Colloque International OH2 « Origines et Histoire de l’Hydrologie », Dijon, 9-11 mai 2001
International Symposium OH2 ‘Origins and History of Hydrology’, Dijon, May, 9-11, 2001
nappe aquatique ».
En Inde, Brahmânda, l’Œuf du monde, est couvé à la surface
des Eaux. Dans certaines allégories tantriques, l’eau figure prâna, le souffle vital.
Chez les Grecs, les eaux primordiales (Oceanos) limitent l’univers.
« L’univers
était dans l’obscurité, avec de l’eau partout, sans aurore, sans clarté, sans
lumière »,
dit un texte maori (Nouvelle-Zélande). Selon les Rig Veda (Inde) :
« Il y
avait au début l’obscurité. Tout était en eau »
. L’Asie tient l’eau pour le « chaos »
originaire,
« la source de toute chose et de toute existence »
. La cosmologie
babylonienne représente l’eau sous deux aspects : océan d’eau douce (apsû) sur
lequel, plus tard, flottera la terre et la mer salée. Selon une version huronne
(Canada) :
« Au début, il n’y avait que l’eau : un vaste océan peuplé d’animaux
aquatiques »
.
« Au début, quand il n’y avait que de l’eau, Dieu et le « premier
homme » se mouvaient sous la forme de deux oies noires au-dessus de l’océan
primordial »
, dit une légende sibérienne. Dans la tradition judéo-chrétienne, on
trouve dans la Genèse :
« La terre était sans forme et vide. L’obscurité s’étendait
à la surface des profondeurs et l’esprit de Dieu se mouvait sur l’étendue des
eaux ».
À ces cosmogonies correspondent les qualités fabuleuses qu’on attribue à
l’eau. L’eau est une composante essentielle de la vie et, en tant que telle,
cristallise toutes les passions. Source de vie, moyen de purification, centre de
régénérescence, l’eau hante les cultures humaines. Lao-Tseu (IVe ou Ve siècle avant
J.-C.), maître du Tao enseigne que l’eau est l’emblème de la vertu suprême. Dans
la Bible, de nombreux passages relatent son importance pour les tribus d’Israël.
Abraham et Isaac étaient avant tout célèbres pour leur faculté de trouver de l’eau
en creusant un puits.
Mais, en marge de ce rôle vital, l’eau est intimement associée à des
phénomènes mystiques et inexplicables. Dans tel passage de la Bible, c’est Jésus-
Christ qui crée une fontaine pour laver sa tunique près du sycomore de Matarea ;
dans tel autre, c’est Saint Pierre qui fait jaillir une source à travers les murs de la
prison de Mamertine afin de baptiser deux soldats romains.
Parmi les penseurs ioniens du VIe siècle av. J.-C., Thalès de Milet (v. 625-547
av. J.-C.), imagine que l’eau de mer poussée par les vents monte dans le sol et les
montagnes pour créer les sources, le dessalement provenant de la filtration. Il
supposait que la Terre flottait sur l’eau et expliquait ainsi les tremblements de
terre par l’agitation de cet océan souterrain. Il considérait que
« l’eau est la cause
matérielle de toutes choses »
et ambitionnait de métamorphoser les
connaissances dispersées en un savoir rationnel et cohérent, débarrassé de la
tutelle des magies. Démocrite (v. 460-370 av. J.-C.) pense également que les
tremblements de terre sont dus à l’eau.
« Une partie de la Terre est concave, et il
s’y accumule une importante masse d’eau. De cette partie de la Terre sort une
substance subtile et plus liquide que tout le reste, qui, lorsqu’elle est repoussée
par la pression d’une masse d’eau qui s’abat par-dessus, exerce une pression sur la
Terre et la fait trembler ».
C’est dans le Tartare [Platon (428-348 av. J.-C.)], le plus profond des
abîmes de la troisième terre, rempli d’eau et descendant jusqu’au centre de la
terre, que convergent toutes les eaux, celles de l’Océan et celles des fleuves. Du
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