ZIKA et GROSSESSE Prise en charge des femmes enceintes en période d’épidémie Dr Bruno SCHAUB Le ZIKA est mal connu • proportion importante de formes asymptomatiques : 74 à 81 % • morbidité moins marquée que pour la dengue et le chik • absence de mortalité directe • diagnostic clinique difficile surtout lorsque co existent d’autres arboviroses • diagnostic biologique difficile • Diagnostic direct par PCR se heurte à une virémie très courte : J 0 à J5 et une virurie courte : J 0 à J 10 • Diagnostic indirect par recherche des anticorps se heurte à l’existence de réactions croisées avec le virus de la dengue. La spécificité est améliorée par la séroneutralisation qui n’est réalisable que par un seul labo français à Marseille CAT • En cas de suspicion de ZIKA pendant la grossesse • En cas de ZIKA confirmé • En cas d’anomalie découverte au suivi échographique • En cas de FCS ou MFIU En cas de suspicion • Examen clinique général et obstétrical • Eliminer les diagnostics différentiels : pyélonéphrite … • Recherche des signes de gravité nécessitant une éventuelle hospitalisation : fièvre > 39°, troubles neurologiques, contractions utérines, altération état général, signes hémorragiques … En cas de suspicion • Bilan infectieux : NFS, PQ, CRP, transaminases, créatinine, ionogramme, protides, bilirubine, TP, TCK, CPK, ECBU, prélèvement vaginal (PV), hémocultures avec recherche spécifique de Listeria Monocytogenes si fièvre > 38°5; • Recherche des arboviroses : • J 1 à J 5 : un tube EDTA bouchon violet • J 5 à J 7 : un tube EDTA bouchon violet et un tube sec bouchon rouge • J 1 à J 10 : urines sur pot stérile • Si fièvre > 38,5°C sans signe d’orientation : antibiothérapie après prélèvements par amoxicilline 3g/j (ou érythromycine IV 1g/-H en cas d’allergie) ; à arrêter après 48 h si le bilan est en faveur d’une virose ; En cas de suspicion • Traitement • Pas de traitement spécifique • Symptomatique : • Hydratation • Paracétamol jusqu’à 4 g par jour • Anti histaminique si prurit • Pas de tocolyse systématique En cas de ZIKA confirmé • Information de la patiente sur les risques supposés liés à une infection Zika et les risques connus pouvant résulter des investigations cliniques et paracliniques, notamment si elles sont menées sans bénéfice direct pour la patiente ou le fœtus ; • Hormis le cas d’une anomalie fœtale constatée à l’échographie, d’une recherche de maladie génétique, de la recherche d’une coinfection (ex : CMV, toxoplasmose) ou celui d’un protocole de recherche autorisé par l’autorité compétente et le Comité de protection des personnes, en fonction du terme de la grossesse, il n’y a pas lieu de pratiquer d’amniocentèse systématique après confirmation d’une infection par le virus Zika chez la femme enceinte. • Surveillance échographique mensuelle avec recherche d’anomalies morphologiques orientées sur les signes infectieux et les malformations neurologiques (BIP, PC) En cas de ZIKA confirmé • A domicile, la patiente devra se protéger de nouvelles piqûres de moustiques (répulsifs, moustiquaire) et destruction des gîtes larvaires dans son entourage en respectant les bonnes pratiques relatives à l’utilisation des produits insecticides et répulsifs chez la femme enceinte. • • A la naissance : • RT-PCR Zika sur le sang du cordon et les urines ainsi que dans le placenta ; • sérologie dengue et Zika chez l'enfant avec confirmation de la spécificité des anticorps par séroneutralisation si nécessaire ; • Surveillance et suivi pédiatrique adaptés. En cas d’anomalie échographique • En cas de découverte de microcéphalie (PC< au 3ème percentile), d’anomalies cérébrales, de signes de dysfonctionnement du tronc cérébral (hydramnios avec troubles de la déglutition) ou de retard de croissance intrautérin la patiente sera orientée vers le CPDP de la Martinique : • information de la patiente; • bilan étiologique adapté selon l’anomalie : recherche de causes infectieuses (CMV, toxoplasmose, rubéole, herpès…) ou toxiques (alcool, drogues) ou génétiques; • sérologie et séroneutralisation Zika chez la mère; En cas d’anomalie échographique • Proposer selon les cas, après avis du Centre pluridisciplinaire de diagnostic prénatal (CPDP) une amniocentèse pour : • recherche de virus Zika par RT-PCR dans le LA ; • recherche d’autres infections virales; • Surveillance échographique mensuelle ; • Proposer une IRM cérébrale vers 30-34 SA ; En cas d’anomalie échographique • A la naissance : • RT-PCR Zika sur sang du cordon, urine et placenta ; • sérologie dengue et Zika avec confirmation de la spécificité des anticorps par séroneutralisation si nécessaire sur sang de cordon ; • histologie placentaire si possible ; • examen clinique et surveillance rapprochée si l’enfant est né vivant ; • examens paracliniques adaptés à chaque cas : échographie, TDM, IRM. En cas de FCS ou MFIU • Dans un contexte épidémique et s’il existe des signes cliniques d’infection à virus Zika antérieure : • RT-PCR Zika sur le placenta en plus de l’histologie placentaire ; • nécropsie si possible ; • sérologie et séroneutralisation Zika chez la mère. CONCLUSION 1. N’envoyer pas toutes vos patientes suspectes aux urgences 2. N’envoyer pas toutes vos patientes au CPDP 3. Rassurer vos patientes 4. Informer sur la prévention ET SURTOUT PAS DE PANIQUE