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Le Bouddhisme vu par le Christianisme
Source : www.croire.com
Le bouddhisme à travers les siècles
Depuis 25 siècles, partout en Asie, des centaines de millions, voire
des milliards d'hommes et de femmes ont suivi la voie proposée
par le Bouddha dans leur recherche du véritable bonheur que le
monde ne donne pas. Aujourd'hui, ici en Occident, un nombre
toujours croissant de personnes, nées et formées dans des pays
historiquement chrétiens, s'intéressent à cette même voie. Cet
article de Dennis Gira (Directeur adjoint de l'Institut de science et
de théologie des religions à l'Institut catholique de Paris et
rédacteur en chef de "theologia.fr") donne un aperçu du
développement du bouddhisme depuis ses origines jusqu'à nos
jours.
Dans cette présentation du bouddhisme, nous allons essayer de
comprendre comment la voie proposée il y a 2500 ans par le Bouddha
s'est développé au cours de l'histoire et dans des cultures très
variées. Elle sera donc nécessairement très dense. Pour aider le lecteur,
nous avons préparé un schéma qui est, en quelque sorte, un sumé de
tout ce que nous allons voir. Il servira de point de repère tout au long de
cette exposé - et peut-être d'autres lectures sur le sujet (voir la
bibliographie sommaire à la fin du texte).
Le développement du bouddhisme : un aperçu
Ce schéma, qui se lit de gauche à droite, commence avec quelques
notions clés qui vont nous donner une idée du milieu religieux dans lequel
le Bouddha est et a vécu son aventure spirituelle ; il se termine avec
quelques indications concernant la présence bouddhiste dans le monde.
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Entre les deux est schématisé le développement de toute la tradition du
bouddhisme, en commençant par la vie du Bouddha lui-même. Au-dessus
de la ligne centrale sont indiqués quelques-uns des événements
principaux de sa vie et en dessous, ses enseignements de base tels que
les Quatre nobles vérités et le Noble chemin octuple.
Après la disparition du Bouddha, la petite communauté qui s’était
constituée autour de lui, s’est agrandie (ceci est indiqué par la ligne
centrale qui s’ouvre vers le haut et vers le bas). Les membres de cette
communauté ont puisé leur inspiration dans les souvenirs du Maître qui
étaient alors tout proches. Cette période, qui a duré plus d’un siècle, est
celle de ce que certains spécialistes appellent "le bouddhisme primitif".
Mais au fur et à mesure que le temps s’est écoulé, des tendances diverses
se sont développées au sein de la communauté bouddhique. Une fois
figées dans leurs positions particulières, ces tendances sont devenues des
écoles de pensée que l’on appelle des sectes (mot qui dans ce contexte
n’a aucune connotation négative) – et c’est alors que commence "le
bouddhisme des sectes" (indiquées à peu près au milieu du schéma). En
gros, ces écoles se sont regroupées d’un autour des idées plutôt
libérales, et de l’autre, autour d’idées plutôt traditionalistes (le mot
"traditionaliste" ici se réfère ou aux idées supposées être très anciennes
ou aux personnes qui y tiennent).
Vers le début de notre ère, surgit un mouvement tout à fait nouveau à
l’intérieur de la tradition bouddhique. On l’appelle le Mahâyâna (ou Grand
Véhicule). Par opposition, la tradition ancienne et plus conservatrice a
alors été nommée le Hînayâna (ou Petit Véhicule). De nos jours encore, le
monde bouddhique est divisé entre ces deux grandes tendances. Il faut
noter aussi que beaucoup parlent d’un troisième Véhicule, le Vajrayâna
(Véhicule du Diamant). Il s’agit là du bouddhisme ésotérique ou tantrique.
Mais, puisque les grands principes de base du Mahâyâna et de ce
troisième volet sont très proches, nous les avons mis ensemble sur le
schéma. En gros, le Mahâyâna s’est pandu au Nord de l’Inde d’où le
nom de "bouddhisme du Nord" tandis que le Hînayâna a fleuri dans les
pays du Sud-Est asiatique – d’où son nom de "bouddhisme du Sud".
On remarquera aussi que chacun de ces deux Véhicules s’identifie avec
une voie très spécifique le Mahâyâna avec la voie du Bodhisattva et le
Hînayâna avec la voie de l’Arhat (deux termes dont le sens sera expliqué
plus loin).
Dans ce document, nous allons nous limiter, dans un premier temps, à
une considération de la doctrine de base du bouddhisme telle qu’elle est
exprimée dans les Quatre nobles vérités. Ensuite, nous verrons les
grandes intuitions du Mahâyâna et comment elles diffèrent de celles du
bouddhisme ancien. Enfin, nous verrons les diverses tendances qui se sont
développées à l’intérieur du Mahâyâna. Le tout nous donnera la possibilité
de mieux comprendre pourquoi le bouddhisme risque de devenir une
véritable force spirituelle en Occident.
