14-18 à l’affiche Ce diaporama reprend des affiches présentées au public en 2008 aux Archives de la Ville et de la Communauté urbaine de Strasbourg lors d’une exposition intitulée « 14-18 à l’affiche », ainsi que des textes tirés du catalogue. Catalogue d’exposition: 14-18 à l’affiche, Strasbourg, Archives, 2008. Toute reproduction commerciale, même partielle d’un document d’archives, est soumise à l’autorisation des Archives de la Ville et de la Communauté urbaine de Strasbourg. Conception et réalisation du diaporama : Christelle STRUB, professeur d’histoiregéographie et chargée de mission aux AVCUS. Service éducatif des Archives. Les Archives de la Ville et de la Communauté urbaine de Strasbourg conservent un fonds important de près de 20 000 affiches illustrées. Les affiches illustrées datant de la Première Guerre mondiale font partie des documents les plus anciens de ce type conservés aux Archives. Ces documents qui n’étaient pas destinés à être conservés sont imprimés le plus souvent sur du papier bois très acide. C’est pourquoi ces affiches constituent un fonds très fragile, nombre d’entre-elles ont été pliées et comportent des déchirures voire des lacunes. Non accessibles pour l’instant au public, en raison de leur état de conservation, elles ont fait l’objet d’une campagne de « rajeunissement ». L’exposition « 14-18 à l’affiche » qui s’est tenue aux Archives du 18 septembre au 12 décembre 2008 a présenté au public une sélection de 87 affiches allemandes et françaises datant de la Grande Guerre. Les Archives conservent des affiches allemandes, ce qui semble naturel car l’Alsace fait partie de l’Empire allemand en 1914, mais également des affiches françaises collectionnées par les Allemands durant la Grande Guerre. Grâce à cette richesse, il est non seulement possible de comparer les thématiques propres à la propagande de chaque camp durant la cette guerre mais également les différences de graphisme entre affichistes allemands et français. PLAN Une guerre de propagande qui mobilise tous les médias Deux formes d’affiches Deux styles d’affiches différents Les autorités de l’affichage Chronologie simplifiée de la Grande Guerre en France et en Alsace Août 1914, la guerre! La guerre coûte cher Les emprunts français Les emprunts allemands Les collectes et réquisitions Une guerre de propagande L’évolution de l’armement Les figures héroïques La mobilisation de l’arrière L’Alsace-Lorraine dans la propagande française L’Alsace-Lorraine dans la propagande allemande La fin de la guerre L’Alsace-Lorraine après la guerre L’image de l’Allemand après la guerre UNE GUERRE PROPAGANDE MOBILISE TOUS MEDIAS DE QUI LES Diverses techniques de communication ont été utilisées au cours de la guerre : des articles de presse dirigés et contrôlés, des publicités de presse, des cartes postales, des calendriers, des timbres postaux et même les premiers films de propagande. Mais, dans ce registre, le médium le plus utilisé et le seul permettant aux autorités d’atteindre le public le plus vaste était l’affiche : celle-ci était collée sur les panneaux d’affichage et les murs dans les villes comme dans les plus petits villages. Avant la guerre, l’affiche avait été surtout un outil de communication pour les spectacles et pour la publicité commerciale. Au cours de la guerre, l’affiche devint une arme très efficace de propagande. Henri Royer, L’Aurore, Paris, s.d. AVCUS, 503 Fi 24. DEUX FORMES D’AFFICHES Les affiches textes L’affiche texte est un placard qui se présente uniquement sous une forme typographique. Ce que l’autorité, qui émet cette affiche, reconnaît comme important est en caractères gras et souvent beaucoup plus grands. Les affiches textes ont été souvent moins collectionnées que les affiches illustrées. De ce fait, les collections parvenues jusqu’à nous ne reflètent pas l’émission réelle des affiches. Inscription des territoriaux, 26 juillet 1915. Imprimerie Riedel Frères, Strasbourg. AVCUS, 502 Fi 12. Avis du général commandant remplaçant du XVe corps d'armée, le général d'infanterie von Gilgenheim, au sujet de l'inscription sur les listes des territoriaux des hommes de 17 à 45 ans qui n'ont pas encore suivi d'instruction militaire et qui ne sont pas encore inscrits. Les affiches illustrées Sur l’affiche illustrée, l’image occupe l’essentiel de la feuille et transmet le message principal. Non ! Jamais !, 1917, Julius Ussy Engelhard, imprimerie C. Wolf et fils Munich. AVCUS, 503 Fi 308. DEUX STYLES D’AFFICHES DIFFÉRENTS En France Nous en avons encore !, août 1916, Emile Friant, Nancy, AVCUS, 503 Fi 5. Une tradition s’est installée fortement en France : le lien entre caricature et affiche. La loi sur la liberté de la presse de 1881 avait favorisé le foisonnement de journaux satiriques. Tous les quotidiens et hebdomadaires (Le Figaro, Le Petit Parisien, Le Journal…) avaient des rubriques illustrées et les revues illustrées satiriques étaient nombreuses autour de 1900, critiquant allègrement les institutions politiques, le clergé, les bourgeois. Outre La Caricature, Le Rire et bien d’autres, il y avait L’Assiette au beurre, qui est l’une des plus représentatives de ces revues : elle comptait parmi ses collaborateurs