Chapitre 5 : Comment rendre compte de la mobilité sociale ? Quelques sujets d'EC1 : Distinguez la mobilité observée de la fluidité sociale. Distinguez, en les illustrant, la mobilité intergénérationnelle de la mobilité intragénérationnelle. En quoi le capital culturel peut-il être un frein à la mobilité sociale ? Montrez que le paradoxe d'Anderson peut mettre en évidence une forme de déclassement. Quelques sujets d'EC3 : Montrez les effets de l'évolution de la structure par catégories socioprofessionnelles sur la mobilité sociale Vous démontrerez que la famille peut constituer un frein à la mobilité sociale des individus. Vous montrerez que l'école ne parvient pas toujours à assurer une mobilité sociale. Quelques sujets de dissertation : L'école favorise-t-elle la mobilité sociale ? Quel rôle joue la famille dans la mobilité sociale ? Quels sont les déterminants de la mobilité sociale en France ? Définitions À savoir NOTIONS DU CHAPITRE La mobilité sociale est le fait pour un individu de changer de position au sein de la structure sociale. Les sociologues la repère le plus souvent par un changement de catégorie socioprofessionnelle (en utilisant, en France, la nomenclature des PCS). La mobilité sociale est dite verticale si elle entraîne un changement de place dans la hiérarchie sociale. Elle peut être ascendante = promotion sociale. (Ex : ouvrier professions intermédiaires) Elle peut être descendante = démotion sociale. (Exemple : cadre professions intermédiaires) La mobilité sociale est dite horizontale si elle n'entraîne pas un changement de place dans la hiérarchie sociale (mobilité au sein d'une même CSP ou vers une CSP proche). La mobilité sociale intergénérationnelle désigne le fait qu'un individu occupe une position sociale différente de celle de ses parents. La mobilité sociale intragénérationnelle désigne le fait qu'un individu change de position sociale au cours de sa vie (et en particulier au cours de sa carrière professionnelle). Le déclassement désigne l'expérience d'un individu dont la position sociale se dégrade. -On parle de déclassement intergénérationnel lorsqu'une personne occupe une position sociale inférieur à celle de ses parents. -On parle de déclassement professionnel lorsqu'une personne, au cours de sa carrière professionnelle, connaît une mobilité sociale descendante. -On parle de déclassement scolaire lorsqu'une personne occupe une emploi demandant un niveau de qualification inférieur à celui qu'elle a réellement. NB : Certains sociologues parlent d'un sentiment de déclassement pour des individus qui considèrent que leur position sociale se dégrade, même si cela ne correspond pas vraiment à une mobilité sociale descendante. La mobilité observée correspond, dans une société, à l'ensemble des personnes occupant une position sociale différente de celle de leurs parents. Dans une table de mobilité, elle correspond aux effectifs qui se situent hors de la diagonale. On l'exprime souvent par un pourcentage, calculé de la façon suivante : (nombre d'individus mobiles / effectif total) x 100 La fluidité sociale correspond à la probabilité que des individus n'ayant pas les mêmes origines sociales puissent accéder aux mêmes positions sociales. On la mesure par un rapport de chances relatives, qui permet de comparer les chances d'accéder à une position sociale plutôt qu'à une autre, selon le milieu d'origine (voir TD n°9). Une société parfaitement fluide est donc une société dans laquelle l'origine sociale des individus n'a pas d'effet sur leur position sociale. À l'inverse, on parle de « viscosité sociale » quand la position sociale des individus est fortement déterminée par leur origine sociale. Le paradoxe d'Anderson est un constat statistique qui montre que l'obtention d'un diplôme plus élevé que celui de ses parents ne garantit pas une position sociale plus élevée. Mis en évidence par le sociologue américain C. A. Anderson en 1961, ce paradoxe apparaît quand le nombre d'individus qualifiés augmente plus vite que le nombre d'emplois qualifiés. Il contribue au déclassement scolaire et suscite des débats sur la valeur des diplômes. Le capital culturel d'un individu désigne les savoirs, savoir-faire et savoir-être qu'il détient et qui sont valorisés par la société, en particulier par l'école. Pierre Bourdieu distingue trois formes de capital culturel : le capital culturel incorporé = les connaissances, les pratiques