Profession Assistante Dentaire
I
mars - avril 2016 3
Rencontre
Ce que l’on enseigne
aux patients
leur servira toute
leur vie
autorités ne sont sans doute pas conscientes des
bénéfices non seulement dentaires, mais de santé
générale que cela représente. Si une consultation
de prévention était prise en charge par la Sécurité
sociale, les choses évolueraient sans doute. Mais
je connais des praticiens français qui ont été très
surpris de la réaction des patients dès qu’ils ont
commencé à évoquer le contrôle de plaques avec
eux. Ils sont très intéressés, demandeurs. Or, des
patients avec une bouche et des dents saines n’ont
plus d’appréhension à venir chez leur dentiste et ne
se demandent plus quelle mauvaise nouvelle va leur
tomber sur la tête. Exemptés du problème des soins
courants, ils se tournent plus volontiers vers des
demandes esthétiques, de blanchiment, d’implants,
de gouttières orthodontiques… dont la valeur ajou-
tée est plus intéressante pour le cabinet. C’est en
tout cas ce que nous constatons en Suisse et il n’y
pas de raison que cela soit différent en France.
LA SUISSE, PAYS DE COCAGNE
POUR FUTURES HYGIÉNISTES
La confédération compte environ 2 300 hygiénistes,
des femmes quasi exclusivement. Le métier y a été créé
en 1975, et a son origine aux États-Unis. La formation
(diplôme d’hygiéniste dentaire) s’effectue en 3 années
postbac ou, pour les assistantes en activité, après avoir
validé une formation complémentaire. Les hygiénistes
travaillent principalement dans les cabinets privés où,
le plus souvent, un fauteuil dentaire leur est dédié. Elles
partagent généralement leur temps entre plusieurs cabinets
(2 ou 3), situation parfois difficile à gérer (vacances, etc.)
mais qui offre de la souplesse (la plupart travaillent à temps
partiel). Les hygiénistes sont aussi appréciées dans les
écoles, les hôpitaux, les entreprises parfois. Particularité de
certains cantons : la possibilité de travailler dans un cabinet
indépendant. Il existe environ 70 cabinets d’hygiénistes où se
côtoient leur propre patientèle et des patients référés par des
chirurgiens-dentistes.
La liste des tâches que les hygiénistes peuvent
légalement effectuer paraît incroyable vue d’ici
- Elle informe ses patients sur la formation et les causes des
affections dentaires et parodontales et leur apprend à lutter
contre les affections dentaires et leur prévention (brossage,
hygiène, nutrition, santé générale.)
- Elle procède à l’examen clinique et radiologique.
L’hygiéniste ne peut réaliser des radios que dans le
cadre d’un cabinet dentaire. Elle ne peut pas posséder
d’installation radiologique si elle travaille dans une
structure indépendante. Elle demande à ses patients de
réaliser leurs radios dans un cabinet de radiologie, ou
d’amener les radiographies, faites par leur dentiste. Elle
détecte les altérations de la gencive, de l’émail et de la
dentine, établit la présence de plaque et de tartre, de caries,
le degré d’inflammation gingivale et l’existence de poches
parodontales (indices de saignement, relevé de poches
parodontales, tests bactériologiques etc.).
- Elle élimine les dépôts de plaque et de tartre. Elle procède à
des détartrages sub et sous gingivaux.
- Elle polit les amalgames et enlève les débordements
d’obturation.
- Elle applique diverses méthodes de fluoration.
- Elle participe aux campagnes pour la santé avec le concours
de partenaires (chirurgiens-dentistes, personnel médical,
institutions, entreprises, etc.).
Comme chez vous, au début de la profession,
il y a quarante ans maintenant, les chirurgiens-
dentistes ont eu beaucoup de mal à accepter notre
présence, puis notre autonomie, estimant que
nous allions empiéter sur leur travail, témoigne
Catherine Schubert, hygiéniste à Genève (lire
ci-contre). Aujourd’hui, ils sont demandeurs. Ils ont
découvert qu’en faisant appel à nous, ils pouvaient
se concentrer sur des tâches plus valorisantes. Il y
a aujourd’hui une demande supérieure à l’offre ce
qui fait que les salaires sont très corrects.
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