ARABIE SAOUDITE – La fin d`un modèle de rente

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Apériodique – n°16/098 – 30 mars 2016
ARABIE SAOUDITE – La fin d’un modèle de rente ?
 Après des années de forte croissance
économique assurée par les prix élevés du
pétrole, l’évolution du royaume saoudien,
une des premières puissances pétrolières
mondiales, est l’une des grandes inconnues
des années à venir.
 Au-delà d’un bilan conjoncturel négatif,
l’Arabie Saoudite se retrouve exposée à des
risques multiples. Le modèle de croissance
fondé sur la rente n’est plus viable avec les
prévisions d’un pétrole durablement bas. La
chute de 50% des recettes pétrolières met à
mal la politique de salaires publics élevés et
de subventions (des coupes ont déjà été
annoncées). Toute modification du pacte
social augmente la probabilité à long-terme
de troubles politiques internes. Tout ceci
alors même que le pays tente de devenir le
leader
d’un
Moyen-Orient
hautement
instable. Le pays est donc potentiellement
explosif : le modèle fiscal n’est pas tenable,
des doutes surgissent sur le peg,
l’environnement géopolitique est menaçant,
la population augmente rapidement, et la
jeunesse saoudienne est mal formée et mal
insérée dans le marché de l’emploi.
 Le pays a déjà vécu et traversé des
situations conjoncturelles difficiles dans les
années 90 avec des cycles bas et des prix
du pétrole très déprimés, mais la population
était moins nombreuse qu’actuellement. La
remontée des prix avait alors conforté le
pays dans son modèle rentier.
 L’Arabie
Saoudite
dispose
toutefois
d’avantages non-négligeables : un haut
niveau de richesse, des marges de
manœuvres fiscales gigantesques, un
secteur financier sain et une population
Études Économiques Groupe
http://etudes-economiques.credit-agricole.com
jeune. Une trajectoire d’évolution possible
réside dans la diversification de l’économie,
la refonte de la fiscalité et la création
d’emplois dans le privé, notamment pour la
part saoudienne de la population.
 Les choix de politique économique qui vont
être faits dans les années à venir vont donc
être décisifs pour l’Arabie Saoudite. Les
incertitudes sont très fortes sur la capacité
des dirigeants à remettre en cause
rapidement le rôle central de l’Etat dans la
redistribution de la rente, malgré un
potentiel de changement et une véritable
volonté politique. Ils devront maîtriser tous
les risques autour de la transition d’un
modèle de rente vers une économie plus
diversifiée. Mais les blocages sont forts,
entre le clergé et la partie non-réformiste de
la famille royale.
 Au sein des pays du Golfe, l’Arabie Saoudite
est probablement le pays qui est confronté
aux plus importants défis de transformation,
à la fois de son modèle économique et de
ses structures sociales. L’équation est
d’autant plus compliquée que l’Arabie
Saoudite dispose d’une place de leader
dans la zone et qu’une déstabilisation du
pays aurait des conséquences régionales
importantes.
 Nous craignons donc que les réformes en
cours ne soient pas suffisantes pour le
changement de modèle nécessaire à la
remise en cause de l’économie rentière, et
que le pays soit encore pour longtemps très
tributaire de la valeur du pétrole.
ARABIE SAOUDITE :
La fin d’un modèle de rente ?
Olivier LE CABELLEC
Margot PALMA
[email protected]
[email protected]
Arabie Saoudite : données et prévisions
2015e
Population (milions)
31,5
PIB (Mds USD)
746
PIB (croissance en volume, %)
2015e
2016p
2017p
3,6
3,3
1,1
1,7
2,7
2,2
4,7
4,1
52 300
Balance courante (% du PIB)
10,2
-4,8
-7,4
-0,1
Taux d'épargne (% PIB)
38
Budget : solde global (% PIB)
-2,3
-17,1
-15,0
-7,8
IDH (2013)*
34
Dette publique (% du PIB)
Gouvernance**
80
Change
PIB ppa/hab. (USD)
Inflation (moyenne annuelle, %)
2014
9
15
29
33
3,75
3,75
3,75
3,75
* Indicateur de Développement Humain (Nations Unies) : classement sur 187 pays
** Moyenne des World Governance Indicators (Banque Mondiale) 3 à 6; classement de 0 (min.) à 100 (max.)
… dû à la chute des prix du pétrole
2015 : une conjoncture dégradée
Un ralentissement de l’activité économique…
La croissance saoudienne a bénéficié du
développement du secteur pétrolier sur la
décennie 2005-2015, avec une croissance
annuelle moyenne supérieure à 5% en volume et
un pic à 8,4% en 2008. Sur la même période, le
PIB/habitant en PPA (parité de pouvoir d’achat) a
augmenté de 4,2% en moyenne annuelle, pour
atteindre environ 54 000 USD.
