion: L'effet d'amplification et de filtrage des ondes infrasoniques par une atmosphère de CO2 pur est bien modélisé et autorise l'observation des ondes infrasons créées par les séismes dans la haute atmosphère au delà de 130 km d'altitude pour des magnitudes (>6) correspondants à celles attendues sur Vénus [6]. Cependant, l'atténuation entrainée par les nuages et par la turbulence atmosphérique vient s'ajouter au processus précédent et a un effet non négligeable dans la bande de fréquences sismiques. Il est cependant difficile d'obtenir une quantification précise pour ces processus qui sont étudiés activement comme par des domaines de recherche à part entière. La détection éventuelle de ces signaux par la mission Vénus Express permettrait de valider le concept et ainsi de préparer de futures missions dédiées à l'étude de ces signaux. Citations: [1] Kelley M., Livingston R. et McCready M. (1985) Geophys. Res. Lett., 12, 577– 580. [2] Ducic V., Artru J. et Lognonné P. (2003) Geophys. Res. Lett., 30(18), 1951, doi:10.1029/2003GL017812. [3] Artru J., Lognonné, P. et Blanc, E. (2001) Geophys. Res. Lett., 28, 697-700. [4] Garcia R., Crespon F., Ducic V. et Lognonné P. (2005) Geophys. J. Int., 163, 1049-1064 [5] Lognonné P., Artru J., Garcia R., Crespon F., Ducic V., Jeansou E., Occhipinti G., Helbert J., Moreaux G. et Godet P. E. (2006) Planet. Space Science, 54, 528-540. [6] Garcia R., Lognonné P. et Bonnin X. (2005) Geophys. Res. Lett., 32, L16205, doi:10.1029/2005GL023558. [7] Lognonné P., Personal communication