et les goûts que l'individu s'approprie à travers la socialisation. le capital culturel objectivé = les biens culturels auxquels l'individu a accès (livres, tableaux, disques...). le capital culturel institutionnalisé = les diplômes délivrés par l'institution scolaire. RAPPELS DE PREMIÈRE Pour un individu, un groupe d'appartenance est un groupe social dont il fait objectivement partie. (Il a des relations directes ou indirectes avec les membres de ce groupe, il partage leurs caractéristiques sociales, et il est identifié comme membre de ce groupe). Un groupe de référence est un groupe social dont l'individu ne fait pas objectivement partie, mais auquel il se compare et sur lequel il aligne son comportement. Le sociologue américain Robert Merton parle de socialisation anticipatrice lorsqu'un individu adopte par avance les normes et les valeurs d'un groupe de référence dont il souhaite devenir membre. Ces notions peuvent être utiles pour expliquer l'auto-sélection scolaire : selon leur origine sociale, les élèves n'ont pas les mêmes groupes de référence pour envisager leur avenir professionnel... et donc pas les mêmes ambitions. Le capital social est l'ensemble des relations sociales d'un individu ou de sa famille, qui peuvent être mobilisées pour accéder à des ressources ou à des positions (par exemple dans la recherche d'emploi). AUTRES TERMES IMPORTANTS La reproduction sociale désigne le fait que les individus occupent la même position sociale que celle de leurs parents. C'est donc le contraire de la mobilité sociale intergénérationnelle. La mobilité structurelle est la mobilité sociale intergénérationnelle qui est provoquée « mécaniquement » par les transformations de la structure socioprofessionnelle. (Quand les effectifs d'une CSP diminuent, une partie des fils va « forcément » être mobile. Quand les effectifs d'une CSP augmentent, elle va « forcément » recruter parmi les fils des autres CSP.) Une table de mobilité sociale est tableau à double entrée qui croise la position sociale des individus (leur CSP) et leur origine sociale (en général, la CSP de leur père). Une table de destinée montre ce que deviennent les fils, en comparaison avec la CSP de leur père. ASTUCE pour la reconnaître : en 2003, Une table de recrutement montre l'origine sociale des individus au sein de chaque CSP. ASTUCE pour la reconnaître : en 2003, 22% des fils d'agriculteurs étaient agriculteurs 88% des agriculteur agriculteurs avaient un père La méritocratie est un principe selon lequel les individus accèdent aux positions sociales en fonction de leur mérite personnel (leur travail, leurs efforts, leur intelligence ou leurs compétences) et non en fonction de leur origine sociale, leur richesse ou leurs relations. Ce principe est particulièrement important dans les sociétés démocratiques contemporaines. En France, il influence notamment l'organisation du système scolaire : scolarité obligatoire et gratuite, orientation selon les résultats, examens anonymes, sélection sur dossier ou sur concours... Cependant, les inégalités scolaires montrent que ce principe ne se réalise pas entièrement dans les faits. La massification scolaire désigne l'augmentation du nombre d'élèves et d'étudiants, liée à l'allongement de la durée des études. Elle entraîne une élévation générale du niveau de diplôme. C'est un phénomène quantitatif. La démocratisation scolaire désigne une progression de l'égalité des chances à l'école : cela signifie que le parcours scolaire des élèves dépend de moins en moins de leur origine sociale. C'est un phénomène qualitatif. NB : en France, on parle parfois d'une massification sans démocratisation, car les inégalités entre élèves et entre filières restent très marquées en fonction du milieu social d'origine. L'auto-sélection scolaire désigne la tendance des élèves des catégories populaires et de leurs familles à opter pour des études plus courtes ou pour des filières moins valorisées. Mis en évidence par le sociologue français Raymond Boudon, ce phénomène peut s'expliquer par un calcul coût/avantage, lors duquel les coûts de la poursuite d'études sont surestimés et ses avantages sont sousestimés. Il est encore plus fort lorsque l'on multiplie les choix d'orientation (en ajoutant des paliers d'orientation, ou en augmentant le nombre de filières, de sections ou d'options). Ce phénomène contribue aux inégalités scolaires et à la reproduction sociale.