réguliers Steinlen, Gottlob, Faivre, Naudin, Willette qui tous produisirent des affiches pendant la guerre. Une majorité d’affichistes français de la Grande Guerre a été formée aux Beaux-Arts où ils avaient étudié le dessin et la peinture. Mais, les trois-quarts sont surtout des praticiens de l’image caricaturale : il leur faut trouver un dessin qui accroche et c’est ce qu’ils font lorsqu’ils créent une affiche pour la guerre. En Allemagne L’affiche est un objet qui relève des arts décoratifs. L’Allemagne avait également ses revues satiriques, mais la loi allemande sur la presse de 1874 était beaucoup moins tolérante que la loi française. Une analyse et une réflexion fort modernes avaient été menées dans les Kunstgewerbeschulen, portant sur le concept qui devait être retenu pour une affiche, sur l’image qu’il convenait de choisir et enfin sur le rôle et la place du texte. L’affiche était ainsi devenue en Allemagne plus un objet technique qu’une création purement artistique. Ceci est le chemin vers la paix-les ennemis le veulent ainsi! C’est pourquoi, souscris à l’emprunt de guerre!, Lucian Bernhard, Stuttgart, s.d., AVCUS, 502 Fi 297. LES AUTORITES DE L’AFFICHAGE En France, il y eut bien sûr les affiches officielles du début de la guerre, placardées par le gouvernement : affiches de mobilisation, proclamations liées à l’entrée en guerre. Les proclamations se multiplièrent au long de la guerre : discours du président de la République, prises de position du gouvernement. Toutes ces affiches étaient émises sous la forme d’affiches textes, ornées de deux petits drapeaux tricolores ou de bordures tricolores. Cet affichage relevait directement du gouvernement ou se faisait par délégation. Deux ministères, guerre et affaires étrangères, développèrent des services de propagande spécifiques. Mais d’autres instances émirent également des affiches comme la Maison de la Presse, la Ligue des Patriotes, des associations d’artistes, et de multiples comités spécifiques. En Allemagne, une loi de 1849 voulait que la communication par affiches soit réservée à la communication politique et à la seule publicité commerciale. Le gouvernement allemand et le commandement supérieur de l’armée ont lancé plus tardivement des campagnes d’affichage. Le gouvernement et la OHL (oberste Heeresleitung) diffusaient les ordres, décisions, règlements et les messages de l’empereur. Ce commandement supérieur de l’armée mobilisait des « peintres de guerre », comme Erler et veillait à la carrière d’affichistes connus qui avaient été appelés sous les drapeaux, comme Lucian Bernhard ou Martin Lehmann. Au niveau des fronts, sinon dans tel Land, le Generalkommando de tel corps d’armée avait toute autorité pour faire placarder les mesures jugées indispensables. Il y a eu aussi des initiatives régionales et locales et le rôle des banques, dans le cas des emprunts ; ces initiatives de Länder et de communes se multiplièrent lorsqu’il a fallu gérer la pénurie beaucoup plus précoce et plus dure en Allemagne qu’en France en raison du blocus maritime anglais. CHRONOLOGIE SIMPLIFIÉE DE LA GRANDE GUERRE EN FRANCE 1871 Suite à la guerre de 1870-71, l’Alsace et une partie de la Lorraine sont annexées par l’Empire allemand de Guillaume 1er et de Bismarck (Traité de Francfort). 1914 28 juin : L’archiduc François-Ferdinand, héritier du trône d’Autriche-Hongrie est assassiné avec son épouse à Sarajevo par un étudiant nationaliste serbe de Bosnie, Gavrilo Princip. 23 juillet : L’Autriche-Hongrie adresse un ultimatum à la Serbie dans lequel elle exige entre autres que les autorités autrichiennes puissent enquêter en Serbie. Refus des serbes sur ce point, l’Autriche lui déclare la guerre le 28 juillet. 29 juillet : La Russie apporte son soutien à la Serbie et mobilise contre l’Autriche-Hongrie. 1er août : L’Allemagne alliée de l’Autriche-Hongrie déclare la guerre à la Russie et, suivant le plan Schlieffen, à la France alliée des russes le 3 août. 5 août : Suite au viol de la neutralité belge par l’armée allemande, l’Angleterre déclare la guerre à l’Allemagne. 6-9 septembre : Première bataille de la Marne, l’avancée allemande est stoppée à 40 km de Paris. 19 octobre - fin 1914 : « Course à la mer », chaque camp cherche à déborder l’autre par le nord. Première bataille d’Ypres. En décembre, le front se stabilise de la mer du nord à la frontière suisse, c’est la fin de la guerre de mouvement. Les soldats creusent les premières tranchées, c’est le début de la guerre de positions. 1915 16 février - 16 mars : Bataille de Champagne, la tentative française de percer le front est un échec. Avril : Seconde bataille d’Ypres, première attaque massive à l'arme chimique (gaz moutarde appelé par la suite ypérite) par l'armée allemande le 22 avril. 7 mai : Torpillage par les Allemands du paquebot britannique Lusitania. 1916 21 février - 18 décembre : Bataille de Verdun, l’offensive allemande veut réduire le front et saigner à blanc l’armée française. 1er juillet - 18 novembre : Bataille de la Somme, les alliés cherchent à soulager Verdun en obligeant les allemands à disperser leur forces. 