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Fruits et Légumes
Les parasites émergents en arboriculture
Le point sur Drosophila Suzukii et sur la bactériose du Kiwi
Drosophila Suzukii inquiète
les producteurs de fruits rouges
Quasiment inconnue dans le Sud-Ouest jusqu’à l’an dernier, cette
drosophile a causé en arboriculture en 2011 de très gros dégâts dans le
Sud-Est de la France. Sa présence y a été confirmée en 2010 d’abord en
Corse puis dans de nombreux autres départements du Sud-Est de la
France. Elle s’y développe depuis de façon croissante. Son cycle biologique très court (9 jours à 25°C, donc jusqu’à 10 générations par an) lui
confère une capacité de dissémination très rapide. Les pontes ont lieu
sur des fruits sains avant maturité (environ 3 semaines avant la mouche
de la cerise). A l'éclosion, les larves se développent à l'intérieur du fruit/
baie ou elles se nourrissent de la pulpe.
Son impact économique devient fort dans certaines régions comme
le Sud-Est, avec des parcelles de cerisier attaquées à plus de 80% en
2011. Drosophila suzukii est un ravageur polyphage qui s’attaque à de
nombreuses espèces végétales comme les abricotiers, pêchers mais surtout les cerisiers, petits fruits et fraisiers qui sont les trois espèces où les
dégâts les plus forts ont été observés pour l’instant.
En Midi-pyrénées, les premiers piégeages importants sont apparus
en 2011 en même temps que les tout premiers dégâts sur fraise. Pour
l’instant, il n’a pas été confirmé de dégâts sur cerise malgré les forts piégeages de certaines parcelles.
Détection
La pose de pièges en parcelles permet de détecter le début du vol des
adultes et de déclencher si nécessaire des moyens de lutte. La distinction entre Drosophila Suzukii et la mouche de la cerise est plus facile au
stade adulte : le mâle présente en effet des taches sur les ailes très caractéristiques de l’espèce. Au stade larvaire, il est très difficile de distinguer un asticot de Drosophila suzukii et un asticot de mouche de la cerise (sauf s’il y a plusieurs larves par fruit, ce qui n’est pas possible pour
la mouche de la cerise).
Kiwi : le point sur la bactériose
La bactérie Pseudomonas syringae pv. actinidiae (PSA) a été signalée en France en juillet 2010. Isolée en 1994 sur des vergers italiens de
Hayward, elle avait depuis cette époque été observée de manière sporadique, sans causer de dégâts significatifs. Puis en 2008, PSA a été identifié comme étant responsable des chancres bactériens observés sur les
vergers de kiwi à chair jaune (Actinidia chinensis). Ces chancres peuvent
conduire à la destruction de charpentières ou même de l’arbre tout entier.
Elle a aujourd’hui pris des proportions inquiétantes, pouvant toucher 50
à 80 % des arbres dans le Lazio italien. Les vergers de Hayward et les
autres variétés (Summerkiwi…) sont également touchés. Les dégâts sur
jeunes vergers de kiwi à chair verte peuvent être tout aussi fulgurants.
Dissémination de la maladie
La bactérie responsable du PSA entre par les fleurs, les blessures de
tailles, les dommages sur l’écorce dus aux câbles ou au gel, les cicatrices foliaires non cicatrisées… Elle se multiplie et circule dans le système vasculaire des arbres à partir des points d’infection. D’après l’expérience italienne, il semblerait que toutes les plantes puissent être touchées, pieds mâles autant que pieds femelles, avec cependant une plus
grande sensibilité des jeunes arbres (de moins de 5 ans). PSA se propage par le vent et la pluie ainsi que par les équipements utilisés pour la
taille des arbres. La période d'infection atteint son apogée à la fin de
l'automne ou au début du printemps, et le phénomène est probablement
accentué par les pratiques d'irrigation employées pour lutter contre le
gel ainsi que par la taille d'hiver. Un hiver plus froid que la moyenne et
des conditions printanières plus humides que la normale augmenteraient les risques d’infection.
Symptômes
Symptôme sur feuille
Sur feuilles
Tâches nécrotiques
entourées
d’un halo jaune
Source : EPPO
Source : entomart
Drosophila Suzukii
Mouche de la cerise
(Rhagoletis cerasi)
Méthodes de lutte
Sur fleurs
Les anthères brunissent puis les dégâts s’étendent au reste de la fleur
Il existe différents produits homologués en cerisier qui peuvent
apporter un intérêt. D’autre part, deux autres produits viennent de bénéficier d’une AMM de 120 jours sur cerisier contre Drosophila Suzukii.
