Paroisse la-Croix-des-champs 5
Littoral Dunkerquois 5
Quand l’Eglise dialogue sur la question
du désarmement nucléaire...
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et LUE
La première des
conférences de Carême
a invité à la réfl exion sur
un sujet complexe
Le père Bruno Courtois, vi-
caire épiscopal, l’a sou-
ligné d’emblée : “C’est
un sujet que l’on a peu l’habi-
tude d’entendre, mais qui nous
concerne comme chrétiens.
Ces conférences doivent nous
permettre d’entendre une pa-
role extérieure qui nous bous-
cule, qui nous interpelle”. De
fait, le sujet du désarmement
nucléaire pouvait surprendre
les habitués des conférences
de Carême, d’ailleurs moins
nombreux qu’à l’accoutumée.
Pourtant, les enjeux sont im-
menses, comme l’ont montré
le général Bernard Georgeot,
ancien secrétaire national de
Pax Christi, et le père Alain
Paillard, délégué national du
même mouvement.
Le général Georgeot s’est
d’abord chargé de retracer
l’histoire de l’armement nu-
cléaire et de dresser un état
des lieux. Si la seule utilisa-
tion militaire de cette arme
fut celle que subit le Japon,
en 1945, à Hiroshima et Na-
gasaki, les bombes n’ont cessé
de se perfectionner, mais aussi
de proliférer.
Certes, des traités existent, et
le nombre d’ogives a été sen-
siblement réduit, mais il faut
garder à l’esprit qu’elles sont
aujourd’hui beaucoup plus
puissantes, représentant un
“réel danger qui nous a me-
nacés et qui nous menace
encore”. Le général Geor-
geot s’est alors posé la ques-
tion attendue : n’est-ce pas
le moment de réduire cet ar-
senal ? Le nucléaire est-il en-
core une force de dissuasion
aujourd’hui ? Les partisans du
désarmement citent ainsi le
président américain, Barack
Obama qui, dans son discours
de Prague (2009), disait as-
pirer à un monde sans armes
nucléaires... tout en ajoutant
qu’il ne le verrait sans doute
pas de son vivant.
La France ne pourrait-elle pas
alors démanteler son arse-
nal unilatéralement ? Le gé-
néral Georgeot sait bien quels
sont les freins à une telle dé-
marche : “Pour la plupart des
responsables français, le re-
trait des trois cents ogives
françaises, sur les vingt mille
qui existent dans le monde, ne
changerait pas grand-chose. Et
il faut dire que la possession
de l’arme nucléaire vous assoie
comme une grande nation,
vous donne voix au chapitre.
Par conséquent, il n’y a pas
vraiment de débat à ce sujet”.
Mais la vraie grandeur, pour le
général, serait dans le désar-
mement unilatéral, qui serait
selon lui un symbole, et une
première réponse à la ques-
tion posée par l’explorateur et
scientifi que français Théodore
Monod : “Quel est le pays qui
aurait le courage de déclarer la
paix au monde ?”.
Alain Paillard, prêtre du dio-
cèse du Mans, bibliste, a re-
joint Pax Christi il y a un peu
plus d’un an. Ce mouvement
associe la prière pour la paix à
l’étude et à la réfl exion, grâce
à des sessions de formation,
sans négliger de relayer ses
positions auprès de parlemen-
taires par exemple.
Le père Paillard s’est chargé
de présenter l’enseignement
de l’Eglise, et notamment
celui du concile Vatican II
(1962-1965), qui se réunis-
sait alors que la course aux ar-
mements entre les Etats-Unis
et l’URSS battait son plein.
Le concile, après avoir ob-
servé que “le progrès scienti-
fi que accroît démesurément
l’horreur et la perversion de
la guerre”, condamne très fer-
mement “tout acte de guerre
qui tend indistinctement à la
destruction de villes entières
ou de vastes régions avec
leurs habitants”, qualifi ant
un tel acte de “crime contre
Dieu et contre l’homme lui-
même” (Constitution Gaudium
et Spes). La course aux arme-
ments, elle, est pour les pères
du concile “une plaie extrême-
ment grave de l’humanité (…)
et il est bien à craindre que,
si elle persiste, elle n’enfante
un jour les désastres mor-
tels dont elle prépare déjà les
moyens”. Le concile fi xe alors
comme objectif, tout en le sa-
chant lointain, l’interdiction
de la guerre, objectif d’ailleurs
repris par le pape Paul VI à
l’ONU, en 1965, en pleine
guerre du Vietnam : “L’huma-
nité devra mettre fi n à la guerre
ou c’est la guerre qui mettra
fi n à l’humanité (...) jamais
plus la guerre, jamais plus la
guerre !”.
Pour ce faire, le concile ne
prescrit pas un désarme-
ment unilatéral, mais des ac-
cords internationaux, assor-
tis de garanties effi caces, et
une conversion des cœurs. La
perspective peut sembler an-
gélique, et l’enseignement du
concile se ressent sans doute
d’une époque où l’on envi-
sageait moins la possession
d’armes nucléaires par des
mouvements clandestins in-
contrôlables, mais l’Eglise
n’en rappelle pas moins ici “à
temps et à contretemps (…)
le message qui lui vient des
Apôtres : le voici maintenant le
temps favorable de la conver-
sion des cœurs, le voici main-
tenant le jour du salut”.