1917 2 avril : Entrée en guerre des Etats-Unis aux côté des alliés suite à la politique de guerre sous-marine à outrance des allemands. Début avril - mi mai : L’échec de l’offensive française du Chemin des Dames (Aisne) du général Nivelle conduit à des mutineries chez les poilus. 6-7 novembre : Révolution d’Octobre (suivant le calendrier russe), les Bolcheviks de Lénine prennent le pouvoir à Saint-Pétersbourg. 3 décembre : Les Bolcheviks signent la paix de Brest-Litovsk avec les empires centraux. L’Allemagne peut concentrer ses forces sur le front ouest. 1918 Mars-juillet : Dernières offensives allemandes en Picardie puis en Champagne, création d’un commandement unique sous l’autorité du général Foch. 11 novembre : L'armistice franco-allemand est signé à Rethondes. 1919 28 juin : Signature du traité de Versailles, l’Allemagne perd 10 % de son territoire. L’Alsace-Lorraine retourne à la France. LA GUERRE EN ALSACE 1914 31 juillet 14 h : Arrivée à Strasbourg d’un télégramme du ministère de la guerre à Berlin « Danger de guerre imminent ». 1er août 18 h : Ordre de mobilisation générale de l’armée allemande à partir du 2 Août. 7 août : Prise de Thann par les français. 8 août : Les troupes françaises entrent dans Mulhouse, les allemands reprennent la ville le 10. Les français la réoccupent du 19 au 24 août. 14 août : Bataille de Diespach/St Blaise dans la vallée de la Bruche, première défaite allemande de la guerre. 19-20 août : Bataille de Lorraine : échec de la percée française recherchée par le plan XVII, retrait des troupes françaises de haute Alsace et de la vallée de la Bruche. 1915 Juillet-Août : Combats au col du Linge près d’Orbey Janvier, mars, avril, décembre : Combats du Hartmannswillerkopf (Viel Armand). 1918 9 novembre : Petite révolution du soviet, des conseils d’ouvriers et de soldats se constituent à Strasbourg. La république allemande est proclamée le 10 novembre devant l'Aubette. 22 novembre : Entrée des troupes françaises à Strasbourg. AOÛT 1914, LA GUERRE ! Après l’assassinat de l’archiduc François-Ferdinand le 28 juin 1914 à Sarajevo, on pouvait espérer une solution diplomatique à la crise austro-serbe. Mais la mobilisation partielle de l'armée russe, décrétée le 29 juillet, conduit en quelques jours, par le jeu des alliances, au déclenchement de la Première Guerre mondiale. En effet, la montée des nationalismes et les rivalités économiques et coloniales entre les pays européens avaient engendré, par le jeu des alliances, la création de deux blocs opposés. D'une part, les empires centraux, l'Allemagne et l'Autriche-Hongrie, s'étaient alliés à l'Italie (qui change de camp en 1915) pour former la Triplice. De l'autre, la France s'était alliée à la Russie puis à l'Angleterre pour former la Triple-Entente. La mobilisation de l'armée allemande est ordonnée le 1er août ; elle est effective dès le lendemain. La rapidité de cette mobilisation doit permettre à l'armée allemande de prendre ses ennemis de vitesse et augmenter ainsi ses chances de victoire. En effet, l'empire allemand doit se battre sur deux fronts, contre les Français à l'ouest et les Russes à l'est. Il se trouve de fait en infériorité numérique. Aux yeux de la population, l'ordre de mobilisation tient lieu d'annonce officielle de l'état de guerre. Sur la plus ancienne des affiches, l’empereur allemand décrète - à la troisième personne du pluriel, selon les formes de politesse en cours - la mobilisation de l’armée et de la marine, échelonnée sur plusieurs jours. L’autorité qui signe l’affiche est le général commandant le XVe corps d’armée. Ce placard standardisé pour tout l’empire, porte la mention d’une impression à Berlin, par la Reichsdruckerei, mais il est très possible qu’il s’agisse d’une impression strasbourgeoise par délégation. L’affiche est un travail typographique classique, particulièrement soigné, dans un cadre constitué des trois couleurs de l’empire: noir, blanc, rouge. Ordre de mobilisation de l’armée du 1er août 1914, Berlin. AVCUS, 502 Fi 40. LA GUERRE COÛTE CHER Les deux camps croyaient à une guerre courte comme celle de 1870-1871. Mais à la fin de l'année 1914, lorsque la guerre de mouvement cède la place à la guerre de position, la perspective d'une victoire rapide s'éloigne. Dès la déclaration de guerre, les belligérants avaient voté des crédits exceptionnels, mais la poursuite des hostilités demande sans cesse de nouveaux capitaux. La guerre des matériels impose la guerre de l'argent. Mais le coût d'un conflit de l'ère industrielle dépasse les capacités financières des Etats. Ces derniers doivent donc emprunter auprès de leur population les sommes nécessaires pour poursuivre la guerre. La guerre d'usure touche également l’économie. C'est ainsi que les Etats et les organismes privés multiplient les appels auprès de la population l’invitant à placer ses économies dans les emprunts de guerre et à répondre à différentes collectes. Ces opérations sont présentées comme des actes patriotiques et un investissement sur l'avenir. Le nombre important d'affiches annonçant les emprunts de guerre montre leur importance dans l'effort de guerre. Journée du poilu, 25 et 26 décembre 1915, Francisque Poulbot, Imprimerie Devambez, Paris. AVCUS, 503 Fi 27. Collecte de bienfaisance au