La croissance décélère à 3,3% en 2015 et devrait
ralentir à 1,1% en 2016. La croissance du secteur
non-pétrolier ralentit et ne prend pas le relais d’un
secteur pétrolier qui stagne en valeur. La hausse
de la production est insuffisante pour compenser la
chute des prix de plus de 50%. Nos prévisions de
prix du pétrole sont celles d’une prolongation de
cette situation : une remontée progressive à
environ 40 USD à la fin de l’année 2016 qui se
poursuit régulièrement jusqu’à 60 USD fin 2017.
25
Croissance économique en volume
(%, a/a)
12
9
10
6
5
3
0
0
-5
-3
-6
2012
Sources : CDSI,
Crédit Agricole S.A.
2013
2014
Le pays rentier est celui qui tire des revenus
conséquents de l’exploitation et de l’exportation
d’une ressource naturelle présente en abondance.
Cette situation modifie les structures économiques
et les modèles de gouvernance de l’Etat, qui joue un
rôle-clé dans la production, l’exploitation et la vente
de la ressource naturelle. L’Etat rentier est ainsi au
centre de la redistribution de la rente. Le pays
rentier, très souvent mono-producteur, s’expose à
un risque de retournement conjoncturel violent, à
moins que la rente ne soit l’objet d’une gestion
particulièrement prudente ou que l’économie soit
diversifiée (cas de la Norvège). Les pays pétroliers
sont un exemple-type de pays rentier.
15
15
2011
L’Etat rentier : définition
NB : la rente peut aussi provenir d’une autre source
que d’une ressource naturelle (tourisme ou finance
par exemple).
20
-10
Le pays a fondé sa croissance sur l’exploitation de
la manne pétrolière. L’Arabie Saoudite, Etat
rentier, tirait jusque-là 90% de ses recettes
publiques, 80% de ses revenus d’exportation et
40% de son PIB de la production de pétrole.
2015
Secteur pétrolier
Secteur non-pétrolier
PIB (éch. dr)
L’économie saoudienne a donc une vulnérabilité
marquée aux prix du pétrole, alors même que la
stratégie actuelle est le maintien coûte que
coûte des parts de marché saoudiennes
mondiales, ce qui maintient le cours du pétrole
au plus bas. L’Arabie Saoudite a légèrement
augmenté sa production en 2015 jusqu’à plus de
10 millions de barils/jour, tandis que les prix
subissaient une chute brutale jusqu’à 30 USD le
baril. Sa production est désormais stabilisée à
10,1 millions de barils/jour.
L’Arabie Saoudite a une croissance du PIB en
volume plutôt résistante, même en période de crise.
Celle-ci est équilibrée jusqu’en 2015 en raison de
forts excédents courants. La croissance en prix
courants chute au T3 2015 en raison de la baisse
des prix du pétrole.
N°16/098 – 30 mars 2016
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ARABIE SAOUDITE :
La fin d’un modèle de rente ?
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Le nœud de la réforme de la fiscalité
Prix du pétrole et production
140
USD/baril
11500
000 baril/j
11000
120
10500
100
10000
80
9500
60
9000
40
8500
20
8000
Sources : ICIS Pricing,
EIA, Crédit Agricole S.A.
Brent (gauche)
Production
Malgré une hausse de la production, la très forte
chute du prix du pétrole à moins de 40 USD le baril
a fortement affecté les recettes pétrolières qui ont
chuté de 44% entre 2014 et 2015.
Une balance des paiements en négatif
La conséquence de la baisse des cours du pétrole
est une dégradation dès mi-2014 des soldes
commerciaux et courants de la balance des
paiements. Le solde commercial est déficitaire
depuis le T1 2015. Très excédentaire ces
dernières années, la balance courante est
déficitaire en 2015 en raison d’un baril de pétrole à
53 USD en moyenne.
Soldes commercial et courant
Une situation fiscale très dégradée en 2015…
L’Arabie Saoudite avait enregistré d’importants
excédents budgétaires ces dernières années
grâce aux recettes pétrolières, ce qui lui avait
permis d’accumuler d’importantes réserves de
change. Elle entre désormais dans une période
d’incertitude budgétaire, où les revenus pétroliers
ne sont plus suffisants pour financer ses
dépenses. Le solde budgétaire est fortement
déficitaire en 2015 (-17% du PIB), pour plusieurs
raisons.
%PIB
60%
Finances publiques
%PIB
45%
40%
30%
20%
15%
0%
0%
-20%
-15%
-40%
-30%
Sources : SAMA,
Crédit Agricole
S.A.
Dépenses d'investissements
Dépenses courantes
Recettes publiques (hors pétrole)
Recettes publiques (pétrole)
Solde (drte)
Le solde budgétaire, excédentaire des dernières
années (sauf en 2009, -5,4%), plonge à -17% du PIB.
La contraction des recettes a été beaucoup plus
importante que la réduction des dépenses.