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Le bouddhisme ancien
Pour mieux connaître cette ancienne forme du bouddhisme, qui d’ailleurs
est toujours très présente dans les pays du Sud-Est asiatique, et donc ici
en France parmi un grand nombre d’immigrés et sympathisants de ces
pays, il faut au minimum se familiariser avec :
1) le milieu religieux dans lequel le Bouddha est né ;
2) l’aventure spirituelle qu’il a vécu ;
3) son enseignement de base (les Quatre nobles vérités) ; et
4) la formation et le développement de la communaubouddhique avant
et après la mort du Maître.(Strictement parlant, on ne dirait pas que le
Bouddha est mort/ Celui qui meurt est toujours prisonnier du cycle des
naissances et des morts dont tout être vivant est prisonnier – le samsâra ;
il va donc renaître, selon la loi karmique. Le Bouddha en alité, est
parvenu au parinirvâna ou nirvâna complet.)
Le milieu religieux de l’Inde du Nord (VIe siècle avant Jésus-
Christ)
Si l’on veut s’ouvrir au message du fondateur de n’importe quelle religion,
il est toujours extrêmement utile d’essayer d’abord de le situer dans son
contexte originel. Ainsi peut-on commencer à sentir pourquoi un
enseignement donné a pu apaiser la soif spirituelle des hommes à qui il
s’adressait. C’est aussi en revenant à ce contexte originel qu’on trouve
des indices précieux qui peuvent aider à comprendre pourquoi ce message
est encore valable aujourd’hui. Nous faisons tous cet exercice quand, afin
de mieux saisir le sens de l’Évangile, nous essayons d’approfondir notre
connaissance du milieu religieux dans lequel Jésus a cu. Nous allons
simplement remonter encore cinq siècles supplémentaires dans l’histoire
et observer le milieu religieux de l’Inde du Nord, car c’est est le
Bouddha, c’est-à-dire l’Éveillé, celui qui a tout compris du mystère de
l’existence.
À cette époque, deux idées force commençaient à exercer une grande
influence sur ceux qui cherchaient la rité. Selon la première, l’homme,
comme tous les autres êtres vivants, était prisonnier d’un cycle infernal de
morts et de naissances un cycle qui n’avait ni commencement ni fin (en
sanscrit : le samsâra). La deuxième affirmait que l’homme était bloqué
dans ce cycle à cause de ses actes. Effectivement, selon la loi karmique
(karma = l’acte avec ses conséquences), tout acte positif crée un élan qui
pousse à une renaissance heureuse dans une prochaine vie, tandis que
tout acte négatif un acte négatif est essentiellement un acte
égocentriuqe ou "égotique" - ne peut qu’aboutir à une renaissance
malheureuse, voire désastreuse.
Certains, face à cette situation, se satisfaisaient d’essayer de toujours
s’assurer une renaissance heureuse. Pour les aider, il y avait les rites
sacrificiels de l’ancienne religion védique dont l’efficacité était garantie par
la classe sacerdotale des brahmanes. Mais ceux qui réfléchissaient en
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profondeur à la condition de l’homme se sont rendus compte de la vanité
d’une telle démarche. À quoi bon une renaissance heureuse si ce n’est
qu’une renaissance parmi d’autres qui, à chaque fois, réserve aussi la
souffrance et la mort ? Ils ont perçu alors que le seul but ritablement
digne de l’homme était de sortir définitive- ment du cycle du samsâra.
Pour y échapper, les ascètes de l’époque essayaient de déjouer la loi
karmique en ne posant pas d’actes négatifs. D’autres tentaient d’y
échapper à travers des pratiques méditatives destinées à les amener à la
pleine réalisation du fait que la réalité intérieure (âtman) de chaque
homme ce qui le fait exister comme être humain était identique à
l’absolu situé au fond de toute existence, à la réalité ultime et
impersonnelle de quoi tout chose procède et à quoi tout retourne
(brahman). Dans tous les cas, la seule chose qui comptait était la
délivrance définitive du cycle du samsâra.
Le Bouddha, nous allons le voir, acceptait cette vision des choses fondée
sur les notions de samsâra et de karma. Il partageait avec beaucoup cette
préoccupation de se libérer du samsâra. Mais il rejetait complètement
l’hégémonie de la caste brahmanique et donc l’efficacité des rites
sacrificiels et insistait sur le fait que les autres méthodes en vigueur
allaient, en réalité, à l’encontre du but recherché. Selon lui, en effet, celui
qui s’attache à sa vie d’ascèse ne fait que poser une rie d’actes
égoïstes, et donc gatifs, qui, finalement, l’enfoncent encore plus
profondément dans le samsâra ; quant à ceux qui passent leur temps à
chercher l’identité entre leur âtman et le brahman, ils sont voués à l’échec
car, dans l’analyse bouddhiste, l'existence de l'âtman n’est qu’une illusion.