profit des soldats au front, organisée par le Parlement. Journée du poilu, 1915, ThéophileAlexandre Steinlen, imprimerie Devambez, Paris. AVCUS, 503 Fi 34. Journée de bienfaisance au profit des soldats au front, organisée par le Parlement. LES EMPRUNTS FRANÇAIS Les emprunts visaient une large population, notamment celle des très nombreux épargnants des villes et surtout des riches départementaux agricoles qui, tout cumulé, avaient amassé des quantités considérables d’or. Le premier emprunt fut émis en novembre 1915, le second en octobre 1916, le troisième en octobre 1917 et le dernier en octobre 1918. Le rapport du premier emprunt, le plus élevé, rapporta plus de 15 milliards de francs. Ultérieurement les sommes perçues furent moindres : nominalement de l’ordre de 10 milliards, mais, en raison de la dévaluation du franc au cours de la guerre, ces sommes étaient, en valeur réelle, de moins en moins élevées. La situation devenait difficile à l’arrière, et les gens en état de souscrire étaient de moins en moins nombreux. Par ailleurs, il y avait tant d’autres sollicitations : ainsi, tout au long de la période de guerre, des collectes innombrables pour les éprouvés de guerre, lors de Journées du poilu, de la Journée serbe, pour les régions libérées, pour les foyers de soldats… Il y eut aussi de multiples « journées » de départements, de certaines villes. La guerre devait être suivie d’une « rafale » d’emprunts essentiellement en vue de la libération, de la reconstruction ; on vit apparaître des emprunts nationaux, perpétuels... Pour la France, versez votre or, 1915. Abel Faivre, Imprimerie Devambez, Paris. AVCUS, 503 Fi 30. Affiche de promotion de l'emprunt de guerre de 1915. Un soldat allemand plie sous le poids d'une pièce d'or française d'où jaillit le coq gaulois. On les aura Abel Faivre, Devambez, AVCUS, 503 !, 1916. Imprimerie Paris. Fi 29. Affiche de promotion du second emprunt de guerre français. LES EMPRUNTS ALLEMANDS Les campagnes allemandes dans le domaine des collectes et particulièrement des emprunts ont été nettement plus nombreuses car l’Allemagne était progressivement asphyxiée par le blocus et dut recourir à la solidarité nationale beaucoup plus que tous les autres belligérants. On compte ainsi neuf emprunts allemands. Ils ont été lancés successivement en octobre 1914 (rapport : 14,5 milliards de marks), en mars 1915 (rapport : moins d’un milliard), en septembre 1915 (rapport : 12 milliards), en mars 1916 (rapport : 10,5 milliards), en octobre 1916 (rapport : 10,5 milliards), en mars 1917 (rapport : 13,1 milliards), en octobre 1917 (rapport : 12,5 milliards), en mars 1918 (rapport : 15 milliards), et le neuvième peu avant l’armistice (rapport : 10,4 milliards). Comme en France, il y eut en Allemagne une inflation importante durant la guerre et une dévaluation de fait de la monnaie. Patrie, famille, avenir, 1918. Casper Augustin Geiger, texte de la direction pour l'empire allemand, imprimerie Münchner Buchgewerbehaus M. Müller et fils, Munich. AVCUS, 502 Fi 271. Affiche pour l'assuranceemprunt de guerre de la société d'assurance-vie "le Phœnix autrichien" de Vienne. Un soldat allemand coiffé d'un casque à pointe porte dans ses bras un enfant blond, nu, qui touche du doigt le mot "avenir" sur fond doré. Aidez-nous à vaincre, Souscrivez à l’emprunt de guerre, 1917. Fritz Erler, imprimerie Hollerbaum et Schmidt, Berlin. AVCUS, 502 Fi 372. L’affiche du peintre Fritz Erler pour le 6e emprunt, lancé en mars 1917, a eu un effet extraordinaire. Le nombre de souscripteurs s’éleva à plus de 6,7 millions. Un soldat au front (Verdun ?) porte un casque d’acier modèle 1916, un masque à gaz et des grenades à manche. On aperçoit derrière lui du fil de fer barbelé. Cette affiche devint l’une des icônes de l’art de l’affiche de la Première Guerre mondiale. Elle fut déclinée en plusieurs formats et largement diffusée sous forme de cartes postales distribuées aux soldats. COLLECTES ET RECQUISITIONS Le blocus imposé par l’Entente à l’Allemagne a été très éprouvant pour la population. Les autorités allemandes invitent la population à pratiquer des économies, à collecter par exemple des feuilles ou des noyaux. Les autorités récupèrent les métaux pour fabriquer des armes. Plusieurs affiches trahissent la dégradation de l'approvisionnement, ce qui contraint les autorités à recourir à des réquisitions. Hohlwein fait une démonstration de son savoir-faire dans l’affiche qui ne porte que trois mots : Ludendorff-Spende für Kriegsbeschädigte / « collecte Ludendorff pour les mutilés de guerre ». Outre le titre court, tout est dans l’image : un mutilé, caractérisé par la béquille qu’il tient de sa main gauche et qui semble avoir des difficultés du côté de sa main droite, cherche d’évidence à retrouver l’usage d’outils simples comme un marteau et une tenaille. L’affiche apparaît bien claire: l’uniforme gris-clair est savamment rendu, avec un traitement élaboré de la texture du tissu et comme des effets de pochoir (ombre et lumière) qui indiquent la profondeur et le mouvement. Sur cette affiche en largeur, il y a beaucoup de blanc : la chemise du soldat et de grands espaces blancs autour du personnage. Collecte