60
50
Du côté des recettes publiques tout d’abord. La
plus grande partie est issue de l’extraction et
de la production de pétrole, et elles ont chuté
de presque de moitié entre 2014 et 2015
(conséquence de l’effondrement des cours). La
part des recettes pétrolières diminue donc
nettement en 2015, représentant « seulement »
73% des recettes totales contre 87% en 2014.
Finalement, les recettes publiques totales
chutent de 42% sur un an et équivalent à 23% du
PIB en 2015 (contre 37% en 2014).
40
30
20
10
0
Mds $
-10
-20
Sources : SAMA, Crédit
Agricole SA
Solde commercial
Solde courant
Le déficit courant est encore acceptable (4,8% du
PIB) mais fait peser des risques sur la croissance.
Le compte financier est également négatif en
2015, comme c’est le cas depuis plusieurs années,
traduisant la sortie d’épargne saoudienne vers
l’étranger. Ce profil (comptes courant + financier
négatifs) explique en partie la baisse des réserves
de change observée en 2015.
N°16/098 – 30 mars 2016
Les dépenses publiques ont également
diminué mais dans une bien moindre mesure
(-12% sur un an), d’où l’explosion du déficit
budgétaire. L’année 2015 a en effet été marquée
par des dépenses exceptionnelles, notamment le
versement de primes individuelles très conséquentes lors du couronnement du nouveau roi Salman,
et le coût financier des conflits au Yémen et
désormais en Syrie.
3
ARABIE SAOUDITE :
La fin d’un modèle de rente ?
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Ce déficit a été financé de deux manières :
 Les réserves en devises détenues par la
SAMA ont diminué en 2015 (-18% sur un
an). Elles demeurent importantes (602 Mds
USD soit 80% du PIB) et couvrent donc pour
plusieurs années le déficit budgétaire si
besoin (même si ce n’est pas leur vocation
première).
 Le gouvernement saoudien a également
émis des titres sur le marché domestique
en 2015, pour la première fois depuis 2007,
pour une valeur totale de 15,7 Mds USD.
Réserves de change
800
Mds USD
 Côté dépenses, les subventions colossales,
qui représentent 5% du PIB annuellement,
vont être rabotées bien plus rapidement
qu’anticipé. Le prix de l’essence à la pompe
va être augmenté dans une fourchette de
50% à 66%. Les prix de l’électricité et de l’eau
seront également augmentés pour les
industriels et les ménages les plus aisés.
Une telle réorientation du modèle fiscal permettrait
de réduire le seuil d’équilibre fiscal, actuellement à
100 USD/baril, à 80 USD (potentiellement dès
cette année). Le ministère saoudien des Finances
prévoit pour l’année 2016 :
 Des dépenses publiques de 840 Mds SAR
(224 Mds USD), soit une baisse de 14% par
rapport aux dépenses réalisées en 2015.
Dépenses publiques 2016
600
400
Admi
publiques
3%
Ressources éco
9%
200
Sources : FMI, Crédit
Agricole SA
Réserves (mds $)
Les réserves en devises de l’Arabie Saoudite
demeurent très élevées malgré une baisse de 18%
(soit de 132 Mds USD) sur les 12 derniers mois
disponibles.
… mais des marges de manœuvre importantes
Tant du côté des recettes non-pétrolières, peu
importantes actuellement, que du côté des
dépenses publiques, une refonte de la fiscalité est
possible pour l’Arabie Saoudite. L’annonce du
budget 2016 a été l’occasion pour les autorités de
révéler leur plan de réforme.
 Côté recettes, il s’agit d’augmenter la part
des recettes non-pétrolières, via de
nouvelles taxes. Un projet de TVA a déjà été
approuvé et doit être appliqué, sans date de
lancement annoncée (probablement 2017 au
plus tôt car l’administration fiscale n’est pas
opérationnelle). Le vice-prince héritier a
déclaré souhaiter le faire en coopération avec
leurs voisins du Golfe, et confirmé qu’il n’y
aurait ni impôt sur le revenu ni impôt sur la
fortune. Une TVA à 5% pourrait lever
annuellement des recettes équivalentes à
1,5% du PIB (selon l’Institute of International
Finance). Ce serait un montant encore
modeste. À titre de comparaison, la TVA
représente 7% du PIB des pays de l’UE.
N°16/098 – 30 mars 2016
"Budget
support
provision"
22%
Education/
formation
23%
Santé/
social
12%
Défense/
Services
sécurité
Infrastrucmunici25%
tures/trans
paux
ports
3%
3%
Sources : SAMA, Ministry of Finance, Crédit Agricole S.A.
Par rapport au budget 2015, on constate une baisse
de la part des dépenses de défense/sécurité (-10 pts)
et l’apparition d’une ligne « Budget support provision »
pour « soutenir le budget et gérer des insuffisances
de revenus dues à la fluctuation des cours ».
