Donner du sens à la finance : un Café économique sur les

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Donner du sens à la finance : un Café économique sur les
nouveaux modes de financement
Les Cafés Economiques de Bercy, en partenariat avec La finance pour tous,
ont organisé le 7 juin un Café économique sur le thème du Grand prix 2016,
« Donner du sens à la finance ». Tour d’horizon avec quatre experts de
l’économie sociale et solidaire, du micro-crédit, de l’ISR et de l’économie
collaborative.
La finance n’a pas « bonne presse » en France. Le terme est souvent connoté
négativement et presque tabou, alors qu’on le retrouve dans toutes les
dimensions de l’économie. Un paradoxe au regard du fort taux d’épargne des
Français, souvent placé sur des supports très sécuritaires, parfois par manque de compréhension des
mécanismes d’investissement.
Préambule de la remise de notre Grand prix 2016, ce café économique, organisé dans les murs des
ministères économiques et financiers, a réuni près de cent personnes et notamment des lycéens et
étudiants.
Les ont été créés en 2012 par le service de laCafés économiques de Bercy
communication des ministères économiques et financiers. Leur ambition est de
partager l’information en lien avec les politiques publiques économiques et
financières, mais aussi de mettre en avant des parcours, des points de vue et des
projets citoyens.
Existe-t-il une « bonne et une mauvaise finance »
La question se pose. Aujourd’hui en tout cas, de nouveaux axes de développement de la finance
permettent de lui donner plus de sens. L’économie sociale et solidaire, qui a déjà plus de 20 ans, constitue
l’un de ces leviers, tout comme le micro-crédit, ou encore l’investissement dit « ISR » (investissement
socialement responsable). Plus récemment, le recours de plus en plus fréquent au crowdfunding et l’essor
de l’économie collaborative participent aussi à ce mouvement général, avec des taux de progression
d’activité très encourageants. Tour d’horizon de ces enjeux avec les interventions de quatre experts issus
de mondes bien différents.
Catherine Barbaroux, Présidente de l’ADIE(Association pour le Droit à l’Investissement Economique)
L’ADIE a été créée en 1989 en Seine St Denis. Son objectif est d’aider les
personnes exclues du marché du travail et du système bancaire à créer leur
propre emploi. Dans un premier temps, l’ s’adresse à des personnes enADIE
difficulté, des chômeurs, des allocataires de minima sociaux, porteurs d’un projet
et leur propose (après évaluation) une aide au financement grâce au microcrédit.
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Après, il s’agit d’accompagner ces micro-entrepreneurs pour assurer la pérennité
de leur activité.
Des messages forts ont été portés par la présidente de l’ADIE,Catherine
Barbarouxqui, à travers son action, entend lutter contre les stéréotypes. Elle
prouve à travers la réussite de l’ADIE qu’il est faux de croire que « l’entreprise, ce
n’est pas pour tout le monde » ; que « diplôme = talents ; 0 diplôme = 0 talent » ;
ou encore que micro-projets = projets miteux ».
En effet, depuis sa création en 1989, l’ADIE a accordé près de 132 000
micro-crédits, ce qui a permis la création de près de 100 000 entreprises. En
2015, plus de 18 000 personnes ont été financées par l’ADIE. De tous points
de vue, cette activité est positive. Financièrement d’abord, puisque, contrairement aux idées reçues, le taux
de défaut n’est pas très élevé, il n’est que de 3 %. Socialement ensuite. D’une part parce que devenir
auto-entrepreneur c’est une façon de sortir de l’exclusion sociale et financière en retrouvant une vie active.
Ensuite une étude a montré qu’1 € investi sur un projet par l’ADIE devient 2,38 € en 2 ans : l’individu qui
crée son propre emploi ne coûte plus rien à la collectivité et dynamise son environnement en créant de
l’activité.
Finalement utiliser le micro-crédit pour le financement de projets innovants c’est répondre aux besoins de
la nouvelle économie, lutter contre la précarisation de la société et affirmer qu’on ne peut pas laisser tant
de talents sur le bord de la route.
Jean-Marc Borello, Président du Groupe SOS
L’économie sociale et solidaire (ESS) c’est la volonté d’incarner une finance un
peu différente ; de mettre l’économie au service de l’intérêt général.