Ludendorff pour les mutilés de guerre, s.d. Ludwig Hohlwein, imprimerie Kunstanstalt Wüsten et Co., Francfort-sur-le-Main. AVCUS, 502 Fi 300. Inscription manuscrite au crayon bleu : "réception des dons à l'office II de la taxe de circulation impériale, bureau 24". Ayez un cœur…, s.d., Josef Goller, imprimerie Feyl frères, Berlin. AVCUS, 502 Fi 269. Cette affiche annonce une collecte de vêtements usagés pour les soldats rentrants du front et la population nécessiteuse. Dans un cœur surmonté d'une croix de fer, des soldats reçoivent des vêtements de civils. Expropriation des métaux nonferreux, 1918. Louis Oppenheim, imprimerie d'art Weylandt, Berlin. AVCUS, 502 Fi 363. La pénurie de métaux oblige le gouvernement allemand à réquisitionner tous les objets contenant de l'aluminium, du cuivre, du laiton, du nickel ou de l'étain. L’affiche montre un ouvrier rassemblant dans un grand sac des objets hétéroclites en métaux non-ferreux. Ramassez des noyaux de fruits, s. d., Julius Gipkens, imprimerie Hollerbaum et Schmidt, Berlin. AVCUS, 502 Fi 362. L’affiche de la délégation de guerre pour les huiles et graisses promeut la collecte de noyaux de fruits afin d'en tirer de l'huile. Deux pépins dotés de jambes et d'une tête suent des gouttes d'huile. Ramassez des feuilles en guise de foin, 1917. Gottlob More, imprimerie d'art S. Malz, Berlin. AVCUS, 502 Fi 301. Une femme et des enfants collectent des feuilles sur les arbres pour en faire du fourrage. UNE GUERRE DE PROPAGANDE L'entrée en guerre est marquée par un important mouvement patriotique d'union nationale jusque dans la classe politique. En France, c'est l'Union sacrée, en Allemagne le Burgfrieden. Mais, dans la poursuite de la guerre, les gouvernements doivent s'assurer que l'opinion publique y reste favorable. Il leur faut veiller aussi bien au moral des soldats au front qu'à celui de la population civile restée à l'arrière. Un argument est mis en avant : c’est le camp adversaire qui a rendu la guerre inévitable. Le bellicisme de l’autre est opposé à des protestations de justice et de paix. En France, on emploie l'expression "guerre du droit" pour souligner le fait que c'est l'Allemagne qui a agressé une France obligée de se défendre. Les affiches dénoncent alors l'inculture, l'hypocrisie voire la barbarie de l'ennemi. Tout au long du conflit, il faut entretenir auprès de la population la certitude de la victoire et combattre le défaitisme afin d’éviter un relâchement de l'effort de guerre. Les affiches sont alors utilisées pour démontrer l'affaiblissement de l'ennemi, ce qui confirme l'imminence de la victoire. « Was von der Ent », s.d., F. Klimesch, imprimerie Dietrich Reimer (Ernst Vohsen), Berlin. La légende : "Ce qu'il resterait de l'Entente, si elle prenait au sérieux l'autodétermination de ses propres peuples et lâchait les rênes". AVCUS, 502 Fi 289. Sommes-nous les barbares ?, 1916, Louis Oppenheim, imprimerie Dr. Selle et Co., Berlin. AVCUS, 502 Fi 265. La comparaison des dépenses sociales, du nombre d'analphabètes, des dépenses pour l'éducation, de l'édition, des prix Nobel et des brevets en Allemagne, en Angleterre et en France cherche à démontrer la supériorité culturelle de l'Allemagne. Audessus du titre figure le portrait de Goethe dans un médaillon. La guerre est l'industrie nationale de la Prusse, 1917. Maurice Neumont, P. G. Gallais et Co., Paris. AVCUS, 503 Fi 16. La carte de l'Europe montre l'expansion territoriale de la Prusse depuis 1715. La Prusse est représentée comme une pieuvre coiffée d'un casque à pointe dont les tentacules s'étendent sur tout le continent. Les territoires français et belges occupés par l'armée allemande sont représentés en pointillés. A droite un dessin figure l'augmentation progressive de l'armée allemande entre 1715 et 1914. L’ÉVOLUTION DE L’ARMEMENT Les affiches constituent, d’une certaine manière, un indicateur imagé de l’évolution de l’armement. Elles permettent de voir apparaître les casques d’acier, les avions, les sous-marins et les chars. Le CASQUE À POINTE subsiste comme symbole durable de l’armée allemande « éternelle » mais dans la réalité, il a été remplacé, en février 1916 par le Stahlhelm (casque d’acier, dit aussi casque à boulons). Hitler devait écrire dans Mein Kampf : „aus dem Schleier der Vergangenheit heraus [wird] die eiserne Front des grauen Stahlhelms sichtbar werden, nicht wankend und nicht weichend, ein Mahnmal der Unsterblichkeit." Le Stahlhelm devint même le nom d’un mouvement militaro-politique qui, aux yeux des révolutionnaires des débuts de Weimar, apparut comme le symbole des forces d’ordre réactionnaires. Ultérieurement, au début des années 1930, ce mouvement fit équipe avec le parti nazi. Le peintre Erler qui fit la célèbre affiche « Helft uns siegen! » fut apprécié par les nazis. Il fut notamment appelé à faire un portrait de Hitler et ceux d’autres dignitaires. La meilleure caisse d'épargne : l'emprunt de guerre, s.d., Louis Oppenheim, imprimerie Fritz Schneller et Co., Nuremberg. AVCUS, 502 Fi 291. Une main tient un casque d'acier allemand modèle 1916 dans lequel tombent des billets de banque. L’AVIATION Et vous ?, s.d., Fritz Erler, Munich, imprimerie Eckstein et