D'une durée de 3 ans, doté d'un budget
financé par la Commission Européenne
à hauteur de 3,7 M d'euros, STRonGer
est coordonné par l'Institut Pasteur de
la Guyane.
Les objectifs du programme sont de :
promouvoir une coopération étroite
et des échanges réguliers entre les
différentes équipes afin de renforcer
le potentiel de recherche dans
différents domaines scientifiques et
techniques, notamment via
l'organisation, chaque trimestre, de
séminaires et/ou de conférences
scientifiques impliquant des experts
locaux, régionaux, nationaux et/ou
internationaux,
accroître le potentiel de recherche
grâce au recrutement de 8 jeunes
chercheurs qualifiés,
renforcer les capacités locales de
diagnostic par la mise en place de
nouvelles technologies,
accroître les capacités des laboratoires
de recherche, en construisant
notamment un insectarium de
sécurité de niveau 3 et en dotant les
laboratoires existants de technologies
de pointe,
diffuser les résultats des recherches
et l'expertise acquise, via des supports
adaptés (livre, film, site Internet).
En termes de recherche, le programme
STRonGer contribuera à renforcer
l'excellence scientifique en Guyane et à
accroître la visibilité internationale des
membres du consortium dans le
domaine des maladies infectieuses et
émergentes. En termes de santé
publique, STRonGer devrait avoir un
impact majeur non seulement pour la
Guyane française, mais aussi pour tout le
plateau des Guyanes.
Les 13 et 14 décembre, une réunion de
lancement du programme STRonGer a
été organisée à l’IPG, rassemblant
l'ensemble des partenaires guyanais et
européens ainsi que le comité de suivi
composé de représentants de la
Préfecture, de la Région, du
Département, de l'ARS, de I'UAG et de
I'OPS (Organisation Pan Américaine de
la Santé).
Recherche
:: Parole de
Pasteurien
Emile Roux
(
1889)
« Pour constituer un Institut Pasteur, il ne suffit pas de construire les laboratoires de recherche et
d
’
enseignement, munis de l'outillage le plus perfectionné. Il faut encore y introduire l'esprit
pasteurien, c'est-à-dire la foi scientifique qui donne l'ardeur au travail, l'imagination qui inspire
les idées, la persévérance qui les poursuit, la critique qui les contrôle, la rigueur expérimentale qui
les prouve et aussi l'indépendance et le désintéressement qui sont une conséquence de l'amour
passionné de la vérité ».
Principaux résultats du projet
DENFRAME
Étude clinique et virologique de cas de dengue et des membres de leur foyer
Philippe Dussart,
Laboratoire
de
virologie
*
Dussart P, Baril L, Petit L, Beniguel L, Quang LC, Ly S, Azevedo RSS, Meynard JB, Vong S, Chartier L, Diop A, Sivuth O, Duong V, Thang CM,
Jacobs M, Sakuntabhai A, Nunes MRT, Huong VTQ, Buchy P, Vasconcelos PFC. Clinical and virological study of dengue cases and the
members of their household: the multinational DENFRAME project. PLoS Negl Trop Dis. 2012 ; 6(1): e1482. doi:10.1371/
journal.pntd.0001482
La dengue représente actuellement la maladie virale à transmission vectorielle la plus répandue
chez l'homme. Cette maladie est désormais endémique dans plus de 100 pays et menace plus de
2,5 milliards de personnes vivant dans les régions tropicales. Chaque année, elle touche de 50 à
100 millions de personnes. Elle se manifeste sur le plan clinique par un large éventail de
symptômes allant de formes asymptomatiques à des formes sévères qui comprennent les formes
hémorragiques de la maladie, en passant par des formes de dengue dites bénignes. Il n'existe
actuellement aucun vaccin spécifique ni aucune molécule antivirale disponibles.
Une étude multicentrique prospective a été menée dans le Sud-est asiatique (au Cambodge et
au Vietnam) et en Amérique du Sud (au Brésil et en Guyane) afin de déterminer la proportion
d'infections inapparentes dans les foyers de sujets fébriles infectés par le virus de la dengue. Le
second objectif était de confronter les données cliniques aux marqueurs biologiques de sujets
présentant différentes manifestations de la dengue.
Dans un premier temps, des sujets fébriles présentant une manifestation clinique évocatrice de
dengue ont été inclus ; ils représentent les "cas index" de dengue dans cette étude. Il a été
ensuite proposé aux membres de la famille vivant dans le même foyer du cas index de participer
à l'étude, afin de détecter d'éventuels sujets présentant des formes inapparentes de la maladie.
Une infection récente par un virus de la dengue était considérée comme biologiquement
confirmée par un isolement du virus et/ou par la détection du génome viral. Les quatre
laboratoires impliqués dans cette étude, tous laboratoires de référence dans leur pays respectif,
ont utilisé des techniques de diagnostic préalablement standardisées.
Parmi 215 cas index fébriles évocateurs de dengue - 114 dans le Sud-est asiatique et 101 en
Amérique du Sud - 28 (13,0%) ont présenté des manifestations cliniques de dengue sévère,
selon la classification OMS (tous localisés en Asie du Sud-est). L'investigation familiale a pu être
réalisée chez 177 cas index. Parmi les membres de foyers investigués, 39 cas de dengue aiguë
ont été diagnostiqués et parmi eux, 29 étaient des infections inapparentes (74.4%). Soixante
deux autres cas de dengue ont été identifiés et ont été classés comme des infections en phase
de convalescence. Au total, 101 cas de dengue ont pu être identifiés parmi les 408 sujets
investigués vivant dans le foyer d'un cas index.
En prenant en compte les 177 cas index de dengue identifiés, la proportion globale de cas de
dengue observée chez les sujets participants à l'étude a été estimée à 47,5% (278/585; IC 95% :
43,5 - 51,6). Le taux de lymphocytes observés et la détection de l'antigène NS1 différaient
significativement entre les sujets atteints de dengue inapparentes et les formes
symptomatiques. Parmi les cas de dengue inapparents les taux de lymphocytes étaient normaux
et la détection de l'antigène NS1 était positive dans seulement 20% de cas. L'investigation
familiale de cas de dengue fébrile a démontré l'existence d'une forte proportion d'individus
infectés par le virus de la dengue au sein d'un même foyer. Parmi eux, une proportion non
négligeable d'infections inapparentes a été observée dont la fréquence était plus élevée dans le
Sud-est asiatique qu'en Amérique du Sud. Cette information est capitale pour mieux
comprendre la dynamique des épidémies et constitue un préalable à la modélisation prédictive
de celles-ci.
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Partenaires du programme STRonGer