 Des recettes publiques à hauteur de 513,8
Mds SAR (137 Mds USD), soit une baisse de
15% par rapport aux recettes réalisées en
2015. On estime que cela correspond à des
hypothèses de prix du baril entre 36,5 et
38 USD.
 Un solde budgétaire de -326 Mds SAR
(-87 Mds USD) soit un déficit de 15% du
PIB.
Le pilotage du budget saoudien devra être plus
rigoureux que les années passées pour permettre
au pays de traverser la crise actuelle. C’est un défi
compte tenu des dépassements régulièrement
constatés depuis 2008.
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ARABIE SAOUDITE :
La fin d’un modèle de rente ?
350
300
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Agences de rating : un risque souverain
en hausse
Maîtrise de la dépense publique
Mds
USD
250
200
150
100
50
0
2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015
Anticipé
Sources : Ministry of Finance,
Réalisé
Crédit Agricole S.A.
Le budget n’est traditionnellement pas respecté. En
2014, les dépenses réalisées étaient de 33%
supérieures aux dépenses projetées. Ce taux est
tombé à 13% en 2015.
Les autorités saoudiennes essaieront de limiter
l’usage des réserves de change pour combler le
déficit budgétaire en 2016 (celles-ci sont plutôt
destinées à préserver le peg).
Le recours à l’endettement public va donc se
prolonger en 2016 pour financer le déficit
budgétaire à deux chiffres. Une option privilégiée
également par le reste du Conseil de Coopération
du Golfe : Oman, Bahreïn, Koweït, EAU sont allés
sur les marchés obligataires en 2015 ou prévoient
d’y aller en 2016. L’endettement public saoudien
devrait augmenter fortement dans les années à
venir. Il n’est pas exclu que le gouvernement
émette des titres sur les marchés internationaux de
la dette, afin de ne pas dégrader la liquidité du
marché domestique saoudien.
Les trois grandes agences de rating sont
unanimes pour considérer que la très forte chute
des prix du pétrole entraîne des déficits jumeaux
élevés qui pèsent sur les grands équilibres
macroéconomiques à long terme. S&P a eu la
main particulièrement lourde en dégradant de
3 crans entre novembre 2015 et mars 2016 le
rating souverain de l’Arabie Saoudite. Les deux
autres agences ont mis des outlooks négatifs sur
leur notation. Toutes reconnaissent cependant la
solidité du système bancaire saoudien. Le cas de
l’Arabie Saoudite n’est pas isolé au sein du GCC
puisque deux autres pays assez fragiles que sont
Oman et Bahreïn ont également été dégradés par
S&P.
Ratings souverain LT
AA+ 20
AA 19
AA- 18
A+ 17
16
A
A- 15
BBB+14
13
BBB
12
BBB11
BB+
10
Sources : Agences,
CASA
S&P
Fitch
Moody's
Invmt Grade
L’opinion des agences de notation diverge sur ce
pays car elles pondèrent différemment les questions
de déséquilibre externe et de dette publique. La
tendance est néanmoins à la baisse.
Dette publique brute
100
% PIB
80
prév FMI
Une sphère monétaire et financière
qui soulève des questions inédites
60
La réforme fiscale plutôt que la réforme
monétaire : le peg est-il soutenable à moyenlong terme ?
40
20
0
2000
2005
Sources : FMI, Crédit
Agricole S.A.
2010
2015
2020
Dette publique
Dette publique (p)
La trajectoire d’endettement de l’Arabie Saoudite
devrait s’inverser dans les années à venir. Après
avoir ramené sa dette publique à des niveaux quasinuls en 2014, celle-ci recommence à émettre de la
dette.
N°16/098 – 30 mars 2016
Le riyal est arrimé depuis 1986 au dollar US via
un régime de change fixe (peg) au cours de 3,75
SAR par USD. A court terme, il est très peu
probable que la SAMA abandonne ce choix de
politique monétaire vieux de 30 ans. Malgré la
chute du prix du pétrole et les incertitudes quant
aux prix futurs, les anticipations de marché n’ont
pas bougé. La probabilité de ce scénario est
quasi-nulle. La SAMA a d’ailleurs augmenté son
taux interbancaire pour suivre la décision de la
Fed (tout comme les EAU, le Koweït et Bahreïn).
5
ARABIE SAOUDITE :
La fin d’un modèle de rente ?
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Taux d'intérêt
1,6
%
1,2
0,8
0,4
0
2009
2010
2011
Sources : SAMA, Fed,
Crédit Agricole S.A.
2012
2013
2014
2015
2016
SI Reverse repo
US Fed funds rate
La SAMA a augmenté fin 2015 son taux reverse
repo de 0,25 à 0,50% suite à la hausse des taux US
par la Fed (mais son taux repo demeure inchangé à
2%).
En revanche, l’évaluation des risques relatifs
à un abandon du peg ou à une dévaluation à
moyen terme se profile chez certains
investisseurs. La probabilité d’un tel événement
demeure faible, mais a été cependant en hausse
en janvier 2016. Ce mouvement spéculatif s’est
fortement atténué depuis lors, mais de nombreux
facteurs d’incertitude demeurent : prix du pétrole,
efficacité de la réforme fiscale annoncée,
situation géopolitique explosive au Moyen-Orient.