Stähle, Stuttgart. AVCUS, 502 Fi 371. Un aviateur est représenté debout dans un baquet d’avion biplan. Il a le bras droit bandé, porte un bonnet d’aviateur et une vareuse en cuir. Sous son bras gauche, on peut distinguer la crosse d’une mitrailleuse de bord. Le slogan inscrit sur l’affiche est : "Et vous ? Souscrivez à l'emprunt de guerre". LES SOUS-MARINS Donnez pour la quête des sous-marins, 1917. Willy Stöwer, imprimerie Pass et Garleb, Berlin. AVCUS, 502 Fi 295. Le sous-marin est représenté en surface avec son équipage. Une liste indique quels établissements acceptent les dons. Cette affiche correspond à la reprise de la guerre sous-marine à outrance par l'Allemagne, ce qui conduira à l'entrée en guerre des Etats-Unis. A la différence de nombre d’affiches allemandes qui recherchent la simplification et la schématisation du sujet, il ne manque, ici, pas un bouton d’uniforme de sous-mariniers et pas un écrou sur le sous-marin. Cela est dû à la formation spécifique du peintre qui a débuté comme dessinateur d’armements de marine LES CHARS Nous allons les battre…, s.d. Martin Lehmann, imprimerie Weylandt, Berlin. AVCUS, 502 Fi 268. L’apparition des chars a été une des grosses surprises militaires de la guerre. La Grande-Bretagne a, la première, entrepris de mettre au point une telle arme en 1915. L’irruption de ces engins mécaniques sur le champ de bataille, en septembre 1916, provoqua une panique considérable dans les rangs allemands qui faisaient face aux premiers engins. Le rôle militaire des chars resta pourtant mineur sur les champs de bataille. Les chars représentés sur cette affiche sont britanniques! Ces Mark IV, construits à partir de mai 1917, menacent de tout écraser. Mais les Allemands affirment dans la légende en gros caractères, sous les chenilles du char, Wir schlagen sie / « Nous les vaincrons ». Ce slogan martial est augmenté d’un corollaire « et nous souscrivons à l’emprunt ». LES FIGURES HÉROÏQUES Des deux côtés, français comme allemand, se détachèrent bientôt des figures héroïques réelles, historiques et mythologiques. Dans un premier temps et dans la logique de guerre en général, les principaux chefs de guerre furent célébrés. Du côté français : les Joffre, Galliéni, Pétain et Foch ; mais durant les dernières années de la guerre, ce fut particulièrement le chef du gouvernement, Clemenceau. Du côté allemand, le Kaiser apparut évidemment en premier lieu, ainsi que le Kronprinz. Après ses victoires contre les Russes en Mazurie, Hindenburg rejoignit définitivement le panthéon des chefs de guerre allemands, suivi bientôt par Ludendorff. Souscrivez à l'emprunt de guerre, s.d. Paul Bruno, imprimerie C. Wolf et Fils, Munich. AVCUS, 502 Fi 263. Le maréchal von Hindenburg est représenté de profil, à la manière d’une médaille : "Les temps sont durs, mais la victoire est certaine". Les affiches permettent de voir se dégager une toute nouvelle figure, celle du soldat du front : le Poilu du côté français et le Feldgraue du côté adverse. Sur les affiches françaises, le soldat est représenté sur le front le plus souvent indemne, idéalisé. Le mutilé apparaît plus tard en 1919 ou 1920, aux côtés du travailleur ou lorsqu’il est redevenu paysan. Du côté allemand, celui qui, pour les populations de l’arrière, contribua considérablement à installer l’image du soldat du front fut certainement le professeur Erler, auteur de quelques affiches fameuses. Erler, tout à fait dans l’esprit héroïque, dessina un combattant nu armant un arc et tirant, selon le slogan qui avait été retenu, la neuvième flèche (c’était la neuvième campagne d’emprunt). Or, cette affiche, certainement tirée à un très grand nombre d’exemplaires, fit un flop. Elle semble avoir heurté la population et elle aurait été en grande partie retirée et pilonnée… La neuvième flèche, 1918. Fritz Erler, Hollerbaum et Schmidt, Berlin, imprimerie populaire Paul Singer, Strasbourg. AVCUS, 502 Fi 370. LA MOBILISATION DE L’ARRIÈRE Si le soldat au front, destinataire de l'effort de guerre, constitue un thème central des affiches de guerre, pour autant la population civile restée à l'arrière n'est pas oubliée. L'arrière doit fournir aux armées en campagne l'ensemble de leur approvisionnement. De nombreuses affiches représentent le monde rural et ouvrier afin de montrer son importance dans l'économie de guerre. Les belligérants sont conscients que la guerre se gagne aussi bien sur le front qu'à l'arrière. On parle ainsi de "front intérieur" ; les Allemands emploient quant à eux le terme de "Heimatfront". Le travail en ville et à la campagne !, 1918. Hanns Anker, imprimerie Meisenbach Riffarth et Co., Berlin-Schöneberg. AVCUS, 502 Fi 292. L’ALSACE-LORRAINE DANS LA PROPAGANDE FRANCAISE Après la défaite française contre la Prusse en 1870, l'Alsace et une partie de la Lorraine sont annexées par l'empire allemand (Traité de Francfort, 1871). Cette annexion est à l'origine d'un fort sentiment de revanche en France, sentiment qui contribue au déclenchement de la Première Guerre mondiale. Si le thème de l'Alsace-Lorraine, provinces perdues, reste récurrent dans le débat politique français jusqu'en 1914, il a cependant perdu, aux fils des décennies, beaucoup