AMM
en culture
de cerisier
Substance
active et
spécialités
Diméthoate
Différentes
spécialités
Thiaclopride
Homologué
Calypso
Lambdacyalothrine
Différentes
spécialités
Bénéficiant Spinetoram
GF 1640
d’une AMM
de 120 jours Spinosad
(jusqu’au
Success 4
04 09 2012) et Musdo 4
Efficacité Drosophila s.
DAR Efficacité
(peu de recul)
(jours) Rhagoletis c.
21
Très bonne
Moyenne à bonne
14
Bonne
Moyenne à faible
7
Faible
Moyenne (donnée US
et Italie, à confirmer)
3
Inconnue
Bonne à très bonne
(données US, à confirmer)
7
Faible
Moyenne
(donnée US à confirmer)
Dégâts de pseudomonas (psa) sur canne
Sur bois
Présence de chancre, l’exsudat qui s’en écoule parfois peut être blanchâtre ou rouge brun.
Les exsudats blancs ne sont pas toujours faciles à détecter, mais ce
sont des cultures pures de bactéries. Les exsudats rouges sont au
contraire faciles à repérer, mais ils résultent d’une réaction de l’arbre et
ne contiennent aucune bactérie.
Chancre sur bois
La stratégie de protection en cerisier contre les mouches, en cas de
suspicion de présence de Drosophila suzukii, peut s’articuler autour de
deux interventions : diméthoate pour la période de véraison (phase de
sensibilité envers Rhagoletis cerasi) et Spinetoram pour la période à
l’approche de la maturité (phase accrue de sensibilité pour Drosophila
suzukii).
Dans le cadre de la lutte, il est fortement déconseillé de laisser des
fruits non récoltés sur les arbres pour cause d’éclatement ou de grêle.
L’intervention chimique sur des parcelles de ce type est également
déconseillée.
7 JUIN 2012
Moyens de lutte
L’automne et le printemps
étant les deux périodes les plus
favorables aux contaminations,
on y portera une attention particulière.
• Une surveillance fréquente des
vergers s’impose d’autant plus
que l’on se situe dans une région
où la bactérie a été détectée. Dès
que des symptômes ont été repérés, il convient de demander un
diagnostic par le laboratoire.
Adressez-vous à votre technicien
qui fera le prélèvement et l’expédiera au laboratoire chargé de
réaliser le diagnostic :
Laboratoire National
de la Protection des Végétaux
7, rue Jean Dixmeras
49044 Angers cedex 01
Tel : 02 41 19 97 00
• L’élimination des organes touchés est impérative pour limiter
l’extension de la maladie. Coupez
l’organe malade suffisamment en
amont des symptômes (50 cm
minimum). Sortez et éliminez les
parties atteintes pour limiter
l’inoculum.
• Lutte chimique : aucune spécialité n’a de propriétés curatives.
Seules les applications préventives à base de cuivre permettent
de freiner l’extension de la bactérie. Il est important de bien couvrir la période post-récolte et la
chute des feuilles car les cicatrices pédonculaires sont autant
de portes d’entrées pour la bactérie.
Des applications de cuivre en
pré-floral ont été réalisées en
Europe et en Nouvelle Zélande
sans problème particulier. Pour
éviter tout risque de phytotoxicité, ne pas traiter en conditions
froides et humides, évitez les
mélanges, travaillez à plein volume, respectez les doses homologuées. Par ailleurs, d’autres spécialités à base de micro-organismes limitant le développement de PSA ou de molécules
favorisant les mécanismes de
défense des plantes (éliciteurs)
sont en cours d’évaluation et
seraient susceptibles de compléter ces possibilités d’intervention.
Marie DORDOLO,
Jean-Louis SAGNES
Chambre d’Agriculture 82
Emile KOKE, CEFEL
Cette action de diffusion est cofinancée
par l’Union européenne avec le fonds
européen agricole pour le développement
rural en Midi-pyrénées
et par l’Etat
au travers du CasDar
Prochain numéro le 21 juin
9
ACTION AGRICOLE
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