Le débat sur les conséquences positives et
négatives d’une sortie du peg ou de
l’adoption d’un nouveau peg dans les pays du
Golfe n’est donc désormais plus un tabou, et
les exemples observés dans d’autres pays
pétroliers (Russie, Azerbaïdjan) nous fournissent
quelques enseignements.
 Cette option impliquerait dans tous les cas
une érosion plus ou moins durable de la
confiance des investisseurs. Par ailleurs, le
gouvernement a lancé un plan de
privatisation de certaines entreprises
publiques
et
souhaite
attirer
plus
d’investisseurs directs étrangers. Il ne peut
se permettre de laisser planer des doutes
sur la solidité de son régime de change.
 Au titre des avantages, la dévaluation ou la
dépréciation de la monnaie saoudienne
donnerait probablement un taux de change
plus réaliste, et diminuerait les importations
via un renchérissement de leur coût. Elle
permettrait aussi de protéger les réserves de
change et donc sans doute le rating du
pays. Enfin, elle réduirait mécaniquement
les seuils d’équilibre du budget et du compte
courant (cf. exemple russe).
N°16/098 – 30 mars 2016
 La liste des inconvénients est aussi assez
longue. Compte tenu de l’ampleur et de la
diversité des importations, une dévaluation
provoquerait de l’inflation importée en raison
du renchérissement des produits importés
en masse par le pays et de l’absence de la
possibilité de substitution aux importations.
En affectant les revenus réels et le pouvoir
d’achat des agents privés saoudiens, elle
aurait
un
impact
récessif
sur
la
consommation des ménages. Enfin, tous les
acteurs endettés en dollars, notamment les
entreprises ne disposant que de peu de
ressources en devise forte, verraient la
charge de leur remboursement d’emprunt
augmenter fortement, ce qui ne manquerait
pas de pénaliser les banques dont le taux de
créances
douteuses
pourrait
alors
progresser.
Un autre aspect de l’abandon du régime de
change fixe au dollar est la coordination des
politiques monétaires au sein des pays du GCC.
On sent bien que certaines monnaies sont
actuellement assez menacées (dinar bahreïni,
rial omanais) compte tenu de larges déséquilibres macro-économiques mais qu’aucun pays
ne souhaite être le premier à sortir du peg. De
plus, même si les relations entre l’Arabie
Saoudite et les Etats-Unis sont désormais plus
distendues, les aspects politiques d’un abandon
du peg ne sont pas à négliger.
Nous pensons que les autorités politiques et
monétaires saoudiennes feront preuve de
pragmatisme et que s’il s’avère que les
avantages d’un dépegging l’emportent sur les
inconvénients, alors le pays changera sa
référence au dollar pour une nouvelle parité
plus faible. Tant que l’économie restera peu
diversifiée et que le pétrole restera facturé en
dollar, l’adoption d’un régime de change
totalement flexible reste en revanche très peu
probable.
Finalement, cela dépendra des effets des
ajustements structurels prévus à ce jour sur le
redressement des équilibres macro-économiques. S’ils tardent à se produire, alors il sera
de plus en plus probable que les autorités
s’orientent vers un assouplissement du régime
de change, assouplissement qui pourrait par
ailleurs être provoqué par des tensions sur les
marchés financiers. A moyen terme court (3 à
4 ans), cette probabilité nous semble toutefois
toujours très faible. Néanmoins, la visibilité sur le
maintien du peg au-delà de 3 ans est faible.
6
ARABIE SAOUDITE :
La fin d’un modèle de rente ?
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Le 1er défi structurel : un marché
du travail dual
Un système bancaire oligopolistique
et bien régulé
Le système bancaire constitue la majeure partie du
secteur financier saoudien (3/4 des actifs). Il est
oligopolistique (6 grandes banques se partagent le
marché) et privé. Il est bien régulé par la SAMA. Le taux
de créances douteuses est particulièrement bas puisqu’il
s’élève à seulement 1,4% (ce ratio devrait toutefois
augmenter à 2,5% en 2016). Les prêts non performants
sont bien provisionnés.
Les dépôts constituent les trois quarts du passif des
banques. Ce sont principalement les entreprises, car la
population saoudienne, plutôt mal insérée sur le marché
du travail, a également une culture de l’épargne très
faible. Le taux d’épargne au niveau national est de 38%
du PIB, mais le ménage moyen n’épargne quasiment
rien et dépense généralement l’intégralité de son
revenu, y compris parmi les classes sociales les plus
aisées.
Les crédits bancaires, essentiellement de court-terme,
sont principalement octroyés aux acteurs privés et
répartis à 71% vers les entreprises et 25% aux
ménages. Le crédit bancaire a eu une croissance à deux
chiffres ces dernières années et s’élève désormais à
45% du PIB saoudien (il décélère avec le ralentissement
de l’économie).
