procurer car spontanées dans les bois, les prés, au bord des chemins, etc. Ce sont elles que
privilégie la médecine populaire. S'y sont ajoutées, depuis l'Antiquité, divers végétaux
exotiques venus d’Asie, d’Afrique et d’Amérique. Depuis 1970, deux médecines asiatiques
traditionnelles ont été source d'introduction de nouveaux végétaux. La médecine ayurvédique
de l'Inde, vieille de plusieurs millénaires, a répertorié quelque sept mille plantes, dont plus du
tiers sont couramment utilisées. Elle nous a fait connaître par exemple la rauwolfia et le gotu-
kola. La médecine chinoise, quant à elle, est surtout pratiquée par des spécialistes et peu
d'éléments de sa pharmacopée sont connus de tous. L'exception qui confirme la règle est le
ginseng. Notons que certaines plantes chinoises, contenant des alcaloïdes pyrrolizidiniques,
ont été interdites à la vente en Belgique.
Depuis quelques années, l'exploration des plantes médicinales des divers continents a été
entreprise de manière systématique. L'Amazonie nous a ainsi offert le guarana et le Paraguay
le maté, l'Afrique orientale le prunier d'Afrique et l’Afrique du sud l'harpagophytum. De
grandes firmes pharmaceutiques, des universités et d'autres organismes paient des botanistes
et des pharmacologues pour recenser les usages traditionnels de tous les végétaux possibles en
questionnant les populations et, en particulier, les guérisseurs. Les plantes sont ensuite
analysées, à la recherche de principes actifs que l’on tentera ensuite de synthétiser. Il ne
restera plus qu'à déposer un brevet et à commercialiser le nouveau médicament pour que
l'opération soit fructueuse. Bien sûr, tout cela profite avant tout aux détenteurs des brevets et,
si l’aboutissement de cette démarche pourra peut-être soulager quelques-uns des nombreux
maux dont souffrent les Occidentaux, les populations locales, à la source de ces découvertes,
n'en bénéficieront pas – ou alors, elles risquent de voir leur mode de vie profondément altéré
par l'argent qu’elles recevraient, dans le plus « juste » des cas...
La suspicion des autorités
Un nombre croissant de remèdes végétaux est donc disponible sur le marché, et ces derniers
doivent être évalués. Par ailleurs, le développement sans précédent de l’automédication a
entraîné quelques accidents avec des plantes apparemment aussi bénignes que le séneçon ou
la germandrée, et d’autres, plus exotiques tels l’éphèdre ou le kava-kava. En même temps que
grandit l’intérêt populaire pour la médecine par les plantes, se développe, dans les milieux
scientifiques, un curieux phénomène de suspicion envers les végétaux… Par définition, les
plantes médicinales possèdent des effets sur l’organisme et sont souvent proches de la
toxicité. Si elles sont prises en excès ou mal à propos, il est normal de s’attendre à ce qu’elles
risquent de provoquer des dérèglements physiologiques : c’est d’ailleurs le cas de la plupart
des substances actives, et les médicaments de synthèse apportent tous les jours la preuve de
leurs nombreux effets secondaires. Il est étonnant qu’ils n’émeuvent d’ailleurs jamais autant
que lorsque des plantes sont en cause. Peut-être parce l’inconscient collectif pense que ce qui
est « naturel » ne saurait être dangereux. On rencontre pourtant, dans les règnes végétal et
animal, des substances d’une toxicité foudroyante.
Vouloir éviter les problèmes et rationaliser l’usage des plantes part certainement d’une bonne
intention, mais il importe de rester conscient que le risque zéro n’existe pas. L’interdiction
pure et simple ne s’est jamais révélée, en quelque domaine que ce soit, une solution optimale
mais un pis-aller. L’information, l’éducation et la formation du public restent les seuls
moyens véritables de minimiser les dangers existants. Mais cela nécessite une certaine
conception des choses qui n’est pas toujours celle des décideurs. On peut parfois se demander
si les « simples » représentent un péril pour la santé du public ou pour les profits des
industriels du médicament…
L’importance qu’ont récemment prises les plantes médicinales – 4 à 5 % des patients utilisent
les plantes comme traitement principal – a entraîné des réactions de l’industrie chimique qui