sacerdotale (1945) et son « troisième an » en France (1947), celui que l’on appelle
désormais « Father Ceyrac » est nommé aumônier du collège Saint-Joseph de
Tiruchirapalli, dite « Trichy » (Tamil Nadu), puis aumônier général des étudiants catholiques
de l’Inde, à la tête du All India Catholic University Federation (AICUF), poste qu’il occupera
jusqu’en 1967.
Pendant toutes ces années, il sillonne le pays, du Kerala au Bengale, à moto, en 204
Peugeot bâchée ou en train-couchettes, découvrant comme il l’écrira en 1960 dans King’s
Rally , revue des étudiants (1), « cette Inde du XXe siècle confrontée aux problèmes
gigantesques de 400 millions d’habitants ». Son objectif n’est pas de « faire grandir l’Église
» en Inde mais de sauver l’homme, quel qu’il soit.
Mal à l’aise avec une institution qui, sur place, paraît riche et divisée, il préfère s’engager
pour la justice, notamment à l’égard des « dalits », victimes de discriminations, y compris au
sein des paroisses catholiques. À l’instar de Mère Teresa et du Mahatma Ghandi qu’il a
rencontré (et admiré), le P. Ceyrac veut rendre leur dignité aux intouchables.
En 1967, il redevient simple missionnaire
Grâce à son réseau d’étudiants, il lance un premier projet (1957) pour accueillir les
miséreux des trottoirs de Madra, dans un village proche de Pondichéry. Des routes, des
maisons, des dispensaires, sont construits dans ce lieu baptisé « Cherian Nagar », où 20
000 hindous, musulmans, chrétiens vivaient au début des années 1980. C’est ainsi que
naissent « Les chantiers Ceyrac » (financés par des dons de l’étranger, de France) qui
permettront la construction de bien d’autres villages dans le sud de l’Inde, avec l’aide de
volontaires indiens et européens, venant en particulier de collèges jésuites ou de grandes
écoles.
Le P. Ceyrac vise aussi à contrecarrer l’influence des camps de jeunesse communistes. En
1964, il accueillera Paul VI venu parler aux étudiants de l’AICUF lors du congrès
eucharistique de Bombay. Durant ces années, Pierre Ceyrac devient aussi un missionnaire
itinérant, parcourant les continents pour enrôler les étudiants catholiques au service de leur
peuple.
En 1967, à sa demande, il redevient simple missionnaire et, alors qu’une famine sévit en
Inde, il achète un terrain dans une région aride du Tamil Nadu pour y implanter une ferme.
Dans cette ferme Ameidhi (« paix » en tamoul) de Manamadurai, on applique les
innovations scientifiques et techniques, ce qui permet une production agricole de qualité. Au
fil des ans, elle deviendra un pôle local de développement économique et social,
notamment après la création du Manamadurai Polio Children Center (Centre pour enfants
atteints de poliomyélite, ouvert en 1994).
« Homme du tiers monde, je n’accepte pas que des enfants meurent »
Le P. Ceyrac répond aussi à d’autres appels au secours. En 1977, des inondations ayant
ravagé la région de Gunthur (au nord de Madras), il s’y rend aussitôt et avec une équipe de
volontaires passe deux mois à rebâtir des villages. L’année suivante, il se rend auprès des
dalits de Villupurum (au sud de Madras) qui ont tout perdu dans des émeutes racistes. Il
retrouve là le très charismatique jésuite Anthony Raj, d’origine dalit, qui lutte contre le
régime des castes. Le P. Ceyrac le soutiendra dans son combat et en 1997, il fondera avec