Secteur bancaire: crédits et dépôts
18%
0,85
15%
0,83
12%
0,81
9%
0,79
6%
0,77
3%
0,75
0%
0,73
Les réformes annoncées sont nombreuses, et un
plan national les détaillant en 133 réformes a été
annoncé. Leur « visage » est celui du jeune viceprince héritier, Mohammed bin Salman, qui occupe
l’espace médiatique et affirme vouloir changer de
modèle de développement. Mais ceci devra
d’abord passer par la gestion des questions
démographiques et du marché du travail.
Un dynamisme démographique fort
Le pays compte environ 30 millions d’habitants
sur son territoire, dont 20 millions de
Saoudiens et 10 millions d’étrangers. La
majorité de la population étrangère est masculine
(environ 70%) et en âge de travailler :
Pyramide des âges et migrants
100+
90-94
80-84
70-74
60-64
50-54
40-44
30-34
20-24
10-14
0-4
-2000
Sources : Crédit
Agricole S.A., SAMA
Crédit/dépôts (éch.dr)
Dépôts (var. yoy)
Crédit (var. yoy)
La SAMA surveille le crédit à l’immobilier pour prévenir
toute surchauffe liée à des taux d’emprunt faibles, en
instaurant des ratios prudentiels très conservateurs. Elle
a récemment assoupli le ratio minimum de liquidité de
85% à 90% pour tenir compte des effets de la crise et ne
pas brider l’activité de prêt des banques.
-1000
milliers
Sources : Crédit Agricole
S.A., Nations Unies
0
1000
2000
Hommes (pop nat)
Femmes (pop nat)
Migrants hommes (2013)
Migrants femmes (2013)
La population est très jeune : 53% de la population
totale et 56% des Saoudiens ont moins de 30 ans ;
29% de la population totale et 32% des Saoudiens
ont moins de 15 ans.
La population totale a augmenté très rapidement
depuis les années 1970, et pourrait augmenter
de 50% d’ici 2100 (scénario médian des
projections de l’ONU). Cette augmentation de la
population constitue un défi majeur sur le long
terme.
Malgré des inquiétudes sur la détérioration de la
liquidité du système saoudien (issue de la baisse des
dépôts publics et du resserrement de liquidité
domestique) et sur la probable hausse des créances
douteuses, le secteur bancaire, plutôt conservateur et
bien régulé, devrait affronter sans difficulté le défi d’un
environnement économique un peu plus difficile en
2016 et 2017.
N°16/098 – 30 mars 2016
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ARABIE SAOUDITE :
La fin d’un modèle de rente ?
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publique. Dans le secteur privé, ce ratio chute en
effet à 22%. Il est en revanche de l’ordre de 90%
dans le secteur bancaire, et beaucoup plus faible
pour les petits emplois du quotidien.
Pop et projections (1950-2100)
millions
60,5
60
47,6
40
31,5
35,5
20
0
1950
1975
2000
Sources : ONU, Crédit
Agricole S.A.
2025
2050
2075
2100
projections basses
projections médianes
projections hautes
population
Les emplois des Saoudiens sont concentrés
dans le secteur public (67%) : ce sont des
emplois de fonctionnaires généralement bien
rémunérés, dans les secteurs de l’administration
publique, de la défense, de l’éducation et de la
santé. La population étrangère occupe des
postes moins bien rémunérés dans le secteur
privé (construction, commerce de gros et de détail,
industrie).
Les défis majeurs du marché du travail
Sur la dernière décennie, la population a crû de
2,6%/an (après 5%/an en moyenne entre 1970 et
1989). Ce taux de croissance devrait diminuer dans
les années à venir, et la population se stabilisera
autour de 47,6 millions d’habitants en 2100.
Un marché du travail segmenté
population saoudienne mal insérée
et
Les relever sera absolument décisif pour la
réussite de l’évolution du pacte social souhaité par
les dirigeants.
une
Le marché de l’emploi est un marché dual, à
l’image de la structure de la démographie
saoudienne. La population saoudienne a un taux
de participation au marché du travail de 41% (ce
chiffre grimpe à 65% pour les hommes saoudiens),
contre 75% pour la population étrangère. Le taux
de chômage global est de 5,7% tandis qu’il s’élève
à 11,7% pour les nationaux.
Millions
Population et chômage
 L’augmentation de la population : il faudra
dans les années à venir absorber la
population supplémentaire dans le marché
de l’emploi. Même en prenant l’hypothèse
d’une augmentation très modérée du taux
d’activité, 6 millions de personnes supplémentaires intègreront la population active d’ici
2040. La création d’emplois dans le
secteur privé est donc nécessaire pour
éviter une hausse du chômage et donc une
hausse du risque de tensions sociales, le
tout dans un contexte où la baisse de la
manne pétrolière implique une politique de
redistribution moins généreuse.