de son retentissement dans l'opinion publique. Mais face aux milliers de morts, la défense de la Serbie et de la Belgique ne constitue plus une justification suffisante pour faire accepter à la population française la poursuite de la guerre. Dans ce contexte, la reconquête de l'AlsaceLorraine redevient le thème majeur de la propagande française et son principal but de guerre. De nombreuses affiches françaises représentent ainsi Alsaciennes et Lorraines attendant le retour de la France. Deux cœurs fidèles, s. d. Lucien Lévy-Dhurmer, imprimerie Devambez, Paris. AVCUS, 503 Fi 14. Les deux "provinces perdues" sont personnifiées par deux jeunes filles, revêtues du costume traditionnel alsacien et lorrain. L'attente, s. d. Henri Royer, imprimerie Minot, Paris. AVCUS, 503 Fi 9. Une jeune fille alsacienne assise attend le retour des Français en tenant de sa main gauche une cocarde tricolore. La belle Lorraine, s. d. Henri Royer, imprimerie Lapina, Paris. AVCUS, 503 Fi 8. Une jeune fille lorraine attend assise le retour des Français. Elle tient de sa main gauche une rose et porte sur son bonnet la cocarde tricolore. Le drapeau tricolore sur la cathédrale de Strasbourg, s.d. Jean-Jacques Waltz dit HANSI, imprimerie Lapina, Paris. AVCUS, 503 Fi 22. Des poilus en bleu horizon sur le front des Vosges, symbolisé par un sapin, regardent dans la plaine d'Alsace et voient au de-là de l'horizon la Cathédrale de Strasbourg sur laquelle flotte le drapeau tricolore. La légende est une citation de Victor Hugo : "Ce ciel est notre azur, ce champ est notre terre ! Cette Lorraine et cette Alsace c'est à nous !". L’ALSACE-LORRAINE ALLEMANDE DANS LA PROPAGANDE L’Allemagne avait pris, très progressivement, sinon bien tardivement, des mesures plus libérales dans le Reichsland : lors de moments d’échauffement, par exemple lors de l’affaire de Saverne (épisode causé par la morgue d’un jeune officier allemand), l’opinion allemande avait redécouvert la question alsacienne. Du point de vue allemand, le Reichsland était en voie d’intégration. De nombreuses recrues d’origine alsacienne ou mosellane se trouvèrent sur le front de guerre ouest, en Flandre ou sur la Somme. En réaction à la propagande française sur les provinces perdues, l'Allemagne insista sur l'appartenance historique de l'Alsace-Lorraine à l'aire germanique. A l’extrême fin de la guerre, la question de la restitution est figurée, de façon cartographique, sur des affiches où l’on voit les Allemands redouter la main mise française sur la totalité de la rive gauche du Rhin. Non ! Jamais !, 1917. Julius Ussy Engelhard, imprimerie C. Wolf et fils Munich. AVCUS, 503 Fi 308. L’affiche la plus expressive est due à Engelhard : on peut trouver une connotation antisémite dans la représentation expressionniste du soldat français qui tente de mettre la main sur l’Alsace (avec la cathédrale reconnaissable). Le texte est bref : Nein ! Niemals ! / « Non ! Jamais ! ». LA FIN DE LA GUERRE Après l'échec des offensives allemandes du printemps et de l'été 1918, l'opinion publique allemande, lassée par la guerre et les pénuries, se résout à la défaite. Le 3 novembre 1918, les marins de Kiel se mutinent et l’empereur Guillaume II finit par abdiquer le 9 novembre. Les sociaux-démocrates prennent le pouvoir à Berlin, proclament la république et signent un armistice avec les alliés le 11 novembre 1918 dans la forêt de Compiègne. A Strasbourg, comme dans le reste de l'Allemagne, soldats et ouvriers se constituent en soviet à partir du 9 novembre, à l’exemple de ce qui s’était passé en Russie en 1917. La république est proclamée le 10 novembre sur la place Kléber. Dans un climat révolutionnaire, le socialiste Jacques Peirotes est élu maire. Les troupes françaises entrent dans la ville le 22 novembre. Quatre années de privations et de restrictions ont réduit à néant les acquis politiques de 47 années d'annexion allemande. C'est donc une population enthousiaste qui accueille les troupes françaises. Mais le 29 novembre, la municipalité présidée par Peirotes est dissoute par les autorités françaises et remplacée par une commission municipale présidée par Léon Ungemach. C'est cette dernière qui accueille, le 9 décembre, le président de la République Raymond Poincaré et le président du conseil Georges Clemenceau. AVCUS, 1 FI 298-6, entrée des troupes françaises avec le Maréchal Foch, 26 novembre 1918. AVCUS, 1 FI 298-1, Proclamation de la République, 10 novembre 1918. AVCUS, 1 FI 298-4, les spahis place Kléber, 22 novembre 1918. Réunions publiques, 17 novembre 1918. Imprimerie populaire Strasbourgeoise Paul Meyer. AVCUS, 502 Fi 379. A l’annonce de l’abdication de Guillaume II, des soviets se mettent en place dans plusieurs villes allemandes, dans une atmosphère de révolution inspirée des évènements russes d’octobre 1917. Pour Strasbourg, cette affiche annonce huit réunions politiques dans différents lieux de la ville portant sur la guerre mondiale, la révolution et le socialisme. Ces réunions sont organisées par le conseil central des ouvriers et des soldats de Strasbourg. Avis important, 20 novembre 1918. Imprimerie Alsacienne, anciennement G. Fischbach, Strasbourg. AVCUS, 502 Fi 56. Un