Jean-Marc Borello ne manque pas de rappeler que l’économie sociale et
solidaire représente en France 10 % du PIB et près de 12 % des emplois, en
incluant certes les mutuelles des secteurs bancaire, assurantiel et de
prévoyance. Il nous parle ensuite du qu’il préside : 350Groupe SOS
établissements présents dans 30 pays, employant 13 000 salariés et avec un
chiffre d’affaires de 800 millions € par an ! Parce que oui, « les subventions
publiques, c’est comme de l’eau, ça devient rare ! ». Alors le financement, le
Groupe SOS va lui-même le chercher, ce qui lui donne une indépendance
vis-à-vis des pouvoirs publics.
Si le Groupe SOS s’intéresse à plusieurs aspects de la société, la jeunesse, l’emploi, les solidarités, les
seniors, c’est sur le domaine de la santé que Jean-Marc Borello a choisi d’intervenir en particulier. En effet,
Groupe SOS gère des hôpitaux de façon non lucrative dans lesquels sont offerts des soins de qualité sans
distinction du revenu du patient. Vendre ce service de santé à un prix accessible à tous relève d’un choix
sur la répartition de la richesse créée par Groupe SOS : la totalité de la richesse est reversée sous forme
de salaires ou bien consacrée à l’investissement. Ne pas verser de dividendes permet d’offrir des
prestations aux clients qui n’en auraient pas les moyens. Au fond, conclut-il,donner du sens à la finance
revient souvent à réduire la finance à sa juste place ; l’argent est bon serviteur mais mauvais maître.
Grégoire Cousté, Délégué général du Forum pour l’investissement responsable (FIR)
Grégoire Cousté a tout d’abord défini l’investissement socialement
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responsable (ISR). Cette pratique désigne l’intégration de problématiques
sociales et environnementales dans le choix d’investissements financiers. Cela
reste de la finance de marché (750 Mds € d’encours) mais avec une plus grande
sélectivité concernant la composition du portefeuille. Trois critères sont utilisés
pour déterminer si les fonds peuvent bénéficier de la labellisation ISR : le
critère environnemental, le critère social et le critère de gouvernance.
Pour bénéficier de ce label public porté par Bercy, le fonds doit lui-même mener
une réflexion pour déterminer quels indicateurs utiliser pour chacun des trois
critères.Pour le , bien investir son argent c’est le placer dans des entreprisesFIR
qui ont un business model durable. Une échelle d’impact a été établie cette
année pour orienter les investisseurs vers des placements à forte sélectivité
avec, à son sommet, l’ISR dit « de conviction » qui représente 7 % des encours. La COP 21 a aussi placé
l’enjeu du climat au sommet de l’agenda. Ainsi en 2015 a été créé un nouveau label, le label Transition
Energétique et Ecologique pour le Climat (TEEC) qui oblige les entreprises à déclarer la façon dont ils
prennent en compte le critère environnemental pour pouvoir l’apposer sur leurs produits.Investir
socialement responsable, c’est sélectionner les meilleures entreprises dans leur secteur d’activité,
les « best in class », mais aussi encourager les pépites de demain en les valorisant auprès du
public par l’apposition de labels, gages de durabilité.
Taoufik Vallipuram, responsable des partenariats chez OuiShare
est une association fondée en 2012 à Paris et c’est un acteurOuiShare
international de premier plan dans le domaine de l’économie collaborative. L’idée
est que la société évolue continuellement et que les anciennes pratiques sont
devenues impuissantes à répondre aux enjeux d’aujourd’hui. L’ouverture à
l’autre, la confiance, le partage de valeurs sont des principes qui
définissent, de façon non exhaustive, le terme d’économie collaborative.
De manière plus concrète, OuiShare est une plateforme qui permet aux
utilisateurs de partager des idées, des biens, des services ainsi que de se
rencontrer. Elle prône des valeurs telle que l’indépendance totale (« chaque
bénévole est libre » nous dit Taoufik), l’action pour transformer la société, ou
encore la diversité des environnements et des personnes. L’échelle de l’action
est la communauté, les échanges se font de manière horizontale, et l’idée est d’arriver à mener une
véritable sur la façon dont on vit, crée, travaille.
Le crowdfunding, par exemple, est une sorte de finance collaborative qui permet la circulation de
capitaux entre individus afin de financer des projets créatifs et sociaux. Au fond, OuiShare a pour but
de briser les barrières, de décloisonner la société, de la désintermédiariser, la technologie devant
permettre à tous de créer, apprendre, d’échanger.
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