35
%
14
30
12
35
25
10
30 millions
20
8
15
6
10
4
5
2
0
0
2000 2002 2004 2006 2008 2010 2012 2014
Sources : CDSI,
Oxford Economics,
Crédit Agricole S.A.
Pop non-saoudienne
Pop saoudienne
Chômage total (drte)
Chômage de pop saoud. (drte)
La population saoudienne a un chômage très élevé
de longue date, malgré un faible taux d’activité.
En réalité, seulement 45% des emplois en
Arabie Saoudite sont occupés par des
Saoudiens. Les autorités parlent de « taux de
saoudisation », taux réglementé en fonction des
secteurs d’activité afin de permettre aux nationaux
de trouver des débouchés hors de la fonction
N°16/098 – 30 mars 2016
Pop en âge de travailler (2000-2040)
70
%
60
25
50
20
40
15
30
10
20
5
10
0
0
2000 2005 2010 2015 2020 2025 2030 2035 2040
Sources : Oxford
Economics, Crédit
Agricole S.A.
Pop inactive
Pop active
Taux de participation (éch.dr)
La hausse de la population en âge de travailler
(>15 ans) provoquera mécaniquement une hausse
de la population active, même avec une hypothèse
extrême de stagnation du taux d’activité.
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ARABIE SAOUDITE :
La fin d’un modèle de rente ?
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 Le défi majeur, actuellement et pour les
années à venir, est la création d’emplois
pour les Saoudiens dans le secteur privé.
Ceci d’autant plus que les salaires du secteur
public constituent le principal poste de
dépenses courantes de l’Etat et alourdissent
la situation fiscale. Or, ces dernières années
la création d’emplois non-saoudiens dans le
secteur privé demeure plus rapide que celle
des emplois saoudiens.
 La formation des jeunes : le chômage des
jeunes Saoudiens (15-29 ans) est de 26%
(alors que le taux d’activité n’est que de 28%).
Il existe une inadéquation entre la
formation de la main-d’œuvre saoudienne
(surqualifiée, avec des diplômes de mauvaise
qualité) et les besoins du secteur privé.
60% d’une classe d’âge va à l’université
(niveaux comparables à la France ou à
l’Allemagne), mais les étudiants sont aux
deux tiers diplômés des « humanités et
sciences sociales » peu professionnalisantes
(car très centrées sur les études coraniques).
Focus : le défi de l’inactivité des femmes
Le taux d’activité des femmes saoudiennes est de
17% actuellement (dont 1/3 sont au chômage). Il
n’est pas improbable que ce taux d’activité
augmente à long terme ; et ceci d’autant plus que le
nombre d’enfants par famille a chuté en quelques
années. La conséquence est une population active
encore plus importante à absorber dans le marché
de l’emploi (cf. ci-dessus).
Ce potentiel de main-d’œuvre s’est en effet avéré
être un relais de croissance économique important
dans certaines économies. Les dirigeants
saoudiens ont conscience de ces réalités et de ces
défis. Cependant, un emploi plus élevé des femmes
nécessitera une forte évolution des mentalités et
sans doute une pression « administrative » pour
lever les forts blocages culturels et religieux en
vigueur actuellement.
Le 2e défi : une économie à diversifier
et à privatiser
Le pouvoir saoudien a conscience de la nécessité
de sortir de la maladie hollandaise dont souffre son
économie, et a affiché la volonté politique de
refondre son système productif. Il a mandaté des
cabinets de conseil pour étudier ce sujet. A titre
d’exemple, McKinsey a publié en décembre 2015
un rapport intitulé « Saudi Arabia beyond oil: the
investment and productivity transformation ». Il tire
la conclusion qu’avec une baisse durable des
cours pétroliers, le pays doit s’attaquer aux sujets
de la fiscalité et du marché de l’emploi pour ne pas
perdre son potentiel de croissance.
N°16/098 – 30 mars 2016
Le cabinet conseille une stratégie pleinement
axée sur la refonte de la fiscalité (vers les
revenus non-pétroliers) et la privatisation. Il
identifie huit secteurs jugés prometteurs pour
diversifier l’économie saoudienne : mines et
métaux,
pétrochimie,
industrie,
commerce,
tourisme, finance, construction et santé. Il souligne
également les trois défis de l’Arabie Saoudite : une
main-d’œuvre plus productive, un environnement
des affaires simplifié et renforcé, une fiscalité
refondue.
La théorie de la maladie hollandaise
Le Dutch disease (maladie hollandaise en français)
est une théorie économique qui montre comment
l’exploitation et l’exportation de la rente peut conduire
au déclin de la production locale de biens échangeables. Cette théorisation d’une « malédiction des
matières premières » est née aux Pays-Bas dans les
années 1970, lorsque l’exploitation de grands
gisements de gaz s’est accompagnée d’une
stagnation de la croissance économique. Suite à la
hausse des exportations néerlandaises, le taux de
change s’est rapidement apprécié, rendant les autres
biens exportables moins compétitifs.