comité prépare l’entrée des troupes françaises dans Strasbourg, pour le 22 novembre 1918. L’affiche porte convocation en français et en alsacien (mais pas en allemand) des jeunes filles "vraiment alsaciennes" qui souhaitent accueillir les troupes françaises en costume alsacien. Aux habitants de Strasbourg! Aux soldats de la 4ème armée! Le jour de gloire est arrivé! AVCUS, 503 FI 70. Panneaux destinés aux badauds lors de la visite de Raymond Poincaré et Georges Clemenceau, 1918. AVCUS, 503 Fi 41. Annonce de la visite de Poincaré et Clémenceau, 1918, AVCUS, 503 FI 45. Nos libérateurs, s. d. Lucien Jonas, imprimerie Henri Meyer et Fils, Paris. AVCUS, 503 Fi 37. Une fillette alsacienne montre à une petite Lorraine une affiche sur un mur qui représente, autour d'une figure de poilu, les portraits des principaux hommes politiques et des généraux des forces alliées. Les deux enfants portent des symboles tricolores. Entrée des Français à Strasbourg, 1918. Jean-Jacques Waltz dit Hansi, imprimerie Lapina, Paris. AVCUS, 503 Fi 25. Les troupes françaises défilent dans un Strasbourg idéalisé et folklorique. La légende : "Voici l'heure de la justice et de la victoire !", s’inscrit dans la continuité des buts de guerre français. L’ALSACE-LORRAINE APRÈS LA GUERRE La signature du traité de Versailles, le 28 juin 1919, entérine le retour de l'Alsace-Lorraine à la France. Bien que le principal but de guerre français, à savoir la reconquête des provinces perdues en 1871, a été atteint, les affiches d'après-guerre continuent à exploiter le thème de l'Alsace-Lorraine. Mais à présent, cette propagande s'adresse aux populations des trois départements recouvrés du Bas-Rhin, du Haut-Rhin et de la Moselle. Après 47 années d'annexion par l'empire allemand et malgré la liesse déployée lors de l'entrée des troupes françaises dans la région, les autorités françaises sont conscientes qu'il faudra du temps pour assimiler des populations qui n'ont qu'une représentation lointaine de la France. Pour leur part, les autorités locales affichent leur patriotisme en organisant notamment des quêtes et autres œuvres de charité en faveur de communes françaises touchées par les combats. Union Amicale d'Alsace et de Lorraine, s. d. M. L. Pinel, imprimerie Chachoin, Paris. AVCUS, 503 Fi 23. Ce dessin de M. L. Pinet, de l'école des arts décoratifs, participe à un concours interscolaire de panneaux décoratifs pour les écoles d'Alsace. La France, sous les traits de Marianne, sert contre elle deux petits enfants alsaciens. Debout Lucien nos Jonas, morts pour imprimerie la J. patrie… Cussac, Voici Paris. la France !, AVCUS, 503 s. Fi d. 17. Une femme alsacienne et ses deux enfants se tiennent debout devant la tombe fleurie d'un soldat. Son fantôme regarde avec eux le cortège des héros guerriers de la France traverser en cortège le ciel au-dessus des Vosges. Les Alsaciens et les Lorrains s'engagent dans l'armée française, 1919. René George Gautier, Imprimerie Berger Levrault, Strasbourg. AVCUS, 503 Fi 2. Trois jeunes hommes en costume alsacien, arborant des cocardes tricolores, passent devant une maison à colombages. Sur le pas de la porte une Alsacienne et une Lorraine les saluent. L’IMAGE DE L’ALLEMAND APRÈS LA GUERRE L‘Allemagne fut prise au dépourvu par la campagne de communication qui se développa contre elle dès les débuts de la guerre et se poursuivit dans les années 1916 et 1917. Les malheurs de la Belgique, envahie au mépris d’un traité international, marquée par la destruction de la bibliothèque universitaire de Louvain et des massacres de population, choquèrent beaucoup l’opinion internationale. Certaines destructions en France, particulièrement violentes, furent stigmatisées comme l’incendie en 1914 de la cathédrale de Reims et les destructions de villes historiques du Nord. Les caricaturistes français se déchaînèrent dans de très nombreux journaux de la presse hebdomadaire surtout. On y traitait les Allemands de barbares ou de Huns. Pour désigner de façon méprisante les Allemands, un surnom durable fut créé, celui de « Boches » (dérivé apparemment d’Allboches). Il fut question de « tête de Boche », de « Bochorama ». Souvenez-vous !, 1919. Fernand-Louis Gottlob, Paris. AVCUS, 503 Fi 36. La haine de l’Allemand se prolonge après l’armistice par une guerre économique. L’affiche appelle à boycotter les produits allemands. Un soldat allemand tient un flambeau et un couteau devant une ville en feu (évocation des crimes de guerre allemands), et le même homme travaille après la guerre comme représentant de commerce en France. Cette affiche montre que les comptes ne sont pas complètement réglés après la guerre. Le loup s’est vêtu en agneau, mais l’image du « Boche » incendiaire demeure… Ville de Schiltigheim, fête de charité, 4 et 5 juillet 1920. André Masse, imprimerie alsacienne anciennement G. Fischbach, Strasbourg. AVCUS, 503 Fi 32. Cette affiche, en français et en alsacien, annonce l'organisation d'une fête de charité par la commune de Schiltigheim au profit du village de Mazerulles en Meurthe-et-Moselle, détruit durant la guerre. Novembre 1918 : Français et Allemands espèrent que la Grande Guerre qui s’achève sera la « der des der ».