Loïc Figoureux
D
eux conférences de Carême ont eu un point
de départ commun la Parole de Dieu, la pre-
mière (20 mars) animée par le père Jean-
Luc Garin, membre de l’équipe d’animation du
séminaire et responsable de la formation perma-
nente : “Une Eglise envoyée pour que la Parole de
Dieu poursuive sa course… la seconde (27 mars)
par le père Marc Botzung, spiritain et qui a vécu
plusieurs années en Mauritanie : “Sur la base de
la Parole de Dieu, s’engager dans le dialogue de
la foi avec les membres d’autres religions…”
Etre à l’écoute de la Parole de Dieu
Ecouter la Parole de Dieu, c’est accepter d’être
bousculé, converti, tout en étant fi dèle à la tra-
dition de l’Eglise… accueillir la Parole de Dieu
c’est aussi accepter d’évoluer…
Car Dieu est un être de communion :
“Dieu s’adresse aux hommes comme à des amis
et converse avec eux pour les inviter à entrer en
communion avec lui et les recevoir en cette com-
munion.” Dei Verbum 2, 1965
“Dieu se fait connaître dans le dialogue qu’il dé-
sire instaurer avec nous… Dieu se fait connaître
à nous comme mystère d’amour infi ni dans le-
quel le Père depuis l’éternité exprime sa Parole.”
Benoît XVI, Verbum Domini 6
En témoigne le texte de la rencontre de Moïse
avec Dieu dans l’épisode du buisson ardent
(Exode 3,1-10)
“Moïse faisait paître le petit bétail de Jetroh, son
beau-père, prêtre de Madiân ; il l’emmena par-
delà le désert et parvint à la montagne de l’Horeb.
L’ange de Yavé lui apparut dans une fl amme de
feu, du milieu d’un buisson. Moïse regarda : le
buisson était embrasé, mais ne se consumait pas.
Moïse se dit : “Je vais faire un détour pour voir
cet étrange spectacle, et pourquoi le buisson ne
se consume pas”. Yahvé vit qu’il faisait un détour
pour voir et Dieu l’appela au milieu du buisson.
“Moïse, Moïse” dit-il, et il répondit “Me voici”.
Il dit : “N’approche pas d’ici, retire tes sandales
de tes pieds, car le lieu où te tiens est une terre
sainte”.
Et il dit : “Je suis le Dieu de tes pères, le Dieu
d’Abraham, le Dieu d’Isaac et le Dieu de Jacob”.
Alors, Moïse se voila la face, car il craignait de
fi xer son regard sur Dieu.
Yahvé dit : “J’ai vu la misère de mon peuple qui
est en Egypte. J’ai entendu son cri devant ses op-
presseurs ; oui, je connais ses angoisses. Je suis
descendu pour le délivrer de la main des Egyp-
tiens et le faire monter de cette terre vers une
terre plantureuse et vaste, vers une terre qui ruis-
selle le lait et le miel”.
A l’exemple de Dieu, les Hébreux, contemporains
de l’écriture du texte, sont invités à aller vers les
autres (les Cananéens, premiers occupants de la
“terre promise”, les Grecs qui envahissent le pays
et à destination desquels l’Ancien Testament aura
sa première traduction.
Car Dieu est aussi un être de dialogue…
“Chaque homme apparaît comme destinataire de
la Parole, interpellé et appelé à entrer dans ce
dialogue d’amour par une réponse libre. Chacun
de nous est ainsi rendu par Dieu capable d’écou-
ter et de répondre à la parole divine. L’homme est
créé dans la Parole et il vit en elle ; il ne peut se
comprendre lui-même s’il ne s’ouvre à ce dialo-
gue.” Benoît XVI Verbum Domini 22
Les deux conférenciers ont évoqué et analysé
un des textes emblématiques du dialogue, dans
l’Evangile : la rencontre de Jésus et de la Sama-
ritaine, Jean 4, 5…42
Dans cet épisode, Jésus est à la fois imprudent
et audacieux, il prend l’initiative et nous offre
une véritable pédagogie de la rencontre. C’est
la femme qui en vient à lui demander de l’eau,
mais sa demande est matérielle alors que l’offre
de Jésus est spirituelle. Mais Jésus est patient,
il poursuit le dialogue, il s’intéresse à elle, une
hérétique, une femme dont la situation matrimo-
niale n’est pas simple… Jésus ne porte pas de ju-
gement, ne lui fait pas la morale. Il avance vers
la vérité : la femme est révélée à elle-même. Du
coup, elle est libérée, elle retourne au village, de-
vient apôtre et témoigne de la rencontre qu’elle
vient de vivre avec le Christ. Nous avons assisté à
un approfondissement de sa foi : pour la Samari-
taine, Jésus est progressivement un prophète, le
Messie, le Sauveur du monde.
C’est l’illustration du fait que la Parole met en
dialogue…
Dialoguer…
Le dialogue peut se développer par cercles : entre
catholiques de différentes tendances, entre chré-
tiens, avec des croyants d’autres religions mo-
nothéistes comme l’illustrent les rencontres
d’Assise depuis octobre 1986, initiées par Jean-
Paul II, dans l’esprit de Vatican II, mais aussi
avec des non-croyants…
Le dialogue interreligieux peut s’instaurer à dif-
férents niveaux :
- d’abord, dans la vie quotidienne, c’est le vivre
ensemble,
- ensuite, dans l’engagement commun, le dialo-
gue des œuvres,
- c’est encore le dialogue théologique, qui néces-
site une solide culture,
- c’est enfi n, le dialogue spirituel, le partage d’ex-
périences spirituelles.
Plutôt qu’une retranscription exhaustive des deux conférences, ces notes
personnelles refl ètent ce que l’auteur de ces lignes a tenté de synthétiser.
François Lefebvre
Conférences
A l’écoute de la Parole de Dieu
“Quel est le pays qui aurait le courage de
déclarer la paix au monde ?”.
(Théodore Monod)