Interprétée de façon large, cette théorie peut servir à
expliquer la non-diversification des systèmes
productifs en cas d’existence d’une rente. Ce concept
doit être manipulé avec précaution, car la manne
pétrolière d’un pays (comme ici l’Arabie Saoudite)
peut également favoriser la croissance des secteurs
non-pétroliers. Cependant, la rente a bien conduit à
une distorsion du système productif saoudien,
dominé par le secteur public et la compagnie étatique
pétrolière Saudi Aramco. Elle a également permis
une situation politique particulière, où la paix sociale
est achetée par l’argent du pétrole via des
subventions en masse et de bons salaires publics (on
peut assimiler ce contrat social à une forme de Dutch
disease politique).
Côté actualité, Saudi Aramco, la compagnie
étatique pétrolière, envisage d’ouvrir son
capital aux investisseurs privés. L’information a
été dévoilée par le vice-prince héritier Mohammed
bin Salman et confirmée par un communiqué de
l’entreprise. La cotation d’Aramco en ferait
possiblement
la
plus
importante
des
entreprises cotées au monde selon les
spécialistes et en tenant compte des réserves
pétrolières du sous-sol : sa capitalisation serait le
double de celle d’Apple. Cette décision, si elle se
concrétise, ouvrirait une stratégie plus large de
privatisation mais aussi, possiblement, de
transparence.
Les dirigeants actuels réussiront-ils à mettre en
œuvre les ambitieux projets de transformation de
la société saoudienne et si oui à quel tempo ? Le
plan national de transformation, élaboré par le
Conseil présidé par le vice-prince héritier Bin
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ARABIE SAOUDITE :
La fin d’un modèle de rente ?
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Salman, est construit autour de 133 recommandations dont le contenu sera révélé courant 2016.
Mais il n’y a pas d’exemple vraiment probant de
transformation d’une économie de rente en une
économie ouverte et diversifiée.
Une situation politique encore peu
claire dans un Moyen-Orient explosif
Rappelons que le pays est une monarchie absolue
fermée, où le Coran inspire la loi. Parmi les six
indicateurs de gouvernance de la Banque
mondiale, celui captant le niveau de démocratie
(« Voice
and
Accountability »,
c’est-à-dire
« participation et responsabilité ») est d’ailleurs de
loin le plus faible :
Profil de gouvernance : les KKZ (2014)
Contrôle de
corruption
Participat° &
responsa-bilisat°
2,5
1,5
0,5
-0,5
-1,5
-2,5
Stabilité pol &
absence violence
Etat de droit
Sources : World
Bank, Crédit
Agricole S.A.
Efficacité des
pouvoirs publics
Qualité de
réglementation
Certains aspects de la politique énergétique et de
la politique étrangère du gouvernement du roi
Salman sont contestés par une partie de la famille
royale. La rente pétrolière a permis d’acheter la
paix sociale, mais à un coût très élevé : ce
modèle arrive à un tournant puisque les
N°16/098 – 30 mars 2016
subventions vont subir des coupes dès 2016. La
hausse de la population, combinée à une baisse
des recettes publiques, accentue le risque de
troubles sociaux à long terme si les dirigeants ne
réussissent pas à refondre leur modèle fiscal pour
s’affranchir de la dépendance envers une rente
pétrolière un peu plus incertaine compte tenu des
niveaux de prix actuels. Les contestations
pourraient venir de rivalités intra-familiales, des
populations chiites (15% de la population) de l’est
du pays (régions pétrolifères), ou bien des jeunes
Saoudiens. Le gouvernement du roi Salman paraît
avoir maîtrisé ces risques pour le moment.
Le pays doit également faire face à la présence de
groupes djihadistes sur son territoire, notamment
issus de l’État islamique. Il subit régulièrement des
attaques terroristes contre des cibles chiites dans
l’est du pays (dont la dernière fin janvier 2016), et
une attaque à la bombe dans une mosquée contre
des membres des forces spéciales perpétrée par
l’EI durant l’été 2015.
La géopolitique est la zone de risques la plus
critique et la plus difficilement prévisible de
l’Arabie Saoudite et de la région Moyen-Orient. Le
pays est au cœur d’une région explosive, et sa
politique étrangère est de plus en plus affirmée
face à l’Iran, son rival chiite, pour le leadership de
la zone. L’engagement militaire au Yémen, terrain
d’affrontement entre les deux prétendants, l’illustre.
L’Arabie Saoudite est depuis mars 2015 à la tête
d’une coalition pour appuyer le pouvoir yéménite
contre des rebelles chiites. Un conflit ouvert entre
ces deux puissances est peu probable à court
terme, mais les affrontements par terrains
interposés devraient certainement se poursuivre.
L’Arabie Saoudite s’est ainsi engagée dans une
double guerre coûteuse et à l’issue incertaine,
faisant également partie de la coalition luttant
contre l’État islamique. 
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