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altère le processus créatif. Tout comédien a fait l’expérience d’une situation où dix pages de
textes ont été omis. Se met alors en oeuvre des « adaptations automatiques » pour réintroduire
les informations nécessaires. Et il est inutile d’essayer de comprendre comment les
comédiens ont pu revenir, repartir, rajouter, modifier pour mieux donner. Ils seront
consciemment incapable de donner une explication. Mais le fait est là. Le public comme les
comédiens ont vécu une autre expérience et la pièce a fonctionné. Que se passe t’il dans ces
moments que l’on nomme « le miracle de la scène » ? Avant tout une hyper-vigilance et une
relation particulière avec le public. Se sentir voler. Se sentir flotter. Voici les perceptions qui
accompagnent l’interaction public-comédien lorsque le mouvement créatif est à l’œuvre.
Donner et recevoir. Inventer pour mieux donner. Imaginer pour créer le partage. La scène est-
elle un lieu de transe hypnotique ? Ou d’état de veille généralisée au sens de Roustang ?
« L’intense présence du thérapeute qui est prête à se saisir de n’importe quoi pour réanimer
une existence, fait de lui un acteur préposé à la mise en lumière des personnages qui passent
sur la scène » ( Roustang, Qu’est-ce que l’hypnose, 2013, p 181). Ce pourrait être un sujet de
mémoire.
Mais j’ai pris l’option d’exposer une situation clinique car mon intérêt pour l’hypnose et ma
décision d’intégrer un D.U. d’hypnothérapie est en lien avec l’apprentissage d’un outil
supplémentaire me permettant de répondre efficacement aux souffrances des personnes venant
consulter.
Mon activité en cabinet libéral est très diversifiée. Et je compte utiliser l’hypnose dans des
domaines aussi variés que la gestion des émotions, la douleur ( je fais partie d’un réseau
d’oncologie et je suis en train de rejoindre un réseau « urgences mains »), les traumas
psychiques (j’ai une spécialité en psycho-criminologie et victimologie) et les addictions en
particulier addiction alimentaire ( formée pour les troubles des conduites alimentaires à
l’institut Montsouris et ayant rejoint un réseau « obésité »).
La situation que j’ai choisi d’exposer dans ce mémoire est au carrefour de la douleur
chronique et du psycho-traumatisme sur fond de répercussions anxieuses et dépressives.
C'est sa complexité qui a retenu toute mon attention. J'aurais pu retenir des situations plus
simples avec lesquelles j'ai obtenu rapidement de bons résultats avec l'hypnose mais j'ai
préféré m'attarder sur cette situation un peu complexe qui m’invite à mettre en place une
stratégie thérapeutique afin de permettre à plusieurs axes de travail de pouvoir se combiner
dans un travail créatif.
L'hypnothérapeute devant co-construire avec le patient des chemins d'accès au changement,