Celui qui s’y attache se détourne donc de la véritable voie qui mène à la
libération c’est-à-dire celle que le Bouddha a découvert au moment de
son expérience de l’Éveil.
L’aventure spirituelle du Bouddha
Pour celui qui accepte la notion du samsâra, il est évident que l’aventure
spirituelle du Bouddha n’avait pas commencé au cours de ce qui, à cause
de son Éveil, allait être sa dernière vie. Sa "carrière spirituelle" avait
commencé d’innombrables périodes cosmiques auparavant, quand il était
devenu un bodhisattva (un être [sattva] voué à l’Éveil [bodhi]), et tout ce
qui s’est passé dans les vies antérieures de Bouddha se trouve dans les
récits incorporés au canon des écritures saintes bouddhiques. Bien que ce
qui est raconté ne puisse en aucun cas faire l’objet d’études strictement
"historiques" – et pour cause –, cela n’en est pas moins important pour les
bouddhistes. Car ils savent que la vérité de toute cette longue "histoire"
est d’ordre spirituel. Même les sutras, qui parlent de la vie du Bouddha
historique, emploient davantage le langage des légendes que celui des
biographies. Dans cette brève introduction, nous ne fléchirons qu’à
quelques scènes de la dernière vie du Bouddha, et surtout à celles qui
montrent comment les circonstances de la vie l’ont mené vers son
expérience d’Éveil. Ces scènes sont importantes dans le sens qu’elles font
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appel au vécu de tout homme qui se trouve confronté aux dures réalités
de la vie : la vieillesse, la maladie et la mort.
Dans sa dernière vie, le bodhisattva est donc prince du clan Shakya
dans l’Inde du Nord (d’où un des noms du Bouddha : Shakyamuni
"l’ascète du clan Shakya"). Son patronyme était Gautama, et son prénom,
Siddhartha. Les circonstances de sa naissance laissaient présager pour lui
un avenir peu commun. Un des sages présents a exprimé sa conviction
que le nouveau-né allait me devenir un Bouddha. Le roi a alors
demandé au sage ce qui allait influencer son fils dans sa décision. Le sage
lui a répondu que le prince verrait quatre signes – un vieillard, un malade,
un cadavre et un moine mendiant et qu’à la suite de ces rencontres, il
choisirait la vie religieuse, ce qui s’est produit en effet quelques années
plus tard. Le prince, ayant pris conscience du caractère éphémère de la
santé, de la vie et donc de tout plaisir, a cidé de trouver, coûte que
coûte, une voie de libération de ce monde où la jeunesse était détruite par
la vieillesse, la santé par la maladie et la vie par la mort. Mais où chercher
cette voie ?
Siddhartha a quitté sa maison et s’est lancé dans sa quête de la vérité en
se confiant d’abord à des maîtres putés de l’époque, mais qui,
finalement, se sont montrés incapables de l’aider dans sa recherche.
Ensuite, pendant six ans, il a mené une vie d’ascèse très stricte avec cinq
compagnons. Il s’est consacré à cette ascèse avec une telle ferveur qu’il a
failli en mourir, mais sans trouver la vérité qu’il cherchait. Il a alors pris
conscience de la futilité de ces pratiques extrêmes, et les a abandonnées.
Puis Siddhartha, convaincu que la faiblesse physique, pas plus que la
richesse matérielle, ne servait à quoi que ce soit dans sa quête, a repris
des forces et recommencé sa vie mendiante. Un peu plus tard, comme il
sentait que l’Éveil était proche, il s’est assis sous un arbre, déterminé à ne
pas bouger aussi longtemps qu’il ne l’aurait pas atteint. Et c’est il a
finalement pénétré la vérité de toute chose, devenant ainsi l’Éveillé le
Bouddha.
Après cette expérience, il s’est rendu au Parc des Gazelles, près de
Bénarès, et y a fait sa première prédication (c’est ce que l’on appelle "le
Sermon de Bénarès"), partageant ainsi avec tous la vérité libératrice qu’il
avait découverte.
Les Quatre nobles vérités
Dans les écritures saintes du bouddhisme, le Bouddha est souvent
comparé à un bon médecin qui fait le cessaire pour que les malades
qu’il soigne puissent guérir. Tout d’abord donc, il fait un bilan de l’état du
malade et de la nature de sa maladie. Ensuite, il explique quelle est la
cause de cette maladie. Puis il décrit la guérison à laquelle il espère
amener le malade. Et enfin, pour y arriver, il donne à son malade un
régime et des dicaments efficaces. Ces quatre étapes correspondent
parfaitement aux Quatre nobles vérités que le Bouddha a présentées au
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